Poursuite, poursuite... [PV SP]

Je bâillais, et verrouillait le cabinet avant de partir pour rentrer. Les chats de la rue vinrent tous se frotter contre mes jambes. Je leur octroyais plusieurs caresses avant d'enfiler mon casque et de refermer ma veste de cuir. J'avais faim, mais je ne comptais pas rentrer chez moi. J'étais fatiguée, mais Catwoman avait un boulot à accomplir. Bien que toute la journée j'étais au bureau, ma radio était sur le canal de la police. Aussi j'ai très bien entendu, il y a cinq minutes, le signalement d'un cambriolage en cours au Centre Commercial. Un bijoutier apparemment. Il avait réussi à déclencher l'alarme qui sonnait directement au poste de police.

Le costume de Catwoman était au fond de mon sac, mais je n'ai pas de temps à perdre. Je file à toute allure jusqu'au lieu du crime, négligeant plusieurs feux rouges, doublant à fond plusieurs voitures de police. J'y arrivais dix minutes avant eux. Mais le tailleur, c'est pas pratique pour appréhender un malfaiteur. Toutefois, je n'ai pas le temps d'en changer. Je me saisis du fouet qui traîne au fond du sac, et je boitille jusqu'à la porte de secours de la bijouterie. Les escarpins que je portent le jour ne sont pas fait pour la chasse. Finalement, je les retire, quitte à abîmer mes bas, et les jette plus loin, derrière un tas de sacs poubelle. Je les récupèrerais tout à l'heure.

Je me glisse par l'ouverture, arrivant dans le dos du malfrat. Le bijoutier, tenu en joue, écarquilla les yeux malgré les signes que je faisais pour qu'il fasse comme si de rien n'était. Fatalement, ça attira l'oeil du cambrioleur. Je levais les yeux au ciel et jouait du fouet pour lui faire lâcher son arme. Puis, malgré la facilité de mouvement réduite du tailleur, je bondis sur lui pour le mettre à terre, l'assomant net au sol. Je déchirais un bout de mon chemisier noir et j'en fis usage pour l'entraver. Le bijoutier s'effondra, tremblant, avant de montrer du doigt un deuxième malfrat qui sortait du coffre fort avec un gros sac de bijoux.

Dès qu'il me vit, il fonça au dehors et je bondis pour le suivre, courant pieds nus sur le sol froid de la galerie commercial. Tout était fermé. Le bijoutier était le seul à rester tard, en plus des gardiens de nuit pour finir ses commandes. Lorsque je passais devant la loge du gardien, je vis les trois hommes à terre, avec une plaie sur l'arrière du crâne. J'passerais voir tout à l'heure. Pour le moment, je poursuivais toujours mon sale type. Il courait vite le bougre !

- Je te jure que je suis désolé ! De... hein ? Mais noooooooon, je ne vais pas voir ailleurs !  H-hm. Je sors de mes cours de langue, mais j'ai un imprévu. Comment ça, "c'est encore Hitomi" ? Rien à voir, elle est occupée ce soir et... DIS DONC !

Voilà une chose que je n'aime pas : qu'on me raccroche au nez après m'avoir tanné parce que je ne répondais pas. Qui c'était ? Un ami, Hiro. Un geek rencontré sur un MMO avec qui je joue régulièrement, casant un peu de rp entre deux groupes de monstres. Nos personnages se sont foutus ensemble (il joue une fille à gros seins, je me suis donc facilement laissé convaincre) et depuis, cet imbécile ne me lâche plus. Quand le rp prend le pas sur l'irl... Notre "relation" était déjà épisodique avec mes actions sous le costume, mais depuis que je consacre mon temps libre à ma petite amie, je n'allume même plus le PC. Et les rares fois où ça arrive, je n'ai pas le temps de jouer énormément. Je crois que ce con est jaloux ! C'est dingue, non ?
Ceci étant, je ne lui ai pas menti. Je ne passe pas la soirée en amoureux et avait prévu de l'occuper en allant pour une fois sur le jeu en sortant de mes cours de soutien en langue, mais les voitures de police passées devant le lycée toutes sirènes hurlantes m'ont convaincu que j'ai certainement mieux à faire que de conter fleurette à quelques pixels. Le temps de décoller et de déposer sur le toit de la première maison venue mes fringues et voilà que Kyle s'éclipse pour laisser la place à SP, qui fonce vers le centre commercial.

Les flics m'ont vu et m'ont demandé d'intervenir seul, considérant que le gang du Rokuryu les fait tourner en bourrique à travers Seikusu. J'accepte en leur promettant mon aide pour coincer ces malades avec qui j'ai d'ailleurs un compte en suspens et me rend donc au centre en solitaire.
Et c'est en amorçant ma descente que je vois une nana jeter ses escarpins dans un coin et rentrer dans le bâtiment aussi silencieusement qu'un chat. Un chat... Armé d'un fouet ? OHPUTAIN.

- Devine qui vient dîner ce soir, mon petit SP... Selina elle-même.

Je me suis parlé tout seul, absolument. Selina Kyle, plus connue sous le pseudonyme de Catwoman. Une voleuse renommée qui s'est amusée à venir chez moi un soir pour me draguer et me planter le lendemain au réveil sans explications... Une sorte d'ex, quoi. J'avais mis le temps à digérer ce superbe foutage de gueule lourd de conséquence : en effet, elle avait découvert mes deux identités et je craignais toujours qu'elle ne s'amuse avec cette information, ce qu'elle n'avait toutefois jamais fait jusque là. La retrouver dans de pareilles circonstances était une aubaine... J'allais lui tirer les vers du nez pour ce départ précipité et la coller en taule.
Parce que j'étais un tantinet mauvais perdant et que contrairement à elle, j'étais du bon côté de la loi.

Suivant son chemin tout en volant pour ne pas faire de bruit, je la découvrais à jouer les redresseuse de tort avant que le voleur ne file à l'anglaise, comme la crème. Et voilà Selina qui lui colle au train, en plus ! Merde, ce coup là j'aurais tout vu.
Accélérant et passant au-dessus du duo, j'attrape sans réel souci le malfaiteur par le col et je l'envoie valdinguer dans la première grille de sécurité du magasin le plus proche. Sonné et gémissant, il n'assistera pas aux émouvantes retrouvailles qui se préparent alors que je me pose devant Selina avec un large sourire aux lèvres.
Un large sourire de requin prêt à bouffer du surfeur gesticulant.

- Bonsoir, ma petite chatte ! Tu m'excuseras, je n'ai pas apporté les fleurs... Par contre, je vais demander à la police de te filer de superbes petits bracelets avant de te foutre le cul dans une villa avec vue sur la mer.

Je fronce les sourcils en la regardant. C'est con, tout de même... C'est un canon, cette nana ! Et puis les femmes en tailleur me font un effet boeuf, en plus. Sans compter ce décolleté qui... Bref, Selina ne me laisse pas indifférent. M'enfin, elle pourra ronronner tant qu'elle voudra, ça ne marchera pas ce coup la.

- Fais moi plaisir, dis moi que tu vas me suivre sans résistance.

Parce que je ne suis pas bête : le centre commercial offre un paquet de cachettes et des centaines de façons de disparaître quand on a les talents de Catwoman. Si Selina me file entre les pattes, le jeu du chat et de la souris pourrait bien tourner en sa faveur...

A chaque pas, mes talons effleuraient à peine le sol. Légère et féline, mais pas assez rapide pour le moment. Je commençais à observer autour de moi, cherchant quelque chose qui me permettrais de prendre plus de vitesse, d'élan. Mais pendant ce temps, mon cambrioleur s'éleva dans l'air et alla se fracasser contre une grille un peu plus loin. S'arrêtant net, manquant de tomber, observant alors le type costumé qui se pose devant moi. Voyez-vous ça.. Kyle Macross. Enfin, Sentinel Prime pour ce soir. Je ne pensais pas le revoir en de telles circonstances. A vrai dire, je ne pensais pas le revoir tout court. Je n'aimais pas m'attacher aux gens, et cette nuit-là, cette nuit où j'ai découvert sa double identité, je me suis laissée aller. Je n'aurais pas dû. Oh non. Et c'est pour ça qu'aux premières lueurs de l'aube, j'étais déjà sur les toits, fuyant sans même lui laisser un mot.

Un simple égarement, mais qui apparemment lui a laissé un goût amer. Bon, très bien. Ainsi, je n'aurais pas trop de mal à le traiter comme n'importe qui. Lui dédiant un sourire éclatant, je passe une main dans mes cheveux, n'arrangeant pas mon chignon déjà défait.

_ Kyle ! Quelle bonne surprise ! Les fleurs ne me manquent pas, et à vrai dire, les flics ont vraiment mauvais goût en matière de bijoux. Alors, au risque de te décevoir mon grand, je ne risque pas de me rendre sans résistance.

Je soupire, un peu théâtralement, et commence à reculer lentement. J'ai aperçu un comptoir derrière, qui pourrait me servir de tremplin pour me suspendre au néons et ensuite filer au-dessus des rayons pour me cacher du héros en collant.

_ Vois-tu très cher, ce n'est pas que ta compagnie me lasse, mais je tiens à pouvoir gambader encore un moment. Alors attrapes-moi si tu le peux trésor...

Sur ces mots, ayant suffisamment reculé, je bondit sur le comptoir. Comme un ressort, je sautais et m'accrochais au néon avant de passer au barres de fers qui ornent le plafond du centre commercial. Ma jupe me gênait. Aussi, au lieu de me propulser jusqu'au rayon que je visais, je me rattrapais de justesse au suivant, et me laissais glisser au sol pour déguerpir au plus vite et troubler mon cher héros. J'entrepris aussi de déchirer ma jupe jusqu'à la taille, pour me laisser de l'amplitude de mouvement.

Voilàààààààààààà, c'est toujours pareil ! Un jour, je voudrais qu'il y en ait un qui me tende les poignets en me disant qu'il se laisse faire. Ca me changerait des courses-poursuites à la con à travers Seikusu, que je finis fatalement par gagner. Bon, d'habitude, je me prépare simplement à balancer un uppercut bien rapide pour assomer le type et m'épargner quelques minutes de cavale dans les rues, mais je ne peux décemment pas envoyer mon poing dans la figure d'une femme. A plus forte raison dans celle de Selina, parce que je garde un bon souvenir de cette seule soirée partagée et que ça me ferait mal au coeur d'abîmer une si jolie fille. Et le pire, c'est que je sais parfaitement qu'elle va en profiter pour me faire le coup de la fuite ninja et que ça va me foutre en rogne. Alors quand elle me sort son petit speech et qu'elle commence à reculer, je perds un peu de ma superbe et bande quelques muscles en espérant réagir assez vite.

- Selinaaaaaa.... Tu ne vas pas encore me poser un lapin, si ? Parce que si je t'attrape, mon chaton, je te fais un câlin tellement fort que je te péterais quelques côtes.

D'accord, c'est vrai que je ne le ferais pas non plus, ça. Parce que je ne suis pas une brute et que je me rends compte que j'éprouve une sorte d'affection pour elle. Ca avait été une soirée très particulière, pour moi. Selina... Selina m'avait fait beaucoup de bien, sans parler de la nuit partagée ensuite. Je suis certes rancunier, mais je n'oublie pas qu'elle était venue en amie et qu'elle est repartie en amante. Si elle était restée, nous aurions pû... Hop hop ! Stop là, Kyle ! Tu es casé, maintenant. Et le passé, c'est le passé.
BLAM ! Tandis que je gamberge, la belle féline me fausse compagnie en jouant les acrobates et bien que je tente de réagir au plus vite, ma main se referme sur du vite. D'un poil, putain ! Et le temps que je décolle pour la rejoindre, elle s'est déjà fondue dans les ombres du magasin pour se trouver une sortie.
Me voilà à virevolter tout à côté des néons éteints, braquant depuis une de mes mains un rayon d'énergie inoffensif qui fait office de lampe torche.

- Je vais te retrouver, tu le sais, ça ? Je diffuse mon pouvoir dans le magasin. En gros, tout ce qui ne va pas être moi et qui bougera dans l'espace, je le ressentirais.

Effectivement, mon corps émet une sorte de brume bleuâtre très légère qui, si elle semble se dissiper, se répand rapidement partout. On aurait été à l'air libre, ça n'aurait servi à rien de faire ça. Mais là, dans cet espace clos (même grand), c'est parfait.
Pourtant, je n'ai pas envie de parvenir à la retrouver. Je n'ai pas envie de la livrer aux flics, pas envie de la voir se débattre. C'est con, d'avoir une conscience. Je me pose finalement en haut du rayon ou je l'ai repérée et cesse toute lumière, me contentant de parler dans le noir total. Je sais que Selina déterminera très facilement ma position et je crois qu'elle en profitera d'une façon ou d'une autre. C'est sûrement ce qu'une partie de moi recherche, d'ailleurs.

- Fous toi en costume, Selina. Faisons ça dans les règles. En souvenir du bon vieux temps. C'est la voleuse que je veux arrêter, pas... pas "toi".

Ca sonne comme un aveu, surtout au son de ma voix. Je voudrais qu'elle accepte de changer de tenue, qu'elle m'accorde la possibilité d'avoir moins de remords. Est-ce que c'est trop lui demander ?

Je pense qu'il savait parfaitement que je ne le suivrais pas, comme un bon p'tit toutou. D'une, parce que je suis plutôt féline que canine. De deux, parce que j'ai une saleté d'esprit de contradiction. Et trois.. Et bien trois, parce qu'un peu de piment dans la vie, c'est plus drôle !

Il n'empêche qu'il a de bons réflexes. Un poil plus, et il m'attrapais comme un chaton qu'on va gronder. Cachée dans un renfoncement, là, j'observe le rayon qui évolue dans le magasin. Je cherche une solution de sortie. Mais mon regard ne cesse d'accrocher sa silhouette. J'ignore les pouvoirs qu'il possède en fait, mis à par la force herculéenne et le vol. Mais je ne doute pas qu'il puisse me retrouver. Ça non.

Lorsqu'il parle de me mettre en costume, je grimace. Je l'avais laissé dans mon sac, sur la moto. Je n'avais que mon fouet avec moi. J'esquissais un sourire. Oh non, je n'avais pas la moindre envie de lui faire du mal. Mais la réplique qui me venait en tête me tirait un bon sourire. Sauf que la suite, ça me l'ôta. Je ne suis pas une voleuse Sacrenomdidiou. Je garde un peu de ce que vole les cambrioleur, comme un salaire, mais jamais je ne vole volontairement. J'ai mon honneur.

D'ailleurs, ma bouche prononça ses mots sans que je ne l'ai vraiment décidé.

_ Je ne suis pas une voleuse. Il ne faut pas écouter les ragots...

Puis, pour adoucir, je rajoutais :

_ Par contre, je doute que mon fouet puisse me recouvrir intégralement comme le fait mon costume qui se trouve dans mon sac sur ma bécane bichon.

Je ricanais doucement, et laissais ma veste de tailleur gris perle à l'endroit où je me trouvais avant de changer furtivement de rayon. Et je continuais ainsi, ôtant un vêtement à la fois, en me déplaçant dans le magasin. Finalement, c'est nue que j'atteignis le rayon des sous-vêtement. Là, j'enroulais vite fait mon fouet autour de ma taille, et m'appuyais contre le rayon à côté duquel se trouvait un ensemble guêpière, string, jarretelle. Il se découlait en trois couleurs. Noir, rouge et blanc. Et à côté, plusieurs paires de bas.

Je sifflais vite fait, attirant l'attention du héros ici si ça n'était pas déjà fait.

_ Qu'en dis-tu. Je suis en costume là, pour toi ?

J'arborais un sourire charmeur. Mais ça ne changeait rien au fait que je pourrais lui filer entre les pattes s'il essayait de me conduire aux flics.

_ Et si on papotait un peu ? Dis-moi ?

Maintenant mon sourire, je pris une pose langoureuse.

_ Tu m'en veux pour être partie sans un mot la dernière fois ? Ou bien parce que je n'ai pas été à la hauteur de tes attentes mon chou ?

- Pas une voleuse ? T'es quand même foutrement gonflée ! Et ne me fait pas le coup du Robin des Bois urbain, hein !
- Par contre, je doute que mon fouet puisse me recouvrir intégralement comme le fait mon costume qui se trouve dans mon sac sur ma bécane bichon.
- Et arrête de m'appeler comme ça, tu me rappele une vieille tante. Moins sexy que toi. T'avais qu'à prévoir le coup ! Tu devais bien te douter que j'allais débarquer ! C'est comme à la maison : tu attends ton mec dans une petite tenue pour lui faire plaisir. Si tu ne t'éclipse pas lâchement après la première nuit, remarque.

Rancoeur ? Moi ? ABSOLUMENT ! Je m'étais dressé tout un petit décor pour mettre en scène l'aventure que je nous voyais débuter, Selina et moi. Je ne dirais pas que je n'étais pas monté sur mes grands chevaux, considérant que j'avais une proportions à m'emballer un peu trop rapidement. Mais la féline avait été la première fille qui m'avait donné l'impression d'être intéressant, d'être enfin prêt pour une relation. Elle avait accepté tant SP que Kyle et de mon côté j'étais prêt à oublier ses petits écarts avec la loi et la laisser courir pour la retrouver le soir dans mon lit. Ca aurait été tellement plus facile ! Selina aurait comprit ce qu'impliquait de porter un costume, aurait comprit le temps que je ne passais pas avec elle.
Aujourd'hui encore, je le pensais et c'en était douloureux : entre elle et moi, ça aurait sûrement marché du feu de Dieu. Hitomi... Hitomi était dans ma vie, bien sûr. Mais ce n'était pas aisé de composer, de se voir. Et ça me foutait la trouille que la rousse finisse par se dire que ça ne pouvait pas marcher.
J'avais l'impression de flirter avec la rupture plus qu'avec ma compagne et ça me laissait un sale goût sur la langue.

Préférant me changer les idées, je me lançais aux trousses de Catwoman tandis qu'elle évoluait dans les rayons. Aucun de ses mouvements ne m'échappait et j'aurais très bien pû lui fondre dessus comme un aigle en chasse, mais j'avais envie qu'elle me fasse courir un peu, qu'elle me donne du fil à retordre. Peut-être que je cherchais une raison de me focaliser sur sa fuite plus que sur elle ? Toujours était il que je ne comprenais pas ce qu'elle faisait jusqu'à ce qu'elle s'arrête et m'apostrophie.
Bonne poire, je me laissais prendre au jeu et atterissais non loin d'elle, à un pas ou deux. Et ce que je vis me fîs marquer un temps d'arrêt. Selina nue à côté d'un ensemble de lingerie... Qui me rendait passablement cinglé. Ronron, aurait dit un petit chat.

- Un costume, ça se met. Le blanc t'irait mieux au...euh...teint.

Y'a des moments, j'aurais voulu être un violeur. Parce que si Selina enfilait ça, j'allais avoir du mal à rester sage. Comme pour relever un défi personnel, mon esprit se braqua sur l'image d'Hitomi. Ma copine était ca-non ! Je n'allais donc pas céder un pouce de terrain à Selina. Afin de me donner contenance, je croisais les bras face à elle, jouant des muscles pour les mettre en avant. Pour l'impressionnner comme pour lui plaire, me souffla une parcelle de mon esprit qui avait décidé visiblement de comparer ma rousse à ma brune.
Comment ça "ma" brune ?
Et voilà qu'elle voulait parler ! Non mais... On ne pouvait pas se taper dessus tout simplement, non ? Ca m'aurait épargné les doutes. Ohlalala.... CETTE POSTURE ! Je ne peux pas m'empêcher de pencher la tête pour dévorer son corps des yeux. Bravo, bel effort de volonté ! ....Je peux en profiter un peu non ? Où est le mal ?

- Je t'en veux d'être partie. A mort. Bon sang, pourquoi, Selina ? Ne me dis pas que c'était pour "incompatibilité professionnelle", je t'en prie ! On avait dépassé ce cap, non ? Y'avait toi, moi... Et c'était tout. J'ai pas compris. Tu étais restée chez moi juste pour jouer ? On s'est dit tout... tout ça, mais pour toi ça n'était qu'un jeu ?

Je secouais la tête en me rendant compte que cette histoire m'avait plus blessé que je ne le pensais. Peut-être parce que c'était la première relation sérieuse qui s'était présentée à moi et que bêtement j'y avais cru ? Tout avait été rapide, c'est vrai. A bien y réfléchir pour moi, tout l'était toujours.

- Dis moi pourquoi.

Mon regard était venu se planter dans le sien et l'espace de quelques secondes, l'érotisme montant de la scène ne comptait plus. J'attendais des explications et foi de Sentinel Prime, elle ne sortirait pas d'ici sans avoir craché le morceau. Et tant pis si je devais en prendre plein la gueule : mon coeur et ma conscience se sentiraient de toutes façons bien mieux après ses révélations.

Qu'il m'en veuille pour l'autre nuit, d'accord. Je l'ai mérité. Et c'est mieux comme ça. Mais qu'il me prenne pour une voleuse, alors ça non. Je m'insurge ! Lorsqu'il arriva près de moi, je le foudroyait d'un regard furieux et blessé. Débouclant toutefois mon fouet, je repris toutefois contenance, et détachait l'air de rien le petit ensemble de son cintre. Ôtant les étiquettes négligemment, je l'écoutais attentivement tout en enfilant ces sous-vêtements particulièrement sexy. Les blancs, évidemment. Je n'allais pas louper une occasion de le rendre fou de mon corps. Et puis c'était une douce vengeance pour le fait qu'il croit les ragots mentionnant des vols effectués par Catwoman.

Non mais sérieux ! Je prend à peine un dixième du contenu du vol des cambrioleurs ! J'ai bien le droit à une petite rémunération quand même ! C'est pas comme si je disparaissais avec l'entièreté du chargement après avoir planté un couteau dans le coeur de la victime !

Malgré tout, je n'eu pas le courage de défendre ma cause en l'entendant ensuite. Je ne pensais pas lui avoir fait tant de mal que ça. Je n'avais rien promis. Juste un peu de chaleur humaine pour la soirée. D'être là, comprenant l'histoire de double-identité, etc.. Je fis la moue.

_ Ça n'était pas un jeu.

Je marquais un instant d'hésitation ensuite. Je ne voulais pas lui révéler ma peur de l'engagement. Je ne voulais pas qu'il sache que Catwoman, ou Selina, avait des faiblesses. Mais finalement, lorsque je plongeais mon regard dans le sien, je cédais.

_ Je ne pouvais pas rester. Pas à cause de toi. Enfin si, mais c'pas ta faute. C'est juste que... Je n'aime pas m'attacher. Ça fait trop mal quand on perd quelque chose. Et puis, je n'avais rien promis. Je ne pensais pas, en venant chez toi, me jouer de toi. Je ne pensais pas, en restant la nuit, me jouer de toi. Mais lorsque le soleil c'est levé j'ai.. j'ai eu peur.

Je baissais les yeux, refusant qu'il voit la peine emplir mon regard. Ces instants dramatiques, je faisais tout pour les éviter.

_ Il vaut mieux pour toi que tu m'en veuilles. Que tu me crois sans coeur. C'est plus facile. Je n'aurais ainsi pas besoin de lutter pour ne pas m'attacher.

Puis, pour éviter que ça ne tombe dans le larmoyant, je relevais soudain la tête et le fusillais du regard avant de planter mon index sur son torse.

_ Et je ne suis pas une voleuse bordel ! Quand j'attrape des malfaiteurs ayant dérobé des biens précieux, des bijoux, je ne garde qu'un dixième, pour une certaine rémunération. Je n'ai jamais pris plus. Et jamais les commerçant ne s'en sont plaints. Il n'y a que les jaloux pour répandre des ragots sur moi. Ceux qui ne peuvent admettre qu'une femme mette une raclée à une troupe d'homme. Et je te signale que je suis avocate. Je ne commettrais jamais de crime volontairement. Je connais la loi !

Le regard brillant, de larmes ou de rage, je ne lâchais pas son regard.

Je n'avais d'yeux que pour ses mains qui l'aidaient à passer la pièce de lingerie sur son corps sculpté par les pirouettes et une bonne part de génétique de haute volée. Mieux, je m'approche doucement pour venir réajuster une des bretelles s'étant enroulée sur son épaule et en profite pour la faire délicatemement tourner sur elle-même pour admirer l'ensemble d'un blanc immaculé sur ses courbes affriolantes. Le string remonte joliment le galbe de ses fesses, le bustier enserre sa taille fine et son ventre plat tout en réhaussant sa poitrine que j'ai toujours trouvée délicieuse -dans tout les sens du terme. Je ne préfère pas parler des bas qui n'en finissent pas de rendre plus excitantes encore ses longues jambes fuselées. Je dois bien ça à Selina : c'est une femme magnifique et je sais encore l'apprécier, puisque j'approuve sa tenue d'un sourire doux avant de lui caresse machinalement la joue.

Mes yeux dardés dans la prunelle des siens, j'écoute ce qu'elle a à me dire. J'attendais cette conversation, bien que je pensais qu'elle ne viendrait plus jamais. J'avais toujours sû que je reverrais Selina, parce que Seïkusu était son terrain tout autant qu'elle était le mien et que tôt où tard, Catwoman et Sentinel Prime auraient été forçés de s'opposer. Pourtant, j'avais imaginé qu'aucun mot aimable n'en serait ressorti.
Si j'avais sû...

- Peur ? D'être abandonnée sur le bord de la route ? Peur que je trahisse ces engagements alors que j'en connais mieux que personne la valeur ? Selina...

Je soupire en guise de ponctuation finale. Son regard devenait aussi brillant que le mien, mais peut-être pas pour les mêmes raisons. Dévoiler mes faiblesses ne me ressemblait certes pas, mais ce qui était douloureux, c'était de me dire que malgré tout elle avait eu peur. N'étais-je donc pas capable de rassurer, d'être convaincant ?

- Je ne peux pas te croire sans coeur, même si je ne demande que ça. Je sais bien ce qui s'est passé chez moi et je ne suis pas assez con pour me dire que tu n'étais pas sincère. Ceci étant... C'est vrai, que tu n'avais rien promis. Je me suis enflammé, ça je te l'accorde. Je me massais la nuque d'un air gêné. Je ne sais pas y faire et j'ai vite tendance à me monter des films. Le courant était bien passé et j'ai dû m'imaginer que c'était parti pour l'appart' à deux, l'église et les mômes.

Je force le trait de la plaisanterie pour tenter d'alléger mon ton et désarmorcer un peu cette situation qui me bouscule. Selina et ses grands yeux pleins de... quelque chose me font mal au coeur et je dois lutter avec l'image d'Hitomi en tête pour ne pas céder à l'envie de lui donner un long baiser, d'excuse comme peut-être d'adieu. Je sais qui j'aime. Je sais qui me le rend même dans les tempêtes de solitude que nous essuyons.
Et je n'aime pas l'image d'une femme panthère rousse que je vois flotter devant mes yeux, fusion indélicate d'un fantasme sentimentalo-sexuel à deux niveaux. Je secoue la tête pour penser à autre chose et la remercie presque de revenir à cette foutue question de fierté.

- Parce que c'est légal de se payer soi-même pour un service ? Si je le faisais, je serais plein aux as ! Justifie ça comme tu veux, tu es une voleuse et c'est marre ! Ne t'avise pas d'oublier que tu ne peux pas mettre une râclée à tout les hommes et que je serais l'os sur lequel tu finiras par te casser les dents.

Je viens seulement de réaliser que depuis tout à l'heure, je n'ai pas lâché sa joue et que je l'ai même caressée un peu plus délicatement, plus tendrement tandis qu'elle parlait. Je me déteste pour ça et ôte ma main en la laissant volontairement glisser sur les traits de son visage.

- Dégage. Si je t'arrêtais ce soir, je m'en voudrais parce que je suis content de te revoir. Prends ça comme tu veux, mais surtout comme une excuse pour cette histoire de voleuse que tu ne supportes pas. Fais attention à toi, Selina.

C'est drôle la vie : c'est au moment où je suis bien dans mes baskets et que je suis amoureux d'une fille d'enfer qu'il faut que je vienne à en croiser une autre qui compte, même si c'est malgré elle. Mes yeux lui disent que je n'ai pas envie de lui faire du mal tandis qu'ils cavalent dans une ultime oeillade sur ses courbes, avant que mes talons ne se détourne et que je ne fasse volte-face. Disparaissant dans les rayonnages, je finis ma course dans l'espace des meubles de maison et fini par m'étaler dans le premier canapé venu, me passant une main lasse sur le visage.
Tout ce dont j'ai envie, ce serait de m'envoyer en l'air avec une inconnue pour oublier un peu cette soirée, et quelques autres l'ayant précédée.

Je gardais le silence après mes aveux. Et également lorsqu'il réattaqua sur le sujet du vol. Autant avant j'étais prête à lui pardonner sa rancune compréhensible car j'étais partie sans un mot, autant je ne souffrais pas que l'on se trompe à mon sujet. Je l'observais alors, sans sourciller. Qu'il m'arrête donc, je m'échapperais en moins de deux. Mais non. Au lieu de ça, alors que je n'ai aucunement l'intention d'obéir à son injonction, il retire juste sa main de ma joue. Je pris alors conscience qu'il ne l'avait pas ôté depuis tout à l'heure. Le reste de sa phrase me touche un peu, il est vrai. Et je décidais avant de tout finir ce que j'avais commencé avant ma rencontre avec lui.

Me rhabillant en refaisant le chemin en sens inverse, je cueillit le cambrioleur toujours HS et le traînait dans la bijouterie. Au passage, je récupérais ma tenue de cuir. Abandonnant un instant le bandit K.O, je me changeais rapidement et retrouvais mon anonymat de Catwoman. Jetant le malotrus avec son confrère, je délivrais le bijoutier toujours retenu prisonnier par la corde, et lui remit le sac de bijoux. Reconnaissant, il se jeta à mes pieds.

Gênée, je l'écartais.

_ Allons, allons... Calmez-vous monsieur, tout est fini. La police est dehors, vous allez pouvoir leur ouvrir pour qu'ils viennent cueillir ces bandits.
_ Merci, merci, merci ! Je vous serais éternellement reconnaissant.

A cet instant, je retrouvais mon sourire. Peu importait que Kyle me traite de voleuse. Je n'en étais pas une. Pas avec le consentement des victime.

_ A ce propos... Ça ne vous ennui pas si je prends un dixième du butin ? Ainsi vous ne me serez plus redevable...

J'accompagnais mes paroles d'un sourire irrésistible. Malgré le masque qui cache le haut de mon visage, le bijoutier tombe sur le charme et hoche la tête avec vigueur.

_ Bien sûr, absolument ! Et puis Catwoman mérite bien ce petit cadeau ! Même si j'ai vu votre vrai visage, aussi, comment dois-je vous appeler ?

Alors là... J'avais oublié qu'il m'avait vue avant que je ne mette mon costume. Je marquais un instant d'arrêt, avant de me pencher vers lui pour susurrer :

_ Je crois qu'il vaut mieux que vous oubliiez ce que vous avez vu. Catwoman doit rester anonyme pour ne pas avoir d'ennui le jour, étant donné le nombre de gens envoyé en prison grâce à elle. N'est-ce pas ?

Il hocha précipitamment la tête.

_ Oui, bien sûr, bien sûr. Aucuns soucis. Prenez donc ceci. Je ne dirais rien.

Il me remit une partie de ce qui se trouvait dans le sac, c'est à dire deux colliers de perle, une chaîne en argent avec un pendentif en diamant, deux bracelets et une bague. Il rajouta, avec un clin d'oeil, une par de boucle d'oreille avec des chats d'argent aux yeux d'émeraude et une boucle de ceinture en or avec un "C" ornée de petits diamants. C'est trop chou. Je l'embrassais sur la joue avant de m'éloigner.

_ Vous... Vous ne restez pas pour être félicitée par la police ?
_ Non. J'ai à faire ailleurs, je suis désolée. Bonne soirée !

Et sans lui laisser le temps de me parler encore, je quittais la boutique. Quoique je me souvenais soudainement des gardes. Je passe la tête par la porte et rajoute :

_ Pourriez-vous signalez que trois gardes sont blessés au poste de garde ?
_ Mais bien sûr !

Je m'échappais ensuite, retournant dans les rayons du magasin. De rayons en rayons, je sautais aussi silencieuse u'un chat, à la recherche du héros blessé au coeur. La récompense du bijoutier avait rejoint un petit sac à ma ceinture, mais le contenu ne tintait pas. Enfin, je localisais le brun, avachi sur un canapé. Je souris et fit volte-face, passant au rayon apéritif pour chercher une bouteille de Smirnoff et des gâteaux apéritifs. Je le rejoignis ensuite, de mon pas légèrement chaloupé et sensuel. Me posant à côté de lui, je posais la bouteille et les gâteaux sur la table basse devant le canapé. Les sirènes de polices s'éloignaient à présent qu'elles avaient eu leurs coupables, et les ambulances emportaient leurs blessés.

_ Je crois qu'un petit remontant s'impose, non ?

Je débouchais la Smirnoff et lui proposait de boire la première gorgée.

J'avais mon portable en main depuis une bonne dizaine de minutes et les échanges sms  allaient bon train entre Hitomi et moi. Rien de bien affolant, de simples questions dont nous étions coutumiers. "Comment s'est passée ta soirée ? Combien de cinglés attrapés ? Quand rentres tu chez toi, que je t'y rejoigne si il n'est pas trop tard ?". Je... Je n'avais pas envie de la voir, pour une fois. Après avoir vu Selina -bien que c'était un hasart totalement impromptu- j'aurais eu du mal à regarder Hitomi dans les yeux et c'était une chose qu'elle aurait traduite en "il y a un problème", chose que je n'aurais pas pû nier. J'avais décidé de lui en cacher le moins possible, préférant juste esquiver les interrogations gênantes. Ma jolie rousse n'aimait pas forcément que je fonce dans les immeubles en flammes où que je me retrouve au coeur d'explosions violentes et je prenais en plus soin de ne jamais évoquer les passages dimensionnelles de créatures peu ragoûtantes et enclines à l'asservissement ou l'anéantissement de l'humanité. Et je ne suis pas sûr qu'elle aurait apprécié plus la compagnie d'une nana en combinaison de cuir, bien que je savais ses moeurs libertines.
L'arrivée de la police ? Je l'avais suivie de l'oreille tout en pianotant que je rentrerais tard et qu'elle n'avait qu'à dormir chez moi si le coeur lui en disait, puisque je n'avais rien de prévu pour demain à part -je me cite- lui faire très longuement l'amour.
La discussion se concluant sur quelques smileys dont j'étais friand, je rangeais mon téléphone en m'avachissant un peu plus dans le sofa en envisageant d'y pioncer un peu avant qu'une silhouette ne sorte silencieusement des ombres pour venir s'installer tout à côté de moi, déposant alcool et gâteaux apéritifs sur la table basse qui mimait un intérieur de maisonnée.
Pourquoi sa présence ne m'étonnait qu'à moitié ?

- Tu devais dégager, chaton. Le but était de se séparer bons amis et de me laisser le rôle très couru du beau-parleur mélancolique.

Me proposant la bouteille, elle me parle de remontant. Je ne l'attrapais pas tout de suite et préférait lorgner sur son corps sans gêne, m'arrêtant que le décolleté vertigineux moulé dans le cuir plus que seyant.

- Si tu me permets d'être franc... J'ai toujours voulu te faire l'amour dans cette tenue. La fermeture éclair descend jusque où ? Un petit sourire, enfin ! Je l'efface presque aussitôt, néanmoins. Désolé, ce n'était ni très galant ni très fin. Au moins, c'était sincère.

Après un moment d'hésitation, je récupère la Smirnoff et en porte le goulot à ma bouche pour l'emplir de vodka, qui me brûle la gorge et la langue avant que l'alcool ne fasse légèrement son effet. Ce n'est pas grand'chose, mais je bois peu en règle général et finir soûl n'est pas un défi en soi pour moi. Je rends finalement la bouteille à Selina.

- Empêche moi de boire si tu vois que je commence à être trop imbibé. Ça pourrait mal finir. Tu te souviens de ce que je t'avais dis chez moi, cette fameuse nuit ? Par réflexe comme par nostalgie, je dépose ma tête sur son épaule. Pourquoi t'es rev'nue, chaton ? J'ai pas le coeur à être nargué ce soir, pas plus que j'ai envie de te courir après. Dis moi que tu viens en paix et surtout, dis moi pourquoi.

_ Je ne suis pas là pour te narguer Kyle.

J'ôtais le masque qui couvrait mon visage, et m'enfonçais plus agréablement dans le canapé en ouvrant le paquet de gâteaux apéros.

_ Effectivement, ta remarque n'était pas très galante. Mais ça me flatte.

Je lui piquais la bouteille pour en boire à mon tour une bonne rasade. La Smirnoff, c'est mon pêché mignon. Sa tête sur mon épaule, je déposais une main sur son bras. Rassurante. Compatissante. Je ne voulais pas lui faire du mal. Et je lui en avais déjà fait sans m'en rendre compte auparavant. J'étais là pour lui proposer une sorte de marché. Comme il a dû le lire dans les journaux, je m'occupais surtout des violeurs et proxénètes en tout genres, ainsi que des cambrioleurs. Les évènements médiatisés, très peu pour moi.

_ J'ai.. Eu une idée. J'ignore si elle te plaira, mais...

J'avalais une autre gorgée. L'alcool rafraîchissant ma gorge avant de répandre sa chaleur dans mes veines. Je restais lucide malgré tout.

_ Que dirais-tu.. D'une association. Toi, tu t'occupes principalement des évènements surmédiatisés, les braquage avec otage, etc... Et moi, je m'occupe de la petite frappe dans les rues. Des réseaux de proxénétisme, des trafics de drogue, etc..

Prenant quelques mini-pizza, elle en glissa une entre ses lèvres et présenta les autres sur la paume de sa main ouvert à Kyle.

_ On couvrirait plus de terrain. Et comme je suis avocate, je me charge de tous les envoyer pourrir en tôle... Intéressé ?

Elle but une autre gorgée.

_ Ou pas. c'est vrai que c'est un peu débile comme idée...

Lorgnant à présent plus sur les biscuits que les vallons rebondis de ses seins, je l'écoute parler en la remerciant d'un regard d'avoir ôté le masque. Sinon, j'aurais eu l'impression d'être...ben...au boulot. Ah, c'était con, comme reflexion. Mais l'idée était là. Je récupérais la russe quand elle en eut terminé avec et la portais une nouvelle fois à ma bouche, pour une rasade cette fois plus raisonnable qui me monta rapidement à la tête. Ce genre de cul-sec n'était pas pour les petits joueurs dans mon genre et je sentais que j'allais le regretter. Demain matin peut-être, quand j'aurais mal aux cheveux ? Ou ce soir, si je rentrais et que mon lit n'était pas vide. J'aurais probablement du mal à expliquer à Hitomi que j'étais imbibé après être intervenu sur une histoire de cambriolage.

- T'es dure de ne pas avoir pensé au jus d'orange, chaton.

J'allais revenir à sa tenue et les idées qu'elle m'inspirait après avoir vu quelques images coquines d'hentaï plutôt sympathiques, mais mes yeux n'arrivèrent même pas à retrouver le chemin vers ses seins, trop occupés à fouiller son regard pour savoir si elle était sérieuse. Ce fût machinalement que j'attrapais une des douceurs salées que Selina me proposait, la croquant sans la lâcher. Putain, elle ne plaisantait pas, en plus !
Une fois n'étant pas coutume, la féline me laissait sur le cul.

- Alors, là, tu me scies les pattes. Si je m'attendais...

Le goulot de la Smirnoff revint se poser contre mes lèvres, mais je n'ingurgitais rien et abaissais la bouteille. Il valait mieux que je garde l'esprit un peu clair et que je me serve seulement plus tard de l'alcool comme prétexte pour lui débiter quelques cochonneries, histoire de faire jouer mes fantasmes.

- Ce que je ne pige pas, c'est en quoi ça changerait de maint- ...oh, je vois. Une sorte d'échange ? De petites infos, des petits services... Je prends la lumière pour moi, ce qui te permettrait d'oeuvrer plus tranquillement ?

Je me redressais un peu sur le canapé et me grattais le menton, signe chez moi de reflexion. Un appui ne serait pas de trop contre la racaille de Seikusu, surtout que Selina avait du poids en tant qu'avocate et que ça pourrait s'avérer utile si c'était bien utilisé. Restait à savoir dans quelle mesure.

- Et tu vois ça comment, au juste ? Je veux dire, comment on fonctionnerait ? Et puis... Je me frotte parfois avec de sacrés morceaux et je ne voudrais pas que tu sois prise là-dedans, non plus. Directement ou indirectement. Sans compter que la dernière association de ce genre que j'ai connu s'est... mal terminée. Très mal.

Je soupirais. Ca me faisait drôle de penser à mon monde d'origine, aux circonstances qui m'avaient amené à arriver ici.

Un sourire amusé effleura mes lèvres, alors que je mimais la fille qui s'en voulait d'avoir oublié le si précieux jus d'orange. Mais ce sourire s'agrandit si vite que l'expression faussement désolée que j'arborais fut fugace. Les yeux dans les yeux, je pense qu'il cherchait à s'assurer que je ne voulais pas le duper. Compréhensible. Mais bon, j'en étais quand même vexée d'une certaine manière.

J'étouffais ce sentiment de vexation bien au fond et piochais également dans les biscuits apéros. Machinalement. J'en croquais quelques uns, souriant de sa surprise face à ma proposition. J'hochais la tête lorsqu'il me demanda confirmation de ce qu'il pensait, et rajoutais ensuite :

_ Je sais. Je suis surprenante comme femme.
En effet, c'est exactement ce que tu penses. Et crois-moi, je ne serais pas plus en danger avec toi qu'en continuant mon p'tit bonhomme de chemin toute seule. Je me suis aussi frottée à plusieurs cas épineux.

J'haussais les épaules, et réfléchit un petit instant, profitant d'un répit en buvant une gorgée de la bouteille que je venais de lui chiper.

_ T'as un portable ? Une adresse-mail ? Quelque chose que tu portes toujours sur toi ? Comme ça je pourrais facilement de contacter en cas d'infos. Après, tout ce qui est Godzilla grimpant aux immeubles ou furies vengeresses s'attaquant au grand public, j'te le laisse. Je ne suis pas de taille. Je ne suis qu'un chat après tout. Mais plutôt que de te fatiguer à poursuivre des violeurs alors qu'une prise d'otage est organisée, tu pourrais juste m'envoyer un message et je serais sur les lieux en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Hatchepsout. P'tet pas aussi rapide que toi, trésor, mais la moto permet de passer un peu partout contrairement aux voitures. Et les toits sont mon terrain de jeu.

Je coupais un instant mon débit de parole, et mangeais trois p'tits gâteaux, avant de continuer avec le ton égal de celle qui réfléchit en même temps qu'elle parle.

_ Bon après, faut vraiment qu'on se fasse confiance pour oeuvrer ainsi. Sinon, les doutes mal placés pourraient compromettre la bonne volonté à venir à bout du crime. Alors si t'as des questions, poses-les. Personnellement, je te fais confiance. J'ai bien suivi tes exploits, autant en Amérique qu'ici. Et j'ose prétendre t'avoir un petit peu cerné.

SP est un solitaire. C'est comme ça. Je l'avais dis à Donna et je le pensais vraiment. Vivre et "travailler" à mes côtés n'était pas de tout repos et je ne voulais entraîner personne dans mes aventures souvent violentes parce que je craignais de voir un tiers payer pour mes conneries et ma manie à jouer les têtes brûlées. Donna était une débutant qui n'avait pas encore conscience de ce que signifiait le port du costume et Selina... Selina était rompue à l'excercice et connaissait certes ses limites mais flirtait un peu trop avec la Loi à mon goût. Avocate, elle la connaissait assez pour jouer avec le feu sans se brûler mais ça pourrait changer dès le moment où elle -du moins Catwoman- serait soupçonnée de marcher en équipe avec moi. Pouvais-je mettre une femme que j'appréciais en première ligne, même indirectement ? Sans compter Hitomi. Passer du temps avec mon ex (bon, le mot était fort vu notre passé, mais l'idée était là) ne serait pas pour aider à faire avancer correctement notre couple qui devait déjà composer avec les sorties de Prime et les horaires de prof' de ma petite amie. Et moi, avoir Selina sous les yeux plus souvent, ce serait un peu comme m'ouvrir les portes d'une confiserie en me mettant au défi de ne pas goûter à tout les bonbons.

- Tu ignore ce qu'être avec moi veut dire, Selina. Tu n'es pas restée assez pour le découvrir. Et je ne veux pas que tu te retrouve mal par ma faute, parce qu'on te considère de près ou de loin comme ma partenaire. Désolé de tenir à toi.

Un aveu ? Peut-être. Elle comptait, mais l'ignorait. Je me passais une main sur le visage en sentant la douce torpeur alcoolique monter doucement, se couplant à ma fatigue. Peu à peu, mes défenses faiblissaient mais je n'en faisais pas grand'cas, me sentant en sécurité aux côtés de Selina. Mon dos retourna s’affaisser contre le dossier du canapé et la pénombre arrivait à souligner les lignes de mon corps par un jeu de lumière de lune qui filtrait par les vasistas larges nous surplombant.

- T'es têtue ! Tu sais où j'habite, déjà. Pour mon téléphone... Je te le donnerais, ouais. L'email ne te servira pas à grand'chose si je suis en patrouille, mais tu l'auras également. Enfin, rentre toi dans le crâne que je vais du mal à te contacter pour autre chose que connaître la couleur de l'ensemble de lingerie que tu porte.

Dur pour moi de penser que je pourrais l'appeler pour lui dire d'aller au feu à ma place. Ce n'était pas mon style. Le comprendrait elle ? J'en doutais. Selina n'avait pas cherché à comprendre, la dernière fois. BOOOOOOOOOON ! Valait mieux que j'arrête de jouer le disque rayé et que je marche un peu avec autre chose, sinon j'allais limite devenir emmerdant.

- T'es quand même foutrement gonflée ! Ce n'est pas moi qu'on taxe d'être un voleur, il me semble ! Et j'aimerais assez savoir ce que tu pense avoir cerné, Catwoman.

J'appuyais volontairement son pseudo tout en me penchant sur elle. Je m'étais rapproché d'elle sans y penser et maintenant nous étions à un souffle du baiser. Mais peu importait, pas vrai ? J'étais en couple, je n'avais pas envie d'elle, pas envie de l'allonger sur ce canapé, pas envie de la revoir en lingerie. Pas envie de passer mes mains sur son corps, pas envie de revivre cette soirée d'enfer.
Pas envie, mais l'alcool faisait sauter des barrières. Il fallait juste que je reste concentré et ma queue resterait, elle, à sa place. Et j'avais mondialement reconnu pour mon pouvoir de concentration, tout le monde le savait.

- Dis moi tout. Fait moi rêver.

J'en étais sûre. Il cherchait quelques excuses pour ne pas accepter. Et bien il pouvait tout simplement me dire qu'il ne voulait pas, je comprendrai. Je ne suis pas une gamine capricieuse... Bon, capricieuse, d'accord, ça dépend des fois. Mais j'ai quand même vingt-trois ans, nom d'une chatte siamoise ! Je lève les yeux au ciel. Il tient à moi ? Mais je n'ai pas besoin d'un garde du corps, je sais me défendre. Ce n'est pas une excuse. Bon, ça m'touche bien sûr. Mais je n'ai pas besoin de baby-sitter.

Mon regard se pose sur lui, agacé. Mais il s'adoucit. Non seulement Kyle est généreux et ouvert, mais il est diablement beau. Je ricane quand il dit qu'il ne pourra m'appeler pour autre chose que la couleur de ma lingerie. Mais la suite me fit beaucoup moins ricaner. A nouveau, je le fusillais du regard. Il avait approché son visage, mais ça ne changeait rien. Bon, okay, ces yeux me faisait fondre. Mais je fronçais les sourcils pour ne pas céder à l'impulsion de l'embrasser. Ma main partit et s'écrasa sur le visage du héros.

_ Ça, c'est pour remettre sur le tapis cette idée préconçue qui me hérisse.

Et finalement, je cédais. La main qui l'avait giflé s'accrocha à sa nuque et je l'embrassais aussi sec. Mes lèvres contre les siennes. Mes dents les mordillant tendrement. Ma langue jouant, cherchant le passage, avant que finalement je ne me recule.

_ Et ça... Ça c'est parce que j'en ai envie depuis tout à l'heure quand même.
Et puis y a de quoi rêver...

Non mais vraiment. Comme justification, j'aurais pu trouver mieux.

D'ailleurs, je n'y pensais plus mais... Avait-il trouvé quelqu'un entre temps ? Je ne voudrais pas lui faire de mal une seconde fois en l'incitant à tromper sa copine s'il en avait une. Même si le souvenir de cette nuit me hante encore. J'ouvris la bouche pour le lui demander, mais ce fut une toute autre phrase qui en sortit.

_ Je n'ai pas besoin qu'on me sur-protège Kyle. J'ai vécu bien pire que d'être prise en otage ou malmenée. Je sais me défendre. J'ai appris. Je ne suis plus une enfant. Et même si Sentinel Prime croit que tout le monde a besoin de son aide, je ne suis pas de cet avis. Que tu le veuilles ou non, je serais exposée de toute manière. Toute seule, ou bien avec toi. Ça ne change rien pour moi. Mais dis toi qu'au moins, si on travaille ensemble, tu seras en mesure d'intervenir. Alors que si ce n'est pas le cas, si après ce soir on part chacun de notre côté, tu ne sauras rien de mes actions. Tu ne sauras rien des dangers que je vis.

Oui, c'est sorti tout seul. Mais c'est la stricte vérité. Non, je ne joue pas sur la corde sentimentale. Je suis pragmatique, c'est tout.

Je finis par me mordre la lèvre, et la question initiale revint.

_ Mais bon.. Je.. Je ne voudrais pas m'immiscer si jamais tu vois quelqu'un. Je comprends qu'on puisse avoir une vie en dehors, même si moi je ne le veux pas. Sans parler de moi, je comprendrais que tu refuses. Peu importe que ça soit parce que tu n'aies pas envie, ou bien parce que tu as quelqu'un dans ta vie à protéger déjà.