En arrivant à Seikusu, je me suis demandée pourquoi est-ce que j'avais accepté de venir à Seikusu pour chasser les monstres alors que ma vie était redevenue tranquille aux USA. J'aurais pu devenir écrivain, avocate, historienne, ou que sais-je encore. Je ne me serais pas perdue dans ce pays pleins de gens aux yeux bridés où je capte que dalle de leur langue. Il me faut
ABSOLUMENT un traducteur. Mais allez trouvez quelqu'un de fiable, capable de vous suivre dans n'importe quelle enquête, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, avec n'importe quels monstre.. Et surtout, quelqu'un qui accepte de garder le secret sur ma nature animale. C'est mission impossible !
Déjà, pour le local, j'ai galéré. J'en ai trouvé un parfait au centre ville, mais le vendeur n'acceptais pas les étrangers. Alors j'ai dû fouiner, encore et encore, jusqu'à dénicher cette petite perle perdue dans les alentours de la ville. De dehors, la vitrine expose simplement une pièce avec un bureau et des tas d'étagères. C'est pour donner le change, et entreposer les documents. La porte, elle, donne sur un long couloir qui mène à une salle d'attente. A l'opposée du débouché du couloir, il y a une porte, et un autre couloir. Deux portes de chaque côtés. Une qui mène à la salle exposée par la vitrine, l'autre à mon bureau où je reçoit les clients. Et le couloir continu jusqu'à un escalier en colimaçon qui monte à mes appartements privés au-dessus. Et, dans un creux de l'escalier, il y a une porte qui mène à la cave où j'ai entreposé de quoi me contenir lors d'une transformation impromptue, ou de quoi contenir des bestioles pas ravies d'être là.
Mais voilà. Pour décrocher le droit de m'établir ici en tant que détective, il y avait de la paperasse à faire. Je déteste la paperasse. Heureusement, cet ami m'ayant signalé la recrudescence du paranormal dans cette ville m'a grandement aidé. Et c'est ainsi qu'hier, j'ai pu ouvrir le bureau. L'enseigne, au-dessus de la vitrine, indique ceci :
Grimm, Détective privé.
"Le paranormal est mon quotidien."
(Mais les adultères en flagrant délit aussi)
Maintenant, il me faut engager un traducteur. Y a une japonaise qui est venue tout à l'heure, et j'ai strictement rien capté de ce qu'elle voulait dire. Heureusement, elle parlait un peu anglais, alors j'ai pu noter l'essentiel. Mais bon. J'ai donc rédigé une annonce, et je viens de la remettre à un éditeur de journal. J'en ai fait des photocopies, et je viens tout juste de terminer le tour des boulangeries, librairies, magasins de jeux vidéos, etc...
L'annonce ? La voici :
"Bonjour. Vous parlez couramment le japonais et l'anglais ? Vous être un traducteur hors pair ? Vous n'avez pas peur du paranormal, du danger, des nuits blanches ou des situations glauques ? Vous savez garder un secret, le secret professionnel est votre code de conduite ? Vous faites l'affaire ! Bianca Grimm, détective privée, nouvellement installée au 14 avenue des Français a justement besoin de vos talents.
Un traducteur japonais/anglais est recherché d'urgence. Merci de vous présenter à l'adresse sus-mentionnée entre 12h et 18h. Elle sera disponible tous les jours à ces heures-là, jusqu'à trouver la perle rare. Et si vous parlez (et lisez) l'anglais, que vous avez des soucis avec votre mari/épouse/enfant/monstres/etc, n'hésitez pas, c'est fait pour ça !"
Là-dessus, j'suis rentrée chez moi avec un menu MacDo, et je me suis installée dans mon bureau en attendant les clients/candidats/etc.
