Conférence privée (PV Akira Miyuki)

Une belle journée en perspective qui s’annonçait. Tranquillement adossée à sa voiture de service, Ema se trouvait sur le parking du lycée de Seikusu. Son lieu de travail pour les prochains jours. La jeune femme devait y donner une série de conférences sur le respect des lois et de tout type de règlement. Idéal pour repérer sa prochaine victime. Rien de mieux qu’un tel ordre du jour pour voir les demoiselles usant de leur autorité se mettre en valeur. La tentation de faire ressentir aux autres leur médiocrité était particulièrement tentante dès qu’un tel programme se présentait. Ema se redressa puis prit le temps de remettre son uniforme en place : une jupe arrivant au-dessus des genoux, des escarpins et un chemiser qui paraissait être sur le point d’exploser en permanence à cause de sa poitrine. Le tout aux couleurs de la police bien entendu. Pas franchement son style vestimentaire mais la chasse méritait bien quelques sacrifices. Ses cheveux, comme à leur habitude, étaient retenus en un chignon savamment réalisé, ne laissant échapper que quelques mèches de façon voulue. Le moment était venu pour Ema de rentrer dans l’arène et de se mettre à la recherche de ce qu’elle était réellement venue chercher ici.

Quelques minutes lui furent nécessaires pour localiser la salle où devait se dérouler sa conférence. Louvoyant entre les élèves, Ema avait déjà repéré deux ou trois sujets qui pourraient, le cas échéant, valoir le coup de s’y intéresser de plus près. Mais, la jeune femme était encore loin d’avoir trouvé la perle rare, celle dont la destruction lui apporterait un plaisir maximum. Rien ne pressait ceci dit, la jeune flic devait passer plusieurs jours sur place donc elle aurait largement le temps de mettre à profit ses moments de repos pour chasser. Qu’elle aimait les moments qui précédaient la traque. Elle ressentait une sourde excitation avant même d’avoir décidé de qui serait sa prochaine victime. Ema finit par arriver dans la salle de conférence. Assez grande avec une estrade qui permettait d’avoir une vue sur l’ensemble des personnes présentes. S’installant tranquillement, elle installa son ordinateur portable et prépara l’enregistrement de sa première intervention. Les images étaient un plus pour pouvoir étudier les réactions des élèves à tête reposée. Une fois tout installé, la jeune femme patienta le temps que les classes concernées  prennent place.

Son attention se porta instinctivement sur les demoiselles. En effet, seules ces dernières avaient une quelconque valeur à ses yeux. Ema détestait la gente masculine qui le lui rendait bien en règle générale. Trop primaire pour elle. Le même uniforme et pourtant, certaines se détachaient déjà du lot. Soit pour leur air sage, soit par leur comportement quelque peu provocateur. Un jour, peut-être, la jeune femme s’intéresserait de plus près aux secondes mais pas aujourd’hui. Certaines paroles, pendant qu’elle cherchait la salle, avaient laissé entendre qu’il y avait ici une demoiselle digne d’être chassée. Ne restait plus qu’à Ema à la localiser et à observer ensuite son mode de vie avant d’agir. Heureusement pour elle, l’attente fut de courte durée. L’arrivée d’une élève provoqua un certain malaise chez les autres. Voilà qui était surprenant. Pas très grande mais jolie avec un corps des plus appétissants. Mais ce qui frappa le plus la jeune flic restait son regard : froid et distant. La proie parfaite par excellence. Quelques clics sur son ordinateur et la demoiselle en question devint le sujet principal du film qui se tournait à l’insu des élèves. Etudier ses réactions serait sans aucun doute très instructif. L’heure d’entrer en scène venait de sonner. Munie de son micro-casque, Ema s’avança sur l’estrade, prenant soin de ne jamais couper le champ de vision de sa caméra.

- Silence !

Et voilà… Quelques regards surpris, d’autres passablement effrayés, le décor était planté. Dans un japonais quasi-parfait, Ema prit la parole.

- Je me nomme Ema DUBOIS, agent de police DUBOIS pour être précise. Je suis ici pour vous parler d’ordre et de respect d’un règlement… Et à voir certains et certaines d’entre vous, je ne suis pas persuadée que vous sachiez à quoi je fais allusion. J’exige un silence total durant mes interventions. Pour parler, demandez l’autorisation sinon je vous envoie sans autre forme d’avertissement chez le principal.

Quel plaisir de jouer avec les nerfs de ces jeunes. Mais au-delà du jeu, Ema savait que son entrée en scène ferait réagir les plus accros aux règles. Et c’est la seule chose qui importait pour elle. Maintenant qu’elle avait capté l’attention de son auditoire, la jeune flic pouvait déceler quelques regards lubriques, en majorité masculins, à la vue de son chemisier. Qu’ils regardent donc ! Au moins, pendant qu’ils seraient occupés à cela, ils ne la dérangeraient en rien.

Encore une superbe journée au lycée de Seikusu, un beau soleil et des cours que j'apprécie, tout aurait été parfait si cet abruti de Takeshi n'avait pas encore fait des siennes. Itostuma Takeshi, avant-dernier au classement des élèves, délinquant notoire, rebut inutile qui monopolise une grande partie de mon attention bref, le genre de personne qui sait comment m'énerver. Lui et moi avons une longue histoire en commun, un bon tiers de mon carnet d'heures de colle lui est consacré, j'ai même envisagé d'en demander un neuf exprès pour son cas mais la demande serait mal vue. Tags, vols de scooters, dégradations et provocations diverses, à lui seul il devrait posséder un casier judiciaire plus long que celui de tout les autres élèves mis en commun, devrait car il est suffisamment malin pour ne pas se faire prendre par les flics. Depuis que je suis arrivée il n'a plus les mains libres pour agir, je le surveille tout le temps et ça le dérange bien entendu. Oh au début il a bien essayé de me faire plier par la force "Je ne vais pas me laisser emmerder par une fille !" qu'il disait, après l'avoir foutu une bonne dizaine de fois au tapis il a enfin compris qu'il ne m'aurait pas comme ça.

Mais venons en à sa nouvelle trouvaille pour me pourrir la vie, ce matin j'ouvre mon casier et paf ! J'ai juste le temps de me mettre sur le côté pour ne pas être éclaboussée tandis qu'un bon litre d'encre se déverse sur mes cours. Une corde reliée à la porte de mon casier et à une aiguille placée de façon à percer la capote pleine d'encre suspendue au dessus de mes cours, du grand art, du Takeshi tout craché. Devant telle scène les élèves auraient habituellement bien rit, mais là le seul bruit audible dans le couloir était celui de la lanière de mon sac qui crissait à force d'être serrée par mon poing.

"TAAAA - KEEEEEEE - SHIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!"

Après un regard assassin lancé à l'intéressé je me lance à sa poursuite à travers l'école, carnet de colle sorti et prête à lui faire regretter son acte. Finalement la sonnerie retentit sans que j'ai pu le rattraper, je me rappelle alors que nous sommes tenus d'assister à l'intervention d'un fonctionnaire de police venu dans notre école le matin même. Lorsque j'arrive ma proie est déjà dans la salle, il avait apparemment oublié que nos deux classes assistaient ensemble à cette intervention et l'atmosphère devint tout à coup très pesante. Je m'assoie souvent au fond pour surveiller tout le monde et je décide de m'asseoir de façon à ce qu'il puisse voir mon regard braqué sur lui. Mes yeux ne disent alors qu'une seule chose "J'aurais ta peau" et notre petit Takeshi commence à transpirer comme un veau qu'on mène à l'abattoir. Puis je fus ramenée à la réalité par la voix de la policière que je n'avais même pas remarquée jusqu'à présent, une jolie brune avec un décolleté qui devait être aussi illégal que les crimes dont elle allait nous parler.

Tandis qu'elle lance son introduction je ne peux m'empêcher de penser qu'elle n'ait pas très crédible en tant que policière, que prostituée lui conviendrait mieux. De plus son attitude trop rigide envers les autres provoque surement plus de conflits qu'elle n'en résout, en d'autres termes, soit une bleue, soit une incompétente. Je poursuis ma pensée plus loin en me demandant ce qu'on peut bien foutre là, surtout moi qui connais déjà le règlement par cœur, à écouter cette caricature de policière nous donner une leçon de bonne conduite. Néanmoins je m'arrange pour que mes soupirs et mes regards suspicieux à son encontre restent invisibles à ses yeux, simple question de respect, il n'en demeure pas moins que je m'ennuie déjà. Je me force donc à écouter ce qu'elle a à dire, je sais que l'intervention dure assez longtemps et ça ne m'enchante pas vraiment. Du coup je finis par en profiter pour maintenir la pression sur cette ordure de Takeshi tandis que je réfléchis à une sanction exemplaire pour son cas.

Deux heures de conférence. Voilà ce qu’était obligé de subir les élèves. Si certains cachaient mal leur agacement, d’autres, principalement des mâles, devaient se sentir à l’étroit dans leur pantalon. Il faut avouer qu’Ema ne faisait rien pour arranger les choses. D’ailleurs, son comportement était parfaitement maîtrisé. Sinon, comment savoir qui de ces demoiselles aurait la décence de ne pas montrer le mépris qu’elle ressentait face à la jeune flic. L’étude du comportement humain faisait partie de son cursus scolaire et lui facilitait bien souvent la tâche au moment du choix de sa proie. Ema avait remarqué, au cours de ses diverses expériences, que les jeunes filles qui savaient se contrôler, et de ce fait leur image aussi, étaient les plus intéressantes à pervertir. La honte ressentie étant multipliée, il devenait aisé, une fois leur résistance brisée, d’en obtenir tout ce que l’on souhaitait. Sauver les apparences à tout prix. Et parfois, le prix à payer se révélait particulièrement élevé.

- Je vous remercie de votre attention. Bonne fin de journée à toutes et à tous.

Direction son domicile. Ema quitta le lycée sans s’attarder. Elle avait à faire avant de revenir sur zone demain. Et la première chose restait d’identifier l’élève sur laquelle elle avait jeté provisoirement son dévolu. Rien de plus simple. Pour faciliter son travail, l’établissement avait mis à sa disposition le trombinoscope complet de toutes les classes. Une capture d’écran et un logiciel de comparaison s’occupèrent du reste. Quelques minutes plus tard, Ema disposait de tous les renseignements dont elle pourrait avoir besoin sur sa future proie et en priorité son identité : Akira Miyuki, présidente des élèves. Le sourire qui s’afficha sur le visage d’Ema n’augurait rien de bon pour cette jeune demoiselle… L’exemple parfait d’une jeune fille maîtrisant à la perfection son rapport aux autres. S’installant confortablement, la jeune flic commença à visionner l’enregistrement de son intervention. Il était visible qu’Akira avait tout fait pour ne pas montrer son ennui, ainsi que son mépris envers la tenue qu’Ema portait. La lycéenne semblait avoir pensé à tout… sauf à une chose : rien n’est complètement maîtrisable. Et surtout pas les micro-expressions du visage. Ema avait découvert le sujet quelques mois auparavant, lors d’un stage. Bien que n’étant pas une spécialiste en la matière, elle disposait d’un logiciel qui les repérait pour elle. Et ce qu’elle voyait l’amusait beaucoup. En dépit de tous ses efforts, le corps d’Akira avait parlé pour elle. Tant d’heures passées à peaufiner son image réduites en miettes par une simple application informatique. Ema se demandait ce qu’en penserait l’intéressée une fois mise au courant.

La soirée s’annonçant, Ema quitta son appartement. Direction un hangar dont elle était propriétaire depuis peu : lieu des tourments de ses futures victimes. Tout l’intérieur avait été refait selon des critères bien précis, le principal étant que l’endroit était entièrement insonorisé. Aucun son ne pouvait sortir, ni entrer. Hors de question qu’une de ses demoiselles puissent mener ses collègues ici à cause d’un simple bruit entendu. Le reste de la décoration était sommaire : une cage carrée de 80 centimètres de côté, divers systèmes d’attaches, une baignoire, une malle en métal et un matelas posé à même le sol. Et tout autour, des caméras filmaient le moindre recoin des lieux. Cette « prison » ne servait qu’à conditionner ses proies. La majeure partie du jeu d’Ema se passait dans des lieux communs et durant des actions de la vie courante. Maintenir une pression permanente, à toute heure et en tout lieu. Reprenant sa moto, la jeune femme se dirigea vers le domicile d’Akira pour une petite étude de son sujet. La traque pouvait commencer. D’abord cerner les habitudes de sa victime, ses forces et ses faiblesses et seulement ensuite, passer à l’action. Ne jamais se précipiter. Ema avait commis cette erreur une fois et n’avait du son salut qu’au fait qu’elle travaillait dans la police. Elle s’était arrangée pour prendre la plainte de la victime avant de retourner chez cette dernière pour finir ce qu’elle avait commencé.

Deux heures ... Ça avait duré deux longues heures ... Sur la fin je m'ennuyais tellement que j'avais perdu toute envie de massacrer Takeshi qui semblait dormir debout durant l'intervention. Pour une fois que j'étais d'accord avec lui sur une chose, enfin bref j'allais lui donner sa colle et basta. A la fin de l'intervention je lui remet mollement le billet de colle et il le prend sans même protester avant que nous ne nous séparions. Après avoir fait quelques mètres je me met à ricaner en entendant un cri de surprise de la part de cet abruti, il venait probablement de lire le fameux billet :

"En colle tout les soirs de la semaine, dont un exclusivement dédié au nettoyage de mon casier. (Et si il subsiste des résidus d'encre la sanction sera doublée)"

Je me retrouve donc dans ma classe avec mes cahiers tout noirs, heureusement l'encre n'a pas touchée les pages à l'intérieur et mes cours sont toujours lisibles. Aujourd'hui que des matières que j'apprécie, Japonais, Histoire, Anglais et je termine sur une heure de volley. La journée passe sans encombres et je ne me doute pas un instant que je pourrais être en danger d'une façon ou d'une autre, c'est une journée comme les autres après tout. Après le sport je vais m'occuper des affaires des différents clubs du lycée, parler à ma vice-présidente de quelques petites choses et direction la maison.

J'habite tout près du lycée, à seulement quelques centaines de mètres, mais dans une zone peu fréquentée ce qui fait que peu d'élèves le savent et c'est très bien comme ça. Je rentre donc à pied comme chaque soir et comme chaque soir ma mère n'est toujours pas rentrée, en ce moment elle bosse sur une grosse affaire et je sais qu'elle ne rentrera que très tard. Ma sœur est encore au volley comme d'habitude, je vais donc prendre mon bain en laissant la porte ouverte au cas ou elle aurait encore oubliée ses clés. Je pose mes affaires de classe dans ma chambre, met mes affaires de sport dans la machine à laver et je téléphone à une amie vite fait pour confirmer quelque chose :

"Allo? Chiyo? Oui c'est moi, oui je vais mieux mais j'ai toujours mal au poignet à cause du judo, le prof ne sait pas se retenir, mais ça devrait aller pour tout à l'heure, c'est toujours d'accord pour notre week-end entre filles? Ah tu ne peux pas ... Non non, c'est pas grave, je te laisse je te vois Lundi alors."

Je raccroche, puis je raye dans mon agenda la ligne "19h : aller chez Chiyo pour le week-end !!!" avec un enthousiasme inexistant, avant de me dire à moi-même :

"Encore un week-end gâché, maman et Aya seront surprises de me voir quand elles rentreront ..."

Je me dirige donc vers la salle de bain avant de m'enfermer dedans, je fais couler l'eau tout en me déshabillant, puis je me glisse dans la baignoire pour me laver. Une fois propre je me prélasse dans les bulles avant de m'endormir dans le bain, de toute façon je m'en moque personne ne sera dans la maison pendant encore au moins deux bonnes heures.