Ce cher frére... [ Hades ]

La déesse parcourut du doigt le rocher, l'agrippant sa main fine surmontée de ses longs ongles. Elle se hissa de toute sa splendeur, sa traine volant au vent frais de la soirée. Ses cheveux noirs étaient toujours retenue par un simple bâton magique ( seul un bâton magique pouvait retenir quantité de cheveux comme ceux de la déesse ), et sa tenue toujours aussi excentrique. Elle se redressa de toute sa hauteur, fixant l'horizon si tranquille. Même si le vent était frais et la soirée assez fraiche, elle n'avait pas froid, trop heureuse de pouvoir poser pied ici. Sur Terre.

" Qui vais-je croiser ? " La déesse eut un sourire satisfait. Satisfaite d'être là, même si elle ignorait ce qui pourrait lui arriver. Une plaine séche, qui pouvait effrayer par son aspect de lieu mort ou maudit. Elle tourna sa tête et ota le baton. Désormais, ses longs cheveux noirs formaient autour d'elle une sorte d'ombre bouclée, longue jusqu'a mi-cuisse et toujours aussi belle et étrange. Elle portait cette tenue qu'elle adulait, moulante et dévoilant quelques parties de son corps assez musclé. Mais pas trop. " Féminine avant tout ". Elle continua d'avancer, portant dans sa main une sorte de lance étrange et gravée de signes inconnus.

* Toc *

Un caillou roula. La déesse se positionna rapidement en position de combattante, ses réflexes toujours aussi vifs, l'oeil perçant. Vers le bruit. Qui ? Qui osait venir ?

Une sensation, un sentiment étrange, et voila que je retournais dans mon monde, afin de mieux déterminer la source de mon trouble. Les enfers avaient pour avantage d'être partout et nulle part à la fois... rien de plus simple que de se balader dans les différentes dimensions avec ça. Mais à la découverte de l'identité de la présence qui m'avait troublé, je m'amusai... ma soeur était sur Terra. Seule. Je rigolai un peu, puis décidai d'aller l'ennuyer. Cela faisait tellement de siècles que je ne l'avais pas vue... Ma kunée entra en action, me rendant invisible, puis je me téléportai à quelques pas d'elle. Ce fut une erreur, puisque mon arrivée fit rouler quelques cailloux qui attirèrent son attention. Aussitôt, elle se plaça en position de combat.

Néanmoins, mon invisibilité me conférait un avantage certain. Faisant attention à l'endroit où je posais mes pieds, je la contournai puis la pris par surprise, lui attrapant les bras et les lui maintenant dans le dos, tandis que je me plaçais afin d'être à l'abri de coups de pieds vicieux. Lentement, ricanant, je m'approchai de son oreille et murmurai :

Tu as perdu de ton habileté d'autrefois ma chère soeur, sans doute l'inactivité qui te pèse...

Elle allait m'en vouloir de l'avoir surprise et attrapée ainsi, mais qu'importait, c'était beaucoup plus amusant, et ça promettait une suite tout aussi divertissante. Elle allait chercher à se venger, je la connaissais... Oh que oui, cette journée allait être amusante...

" Le salaud ". La déesse tourna la tête. Qui? Cette voix...

- Hades ?

Elle resta surprise, malgré qu'elle ait reconnue la voix et la poigne violente de son cher frére. Combien de fois s'était-elle battue avec lui , pour des jeux amusants pendant les longues soirées ? Elle eut un petit sourire. Il s'en sortait bien, et mieux qu'elle. Elle secoua sa tignasse noire et tourna son visage vers lui, un visage assez surpris et haineux quelque peu. Sa petite remarque pesait. Elle avait une vie de pacha sur l'Olympe, et cela la rendait plus vulnérable au niveau des combats.

Elle voulut remuer, se sentant prise, et fit glisser un de ses bras hors de la poigne d'Hades. Sous son ordre, ce bras se plaça juste sous la gorge de son frére, un pouce posé sous son cou, au niveau des carotides. Elle se tourna un peu plus, le fixant.

- Je m'en sors quand même, cher Hades. Dieu que tu as changé !! Je ne t'aurais pas reconnu. Sauf ta voix peut-être, toujours aussi ... inqualifiable.

Elle eut un sourire amusé et le fixa de nouveau, le dévisageant. Invisible...mais elle savait toujours aussi bien viser, ayant trouver le cou rapidement.

- Allez, apparait à mes yeux, Hades. Je te déteste quand tu es invisible. C'est le seul avantage que tu as sur moi.

Elle fut rapide à me reconnaitre, sans doute ma voix. Ce doit être la seule chose qui n'avait pas changé en moi depuis tout ce temps. La haine dans son regard me prouva que j'avais vu juste, elle avait négligé de s'entrainer, de maintenir son niveau, et maintenant elle se retrouvait coincée, à ma merci. Ca me rappelait presque les temps anciens, durant notre jeunesse. Combien de fois ne nous étions nous pas battus, en jouant ? Cependant le temps avait passé et je ne l'avais pas vue depuis... des millénaires. Mon apparence avait changé, la sienne aussi. N'aurait été son aura si particulière, je ne l'aurais pas reconnue.

Je la sentis remuer... allais-je la laisser coincée ou lui laisser l'illusion qu'elle s'était dépétrée seule de ma poigne ? J'optai pour la deuxième solution et relachai légèrement ma prise. Aussitôt sa main s'échappa et alla se loger sur mon cou, son pouce contre ma carotide. Au moins elle penserait avoir gagné... Ses propos me le confirmèrent, et me tirèrent un petit rire.

Voyons, voyons, tu dis que j'ai changé mais tu ne m'as même pas encore vu ma soeur...

Elle eut un sourire puis l'invita à se rendre visible en l'insultant légèrement, ce qu'il fit, la relachant. Puis, une fois qu'elle se fut retournée, il lui dit en souriant d'un air sinistre :

Seul avantage ? As-tu donc tout oublié de nos joutes d'autrefois ma chère ? Tu est beaucoup trop impulsive pour te battre correctement... et puis que dis tu de ma nouvelle apparence, te convient-elle ?

Cette femme était beaucoup trop sure d'elle, et ça risquait de lui jouer des tours... non, je risquais de lui jouer des tours...

Fichue fiertée...jamais Hera n'accepterait de perdre, ou même de s'avouer vaincue, surtout face à ce frére qu'elle n'avait mis à terre que trés rarement. Mais là... elle joignit ses cheveux lentement et les piqua de son bâton. Elle aurait pu lancer comme excuse que ses cheveux la bloquait, mais elle préféra se taire et prendre un air calme, alors que son intérieur bouillonnait.

Elle leva les yeux aux ciel - signe d'exasperation , ne serait-ce que pour vexer Hades - puis croisa les bras en le regardant. Tout deux avaient changés, lui beaucoup plus. Vraiment, elle ne l'aurait pas reconnu. Tellement grand, différent, étrange... elle eut un soupir, un sourire.

- Tu as vraiment changé. C'est pour plaire à Persephone peut-être ?

Voix teintée d'ironie. Hera n'aimait pas tellement Persephone, cette femme ayant un regard plus troublant que le sien. Une broutille direz-vous. Mais pour Hera, c'était important. Elle VOULAIT être belle, la plus belle, la meilleure. Une sorte d'orgueil... Elle le dévisagea de la tête aux pieds.

- Tu es vraiment beau, cher Hades, vraiment. C'est étrange de te recroiser ici. Jamais je n'aurais pu deviner que je pourrais te revoir un jour, et ce sans que tu sois terré en Enfer.

Toujours autant d'ironie, elle le cherchait, elle voulait qu'il réagisse mais savait trés bien qu'il resterait de marbre. Contrairement à elle. " encore un avantage " Elle serra les poings. Et se pencha vers lui d'un air charmeur, se retenant de le frapper par surprise. " Tant pis ". Elle sauta sur ses pieds et lui attrapant l'épaule, voulut le mettre à terre et se retrouver en position de force.

Malheureusement, ils tombérent tout les deux. Lourdement. Violemment. Dans la poussiére. " Je suis vraiment conne ". Elle se massa le front, écorché, et se tourna vers Hades. Il allait rire d'elle. Evidemment.

La voir ainsi trépigner était si amusant. Elle n'avait vraiment pas changé depuis le temps, toujours aussi impatiente, toujours aussi fière... Lorsqu'elle rattacha ses cheveux, je souris légèrement, sans arrière pensée ce coup ci. Ah la famille... Je fis quelques pas alors qu'elle tentait de me vexer en montrant son agacement. Ma chère soeur était si puérile, ça faisait partie de son charme, mais personnellement elle ne m'atteindrait pas ainsi. Par contre, lorsqu'elle parla de Perséphone, mon sourire s'estompa et la colère brula dans mes yeux. Je ne savais pas ce qui était en train de se passer mais elle aurait du être avec moi, aux enfers, et elle avait disparu... ce n'était pas sa période à la surface, ce n'était pas normal.

C'était... elle a disparu...

Je ne vis pas sa surprise, pas plus qu'une quelconque tristesse ou autre pour moi... je savais pertinemment qu'il n'y en aurait pas. Hera n'aimait pas Perséphone, et sa disparition devait l'amuser au plus haut point. Je n'avais rien à attendre d'elle sur ce point, et je ne l'attendais d'ailleurs pas... Elle me dévisagea longuement, avant de me complimenter. Je fermai les yeux, lentement. Elle ne perdait pas le nord, toujours à essayer de séduire tout ce qui passait à portée de ses bras... Puis elle continua à parler, disant que je me terrais aux enfers...

Désolé de te contredire, mais si j'y étais terré comme tu le dis si bien, c'était pour une bonne raison. J'avais une mission, garder et juger les âmes, qui me demandait tout mon temps. Maintenant, j'ai l'occasion de sortir un peu de cet endroit, donc j'en profite... D'ailleurs, j'ai constaté une forte chute dans mes pouvoirs, il se passe quoi en Olympe ?

Elle profita de mon petit discours pour me sauter dessus, sans doute afin d'essayer de me dominer, pour une fois. Cependant, elle manqua son coup et nous nous trouvâmes tous deux au sol. Je restai sur le dos, complètement sidéré par sa gaucherie. Comment avait-elle pu se rater en me prenant par surprise ainsi ? Lentement, je commençai à rire, couché par terre. Un rire qui avait des sonorités sinistres malgré mon apparente jovialité. L'inconvénient de passer plusieurs millénaires en enfer. Rapidement, je ne parvins plus à me contrôler et me tint les côtes tellement je n'en pouvais plus...

- C’est pas drôle !

La déesse croisa les bras sur son ventre, toujours à terre. Même si elle était victorieuse du fait d’avoir fait rire le seigneur des Enfers, le fait qu’elle se mange lamentablement la poussière la tracassait. Oui, elle était tracassée. De ne plus pouvoir se battre comme avant. De ne plus savoir contrôler ses techniques d’attaques, même par surprise. Elle passa sa main dans ses cheveux couverts de poussières, songeant d’avance au bain qui l’attendait quand elle rentrerait à l’hôte. Et elle tourna à nouveau la tête vers Hades, allongé sur le sol, se tenant les côtes.

«  Allons, allons , songea t’elle, voilà qu’il rit » Chose rare. Un rire qui pouvait foutre la chair de poule à n’importe qui, sauf à elle. Elle avait l’habitude de ce rire étrange, indescriptible. Elle préféra ne pas continuer la conversation sur Perséphone, ne voulant pas blesser son frère. C’était vraiment la derniére de ses envies.

- Je ne sais pas ce qui se passe en Olympe – Arrête de rire Hades ! – et je ne subis pas de baisse de mes pouvoirs, enfin pas que je sache. Je m’en sers peu souvent il faut dire. ARRETE DE RIRE !!

Elle l’attrapa par ses longs cheveux et lui tourna la tête vers lui. «  vraiment, il a changé » songea t’elle, un peu triste, mélancolique.

- Je ne sais plus me battre, Hades. Je n’en ai plus le courage, plus la force, plus la motivation. Ça me désole, c’est la seule chose que j’aime faire. Me battre, dit elle d’un ton assez tristounet.

Effectivement, la déesse ne savait plus se battre, en tout cas moins bien qu’avant. Elle pouvait tuer un humain facilement, mais avait de plus en plus de mal à manier l’art du combat, chose inhabituelle venant de celle qui avait comme réputation d’être une battante. Elle le regarda en souriant.

- Tu crois que je vieillit ?

Ainsi ses pouvoirs n'étaient pas atteints, pas plus qu'elle ne ressentait de baisse de sa puissance... ennuyeux. Etais-je le seul à être atteint, ou alors était-ce parce qu'elle utilisait tellement peu ses pouvoirs qu'elle ne s'en était pas rendu compte ? La question méritait d'être posée... Je me calmai, petit à petit, encouragé par les exclamations de ma chère soeur m'ordonnant d'arrêter de rigoler. Au fond, cela me donnait presque envie de continuer de plus belle, mais lorsqu'elle m'attrappa par les cheveux, l'expression de son visage me dissuada de continuer. Elle était triste pour je ne sais quelle raison... un dieu triste est vraiment un spectacle déprimant...

Elle n'arrivait plus à se battre... elle ne savait plus... cela me fit un choc. Elle qui adorait tant se bagarrer à l'époque, se trouvait réduite au point de ne même plus connaitre les bases, de ne plus avoir la motivation pour combattre... C'était triste, réellement. J'aurais tellement aimé la voir sourire comme autrefois, toujours prête à retourner au combat, alors même que je la battais pour la énième fois consécutive. Elle était une battante, une déesse pleine de courage, et voila qu'elle me disait qu'elle avait perdu tout ça... Je m'en voulus d'avoir rigolé. J'avais sans doute du la vexer énormément. Lorsqu'elle me demanda si je croyais qu'elle vieillissait, j'aurais sans doute éclaté de nouveau de rire dans un autre contexte. Bien sur que non, les dieux ne vieillissaient pas... et pourtant.

Certains disent qu'on ne devient vieux que lorsqu'on se sent vieux dans sa tête. Je ne connais pas tes pensées Hera... je ne peux répondre à ta question, toi seule le peux. Toujours est-il que l'on a l'avantage d'avoir une jeunesse éternelle pour ce qui est du corps... Si tu te sens vieille, tu peux toujours redevenir celle que tu étais, a force de volonté... Les mortels n'ont pas cette chance, saisis là.

Habituellement, mes conseils étaient teintés d'ironie, ou bien totalement énigmatiques. Mais là je n'avais nulle envie de faire souffrir ma soeur. Ma main se glissa contre sa joue, afin de la réconforter un peu. Je ne pouvais rien faire d'autre, c'était à elle seule de prendre en main son destin. Si elle le souhaitait, je pourrais l'aider, sinon... la voir décrépir serait douloureux, très.

Pour un fois, tellement rare, le frère de la Déesse lui donnait des conseils. Lui qui aimait tant la taquiner, lui lancer des vannes, et elle qui en faisait autant…avant. Tout avant. Quand ils étaient tellement petits qu’on les ignorait lors des grands repas, quand ils sautaient partout ou se battaient dans chaque lieu de l’Olympe. «  Décidément, je voudrais redevenir toute petite parfois ». Elle eut un petit sourire triste adressé à son frère et posa sa main sur celle d’Hades, sur sa joue. Une main froide, comme toujours. Avait-elle un jour réellement eut les mains chaudes ? Sûrement pas…

-Idiot…tu vas me faire pleurer si t’es gentil.

Une toute petit larme coula sur la joue de la déesse, infiniment petite et fine, personne n’aurait pu le discerner. On avait beau dire que la fière et hautaine Hera était une femme froide, elle avait un petit cœur maladroit. Un tout petit…Habituée à donner des ordres plutôt que de la tendresse, à être une battante… elle en avait perdu le contrôle d’elle même.

-On a vraiment changé tout les deux. Avant, tu m’aurais lancé une vanne, je me serais vexé et on se serait battus, pour ensuite rigoler ensemble. Maintenant…qui aurai pu croire que j’en aurai marre un jour de diriger tout et d’être adulte ?

Elle lui adressa un nouveau regard teinté de tendresse infinie. Une tendresse rare qui jusque là n’avait profité qu’a peu de personne, et surtout pas son frère. Jamais ils ne s’étaient dit «  ah je t’aime ma sœur/ mon frère ! ». C’était presque inné, ça ne se disait pas. Tout comme elle et Zeus. Il y avait autant d’amour entre eux qu’entre un caillou et un poireau. Les deux puissants ensembles, et voilà le gouvernement de l’Olympe !!

Sa main contre la mienne et la tristesse dans son regard me firent fermer les yeux. Les dieux n'étaient pas sensés devenir ainsi, non, ca ne devrait pas être comme ça. Nous étions puissants, les maitres de la création, les maitres des mortels, et pourtant en ce moment Hera n'était que l'ombre d'elle même. La gentillesse de mes propos la toucha bien plus que je ne l'aurais imaginé. Ses yeux s'humidifièrent assez pour que je puisse le voir. Ca c'était du jamais vu... imaginer un dieu pleurer... à part bien sur Dyonisos qui pleurait parfois de rire à ses propres blagues, souvent d'un humour incertain.

Je me relevai lentement et époussetai ma tenue. La voir ainsi m'attristait, mais bon, rester à me rouler par terre n'était pas dans mes priorités. Il fallait aller de l'avant, elle et moi, surmonter nos difficultés. Je lui tendis ma main, alors qu'elle se remémorait les temps anciens. Là aussi, qui parmi les mortels pouvait croire que nous avions eu une enfance normale, nous les dieux. Leurs mythes nous disent nés adultes et prêts à régner sur le monde... Il leur fallait bien sur se rassurer, croire que le monde était dans les mains d'êtres parfaits, nés avec l'âge d'homme et la sagesse qui va avec...

Lève toi Hera, il faut avancer maintenant, se morfondre sur le passé n'apporte rien de bon. Tu as changé, j'ai changé et le monde à changé... bien plus que nous ne l'imaginons...

Je lui tendis ma main. Qu'elle profite bien de ces instants durant lesquels je m'occupais d'elle et je lui offrais aide et réconfort. Car elle s'en tirerait, et lorsqu'elle irait mieux, ses hurlement de dépit allaient être la seule réponse possible à mes moqueries. Mais pas maintenant. Enfoncer la tête des dieux moribonds sous l'eau n'avait jamais été un passe temps amusant, et ce n'était pas avec ma soeur que j'allais commencer. Cependant, sans être malpoli envers elle, le regard de tendresse qu'elle m'addressait n'était pas au centre de mes pensées. Je ne cessais de repenser, en bon dieu que j'étais, aux absurdes modifications de la trâme spatio-temporelle que le monde avait subi. Quelqu'un avait été assez fou pour rapprocher deux dimensions qui n'avait rien en commun, ou même pire, créer un monde directement dans une dimension parallèle à celle de notre monde d'origine, stabiliser le tout en l'ancrant aux enfers, puis créer des passages reliant les deux mondes. Trop de discontinuités dans la trâme spatiale pour que je ne m'en rende pas compte. Peut-être qu'en Olympe ils n'avaient rien remarqué, mais depuis les enfers j'avais eu un panorama complet de la situation. Un ou une inconsciente avait reçu des pouvoirs effroyables, et les avait utilisés dans un but inconnu. Bien entendu, les enfers tiendraient, mais il pourrait y avoir de grands bouleversements dans les deux mondes.

Il fallait que j'en aie le coeur net, que je comprenne ce qu'il s'était passé, qui avait fait ça... mais après m'être occupé de ma soeur. Elle seule pouvait me conduire en Olympe, le passage depuis les enfers était fermé. Et je connaissais ma soeur, lui demander ça me couterait quelque chose... je n'aimais pas avoir de dettes.

Et maintenant ma chère, que l'on est perdus au beau milieu de cet endroit aride et paumé, on fait quoi ?

C'était pas que je recommençais à m'ennuyer mais presque. Si elle voulait un entrainement ou autre, j'étais à sa disposition... je n'aimais pas m'ennuyer...

La déesse passa sa main sur ses joues pour sécher ses quelques larmes et se releva, époussetant sa traîne gênante. Elle épousseta ses cheveux noirs, chassant la poussiére. Il avait raison, encore. il fallait laisser passer le passé, même si l'envie nous prenait de revenir en arriére, de ruminer. Hera l'écouta, songeuse. Que devenaient les dieux ? Etaient-ils les seuls présents sur cette Terre ? Non... elle savait, elle pressentait que non. Mais comment savoir réellement ?

Elle fixa de nouveau l'horizon, si calme, avec ce soleil couchant qui mettait du temps à se coucher, il ne devait pas être fatigué. Il disparaissait derriére cet horizon vaste, cette plaine qui ressemblait plus à un désert qu'a une plaine ou une lande, on se serait presque cru dans le chien des baskerville... elle eut un petit sourire à cette pensée. Puis regarda son frère. Il fallait s'occuper, evidemment.
- Tu voudrais bien m'apprendre à me battre de nouveau ?

Le noir n'est pas commode, songea t'elle. Et ce ton qu'elle avait employé...on aurait dit une enfant. Elle voulait se foutre des gifles pour s'être montrée un instant sentimentale. Elle s'agenouilla, plaqua sa main sur le sol et se tut, se concentrant sur ce sol frais, froid, gelé... " Un feu " elle ferma les yeux, fronçant les sourcils. La chaleur sortait de sa main. Elle releva sa main, la détachant du sol. Une gerbe de feu monta. La déesse plaqua sa main sur sa bouche. " Il a raison " Elle jeta à hades un regard angoissé. " Mes pouvoirs...".

La feu qu'elle venait de créer était minuscule. Un tout petit feu qui n'eclairait rien, un tout petit écart de terre. Elle serra les dents. " Saloperie " Puis jeta un oeil à so frère. Ce même regard qu'ils avaient enfants avant de se battre. Une regard de meutrier amusé. Elle le fixa . " Voyons si je rouille réellement ".

- Prépare toooii Hades ! lança t'elle d'une voix aigue.

Elle bondit sur ses pied et coursa dans la direction de son frère, sa lance à la main. En un rapide mouvement, elle se planta devant lui, sa main comme toujours contre so cou. " Il me reste ma rapidité ! "

Je retrouvais enfin la Hera que je connaissais, combattive. Elle voulait combattre, j'allais lui servir du combat, elle voulait apprendre, j'allais être un proffesseur intraitable... Il ne fallait pas lui apprendre le combat, son corps s'en souvenait, l'avantage d'être une déesse. Non, il lui fallait retrouver le gout du combat, la hargne qu'elle possédait auparavant, cette intrépidité et cette audace qui m'avaient surpris et destabilisé les rares fois où elle m'avait vaincu  l'époque. Elle avait le potentiel d'être dangereuse, elle n'était qu'une faux usée, j'allais être la meule qui lui redonnerait son tranchant. Ma main se tendit et mon sceptre jaillit des ténèbres. Cette forme était à la fois pratique pour le combat et effrayante pour mes ennemis. Une puissante masse de combat, dont la tête était constituée de quatres lames disposées en croix. Un geste de ma part suffit pour que les lames disparaissent. Je ne voulais pas tuer ma soeur après tout...

T'apprendre à te battre ? Mais tu sais te battre... Par contre je peux te redonner le goût de combattre... Mais ne t'imagines pas que je serai tendre avec toi... s'il faut faire couler ton ichor pour qu'enfin tu retrouve ta hargne, je le ferai... et même s'il ne le faut pas, je le ferai si j'en ai l'occasion. Maintenant en garde, montres moi que tu n'es pas la faible femme que tu m'as montré jusqu'à maintenant.

Avant de se préparer pour le combat, elle posa sa main au sol, sans doute pour éclairer le lieu de notre combat. En effet, en ce crépuscule, le terrain était très clairement à mon avantage. Cependant, je déchantai rapidement. Elle aussi avait perdu en puissance, et son feu était ridicule, bien qu'assez interessant pour des humains. Le problème est qu'elle en était pas une. A l'apogée de sa puissance, elle aurait été capable de créer des flammes touchant le ciel. Là, elle n'avait créé qu'un feu, du genre modeste feu de la saint Jean, deux mètres de haut environ... C'était fou le nombre d'abrutis qui étaient morts en tentant de sauter au dessus des flammes lors de cette stupide fête chrétienne. Et un barbecue, un!

Oh que j'aimais le regard qu'elle me lançait, je la retrouvais enfin, une Hera vaillante et combattive. Mais elle allait déchanter si ce qu'elle avait dit était vrai. Car alors qu'elle passait des millénaires à rester inactive, j'avais accumulé les siècles d'entrainements, avec les plus puissants héros des Champs Elysées. Ils avaient accepté de me consacrer un peu de leur temps, par respect, alors qu'ils n'étaient même plus obligés de le faire. J'avais progressé, appris, encore et toujours, excellé dans la ruse, les feintes, le combat avec tout style d'armes. Je n'avais plus mes pouvoirs, ou alors à un bien moindre niveau, mais mon expérience restait... à mon avis, seul Ares pouvait encore rivaliser avec moi pour ce qui était du talent militaire.

Son cri me fit presque rigoler, tellement c'était ridicule, mais je me retins, me contentant de sourire. Un sourire qui s'estompa vite, elle était rapide. Sa main se posa contre mon cou, un quard de seconde, et puis je repris le dessus. Mon poing s'enfonça dans son ventre et la fit un peu reculer, juste ce qu'il fallait pour que je puisse manoeuvrer mon sceptre. Celui ci la frappa violemment sur la tempe, la projettant au sol. Un humain normal aurait eu la tête explosée avec un coup pareil, mais c'était une déesse, elle ne risquait pas de mourrir pour si peu. Il fallait que je réveille son instinct de tueuse, et c'était le seul moyen.

Alors, c'est tout ce dont tu es capable ! Releve toi, combats, ce coup n'est pas le plus fort que tu prendras ce soir ! Réveille toi, prends conscience de tes forces et de tes faiblesses ! Tu es rapide, c'est bien, mais ça ne suffit pas ! Analyse, calcule, détermine le mouvement de tes adversaires et anticipe le ! Oublie que je suis ton frère, je ne suis qu'un ennemi, et un ennemi ça se tue !

Si avec ça elle n'était pas motivée, je ne répondais plus de rien. Bien sur, je l'avais appelée à me tuer, mais elle n'y parviendrait pas, trop d'écart entre nous... par contre, elle pourrait peut-être bien me toucher de nouveau, si elle était assez maligne.

La déesse se releva difficilement, fatiguée, la haine au ventre. ses yeux étincelaient, comme toujours pendant les combats. Elle serra les poings, et posa sa main sur sa lance, sa lance... une merveille. Rouge rubis avec des gravures dorées, une lance qu'elle avait mis 1 an à former de ses propres mains, le seul reste de sa puissance. Elle sentit tout son corps qui chauffait de plus en plus sous l'effet de l'envie de combattre, de battre, de tuer... Elle jeta un regard à son frère, toujours le même, mais celui là était plus violent, plus dur.

Elle posa sa lance entre ses deux mains, comme pour prier, et la plaça contre elle. " Position de combat ". Elle plia les genoux, l'oeil vif face à Hades. " Position d'attaque ". Elle appuya un peu plus sur ses genoux, et se lança vers la gauche à toute vitesse. " Il va... " il la regardait. " Gagné ! " Elle fit demi tour tout aussi rapidement, fléchit de nouveau les genoux et s'élança à droite rapidement, sans qu'il pur réagir. Elle rétracta la lame de sa lance, la transformant en bâton, et le frappa en plein sternum. Elle leva les jambes et lui administra un coup dans le ventre de ses pieds, l'envoyant sur la poussiére. " OUIII !! "

- J'tai eu, hein ? J't'ai euuuu....

Elle voulut faire demi tour et... glissa en arriére, sa tête se cognant contre le sol poussiéreux. " Merde , je suis trop conne...maladroite"... elle tapa du poing sur le sol, retenant des larmes de colére contre elle même, serrant les dents. " ça ne finira pas ainsi ". Elle releva la tête lentement...

[ j'pourrais malheureusement pas te répondre avant vendredi...internat ! ]

Elle se releva, lentement, puis invoqua sa lance. Je souris, je me demandais quand elle allait l'utiliser. Son regard me plaisait, elle avait au moins retrouvé l'envie de combattre. Il restait tout le côté stratégique à mettre en place. Elle se plaça en garde, puis en position d'attaque. C'était lent, bien trop lent... Si j'avais été cruel, elle n'aurait même pas été capable de bouger de cette position, et serait morte avec ma lance plantée dans son coeur. Mais ce n'était pas le but. Je me dis l'instant d'après que j'aurais peut être du le faire, même sans pointe au bout du baton. Sa vitesse d'exécution était épatante, et elle me surprit par un changement de direction qui me prit totalement à contrepied. Je sentis sa lance entrer dans mon ventre, ne parvenant pas à me faire mal, puis son pied, beaucoup plus puissant, qui me projettait en arrière. Et son cri de victoire. Imbécile, elle ne comprenait donc rien...

Je fis semblant de heurter violemment le sol, et je la vis se retourner... lamentable. Aussitôt qu'elle ne me voyait plus, je pris appui sur le sol et me relevai en un instant. Je constatai qu'elle était pitoyablement couchée contre le sol. Elle ne m'amusait plus. Je lui consacrais de mon précieux temps pour l'entrainer, et elle prenait ça pour un jeu. Trop c'était trop. J'étais énervé maintenant. Mes muscles se contractèrent légèrement en anticipation de ce que je comptais faire. Elle m'en voudrait, elle me détesterait, mais c'était pour son bien. Alors qu'elle levait la tête, l'attrappai sa cheville droite. Elle dut voir l'éclair de colère meurtrière dans mon regard, un instant, un simple instant. Puis je tirai, de toute ma force. Son corps décola du sol en un instant. Ma main gauche attrappa le haut de sa tenue, alors que la droite se serrait contre ma lance. J'allais lui faire mal, très mal. Je me retournai, portant ma soeur une fraction de seconde. Puis  je la plaquai violemment sur le sol, avec une force dont je ne pensais pas être capable, et le bois de ma lance s'enfonça dans son ventre, planté de toutes mes forces. Je n'avais pas percé la peau, mais ça avait du faire mal. Enormément.

Lachant mon arme, je la maintint au sol, assis sur son bassin, mes mains bloquant ses bras contre le sol. Je la voyais tenter de reprendre son souffle après le coup magistral que je venais de lui asséner, mais je ne lui laisserait pas l'occasion. Approchant mon visage marqué par la colère du sien, je lui dit, d'un ton méprisant :

C'est la dernière fois que je te le dis ma soeur, je veux que tu te battes, pas que tu fasses joujou avec moi. Tu me fais perdre mon temps en ce moment... On ne se détourne pas une fois un coup asséné à son ennemi, on le maîtrise ou on le tue. Tu te bats bien, mais dans ta tête tu n'es pas prête. Je veux te l'entendre dire, veux tu recommencer à combattre, redevenir celle que tu étais ?

Je ne savais pas ce qu'elle allait dire, faire, et je m'en moquais. La colère avait amplifié mon ennui...

[moi pas avant dimanche soir dans une semaine (internat + petite amie)]

Elle n'avait pas tout suivit. Un coup violent, une colére étrangement ressentie, violente... non, elle n'avait pas tout compris. Elle releva son visage, face à celui colérique de son frére. Il était réellement furieux. Contre elle, contre tout...

-Mais comment est ce que je peux te voir comme un ennemi ? Tu es mon FRERE !hurla t'elle à plein poumons. Je n'arrive pas... ce n'est plus un jeu comme avant !!

Elle continua de le regarder. Elle avait mal. Physiquement plus qu'au chose, mais tout autant psychologiquement. " Ce n'est plus un jeu " elle tira un coup sur son épaule, et voulut poser sa main sur son ventre. " Aïe " Douloureux, plutôt douloureux..." Tant pis " Elle voulut se redresser, mais il l'en empêchait. Plus fort ? Jamais elle n'accepterait ça. Elle ne se laisserait pas faire par son frére. Elle l'avait déjà battue de nombreuses fois, et pouvait le refaire. Un éclair de raisonnement l'éclaira. Elle replia ses genoux, toujours libres, frappant son frére dans le dos. Une douleur traversa ses genoux, et Hades releva la tête. " Et biin...il est musclé de partout lui ! " Elle tira sur ses jambes, bloquant la tête de son frére entre ses pieds et ressera l'étreinte, comme pour l'étrangler. Elle délivra un bras et attrapa sa lance, non loin d'elle. " Il faut être rapide!!! " Elle inspira un grand coup et le frappa de nouveau en plein sternum, bloquant ainsi la respiration d'Hades.

Elle reprit son souffle, le fixant.- Et voilà...