Un tour dans le parc [Fenrir]

*Là, oui, là, comme ça, voilà… Se faufiler doucement, dans le buisson… Attention, ne lève pas la tête ! Continue à avancer discrètement…*

Tous les sens aux aguets, Luna avançait discrètement à côté d’un buisson, couchée sur le sol, les griffes sorties, son regard de fauve posé sur un oiseau qui avançait sur l’herbe. Elle l’observait silencieusement, remuant ses hanches, prête à bondir pour le dévorer, sentant ses instincts de chasseresse revenir. D’un bond, elle s’élança en sifflant, et l’oiseau s’envola. Elle le loupa, et sa tête s’écrasa sur l’herbe. Elle se redressa sur ses pattes, et poursuivit l’oiseau en feulant, mais ce dernier parvint à s’enfuir, se faufilant vers les gratte-ciels de Tekhos. Luna s’arrêta près d’un arbre, soupira, puis se lécha une patte.

« Tant pis… »

La petite neko avança ensuite sur une pelouse. Elle portait de courts vêtements, qui la gênaient, mais qui étaient indispensables. A Tekhos, en pleine ville, on ne pouvait pas se déplacer les fesses à l’air, et elle portait donc une minijupe avec un débardeur, un trou ayant été fait pour permettre à sa queue de passer. Elle portait également des espèces de bottes, ainsi qu’un étrange collier sur le cou. Il était en apparence tout à fait normal, mais il y avait dessus une perle spéciale, qui recelait une puce électronique reliée à un signal dans un gratte-ciel en face du parc. Luna le regarda silencieusement. Là, quelque part, dans cette immense tour de verre et d’acier, sa Maîtresse discutait avec des individus tekhans. Un voyage d’affaires, auquel Luna avait été naturellement invitée, sa Maîtresse ne pouvant vraisemblablement plus se passer de son corps.

Elles logeaient dans un étage entier, et Luna, depuis une fenêtre, avait eu une vue sur le parc, ce grand parc municipal très attirant, cette tâche verte au milieu de cette jungle mécanique et de tours. Les premiers jours, sa Maîtresse avait créé un clone magique pour s’occuper de Luna, sachant très bien que cette dernière avait un don presque naturel pour faire des bêtises et ravager un mobilier quand elle s’ennuyait. Luna avait donc insisté auprès d’Anaulriina pour avoir l’autorisation de sortir, sachant qu’il ne fallait pas insister de manière trop excessive avec elle. Elle commençait plus ou moins à savoir comment sa Maîtresse fonctionnait, et cette dernière avait finalement autorisé, sous plusieurs conditions, Luna à sortir dans le parc.

La première de ces conditions, logique, était de ne pas sortir de l’enceinte du parc. En soi, Anaulriina ne redoutait nullement que sa Luna se sauve, mais plutôt qu’elle se fasse capturer, ou écraser. La seconde condition, corollaire de la première, était de porter autour du cou ce collier. Il était relié à un émetteur au centre du parc, et, si elle s’en éloignait trop, un signal serait émis à sa Maîtresse, permettant de la tracer. Rien de bien dérangeant. En revanche, la troisième condition était un peu plus difficile, puisqu’Anaulriina avait affecté à la surveillance de Luna une Tekhane. Luna avait réussi à ce que ce garde-chiourme ne soit pas un Drow, mais une Tekhane. Enfoncée dans une armure de combat, avec une visière, la jeune femme appartenait réellement aux forces de l’ordre, mais Anaulriina, sur Tekhos, avait le bras suffisamment long pour graisser quelques pattes. La soldate tekhane veillait surtout, en effectuant apparemment des rondes anodines, à ce que personne ne vienne chercher à capturer Luna.

Plusieurs fois, Luna avait été la cible d’assauts de la part de jeunes enfants, recevant des caresses. Les enfants un peu moins jeunes se moquaient d’elles, et avaient feint de la poursuivre en la prenant pour un animal. Elle avait feulé et grondé si dangereusement que leurs rires stupides s’étaient tus. Un garçon avait même oublié son sandwich, que Luna avait dévoré, avant de retourner s’amuser. Elle jouait à des jeux aussi intéressants que grimper rapidement aux arbres, poursuivre des papillons, essayer d’attraper sa queue en courant, ou traquer les oiseaux. Elle devait juste éviter de piétiner les fleurs dans ses pérégrinations.

En somme, Luna était relativement heureuse et sereine, et déambulait dans le parc, coursant à nouveau un papillon. L’air de la forêt, même au sein de Tekhos, était si bon. Elle adorait se rouler dans l’herbe, tête la première, poussant seule des éclats de rires, à tel point qu’on pouvait la prendre pour une jeune neko fêlée. Mais, à vrai dire, elle se moquait pas mal de ce que les gens pouvaient croire. Luna était heureuse et insouciante, et c’était tout ce qui comptait pour elle.

Fenrir était dans le parc lui aussi, il s'accordait une pause à Tekhos, un lieu un peu moins recommandable pour les furrys surtout ceux qui n'a vait pas de maître. Mais Fenrir savait aussi que c'était aussi un lieu où il pourrait découvrir plus de choses sur son père car il y avait nettement plus d'esclavagistes. Mais Fenrir avait le mal du pays et ce parc même s'il était artificielle lui faisait penser à son village d'origine et à sa forêt où il aimait bien se réfugiait. D'ailleurs, il n'était pas le seul ici. Une nekho se baladait comme une vraie animale.  Elle était jeune et elle portait un collier. Sans doute une esclave élevée à la naissance . Sa condition avait du faire ressurgir ses côtés animales. Peut être pourra t-elle l'aider dans sa recherche, peut être pourra t-il l'aider à s'enfuir. Dans tout les cas, il pouvait sans aucun doute tirer profit de cette avantage. Bon, bien sur il faudrait se débarasser proprement du garde Tekhan ou de la garde plutôt.

Le plan était simple, Fenrir fit tomber quelques pièces d'or au garde pour avoir une heure ou deux de libre avec la nekho.

-Je vois que monsieur est un profiteur mais je doute que vous ayez assez de... Enfin, bref je vais y aller...  

Fenrir avait de l'argent, de l'argent qu'il avait pris en tuant quelques humains par-ci par-là, tous des pourris. Il s'approcha donc de la nekho qui était occupait à se rouler dans l'herbe. Il allait être galant avec cette esclave, il savait que parfois la soumission avait était tellement forte que le mental de la personne se trouvait entravé. Certains esclaves ne voulait pas quitter leur maîtres comme si c'était eux qui décidait.

-Excusez-moi mademoiselle, je me demandais si vous connaissiez par hasard un certain Cerbère, cela ne vous dit rien? J'espère que je ne fait rien de mal en vous adressant la parole car apparamment vous êtes une esclave et je n'aimerai pas subir le courrou de votre maître. Aimez-vous votre condition? Je sais que beaucoup des notres aime cette condition mais ne préfereriez-vous ne pas être libre?

Fenrir avait engagé la conversation et se demandait où tout cela allait aboutir.

Roulant dans l’herbe, Luna avait un sourire ravi sur les lèvres, restant allongée dans l’herbe, avant de renifler les fleurs, savourant cet arôme délicieuse, les effluves de la nature. Elle se relevait rapidement, indifférente aux Tekhanes qui la regardaient, sceptiques, aux enfants qui voulaient jouer avec elle, ou la filmaient. Luna était à vrai une petite attractivité, dans sa manie de sauter partout, de courir comme une furie sans raison apparente, et de rire aux éclats. Son collier ne mentait toutefois pas sur son origine, et les jeunes enfants des Tekhanes soucieux de vouloir s’approcher étaient sans cesse refoulées par leurs mères. Cette neko était bien trop jolie et bien trop propre pour être une sauvageonne, et le fait que les gardes ne l’avaient pas jeté dehors signifiait qu’elle était la propriété d’une riche femme. Mieux valait donc la laisser s’amuser, et ce d’autant plus qu’elle ne faisait du mal à personne.

C’est alors qu’elle se roulait dans l’herbe, et profitait de ce coussin vert et tendre, qu’elle entendit la forme approcher dans son dos. Sentant une ombre la recouvrir, Luna se retourna… Et vit une espèce d’ours poilu. Ses yeux s’écarquillèrent subitement en voyant ce monstre, et elle faillit partir en l’entendant grogner, mais il se contenta d elui parler. Se ressaisissant, Luna resta sur la défensive, tandis que l’homme parla. Elle comprit que ce n’était pas un monstre, et l’assimila à un furry.

« Excusez-moi mademoiselle, je me demandais si vous connaissiez par hasard un certain Cerbère, cela ne vous dit rien ?
 -  N… Je n’ai jamais entendu parler de cet individu, Mon… Monsieur »

Pas spécialement farouche, Luna évitait de lui manifester un manque de respect, regardant malgré tout autour d’elle. Les gardes qui la surveillaient s’étaient un peu éloignés, mais continuaient quand même à la regarder. Elle se mordilla les lèvres. Qui était ce Cerbère ? Elle aurait été bien tentée de lui demander, mais elle en était incapable, tant cette masse de poils noirs l’impressionnait. Pourquoi diable fallait-il qu’on vienne l’embêter ? A moins que ce ne soit une nouvelle forme de plaisanterie de la part de sa Maîtresse ? Comment savoir ce que cette dernière voulait ? A chaque fois que Luna pensait la comprendre, la Maîtresse se révélait surprenante.

« J'espère que je ne fait rien de mal en vous adressant la parole car apparamment vous êtes une esclave et je n'aimerai pas subir le courrou de votre maître. Aimez-vous votre ocndition? je sais que beaucoup des notres aime cette condition mais ne préfereriez-vous ne pas être libre ? »

Elle fronça les sourcils. Une telle question confirmait ce qu’elle pensait. C’était sûrement une farce de sa Maîtresse ! Mais une farce si grossière ? C’était suspect… Généralement, les plans de sa Maîtresse pour éprouver l’affection de Luna étaient, soit si tortueux que la pauvre peinait à les comprendre, soit sans ambiguïté. Luna hésita donc pendant plusieurs secondes, et répondit tranquillement.

« Je… Je suis bien une esclave, oui, mais vous ne devriez pas me parler… Sans l’autorisation de ma Maîtresse. Elle… Elle est très protectrice envers moi, et elle n’aimerait sans doute pas qu’un étranger s’approche à ce point de… De moi… »

Luna restait prudente, et prête à bondir au moindre signe suspect, non pas pour attaquer cette masse, mais plutôt pour fuir se réfugier dans les arbres.

La petite esclave parait bien nerveuse, comme si elle avait peur que Fenrir l'agresse. Elle n'a sans doute pas vu beaucoup de furry dans sa courte existence. C'est sans doute une esclave élevée à la naissance. Elle a dût en baver. Ce qui était clair, c'est qu'il ffallait que Fenrir l'amadoue.

-Non, ne t'inquiète pas pour ta Maitresse, tu n'as pas avoir peur. Je te propose la liberté, tu sais il m'est assez facile de t'enlever ce collier ridicule et de tuer quelques gardes. J'attends cependant ta réponse, souhaites-tu la liberté? Tu pourrais explorer de grands espaces verts, rencontrer des gens de ta race et ne plus subir le courroux de ta Maîtresse, j'y veillerai. Qu'en dis-tu?

Fenrir essayait d'être conciliant avec la petite esclave. Il ne voulait pas l'effrayer et pourtant il était important qu'elle se décide maintenant. Il était déçu qu'elle ne sache rie sur son père mais n'en portait cure.

-Je t'offre une opportunité a toi de la saisir. Tu sais moi aussi, j'aime beaucoup la nature mais regarde toi, tu es enfermé dans un lieu restreint. Comment peux-tu supporter tout ça?

Fenrir voulait savoir la motivation de la petite esclave.

Prudente, Luna écouta l’immense monstre poilu lui parler, continuant sur sa lancée. Il expliqua à Luna qu’il comptait, et pouvait facilement la libérer. Elle était bien plus sceptique. Échapper à l’emprise de sa Maîtresse ? C’était impossible, tout simplement ! Il lui faisait miroiter de belles perspectives, et elle fronça les sourcils, de plus en plus consciente d’avoir affaire à l’un des hommes de sa Maîtresse. Une plaisanterie grossière et méchante, dans le fond, mais qui correspondait bien au degré d’imprévisibilité très fort de cette femme noire. Il continua à parler, toujours aussi massif et imposant, et elle devait résister à l’envie de fuir rapidement, se demandant de ce que sa Maîtresse attendait d’elle. Il était impossible de comprendre ce qu’elle voulait, et il lui posa une nouvelle question. Se mordillant les lèvres, Luna réfléchit sur la réponse à apporter. Si elle mentait en bloc, ce serait trop gros.

« Je… Je suis bien une esclave, mais… »

Difficile de dire ce qu’elle éprouvait. Elle avait été esclave sans son consentement, après avoir été arrachée à sa famille. La Maîtresse lui avait retiré, dans tous les sens du terme, sa virginité, et il ne se passait pas une journée sans que le corps de Luna ne soit utilisé, que ce soit par la Maîtresse, ou par ses séides. Les autres Drow avaient été particulièrement brutaux envers elle, et elle avait aussi eu droit à ses gobelins, et à d’autres monstres. En était-elle pour autant dégoûtée, révulsée ? Elle ne savait pas ce qu’elle pensait vraiment, et finit par répondre à nouveau.

« Vous ne pouvez pas me libérer, et… Peu importe, je ne veux pas qu’un inconnu souffre à cause de moi… Et puis… Pourquoi un tel intérêt vis-à-vis de moi et de ma situation ? Je ne suis qu’une simple esclave, inconnue à vos yeux, et je ne saurais en vouloir à ma Maîtresse. Elle me nourrit bien, me loge, m’offre à dormir… »

La délicate neko haussa négligemment les épaules.

« Si j’étais libre, tout ce que je gagnerais, c’est, soit de souffrir inutilement, puisque je ne sais rien faire toute seule, soit finir entre les pattes d’esclavagistes encore plus cruels que ma Maîtresse. Il n’est donc, ni dans votre intérêt, ni dans le mien, de me libérer. »

Luna se retourna alors, désireuse de mettre fin à cette conversation qui la mettait mal à l’aise, craignant que le furry ne l’attaque pour son refus. C’était un risque qui était toujours à craindre, après tout. Elle se mit à marcher près du furry, reniflant le sol, cherchant à se trouver une autre occupation qui pourrait la faire sortir du trouble qu’elle ressentait. A proximité delà, une garde tekhane hésitait à appeler le Drow qui était venu la soudoyer pour qu’elle n’embête pas cette jeune neko, tout en l’avertissant formellement des risques qu’elle encourait si elle se dérobait. Et, face à un Drow influent, un furry était une bien piètre menace. Elle hésitait donc, sentant l’angoisse monter, sachant très bien de quoi les Drow pouvaient être capables, non seulement à son égard, mais aussi à celles de toute sa famille, si elle manquait à ses obligations.

La petite esclave ne voulait pas en démordre! En plus elle sortait le couplet habituelle je suis bien chez ma maîtresse, patati patata. Rah! Fenrir ne savait pas trop comment se dépatouiller de cette histoire. Mais peu importe, il décida de s'asseoir dans l'herbe pour lui prouver qu'il ne voulait en aucun cas être malveillant.

-Tu vois maintenant c'est toi qui as le dessus si tu penses que je suis malveillant. Il ne faut donc en aucu cas avoir peur. Dis-moi ce qui te bouleverse et je te raconterai ce qui me bouleverse aussi. Dis-moi un secret et je te raconte un des miens. C'est un marché équitable, tu ne crois pas? Comme apparamment tu e veux pas quitter ce parc, alors restons-y. Et parlons! Je ne me suis pas présenté, je m'appelle Fenrir et toi? Tu sais, j'ai rencontré beuacoup de personnes comme toi et cela m'attriste de voir mes semblables réduit en esclavage. Tu me dis que tu es heureuse mais tu ne peux l'être comme tu ne connait pas la liberté, tu penses que tu es heureuse. Et puis, ta Maîtresse abuse de toi et si tu me raconte qu'elle est gentille et conciliante alors je te demanderai pourquoi a t-elle d'autres esclaves avec qui s'amuser?

Fenrir racontait un pan de sa vie. Mais ne voulait pas trop se dévoiler pendant qu'il parlait, il arrachait des touffes d'herbe.

-Tu ne veux pas revoir ta famille, tes parents ou tes frères et soeurs? N'as tu pas envie de voir la vie unique qui t'est réservé? Ce n'est pas qu'une question d'intérêt. Chaque jour d'autres de notre race tombe dans la même condition que toi. Tu leur souhaiterais de vivre la même vie? Si c'était à refaire aurais-tu fait les mêmes choix? Une occasion se saisit à toi. Saisis là et je te promet que rien ne t'arrivera en dehors de ce parc.

Fenrir souria à la petite esclave, la détermination qu'il y avait dans son discours était ennivrante. Il y croyait dur comme fer à son histoire!

L’immense ours, prenant probablement conscience qu’il effrayait Luna par sa taille massive, choisit de s’asseoir sur l’herbe. Un choix judicieux, qui détendit la Tekhane qui, prudemment, les surveillait, prête à appeler des renforts. Après tout, un homme importunant une femme, sur Tekhos, c’était un crime qui était sévèrement puni, et ce même si cette femme était une Terranide. L’immense ours poilu continua à parler.

« Tu vois maintenant c'est toi qui as le dessus si tu penses que je suis malveillant. Il ne faut donc en aucu cas avoir peur »

Malheureusement pour lui, la peur était une seconde nature chez Luna. La neko était terriblement farouche, prompte à s’enfuir à chaque mouvement suspect, et à détaler aussi vite que possible. Même quand elle était encore une neko libre, elle était peureuse, tremblant devant de simples abeilles. L’immense ours poilu reprit.

« Dis-moi ce qui te bouleverse et je te raconterai ce qui me bouleverse aussi. Dis-moi un secret et je te raconte un des miens. C'est un marché équitable, tu ne crois pas? Comme apparemment tu ne veux pas quitter ce parc, alors restons-y. Et parlons! Je ne me suis pas présenté, je m'appelle Fenrir et toi ?
 -  Lu… Luna » répondit cette dernière d’une voix mal assurée.

Il avait au moins un nom ! Fenrir… C’était… Bien différent du nom de sa Maîtresse, un nom qui sonnait bien plus neko, de son point de vue. Un furry, après tout, ce n’était qu’une sorte de neko encore plus poilu, de son point de vue. Néanmoins, même avec un nom, elle avait du mal à ne pas voir en Fenrir un ours poilu, même s’il avait l’air sympathique. Il était toutefois massif et imposant, mais, de là à croire qu’il pouvait lutter contre sa Maîtresse, c’était une conclusion à laquelle Luna ne songeait même pas. Frêle et belle, sa Maîtresse était avant tout une magicienne hors pair, qui n’avait pas besoin de muscles reluisants pour pouvoir tuer ceux qui l’embêtaient. Luna le savait très bien.

« Tu sais, j'ai rencontré beaucoup de personnes comme toi et cela m'attriste de voir mes semblables réduit en esclavage. »

Luna ne dit rien. Exposait-il ses raisons d’agir ? Lutter contre l’esclavage ? Luna n’avait rien à dire, se demandant s’il fallait de le croire, ayant envie de le croire, mais redoutant toujours un piège de sa Maîtresse. Néanmoins, son corps commençait à se détendre, alors que le furry s’amusait à arracher entre ses gros doigts poilus et noirâtres des brindilles. Fenrir poursuivit ses explications, se fourvoyant légèrement, mais la neko n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit, Fenrir continuant sur sa lancée. Évoquer son ancienne famille, son clan, attristait la neko, lui rappelant un passé lointain. Nostalgique, elle réalisa toutefois que la souffrance qu’elle ressentit était différente de celle qu’elle avait jadis ressenti, lors de sa première rencontre avec sa Maîtresse. A cette époque, elle était persuadée de revoir un jour son clan, vivant dans le déni. Depuis lors, elle était lucide, et tâcha de l’expliquer à Fenrir.

« Je ne suis pas née esclave. J’ai grandi dans une communauté de nekos isolée, vivant dans la forêt. Nous avons été attaqués un beau jour, et, depuis, j’ai perdu toute trace des miens. Pendant des mois, j’étais persuadée qu’il fallait que je m’évade pour les retrouver, j’étais convaincue qu’ils finiraient par me retrouver, et j’ai fini par comprendre que c’était un espoir futile. Ma forêt a été brûlée, je ne la reconnaîtrais même plus si j’y étais. Servir ma Maîtresse, c’est ce qui peut m’arriver de mieux. »

C’était du vécu. Sa Maîtresse l’avait déjà libéré, mais ça n’avait pas été une franche réussite… Luna avait été capturée par des raiders, des pirates et des bandits cruels, qui lui avaient mis une bombe autour du cou. En y repensant, elle frissonna, et secoua la tête, avant de reprendre ses explications.

« Je ne sais pas quelle vie m’est réservée… Ce que je sais, c’est que ma Maîtresse n’est pas une femme ‘‘gentille’’, ni ‘‘conciliante’’. Elle est cruelle, méchante, sadique, perverse, et c’est comme ça qu’elle se définit. Néanmoins, elle est aussi honnête et… »

Luna rougit, réfléchissant, avant de poursuivre.

« Et terriblement bonne. Je ne suis pas qu’une simple esclave ; mon seul intérêt d’être en vie est d’être son jouet sexuel. Mais je ne suis bonne qu’à ça, de toute façon… Si je m’échappais, je ne pourrais vivre qu’en vendant mon corps, alors, quitte à utiliser mon corps, autant l’utiliser sur une personne talentueuse et belle. Ce n’est pas spécialement sur moi qu’il faudra compter pour le sort des autres nekos », avoua-t-elle sans ombrages.

L’avait-il bien regardé ? Luna était une petite neko frêle, fragile, et sans aucun talent particulier. Pourquoi lui parler des autres nekos ? Elle ne pouvait absolument rien y faire…

« Pourquoi être libre, si c’est pour souffrir ? » lâcha-t-elle alors.