Après les héros et les anti-héros, suivez le méchant!

Bon, depuis une heure, on est samedi, alors je viens dire que je posterai un chapitre tous les weekends, le samedi de préférence. Le reste de la semaine, je suis ouvert à débat et autres polémiques que vous pouvez placer entre deux chapitres, pas de soucis.

/!\ Cette fan-fic est le fruit d'une écriture que je qualifie de "défouloir", c'est pour cela que vous verrez de la violence à... Ben, en fait à chaque ligne. Mais ne vous en faîtes pas, cela ne veux pas dire que je suis un sadique psychopathe qui collectionne les poupées Chucky et mange du cœur de bœuf tous les soirs en regardant Massacre à la tronçonneuse en boucle.

Pardonnez aussi le manque de descriptions, j'écris la plupart du temps plus pour me relire que pour être lu, c'est ma faiblesse.

Dernière chose, les chapitres sont nommés "Entailles", à la base c'était juste une question de style, j'avais juste pas envie de dire "Chapitre". Mais enfin on peut faire le rapprochement avec le fait que c'est petit et sanglant.

Bon, sans plus de discours (j'en vois qui s'endorment au fond!), voici la première Entaille du "bâtard du Styx". (pas tout de suite les tomates!)

 

Première Entaille

Le Passeur

"Bienvenue en Enfer,âmes errantes!".C'était ainsi que Charon,le passeur du Styx,accueillait ses passagers avant la traversée qui les mènerait vers leur ultime jugement. Son travail consistait à une seule et unique tâche,traverser le fleuve d'amont en aval afin de conduire les nouveaux venus au Palais d'Hadès. C'était ainsi que cela se passait,toute personne qui mourrait arrivait sur l'Île des Damnés,petit bout de terre insignifiant sur lequel tous les défunts du monde se retrouvaient serrés en attendant d'embarquer pour leur ultime voyage. Ils empruntaient le Styx, unique fleuve des Enfers, qui prenait source près du Palais,englobait l'île et continuait vers l'horizon,sur un vieux rafiot aux voiles noires et trouées,dont le pont en bois semblait moisi. Au bout de la traversée,ils allaient tous être jugés l'un après l'autre par Hadès,qui déciderait de la sentence de chacun.
Charon était un puissant démon des Enfers,qui avait l'apparence d'un vieil homme. Sa longue barbe lisse et blanche descendait jusqu'à ses genoux,ses cheveux bouclés tombant sur ses épaules. Sa musculature imposante faisait de lui un rude gaillard et montrait à tous que sa carrière était loin d'être terminée. Son regard perçant partant de ses yeux verts pomme cachaient toute la lassitude du passeur à exécuter sans cesse la même besogne. Il châtiait les récalcitrants pendant la traversée,ceux qui profitaient du temps qu'il leur restait dans leur enveloppe charnelle pour semer la discorde,ou encore ceux qui toussaient,à l'aide d'un marteau imposant dont le manche d'acier noir faisait la taille du Passeur lui-même. La masse au bout était de taille à disloquer un crâne sans efforts,et était gravée de symboles étranges. Une pointe saillante se nichait au sommet de cette arme de mort,laquelle était négligemment posée sur l'épaule du passeur qui ne semblait pas avoir de difficulté à la manier de sa seule main droite. Il portait une tunique de tissu noir de jais et un pantalon bouffant blanc,lequel était surmonté d'une draperie rouge attachée à la taille qui flottait au vent. Ses bottes de cuir robuste étaient chacune ornée d'une petite pierre précieuse,verte ou azur.
« à votre droite,Inferno,le pays des démons. Vous n’irez jamais là bas,c’est là où vivent toutes les entités maléfiques les plus dangereuses,des démons que vous n’oseriez imaginer. ». Bien sûr,personne ne l’écoutait,tous imaginaient quel destin horrible les attendait à leur débarquement. Aussi Charon comme à son habitude frappa de sa masse le premier damné à portée,lequel vit voler sa mâchoire inférieure par dessus bord avant de s’écrouler à terre dans une mare de sang,voyant que son visage était à présent tourné vers son dos, et ce sous les yeux horrifiés de l‘assemblée. Il n’osait hurler,il aggraverait son cas. « Si ici vous ne pouvez mourir à nouveau,vous pouvez souffrir! » lança-t-il aux passagers terrifiés. L’assemblée se tût et il reprit: « à gauche les Cercles. Cette partie là vous concerne car c’est ici que vous irez une fois jugés,et il y en a pour tout les goûts! ».Les défunts risquèrent une œillade à leur gauche et virent de gigantesques fosses paraboliques entourées de flammes qui s'étendaient aussi loin que leur vision le permettait. « Sur la traversée,vous n’en verrez que deux,les autres sont beaucoup plus loin. Quand vous serez jugés,on vous arrachera de vos corps,ce qui sera assez abominable. D’ailleurs,dit-il en désignant celui qui maintenant gargouillait en tenant sa mâchoire désormais inexistante,quand je dis abominable,ça c’est de la rigolade! ».Il sourit en coin en voyant la panique des passagers étouffée sous la crainte. Il se retourna vers la proue et déclara:"en face de vous,votre destin.". En effet devant eux se dressait une citadelle sombre qui ne présageait rien de bon. De toute façon,on ne pouvait s'attendre à rien de bon aux Enfers. Deux heures plus tard la troupe débarqua sous l'œil du Passeur, qui ferma la marche après avoir agrippé l'agonisant. Au bout de quelques mètres ils atteignirent les douves,où le regard s'enfonçait dans les ténèbres desquelles l'on entendait des hurlements de douleurs qui donnaient à chacun l'envie de devenir sourd.
Et un bruit de chaînes retentit.
Le pont-levis s'abaissa,dévoilant aux malheureux l'un des plus grand stéréotypes de démon. En effet un individu aux cheveux longs et noirs les fixait de ses yeux couleur sang. De longues cornes partaient de ses tempes et suivaient un axe diagonal vers l'avant,ses doigts se terminaient en petites griffes noires et de grandes ailes de chauve-souris ornées de pointes aux sommets partaient de son dos et étaient ouvertes de toute son envergure,pour bloquer le passage. Il s'avança sur le pont,ses sabots claquant sur le bois robuste dépassaient d‘un pantalon d’étoffe noire, sa chemise rouge était ouverte pour exhiber ses tatouages comme si quelqu'un en avait quelque chose à faire.
"Arrête de fanfaronner Lucifer,tu sais pourquoi j'ai posé pied!" soupira Charon. Il ne remarquait pas que tous les compagnons d’infortune avaient écarquillé les yeux à la simple prononciation de ce nom. Seul impassible celui qui maintenant bavait du sang sous son bras et nageait dans l'inconscience,la langue pendante. Le démon considéra le Passeur avec mépris,mais le fait que le barbu faisait environ cinquante centimètres de plus ne l'aidait pas. Son visage se figea de dégoût lorsqu'il vit l'homme dont la tête était retournée.
-Encore un? Combien de fois dois-je te répéter que leur briser les rotules est moins encombrant?
-C'est juste un détail de voyage,je ne te dis pas comment faire ton travail,toi!
Lucifer attrapa le mal-aimé par les cheveux et le plaqua par dessus son épaule."Tu aurais pu le laisser en état de ramper,crétin...". Il se détourna et ordonna aux défunts de le suivre,quand Charon l'interpella:"C'est aujourd'hui.". Le démon ailé tourna la tête et dit:"Je sais,j'amène ceux là à mon père et je te remplace.".
Une fois tous les mille ans,le passeur du Styx descendait avec les treize démons qui constituaient son équipage sur le rivage d'Inferno. Durant une semaine,il était libre. Durant une semaine,tous les mille ans,Lucifer prenait sa place.

Je tiens à rappeler que vos réactions, commentaires (et menaces aussi, déclarations enflammées ou encore, dire que vous ne comprenez absolument rien) peuvent être postées ici, juste à la suite de mes post, c'est la raison pour laquelle je ne met mes chapitres qu'une fois par semaine (et aussi pour faire durer hein, je suis carrément bloqué alors bon, je préfère pas tout mettre d'un coup, ça m'évite de courir partout pour trouver une suite!). Donc, voici la deuxième Entaille (mais si elle a un rapport avec la première!).

Seconde Entaille
Vertu

Née de l'aristocratie démoniaque,Vertu était une jeune démone à l'aspect très humain. Sa peau claire mettait en valeur ses magnifiques yeux bleus,une longue tresse brune descendait dans son dos,ses vêtements de tissu riche étaient portés de façon très négligée. Son visage et ses proportions avantageuses faisaient d'elle une charmante demoiselle.
Malheureusement, ce n'était que son aspect. Car malgré son sourire attrayant,Vertu n'était pas très sociable. Elle avait en effet la fâcheuse habitude de se comporter de façon hautaine avec toute personne qui n'était pas de sa famille,et répondait à la violence par le massacre. Elle vivait avec ses parents,oncles et cousins dans un manoir juché en haut d'une colline,qui elle-même surplombait l'un des sept ports du Styx situé plus à l'ouest. En Enfer,l'aristocratie ne se met pas en place par la richesse mais par la puissance. La famille de Vertu,les Fortitudo,possédait heureusement les deux.
C’était une famille de puissants guerriers mages,dont la spécialité était l’armorphose, la capacité à changer le volume et la forme d’une arme,et la magie des runes. Tous les démons en enfer possédaient un certain degrés de magie noire,ceux qu’on appelait mages là-bas étaient ceux qui avaient exploité leur magie et l’avaient élargie. Vertu était la plus talentueuse de la famille,mais pas la plus appréciée,car si elle était la plus belle et la plus forte,elle était une garce impudente. Sa vie se résumait à peu de choses:elle étudiait les lettres,l’art et le combat avec les siens,et sortait en ville pour « mettre en pratique » ses nouveaux acquis. Il lui arrivait souvent de revenir chez elle égratignée ou légèrement brûlée,avec du sang ou des cendres sur les vêtements. Bien sûr,ce sang ne lui appartenait pas,même si il lui était interdit de sortir armée du manoir.
Un jour qu’elle voulait descendre dans la bourgade,pour vérifier la théorie selon laquelle un coup de paume laisse moins de traces externes sur le corps qu’un coup de poing,ses parents se mirent en travers de son chemin,juste devant la porte. Le regard menaçant,un sourire assassin affiché sur son doux visage,elle lança effrontément: « Quoi encore? Bougez,je sors! ».Les deux démons la regardaient d’un air grave. Son père lui dit calmement: « Tu ne peux pas aujourd’hui,personne ne doit sortir aujourd’hui. ». Les poings serrés,Vertu sentait la tension monter:elle n’avait pas l’habitude que ses parents ne l’empêchent de frapper des villageois.
-C’est pas grave,j’entrerais chez eux,si je ne vois personne dehors!
-Justement, intervint sa mère,si les gens ne sortent pas c’est parce qu’ils craignent de voir quelqu’un.
La jeune fille dévisagea ses deux parents avec mépris. Elle ne comprenait pas pourquoi sa propre famille restait cachée face au danger. Elle s’avança et repoussa ses parents du bout des bras,lesquels s’empressèrent de les lui saisir. Le regard en coin,Vertu se mit à sourire à son père de toutes ses dents,dévoilant au passage deux crocs acérés. D’un geste vif,elle s’accroupit et leva ses bras au ciel,pour que ses parents se percutent. Elle prit une impulsion et se jeta en avant,ouvrant les battants de la porte d’un puissant coup d’épaule. Elle se précipita dans l’allée,et sa mère lui lança une hachette.
Vertu la rattrapa au vol,en continuant d’avancer,surprise d’être autorisée à porter une arme.

Vu la vitesse où j'avance, je pense que je vais devoir arrêter de poster des chapitres au bout d'un moment. Bon ok, ceux du début sont un peu court, mais le personnage principal n'est pas encore arrivé sur son beau cheval blanc.

Troisième Entaille
Terreur

La jeune démone descendait la colline,et avait changé sa hachette en dague fine à double tranchant,histoire de faire une surprise au poissonnier,sa victime préférée.
à son arrivée,elle voyait les villageois qui couraient un peu partout en hurlant,cherchant un refuge. Certains étaient déjà en train de fermer leurs volets,d’autres barricadaient leurs portes. Vertu sentit son ego vaciller quand elle comprit que l’arrivée de cet inconnu était plus terrifiante que ses passages à tabac quotidiens. Elle arriva devant l’échoppe du poissonnier qui avait déjà remballé sa marchandise et s’était enfermé chez lui. Elle crocheta la serrure de la porte de sa dague,mais après avoir enclenché comprit que la porte était barricadée de l’intérieur. Elle passa alors le doigt sur le plat de la lame,et sa petite arme se changea en épée. En trois coups,elle eut raison de la porte du marchand et des quelques planches qui la retenait. Elle entra dans la maisonnette,qui sentait un peu trop la marée,et vit le démon entouré de ses enfants dans un coin de la pièce. « Oh non,pas elle! » s’exclama le poissonnier en la voyant arriver l’épée à la main. Elle s’arrêta net devant lui et planta la pointe de son épée dans le pavillon de son oreille. « Mais enfin qu’est ce qui se passe ici? » hurla-t-elle au marchand comme s’il s’était trouvé à l’autre bout de la rue. L’homme déglutit et lui dit:
-Connais tu le dicton « Sept jours Sept ports »? 
-J’ai jamais compris ce que ça voulait dire... 
-Tous les mille ans,le passeur du Styx a le droit a sept jours de vacances...
-C’est drôlement court » coupa-t-elle.
Il reprit:
-Pendant ces sept jours,Charon visite les ports du Styx,et quand je dis visiter,j’entends piller et massacrer. 
-Et aujourd’hui c’est notre tour c’est ça? » elle sourit et lécha son croc droit. C’était une habitude chez elle à l’approche d’un moment excitant.
-Tu n’as pas conscience de... 
Une explosion coupa court à la conversation. Les enfants du poissonnier sanglotèrent,on entendait un feu crépiter. « ils sont là,rentre chez toi! » le démon tremblait comme une feuille. Vertu retira son épée de son oreille et entailla l’épaule de sa fille,avant de sortir de la maison.
Elle entendit des cris et des rires inquiétants au bout de la rue,là où se dressaient désormais de gigantesques flammes. N’écoutant que son courage,elle se mit en posture de combat et entreprit de reculer jusqu’au manoir.
Charon était en ville. Un des membres de son équipage venait de cracher des flammes chez l’ébéniste,pour faire « flamber les prix ». Quant à lui,il était dans la chaumière juste en face,très occupé à envoyer des lances d’aura noire sur des villageois sans défense. Il venait de briser les chevilles d’une fillette à l’aide de sa masse,et lui avait finalement transpercé le crâne avec la pointe parce qu’elle criait trop. Le reste de ses compagnons s’était déjà affairé à manger les vivres des villageois,et parfois même,les villageois. On ne se lassait jamais de faire des courses d’unijambistes avec des enfants,mais seulement après leur avoir fait manger leurs membres fraîchement arrachés. Au bout de la rue,le Passeur aperçut la poissonnerie,et se sentit insulté de voir qu’un simple marchand n’avait même pas pris la peine de fermer sa porte.
Il entra et vit un démon grassouillet et court sur pattes qui tenait un couteau ridicule,et qui se tenait devant son fils et sa fille. Le colosse ne voulait pas s’attarder dans cette maison qui agressait son nez,et souleva le démon par son tablier:
-Pourquoi ta porte était elle ouverte?
-Vous êtes bien rapide,je ne m’attendais pas à vous voir si tôt!
Charon fronça les sourcils et frappa avec le manche de sa masse.
Le poissonnier se retrouva coincé entre la barre d’acier noir et le mur de sa maison. L’abdomen écrasé,sa position était assez mauvaise. Il repensa à son outil de travail qu’il tenait et donna un violent coup horizontal de façon à trancher les deux yeux du barbu. Cependant le passeur recula sa tête de façon à éviter le coup,et la rabattit violemment sur l’homme. Un bruit de craquement,il était mort. Les enfants avaient vu leur père mourir devant eux,la fillette tenait encore son épaule ensanglantée. Sous le choc,le jeune garçon émit un gémissement,sa soeur se taisait et fixait à présent le vieillard qui se tenait devant elle. Le cadavre tomba au sol,et Charon décocha un violent coup de pied au gamin,qui tomba en avant en se tenant les côtes. Il s'accroupit et demanda à la fillette d'où lui venait cette blessure. L'enfant agrippa sa barbe et tira de toutes ses forces,mais elle fut saisie par le col et soulevée. Elle ne se débattait pas,et continuait à dévisager le colosse. "J'admire ton cran,petite.",déclara-t-il en reposant la fillette sur le sol. Il prit quelques poissons sur la table et repartit en épargnant la gamine.
Vertu était maintenant au manoir,elle s'était embusquée comme toute sa famille dans chaque recoin du manoir,armée et prête à combattre. Les cris, les bruits se rapprochaient et une goutte de sueur perlait sur la tempe de son cousin. Une partie d'elle tenait à faire une remarque désobligeante,mais elle se ravisa quand elle constata qu'elle était parcourue de tremblements.
Elle avait peur. Elle connaissait cette sensation,mais pas par expérience,elle était habituée à la susciter. Comprendre cela l'enrageait,aussi elle s'empressa de changer son épée en double épée géante, son arme de prédilection. Elle sortit du placard où elle se terrait en serrant les dents,sous les yeux terrifiés et de sa tante et l'incompréhension totale de sa mère. Elle tenait son arme à deux mains,en diagonale juste devant elle,position qui lui permettait de prévenir un éventuel coup,ou de charger. Elle se trouvait à cinq mètres de la porte, et son père posait une rune sur sa hache double,rune trop puissante pour que Vertu l'eusse connue.
Et la porte vola.
Vertu vit en effet les battants se rapprocher dangereusement,la projeter contre le mur derrière elle avant de se briser. Elle vit dans l'encadrement un homme chevelu et plutôt costaud,avec un énorme marteau posé sur l'épaule. Ses parents sortirent de leurs cachettes,ainsi que le reste des Fortitudo. Quatre démons surgirent sur les côtés du Passeur, et des flammes jaillirent dans toute la maisonnée,accompagnées de bruits de métaux qui se percutaient,la bataille avait commencé,la jeune démone tombait inconsciente. Il n'en fallait pas plus qu'une porte de pierre pour assommer cette gamine.
Elle se réveilla une heure plus tard,juste au moment où elle pouvait voir son père tomber juste devant elle. Des cadavres et des armes jonchaient le sol de part et d'autres du manoir,qui brûlait dans sa totalité,les murs qui n'étaient couverts de flammes étaient couverts de sang. Devant elle se tenait Charon,légèrement entaillé sur la tempe droite,et derrière le passeur un des démons,qui repartait en claudiquant. Elle jeta son arme à la face du colosse,qui s'inclina légèrement sur le côté pour évier le coup. Pendant ce temps Vertu s'était emparée de la hache de son père tombée à côté du cadavre,et porta un violent coup remontant en diagonale de son abdomen jusque sa poitrine. Surpris, le démon s'empara de son bras armé et la souleva,car c'était une habitude chez lui,soulever les gens,puis entreprit avec succès de lui briser l'avant-bras de ses mains puissantes. Elle hurlait,et lui souriait. L'arme tomba sur le sol.
Il abusa d'elle,puis repartit,la laissant dans les flammes du manoir.
Des larmes coulaient le long de ses joues,des débris fumants tombaient sur les restes des siens,elle était seule.

C-C'est... C'est ton truc sur Bastardo, non ? o_o

Ah ben merci de pourrir mon suspens!
Ouaip, c'est l'histoire originale. Mais là où je bloque, c'est que je sais ce que je vais mettre plus loin, mais pas dans le futur proche^^
Quand il aura l'âge, je mettrai la jolie image qui m'a inspiré si ça tente quelqu'un.

De rien. Bof, on connait que le nom, hein.
Sinon, Bastardo c'est un*SPAFF TA GUEULE.*

Et encore, t'es loin de tout savoir de lui.^^"
On va dire que sa version RP a épargné bien des "détails de voyage".

Bon, voilà, je crois qu'avec cette autre Entaille vous comprendrez vraiment ce que j'entends pas "écriture défouloir". Vous n'aurez plus envie de coucher avec un Démon mesdemoiselles.

Quatrième Entaille
Grossesse

Les flammes s'étaient éteintes,et Vertu n'avait pas bougé. Elle était restée à genoux,les mains croisées sur les jambes,les vêtements en lambeaux. Elle maudissait son impuissance,sa solitude,et elle maudissait Charon. Cela faisait trois jours qu'elle s'était tenue immobile dans ce manoir calciné,et elle décida enfin de se lever. Elle voulait aller se coucher,et se réveiller en espérant que cela n'était qu'un cauchemar. Mais ce n'en était pas un,alors ne pas se réveiller était une solution. Elle montait péniblement ce qu'il restait des escaliers et parvint à l'étage. Il était aussi ravagé que le rez-de-chaussée,et elle avançait vers sa chambre en sautant par dessus les trous qui parsemaient le sol du couloir.
Son lit était une des rares choses que l'incendie avait épargné,bien qu'elle eut préféré l'incendie à sa rencontre avec le passeur. Elle se coucha et décida de ne plus jamais sortir.
Une année passa.
Elle fut un jour tirée de son sommeil par une douleur abdominale si douloureuse qu'elle gesticula en gémissant. Elle se tenait le ventre d'une main en se roulant sur le flanc,son autre main occupée à tambouriner sur l'armature du lit pour manifester sa souffrance. Elle se pétrifia soudain,la douleur avait disparu. Elle se mit à vomir sur son oreiller,et le mal reprit de plus belle. Des douleurs musculaires vinrent par saccades à divers endroits de son corps,chaque inspiration donnait l'impression qu'elle avalait des clous. Son coeur battait vite à mesure que la souffrance s'intensifiait,si bien qu'elle remuait à chaque battement. Les années passaient. La fatigue lui permettait de s'endormir malgré la douleur,mais après quelques minutes de sommeil elle se voyait toujours réveillée par d'intenses convulsions. Son lit couvert d'écume,de vomi et d'urine,était également trempé de sueur,les couvertures avaient été déchirées et envoyées à l'autre bout de la pièce. Ses yeux vitreux n'avaient plus le même éclat,son sourire condescendant avait laissé place à un affreux rictus d'épuisement et d'agonie. Au fil des ans son ventre s'était arrondi,mais elle n'y prêtait pas attention tant la souffrance englobait tout son être. Une humaine,même robuste,n'aurait pas tenu le premier mois. Telle était la conséquence de porter l'enfant d'un des Trois Grands Démons. Qu'on l'ait voulu ou non,des années horribles de grossesse attendait la mère.
Quinze longues années s'étaient écoulées. Pour Vertu,il semblait avoir défilé des siècles. Les maux avaient disparu aussi vite qu'ils étaient apparus,elle se redressa avant de retomber par terre sur le dos;puis elle s'endormit pour vingt-quatre heure de repos. Passé ce délai,une douleur au ventre reprit. Elle était totalement insignifiante comparée à tout ce que Vertu  avait enduré ces dernières années,alors celle-ci comprit:il était temps.

Cinquième Entaille
L'Enfant

Elle accoucha non sans efforts,mais avec le bien-être du sentiment que son calvaire était enfin terminé. Les détails peu ragoûtants du miracle de la vie peuvent être passés sous silence,après quatre heures de travail l'enfant s'extirpait tant bien que mal de son placenta. Il fit un trou dans la poche par instinct de survie,afin de permettre à ses poumons de se déplier. Vertu se redressa et considéra son enfant. Il la fixait,et ne pleurait pas.
Il avait les yeux bleus clairs de sa mère,pétillants de vie comme elle dans sa jeunesse, mais sur un fond couleur ténèbres. De petits cheveux d'un bleu plus foncé poussaient déjà en haut de son crâne,et sa peau était noire comme le charbon. Il n'avait pas de lèvres,aussi sa dentition uniquement constituée de crocs était déjà apparente. Sa peau était à la fois dure et souple,et des côtes exo squelettiques ornaient son ventre. Le côté gauche de son visage portait des rais azurs qui partaient de son nez quasiment inexistant au contour de son visage. Son menton était pointu,son corps déjà robuste,et de dangereuses pointes ornaient ses épaules. Elle regarda,son fils était asexué. Il était vivant,il était de sang impur,et il était puissant.
Le nourrisson regardait sa mère dans les yeux,muet comme une tombe. Il voyait cette femme usée,avec cet hideux sourire et ce vomi séché qui était restait collé dans ses cheveux. La jeune mère enroula son bras gauche autour de l'enfant,car le droit eut été quelque peu déformé par la poigne de Charon en l'absence de soins. Le bébé continuait de la regarder silencieusement,et Vertu comprit qu'elle aimait cet enfant relativement laid. Elle avait souffert pour lui donner la vie,elle ne le regrettait pas.
L'enfant se mit à rire.
Son rire inquiétant avait emplit la salle vide d'une ambiance sinistre,et plus il riait,plus une aura meurtrière se dégageait de son petit corps de nouveau-né. Vertu prit peur,voyant à quel point l'enfant pouffait,méprisant totalement ce qu'elle avait enduré pour le mettre au monde. Elle se leva,décidée à le voir grandir.
Trois années étaient passées. Durant ce temps elle avait appris à son fils comment marcher et manger, bien que si les démons connaissaient la faim, ils ne pouvaient en mourir. Même si elle aimait se battre,on avait habitude d'entamer l'entraînement au combat à cinq ans dans la famille,il était encore trop tôt. Elle estimait qu'il n'avait pas besoin d'apprendre les arts, ces facéties ne lui avaient jamais sauvé la vie. Ils vivaient coupés du monde,lui s'amusant  à tuer toutes les bestioles qui avaient le malheur de s'aventurer dans le jardin,elle regardant sans se lasser le petit défendre son territoire en rugissant et en arrachant les pattes des lapins à corne. Elle avait aménagé un petit potager dans un coin pour subsister,car son fils ne souhaitait pas partager le gibier qu'il chassait constamment.
Vint le moment où elle lui apprit à se battre. Elle commença premièrement par lui enseigner l'armorphose,héritage des Fortitudo,en perfectionnant son propre niveau en la matière grâce a un vieux livre à demi brûlé que son oncle avait écrit. Elle estimait que la magie des runes ne serait pas intéressante pour celui qu'elle appelait "mon fils","petit sauvage" ou encore "abruti" quand il n'écoutait pas ces leçons importantes à la survie aux Enfers. Au fil des jours,le gamin se battait mieux,maîtrisait la magie noire à des degrés surprenants qui rappelaient à Vertu qu'il était le fils d'un démon très puissant. A ses dix-sept ans,elle estima qu'il était temps pour lui d'avoir une arme liée,du type qu'elle aurait du recevoir le lendemain du passage de Charon en ville.
Les armes liées des Fortitudo étaient connues de tout Inferno:ces armes étaient en effet à la fois forgées par un artisan et runées par un membre de la famille lors de la conception. Leur spécificité étant qu’elles agissaient avec la conscience du manieur,de telle sorte que l’on pouvait pratiquer sur elles l’armorphose par la seule pensée. De plus les armes liées revenaient à leur manieur par convocation dès qu’ils le désiraient,et avaient dans la main du guerrier le poids d’une cuillère à soupe. Entre autre,seule la personne liée à l’arme avait le pouvoir de la manier au combat.

Je crois que je vais marquer un petit temps d'arrêt à partir de là, histoire de prendre un peu d'avance. Bon, j'ai encore un petit paquet d'Entailles après celles-ci, mais vu ma cadence d'écriture, si je continue je vais vous planter dans le feu de l'action.

J'ai pas avancé énormément, mais bon... Voici la suite !
Il y a eu des chapitres plus glorieux que celui-là, je dois l'avouer...

Sixième Entaille
Broken Moon

Un matin Vertu descendait la colline du manoir,chemin qu’elle n’avait plus emprunté depuis trente-deux ans. Le pas de course insouciant de sa jeunesse avait été remplacé par sa démarche ample de jeune femme,sa longue tresse d’antan avait laissé place à de fins cheveux devenus noirs au fil du temps qui tombaient sur ses épaules et finissaient pour la plupart en bas de son dos. Elle avait laissé son fils chez elle car elle avait à faire. Elle portait une longue cape noire qui dissimulait son bras difforme et un capuchon couvrait son visage. Elle tenait dans la main gauche un parchemin sur lequel elle avait griffonné d’étranges symboles,et se rendait chez le forgeron du port.
Elle ne reconnaissait plus les villageois,ni les rues d'ailleurs. Le port avait été entièrement rénové,si bien qu'elle ne savait plus où elle était. Elle finit tout de même par retrouver la forge,où un jeune démon à la peau rougeâtre et de courts cheveux bruns battait le fer avec entrain. Le morceau de matière incandescent semblait destiné à devenir un outil de jardin,et des étincelles volaient à chaque impact,ce qui n'était impressionnant que pour un jeune démon qui apprenait les bases du maniement du feu.
Puis sans la regarder,le forgeron dit:
-J'peux vous aider?
-J'ai besoin d'un forgeron expérimenté.
-C'est pour quoi?
-Une arme liée,je suis de la famille Fortitudo.
Aussitôt le démon arrêta sa besogne. Il regardait Vertu avec de grands yeux de merlan. "Fortitudo?Ceux du manoir abandonnée là-haut?",la femme acquiesça d'un air grave,et il se retourna vers le fond de la forge. On entendait une discussion,le garçon semblait paniqué. Il s'en revint,accompagné d'un vieillard à la peau mauve et aux cheveux blancs. A la vue de la cliente,l'ancien fut pris d'un sursaut:
-Par l'enclume d'Héphaïstos!Vertu?C'est bien toi?
-Heur!" s'exclama-t-elle après un silence.
-Vous vous connaissez? demanda l'apprenti.
Une jeune femme à la chevelure blonde s'était arrêtait au coin de l'entrée après avoir entendu le nom de Vertu,et suivait la conversation avec intérêt.
-Tob,va livrer cet aiguisoir chez le charcutier s’il te plaît...
Comprenant qu’il était de trop,le jeune homme prit l’objet avec soin et sortit,passant devant la jeune femme sans s’en soucier.
-Tu viens forger une arme liée?Je croyais qu’il était impossible de se la forger soi-même?
-Ce n’est pas pour moi,Heur...
-Hein?T’es pas seule là haut?Mais enfin ça va faire trente-deux ans que vous n’avez pas donné signe de vie!
-Peu importe,on s’y met?
Elle déroula son parchemin,et l’ancêtre se dirigea vers un placard. Il en sortit un bloc d’acier blanc,et s’expliqua:
-Ce minerai est une d’une rareté sans égal,il est indestructible et ne peut être forgé qu’à une température quasiment insupportable pour un démon. Même l’acide ne saurait défaire cette arme. On raconte que c’est dans ce matériau qu’Athéna fit forger son bouclier.
-Je me contrefiche des légendes à propos de bouts de métal,tu sais...
-Et toi tu sais que j’adore me vanter. Allez,au boulot!
Il plongea le bloc dans un récipient de lave,et y ajouta de la chaleur à l’aide de flammes qui jaillirent de son index. Vertu quant à elle s’efforçait de graver les runes de son parchemin à l’aide d’une tige de métal et d’un gant ignifuge.
La jeune femme à la porte commença à cheminer vers le manoir,avec une dague dissimulée contre son avant-bras.
Enma était une démone qui avait perdu son père pendant le massacre de Charon. Son frère cadet,gravement blessé,était mort quelques jours plus tard et elle avait donc été livrée à elle-même. Ses traits portaient encore en ce jour l’usure et le labeur d’une femme qui a vécu sans famille. Son voisinage avait suffit à lui laisser un cadre stable,et elle nourrissait comme beaucoup une rancœur envers Vertu Fortitudo qui terrorisait quotidiennement le village pour son bon plaisir. Aujourd’hui,elle savait qu’elle était en vie,aussi comptait elle l’assassiner par surprise dans le manoir,en se faisant passer auprès des autres habitants pour une simple invitée. Sa tenue de tissu brun montrait qu’elle venait du village,elle n’éveillerait aucun soupçon. Elle arriva devant la masure à demi détruite,et examina ces ruines. Elle ne comprenait pas pourquoi les locataires ne l’avaient pas retapé depuis le temps,et pourquoi quelqu’un de sensé resterait dans ce manoir aux allures de mausolée. Elle déglutit et franchit le pas de la porte qui se trouvait,elle,en morceaux à l’autre bout de la pièce.
Le fils de Vertu avait vu la femme s’approcher de son territoire. Il s’était donc perché sur une poutre au dessus de l’encadrement,attendant que sa proie ne se jette dans la gueule du loup. Elle considérait la pièce,avec nombre d’armes et de squelettes sur le sol,et se demandait vraiment qui pouvait vivre dans un endroit pareil. une goutte de sueur perlait sa tempe droite,et son dos commençait lui aussi à suer. Soudain,ayant perçu un bruit au dessus d’elle,elle se retourna et regarda. Il n’y avait là qu’une poutre,elle avait sûrement craqué. Elle souffla,et respira lentement afin de retrouver son sang-froid. Mais une chose humide et moite s’enroulait autour de son coup,et la panique la paralysa. La chose se mettait à l’étrangler,aussi elle l’examina,et son regard descendit jusque ses pieds. Semblable à un tentacule rose foncé,la langue du jeune démon,qui était allongé sous elle et avait placé la tête entre ses pieds,la serrait de plus belle,accompagnée d’un rire glacial. Son sang se figea lorsqu’elle tenta de trancher la langue du monstre de sa dague. Car ce mouvement désespéré lui rappelait le dernier mouvement de son père le poissonnier,qui avait tenté de poignarder le Passeur avant de se faire briser le crâne. La créature lui saisit le poignet,arrêtant net son geste à quelques millimètres de sa langue. L’enfant bascula son bassin afin que ses jambes puissent atteindre les aisselles de la jeune femme,et quand ce fût fait,il plaqua ses mollets sur l’avant des épaules d’Enma afin de la faire basculer en arrière. Quand ce fut fait,il se retrouvait accroupi au-dessus d’elle tenant encore son poignet,et se léchait le croc droit. Les yeux de la démone s’agrandirent à la vue de cette manie,et elle murmura: « Son enfant... ». Le démon noir renforça sa prise et brisa le poignet de la demoiselle,avant de lui écraser la tête au sol à l’aide de sa paume droite.
Deux heures passèrent,Vertu et Heur avaient terminé l’arme. Ils l’avaient refroidie avec un seau d’eau du Styx,et enrobée dans un énorme rouleau d’étoffe. Elle repartait après avoir remercié le vieux forgeron,qui en fut diablement surpris,et s’en retournait chez elle avec la grande arme sanglée sur son dos.
-Elle a beaucoup changé,soupira le vieillard.
-Qui était-ce? demandait Tob qui revenait de sa commission.
-Disons...un démon du passé! répliqua-t-il en souriant. Il réprimanda ensuite Tob pour le temps qu’il avait mis à livrer un si petit objet,et lui soumit des corvées supplémentaires et peu agréables. L'apprenti se dit alors qu'il serait temps de rompre avec la femme du charcutier.
Le démon en question était quant à elle horrifiée devant le spectacle qui se dressait face à elle. Au dessus d’une marre de sang,son fils tenait le cadavre d’une démone par la gorge. Le corps ruisselait de sang,les vêtements en lambeaux couvraient encore assez pour permettre à la défunte un peu de pudeur. Vertu tressaillit en voyant la cicatrice que portait la jeune femme sur l’épaule gauche. « Enma! » susurra-t-elle,avant de lancer à son fils:
-Mais enfin qu’est ce qui t’as pris crétin?Tu l’as tuée!
-C’est une proie. Sur mon territoire,comme les bêtes du jardin.
Vertu était horrifiée.
-Il ne faut pas tuer les gens, imbécile! En tout cas pas les démons! Ils sont des nôtres!
-Les...nôtres?
-Peu importe maintenant... Voici ton arme liée,dit-elle froidement en lui lançant le rouleau. Son visage affichait tout à coup un calme stupéfiant.
Le démon déroulait l’étoffe,révélant ainsi une arme magnifique. Faite entièrement d’acier blanc,la double épée possédait une garde rectangulaire autour du manche,qui était décorée par de petites branches sortant de chaque coin et formait un parallèle aux côtés. D’immenses lames courbées à double tranchants partaient de cette garde majestueuse,de sorte que les pointes soient exactement opposées dans une asymétrie parfaite. Il s’empara de l’arme et un halo bleu et blanc l’entoura.
-Cette arme t’es liée,elle a toutes les propriétés que je t’ai expliquées hier,continua-t-elle sur le même ton glacial.
-Je vois...
Il contempla son arme avec satisfaction,puis la fit disparaître et réapparaître de sa seule volonté dans une petite lumière blanche.
-Ton épée se nomme Broken Moon,et tu te fera désormais appeler Bastardo.

Septième Entaille
Départ

Un silence s'était violemment abattu. Vertu était en face de son fils,et le regardait d'un air grave. Lui la regardait avec son air bestial habituel,l'arme à la main. La démone leva son index devant elle,et fit mouvoir sa main devant elle, le doigt en avant comme si elle traçait quelque chose dans le vent. Elle marqua ensuite un temps d'arrêt,puis ouvrit grand la main. A ce moment,Bastardo sentit un choc sur son torse. Une étrange rune avait pris place,après avoir émit une faible lumière verte.
-C'est une rune d'anti-magie,expliqua la mère. Elle te protégera de tout sort,et toute création née de magie. En contrepartie,tu ne pourras plus jamais utiliser celle-ci. Prends ça comme un cadeau d'adieu.
-Tu parles d'un cadeau... Peuh!C'est mon tour,maintenant.
Il se précipita sur la femme,et la serra dans ses bras.
Vertu sentit la chaleur de l'accolade,puis regarda son fils dans les yeux. Elle y vit enfin un peu de chaleur. Le visage de son fils s'approchait du sien lentement,quand elle entendit ce murmure:"Adieu...".A ce moment décisif,le démon ouvrit la bouche et planta ses crocs dans la gorge de sa mère. Elle fut surprise,mais cela ne dura guère. En effet Bastardo avait déjà arraché les tissus composant son cou,et quand il eut avalé le morceau de chair qu'il avait extirpé,Vertu était déjà sur l'Île des Damnés à attendre que Charon l'emmène au palais d'Hadès. Mais à l'instant où elle vit le bateau arriver,elle comprit qu'elle allait revoir l'homme qu'elle avait le plus détesté,qui avait détruit sa vie. Aussi décida-t-elle de se jeter dans les eaux sans fond du Styx,pour y souffrir de noyade pour l'éternité.
Ainsi s'achevait la triste destinée de Vertu Fortitudo.
Pendant ce temps son enfant achevait de dévorer sa gorge,et lorsqu'il se releva,ses mâchoires et son menton étaient maculés de sang. Il s'essuya négligemment à l'aide de son avant-bras et constata une chose:il était plus palpitant de tuer des humanoïdes que de simples animaux,et pour cause,la panique,la crainte,le désespoir et la souffrance étaient bien plus facile à lire sur leurs visages. Il s'aperçut soudain que la solitude se sentait déjà,et qu'il n'avait plus rien à faire en ces lieux. Il monta les vieux escaliers,dont il avait l'habitude,et se rendait dans la grande chambre. Au fond se dressait une grande armoire de pierre qui ne portait que quelques brûlures superficielles de l'incendie. Le démon l'ouvrit en grand et chercha des vêtements plus amples:ceux qu'il portait étaient trop petits et ensanglantés. Il trouva alors un trésor de famille,mais il ne pouvait le savoir. Il avait trouvé un grand manteau sans manches,orné au col,aux épaules et à l'extrémité basse du vêtement de bandes de tissu blanches qui terminaient en pointes et qui,pour la plupart,s'agitaient lentement comme des flammes. Bastardo l'enfila,mais troua les épaules en les traversant de ses pointes. Ce n'était qu'un détail sans importance. Il trouva ensuite un pantalon bouffant noir orné de losanges blancs sur les jambes,et qui s'attachait à l'aide d'un grand ruban de soie blanche également. Il trouva également des chaussettes noires à sa taille et des sandales de paille. Il avait fait disparaître Broken Moon,et estimait qu'emporter des vivres serait plus encombrant qu'utile:il savait chasser,il était même un prédateur dangereux. Il franchit les portes du manoir,pour la première et dernière fois. Sous ses yeux s'étendait en bas de la colline une sympathique bourgade portuaire,plus loin,le fleuve connu sous le nom de Styx,et à l'horizon se dressait un gigantesque brasier,les flammes qui délimitaient les Cercles.
Il descendait la colline du manoir,avec l'intention de se repaître avant son errance.
Il parcourait les rues avec nonchalance,les passants défilant lui jetaient des regards interloqués mais continuaient sans s'arrêter. Quant à lui,il observait la ville,cherchant le lieu propice pour provoquer une catastrophe et commencer le massacre. Il arriva par hasard dans une rue où les maisons étaient toutes étroites et serrées,comme dans tant d'autres villes portuaires. C'était l'endroit rêvé,il suffisait de traverser les murs pour passer de maison en maison,et cela limiterait les fuyards. Il passa la porte de la première maison,et fit apparaître Broken Moon. Un jeune couple était attablé,et ils avaient été interrompus dans leur repas par l'irruption du démon noir. Ils le regardaient,personne ne bougeait. L'homme qui était à gauche de la table tenait fermement ses couverts,il voulait visiblement s'en servir d'armes improvisées. A droite sa compagne tremblait comme une feuille en ressentant l'aura meurtrière qui avait empli la pièce dès l'arrivée de l'étrange individu.
Le silence fut interrompu par un petit rire de Bastardo,qui passait sa langue sur l'un de ses crocs droits. Le jeune démon se leva brusquement,le colosse noir bondit vers lui le poing gauche en avant. Il avait croisé ses petits couverts afin de parer le coup,mais il n'avait pas mesuré la puissance de son assaillant et avait déjà basculé en arrière. A genoux sur sa victime,Bastardo contemplait la gorge de sa proie que la panique commençait à envahir. Mais il entendit soudainement une grande inspiration,et lança son épée dans la tête de la demoiselle avant qu'elle ne crie. Le cadavre tombait en arrière et l'épée avait de nouveau disparu. Elle réapparu dans la main du monstre,le fil de la lame était sous la gorge du démon,qui avait les yeux ronds et ne se détachait pas du cadavre de sa conjointe."C'est un peu trop rapide de les traumatiser à ce point,il est déjà paralysé,c'est pas drôle...",telles étaient les pensées du jeune fils de Vertu lorsqu'il ramassait la tête qu'il venait de trancher. Il la posa sur la table et démolit le mur pour passer à la maison suivante. Et ainsi de suite,il tuait toutes les familles qu'il visitait,jusqu'à ce que le dernier mur qu'il eut détruit ne donna sur la rue. Il la traversa d'un bond et continua,de maison en maison,jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun survivant,et ce car cela l'amusait. Le soir venu,la ville n'avait plus aucun habitant,et certaines maisons étaient en proie aux flammes. Bastardo était arrivé sur le quai,au bord du fleuve.
Son chemin était interrompu par ce cours d'eau infranchissable et sans fond. Il s'assit et y trempa les pieds,car il savait que cette eau lui serait utile. Il échafauda alors un plan d'une extrême simplicité. Mais pour mener à bien ce plan,il aurait besoin de la totalité de son pouvoir. Son objectif était le suivant:
Il allait détourner une grande partie du fleuve,à l'instar d'Héraclès,afin d'inonder Inferno. Ce faisant,les démons poussés par l'instinct de survie deviendraient tous plus puissants les uns que les autres. Tous les habitants,hommes,femmes,enfants,devront développer un mental et un physique hors du commun afin d'assurer leur longévité. En effet,un pays inondé par une eau impraticable,se retrouve livré à lui même et seuls les plus forts survivent. Pour Bastardo,ce rêve représentait le meilleur moyen de pouvoir affronter des ennemis toujours plus puissants,ce qui était pour lui un plaisir au delà de ceux que peuvent connaître un humain. Avec cette raison de vivre,Bastardo se releva et quitta la bourgade vers l'ouest,afin de visiter le pays qu'il allait bientôt détruire.

Bien, comme j'avance pas des masses, je vais continuer de publier non-stop jusqu'au chapitre où je suis actuellement.

Huitième Entaille
Voyage

Il marcha vers l'est,derrière le manoir. Au loin,on entendait des maisons qui s'écroulaient et un feu qui crépitait. Il passa trois jours totalement inintéressants où il ne faisait que cheminer à travers champs et se nourrir de petit gibier. Il s'ennuyait ferme,mais il savait aussi qu'au prochain hameau,il aurait le plaisir de détruire à nouveau des maisons et des vies,alors il pensait que le voyage valait le coup.
Le deuxième jour il avait traversé un bosquet étrange où les feuilles des arbres n'étaient que pures flammes. Il y avait croisé un ours noir bicéphale,qui devint après quelque baffes le meilleur dîner qu'eût connu le jeune démon durant son court trajet. Il s'était servi de tendons et de crocs pour se faire un collier en souvenir,bibelot aussi inutile que malodorant qui se détacha deux heures après.
Au terme du troisième jour il atteignait enfin le village et entamait une nouvelle destruction. Il n'avait pas utilisé la stratégie précédente,car les maisons n'étaient pas adjacentes et qu'il était tout aussi amusant de regarder les gens courir en hurlant lorsqu'il sortait d'une maison sur le point de s'écrouler avec du sang sur les dents et sur Broken Moon. Il faisait nuit noire lorsqu'il s'était assuré qu'il ne reste personne debout,et s'était rendu à la taverne pour achever quelques pochtrons trop arrosés pour fuir. Et c'est ici qu'il vit l'affiche de mise à prix.
Une image avec en son centre une chose verte et floue surplombait le descriptif,qui annonçait "500 pièces d'or à qui ramènera la tête de Holy Teresa. Sa tanière se situe au nord de la ville près de la plaine des Rochers Saillants. Holy Teresa est accusée d'avoir tué nombre de nos habitants en dévorant leurs entrailles alors qu'ils vivaient encore.". Bastardo se moquait totalement de la récompense,mais connaissait vaguement le marché et savait que ce prix ne révélerait qu'un adversaire très intéressant. Il plaça sa main devant lui afin de faire exploser le parchemin et le mur qui le soutenait,ayant temporairement oublié que ses pouvoirs avaient été scellés. Il grogna,arracha le papier et le froissa,puis  troua le mur d'un coup de pied.
Il marcha donc vers le nord d'un pas décidé,prêt à en découdre avec une créature inconnue et verdâtre. Mais au bout d'environ cinq cent mètres,Bastardo s'arrêta,car quelqu'un s'approchait de lui en récitant une comptine:
-J'ai un gros nez rouge... Deux traits sous les yeux... Un chapeau qui bouge... Un air malicieux...
-Ben ouais je vois ça... répondit le démon.
-Deux grandes savantes... Un grand pantalon...
L'étrange clown s'arrêta juste devant le colosse noir,et,retroussant ses lèvres en un étrange sourire,dévoila une rangée de crocs jaunes quasi semblables à celles de Bastardo. Puis l'étrange individu se gratta la tête et demanda au colosse:
-Et quand je me gratte?
-Casse toi!" répliquait le démon noir qui ne comprenait jamais rien aux comptines et qui de toute façon ne les connaissait pas.
Il fut surpris de voir que la main de l'étranger s'était approchée de son visage sans qu'il ne s'en aperçoive,et cela lui sauva la vie. D'énormes griffes jaillirent des doigts du bonhomme au nez rouge et manquèrent de se planter dans sa joue,du moins si elles étaient capables de percer la peau-armure.
"Il est rapide!" pensa Bastardo. Mais le clown avait déjà éclaté d'un rire de hyène,et répétait:"Et quand je me gratte?".
Le démon soupirait,il s'ennuyait déjà,puis Broken Moon apparut dans sa main. Il s'était placé à un mètre de l'étrange saltimbanque,qui avait sorti les griffes de sa deuxième main. Les deux combattants se regardaient,s'observaient avec un rictus qui eut jalousé le marquis de Sade,silencieux,et prêts à bondir. Soudain,le clown plaça ses poignets l'un contre l'autre,les doigts pointés vers l'avant."Et quand je me gratte... je tue tous ces cons!!".Sur ces derniers mots,les griffes du bouffon s'allongèrent,mais s'arrêtèrent sur le torse de Bastardo. Il avait dévoilé sa longue portée et sa botte secrète,pour un coup qu'il croyait final. La sueur perlait à présent sur sa tempe. Le démon s'était baissé et chargeait à quatre pattes en passant sous les griffes du clown. Il savait courir ainsi car il avait souvent observé le gibier qui le fuyait. D'un geste vif,il trancha les premières phalanges avec une incroyable précision,et la victime se mit à hurler. Le colosse se redressait,et rapprochait son visage de celui de son adversaire. Sa taille lui donnait une stature imposante,ainsi que sa respiration bestiale,sa rangée de crocs et son énorme double épée. Le clown était terrorisé,il se retrouvait sans défense face à un monstre assassin. Celui-ci se léchait le croc droite habituel,et libérait son aura destructrice,histoire de faire peur à son ennemi.
-Je... je suis Bozzy le Gusse,le clown psychopathe!On me recherche dans tout le pays pour avoir massacré tout mon public,pour avoir massacré des enfants seuls,je... ne peux pas perdre,je ne veux pas!
-Cool,moi c’est Bastardo,héritier de la famille des Fortitudo et unique survivant. J’ai détruit le troisième port du Styx,et le village là bas... » Il désigna du pouce les ruines croulantes à cinq cent mètres derrière.
Le bras armé du démon se dressait d’un côté du clown,et se rabaissait de l’autre. Les deux bras de l’adversaire tombèrent,mais il n’eut ressenti cela qu’après que le colosse lui ait coupé les deux jambes. Il ne tombait pas,une grande main noire le retenait par la tête. Broken Moon à la main droite,Bastardo regardait le sol:il avait gagné,c’était  déjà terminé.
-Et t’es quoi alors?Un chasseur de prime cinglé? » demandait l’homme au nez rouge,dont le chapeau tenait encore sur la tête.
-Hein?Non. D’ailleurs c’est toi qui m’a sauté dessus.
-Je te parle de ta technique de combat!Qui t’as entraîné?
-Je suis un Fortitudo,pauvre crétin!Et... je hais les comptines!
La main de Bastardo s’était refermée et avait brisé le crâne du clown. Bozzy le Gusse,clown recherché en Enfer. Les avis de recherche attiraient les adversaires puissants,si il avait pu être confondu avec un chasseur de prime. Il voulait faire mettre sa tête à prix durant son voyage,cela le rendrait plus palpitant. Il dévora la gorge de Bozzy,et continua son chemin en essuyant sa bouche ensanglantée. Il espérait trouver des combats plus intéressants,et que la créature qu’il s’en allait affronter était plus puissante que ce faible diseur de comptines.
A l'aube,il aperçut au loin une forêt de rochers pointus qui sortaient du sol comme s'ils avaient poussé. Son adversaire se terrait dans la plaine des Rochers Saillants,aussi Bastardo décida de faire un sieste au pied d'un arbre solitaire qu'il vit à sa gauche. Il s'assit contre le tronc et ferma les yeux. Les démons ne rêvant pas,son sommeil fut paisible.
Il se réveilla vers midi,et avait une petite migraine car il avait pioncé comme une masse. Il se releva et s'étira,avant de continuer sa route vers son objectif. Il atteignit la plaine des Rochers Saillants après quelques minutes de marche,Broken Moon en main. Il cherchait des yeux une chose verte et mouvante,mais un bon nombre de rochers lui bloquait la vue. Il s'échauffait donc en les brisant à coups de poings,histoire de se donner un genre. Après quelques dizaines de caillasses explosées,il aperçut une grotte,plutôt un terrier,creusé au pied du plus gros roc.
"Comme par hasard,quel cliché..." soupira le démon en s'avançant vers l'entrée. Il se rendit compte alors que l'entrée était parfaitement circulaire et sans défaut,aussi détectait-il une certaine habilité chez celui ou celle qui avait creusé ceci. Mais alors qu'il réfléchissait vainement à ce qu'était son futur adversaire,une forme verdâtre jaillit du trou et atterrit juste derrière lui. Son premier réflexe fut de donner un coup horizontal en se retournant,mais la créature avait déjà reculé d'un pas. Bastardo remarqua que son adversaire était très rapide. Face à lui se tenait une mante religieuse géante avec des faux d'acier dentelées en guise de pattes avant."J'en ai marre de tous ces gens qui vont plus vite que moi!" grogna le colosse en lançant son épée à sa droite,l'envoyant tourbillonner au loin. Il donna un coup de poing vers la tête du monstre,mais celui-ci l'arrêta avec le plat d'une faux avant de contrer de l'autre. Le coup frappa l'avant bras droit du démon,et failli égratigner l'armure. Après tout,cinq cent pièces d'or pour sa tête,ce n'était pas rien. La bestiole ne s'arrêta pas là,profitant de la surprise de Bastardo,elle attaqua encore en une rafale de coups à l'aide de ses deux faux,que le colosse peinait à éviter. Il devrait travailler sa vitesse s'il voulait survivre. Soudain il enroula sa langue autour des pattes avant de la bête,stoppant ainsi ses mouvements. La bête tenta alors d'arracher cette langue gênante avec ses petites mais nombreuses dents,comme elle l'avait fait avec les entrailles de tant de démons. C'est alors que Broken Moon revint,rapide et tourbillonnante,vers le long cou de la créature."L'issue était déjà déterminée!" rugit le démon victorieux alors qu'Holy Teresa voyait la lame blanche foncer vers elle. Mais soudain elle fit un bond en arrière quasiment improbable avec un corps si long,ce qui plaça Bastardo sur la trajectoire de sa propre épée. Il la fit disparaître à quelques millimètres de sa tempe,puis furieux,saisit les faux par le dos des lames. Il libéra sa terrifiante aura autant que le permettait sa rune,et brisa les faux de ses mains nues. Les pointes de lames dentelées qu'il tenait en ses mains furent très vite plantées dans les yeux globuleux et verts de la créature qui hurla de douleur,tandis que fou de rage,le colosse noir saisissait sa tête avant de la fracasser sur le sol. L'impact fut tellement violent qu'un petit cratère se forma au sol,et projeta la créature au bord de l'inconscience. Il envoya valdinguer le pauvre insecte en l'air,le poursuivit d'un bond et martela son corps mince d'une volée de coups de poings. La verte créature crachait du sang,mais Bastardo ne s'arrêta pas là. Lorsqu'il atterrit,elle s'écrasa ventre au sol. Il bondit dessus,la retourna et dévora sa gorge. C'était certes beaucoup moins bon que tout ce qu'il avait pu ingurgiter dans sa vie,mais c'était là sa signature,il se devait de la répéter non plus pour le style ou pour se nourrir mais pour être recherché grâce à son mode opératoire. Il lui fallait pour se faire connaître un survivant lors de son prochain passage dans un village.
Il continua vers l'est en courant comme un dératé,afin d'augmenter sa vitesse de course,c'était un début. Arrivé dans un canyon,il hurla afin de provoquer un éboulement dans le but de travailler ses réflexes. Il cheminait en créant sur sa route bon nombre d'épreuves qui lui serviraient d'entraînement,en chassant à chaque fois des créatures de plus en plus grosses et de plus en plus dangereuses,et il fit d'énormes progrès en un court laps de temps. Le lendemain matin,il arriva à la prochaine bourgade. Il réfrénait ses pulsions meurtrières afin de voir qui il devait épargner:il ne voulait pas prendre quelqu'un au hasard.
Il entra dans la taverne. La,une charmante serveuse aux cheveux d'or et aux yeux entièrement rouges et brillants l'aborda:
-Vous désirez?
-Une table s'il vous plaît.
-Pouvez vous cesser de fixer mon décolleté?" dit la serveuse,alors que Bastardo fixait sa gorge et non son arrogante poitrine.
-Euh...C'est fait pour ça non?
-Bref,suivez moi.
Elle l'entraîna vers une table dans un coin de la taverne,et il fut heureux de constater qu'il pouvait voir les avis de recherche. Il distingua dans ceux là Holy Teresa,à 500 pièces d'or et Bozzy le Gusse,300 pièces d'or. Il se demandait alors combien vaudrait sa tête,mais la demoiselle agacée lui demandait:
-Qu'est ce que je vous sers?
-Une bière s'il vous plaît.
A ce moment là il prit conscience qu'il n'avait pas un sou en poche,même s'il aurait pu toucher 800 unités en ramenant les têtes."Tant pis,se dit-il,j'épargne la fille et je détruis la taverne avant l'addition."
La donzelle revint avec la chope et il la but d'un trait. Soudain le bruit d'un effondrement résonna au dehors. Il s'y précipita pour voir ce qui se passait,et il vit au bout de la rue un démon colossal.
Semblable à un géant écorché,le monstre s'amusait à écraser les citoyens à coups de poings. Sa tête,en haut de son imposante et apparente musculature,n'était qu'un crâne blanc et rugissant.
"Cool,un gros tas de viande!" se dit Bastardo en "défouraillant" Broken Moon. Il courut vers le monstre en bousculant les fuyards,et se rendit compte que le géant était plus loin et plus grand que prévu. La bête s'aperçut que l'un des démons courrait dans le mauvais sens,et était armé. Elle ouvrit grand sa main et l'avança à ras du sol avec une extrême vitesse afin de balayer toute la rue. Lorsque le colosse releva son énorme paluche,il vit que le seul démon qu'il voulait toucher n'était pas à terre mais avait même disparu. Il entendit alors à sa gauche:"Dis donc tu te traînes!",et tournant la tête,il vit le démon noir perché sur son épaule. Celui-ci planta son épée blanche dans le muscle et fit un salto,entaillant la chair. La créature lança un coup de poing dans la trajectoire de son assaillant qui retombait au sol,mais il s'en servit pour courir le long de son bras en traînant son épée. Le monstre hurla et tenta de manger l'ennemi qui allait atteindre son épaule après avoir coupé le bras dans sa longueur. Ses mâchoires se refermèrent et il se redressa,mais entendit un rire à l'intérieur de sa bouche. Ses incisives sautèrent d'un coup de pied,et le démon s'élança au dehors,agrippant sa mâchoire supérieure afin de le faire basculer en avant. Malheureusement le gigantesque tas de muscles arrêta la chute en posant au sol sa main droite encore valide. Suspendu par les bras à une mâchoire édentée,le jeune Fortitudo devait choisir entre remonter dans la bouche de l'ennemi ou se laisser tomber d'environ trente mètres,ce qui ne posait aucun problème si tant est qu'un plaquage du géant était prévisible car impossible à éviter. Il dut malheureusement se résoudre à la deuxième issue,car le monstre se redressant plaqua sa main sur sa bouche pour avaler le démon noir. Il arrêta sa chute en plantant son arme dans le genou fléchi de la bête,et se tenait à présent debout sur sa cuisse. L'ignoble créature sauta en l'air,et montait vers le ciel droite comme un piquet. Surpris,Bastardo était suspendu à la poignée de Broken Moon,elle même encore enfoncée dans la carne de son titanesque adversaire. Un faux mouvement,un seul,et c'était la chute qui s'annonçait toujours plus difficile à mesure qu'ils prenaient de l'altitude. Il finit par lâcher prise de la main droite,et allait également la perdre de l'autre main quand vint le moment qu'il attendait,car il savait que tout ce qui monte doit redescendre. En effet la créature s'immobilisa en l'air l'espace d'une seconde,puis entama une chute vertigineuse,déjà positionnée pour l'atterrissage. A ce moment décisif,le démon se servit d'une impulsion aidée par la descente pour se hisser et ralentir sa chute. Arrivé au niveau de la tête du géant,il fit venir son arme dans sa main et la planta en plein milieu du front de la créature. Elle hurla et se débattait,tandis que le sol se rapprochait dangereusement. Arrivé à trente mètres d'altitude,Bastardo prit appui sur le front de l'adversaire et sauta,décrochant Broken Moon au passage. Il ne voulait pas être à proximité de l'impact violent de la créature sur le sol et quelques maisons. Il atterrit sur le toit de la taverne au moment où la créature tombait au sol,dégageant un nuage de fumée et un énorme fracas. Cette scène aurait pu lui donner du style s'il n'avait pas manqué de déraper sur une tuile. Il descendit de son perchoir,et la fumée se dissipa. Le géant se redressait  durement, car la plaie de sa cuisse s’aggravait, et semblait d'humeur a détruire le monde s’il en avait eu le pouvoir. La serveuse qui n'avait rien manqué du combat parce qu’elle était restée sur le pas de la porte,se mit à crier sur Bastardo:
-Vous êtes flippant!Vous tenez tête à ce monstre et vous l'avez écrasé au sol!
-T'aimes ça,flipper? dit le démon noir en tournant la tête vers elle.
Elle prit soudain peur,et il l'attrapa par la gorge pour la placer sur son dos,la retenant de son bras gauche. "Tu vas voir,on va se marrer!". Sur ces mots le jeune diable entama un sprint vers la bête en train de se relever,avec sur son dos la serveuse qui hurlait "NOOON PAS PAR LAA !". Il sauta et lança la jeune femme dans l'orbite gauche du monstre."Observe avec ses yeux!" expliqua  le démon amusé.
A peine avait-il atterri au sol qu'il bondissait à nouveau,cette fois en direction de l'abdomen de la créature titanesque. Il entreprit plusieurs coups puissants à l'aide de Broken Moon,vérifiant ainsi son hypothèse:il y avait des organes là dessous. La bestiole le surprit en le saisissant de sa main gauche ruisselante de sang,et resserrait son poing afin de lui briser les os. "Là,ça se présente mal!"observa le démon qui cherchait une faille dans la poigne de son adversaire. Il trouva le début de l'entaille sur son avant bras,et y enfonça sa langue extensible afin de la remuer dans la plaie. Sous l'effet de la douleur la créature relâcha sa poigne et Bastardo profita de cet instant de faiblesse pour forcer sa liberté. Enragé de s'être fait berner,Il fit revenir son épée d'acier blanc et exécuta le même procédé qu'auparavant,à savoir entailler là chair en remontant jusqu'à l'épaule. Par chance,son ennemi était un crétin qui faisait deux fois la même chose,et donc tentait à nouveau de le mordre. Arrivé au niveau du coude,le jeune démon profita de l'occasion pour bondir vers la tête de l'adversaire,et frappa d'un coup de paume le front fissuré de la bête. Le crâne se brisa dans un hurlement d'agonie,et le cadavre tomba à la renverse sur une grange et un enclos à cochons.
A peine le jeune fils de Vertu avait posé pied par terre que tous les villageois accouraient pour le remercier. Il avait rattrapé la jolie serveuse lorsque la tête fut détruite,et la reposa sur le sol. Une fois que les habitants l'encerclaient et chantaient ses louanges,il se mit à tous les tuer. Tous?Non!Il avait épargné la serveuse.

Ahem, j'ai zappé la semaine dernière, et ce samedi aussi... De toute façon j'y touche plus, à la fic.
Autre oubli, la tronche de Bastardo.

Neuvième Entaille
Recherché

Le jour où un géant était apparu, tous les habitants du petit village d’Achéran avaient été tués. L’énorme créature présente sur les lieux avait été terrassée, elle portait diverses traces de coups portés avec un objet très tranchant, et la tête avait visiblement été fracassée.
Bastardo était debout au milieu d’un monceau de cadavres, du sang maculait la lame blanche de son épée. Une jeune femme aux yeux écarlates se tenait à quelques mètres, son vêtement était lui aussi taché de rouge. Elle était tétanisée de peur, alors que le monstre qui avait tué ses amis et connaissances se rapprochait. Elle crut sa dernière heure arrivée, lorsque Broken Moon disparut tout à coup de la main du démon. Elle tomba à genoux et fondit en larmes. Dressé devant elle, le jeune Fortitudo ne prononça que ces mots:
-Dis-le.
-Dire quoi? Je ne comprends pas… »bredouilla-t-elle.
-Ce que j’ai fait. Clame le bien haut et fort. » Déclara Bastardo sur le ton de l’évidence.
-Vous…Vous avez tué ma famille, mes amis et tous ceux que j’ai connus…Vous êtes un monstre! »L’intonation de la femme remontait en flèche, la haine émanait de sa petite aura mineure.
-Hé, pas à moi! »fit le démon en souriant, « Fais courir le bruit, et précise bien le point commun des victimes. »
En effet, la demoiselle regarda les alentours et constata que tous avaient été dévorés à la gorge. Aveuglée par l’horreur, elle n’y avait pas prêté attention. Débordée de haine, elle se relevait. La folie devait la gagner, car elle riait à présent:
-Bien sûr, je dirais tout. Je n’omettrais aucun détail, et je ferais tout pour qu’on sache tout de toi.
-Hein? Fais comme tu veux, je ne demande qu’à affronter de puissants adversaires.
-Ta tête sera mise à prix, et je ferais tout pour la brandir moi-même au bout d’une pique! » La jeune femme semblait mélanger fureur et bonheur, elle voulait vaincre celui devant qui elle se tenait, et elle était consciente qu’elle n’en était actuellement pas capable.
-Tu veux me tuer hein? Cool… »;c’est ainsi que Bastardo adressait ses adieux à la démone aux cheveux blonds.
-Je suis Cassandre de la Guillotine, dès aujourd’hui je serai chasseuse de primes, je te traquerais où que tu sois! La prochaine fois qu’on se verra, tu ne m’échappera pas! »hurla la demoiselle au démon noir qui s’en allait. Celui-ci s’arrêta et lança sans prendre la peine de se retourner:
-Je suis Bastardo, celui qui détruira ce monde. Et à notre prochaine rencontre, tu mourras. » Le colosse n’avait  jamais eu de réplique clinquante, mais ses messages étaient toujours très précis, et ça lui suffisait amplement.
Il quittait le village, continuant vers l’oust, le regard plongé vers l’horizon. Au fil des jours qui suivaient, il détruisait tous les villages qu’il traversait ne laissant que désolation et décombres. Et comme d’habitude, il signait ses méfaits sur chacune de ses victimes. Vint le jour où il arrivait dans une taverne l’épée en main, tandis qu’un incendie débutait dans la ville au-dehors. Il débutait souvent par les débits de boisson car c’était là qu’on trouvait beaucoup de démons. Mais alors qu’il entrait, parmi les gens terrifiés se trouvait assis au comptoir un étrange vieillard à la barbe blanche et à la peau mauve, qui en voyant Bastardo s’exclama: « Vertu! ». Il s’agissait de Heur, le forgeron pyromancien qui avait participé à la création de Broken Moon. Il avait fui le village en voyant un colosse armé de son œuvre descendre la colline du manoir, anticipant le fait que comme Vertu il allait essayer un nouveau jouet. Il n’avait pu prévenir Tob, parti mettre fin à sa relation avec la femme du charcutier, qui était mort une heure plus tard écrasé sous un pan de mur. Le démon noir regardait le vieil homme, et avançait vers lui en tuant les gens à proximité sans détourner les yeux un instant.
-Toi, qui es tu? » Demandait le jeune Fortitudo.
-Je suis celui qui a créé ton engin de mort » répondait sèchement le vieux forgeron en désignant Broken Moon.
-Ah, merc… » Le démon avait baissé les yeux vers son arme un instant que l’ancêtre avait placé le tranchant d’une dague sous sa gorge, dague artisanale qu’Heur s ‘était faite et gardait toujours sur lui. Il y tenait et pour cause, le manche et la garde étaient d’or, et la lame provenait de son bloc d’acier blanc.
« Je suis retourné au manoir après ton départ, j’ai été surpris de voir que ta mère et toi ayez vécu au milieu des ossements. Surpris aussi que tu l’aie tuée, ainsi que cette pauvre Enma. ». Le vieil homme semblait déçu de la fin de Vertu, il s’était toujours imaginé cette jeune téméraire périr au combat face à l’un des Trois Grands Démons, et pas poignardée dans le dos par un membre de sa propre famille. Il demanda alors:
-Qui es tu? Son cousin? Son frère? »
-Tu as tout faux l’ancien, Vertu Fortitudo est ma mère. » fit Bastardo en souriant.
-Elle avait un enfant? » Heur était surpris, Vertu n’avait rien d’une démone prête à se laisser séduire, et personne ne s’était rendu au manoir depuis le massacre de Charon. Il risqua sa question:
-Dis moi jeune homme, si tu es vraiment celui que tu dis être, qui est ton père? ».
-Père? »Bastardo savait ce qu’était un père, mais n’ayant pas connu le sien, il pensait être un cas à part, et ne pas en avoir; sa mère n’avait jamais fait allusion à un autre géniteur.
-Tu n’en a pas hein? »
Le démon noir commençait à s’énerver: le village était sûrement désert maintenant, et il était face à un vieil homme qui en savait beaucoup sur son compte. Mais si il en savait beaucoup, il ne connaissait pas exactement tout de lui. Relevant Broken Moon, il avait son air aussi menaçant qu’agacé, et le vieil homme s’empressa de porter son coup à la gorge du monstre ,qui recula sous le choc. Une légère plaie s’était ouverte à l’endroit où un coup fatal avait été porté. Un liquide rouge et familier coulait, il était furieux. L’acier blanc était capable de le blesser. A peine relevait il les yeux qu’il voyait la paume usée du forgeron à proximité de son visage qui émettait une lueur orangée. Une boule de feu en jaillit, mais fut absorbée. Un revers de la main gauche, et le vieillard était propulsé, percutant beaucoup de tabourets de bar. Il se relevait, cherchant à comprendre. Face à lui, le démon s’étirait en se léchant la croc droite. Aussitôt Heur comprit: le démon portait une rune d’anti-magie parfaite.
-Je vois, un autre souvenir de ta défunte mère. »
-Ouais, on peut dire ça. »
-Tu n’as aucun regret? »
-C’est quoi ça? Regret? »
Le vieux forgeron ne voulait pas répondre: il était son adversaire, pas son professeur. Il courut, et, arrivé à mi-parcours, sauta sur le comptoir et se laissa glisser en positionnant sa dague au niveau du cou du démon. Mais un coup si simple et prévisible était un bonheur pour Bastardo, qui attrapa le poignet de son assaillant de la main gauche et rabattait Broken Moon sur son ventre. Le vieillard dévia l’attaque en frappant le plat de la lame à coup de pied, mais la pointe de l’arme entailla son visage au niveau de son œil droit. Le colosse noir lança son arme en l’air, qui vint se planter au plafond, démolit le visage de Heur à coups de poings, lequel perdait lentement connaissance à mesure que son sang coulait, et que sa plaie œil-arcade s’aggravait. La double-épée blanche disparaissait du plafond et revenait à la main de Bastardo, lequel plaça le tranchant sur la pomme d’Adam de l’ancien avant de dire: « Que cet objet que tu as créé de tes mains soit l’outil de ta débâcle en mes mains. » Il était fier d’avoir enfin trouvé une jolie réplique, et rabattait l’épée sur le vieux démon, scindant au passage le comptoir sur lequel il était perché. Il attrapa la tête, croqua la gorge comme une pomme et la jetait sur une table en déclarant: « Trop mûr! ». Il ressortait du bar après avoir mangé la clientèle, et constatait que la ville avait été désertée par tous: Il avait perdu de précieuses secondes avec Heur, et  les autres clients avaient alerté le village. Exténué et blessé, il entra dans une maison au hasard, atteignit la salle de bain et ouvrit l’armoire à pharmacie. Il appliqua un bandage autour de son cou, couvrant la plaie ensanglantée. Le jeune démon n’était pas habitué a être blessé, encore moins à voir couler son propre sang. Il trouvait enfin une chambre, banale, et s’installait dans le lit; le contact chaud des couvertures, le moelleux du matelas, tout cela était un confort qu’il n’avait jamais connu. Il s’endormait paisiblement, en se demandant qui pouvait être son père et s’il avait déjà croisé son chemin: si c’était le cas, alors le père en question était déjà mort.
Le lendemain, il se réveillait en pleine forme. Il avait bénéficié du repos du guerrier dans un confort absolu, et était prêt à démolir deux ou trois adversaires avant le petit-déjeuner. Il était bien sûr possible que ces adversaires en question pourraient eux-mêmes être le petit-déjeuner, mais peu importe, il mangeait à sa faim à chaque étape de son errance. Il avait vu en ouvrant les yeux qu’un miroir était savamment disposé au dessus du lit, il en profita donc pour rester allongé en enlevant son bandage afin de voir l’état de la plaie, mais quelle surprise, il n’y en avait plus. Une période de narcissisme s’en suivit, car les démons dotés de peau-armure et de régénération rapide ne courraient certainement pas les rues. Il se levait, s’étirant et baillant bruyamment, puis sortit de la maison comme s’il y avait vécu plusieurs années. Il reprit ensuite sa marche vers l’ouest, car il n’avait pas connaissance de ce qu’il y avait à l’ouest d’Inferno.
Cela faisait maintenant seize jours qu’il voyageait à travers le pays des Enfers. Il avait affronté et tué des ennemis très variés: un clown, un insecte géant, un monstre titanesque et le créateur de Broken Moon. A part cela? Des centaines de démons normaux qui ne maîtrisaient pas ou peu de pouvoirs offensifs. Bozzy le Gusse lui avait parlé de chasseurs de primes, mais jamais il n’en avait vu. Du moins jusqu’ici.
Se dressant sur son chemin, à quelques mètres, un homme fort bien bâti le regardait de ses yeux sombres. Il n’était vêtu que d’un pantalon de lin et de bottes de cuir, et son corps musclé portait un grand nombre de cicatrices. Ses cheveux mi-longs qui se laissaient porter par le vent lui donnaient un air héroïque, et une grande balafre partait de son arcade droite pour descendre en bas de sa joue gauche. Une grande épée à un seul tranchant gravée d’étranges runes tenait dans sa main droite, la pointe saillante et asymétrique donnait l’impression que l’arme avait jadis été l’extrémité d’un katana géant.
-Bastardo dit « La Faucheuse Blanche »? Interrogea l’homme, dont la voix grave semblait irriguer toute la plaine.
-Euh, ouais? Demandait ledit démon surpris de cette étrange appellation.
-Je suis Vraz le Terrible, chasseur de primes et unique humain à vivre en Enfer.
-Dis donc, quand ta mère a choisi ton nom, elle se faisait écraser par quoi au juste? Bref chasseur de primes tu dis? Pas trop tôt!
Vraz ne comprenait rien à ce que racontait Bastardo. Il faut dire que les barbares humains gagnaient rarement les concours de QI face à des enfants de 8 ans, sauf quand ils éliminaient la concurrence. Le guerrier continuait donc en ignorant cette remarque:
-Bastardo! Ta tête est mise à prix pour un montant de 1450 pièces d‘or pour destructions diverses et augmentation du coefficient de dangerosité par le meurtre de personnes recherchées. » Bien sûr Vraz ne faisait que réciter ce qu’il avait lu sur l’avis de recherche, mais rien qu’un barbare lettré était déjà peu commun.
-Ouah, ça en fait une somme… Enfin bon, monsieur le Terrible, pourquoi tu me fais tout un speech sur les présentations au lieu de foncer comme un vrai guerrier?
-Eh bien… Parce qu’un vrai guerrier, comme tu dis, ne prends pas ses ennemis au dépourvu pour engager le combat! J’aime la baston, croiser le fer, tailler la chair et voir le sang ruisseler sur les lames.
-De belles paroles…siffla Bastardo, faisant apparaître Broken Moon dans sa main qu’il plaçait ensuite en retrait, le bras tendu et prêt à charger. « Mais, feras tu un beau combat?
-Un seul coup. » Déclara Vraz sans répondre à la question, avant de placer sa deuxième main sur le manche de son épée. Il chargea, la pointe de son épée raclant la terre sèche et dure qui recouvrait la plaine. A ce moment, Bastardo sentit un frémissement d’excitation, cet ennemi comptait le tuer d’un unique coup! Quelle grande gueule! L’épée monta par-dessus la tête du guerrier, et se rabattait violemment vers le sol. Le colosse pensait éviter le coup en bondissant en arrière, mais bien que la lame ne l’eut touché, une entaille aussi peu profonde que celle qu’il avait reçu la veille partait du haut de son crâne jusque son entrejambe heureusement lisse, sans même endommager la rune de son torse. Sous le choc, le démon recula tout de même d’un pas.
-Mince, les rumeurs sur ton endurance hors du commun étaient donc fondées…
-Im… Impossible… C’est donc ça, un chasseur de primes? » Cela faisait déjà deux plaies en deux jours, le jeune Fortitudo qui n’avait jamais été blessé auparavant commençait à voir rouge.
-Tu ne saisis pas hein? Rune de force, rune de vent, et rune de coupe. Cette alliance de runes me permet de déplacer un courant d’air tranchant sur une certaine distance selon la force que j’exerce dans mes coups. En clair, la lame que tu vois n’est que la portée minimum de mon épée: la Windblade!
Bastardo comprit enfin: sa rune ne l’avait pas protégé car l’air n’est pas une création magique; il avait été déplacé et rendu tranchant par les runes gravées sur la lame.
-Alors, si je te brise ton jouet, je suis tranquille?
-Cette arme a été runée par mon maître, Angélus Fortitudo!
-Fortitudo? Quelle blague, ils sont tous morts! » lança Bastardo alors qu’il assénait un coup remontant à l’aide de Broken Moon.
-Lors de la Descente Aux Enfers de Charon? Ha! Angélus n’était pas là-bas, c’est un voyageur et un chasseur de primes réputé! Et ce n’est pas tout, il est le frère aîné de feu Vertu Fortitudo, le prodige de la famille! » répliquait l’humain en évitant l‘attaque.
-Charon? J'ai un doute, qui c’est ça?
-Je suis pas là pour te faire un cours d’histoire-géo!
Le barbare répétait son coup vertical, mais cette fois Bastardo s’avança et plaça son avant-bras en parade. La lame s’arrêta sur sa peau-armure, laissant le guerrier sombrer dans la stupéfaction.
-Yo, alors c’est bien ce que je pensais! »dit Bastardo en passant sa langue sur le croc habituel.
-De…de quoi?
-Ta lame là…Elle est moins efficace que tes jolies bourrasques…
Vraz donna un coup violent afin de faire flancher la défense de son adversaire, mais au moment de l’impact le démon noir dévia l’arme, ouvrant en grand la garde de Vraz le Terrible. Broken Moon arrivait vers le cou de l’humain, fine, belle et silencieuse comme la Mort. C’est alors que le chasseur de primes relâcha sa Windblade de la main gauche et saisit la double épée par la garde. Il la tint fermement et donna un coup de pied dans l’abdomen du colosse afin de le repousser. Ce dernier recula de deux pas, voyant son adversaire qui fanfaronnait avec une arme dans chaque main.
-Hahaha! Je ne sais pas d’où tu sors cette belle pièce, mais elle est à moi! On dirait que tu fais moins le fier une fois désarmé!
-Désarmé? Tu crois que je suis désarmé?
Souriant, Bastardo bandait ses muscles couleur charbon et laissait pendre sa langue jusqu’à mi-tibia.
-Hem, voilà un ennemi qui a de la ressource! Tant mieux! Je n’aime pas vraiment battre mes cibles quand je les ai désarmées!
-Les chasseurs de primes sont-ils tous aussi bavards?
Vraz sentait la moutarde lui monter au nez et chargea en s’efforçant d’ignorer cette pique, tenant Broken Moon et sa Windblade dans chaque main. Bastardo en fit de même, mais sans armes, et les coups fusèrent, sans qu’aucun ne fasse mouche. La vitesse des deux combattants était phénoménale, le sol autour d’eux se parsemait d’entailles. Cette démonstration de force se termina par un crochet du droit dans la mâchoire: les deux assaillants interrompirent leurs assauts répétés afin de reprendre leur souffle, permettant à Vraz de cracher la prémolaire qui venait de se déloger.
-Oh? On dirait que même sans armes j’ai l’avantage…
-Crevure…Je ne suis pas ton jouet!
Le Terrible exécuta un coup de  taille parfaitement horizontal qui aurait été dévastateur si le démon ne s’était pas fauché les jambes pour se laisser tomber. L’humain tenait Broken Moon au dessus de la tête de Bastardo allongé sur le flanc, avec un sourire victorieux étirant ses lèvres.
-La Faucheuse Blanche n’est pas si terrible que ça! Ta trop grande fierté t’as mené à la défaite et va m’apporter un joli pactole!
-Tu me gonfles avec ce surnom en papier mâché! Je suis Bastardo Fortitudo, fils de Vertu Fortitudo et de…Quelqu’un d’autre!
Broken Moon disparut de la main de Vraz et apparut dans celle du démon, qui porta un coup montant, éventrant l’humain. Il tombait violemment sur le dos et sa tête heurta le sol, alors que son assaillant se relevait en tenant fermement son arme. Puis Bastardo prononçait avec ironie:
-Le Terrible n’est pas si terrible que ça! Ta trop grande fierté t’as mené à la défaite et va m’apporter une pleine satisfaction!
-Fortitudo…J’aurais du le voir quand ton arme est sortie de nulle part… »émit l’homme dans un gargouillis.
Vraz tenta de porter un dernier coup à son adversaire à l’aide de son épée, mais le démon l’arrêta à main nue, avant de laisser tomber ses deux genoux sur la poitrine de l’humain. L’agonie de ce dernier fut abrégé par la perte de sa gorge, et Bastardo murmura: « Celles des humains ont l’air bien meilleures! ». Il ramassa la Windblade, l’examina et la planta dans la tête du chasseur de primes. Il reprit sa route, et se dirigeait sans le savoir vers la capitale d’Inferno, surnommée la Cité du Bord Ouest.