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Après la pluie... [Rayne]

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Powder

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Après la pluie... [Rayne]

dimanche 12 février 2012, 01:02:27

Le déguisement de soubrette, c'était presque la même chose. Même couleur, même matière, même lingerie, la disposition du tissu n'était juste pas pareille évidemment, mais on avait un truc sur la tête dans les deux cas. La longueur du tissu était très discutable, mais ça restait du tissu et ça s'enlevait facilement.
Alors, pourquoi diable le costume de nonne lui allait si mal ? Et c'était pas la peine de la gruger, elle s'était vu dans une flaque d'eau il y a un peu plus d'une demi-heure et cet horrible accoutrement, en plus d'être en opposition totale avec ses idées, avait l'air de lui donner deux ou trois bourrelets imaginaires, et non content de ce superbe travail de base, lui filait des fesses grandes comme le tour de Nexus et lui aplatissait les seins à lui faire mal.


"... Patronne, vous m'écoutez quand je vous parle ou non ?.."
"C'était si compliqué de me filer un costume à ma taille, franchement ? Ou mieux, de me laisser m'habiller comme d'habitude ?!"
"Si je peux vous parler franchement, l'utilisation de votre slime aurait été un résultat... limité au niveau véracité du produit. Quant à la taille, elle est bonne. Vous nous avez vous-même donné votre poids et vos mensurations."
" ... Heum, oui. Dans ces conditions, évidemment qu'on ne peut pas se tromper."
"...A moins que vous n'ayez volontairement faussé les mesures-"
"Bon, tu étais en train de me parler, non ?!"

Mélanie, la garde du corps officielle de la femme-slime actuellement rougissante, soupira un bon coup en cherchant quelque chose dans le coffre de l'automobile tekhane. Incorrigible, pensa-elle en se coiffant elle-même de la coiffe de nonne pour compléter son propre déguisement (qui tombait à merveille sur ses hanches dans son cas). Mais malgré tout, laisser sa patronne entre les mains d'une seconde protectrice lui plaisait moyennement : il fallait croire que la femme uniformée de noir et au service aussi discret qu'impeccable avait fini par s'attacher à la chef de société.
Elles se trouvaient actuellement devant la gigantesque bâtisse qui composait le couvent de l'Ordre, point de rencontre pour le rendez-vous, et elle attendaient. Sous la pluie. La sulfureuse Miss Powder n'était pas dérangée par ce dernier élément outre-mesure, puisque l'eau glissait sur ses habits, sa peau et ses cheveux de toutes façons. En revanche, la patience n'avait jamais été une de ses rare qualités. Contrairement à sa collègue, la tête sous un parapluie de haute technologie composé de lumière pure, qui réduisait les gouttes à néant avec sa chaleur avant qu'elles n'atteignent son crâne.


"Effectivement, je vous disais que votre nouvelle garde du corps ne devrait plus tarder à arriver maintenant."
"Franchement, cette histoire m'énerve. Tu as un problème à "jouer à la crèche" avec moi, comme tu le dis si bien à chaque fois ?"
"Pas spécialement, non. Mais votre mère a décidé qu'après les récents évènements, il était plus prudent que vous changiez votre position géographique et vos contacts habituels pour quelques temps. C'est pourquoi votre protection sera assurée par quelqu'un d'autre, qui vous est complètement inconnu. Si les affaires s'aggravent, son travail sera prolongé en temps et en heure."
"Si les affaires s'aggravent, oui ! Mais ça sera fini dans une semaine !"

Pour toute réponse, les épaules de Mélanie s'affaissèrent. Sa patronne ne comprenait définitivement pas la situation dans laquelle elle était fourrée. Tout ce qu'elle en avait retenu, c'était qu'"on avait cru que je tapais la causette avec les morts-vivants, alors qu'il y a suffisamment de types en vie à qui j'ai pas envie de parler !"
Au moins, ils avaient appris à la boîte que faire affaire avec de mystérieux réseaux dont personne n'avait d'autre infos que les profits qu'ils faisaient à l'année n'était pas une très bonne idée. Il s'était avéré que ce réseau, en plus d'être criminel, n'avait pas son siège à Tekhos : la justice était dans ce cas praticable en théorie, mais impossible dans la réalité. D'ailleurs, celle-ci n'aurait jamais penché en leur faveurs, puisque c'était bel et bien leur propre société qui était en tort pour avoir impunément pratiqué le marché noir. De là, il n'avait pas fallu bien longtemps pour que l'on soupçonne une cible facile, en l’occurrence Powder. Ses gênes formiennes n'aidaient pas à persuader le grand public (car même la presse tekhane s'en était mêlé) qu'une rencontre entre une demi-alienne et de dangereux démons incontrôlables était impossible.

Le mois qui suivit fut mouvementé : entre les altercations avec le tribunal auquel la directrice n'acceptait jamais de venir, les coups fourrés de la mère pour retarder la moindre exécution pénale (entraînant mort de juges miraculeuse au petit matin), les écologistes qui en profitaient pour tout mettre sur le dos de la société, le siège restait malgré tout aussi solide et élevé qu'une pièce montée de qualité cinq étoiles. La preuve en était que malgré tout, les profits continuaient malgré les attaques. Powder était peut-être une piètre menteuse, mais restait une excellente femme d'affaires qui aurait sûrement été capable de faire croire à ses acheteurs que les petits oiseaux volaient au-dessus de sa société, à la place d'un Godzilla à retardement.

Le jour était tout de même arrivé où au cours d'une simple sortie, l'attaque contre la demoiselle aux cheveux roses avait été tenace. La tekhane avait été obligé d'en arriver aux affrontements tentaculaires par pure défense, le slime aussi dur que de la pierre et qui avait assommé une quinzaine de tekhanes furieuses. Mélanie avait débarqué dans ce chahut avec un moyen de transport et toutes deux avaient quittés la ville en trombe. Elles n'avaient pas vu l'ombre d'un building depuis trois jours et n'avaient aucune idée que ce qui advenait de la société.

Ils avaient pris le goût des affaires avec des inconnus et en payaient le prix dés maintenant. Et comme si ça ne suffisait pas, l'interlocutrice qui allait prendre soin de la slime pendant une durée indéterminée était tout aussi inconnue que les autres, et d'une discrétion qui n'aurait rien dû annoncer de bon. Powder y songeait, mélancolique, tout en sirotant un milk-shake à la framboise sorti d'on ne savait où. Elle ne sortit de la voiture que lorsque sa compagne lui annonça l'apparition d'une silhouette sombre, au loin, blottie entre les gouttes et qui grossissait rapidement.
"Empoisonnez-les ! Noyez-les ! Frappez-leurs sur la tête ! Achetez du chloroforme ! Ça m'est égal de savoir comment, mais tuez-moi ces bestioles !"
- Cruella Deville

   
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Quelle femme, dans cette vallée de larmes, pourrait ne pas aimer les fourrures, chêêrie. ♥
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Rayne

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 1 dimanche 12 février 2012, 12:16:33

La pluie tombait… En le réalisant Rayne leva légèrement la tête, sentant les gouttes venir sur son visage. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, brièvement distraite, avant de replonger son attention.

« Nous en étions où, au fait ? demanda-t-elle à l’attention de l’homme se trouvant en face d’elle. Quand j’étais petite, je crois que je rêvais d’être chirurgienne… »

L’homme poussa un léger gémissement en sentant la lame glisser le long de son bras, découpant son vêtement pour s’enfoncer dans sa peau. Pieds suspendus dans le vide, l’homme ne devait sa survie qu’à la seconde lame de Rayne, enfoncée dans le creux de son épaule droite. En-dessous de ses pieds, il y avait un boulevard très animé, plusieurs dizaines de mètres en contrebas, et la pluie commençait à tomber.

« Écoute, mon cher, je ne vais pas me répéter… Je n’ai besoin que d’un nom, rien de plus…
 -  Pu… Putain, ça fait mal !
 -  On ne doit pas jurer devant les dames, vilain garnement. »

Elle le punit en tranchant l’un de ses doigts, le faisant à nouveau hurler. La lame remonta pour caresser son cou, s’enfonçant très doucement dans sa peau, laissant jaillir une ligne de sang.

« Un nom ! Est-ce si dur ça ?
 -  Bla… Blackthorne… Oliver Bla…
 -  Et ben, c’était pas si compliqué que ça, tu vois ! »

Rayne tira ses deux épées rapidement, et l’homme tomba dans le vide dans un hurlement, suivi d’un coup de klaxon furieux.  Elle avança le long du toit. Il lui avait fallu au moins une demi-heure pour rattraper ce fuyard, mais il avait été sa seule piste dans cette sinistre affaire… Ou presque la seule. Elle s’avança sur le toit, quand son téléphone portable se mit à vibrer. D’épais nuages noirs commençaient à recouvrir le ciel. Elle s’empara de son téléphone, et sourit en voyant le nom de l’émetteur, et prit l’appel, avançant sur le toit, alors que la tempête approchait. Severin parla en premier, sans même saluer Rayne.

« Miss Powder approche du couvent, Rayne. Je pensais que tu serais là pour m’aider à l’accueillir.
 -  J’ai été… Occupée.
 -  Sûrement un homme…
 -  Du genre tenace, oui. J’ai eu du mal à rompre avec lui, mais je crois que nous nous sommes quittés en bons termes.
 -  J’en suis ravi. Peut-être pourrais-tu songer à revenir, maintenant ?
 -  Je n’ai même pas une seconde pour moi… »

Severin raccrocha. Rayne soupira. Un éclair fendit l’air, et la pluie continua à s’abattre.

Loin de là, hors de Tekhos, Severin accueillait devant l’entrée d’un des couvents de l’Ordre la voiture qui arriva au milieu de la pluie. Severin était jadis l’agent de liaison de Rayne entre cette dernière et Brimstone. Néanmoins, quand Rayne et lui avaient été déclarés persona non grata par Brimstone, ils s’étaient réemployés ailleurs, Rayne continuant à faire ce qu’elle savait faire de mieux… Et Severin faisant aussi ce qu’il savait faire de mieux, à savoir tenter de diriger l’incontrôlable Rayne. Il s’approcha de la voiture, alors qu’une femme en sortit, sortant un parapluie lumineux. Enfoncé dans un long manteau noir, l’homme s’avança, sortant d’une poche intérieure de son manteau une cigarette, l’allumant. Alors qu’il s’avançait, il vit la porte de la voiture s’ouvrir, et une femme aux cheveux roses en sortir, en tenue de nonne, une curieuse mixture à la main. Severin ne s’en étonna nullement. L’eau ruisselait sur ses cheveux, mais ça ne le dérangeait pas, tant qu’il pouvait fumer.

« Miss Powder, je présume. Je m’appelle Severin, et c’est essentiellement moi qui, compte tenu des circonstances particulières liées à votre situation, suis en charge de votre protection. »

L’affaire était assez spéciale, difficile à résumer. Depuis plusieurs semaines, le monde des affaires de Tekhos vivait une espèce de procès médiatique qui impliquait l’entreprise que dirigeait Miss Powder, une femme dont les gènes formiennes avait toujours posé problème au sein de l’intelligentsia locale. Elle dirigeait une société influente, héritée de sa mère, une criminelle, spécialisée sur les animaux. Bien des rumeurs avaient circulé sur le fonctionnement de cette entreprise, notamment sur le traitement des animaux. On ne comptait plus le nombre de manifestations écologiques, ou de tentatives de blocages, devant certaines des usines. En soi, Severin et Rayne se désintéressaient de ces histories politiques, mais, depuis plusieurs semaines, Powder avait été accusée de participer à des trafics criminels impliquant de la génétique et des animaux. Son entreprise trempait dans le fonctionnement d’un influent réseau de Terra, s’étendant de Nexus à Ashnard. D’après les informations de Severin, les animaux que Powder traitait étaient, pour certains, modifiés génétiquement, devenant des monstres, et il soupçonnait une influence démoniaque. L’enquête de Rayne avait établi que Miss Powder n’avait rien à voir avec cela, mais que certains de ses conseillers devaient être mêlés à ce qui se passait. Après plusieurs tentatives d’assassinats sur la personne de la Formienne aux cheveux roses, Rayne et Severin avaient décidé de s’occuper de cette histoire.

Tenant compte du haut degré de corruption dans les services de protection de Tekhos, il n’avait pas été difficile d’obtenir à pouvoir protéger Powder. Sur Tekhos, Severin dirigeait une société de protection privée, et avait décidé, pour protéger efficacement Miss Powder, de l’isoler dans l’un des couvents de l’Ordre. Ce couvent se situait hors de Tekhos, et était relativement grand, comprenant plusieurs bâtiments, un mur d’enceinte, et des jardins. Severin et Rayne s’étaient infiltrés dans ce couvent, Severin en tant que mécanicien, vivant dans un entrepôt de maintenance isolé, Rayne… En tant que sœur.

Il s’approcha donc des deux femmes, et sortit une carte d’identification. C’était Rayne qui avait parlé avec elles, compte tenu de la discrimination forte à l’égard des hommes sur Tekhos.

« Nous avons trouvé de quoi vous protéger, Miss Powder, le temps que la situation se résolve sur Tekhos. Une couverture… Efficace. »

Il comptait en faire une sœur. Sous les lourds vêtements des sœurs, Powder serait difficile à remarquer.

« Je vous en prie, venez. »

Severin se retourna, et entra dans l’entrepôt. Il y avait de multiples étagères avec divers objets, et, dans un coin, une section informatique aménagée par Severin.

« Ce couvent nous sert de couverture, expliqua-t-il. Et aussi de lieu de protection. »

Étant de parfaits inconnus, il avait été difficile d’obtenir la confiance de Powder pour la protéger. Une enquête avait été livrée sur eux. Officiellement, dans cette histoire, Rayne était une ancienne soldate Tekhane, qui avait été licenciée, et Severin son assistant. Ils étaient les membres uniques d’une société de protection privée indépendante. Ils avaient inventé des CV pour réussir à obtenir la confiance de Powder et de ses gardes du corps. Severin s’approcha des multiples écrans.

« Votre nom d’emprunt, Miss Powder, sera… Clara. Sœur Clara », précisa-t-il.

Severin entendit soudain un bruit venant du dessus, et leva la tête. Une porte ne tarda pas à s’ouvrir, et une femme surgit, portant deux longues lames accrochées à ses poignets. Elle descendit rapidement un escalier, et déposa ses lames sur un bureau.

« Severin, il pleut, dehors… »

Rayne remarqua soudain Miss Powder, avec sa garde du corps.

« Ah, vous êtes déjà là, observa-t-elle. Tu ne m’avais donc pas menti, Severin… »

Elle s’approcha de la Formienne. Powder était plutôt grande, presque autant que Rayne.

« Bienvenue, Miss Powder… Ou petite soeur Clara, vu que nous sommes maintenant intimement liées. »

Severin ne tarda pas à donner des explications.

« Dans ce couvent, vous serez la petite sœur de… De Rayne, précisa-t-il. Je pense qu’il n’y a pas un meilleur endroit pour vous protéger que l’un des couvents de l’Ordre. »

Severin pensait sincèrement ce qu’il disait, mais il soupçonnait sans doute l’ingéniosité de ceux qui cherchaient à tuer Miss Powder. Dehors, dans un arbre, un être dans une armure avait utilisé des jumelles pour voir Miss Powder rentrer dans l’entrepôt, avant d’en informer d’autres individus dans son récepteur. Severin était cependant loin de s’en douter, et enchaîna envers Miss Powder, étant assis sur l’un des fauteuils autour des ordinateurs.

« J’espère que ça vous convient… C’est la meilleure façon que nous avons trouvé pour vous protéger. »
« Modifié: mardi 21 février 2012, 02:20:10 par Rayne »

DC d’Alice Korvander.

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Powder

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 2 mardi 21 février 2012, 01:58:24

"Ce... c'est une plaisanterie ?"

Voilà tout ce qu'elle avait trouvé à dire, quand il lui avait annoncé sans passer par quatre chemins, que sa couverture serait celle d'une... nonne. Dieu, rien que le mot sonnait creux, dans sa tête pourtant bien pleine (selon elle...). Adieu les fourrures, les talons et les sacs à mains, pour manger de la soupe à la place du homard et s'habiller avec des sous-vêtements dont même sa grand-mère (si elle en avait une) ne voudrait pas... d'innombrables histoires racontés entre collègues devant la machine à café lui revinrent en mémoire et elle se vit l'espace d'une seconde dormir avec une ignoble ceinture de chasteté, inconfortable et dangereuse y compris pour elle et pour... ses doigts. Effectivement, s'il n'y avait personne pour la satisfaire durant les prochains jours qui risquaient d'être longs, elle serait bien obligée de se satisfaire toute seule... et si cette histoire s'avérait vraie, elle ne pourrait même pas s'autoriser ça !
Déjà, l'image d'une pince monstrueuse de la ceinture lui attrapant ses vilains doigts pour les saucissonner et la punir la fit déglutir. Et parler fort de nouveau, furibonde.


"Combien de lieux il y a sur cette maudite planète, hein ? COMBIEN ? Et vous me proposez le COUVENT ? Vous savez ce qu'on raconte sur les so-"
"Patronne, taisez-vous."

Powder ouvrit de grands yeux en direction de Mélanie qui regardait la carte que lui avait tendu Severin. Les sourcils de la garde du corps étaient froncés et ses doigts gantés tremblaient. C'était peut-être la peur de laisser sa protégée entre des mains étrangères, mais ceux qui la connaissaient, en l’occurrence ici sa chef, aurait plutôt opté pour de la colère. C'était la première fois qu'elle osait s'adresser à la Miss de cette façon, d'où l'étonnement de celle-ci qui ferma automatiquement ses lèvres, furieuse comme une enfant que l'on aurait envoyé au coin.

"La révolution ne devrait pas s'éterniser là-bas". (La garde du corps s'adressait à présent à l'homme en face d'elle). "Nos employés ont eu le temps de faire un rapide pronostic, et les choses devraient se calmer d'ici deux mois."

Powder ressentit ce que devait éprouver un glaçon en train de fondre. Deux mois... sous les jupes des Mères Supérieures ?  Qu'est-ce qu'elle avait fait pour mériter ça ?..
... Bon, au moins, sa "grande sœur" était un minimum mignonne. Et peu bavarde. Et ça, c'était bien : Powder n'appréciait pas les femmes qui parlaient beaucoup... ça lui faisait de l'ombre. C'était bien pour ça que Mélanie était une garde du corps idéale et jamais remplacée.

Entre-temps, l'autre tekhane avait reçu un coup de téléphone et raccrocha peu après.


"Ils me réclament, je dois y aller."
"Où est-ce que tu vas aller, Mélanie ?" (Un peu d'inquiétude se lisait dans la voix de la jeune femme aux cheveux roses). "Tu vas retourner au QG ? Te cacher ailleurs ?"
"Vous n'avez pas le droit de le savoir, Patronne... je ne le dirais même pas à ma propre fiancée."

Une pointe de culpabilité piqua Powder quand sa protectrice évoqua celle avec qui elle partageait sa vie à Tekhos. La "fiancée" devait être morte d'inquiétude, restée dans la ville à regarder les émeutes. Cette culpabilité l'empêcha même un instant de réaliser que c'était une des premières fois que l'on lui interdisait de recevoir une information. Ou qu'on lui interdisait quelque chose, plus simplement.

Mélanie serra la main de Severin et de Rayne en les remerciant encore pour leur services et en excusant d'avances toutes les comédies que la formienne pourrait faire. Après quoi, elle monta l'escalier et on ne la vit plus, aussi discrète et rapide que d'habitude. Il ne restait plus rien d'autre que le bruit des unités centrales d'ordinateurs. Powder se retourna, boudeuse, et s’efforça de se concentrer sur la suite des évènements.


"... C'est quoi mon nom, déjà ? Clara... On va s'y faire, on va dire."

Au milieu des embuscades et autres découpages de chair, Rayne avait peut-être eu la chance de travailler dans les écoles maternelles... ça lui aurait fait un bon niveau de départ pour dealer avec une enfant pareille. Mais comme il y avait peu de chances que ça se soit passé, elle avait juste intérêt à avoir de la patience...
"Empoisonnez-les ! Noyez-les ! Frappez-leurs sur la tête ! Achetez du chloroforme ! Ça m'est égal de savoir comment, mais tuez-moi ces bestioles !"
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Rayne

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 3 mardi 21 février 2012, 03:32:34

Deux mois ? Même pour Rayne, la perspective de passer deux mois dans ce maudit couvent ressemblait à une espèce de cauchemar éveillé. Elle y était depuis déjà une semaine, et elle avait déjà, dès le premier soir, rêvé de décapiter les trois quarts des sœurs avec qui elle avait eu la « chance » de discuter. Pour que cette mission abracadabrantesque fonctionne, pour que Rayne accepte de s’enterrer dans un couvent, Severin avait du déployer toute sa force de persuasion, et la seule chose qui avait vraiment été efficace n’avait pas été de susciter l’appétit financier de Rayne en lui faisant miroiter les sommes que représentait la protection de Miss Powder, mais plutôt de réveiller sa haine farouche envers son père, Kagan. Vaincu sur Terre, le vampire s’était réfugié sur Terra, et Rayne continuait à le traquer, lui et toute sa famille, ayant déjà à son actif décimé une bonne partie de la famille de Kagan, de sa maudite progéniture. Severin était partiellement convaincu que l’un des enfants de Kagan était mêlé à cette histoire, et que Miss Powder était le meilleur moyen de les atteindre, en les forçant à agir le premier.

La dame ne semblait guère ravie à l’idée d’être une nonne, ce qu’on pouvait comprendre, et la manière dont Mélinda, sa garde du corps, réagissait aux phrases de Powder indiquait une femme assez capricieuse, excentrique et gamine. Le duo parfait pour Rayne, en somme, qui était bien connue pour être un véritable puits de patience… Après le départ de Mélinda, Severin avait regardé Rayne, qui, de son côté, ouvrait un placard comprenant plusieurs robes de nonnes. Le modèle en cuir paraissait de loin le plus tentant, mais il y avait fort à parier que les Sœurs supérieures ne l’accepteraient pas. Rayne opta donc  pour sortir deux robes plus classiques, tandis que Severin discutait avec Miss Powder.

« Je suppose que vous n’avez sans doute pas eu le temps de lire le règlement du couvent, alors, je vais vous faire un petit résumé. C’est un couvent relativement strict, où les Sœurs supérieures attachent un grand respect à la ponctualité… Ce qui risque de poser problème, vu que nous sommes déjà en retard, précisa Severin avec un regard de reproche vers Rayne.
 -  Que ces salopes aillent se faire foutre, se contenta de dire Rayne, en se déshabillant.
 -  Hum… Quoi qu’il en soit, Miss Powder, vous allez devoir vous forcer… Je ne pense pas que vous aurez à séjourner là pendant deux mois, car nous ne faisons pas que vous défendre. Nous enquêtons également pour essayer de mettre à jour ceux qui veulent vous tuer, et je pense que l’enquête avance plutôt bien… Pour l’heure, vous devrez veiller à ne pas attiser le courroux des Sœurs supérieures, en sachant qu’une journée au couvent est très réglementée.
 -  On se lève tôt, on prie, on suit les cours de catéchisme, on va à confesse pour dire que notre ancienne vie était un torrent de péchés, et qu’on souhaite obtenir l’absolution… D’un ennui mortel, résuma la Dhampir en étant totalement nue, enfilant la robe.
 -  C’est plus ou moins ça… Les Sœurs supérieures ignorent qui vous êtes, et il vaudrait mieux éviter qu’elles ne le découvrent. Par conséquent, vous dormirez au moins dans la même chambre que Rayne, ce qui est toujours mieux que rien. Pour les inconforts quotidiens, si vous êtes surpris à… Hum… A avoir des gestes déplacés ou malheureux…
 -  … Comme se doigter en pleine messe, lâcha Rayne, à titre d’illustration.
 -  … Entre autres… Vous bénéficierez de l’inconfort d’une ceinture de chasteté. Les sanctions peuvent aller jusqu’à vous isoler dans une cellule, mais soyez certaine que Rayne aura toujours un regard sur vous. »

Dans sa tenue de sœur, Rayne était méconnaissable. Elle avait également délaissé ses précieuses lames, se sentant particulièrement nue, et se mit à marcher.

« C’est aussi inconfortable que laid, confirma-t-elle. Putain…
 -  Précisons que, comme c’est votre premier jour, les Sœurs vous attendent dans le Hall central pour une séance d’intronisation. Vous êtes officiellement deux femmes ayant eu une enfance difficile, deux sœurs qui étaient maltraitées par leur père, et qui avaient sombré dans les voies occultes de la délinquance, de la drogue, et du sexe. »

Severin ayant fini son exposé, Rayne s’approcha de lui, tandis que Powder se changeait à son tour.

« Qu’a donné ton excursion à Tekhos ? La piste était bonne ? demanda-t-il sur un ton un peu plus bas.
 -  Juteuse, oui… Le trafiquant m’a donné un nom. Oliver Blackthorne. Je te laisse chercher et trouver ce qui correspond le plus. »

Severin hocha silencieusement la tête, pianotant sur ses claviers en sirotant une tasse de café. Ses nuits étaient relativement courtes, mais il avait perdu le goût du sommeil depuis longtemps. Éveillé, il n’était au moins pas assailli par ses propres cauchemars. Rayne regarda Powder dans sa robe, et s’approcha d’elle en souriant, avant de l’embrasser sur les lèvres. Un geste spontané, qui lui permit de goûter à la saveur des lèvres de Powder.

« J’ai tenu à préciser dans le dossier que nous nous réconfortions mutuellement…, précisa-t-elle. Bien… J’aurais adoré poursuivre cette conversation, Severin, mais la vieille peau risque à nouveau de m’amener à vouloir raccourcir ses jours si nous continuons à traîner. J’espère que la pluie ne te fait pas peur, soeurette.
 -  Rayne, at… ! »

Un soupir termina la phrase de Severin. Ayant ouvert une porte, Rayne était sortie rapidement, traversant le grand parc du couvent, sous une pluie battante. Des éclairs dansaient furieusement dans le ciel, et Rayne avança rapidement vers les lumières du perron du couvent. C’était un sinistre manoir, avec des lumières allumées, et elle ouvrit l’une des grandes portes, tenant toujours la main de Powder. La porte donnait sur un grand hall d’entrée, avec un immense lustre et plusieurs escaliers. Formant un demi-cercle, les sœurs se tenaient fidèlement là.

« Vous êtes en retard, Sœur Rayne », annonça la voix froide et revêche d’une vieille femme.

Se tenant dos par rapport à elle, Rayne serra les lèvres, ce que Powder dut naturellement voir, avant de se retourner, et de baisser la tête.

« Pardonnez-moi, je montrais à ma sœur…
 -  Les vertus qu’il y a à être en retard ? Votre sœur est désormais notre sœur. Tâchez de ne pas l’oublier, et de vous rappeler quelles sont les vertus directrices de notre Ordre.
 -  Oui, Mère… Pardonnez…
 -  Il suffit ! tranche la mère d’un ton autoritaire. Sœur Clara, l’Ordre Immaculé est fier de vous compter parmi ses rangs, et se fait fort de vous guider vers la voie de la Lumière, peu importe les sentiers tumultueux que vous avez emprunté dans le passé. Bienvenue, Sœur Clara !
 -  Bienvenue, Sœur Clara ! » répétèrent les sœurs en boucle.

DC d’Alice Korvander.

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Powder

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 4 dimanche 04 mars 2012, 22:03:04

Dés lors que sa compagne fut partie, la slime laissa ses épaules s'affaisser, dans une certaine lassitude. Mais les recommandations du mâle en face d'elle fit naître l'inquiétude dans sa poitrine. Pas très douée pour masquer ses émotions, ça se vit tout de suite sur son visage rond qui se crispa. Pour se détendre un peu, elle posa ses fesses sur un bureau proche et s'appuya avec ses mains dessus. Le fait que la légende urbaine sur le fameux accessoire de torture soit à moitié vraie la fit s'exclamer de soulagement.

"Je vous remercie pour les recommandations, heum... Severin... (appeler un chat un chat ? Elle n'était pas assez stupide pour croire qu'il y avait un autre endroit que Tekhos où les mâles acceptaient qu'on ne prenne pas la peine de les nommer... Et heureusement que Mélanie l'avait informé du nom de l'homme en noir, et surtout qu'elle l'avait écouté à ce moment-là...). Par contre, puisque j'imagine que toute communication est coupé là-dedans, j'aurais aimé avoir un moyen d'avoir quelques contacts pendant ces deux mois. Ma cité bouge sans cesse, c'est déjà difficile de se tenir au courant de l'actualité quand on y est pas..."

Pendant cette demande, Powder s'acclimatait davantage au rôle de femme d'affaires qui lui collait à la peau qu'à la miss bégueule que Rayne avait pu voir au début des évènements. L'apparence n'était pas la seule chose que la tekhane savait modeler à volonté : son caractère y passait parfois aussi, plus souvent qu'on pouvait le penser. C'était un point obligatoire à développer quand on évoluait dans son domaine professionnel, et Rayne devait en savoir quelque chose.
La négociation terminé, il était temps de se changer et de s'acclimater au véritable uniforme du couvent. C'était un vêtement lourd et sombre, au tissu de qualité médiocre malgré que l'Ordre brassait l'argent des fidèles en toute impunité et discrétion. Il n'y avait aucune grande organisation dans ce monde avec laquelle la jeune femme n'avait pas négocié, et ils ne sortaient pas de la règle.

Quand sa nouvelle protectrice déposa ce baiser sur ses lèvres, elle sursauta légèrement. Rayne s'était approché avec une telle discrétion que ça l'avait surpris.
Sans être désagréable, cela dit.


"Voyez-vous ça."

Elle répondit à la justification de la Dhampir avec un léger sourire sur le visage. Rayne avait l'allure d'une femme qui s'efforçait de respecter les lois, tout en inventant ses propres règles. Elle devait avouer que ça lui plaisait et elle se laissa volontiers entraîner dehors, la pluie ayant à peine le temps de mouiller ses nouveaux vêtements.

Et les nonnes ? Ben... pas vraiment comme elle se les imaginait. La seule expérience que la demoiselle en avait, c'était les simulations virtuelles qui se vendaient dans les équivalents tekhans des sex-shops. Là... y en avait peut-être qui aimait, mais... pas elle. Enfin, le moment était mal choisi pour penser à ce genre de choses.

La présidente tekhane salua poliment les femmes...


*Oh, appétissante la petite rousse à droite. ♥*

... tout autour d'elle.
Quel gâchis, sérieusement.



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Rayne

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 5 mercredi 07 mars 2012, 02:20:02

Vu comme ça, Rayne et Powder avaient l’air encerclé. Dans certaines situations, elle trouvait même que cette armée de nonnes était encore plus effrayante que les démons et autres monstres qu’elle affrontait habituellement. Powder regarda les nonnes, qui semblaient toutes pareilles, mais Rayne savait qu’il y avait beaucoup d’apparence, et que le contrôle de la mère supérieure sur son couvent était avant tout virtuel. Mais Powder aurait l’occasion de le découvrir. Son regard se porta sur une femme dont la longue chevelure rousse ressortait ici et là, et ne put s’empêcher de commenter sa beauté, ce qui arracha quelques sourires et provoqua quelques gloussements, sauf envers la Mère supérieure, qui jeta un regard autoritaire et froid sur Powder.

« Sœur Clara, vous avez accepté de rejoindre ce couvent pour rejeter vos désirs… Malsains, afin de vous concentrer sur ce qui est vraiment pur et noble dans ce monde souillé par la perversité. J’ose espérer que vous comprendrez rapidement que notre fonction sur Terra est le dévouement sincère, noble, et désintéressé envers les autres. Nous refusons cet écart impardonnable que constitue la luxure, peu importe la manière dont on l’envisage. Voilà pourquoi les hommes sont si inférieurs sur Tekhos, car il est bien connu qu’ils sont bien plus sensibles à ces vices inexcusables que nous, femmes. Alors, c’est à nous, Sœur Clara, qu’il revient de montrer le droit chemin. J’ose espérer que… »

Diable, cette femme ne s’arrêtait pas ! Elle continuait son laïus, mais il suffisait de voir les joues rougissantes de la rousse, les regards intéressés de plusieurs autres sœurs, pour comprendre que la Mère supérieure n’avait qu’une faible autorité, et que ce vice impardonnable était sciemment installé dans son couvent. En même temps, on vivait sur Terra. Déjà que, sur Terre, c’était dur, mais alors, sur Terra… Quoiqu’il en soit, la Mère supérieure semblait bien partie, lorsqu’une sœur se racla la gorge. Elle avait une peau basanée, des yeux pétillants, et la manière dont elle avait dévisagé « Sœur Clara » ne prêtait nullement à confusion.

« Oui, Sœur Clarice ?
 -  Avec tout le respect que je vous dois, Mère, le repas est prêt, et nous voudrions pouvoir nous restaurer avant qu’il ne soit froid…
 -  Hum… Fort bien, fort bien… Nous en reparlerons plus tard, Sœur Clara. »

La Mère supérieure se retourna, et s’éloigna. Sœur Clarice, de son côté, s’approcha des deux, et fit un sourire engageant à l’intention de Powder.

« Ne t’en fais pas pour elle, ce n’est qu’une vieille peau aigrie et mal baisée. lâcha-t-elle. Elle fait son petit discours à chaque nouvelle arrivante… Enfin bref, mieux vaut ne pas arriver en retard… Le repas n’est pas fameux ici, mais c’est toujours mieux que ce que j’avais dehors… »

Clarice semblait avoir d’autres choses à dire, mais se retenait. Elle se retourna, prête à s’élancer, avant de se retourner subitement.

« Ah, au fait… La belle rousse s’appelle Moïra, et, si tu veux mon avis, je crois que tu lui fais aussi de l’effet… »

Elle lui dit cela avec un léger clin d’œil, avant d’avancer. Rayne et Powder restèrent seules, et la Dhampir regarda Powder.

« Je n’ai pas eu le temps de tout te dire ici… Pour résumer, les apparences sont relativement trompeuses Il faut juste se tenir à carreau vis-à-vis de la Mère supérieur et des autres dindes… Pour le reste, si tu as envie de communiquer, il suffit de rejoindre Severin. Je t’expliquerai tout ça plus tard, mais, pour résumer, le couvent n’est pas vraiment coupé du monde. »

Rayne et Powder rejoignirent ensuite le réfectoire. Il y avait des tables en bois assez ancestrales, et des nonnes offraient la nourriture aux autres. Les Mères supérieurs étaient sur une table dans un coin, observant la foule. L’une d’elle demanda le silence, et ouvrit le repas en souhaitant encore une fois la bienvenue à Sœur Clara, avant de réciter une prière. Il y avait à dîner une soupe avec des légumes. La viande était rarement admise, sauf en des circonstances particulières. Rayne et Powder s’étaient assises dans un coin, et Powder fut rejointe à sa gauche par Moïra. La nonne s’assit prudemment, et commença à manger une patate, avant de laisser tomber, comme par mégarde, sa cuillère, feignant de se brûler la langue sur la soupe. Elle en profita pour ramasser la cuillère, tombée près de Powder, posant l’une de ses mains sur les jambes de Powder, avant de lui glisser dans le creux de l’oreille :

« Je sais pourquoi vous êtes là… Et ça m’attire… »

Sœur Moïra ignorait que Clara était en réalité une femme d’affaires, mais, dans le couvent, les autorités ne divulguaient pas le passé des sœurs aux autres. C’était justement le passé, quelque chose sans incidence. Mais Powder, elle, ne savait peut-être pas cet état des choses… Et la phrase de Moïra pouvait dans ce cas prêter à confusion.

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Powder

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 6 dimanche 11 mars 2012, 01:32:34

Les grands yeux bleus de la nouvelle nonne se remplirent soudainement de larmes brillantes, tandis qu'ils observaient tranquillement la Mère Supérieure faire l'éloge de la bonne conduite Made In Couvent. Mais ces petites gouttes venaient du fait que la tekhane devait retenir un gros bâillement, et pas d'une culpabilité quelconque. On aurait pu aisément s'y tromper si son visage n'avait pas eu cette expression blasée et boudeuse. Elle venait en effet bien de comprendre qu'il valait mieux se taire, mais baisser les yeux comme une petite fille prise en faute... elle n'y serait pas arrivée, de toutes façons. Quand la vieille femme s'en alla, Powder ne se priva pas d'une nouvelle remarque à Rayne, en baissant tout de même la voix cette fois-ci.


"Qu'elle est glauque."

Elle était sur le point de rajouter quelque chose quand elle sentit plusieurs regards derrière son dos, et tourna la tête pour apercevoir plusieurs sœurs. Celles-ci cessèrent de parler presque immédiatement et la slime comprit qu'elle était le sujet de leur conversation. Ce qui était normal.
En revanche, les regards qu'elles lançaient à la tekhane étaient eux moins normaux, pour des nonnes, en tout cas. Cela acheva de convaincre la demoiselle aux cheveux roses que toutes les femmes ici présentes étaient faites comme les autres femmes. La seule différence, c'était l'hypocrisie générale qui devait régner ici depuis des millénaires. Heureusement que Tekhos avait supprimé le règne de la religion sur ses terres.


Après les indications de Sœur Clarisse et la rentrée au réfectoire avec Rayne, les choses commencèrent à se compliquer.


"..."

De la bouillie ? Oui, de la bouillie. Des légumes, sans rien d'autre, c'était un peu ça pour la jeune femme qui était habituée au homard thermidor de Mélanie tous les jours. Son ventre gargouilla et elle se demanda pourquoi quand elle avait eu l'idée de faire un régime il y a trois semaines et de s'y tenir, elle ne s'était pas étouffé avec ses propres cheveux.

"Oh non, dites-moi que je rêve."

Powder avait passé la plus grande partie de sa vie dans des halls de réunions, à parler fort et à s'affirmer devant une dizaine de requins mal intentionnés qui étaient toujours lancés pour lui lancer des pièges verbaux qu'elle devait parer en s'affirmant encore plus. Quand on était pas habituée, c'était plutôt... compliqué, d'être discrète. Heureusement, la table des Mères était suffisamment éloignée pour qu'elles n'aient pas entendu la remarque qui aurait encore été jugé comme déplacée. Plusieurs nonnes, en revanche, pouffèrent dans leurs serviettes. Elles semblaient ravies d'avoir enfin quelqu'un qui sache mettre un peu d'ambiance sans devoir savoir jouer de l'orgue ou les arroser d'eau bénite.

Un bruit de vaisselle tombant à terre attira son attention, et la jolie tête de Moïra lui apparut sous la table. Le contact avec sa main fit également frissonner Powder, parce que sa peau était froide : il ne faisait pas bien chaud, ici.
La voix de la rousse, par contre, n'avait rien de glacial et c'est bien malgré elle que la tekhane sentit une bouffée de chaleur lui monter au visage. Rayne l'avait peut-être prévenue, mais vite fait... C'était quoi ces louves déguisés en gentils agneaux ? Powder était prête à parier que si elles en avaient eu l'autorisation, c'était elle que l'on aurait mis à manger au milieu de la table à la place des patates. Une autre sorte de repas... beaucoup moins frugal.
Perturbée par les paroles et le comportement de la rousse, Miss Powder ne déclara pas grand-chose.


"Heu, là, je ne suis pas vraiment au sein de mes fonctions, hein. Faudra revenir plus tard."

Et la seule chose qu'elle déclara montra bien qu'elle était à côté de la plaque et pensait que Moïra voulait lui parler du travail. Pour l'excuser, il lui était encore difficilement concevable que les bonnes sœurs lui fassent du gringue à table.
Le repas perdura et la slime, qui avait fini son assiette depuis longtemps, contemplait d'un œil Moïra. De longues boucles couleur feu sortaient de sa capuche de nonne et contrastaient avec les couleurs blanches et noires de son uniforme. Powder nota même un grain de beauté dans ce cou gracile après dix minutes d'observation.

Au bout de quatorze minutes, Moïra put sentir quelque chose glisser sur son pied, puis sur sa jambe et l'intérieur de sa cuisse. Elle crut à une main coquine de la part de sa nouvelle camarade, mais en regardant à son tour Powder du coin de l'oeil, elle put s'apercevoir que celle-ci avait les deux mains à l'air, posées sous son menton presque comme pour une prière - mis à part que l'expression taquine de son visage, les deux yeux légèrement levés vers le ciel, l'air de rien, n'avait rien de celle de quelqu'un qui demande grâce à Dieu.
C'était plus l'expression d'une pêcheuse.


"Hiii !"

Moïra avait émit ce petit cri quand elle avait senti qu'il y avait définitivement quelque chose qui se glissait sous sa robe. Plus précisément, dans sa culotte, dés à présent. C'était froid et gluant, d'où son petit couinement. Les Mères Supérieures tournèrent leurs têtes.

"Sœur Moïra, un problème en particulier ?"
"Ah... N-non, Mère. J'ai juste renversé de l'eau sur ma robe..."
"Dans ce cas, apprenez enfin à manger proprement. Mais ne dérangez pas vos camarades par vos états d'âmes, ou même le Seigneur d'ailleurs : je crois que même en priant, la tâche sera ardue, à votre âge."
"En-entendu, Mère."

Le silence reprit... tout comme les "états d'âmes" de Moïra : quelque chose était bel et bien en train de d'insinuer dans sa culotte, et même un peu en elle. Ça ressemblait à un serpent qui poussait doucement. La jeune rousse mis une main devant sa bouche pour masquer un nouveau gémissement et par la même occasion ses joues brûlantes.
Cette sorcellerie, c'était une nouvelle idée de Powder, qui feignait l'ignorance depuis tout à l'heure, alors que sous sa capuche, une mèche de ses cheveux manipulables à volonté s'était allongé au point de toucher le sol et de rejoindre les sous-vêtements de cette petite nonne qui l'avait taquiné et qui en payait maintenant le prix. D'ailleurs, cette même mèche s'était dédoublé pour aller rejoindre le soutien-gorge de sa proie, à la manière d'un tentacule vicieux, toujours avec cette même discrétion.


"Sœur Rayne, vous pouvez me passer le sel, s'il vous plaît ? ♪"

Sans doute que Rayne avait du remarquer que quelque chose clochait du côté de Moïra, mais que Powder y était pour quelque chose, ça restait à voir... Mais en même temps, pourquoi demander un condiment quand on avait déjà fini son assiette ?
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Rayne

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 7 dimanche 11 mars 2012, 12:45:28

Le repas était généralement quelque chose d’assez norme ici… Du moins, en apparence. Il était à l’image du couvent. Les sœurs n’étaient pas spécialement dupes. Personne ne venait vraiment ici pour sauvegarder la pureté de son âme, et encore moins pour des questions de chasteté. Pour autant, il fallait tout de même reconnaître que la nourriture qu’on servait dans ce couvent était infecte, probablement digne d’égaler celle des prisons tekhanes. Même si elle était une Dhampir, Rayne avait aussi un certain sens de l’appétit, mais il fallait rendre à César ce qui lui appartenait ; cette nourriture était indigeste. Le couvent de l’Ordre devait vraiment avoir des problèmes financiers pour offrir une nourriture au rabais. C’était probablement des rations militaires.

« Heu, là, je ne suis pas vraiment au sein de mes fonctions, hein. Faudra revenir plus tard. »

La réponse de Powder à l’intention de Moïra amena Rayne à sourire légèrement. Moïra fut surprise par une telle réponse, mais n’insista pas. Ce serait prendre le risque de voir les sœurs la découvrir. Lentement, Rayne mangeait en regardant les autres sœurs. Il se passa alors quelque chose d’étrange avec Moïra, et Rayne tourna lentement la tête, fronçant les sourcils. Une Mère supérieure dut intervenir devant le petit cri de frayeur de Moïra, et le regard innocent de Powder suffisait d’emblée à indiquer qu’elle y était pour quelque chose. Ses mains étaient pourtant visibles à l’air libre, mais ce n’était pas ça qui devait surprendre Rayne. On prétendait que les Formiens avaient des attributs génétiques spéciaux. Sans aller jusqu’à considérer que cette dernière transformait ses mèches de cheveux en de longs tentacules, elle supposa qu’elle devait agir sur Moïra.

Cette dernière était de plus en plus perturbée, et remuait légèrement sur le banc, peinant à manger, les yeux perdus dans le vague, les joues rouges. Elle promena l’une de ses mains sur son corps, et frémit en sentant un… Une espèce de truc qui glissait en elle, visant ses parties intimes, s’insinuant dans sa culotte et contre ses seins, les pressant tendrement. Moïra baissa les yeux, serrant les lèvres, sa culotte s’humidifiant. Elle regarda à nouveau Powder, tandis que cette dernière, sur un ton chantant, demanda à Rayne de lui passer le sel. La Dhampir hésita légèrement. Powder avait rapidement fini de manger, alors, pourquoi demander du sel ? Ce devait sûrement être lié à Moïra, et plusieurs sœurs la regardaient en fronçant les sourcils. Si les tentacules de Powder étaient discrets, Moïra l’était moins, et son visage rubicond suscitait la curiosité des autres sœurs. Elles chuchotaient à voix basse, mais les Mères supérieures, fort heureusement, ne remarquèrent rien.

« Mais bien sûr, Soeur Clara ! lâcha Rayne en lui présentant le sel. Utilisez-là à bon escient !#

Un sourire amusé aux lèvres, Rayne posa le sel à portée de main de Powder, tandis que Moïra était toujours troublée, essayant vainement de continuer à manger, ses jambes tremblant légèrement. Elle ne put laisser s’échapper un léger soupir, et baissa la tête.

« Hum… Vous… fit-elle en regardant Powder. Hnnn… »

Moïra peinait à parler, continuant à mouiller, et baissa la tête. Elle ne parvenait pas à trouver les tentacules, se demandant d’où ils venaient.

« Vous… Vous êtes une… »

Elle gémit à nouveau. Moïra était une Tekhane, qui connaissait les Formiens, et ce dont ils étaient capables. Mais ce n’est pas comme si ça la dérangeait… Enfin, que ce soit au moment du réfectoire, oui, c’était gênant, mais avoir comme sœur une femme capable de créer des tentacules, c’était… Très tentant !

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Powder

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 8 lundi 19 mars 2012, 23:45:25

Oh, tentant. Il revenait souvent ce mot, quand on savait de quoi était capable une femme constituée entièrement de slime. Elle les connaissait, les tekhanes comme Moïra, celles qui se bousculaient avec une discrétion que Powder trouvait remarquable. C'était toutes des petites jeunes, jolies, ambitieuses et pas timides. Parfois, quelques femmes plus âgées lui faisaient des avances : des femmes qui avaient eu le temps de monter les échelons dans le milieu des affaires. Mélanger travail et couchette ne dérangeait pas la slime qui s'amusait souvent avec ses secrétaires, mais elle n'avait pas besoin de coucher pour réussir, qu'on se le dise.
En tout cas, la jeune sœur rousse avait un peu perdu de son ambition. Elle n'arrivait même plus à parler... mais les quelques mots qu'elle avait prononcé avaient le mérite de mettre la puce à l'oreille. Powder la regardait en s'efforçant d'avoir l'air surprise, mais sans parvenir à cacher l'ombre d'un sourire sur son visage pâle. Quand Rayne lui passa le sel, elle en prit une pincée entre ses doigts fins et en jeta par-dessus l'épaule de Moïra, toujours tout sourire.


"Sœur Clara, qu'est-ce que vous faites ? Vous savez combien le sel coûte sur les marchés ?!"

Bien sûr il avait fallu que cette vieille peau s'en mêle, encore une fois. Comme prévu.

"Pardonnez-moi, ma Mère, mais il m'a semblé voir quelques manifestations démoniaques au-travers du corps de notre Sœur Moïra. J'ai jugé bon de répandre du sel comme l'indique les coutumes de chez nous."
"... Si c'est vos coutumes, tout s'explique, hein ?" (L'air ironique de la Mère Supérieure était notable, mais ses traits s'étaient adoucis.) "Vu que je peux comprendre votre attitude, nous nous contenterons d'une prière de plus pour cela. Mais sachez que vos coutumes n'ont pas de valeur dans notre église. Vu que votre Sœur s'en abstient depuis son arrivée ici, vous tâcherez de faire de même."
"Oui, ma Mère..."

Passer pour une stupide paysanne tout droit sortie de ses contrées primitives et s'assurer ainsi une couverture de petite innocente qui pourrait toujours lui servir, et par la même occasion détourner l'attention des autres qui étaient fatiguées pour ce soir des âneries de la nouvelle venue qu'était Powder. Une pierre deux coups, c'était tout bénef, comme on disait dans le métier. La slime était tellement fière d'elle qu'elle fit frétiller un peu trop fort ses tentacules et finit par arracher un orgasme silencieux à sa voisine de table. Elle finit par rétracter ses "armes" quand on sonna la cloche, ce qui devait indiquer la fin du repas. Bizarrement, il n'y avait aucune trace de liquide sur ce qui était maintenant de longues mèches de cheveux roses : le slime était tellement glissant que rien ne pouvait y adhérer. Powder se recoiffa avec les mains en cherchant par réflexe un miroir, ce qu'elle ne trouva pas. Après quoi elle lança un regard timide -dégoulinant d'hypocrisie bien sûr- à Moïra qui se levait lentement.

"Est-ce que j'avais raison en vous croyant habitée par le Diable, ma Sœur ? Vous avez l'air épuisée..."


La jeune femme secoua ses boucles rousses pour se redonner un semblant de dignité. Le bas de sa robe était mouillée et ses doigts brillants d'humidité.


"J'étais plus épuisée du temps de la ville. Tekhos draine plus d'énergie qu'un emploi du temps de couvent.

Powder sentit doucement couler le masque qu'elle portait sur le visage depuis le début de leur jeu.
Oh.
Bien sûr, la chance avait voulu qu'elle asticote une tekhane d'origine. Qui devait avoir vu assez de tentacules pour savoir ce qu'on en faisait, surtout chez les Formiens. La chance. La CHANCE.


"Heu... il faut que je me dépêche de retrouver Sœur Rayne. Reposez-vous... bien !"

La tekhane fit virevolter ses longs cheveux roses en se retournant. Elle se mit à avancer à petits pas pressés, sans voir que dans son dos, Moïra affichait un sourire aussi victorieux qu'innocent. Un peu comme elle il y a même pas une heure : c'était le genre de sourire qu'une femme faisait en voyant un retournement de situation à son avantage. Même les hommes les plus vicieux étaient incapables de tracer de genre de traits sur leurs faciès. Il n'y avait que les femmes pour savoir faire fleurir quelque chose de ce genre sur leurs lèvres.
Tout le monde sortait du réfectoire pour se diriger vers l'église où s'effectuerait la prière du soir, avant de toutes regagner leurs chambres respectives. Rayne était dans la foule quand elle sentit quelque chose buter contre son dos. Powder venait de lui agripper le bras comme une enfant agripperait le bras de sa mère. Ce qui était comique car la tekhane était un peu plus grande que la mercenaire, ce qui la forçait à se pencher. La slime murmurait entre ses dents.


"Tu aurais pu me dire qu'elle venait de Tekhos, celle-là... ça m'apprendra à répandre ma gélatine n'importe où, tiens."

Il n'y eut pas plus d'explications, et heureusement, car Powder aurait sûrement employé des termes assez crus pour parler de son... premier contact avec les habitantes du couvent. Déjà que l'image de la gélatine n'était pas franchement classe. Mais enfin. Une grosse horloge de grand-mère sonna quand les deux soi-disantes sœurs passèrent devant, et les aiguilles indiquait sept heures et demi. Miss Powder se retourna vers Rayne avec un nouvel air exaspéré digne d'une adolescente tekhane qui exigeait sa première nanochirurgie plastique.

"Et ne me dis pas que juste après les sermons, on va au lit, là ? Même les poules sont pas couchées à cette heure-ci !"

Dire que trois semaines avant, à la même période, elle buvait du jus de raisin dans les bras de trois belles blondes... on ne pouvait pas l'épargner ?
Non ?
Bon.


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Rayne

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 9 mercredi 21 mars 2012, 21:50:44

Powder, visiblement, semblait utiliser le sel pour pratiquer un exorcisme. Rayne ne pouvait dire si elle devait s’en amuser ou s’en alarmer. On avait justement choisi de l’amener dans un couvent pour faire preuve de discrétion, Au lieu de ça, elle arrivait à se faire remarquer dès le premier jour, que ce soit en utilisant ses tentacules, ou en balançant du sel. Dans un couvent, il y avait peu de distractions. Partant de là, l’une des activités préférées des sœurs consistait à s’espionner mutuellement.

*Je savais que ce couvent serait la plus mauvaise des idées… Severin, pourquoi diable a-t-il fallu que tu refuses de m’écouter ?* grinça-t-elle.

Le repas finit toutefois pas se terminer, mais Powder semblait troublée. Rayne avait entendu son altercation avec Moïra. Cette dernière avait fini par avoir un orgasme, mais avait compris avoir affaire à une Formienne. Il existait à Tekhos peu de Formiennes connues. Si jamais Moïra faisait le rapprochement avec Powder, alors toute cette couverture n’aurait servi à rien… Et Rayne aurait passé des semaines ici sans raison valable ! Rayne se retira assez rapidement, presque mécaniquement, sachant que la prière nocturne était une étape obligatoire. Power la rejoignit en chemin, et Rayne haussa les épaules.

« Je ne suis pas vraiment au courant des relations entre Formiens et Tekhans, mais je ne t’ai pas dit d’être prudente pour rien… Je te l’ai dit, les apparences sont trompeuses, et il n’y a pas que des amies ici… »

La Dhampir n’eut néanmoins pas l’occasion de terminer ce qu’elle voulait dire. Le groupe rejoignit la salle de pièce, une pièce sombre et circulaire avec, au centre, une imposante statue. Une Mère supérieur se glissa au milieu, dans une atmosphère sombre et onirique. De simples bougies permettaient de s’éclairer, et toutes les sœurs étaient prostrées, en position de prière. Rayne fit de même, entendant, par-delà le brouhaha du prêche, les murmures et les suppliques des différentes sœurs entre elles. Elles parlaient à voix basse, mais elle ne doutait pas de leurs conversations. La « Formienne ». Certaines étaient horrifiées, et d’autres plutôt amusées. Rayne, à son corps défendant, ne s’était pas énormément renseignée sur la civilisation tekhane. Elle savait qu’il y avait un profond sexisme à l’égard des hommes, et que les relations entre les Tekhans et les Formiens n’étaient pas très encourageantes, mais ses informations s’arrêtaient là. Visiblement, c’était encore plus grave que ce qu’elle pensait.

La cérémonie dura bien une demi-heure, jusqu’à ce que la Mère annonce la fin de la cérémonie, et n’ordonne aux sœurs d’aller dormir. Ça ne ferait sans doute pas plaisir à Powder, mais c’était effectivement l’heure de se coucher. On dormait tôt au couvent, afin de se lever tôt. Les sœurs entreprirent de se lever dans un silence quasi religieux, tandis que les mères s’éloignaient. Plusieurs glissaient des regards vers la « nouvelle ». Sœur Clara. La Formienne.

« Nous dormirons ensemble, ma chère », glissa Rayne à l’attention de Powder.

L’attrapant par la main, elle essaya de se débarrasser du flux des sœurs, mais elle en entendit néanmoins une lui parler dans les oreilles.

« Les monstres ne sont pas acceptés dans notre couvent. »

Rayne tourna la tête, s’arrêtant sur place, fronçant les sourcils, mais ne vit que des femmes dans des robes de pèlerine. Impossible de savoir celle qui avait parlé. Grinçant des dents, elle décida de ne pas en tenir compte, et finit par atteindre leur chambre. C’était une petite cellule, avec une table de chevet pour deux banquettes assez modestes. Rayne alluma la bougie, et ferma la porte, avant d’abaisser la capuche de sa robe. Elle se tut un peu, hésitant sur ce qu’il fallait dire, et finit par se prononcer.

« Il faut se méfier des sœurs, Powder… Ici, elles n’ont rien d’autres à faire que s’espionner les unes les autres. Certaines personnes veulent toujours votre mort. »

Curieusement, à l’extérieur, Rayne tutoyait Powder, mais la vouvoyait en intimité. Les masques tombaient ici, et c’était tant mieux. Combien de fois Rayne s’était-elle retenue de ne pas frapper sur place l’une des Mères ? Ou de ne pas planter ses crocs dans sa gorge ?

« Ce que j’ai réussi à faire, c’est à avoir une chambre séparée. Ça n’a pas été simple ; généralement, les sœurs dorment en commun dans des dortoirs. Sur ce… C’était quoi, ce cirque, dans le réfectoire ? Comment avez-vous fait pour perturber à ce point cette sœur ? C’est une caractéristique commune aux Formiens ? C’est pour ça que vous êtes si détestés sur Tekhos ? »

Rayne posait des questions en toute franchise. Severin avait probablement du lui envoyer un mémo sur la question, mais la Dhampir, comme 99% des mémos de Severin, ne l’avait pas lu. Elle profita de ce moment pour ôter sa robe de moine décrépie, se retrouvant dans des sous-vêtements assez simples, sans aucune gêne. De toute façon, Rayne comptait dormir nue, comme à chaque fois.

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Powder

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 10 samedi 31 mars 2012, 14:20:10

"Y avait pas de dessert."

C'est tout ce que trouva Powder à dire à Rayne quand elle lui demanda les causes de son geste, à table. Elle déclara ça avec une moue digne de la gamine qui venait de se faire gronder pour avoir mis les doigts dans le pot de confiture. Effectivement, pour elle, le dessert, ça avait été de faire plaisir à une pauvre nonne pas si innocente que ça, et de se faire plaisir en même temps. Son regard clair se refusait à rencontrer celui, plus sombre, de la Dhampir. Pour une raison inconnue, elle avait envie de fondre en larmes sur son oreiller jusqu'au lendemain matin. Enfin, la raison n'était pas si inconnue que ça.

"Et si tu voulais savoir, c'est la brune aux tresses qui a dit que j'étais un monstre, tout à l'heure, au fait."

En effet. Ce n'était pas tombé uniquement dans l'oreille de Sœur Rayne, cette petite phrase. Phrase qui résonnait comme une sentence dans le cœur de Miss Powder. Elle aurait dû être habituée à se faire traiter de monstre et se faire rejeter de tous les côtés, et ça aurait été le cas si elle n'avait pas été à la tête d'une gigantesque société. On la traitait bien et on lui parlait avec respect, et même si elle n'était pas bête et savait que presque personne n'était sincère avec elle tous les jours, elle préférait se dire le contraire et s'était habituée à cette forme de fausse amitié qu'elle partageait avec la plupart des gens. Se renfermer sur sa petite personne exigeante facilitait les choses également.
Mais ici, personne n'était obligée de bien lui parler sous peine d'avoir les sbires de sa mère sur le dos, et maintenant qu'on avait découvert le pot-aux-roses dans l'intimité, la tekhane regrettait amèrement d'avoir partagé ce fameux dessert avec Moïra.


"Je... vais essayer d'être plus discrète. Mais en fait, tu vois..."

Elle hésita. N'était-elle pas en train de se confier, là ? A une femme qui n'avait pas d'autre statut que celui d'assurer sa protection. Mais maintenant qu'elle y pensait, Rayne la vouvoyait. Lui donnait du respect, alors qu'elle aurait très bien pu ne pas le faire : elle n'était pas tekhane, et ne savait pas que la mère de celle qu'elle devait protéger n'hésitait pas à couper des doigts à ceux qui s'adressaient mal à sa chère fille. Malgré elle, Powder se sentit un peu réconforté par ce fait.

"... Heu, je suis pas habituée à me tenir à carreau. C'est pas ce que mon boulot exige, on me demande de parler et de m'affirmer, d'habitude. Mais je vais faire, ben, un effort..."

La tekhane s'efforça de sourire vaillamment. Elle hésita au moment de parler des relations tekhanes-formiennes, mais finit par se taire et enlever sa robe à la place. Elles avaient abordés suffisamment de sujets détestables ce soir, et pour tout dire la jeune femme était surprise que tout le monde ne sache pas la bataille qui était toujours d'actualité entre les tekhanes et les formiens. Il fallait dire que pour elle, Tekhos était le centre du monde et que tout le monde se devait de connaître un peu l'histoire de cette ville. Dés qu'elle eut enlevé la robe lourde et inconfortable, apparut une nuisette qui remplaçait sa robe de slime habituelle. Au moins, elle pouvait porter ce qu'elle voulait en étant sous les draps. Ça ne la dérangeait pas que Rayne dorme nue, mais personnellement, elle alternait entre nuisette sexy et pyjama à nounours. On allait éviter ce dernier pour aujourd'hui...

"Bon, ben, bonne nuit ! ♥"

***

Powder se réveilla aux alentours de deux heures du matin, comme d'habitude. Si elle ne dormait pas nue, c'était aussi parce que comme d'habitude, elle avait prévu qu'elle aurait envie d'aller au petit coin. Elle fit attention de ne pas réveiller Rayne qui dormait profondément (tout en notant qu'un bout de couverture avait largement glissé pour dévoiler un large pan de sa cuisse) et se leva, avant de se rappeler des évènements de la journée précédente.
Où pouvait bien être les petits coins dans cette maudite abbaye ?..

La porte de leur chambre personnelle s'ouvrit doucement, et la tekhane en sortit sans même prendre la peine de se rhabiller. Ce n'était pas comme si elle allait rencontrer beaucoup de monde à cette heure-ci.

Enfin, c'est ce qu'elle pensait.

Après avoir fait ce qu'il fallait, la demoiselle sortit en manquant de se prendre un mur (les bougies à allumer, c'était pas vraiment son truc). La salle d'eau n'avait pas été difficile à trouver : quelqu'un avait oublié d'éteindre la bougie à l'intérieur.

...Et, heu, on avait aussi oublié d'éteindre la bougie qui menait vers la salle à manger...
Et une dans un couloir plus au Nord...
Oui, on avait "oublié"... ou quelqu'un était passé par là, et y était encore...

En entendant un rire sensuel provenant d'une des pièces où la lumière brillait, Powder préféra se terrer dans l'ombre, un peu apeuré qu'on la découvre. Elle supposait que c'était le début de la discrétion... mieux valait faire taire sa curiosité qui l'aurait poussé à aller voir ce qui se tramait... même si, vu le comportement des sœurs qui lui avait dépeint Rayne, il n'était pas difficile d'imaginer ce qui aurait poussé une jeune femme à sortir tard dans la nuit dans une pièce déserte. Elle ne put s'empêcher d'étouffer un rire à l'idée que ce serait peut-être les Mères Supérieures. A vrai dire, cette pensée la força à poser une main sur sa bouche, les joues gonflées pour ne pas éclater de rire.

Par contre, quand quelqu'un la saisit par les épaules par-derrière pour la plaquer contre un mur environnant, elle eut beaucoup moins envie de rigoler.
"Empoisonnez-les ! Noyez-les ! Frappez-leurs sur la tête ! Achetez du chloroforme ! Ça m'est égal de savoir comment, mais tuez-moi ces bestioles !"
- Cruella Deville

   
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Rayne

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 11 samedi 31 mars 2012, 19:18:28

Powder ne tarda pas à lui fournir quelques explications, alors qu’elle s’emmitouflait dans une nuisette des plus attirantes. En d’autres circonstances, Rayne avait bien été tentée, mais elle était bien trop absorbée par ses réflexions pour songer à cela. Visiblement, le fait de qualifier Powder de « monstre » semblait lui déplaire, et ceci fit sourire lentement Rayne. Elle avait beau être une femme d’affaires influente, une superbe femme à la plastique étonnante, dans le fond, elle restait une espèce de petite gamine immature, ce qui avait autant ses bons côtés que ses mauvais. Frivole, susceptible, joviale… Rayne, en d’autres circonstances, n’aurait probablement jamais été voir Miss Powder, mais, en l’occurrence, elle se devait de la protéger, ce qui impliquait de se rapprocher d’elle. C’est ce qui finit par amener Rayne à dire :

« Si tu es un monstre, Powder, alors j’en suis également un. Mais, crois-en mon expérience, tu n’as rien d’un monstre. Tu es juste… Différente. Le jour où tu verras vraiment un monstre, alors tu sauras que tu n’en es pas un. »

Powder s’endormit ensuite, dormant assez rapidement. Rayne opta néanmoins pour un peu de lecture, l’un des rares plaisirs qu’elle s’accordait ici. Selon ses goûts, elle lisait, soit des romans ultra-gores, généralement censurés, ou des manuels de combat. En l’espèce, il s’agissait d’une histoire se déroulant dans les bas-fonds de Tekhos, sur une espèce de secte démoniaque. Elle lut quelques pages, avant de reposer le livre, et de souffler sur la bougie. Étant une demi-vampire, elle était faite pour vivre la nuit, et c’était généralement la nuit qu’elle sortait du couvent pour rejoindre Tekhos. Néanmoins, elle préférait rester ici pour surveiller Powder. Elle tourna sa tête vers elle, et commença à fermer les yeux, essayant de trouver le sommeil. Peine perdue, ou presque. Elle finit par s’endormir progressivement, et ce fut à cet instant que Powder entreprit de se réveiller. La Formienne s’assura de voir si Rayne dormait bien, et fut visiblement satisfaite, car elle en profita pour sortir. Ce fut quand elle ouvrit la porte que Rayne ouvrit un œil, se réveillant.

Dehors, une moto était stationnée sous un arbre. Ola tempête s’était abattue une nouvelle fois, mais la forme en combinaison qui se tenait là s’en souciait peu. La pluie ne gênait pas cet individu. C’était une femme. Une mercenaire qui s’entretenait à l’aide du dispositif de communication de sa moto dorée avec quelqu’un. Son informateur. Ou informatrice, plutôt. Elle recueillait des informations, se préparant à agir, et éteignit la moto, avant de s’approcher du mur. Elle posa ses mains à plat sur le mur, s’en servant comme d’une ventouse, afin de se hisser par-dessus le haut mur, et atteindre le parc du couvent. La femme consulta le micro-ordinateur sur son poignet gauche, et appuya sur plusieurs touches, actionnant le camouflage optique de sa combinaison, avant de s‘avancer. Sa visière disposait d’un HUD comprenant notamment une espèce de radar fonctionnant comme un sonar. La cible ne pouvait pas le savoir, mais elle avait sur le corps une puce permettant de l’identifier. La mercenaire entra dans l’abbaye par une fenêtre entrouverte dans un couloir.

Rayne, quant à elle, avançait nue dans les couloirs, cherchant où était passée Powder. Personne ne les avait dérangées, et elle avait suffisamment surveillé la femme d’affaires pour savoir qu’elle n’avait eu aucun rendez-vous discret. Près d’une chambre, la Dhampir entendit des gloussements, et vit plusieurs sœurs en train de chaudement s’amuser. Powder n’était pas avec elles, et Rayne reprit sa marche. Son intuition lui disait qu’il y avait quelque chose de louche. Un danger imperceptible… Elle redoubla d’effort, utilisant son sens vampirique pour repérer celui de Powder. Le sang de la Formienne n’était pas bien difficile à établir, et elle s’avança dans un couloir sombre, jusqu’à atteindre le couloir, où elle vit Powder, assise dans un coin, en train de… De pouffer ? Rayne fronça les sourcils, mais sentit quelque chose d’anormal… Ses yeux ne lui permettaient pas de voir, mais elle sentit… Elle sentit un groupe sanguin différent, et quelque chose empoigna alors Powder, la soulevant pour la plaquer contre un mur. Powder eut à peine le temps de se débattre qu’elle se reçut une espèce de choc électrique destinée à paralyser ses membres. Elle s’écroula sur le sol, et Rayne vit une espèce de forme en armure dorée apparaître. La forme pointait ses mains vers Powder, mais Rayne intervint rapidement. Son pied frappa la tête de la mercenaire, et cette dernière lâcha deux rayions-lasers qui loupèrent de peu Powder. Rayne ne laissa pas le temps au mercenaire de se reprendre, lui envoyant un coup de pied retourné, qui l’envoya s’écraser sur le sol. La Dhampir plongea sur la cible, qui se ressaisit toutefois. Ses mains attrapèrent les poignets de la vampire, et un pied s’enfonça dans son ventre, la soulevant du sol pour l’envoyer s’écraser contre un mur.

« Putain, mais tu es qui, toi ?! » s’exclama Rayne.

Sans lui répondre, l’assassin tira un rayon-laser vers Rayne, qui l’esquiva en remuant la tête. Plusieurs de ses cheveux flambèrent, et elle  bondit vers l’ennemi, frappant sa visière avec sa tête, craquelant la vitre qui lui permettait de voir. Rayne en eut toutefois mal au crâne, sentant son sang couler. Les sœurs qui s’amusaient, quant à elles, jaillirent dans le couloir, et poussèrent des hurlements en voyant la mercenaire. L’assassin envoya une onde de choc qui repoussa Rayne. La Dhampir heurta le sol, et se rétablit rapidement en faisant une roulade en arrière. Quand elle releva la tête, l’assassin avait fui, explosant une fenêtre pour courir dans le jardin.

« Mais qu’est-ce que ça veut dire ? »

Un éclair se mit à résonner, illuminant tout le couloir. Un violent coup de tonnerre. Rayne, de son côté, était à la fenêtre, sentant des gouttes de pluie tomber sur sa tête. Les explosions des lasers avaient attiré bien du monde, et elle pouvait entendre les Mères supérieurs se rapprocher. Retournant la tête vers les trois sœurs, Rayne sursauta en voyant que l’une d’elle avait une robe de nonne qui n’était pas spécialement conforme. Un modèle en cuir très court, similaire à celui que Rayne avait en stock, dans le fond, avec un fouet dans une main. La sœur semblait aussi surprise de voir Rayne nue, et regardait en rougissant ses seins. Rayne s’empara alors de Powder, groggy.

« On doit se planquer dans votre cellule…
 -  Mais…
 -  Et je crois que nous avons mutuellement intérêt à ce que les Mères supérieurs ne sachent pas que nous sommes là, n’est-ce pas ?
 -  Oui… Oui, mais… Est-ce qu’elle va bien ?
 -  Son système nerveux est sonné, mais elle va se remettre. Elle a juste besoin de repos. Ne t’en fais pas, Powder. C’est normal que tu ne puisses pas utiliser ton corps, détends-toi. »

La portant, elle entra dans la chambre. Il y avait une sœur attachée sur un lit, qui avait les tétons rouges, et qui avait probablement joui. Rayne allongea Powder sur un lit, tandis que la sœur en robe de cuir retourna dans la chambre, ne laissant qu’une simple sœur. Rayne caressa tendrement les cheveux de Powder.

« Tu dois avoir un émetteur sur toi… J’ignore qui était ce type, mais ce n’était pas un débutant… »

DC d’Alice Korvander.

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Powder

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 12 lundi 09 avril 2012, 23:55:16

Elle aurait pu se sentir reconnaissante devant les paroles de Rayne concernant son espèce, ou même éprouver un peu de chaleur humaine, mais la demoiselle se contenta de se coucher sans rien rajouter. C'est dans sa barbe qu'elle répondit, espérant que Rayne ne l'entende pas :

"Va dire ça à toute la ville, que l'on en rigole..."

Ce n'était pas une provocation ou même une marque de mépris : Powder était juste blasée d'entendre ce genre de choses auxquelles elle ne croyait pas une seconde. Des dizaines de personnes avaient tentés de se montrer compréhensives en prononçant ce genre de paroles, mais à chaque fois, c'était ces mêmes personnes qui ne pouvaient pas, justement, se montrer compréhensive.
Parce qu'elles ne pouvaient pas comprendre.

A la manière d'une enfant se renfermant dans son petit cercle, la slime était persuadée que personne n'endurait ce qu'elle endurait et que donc personne ne pouvait se rebeller contre la majorité en disant ce genre de choses.
Bien sûr, elle ne pouvait pas être au courant de la nature de Rayne. Peut-être que dans le cas inverse, cela l'aurait fait réfléchir.


Le choc électrique parcourut son corps et l'affecta presque comme prévu.
Ne pas être normale était parfois un atout. Mais dans le cas présent, les membres de la jeune femme étaient effectivement paralysés, et l'électricité avait un réel pouvoir sur la matière qui composait son corps et qui était aussi conductrice que de l'eau. Powder n'était pas seulement groggy : elle était réellement mal en point.
L'idée de sa mort ne lui avait jamais vraiment effleuré l'esprit, même après toutes les situations dangereuses auxquelles le destin l'avait soumise. Encore une fois, à cet instant-là, elle y pensa peu. On ne lui avait jamais dit si sa structure lui donnait une invincibilité presque infaillible, ou encore l'immortalité.
Sa partie humaine périrait un jour, c'était sûr : mais qu'adviendrait-il du reste ? Cette moitié bestiale qui lui autorisait la plupart de ses pouvoirs ?
Dans le cas présent, la fameuse partie humaine se sentait très mal, alors que tout le reste était emplis d'une rage provoqué par le mauvais traitement de la mercenaire. La tekhane pouvait sentir cette effrayante partie de son corps bouillir comme un volcan, et elle retint de justesse un grognement sombre qui aurait sûrement effrayé sa sauveuse et la sœur.

Elle sentit une main lui caresser son épaisse chevelure, et la voix de Rayne lui demander de se détendre, pour reprendre possession de son corps. Pour une fois, la slime obéit.
Un geste qu'elle devrait regretter très bientôt, car elle ne parvint à détendre que l'humanité qui était en elle. Le reste était toujours en colère. C'était une sensation étrange, et effrayante. Très effrayante.

Elle avait très envie de réclamer sa mère. Mélanie. N'importe qui.
Même... même Rayne...


Sous les doigts de la Dhampir, la masse douce de cheveux roses se muèrent en quelque chose de froid et de visqueux, beaucoup plus froid et visqueux que d'habitude. Le corps de la tekhane, toujours immobile, se mua vite en une masse informe de gélatine rose, qui semblait aussi plus pâle et brillante qu'avant. Encore un peu sonné par le choc, cette substance bougea moitié moins vite que d'habitude, ce qui suffit à provoquer un cri étouffé de la part de la sœur encore présente.
La flaque sortit du lit et tomba par terre dans un bruit mou. En même temps un choc plus sourd se fit entendre : par terre se trouvait aussi à présent un petit objet noir, pas plus gros qu'une olive. C'était l'émetteur, qui venait de se détacher de son hôte.

La gélatine se dirigea vers le fond, vers une sorte de grille rouillée qui semblait avoir été placé là pour l'évacuation. Ou peut-être menait-elle vers une des autres pièces de la bâtisse, car le tuyau qui suivait la grille montait vers le haut. Les derniers restes gélatineux disparurent dans un bruit de succion.
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Rayne

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 13 mardi 10 avril 2012, 01:46:22

Ce qui se passa ensuite fut pour le moins curieux et inattendu. Powder se liquéfia entre les doigts de Rayne. Tout son corps sembla se diluer, et le seul équivalent qui vint à l’esprit de Rayne fut ce super-vilain des comics, Gueule-de-Boue, ou quelque chose comme ça. Rayne n’était pas une fervente lectrice des comics. Trop « nian-nian », trop… Trop fait pour des gamins. En tout cas, Powder sembla littéralement se disloquer pour former une flaque de boue gélatineuse, et la Dhampir en fut si surprise qu’elle ne réagit pas sur le coup. La nonne en robe de cuir poussa un hurlement de surprise en voyant cette grosse flaque, et, fugacement, Rayne repéra un petit objet noir. Une délicate puce, qui confirma ce qu’elle pensait.

*Je me demande bien s’il y a vraiment des nonnes pures et vertueuses ici…*

Rayne écrasa la puce, et vit ensuite Powder filer vers une grille de canalisation.

« Hey, at… ! Et merde !
 -  C’est… Vous… Vous êtes vraiment des Formiennes ?! s’exclama la nonne.
 -  Contente-toi de fouetter le cul de ta grognasse, et de me foutre la paix » répliqua Rayne.

Impossible de contacter Severin. Rayne était nue, après tout, et elle avait perdu la trace de Powder. Elle se retourna vers la nonne, et l’attrapa par les poignets.

« Lâ… Lâchez-moi, non ! »

Rayne montrant les dents en grondant.

« Où mène ce conduit ?
 -  Je…
 -  Où mène-t-il ? répéta-t-elle.
 -  Et bien, euh… Dans la chaudière, au sous-sol… Vous me faites mal ! »

Rayne lui montra ses canines pointues, et parla dans son oreille.

« Oublie ce qui s’est passé, et rendors-toi… Si tu me causes des ennuis, tu sauras ce qu’on ressent quand on finit dans le corps d’une Formienne. »

La nonne déglutit à cette idée, et Rayne la relâcha, avant de partir rapidement dans le couloir. Il subsistait toujours un risque important, non pas qu’elle tombe sur les Mères supérieurs, mais plutôt sur la mercenaire, qui devait encore rôder par ici. Rayne courut rapidement, inquiète et nerveuse. C’était une tueuse professionnelle, qui avait visiblement bien préparé son coup. Et Powder, elle, n’était rien d’autre qu’une Formienne désœuvrée. Trouvant rapidement un escalier, Rayne descendit en bondissant. Toujours aussi nue, sans ses lames, elle n’en restait pas moins redoutable, et descendit au sous-sol, forçant la porte menant dans les couloirs de maintenance.

Comme n’importe quel couloir de maintenance, ils étaient sombres et poussiéreux. Des toiles d’araignées dans les coins. Rayne ferma les yeux, et utilisa son sens vampirique. Elle ne tarda pas à sentir une masse sanguine, et l’identifia à celle de Powder, traversant les couloirs. Yeux clos, elle se contenta de suivre son instinct, jusqu’à entrer dans une grande pièce sombre. Il y avait au centre la chaudière d’une partie du couvent, une espèce de grosse masse brûlante. C’était une chaudière à l’ancienne, qui illustrait bien l’âge avancé du couvent.

« Powder ? Powder ?! Je sais que tu as mal, ou peur, ou les deux, mais t’isoler ne t’aidera pas… Peu importe où tu iras, je te retrouverai… Je suis là pour te protéger. »

Elle avait bien compris que Powder avait honte de sa vraie nature, et elle se demandait si cette dernière ne se cachait pas tout simplement parce qu’elle avait honte. Soupirant, Rayne essaya d’être compatissante, et continua.

« Que tu sois une flaque de gélatine sur pattes ou un monstre arachnide, je m’en moque, Powder. Il y a des gens qui veulent te tuer, et ils ont l’air assez tenaces… J’ignore ce que c’est, que d’être une Formienne au sein de Tekhos, mais je sais ce que c’est que d’être différente. Tu crois que je suis une simple humaine ? Tu crois qu’on aurait demandé à une simple humaine de te protéger ? Je… Dans un sens, je suis une erreur de la nature, une mutante. Mi-humaine, mi-vampire. Dhampir. C’est pour ça que tu ne m’échapperas pas, Powder. Je ressens ton sang. »

Rayne continua à s’avancer, ouvrant les yeux, cherchant la flaque.

« Je vais t’emmener auprès de Severin… Je pense qu’il est le seul à savoir comment te soigner… Je ne peux que te demander de recevoir mes excuses pour avoir été aussi lente à réagir… Mais tu dois me faire confiance… Viens, Powder… Tu n’as pas à avoir honte de ce que tu es… »

Difficile d’être une psy’. Rayne n’en avait pas l’étoffe, loin de là. Si Powder ne comptait pas venir, Rayne irait la chercher de force.

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Powder

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Re : Après la pluie... [Rayne]

Réponse 14 lundi 07 mai 2012, 00:25:55

Elle avait donc atterri ici. Une pièce sombre, froide et humide, et en remarquant ce qui faisait de cette pièce quelque chose de glauque, elle ne put s'empêcher de penser que ça correspondait bien avec ce qu'elle était devenue en ce laps de temps. La flaque qui composait son corps semblait se mouvoir toute seule, à la recherche d'une sortie. Elle n'arrivait pas à se reformer correctement : quand elle essayait, il n'y avait que son visage qui sortait, comme si tout son corps avait été pris dans des sables mouvants tenaces. Elle ne suffoquait pas, pourtant, et se laissait porter par cette conscience auquel elle s'habituait de plus en plus.
Si elle ne faisait rien, c'était cette conscience bestiale qui prendrait le dessus dans quelques instants. Mais Powder était plus occupée à chercher une sortie dans son faible champ de vision. Elle sentait que si elle n'en trouvait pas une, elle allait bientôt perdre vraiment pied... devenir complètement folle.

Ce simple coup de taser n'était définitivement pas ordinaire.

C'est dans ces pensées lasses que Rayne arriva, entrant par la seule sortie disponible, apparemment. Powder n'avait plus d'oreilles, mais elle pouvait entendre la voix de sa protectrice. Elle ne comprenait pas, cela dit. Tout ces beaux discours lui arrivaient en des marmonnements étouffés par le slime épais.
Elle n'avait pas de corps autre que cette dégoûtante masse qui bougeait sans son accord tacite.
Ces derniers extraits de dignité lui soufflaient que ce n'était vraiment pas le moment que l'on la découvre.

La tekhane essaya de se serrer le plus possible dans l'ombre pour éviter d'être découverte, mais la flaque en décidait autrement : elle était attirée par Rayne. Son corps nue attirait cette conscience bestiale comme un requin était attirée par l'odeur du sang.
Powder se força à sortir une dernière fois ce qu'elle pouvait du tas de gelée incontrôlable. Ce que put voir Rayne par la suite n'avait rien de très humain. Le buste de Powder sortait de la flaque rose pâle et sa main gauche tentait d'accrocher un tuyau de canalisation pour que la flaque en question ne puisse pas avancer. En même temps, elle tendait son autre bras devant son visage, qui donnait l'impression de fondre sur place, tout comme ses cheveux et ses membres. Des gouttelettes de slime tombaient par terre et rejoignaient d'elle-même la flaque de gelée monstrueuse. Ses yeux bleux dansaient dans ses orbites, des tressautements et la pupille réduite en un minuscule point clair indiquant sa terreur à l'idée de ne plus rien contrôler.
Elle osait à peine regarder la rousse en face, se sentant au plus bas de la condition humaine.


"Ne- ne me regarde pas..."

Pour une fois, ce qui aurait été auparavant un ordre était devenu une plainte. Une supplication de la part d'une moitié d'humaine qui sentait ses gênes formiennes prendre le dessus au fur et à mesure que son corps était de nouveau aspiré par la flaque. C'était douloureux, et très effrayant. Une souffrance subite, plus forte que les autres, la força à hurler pour continuer à se battre.

"Je t'interdis de me regarder ! VA T-EN ! Tu m'entends ?! VA T-"

Le tuyau fut lâché et dans un petit cri, Powder fondit littéralement. Sa main fut la dernière chose à être aspirée par le slime, étiré en direction de Rayne.
Une erreur de la nature, qu'elle disait. Ça aurait presque fait rire la tekhane si elle avait encore eu une bouche.

Quand sa volonté s'endormit enfin, la couleur de la flaque fut plus brillante encore, éclairant les alentours. Ses dimensions doublèrent, et sans que la dhamhir puisse s'y attendre, la masse fonça droit sur elle, des tentacules en sortant pour agripper ses chevilles et la faire basculer en arrière.

Et soudain, sans que l'on puisse détecter comment, un grognement strident s'éleva de la masse informe, faisant trembler les murs, la canalisation, tomber de la poussière du haut plafond. Des dizaines de tentacules sortirent de leur base pour saisir Rayne par la taille et toucher le maximum de sa peau. Leur contact était froid et visqueux, laissant des traînées gélatineuses sur l'épiderme pâle. Leur maintien était ferme, mais tremblants. Cette conscience n'avait pas l'habitude de prendre le dessus.
Dans ce cri de colère provenant de la créature, on pouvait presque entendre le ton de voix de Powder. En espérant que la mercenaire ait suffisamment d'imagination.


"Empoisonnez-les ! Noyez-les ! Frappez-leurs sur la tête ! Achetez du chloroforme ! Ça m'est égal de savoir comment, mais tuez-moi ces bestioles !"
- Cruella Deville

   
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