Une boule de poil avec un petit coeur autour ♥ [privé]

L'innocence des enfants, ça restait un sujet peu controversé mais qui avait pourtant de grandes raisons de l'être...

- Mets-le dans le sac, dans le sac !

... ça pouvait leur arriver, assez souvent même, d'être plus créatif que le Malin lui-même, quand il s'agissait de faire des bêtises ou de s'occuper de quoique ce soit... ici, une pauvre bête sans défense, qui risquait d'avoir le même sort que l'oisillon enterré sous des caillasses dans le jardin...
Sabrina -une des plus plus petites orphelines de la maison- avait eu la bonne idée de ramener un chaton perdu prés d'un arbre de la cour, à la barbe des surveillantes occupé à l'eucharistie. Le problème ? Elle était allé le raconter à une espèce bien définie : les petits garçons. Et les petits garçons, c'était pas la douceur et la compassion qui les étouffait.
La preuve en image avec ce petit chaton (en fait pas si petit que ça) pris entre quatre mains et sur le point de se retrouver dans un sac de farine chipé dans la cuisine.

- Arrêtez, faut le redonner à sa maman !
- Si on fait ça elle va le mordre à mort parce qu'elle va sentir nos odeurs, autant en finir, hein !
- Mais c'est moi qui l'ai trouvé !..

La petite blonde passa un bon moment à essayer de récupérer sa prise qui se retrouva dans le sac et secoué par les deux garnements. Elle finit par abandonner et tomber par terre, ses petits poings frottant ses joues rosis par les pleurs.
Oui, les enfants avaient tendance à jouer avec tout et n'importe quoi, même s'ils n'étaient pas forcément méchants à la base. Quoique ce drame-là n'avait rien de bien grave : ils ressortirent vite fait le chaton tout couvert de farine. L'animal avait aussi un morceau de tissu rose bonbon serré autour de la taille, un truc que Sabrina avait du trouver par terre et qu'elle avait pensé plaisant pour décorer ce qu'elle pensait être une femelle. Il éternua tandis que les deux gamins cherchaient encore quoi faire avec ce nouveau divertissement.

Quand on est un fauve, on se bat à mort.
Parce qu'on est là pour imposer la supériorité du mâle dominant, de l'alpha plus membré que tout ses petits copains. Quand on est un fauve, un vrai, on rugit à en faire trembler les mur et on sort des griffes aussi larges et tranchantes que des couteaux, griffes qui pourraient lacérer l'acier sans trop forcer, portées par de puissants muscles secs et nerveux.
En bref quand on est un fauve, on ne se laisse pas emmerder par des marmots braillards.

Seulement voilà, quand on est un mignon petit chaton, on est plus un fauve. Et on se laisse enrubanner de rose, on se laisse attraper par quatre petites mains habituées aux griffures et on finit par être fourré dans un sac de farine avec en tete la détestable idée qu'on risquait d'y mourir étouffé. Pas très glorieux pour le petit chaton en question, qui en temps normal avait assez de griffes, de gueule et de muscles pour pouvoir prétendre au poste d'Alpha ultime de Terra et sa proche banlieue.
Shahin -car c'était lui- regrettait de plus en plus d'avoir testé bêtement un sort de transformation sans posséder assez d'informations sur ce dernier. Transmuté en chaton inoffensif et incapable pour un moment de reprendre sa forme réelle, il avait finit victime de redoutables tortionnaires en culottes courtes.
La petite fille avait été plus gentille, elle.

Toussant et crachant alors que sa petite protectrice pleurait à n'en plus finir, Shahin essaya bien de lancer un sort pour effrayer les mômes visiblement prets à repartir à l'assaut, mais miauler n'aidait pas à incanter. Alors il décida de miauler encore tout en se mettant en position d'attaque.
Peut-être que...

Un miaulement agressif, puis un autre. Son pelage tigré s'hérissa et son petit numéro eut de l'effet. Car les enfants se saisirent de rouleaux à pâtisserie qui trainaient là pour en improviser des armes. Ils le considéraient enragés et semblaient assez content de pouvoir jouer les héros en le déboulonnant joyeusement à travers la cuisine.
Mais Shahin ne s'en laissait pas conter. Il était un fichu guerrier, après tout ! Un mâle, un vrai ! Alors il se concentra, emplit ses petits poumons d'air et miaula.

"RAAAAAAWRRRR !"

Ce fût puissant, animal. Les murs en tremblèrent et les gamins en restèrent bouchée bée avant de hurler et de pleurer devant un petit chaton visiblement très fier de lui alors qu'il continuait à jouer les méchants.
Coup de chance, la magie de transformation commençait à s'affaiblir ! D'un moment à l'autre, il reprendrait certainement sa forme d'origine....