Ça va faire mâle ! [pv]

Costume ce soir.
Et pas le moulant ! Un costume deux pièces acheté avec une parties de mes dernières économies, un petit quelque chose tout en noir que j'ai assorti avec une paire de chaussures de ville plutôt élégantes et d'une chemise d'un blanc éclatant. Ajoutez à tout ça la cravate savamment négligée sur le col ouvert en deux bouton, la légère barbe d'un jour ou deux et un peu de parfum et vous obtenez le Kyle du soir, placé derrière un immeuble avec un bouquet de fleurs à la main.
La responsable de cette mise sur mon trente et un ? Hitomi, bien sûr ! Qui d'autre, hm ? Je me suis décidé à lui faire plaisir, ce soir. Prétextant une énième patrouille dans le ciel de Seikusu, je ne l'ai pas rejoins chez elle plutôt tôt dans la soirée et me suis assuré qu'elle y resterait. L'idée ? Passer par le balcon et la jouer serial-lover histoire de -j'espère- continuer à la faire craquer. Une femme ça se séduit au quotidien, ça se reconquérit à la première occassion. Surtout une de ce calibre là, qui attire les hommes comme moi les ennuis...

Bien qu'elle ne m'ait jamais caché son adresse, je m'étais vu aperçu que ma belle avait tendance à éviter de m'inviter chez elle. Qu'on se retrouve chez moi ne me posait pas vraiment de soucis (à part la toute première fois, vu l'effort que m'avais coûté le ménage qui avait fait passer Hercule et les écuries d'Augias pour Martine à la plage) mais quelque chose me dérangeait, détail vite chassé par les baisers dispensés par les lèvres d'Hitomi.
Mais ce soir, ça n'avait pas d'importance ! J'allais me la jouer gentleman cambrioleur et je me régalais à l'avance d'une petite escapade en amoureux au plus près des étoiles. Il me suffisait de monter à son balcon, au troisième. Facade sans aspérités ni prise, mais qu'importait ? En m'envolant, j'arrivais comme une fleur sur la rembarde et me posais devant la fenêtre qui ne laissait passer aucune lumière.
Déjà au lit ? Possible, les journées devaient être longues pour elle. Bon, ça ne serait qu'un prétexte de plus pour prendre soin d'elle et c'est tout guilleret que je poussais la porte vitrée qui me séparait de l'entrée de ce qui devait être son salon. Un pas de géant dedans, et...

BADABOUM ! Je ne sais pas trop ce qui traînait là, mais j'ai fatalement glissé dessus pour me ramasser royalement sur la table basse dans un vacarme de tout les diables. Pour l'intrusion à la ninja, je repasserais...
Tout ce qui me restait à espérer pendant que je me relevais en pestant contre moi, c'était qu'Hitomi ne serait pas de trop mauvais poil en se réveillant. Parce qu'avec le barouf que j'avais fais, rien ne pouvait plus dormir dans la baraque.

La nuit était noire d'encre, on n'y voyait pas plus que dans le trou du cul d'un nègre ! Oh, oui, on voyait des étoiles par ci par là, certes, mais pas de lune, ce qui diminuait vachement la luminosité générale de la nuit dès que l'on s'éloignait d'un lampadaire. Gabriel rentrait tard du boulot, mais il se réjouissait d'un détail, pas d'Hitomi à l'appart' ce soir ! Et il se foutant de ce qu'elle allait faire pendant ce temps, que ce soit se faire remplir, ou aller au cinéma, elle avait juste prévenu de pas l'attendre, en rajoutant bien évidemment le fait qu'il fallait pas s'étonner si elle ne rentrait pas. Soit, et alors ? Il avait l'appart pour lui tout seul ! Et ça, c'était vraiment chouette ! Il pouvait faire ce qu'il voulait :  inviter un collègue pochard pour un concours de boisson, ramener des filles et s'envoyer en l'air n'importe où (même dans sa chambre)....oh !  Ça c'était une idée !

Autant vous dire qu'il fit un détour avant de rentrer. Pas un long détour en terme de distance, mais en terme de temps....disons une heure, une heure et demi....et quand il fit tourner la clé dans la serrure de la porte d'entrée, il n'était pas le seul sur le seuil ! Oh non, il y avait deux superbes créatures qui se tenaient par la taille, deux personnes qui ne se connaissaient pas, mais des personnes qui étaient assez chaudes pour un plan à trois bien sympa pour ce soir ! Il allait vraiment s'éclater ! Et il allait en profiter pour faire quelque chose qui aurait été difficile de faire quand Hitomi était là. Lumières éteintes, il se faufila avec les deux belles créatures dans la chambre la plus proche, qui donnait directement sur le salon :  la chambre de la belle rousse ! Quand le chat n'est pas là, les souris dansent comme on le dit si bien ! Et en plus son lit était foutrement plus confortable que le sien !

Il n'eurent pas le temps de bien profité, car c'est alors qu'ils entamaient le plat de résistance, la seule obligation des deux miss c'était que ce soit dans le noir, allez savoir pourquoi, que dans cet appartement si calme d'habitude, il y eut un barouf digne d'une cascade de cinoche ! Ils sursautèrent et Gabriel  sauta du lit pour se diriger vers ses affaires , cherchant à tâtons son holster, il mit bien quelques minutes à le trouver. Les dindes qu'il avait décidé de fourrer ne gloussaient plus. Il vérifia le chargement de son arme, faisant entrer une balle dans la chambre, et à poil, se plaqua contre le mur à côté de la porte, prenant dans une main son téléphone, dont il mit le flash de l'appareil photo intégré. Il croisa les poignets devant lui, de sortes que le poignet de la main qui tenait le flingue repose sur celle du téléphone. L'intérêt ? Pouvoir viser, crétin.

Avec une infinie lenteur, il  ouvrit la porte et sortit en trombe pour se foutre derrière le canapé et gueuler.

« Police, montrez vous où je tire dans le tas ! »

Ce n'était qu'une demi menace en l'air alors qu'il se relevait et faisait le tour de la pièce avec la lumière et le flingue pour finalement voir quelqu'un, en costard deux pièces.

« Qu'est-ce que tu fous chez moi ?

Le doigt était sur la gâchette, il n'hésiterait pas un seul instant à tirer au moindre geste brusque ! Et tout en le gardant en joue, il se recula vers le mur, il connaissait l'appartement par cœur, il pouvait s'y déplacer les yeux fermés, pour allumer la lumière du coude, laissant retomber le bras du portable, inutile désormais. Une crainte lui passa au travers de l'esprit. Et si il n'était pas seul ?

La tronche collée au sol, je ne voulais pas me relever tellement j'avais honte. Imaginez le truc ! Je vole, je jongle avec des camions comme d'autres avec des boulettes de papiers, je peux tirer des rayons dévastateurs... Et je me ramasse au beau milieu d'un salon parce que j'ai glissé sur la télécommande de l'écran plat. Une nouvelle fois dans ma vie je voulais m'enfuir loin et je réalisais en tentant de me remettre debout que si j'avais pris la route à chaque fois que je m'étais affiché d'une quelconque façon, y'aurait déjà longtemps que j'aurais fais le tour du monde.
Le bouquet que j'avais jusque là tenu fermement s'était éclaté à terre et les pétales de rose s'étaient muées en tapis éparses et écarlates, donnant à la scène un petit côté romantique malgré tout. Hm. Je pourrais peut-être m'en tirer en jouant la carte de l'amoureux transi et maladroit ? Hitomi ne détestait pas ça, en plus.
Voilà, j'avais trouvé de quoi la faire chavirer ! Fier de moi, il ne me fallut plus trop de temps pour me redresser sur mes jambes et tirer sur les pans de ma veste afin de la réajuster avant qu'une porte ne s'ouvre à la volée, que quelque chose se place derrière le canapé et qu'un faiseau de lumière ne se braque sur moi, m'éblouissant un peu.

- Hitomi ? tentais-je du bout des lèvres.
- Police, montrez vous où je tire dans le tas !
- Ah, non.

...Police ? Comment ça, "police" ? Maiiiiiiiis qu'est ce que j'avais encore bien pût branler, au juste ? Me frappant le front du plat de la main, je l'entendis se déplacer et vit la lumière jouer au rythme de ses mouvements. Je ne voyais pas grand'chose, mais je pensais pouvoir estimer être braqué par un flingue sensé me tenir en respect. Le tir ne m'aurait pas fait grand mal quand bien même il aurait été axé sur un de mes yeux, mais j'aurais eu du mal à expliquer mon invulnérabilité. Aussi me montrais-je docile, levant les mains bien en vue tandis que le bonhomme m'interrogeais.

- Qu'est-ce que tu fous chez moi ?
- Z'allez jamais me croire, je viens pour l'aménagement Feng-shui. Vous en aviez besoin, y'a un paquet d'ondes négatives dans cette pièce et la déco est à chier.

J'aurais peut-être dû éviter de fanfaronner, considérant l'arme qui me tenait en joue et que je pouvais maintenant voir, la lumière du plafonnier allumée. C'était un type complètement à poil qui venait de me cueuillir et je n'en soupirais que davantage. Je m'étais simplement trompé d'appartement et j'avais surpris ce brave type alors qu'il dormait.
Quelques excuses et une promesse de dédommagement devraient suffir à clore le dossier, considérant que je n'avais ni la tête ni la tenue d'un malfaiteur. Sauf si il me comparait à Arsène Lupin, à la rigueur.

- Ecoutez, je suis désolé. Je venais faire une visite crapuleuse à ma petite amie et je voulais lui faire une surprise en passant par le balcon. Je me suis trompé d'appart', on dirait... Je ne voulais pas vous faire peur. Vous voudriez bien abaisser cette arme, s'il vous plait ?

Par curiosité, je furetais des yeux dans l'appartement. Quel foutoir... Tiens, la serviette déposée un peu plus loin contre une table me rappelait drôlement celle d'Hitomi. Coïncidence, sûrement. Pourquoi est-ce qu'un type aurait prétendu être ici chez lui si il n'était pas son mec ? Ca n'avait pas de sens.
Pourtant, un sentiment persistant me donnait l'impression que dans mon boxer, mes noix se rétractaient sur elles-même.

Oh, il était tombé sur un clown en costard!Incroyable il pensait avoir fait disparaître l'espèce en pétant toutes les dents d'un suspect la semaine précédente !  Bon bah il devrait recommencer !  Pas grave, ça le détendait ce genre de sport, c'est comme donner des coups de pieds aux caniches à leur mémère, ou à un chat, c'était quelque chose dont on se lasse jamais ! Et si ce mec croyait pouvoir échapper à ce pétage de dents, il avait intérêt à être plus convaincant, et de loin, parce que pour le moment, il avait de la chance que Gabriel n'ait pas tiré malgré les mains en évidence ! Mais il n'était pas stupide, tuer quelqu'un, c'est trop de paperasse, donc autant éviter tant que faire se peut !  Pis y avait le problème de définition de l'homicide, malgré la violation de domicile ! Donc ce serait trop de merde qu'il se récolté pour avoir créé un deuxième trou du cul à un merdeux.

Depuis le temps qu'il bossait dans les services de police, il savait qu'il ne pouvait pas se fier à la tronche d'un pécore pour dire si il était coupable ou pas, non, l'ennui, c'était la tenue, et le fait qu'il soit au troisième étage sans possibilité de  grimper autrement que par les escaliers, donc au balcon inatteignable depuis le sol. Il avouait volontiers que cela le laissait trop perplexe. La porte n'était pas enfoncée, donc il devait avoir les clés, donc il devait connaître Hitomi. Il était venu pour se taper une bonne soirée, il avait échoué, et maintenant, il était là, affalé sur le sol, comme un couillon, il aurait du rester chez lui et se rappeler que sa main était sa meilleure alliée !

Par contre l'autre miss allait l'entendre si jamais elle lui avait bien donné un trousseau, car ça, c'était pas normal ! A sa connaissance, seuls les collocs en avaient un, et il ne voyait pas pourquoi il en aurait un lui aussi à moins que....oh putain !  Ça allait chier ! Enfin, si sa théorie fumeuse pouvait tenir la route !

Il lui sortit alors une histoire encore plus conne que la première, cette fois ci, il prétendaitque c'était par le balcon, au troisième étage qu'il était rentré et en costard ! Il le prenait vraiment pour un pigeon. Comment ne pouvait-il pas taper sur le système de Gabriel si il était constamment en train de lui foutre sur la tronche! Et en plus il lui demandait de baisser son flingue ! Non ? Sans déconner ? Oh là là, mais dites lui que ce mec tait gravement atteint, ça rassurerait notre ripoux !  Car sinon, il allait finir par craquer. Enfin bon, il avait rien à perdre, surtout qu'il le gardait à la main.

« Écoute-moi, machin, car je me fous de ton nom, faut que tu arrêtes vite fait de me prendre pour un con, j'ai déjà essayé d'escalader la façade et je peux t'assurer qu'on en peut pas l'escalader sans être un lézard, alors de deux choses l'une, soit tu es un homme lézard et t'as beau pas être Apollon  réincarné, je ne vois pas d'écailles, soit t'es entré par la porte, auquel cas c'est Hitomi Yamagashi qui t'a filé les clés et tu vas me les rende tout de suite car elle n'avait pas à donner ça au premier pécore venu ! »

Il s'assit dans le canapé, consentant dès lors à mettre le cran de sûreté de son arme à feu. Bon, alors, où était le vrai, et où était le faux ? Gabriel avait bluffé quand il avait affirmé avoir tenté de grimper, pour le reste, il ne voyait pas ce qui clochait dans ses paroles. Puis, soudainement, il se relva et fila prendre le téléphone fixe et commença à appeler le commissariat, ou du moins, il tapa le numéro sans le valider, le reste dépendrait de cet énergumène.

« Alors, où est la vérité ? Déballe là ou je valide le numéro des collègues et ils sont là dans quinze minutes ! »

Il soupira et lui indiqua d'aller s'asseoir dans le canapé d'un air glacial avant de se diriger dans un coin de la pièce où il y avait encore sa tenue de la journée, il se contenta d'un calbute et d'un jean et revint s'asseoir à côté de l'endroit où il lui avait intimé l'ordre de s'asseoir du regard.

« Bon, violation de domicile....ah et dégradation de bien d'autrui.... »

Il indiqua la télécommande défoncée.

« Je t'écoute... »

D'aaaaaaaccord.... Le dialogue n'était pas possible avec l'ours mal léché qui me faisait face. Quel sale con, ce type ! Encore un de ces cow-boy qui estimait qu'un peu de laiton en forme de plaque de flic et un flingue donnaient tout les droits. Je me faisais un plaisir de leur rentrer dedans la plupart du temps, mais je devais malheureusement jouer le jeu de Kyle Macross et m'y tenir. Ou alors, j'allais le pousser à bout pour qu'il se jette à pieds joints dans la bonne grosse bavure qui me permettrait de lui coller l'air de rien mon poing dans la trombine pour lui faire sauter une paire de chicot en guise d'explication. Que voulez vous : au jeu du mâle dominant qui cogne plus fort que l'autre, je finissais fatalement gagnant ! C'était pas si mal, d'être moi. Tout ce foutoir pour passer une soirée surprise avec Hitomi... Une fois que j'allais la retrouver, ça allait remuer sec pour me faire oublier les soucis de l'erreur d'appart'.

...Sauf que ce n'était pas une erreur. J'étais bien chez Hitomi, puisque ce type me donna son nom de famille en me demandant de lui rendre les clés. Moi ? Le premier venu ? ALORS CA, C’ÉTAIT GONFLE ! Je fronçais instinctivement les sourcils en le regardant s'installer et remettre la sécurité de son flingue. Au moins avait il fait cet effort, alors je pouvais bien moi-même lui faire une fleur. J'amorçais ma réponse au moment où ce con se releva comme un beau diable pour filer vers le téléphonne qu'il décrocha et dont il fît jouer les touches. Mais qu'est ce qu'il pouvait bien branler, au juste ? Ah. Il appelait ses collègues    mais m'autorisait à m'asseoir dans un coin du canapé. Sa Majesté avait été trop bonne avec le pauvre valet et mentalement, je lui promis de lui rendre la monnaie de sa pièce pour ça. Il se rhabilla tandis que je réajustais ma veste en pestant et commença à déballer les chefs d'inculpation comme moyen de pression.
C'est là que j'aurais dû commencer à faire semblant d'être mal à l'aise en lui léchant les bottes mine de rien, mais je n'en fis rien. Manque de bol pour lui, je connaissais l'une des avocates les plus compétentes de Seikusu et Sélina me devait une petite faveur ou deux. Et surtout, SURTOUT ! Ce type me gonflait. Sans compter que je devais tirer cette affaire au clair : pourquoi habitait il chez Hitomi ?

- Je n'ai pas les clés, non. Je suis passé par le balcon, Sherlock. Vous n'aviez qu'à vérifier la serrrure, ou mieux ! Mes chaussures. Elles sont un peu boueuses puisque sous la facade c'est de l'herbe et qu'il a plut, hier. Vous ne trouverez pas de traces devant la porte d'entrée. En revanche... Je désignais le seuil du balcon, où effectivement, un peu de terre mouillée gisait là où j'avais marché. Là, c'en est plein.

Heureusement que j'avais piétiné un peu avant de m'envoler ! J'avais eu peur qu'on me surprenne et avait hésité à décoller un petit moment, ce qui expliquait l'état de mes chaussures. Restait à régler l'ascension en elle-même et là, j'allais devoir tenter le tout pour le tout car effectivement, la facade n'était pas du tout escaladable. Espérant convaincre, j'enchaînais.

- Pour monter, et bien....euh...J'ai un ami qui est dans le bâtiment. Il a de ces grandes échelles, vous voyez le truc ? Ben voilà. Il m'a déposé et laissé monter avant de se barrer. Je ne voulais pas casser la télécommande, pas plus que je voulais jouer au voleur. Maintenant, Hitomi n'aurait rien dit puisque c'est ma petite amie. J'appuyais les derniers mots volontairement. Et vous êtes ?

Sherlock, comme il disait si boien, n'avait encore rien regardé parce qu'un pingouin était arrivé comme ça en plein milieu de son salon sans passer par les voies normales. Non, il ne fallait pas le prendre pour un jambon, déjà, c'est Hitomi qui en prendrait pour son grade pour cette histoire de clés, Gabriel avait beau être sympa, elle abusait un peu quand même !  Et en plus l'autre con le prenait pour un jambon !  Il restait plus que dubitatif sur le coup de l'échelle, mais, admettons, admettons qu'elle soit vraie, alors après, quoi d'autre ?

QUOI ? Il manqua de s'étrangler en avalant sa salive ! Ce clown, ce petit merdeux, cet abruti fini qui le prenait pour un con était le mec d'Hitomi?Oh putain, il tombait bien ce mec !  Il avait justement deux ou trois choses à lui dire et plutôt deux fois qu'une ! Enfin, pour peu que ce soit la vérité, bien évidemment....

« C'est donc toi qui la farcit à ma place....un vrai volcan cette fille...quoiqu'en ce moment, elle préfère jouer solo dans sa piaule tous les jours et frigide aux yeux de tous ! »

Au sens propre bien évidemment, et c'était la première chose qui lui était venu à l'esprit, il l'avait laissée sortir ainsi, sans y faire gaffe, et maintenant il espérait ne pas se prendre une mandale où il serait obligé de faire davantage : il serait obligé de  répliquer.....pas de coup en perspective, bien, il avait un sursis....

« Bon, et sinon, tu fais vraiment chier !  A cause de toi, elle est chiante en ce moment, c'est à) peine si elle daigne me croiser dans l'appart, même pas envie de discuter, rien, et peut être qu'Hitomi aurait rien dit au sujet de ton arrivée, mais manque de pot, elle est pas là, j'ai aucune preuve en ta faveur, vu qu'à part savoir qu'elle avait un copain, je n'ai même pas son nom, rien, pour moi, tu restes en violation de domicile ! Les portes n'existent pas pour les chiens !  T'as de la chance mine de rien, j'ai tendance d'habitude à tirer à vue ! Tiens toi le pour dit ! »

Il balança le téléphone, il n'appellerait pas les collègues, la menace était sans doute suffisante et bien assez explicite . Et il allait bloquer Hitomi entre quatre yeux pour mettre les points sur les « i » car il semblait de plus en plus qu'il allait en avoir besoin.

« Je crois bien que je ne vais pas me contenter de ce que tu m'as balancé, ça me parait un peu limite quand même, une telle échelle va de paire avec un camion et je crois que les échelles ou les nacelles produisent un fond sonore bien particulier quand on les utilise.Alors à moins que la machine ne  soit silencieuse, comme la mort......chose impensable.... je doute fortement de l'avoir entendu, certes, la compagnie de deux charmantes créatures est un malus pour moi dans cette histoire, mais quand même ! Faudrait éviter de me prendre pour un jambon ! »

- C'est donc toi qui la farcit à ma place....un vrai volcan cette fille...quoiqu'en ce moment, elle préfère jouer solo dans sa piaule tous les jours et frigide aux yeux de tous !
- Si c'est la plaque et le flingue qui t'empêchent un minimum de respect, on peut aussi passer outre et s'arranger pour te faire perdre quelques dents.

OHPUTAIN ! J'avais balancé ça avec tellement d'assurance que j'aurais voulu mettre la scène sur pause pour pouvoir me mater et commenter ma classe et mon style. Tout y était ! Le ton dur et impérieux qui ne souffrait d'aucune réplique, le regard de tueur -malgré moi légèrement luminescent, chose dont j'étais coutumier quand la moutarde me montait au nez et que mes pouvoirs se sentaient obligés de monter d'un cran par reflexe défensif- et finalement l'assurance qui me faisait généralement cruellement défaut quand je me contentais d'être Kyle Macross. Certes, j'avais pensé à détendre mon poing. Mais j'aurais risqué de lui enfoncer littéralement la face et je ne doutais pas que c'aurait été une plutôt mauvaise idée. Je devais donc me contenter pour l'instant des menaces, bien qu'elles sonnaient plus comme des promesses que des fanfaronnades de gamin. Ce mec le comprendrait il ? L'accepterait il ? Pas sûr. Enfin... Ses paroles me rassuraient, dans un sens. Si je saisissais bien, Hitomi n'avait plus rien fait depuis un moment avec lui. Bah, de toutes façons, Hitomi n'était pas du genre à aller voir ailleurs.
...Enfin, je l'espérais.

Pour ce qui vint ensuite, je ne comprenais pas pour ce type disait qu'elle était chiante. Qu'est ce que ça avait à voir avec moi, après tout ? J'étais à des lieues d'imposer quoique ce soit à Hitomi et si elle agissait comme ça, c'était qu'elle avait ses raisons. Et franchement, tirer à vue... Il croyait que ça impressionnait ? Je n'y croyais pas plus qu'il n'aurait crû à ma capacité à balancer des rayons d'énergie depuis mes mains, et assez puissants pour emporter une partie du quartier sans que ne force trop. J'haussais les épaules et entrepris de répondre à ses doléances point par point.

- Vois le bon côté des choses, moi j'ignorais qu'elle vivait avec son ex. Pour la vie qu'elle te mène, je serais bien tenté de la féliciter et de l'encourager à continuer, mais ce serait un coup bas et ce serait triste de piétiner une belle amitié comme la nôtre, pas vrai ? Le sourire que je lui adressais fût plus amusé qu'autre chose. Et tu devrais abandonner le coup du sale flic, aussi. C'est du réchauffé et ça ne marche pas trop trop avec moi... Mais je t'accorde que je n'ai pas peur des armes à feu, aussi.

D'accord, la dernière partie était de la prétention imputable à l'adulescent que j'étais et je ne doutais pas qu'il l'interprêterait de cette façon. Tant pis, autant alimenter mon rôle un instant au risque d'édulcorer l'image de dur que j'aurais pû avoir l'espace d'un moment. Je le vis balancer le téléphone et j'en fûs soulager. Inutile de m'attirer plus de soucis que nécéssaire et une nuit au poste ne me tentait franchement pas. M'avachissant dans le canapé, je ne pûs cette fois qu'appuyer mentalement son esprit de déduction. 'Foiré ! Vite, trouver quelque chose, n'importe quoi de plausible !

- ...C'est une échelle à sections. Ça se combine et comme ça, ça se range facilement à l'arrière d'une camionnette lambda. Je voulais lui faire une surprise, pas voler la vedette aux services publics ! J'haussais les épaules comme un mec parfaitement blasé qui aurait prit son interlocuteur pour un gentil attardé. Attends... Deux charmantes créatures ? Merde, je me suis toujours demandé ce que ça valait, un truc à trois !

Oui, bon... Le naturel revient toujours au galop, hein. Et mes fantasmes restaient vivaces, d'autant qu'ils étaient alimentés par Hitomi "la lionne" Yamagashi, aujourd'hui. Merde, deux comme elle dans mon lit et je mourrais d'un arrêt cardiaque après l'amour. Aaaaah, Hitomi ! J'avais couché avec une vraie déesse de l'Olympe, mais ma nana n'avait rien à lui envier. Je l'aimais aussi pour ça, ma compagne.

- Kyle, Kyle Macross.

Autant faire les choses un peu plus correctement, non ? Je n'avais pas envie de me faire un autre adversaire, j'avais déjà mon quota. Alors je lui tendis la main, me demandant comment cette soirée un peu à la con allait bien pouvoir finir.

La réplique que le jeune homme en face de lui avait sorti si naturellement aurait sans doute fait sourciller plus d'un, mais pas Gabriel, non pas qu'il ne puisse pas perdre ses dents, mais il ne pensait pas qu'il oserait le frapper sachant qu'il avait toujours son arme à la main, et qu'un cran de sécurité, ça s'enlève très facilement, mais bon, cette esbroufe, car il était sur qu'il s'agissait d'esbroufe et rien de plus ! Il ne pouvait s'empêcher de fanfaronner il semblait. Que  fanfaronnades et rien de plus, mais sauf que Gabriel n'avait aucune envie d'y répondre, certes, passer pour l'ex était assez réducteur, il préférait le terme de colloc', surtout qu'ils n'avaient jamais été ensemble....

Mouais, admettons ensuite que le  gueune ait dit la vérité sur cette histoire d'échelle, c'était un peu gros quand même. Il se sentait toujours un peu comme le dindon que l'on s'apprête à farcir, on le prenait pour un imbécile, il le savait pertinemment, mais la vérité devait être trop louche pour la dévoiler, il se promit d'éclaircir ce point là quand il en aurait l'occasion, d'ici là, feindre de tomber dans le panneau. Il se contenta de hausser les épaules d'un air de dire qu'au fond ça n'avait plus d'importance.

Il lui dit aussi d'abandonner le rôle du sale flic et pour une fois, il était d'accord. Il opina du chef avant de sourire amusé par les propos du jeune homme, oui deux créatures parfaitement charmantes étaient dans la chambre d'Hitomi, mais ce détail, il fallait sans doute mieux le passer sous silence, car nul doute qu'il n'apprécierait pas ce fait.

« Moi c'est Gabriel Valmy, le colloc d'Hitomi. Et pour info, nous n'avons jamais été ensemble. Donc non, je ne suis pas son ex, juste un coup occasionnel. Enfin, avant qu'elle ne devienne pénible. Oh mais je suis con, du coup, tu veux peut être tenter le coup avec ces deux charmantes créatures en attendant Hitomi, même si je dois avouer que je doute qu'elle rentre ce soir, elle allait chez une amie si mes souvenirs sont bons. Enfin bon, je sais pas ce qu'elle a mais elle est bizarre en ce moment et ça colle trop pour que ça ne te concerne pas. »

Il lança son flingue sur le fauteuil et soupira.

« Enfin bon, elle pense sans doute que m'éviter sera mieux pour sa vie de couple.....mais arêttons de s'apitoyer. »

Il regarda Kyle droit dans les yeux, serra son poing et le lui montra.

« Une seule larme et je te promets que je te ferai vivre un enfer ! Tu n'as pas idée de ce que je pourrai faire pour ça..... »

Il y eut dans son regard un éclat étrange, comme une étincelle....ensuite il se lança sur un sujet plus léger.

« Si tu veux tester avec une autre personne ne plus, connaissant Hitomi, jouer à trois ne la dérangera surement pas.... »

Il eut un rire très bref.

La brutasse à la plaque de laiton se nommait donc Gabriel Valmy et partageait la vie d'Hitomi au quotidien, eut égard à son statut de colocataire. C'était donc ça, le fameux "secret" qu'Hitomi esquivait lors de mes propositions à venir la chercher à son appartement ou lorsque nous étions sur le point d'y prendre un verre et plus si affinités ! Je compris du même coup pourquoi elle refusait que je passe par la fenêtre pour la déposer ou venir la chercher et pourquoi elle n'avait jamais daigné me donner de numéro de fixe... J'en étais soulagé, moi qui en était parfois venu à m'imaginer les scénarios les plus improbables. Certes, le coup de l'amant occassionel ne me plaisait pas des masses, mais j'évitais soigneusement de l'ouvrir. Je procédais pareillement avec Marie Raven et je ne m'en étais pas vanté auprès d'Hitomi, bien que j'avais cessé toute relation de cette ordre avec la mutante quand je m'étais rangé. Voilà qui me donnait un drôle de point commun avec ma rousse sulfureuse. Le reste me fît sourire -surtout le passage des deux nanas qui végétaient quelque part dans l'appartement- et m'intrigua. Hitomi, bizarre ? Ca faisait deux fois qu'il l'évoquait...
En attendant, j'allais poliment refuser sa proposition d'un geste de la main et d'un sourire poli.

- Non, non. Je te laisse le soin des autres filles ! J'ignorais qu'Hitomi était de sortie, ce soir. Je voulais lui faire une surprise. Par contre, tu m'intrigue à ne pas arrêter de dire qu'elle est bizarre. Ca veut dire quoi, au juste ? Si tu pense que je l'empêche de faire quoi que ce soit... Raté. Jusqu'à ce que tu me colle ton flingue sous le nez, j'ignorais ton existence.

Tandis que je vis l'arme mollement rebondir à un jet de pierre de la main de son propriétaire, j'ouvrais un peu plus mon col et entrepris de me mettre plus à l'aise.

- Ça dépend de la nature de vos relations, je suppose.

Ah ? Après le revolver, voilà que ma sphère intime faisait connaissance avec son distributeur de tartines de phalanges. Le poing serré et dirigé vers mon nez ne laissait pas de doute quant à son intention : me le foutre en travers de la face si l'occassion se présentait. Abandonnant ses yeux après de longues secondes, je regardais le poing sur lequel je posais ma main pour l'abaisser doucement.

- Des larmes, il y en aura forcément, Gabriel. Soupirant, j'enchaînais doucement. Je ne suis pas encore assez niais pour croire aux couples parfaits et sans vagues, comme je ne suis pas assez prétentieux pour pouvoir dire que je ne ferais jamais souffrir Hitomi. Tu veux me cogner en cas de pleurs ? Soit. Laisse moi seulement te dire que si c'est justifié, tu pourras même m'envoyer à l'hosto.

Lirait il dans mes yeux qui étaient revenus aux siens que j'étais sincère ? J'aurais voulu la ramener, lui dire que ça serait certainement lui qui se ferait casser la gueule.... Mais ça n'aurait servi à rien. Car ce que j'avais lu moi dans ses propos, c'était bien plus que la menace. C'était bien plus personnel, bien plus intime. Mon sourire presque tendre à l'encontre de Gabriel en disait plus long que je n'aurais sû l'exprimer.
Hitomi était mieux entourée que je ne le pensais, en fait.

- Désolé, mais non merci ! Je partis d'un petit rire, cherchant également à désamorcer la situation. Je me voyais plus avec Hitomi et une de mes amies, en fait... T'es vachement moins sexy, même en blonde !

Je riais plus franchement et lui affirmait que je le taquinais, avant de me dire que j'avais oublié quelque chose. Montrer patte blanche. Allez... Je remballais ma fierté, mais pour la bonne cause.

- Je suis désolé d'être entré ici comme ça. J'étais en tort et je n'aurais pas dû faire le malin, j'avoue.

Hum, c'était sympa ce qu'il entendait dites donc !  Il avait l'impression d'avoir été plus ou moins le mec qu'on tente de faire oublier pour éviter les emmerdes, il était même pas au courant qu'elle avait un coloc', charmant,vraiment, bon, en même temps lui, il avait forcément bien vite comprendre qu'elle avait un mec et ça, il s'en foutait assez., mais bon,la moindre des choses, enfin y en a deux,c'est de prévenir qu'elle a un mec, ça avait été l'enfer pour qu'elle le lui admette, et puis l'autre aussi c'est de prévenir, sinon, c'était normal de se retrouver en fâcheuse posture, c'était assez logique, même ! Enfin bon, il n'y était pour rien le mister Macross, non, la faute d'Hitomi, encore et toujours! Enfin, pourquoi ne pas s'y attendre un peu, les absents ont toujours tort...quoiqu'en fait qu'Hitomi soit pas là n'était pas plus mal... elleaurait moyennement apprécié, voir pas du tout, de le voir pointer un flingue sur la frimousse de son mec...

Ouais ben si il l'empêche pas de faire quoique ce soit, elle se monte de putains d'histoire cette fille, une vrai galère...et il ne parle même pas de la période rouge...enfin bon, il aurait du s'en douter, elle est tellement forte dans le domaine qu'il ne voyait pas pourquoi il ne s'en était pas douté jusque là,enfin, passons, il était pas là pour passer sa soirée à lui casser du sucre sur le dos, loin de là !

Bon, pour la suite, nota bene : se souvenir que même si il tient à elle il ne ment pas à l'avance, oui, il sait que ça pleurera forcément,mais que voulez vous, De la sincérité, au fond, c'était tout ce que Gabriel recherchait, il n'en demandait pas plus,loin de là !  Pourquoi se faire chier avec tout le reste ? Nan mais le must là dedans c'était qu'il le laisserait l'envoyer à l'hôpital (quoi qu'aller directement à la case cimetière serait plus du genre de Gabriel!), prouvant ainsi sa sincérité, enfin, ça plus son regard, en même temps, vu la manière dont il voyait Hitomi, c'était normal !

Il rit avec lui de cette idée saugrenue qui n'était même pas en fait du tout ce à quoi il pensait, Hitomi, tant qu'elle prenait son pied, elle en prendrait autant qu'elle pouvait en recevoir et ce, des deux sexes ! Pas besoin de réfléchir davantage, voilà comment mademoiselle Yamagashi fonctionnait ! Et enfin,oh,miracle, des excuses pour l'intrusion, il n'y croyait plus vraiment...enfin, il n'y croyaitplus parce que ça lui était sorti de la tête....

« Ouep, ouep, ouep, méfie toi, d'habitude je tire à vue...t'es un sacré veinard ! »

Il sourit et partit se chercher à bvoire, mais devant le frigo, voyant qu'il allait repartir avec une seule bibine, il en prit une autre, une bibine en canette, pas de confiture pour les cochons, la secoua bien et la posa sur  la table basse devant Kyle avant de prendre la sienne pour l'ouvrir, mais il se retint et la posa sur la table pour développer un point un pêu de ce qui s'était dit.

« Pour te situer un peu tout ça, Hitomi est la seule personne qui ait un tant soit peu porté attention à ma personne, donc, c'est te dire ce que tu risques en la faisant chialer....et c'est aussi te dire à quel point je tiens à elle ! J'ai même pas eu ce que l'on pourrait qualifier de parents...enfin bon, stop, le mélo c'est fini, santé ! »

Il prit une des deux canettes sans faire gaffe et l'ouvrit....pour se prendre de la bière plein la gueule....

« Merde.... c'était la tienne ! Putain si je nettoies pas je vais me faire engueuler.... »

Il alla vite chercher un linge et une éponge pour se débarbouiller de la bière et nettoyer la table, heureusement, le cuir du canapé semblait avoir été épargné, ouf, sinon, là, c'était la décapitation !

« Bon, sinon, pour faire mumuse avec Hitomi, tu veux que je te passe mon carnet d'adresse ? Il est plutôt bien fourni....y en a même qu'Hitomi a déjà testé et plus qu'approuvé ! »

Fini la gueulante, il passait au copinage de base, de toute manière, si Hitomi l'aimait c'était bien qu'il devait avoir de bons côtés....