Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Intrusion [PV Adelheid Friedrich]

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Saïl Ursoë

Créature

Intrusion [PV Adelheid Friedrich]

dimanche 29 août 2010, 16:02:41

Pour un être hybride aux allures de monstre formidable, Saïl avait des habitudes bien paisibles : il passait le plus clair de son temps à s’adonner à sa grande passion, les recherches en matière de biogénétique, ne prenant de pause dans cette activité soutenue que pour aller se chercher à manger, se balader pour se changer les idées ou s’efforcer d’améliorer son quotidien. En vérité, par rapport à son existence passée de scientifique plutôt pantouflard, son train de vie n’avait pas tant changé que ça, se conformant tout bonnement au cadre dans lequel il s’était retrouvé plongé en passant de la Terre à Terra et en se métamorphosant en homme-loup.
Bien évidemment, passer ses journées dans les Terres Sauvages n’était pas en soi ce qu’il y avait de plus sécurisant, un tel territoire n’étant pas exempt de bien des dangers, mais après tout, quel environnement pouvait l’être ? Notre ami était au fond d’un tempérament philosophe et débrouillard, aussi depuis le début de son installation inopinée dans les Contrées du Chaos, il avait pris le parti de rendre son séjour à durée indéfinie aussi agréable et productif que possible.

Dans le cas présent, il n’avait pas de raison de se sentir insatisfait, revenant d’une chasse fructueuse bien que peu mouvementée : pas de gros gibier, mais plusieurs petites proies qu’il avait pris grand plaisir à pourchasser à travers les paysages luxuriants pour ensuite s’en saisir et les enfourner dans sa large gueule où elles disparaissaient à jamais dans une gerbe de sang, d’os broyés et de chairs déchiquetées.
En soi, Saïl est tout ce qu’il y a de plus éloigné d’un sadique se plaisant à mettre à mort, mais les moments de ce genre sont parmi les rares où il se permet de laisser parler ses instincts et de manifester pleinement sa nature sauvage, se transformant alors en un traqueur vif, puissant et impitoyable que rien ne peut arrêter. Il ne saurait le nier, ces moments de filature effrénée et de mise à mort brutale ont quelque chose de profondément exaltants, et bien que sa conscience le gourmande pour la joie qu’il retire de cette activité bestiale, cela ne l’empêche pas d’apprécier à leur juste valeur ces sessions mêlant si bien jeu et approvisionnement.

Pour poser le cadre plus précisément, nous sommes encore aux petites heures du jour, et le soleil n’a pas encore tout à fait fini de se lever que le grand gaillard poilu est déjà sur le chemin du retour, émergeant d’une gigantesque forêt d’aspect tropical pour rejoindre les étendues aux allures de savane et plaine post-apocalyptique des Terres Sauvages. Il fait pour le moment encore assez frisquet, et qui plus est, une petite bruine mesquine chue du ciel ne manque pas d’imbiber les environs tout entiers de son étreinte humide et glacée, donnant aux alentours quelque chose de froid, indompté et morne digne des hautes terres d’Ecosse. Pittoresque, poignant même, à plus d’un égard, mais pour un promeneur, l’atmosphère n’est pas des plus agréable, promettant de rapporter un gros rhume plutôt que de beaux souvenirs, raison pour laquelle l’imposant homme-loup ne prenait pas la direction de son antre sans une certaine hâte, son pelage déjà à moitié détrempé.

Ainsi, peut-être fut-ce à cause de cette météo défavorable qu’il fut moins vigilant ; peut-être son estomac et sa fougue repus émoussaient-t-il ses sens, mais toujours est-il qu’alors qu’il escaladait les degrés rocheux menant à son repaire, il ne remarqua pas que la grosse pierre qu’il avait mise pour en boucher l’entrée avait sensiblement changé de position. De près, bien sûr, cela ne manqua pas de lui sauter aux yeux, mais il se fit alors la réflexion qu’il ne devait pas l’avoir placée avec suffisamment d’attention, et se promit simplement d’en faire autrement à l’avenir avant de rapidement se mettre à l’œuvre pour débarrasser le passage.
Harcelé par les intempéries et le désir de se retrouver chez lui, à l’abri, hors d’atteinte de la pluie et de préférence aux côtés d’un bon feu, ce fut sans vraiment qu’il se méfiât que ses grosses pattes se saisirent de l’immense caillou, l’écartant ensuite d’un bon mètre avec à peine un grognement d’effort. Ensuite, il s’ébroua avec force pour chasser autant que possible la couche d’eau qui le recouvrait, et se faufila dans l’ouverture aménagée avec à la gorge un soupir de soulagement de retrouver son toit.

Ce fut seulement à ce moment que ses narines jusqu’ici gênées par la pluie captèrent une odeur étrangère, et que ses oreilles surprises se dressèrent sur sa tête alors même que sa queue se tendait d’étonnement et que ses yeux commençaient à discerner dans l’obscurité une forme humanoïde…
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Adelheid Friedrich

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Re : Intrusion [PV Adelheid Friedrich]

Réponse 1 dimanche 29 août 2010, 20:34:21

   Oui, oui, encore oui. Freyja s'était encore attirée des ennuis. L'origine de ses problèmes remonte à quelques jours de ça, suite à un accrochage avec un groupe d'hommes pas très net trainant dans une petite rue de Nexus en compagnie de plusieurs jeunes filles aux attributs animaux variés. Enfin... « en compagnie »... C'était vite dit. Ces hommes les trainaient grâce à quelques chaines lourdes et bruyantes, reliant l'esclave au maitre. La jeune femme aux pouvoirs semi-divins se mit donc en travers de la route et expédia en enfer les malfrats et libéra les terranides après leur avoir partagé les ressources de leurs acheteurs éphémères. Elles avaient de quoi fuir, maintenant, qu'elles en profitent ! Ce bref récit est digne d'un conte, certes, mais l'histoire ne s'arrête pas là.

   Confiante, la scandinave faisait abstraction de toutes représailles, comme si elle se sentait invincible. Sauf que, malheureusement, certains Grands de Nexus aux mœurs discutables n'appréciaient pas tellement que l'on se débarrasse de leurs employés de la sorte. Même en restant sous l'apparence de Frig, elle devait se faire à l'évidence : elle était grillée. L'idée de se faire oublier quelques temps lui vint rapidement à l'esprit. Une idée forte alléchante en somme. Sans demander l'avis à son fraternel qui disposait d'une habitation au sein de la capitale économique de Terra, elle s'enfuit. Cet élan de lâcheté la hantait à chacun de ses pas, mais comme elle désirait revoir le soleil se lever le lendemain, il n'y avait pas mille alternatives. Freyja pouvait toujours se venger par la suite si elle le désirait, mais Frig ne comprenait toujours pas pourquoi son élan de bravoure la forçait à secourir tout ce qui est en détresse et à éliminer tout ce qui est potentiellement nuisible (ce qui l'amenait inévitablement à s'attirer d'énormes ennuis).

   Malheureusement, lorsque la norvégienne s'engouffra dans la sortie ouest de Nexus, quatre hommes se mirent à sa poursuite. Ce fut donc au pas de course qu'elle parcouru son premier demi-kilomètre avant de se décider à éliminer ses poursuivants de manière rapide et efficace. Maintenant méconnaissables sous ce tas de chair sanguinolent, Adelheid pouvait continuer sa route « tranquillement » le long de cette plaine verdoyante. L'émeraude végétal ressortait de ce paysage grâce à ce ciel chargé de nuage bas signalant la probable venue d'une averse. Le reflet de ces nuages teintait la mer (visible en se tournant vers le nord) de cette couleur plomb tandis que le vent agitait les eaux dont les vagues venaient se fracasser contre la côte dans un éclatement aquatique. Le bruit résonnait en ce lieu vide de toute vie. La jeune femme tourna sa tête une dernière fois par dessus son épaule, citant un dernier « au revoir » à la cité d'or.

   Sotte mais point stupide, l'héroïne s'était habillée de manière facile sans renoncer à l'élégance pour autant. Elle portait un bustier de cuir souple, couleur chocolat, afin de se sentir plus à l'aise dans ses mouvements, complété d'un mini-short de la même matière et de la même couleur, auquel était attaché une ceinture munie de poches, justement emprunté au frangin Friedrich. Il y avait une demi-douzaine de poches, réparties également à gauche et à droite. Leur contenue était varié, allant de la monnaie jusqu'à quelques outils comme une boussole ou un couteau suisse, voir même un fil et une aiguille ainsi que quelques médicaments terriens. Il faut aussi rajouter une paire de bas couleur marron, histoire de ne pas attraper froid par cet automne précoce. Une lanière de cuir agrémenté d'une autre poche faisait office de jarretière sur la jambe droite de la jeune femme afin de contenir une arme à feu subtilisé encore une fois au fraternel, avec, bien entendu, quelques munitions qui allaient de pair avec. Il y avait encore moyen de cacher une arme dans sa paire de bottes à lacets remontant jusqu'à mi-cuisse, mais pour le moment c'était suffisant ainsi. Pour finir, nous avons une cape de couleur vert foncé, idéale pour les sorties en milieu sylvestre ainsi que pour lutter contre le froid. La capuche est constamment relevée sur la tête de la scandiblonde, seule deux nattes d'un blond neigeux s'y échappent par l'avant, tombant jusqu'aux hanches de leur propriétaire.

   La fuite de la scandinave se transforma rapidement en une randonnée agréable. C'est normal, elle n'avait pas encore quitté les terres appartenant à Nexus. Des plaines étendant leur vert à pertes de vue s'étalaient sur son chemin, parfois on y trouvait un bosquet ou quelques habitations et des fois lorsque la chance faisait un petit signe : un cours d'eau ou un lac. S'arrêtant la nuit, préférant la nature aux auberges, Frig restait « elle-même ». C'est à dire qu'elle n'eut pas vraiment besoin de faire intervenir Freyja pour le moment ce qui n'était pas plus mal. Elle gardait ses forces pour un cas de danger extrême afin que la barbaresse soit dans un état irréprochable. Cela faisait maintenant trois jours qu'elle était partie. Trois jours passé à errer dans ce magnifique cadre, mais plus pour très longtemps... Voilà l'aube du quatrième jour. Le paysage restait le même à quelques détails près, mais pourtant, il semblait étrangement plus hostile. Quelque chose ressortait dans cette scène, une impression... animale. Cette sécurité que la jeune femme ressentait dans les décors précédents s'estompait peu à peu pour céder la place à ce sentiment de danger permanent. Maintenant, une question se posa dans la tête de la norvégienne. « Qu'est-ce que je fais ici ? Pourquoi je continue mon chemin ici au lieu de faire demi-tour ? ». La réponse est toute bête : l'excitation de l'inconnu. Oui, Adelheid aimait sentir l'adrénaline en elle. Cela lui donnait du courage, ce qui est illogique, mais la preuve que tout est possible. De plus, malgré toute cette marche, elle n'était pas dans un état de fatigue. Grande marcheuse, elle se posait de temps à autres tout en respectant son rythme de marche, sans parler de son régime alimentaire qu'elle maintenait à peu près équilibré. Lorsque l'on fait preuve de débrouillardise, il est plus que possible de vivre dans la nature.

   Voilà le pourquoi de sa venue en ces terres hostiles.

   Pour le moment elle n'avait pas sentit trop de danger, si ce n'est un troupeau de bêtes sauvages s'élançant férocement dans ces steppes sans fin. C'était encore des animaux inconnus pour la jeune femme qui ne faisait que découvrir une chose parmi tant d'autres. Elle baissa sa capuche et leva son regard vers le ciel chargé. L'atmosphère pesait, les nuages n'allaient pas tarder à déverser leur hectolitres d'eau, si ce n'est pas un orage qui éclatera avant la fin de la journée. Contradictoire, n'est-ce pas ? Se découvrir la tête alors que la pluie est imminente ! Non, ce geste avait pour but principal de faire respirer son cuir chevelu. La scandinave regarda autour d'elle, sondant les horizons afin de trouver des repères géographiques et temporels. L'astre solaire entamait sa longue journée de dur labeur, il était encore tôt. Tiens donc, là-bas débute une chaîne de montagnes, pas bien grandes, certes, mais ça fait du beau pays à visiter. Pourquoi ne pas y faire un tour ?

   Quelques heures de marches permirent à la scandiblonde d'atteindre son but. Maintenant, la route montait et elle jugea plus judicieux de suivre un semblant de sentier en terre battue. Ce n'est pas l'escalade qui lui fait peur, loin de là. Contrairement à ses airs de jeune fille coquette aux allures d'aristocrate, c'est une véritable aventurière que nous avons là. Capable du meilleur comme du pire... La route monte, elle monte, et Frig doit avouer que cette marche devient d'une fatigue lourde à porter. Sans parler de ces quelques gouttes de pluies venant réveiller ces fragrances de terre et d'herbe sèche... La douche était prévue, oh que oui ! Elle devait se dépêcher d'atteindre un endroit au sec avant de continuer son exploration des lieux, car l'alpinisme en pleine pluie n'est pas des plus simples ni des plus agréables. Sa course fut récompensée : un endroit à plat ! C'est après un soupir de soulagement exprimant sa victoire sur les conditions météorologiques qu'Adelheid vint se poser contre une paroi rocheuse, reposant son dos et ses jambes de cette longue et pénible marche. Néanmoins quelque chose raviva sa curiosité. Un air songeur anima son visage de poupée, puis elle se redressa pour inspecter le sol devant cette paroi composée uniquement de roches. La terre était légèrement battue, les herbes écrasées... C'était un signe de vie ? Quelque chose allait et venait à cet endroit. Quelque chose, oui... Elle leva les yeux vers l'énorme rocher. Tournant autour, la norvégienne le toisa de tous les côtés à la recherche d'un mécanisme ou autre chose, tandis que ces gouttelettes d'eau se transformaient en une petite pluie. Le manque de patience appela les services de Freyja. Cette dernière se posta devant l'énorme rocher afin de pouvoir le faire glisser latéralement, révélant ce qu'il dissimulait donc. Ses petits bras poussèrent de toute leur force, une grimace d'effort marqua le visage de la demi-déesse alors qu'elle grognait en déplaçant cette énorme masse jusqu'à ce qu'une entrée assez grande pour elle se fit apparente. Ni une, ni deux, elle s'engouffra à l'intérieur en quête d'un abri au sec.

   Une fois debout à l'intérieur de cette étrange cavité, les yeux d'argent de l'héroïne inspectait les moindres recoins de l'endroit, ou du moins ce qui était visible avec le peu de lumière pénétrant à l'intérieur. Elle baissa derechef sa cape, libérant ainsi pleinement ses cheveux nattés. Quel lieu étrange... Lentement Freyja commença à en faire le tour, ses yeux se posant sur ces étranges inscriptions sur les murs. On dirait du jargon scientifique, mais du jargon scientifique... taillé sur de la roche ? Vu l'imprécision des traits, leur auteur ne devait pas être des plus doux. Elle pouvait aussi voir quelques objets résider sur divers cailloux faisant office de meubles. La nature avait-elle donc meublé cet endroit pour qu'il corresponde aux attentes et aux envies de son propriétaire ? Maintenant son regard se posa sur cette énorme peau de bête autour de laquelle elle marchait avec précaution, comme si même morte elle allait lui sauter dessus. La scandinave leva brusquement la tête vers l'entrée de cette caverne. Un bruit suspect venait de se faire entendre à l'extérieur. Freyja recula lentement jusqu'à ce que sa colonne vertébrale frappe ce mur rocheux. Là, elle avait peur. Oui, elle avait vraiment peur.

   Ce qui faisait office de porte d'entrée se vit ouvrir en plus grand, laissant un peu de luminosité gagner les parages. La jeune femme, toujours cachée dans un pan d'ombre, leva légèrement la tête vers le chef de ces lieux. Ses yeux reflétèrent la lumière tel des perles blanches nacrées, cela trahissait presque sa présence. La créature lui faisant face était d'un gabarit impressionnant, si bien qu'on pourrait croire avoir affaire avec une bête sauvage. Mais quelque chose interpella la barbaresse. Cet endroit est rempli d'une connaissance et d'un génie hors du commun. Si cela était bel et bien l'œuvre de cet être lupin, alors il devait connaître quelque chose sur les institutions humaines. La situation avait de quoi être insolite... Plus le temps de réfléchir, Freyja se trouvait dans le territoire de cette énorme boule de poil, sans y être invitée qui plus est. Elle devait donc fournir une explication rapide et claire sur sa venue ici. Se raclant la gorge discrètement, elle s'avança d'un petit pas afin de garder une petite marge de sécurité à l'arrière, « au cas où ».


- Mes hommages, noble créature. Je m'excuse de mon intrusion, je ne cherchais qu'un endroit à l'abri de cette pluie, et surtout pour me reposer. Mon chemin me mena ici, ce n'était point dans mes attentions de séjourner... chez vous.

   Sa voix était glaciale, mais le ton employé l'était beaucoup moins afin de dissimuler sa peur. Jamais encore elle n'avait rencontré une telle créature. Il faut bien un début à tout.

- Maintenant, si vous le voulez bien, je pourrais... disposer ?

   Ceci-dit accompagné d'un signe gestuel de la tête vers la sortie bloquée par cette bête. La scandinave ne souhaitait vraiment pas avoir à se défendre contre elle, bien qu'elle serait capable de riposter si on venait à l'attaquer.
{ T h è m e } - { F i c h e }

Mens vinteren er stille hvit og mens våren er golden sollys
Den gamle vandreren går mens høsten er blodig rød, evig og evig




Saïl Ursoë

Créature

Re : Intrusion [PV Adelheid Friedrich]

Réponse 2 dimanche 29 août 2010, 22:58:24

Les yeux fixés sur l’inconnue qui avait sans prévenir et en son absence débarqué dans son logis, Saïl restait bouche bée devant ce qu’un tel évènement avait d’inédit et d’imprévu, ne sachant comment réagir ni comment s’expliquer une situation pareille. En vérité, il ne sera pas exagéré de dire qu’il tombait des nues tant ce qui se passait était invraisemblable pour lui : une cachette tranquille et recluse qui était restée secrète pendant tant de temps se voyait maintenant mise à découvert, et qui plus était, en son absence !
Cela lui était doublement contrariant, tout d’abord car son côté humain, homme tranquille et réservé, appréciait pleinement d’avoir un pied-à-terre où personne ne pourrait le déranger, et voir ainsi ses attentes bouleversées suscitait en lui un fort désagréable et menaçant sentiment de vulnérabilité. Ensuite venait la réaction du loup en lui, réaction autrement plus vive car cet animal territorialiste ne manqua pas de s’insurger contre une violation de territoire aussi crue, cet être inconnu impudent qu’il avait devant lui se permettant de pénétrer chez lui comme dans un moulin !

S’il avait écouté ses premières impulsions, il se serait tout de go jeté sur l’intrus de manière à le chasser de son antre sans autre forme de procès, mais sa jugeote l’en empêcha bien vite : il ne fallait pas oublier que le rocher qui bouchait la caverne pesait plusieurs quintaux, et que par conséquent, pour avoir réussi à le déplacer, celle qui n’était qu’apparemment une crevette devait posséder des ressources insoupçonnées dangereusement considérables en matière de force.
Cela dit, ce n’était pas tant ça qui l’empêchait d’attaquer que la placidité naturelle de ce bon docteur que l’on aurait certainement vu se taper la tête contre les murs plutôt que d’engager les hostilités avec qui que ce fût. Il vivait peut-être dans un environnement sauvage et avait lui-même une allure de sauvage, mais ce n’était pas pour autant qu’il allait se conduire comme tel, d’autant plus qu’en toute circonstance, faire au moins un essai en matière de diplomatie n’avait jamais fait de mal à personne.

S’il avait eu de la répartie, notre grand gaillard se serait probablement fendu d’une phrase bien sentie telle que « Si j’avais su que j’aurais un invité, j’aurais nettoyé. » ou « Vous avez frappé avant d’entrer au moins ? » histoire de moucher cette impertinent et de lui montrer qui était la patron ici. Mais non seulement Saïl n’avait pas de répartie, mais en plus, il était doux comme un agneau et poli comme un page, aussi ne se serait-il jamais permis d’être d’une telle rudesse de play-boy crâneur.
Ainsi, le géant à l’allure lupine resta-t-il sur place, dressé sur ses deux pattes postérieures avec autant de dignité qu’il lui en était possible d’afficher, se refusant à se montrer hostile malgré la sensation de déplaisir qui lui parcourait l’échine et les avertissements que lui prodiguait son instinct : il y avait quelque chose de surnaturel, qui sortait réellement de l’ordinaire, chez cette fille. Fille, car le nez aiguisé de l’homme-loup lui fit capter de telles senteurs par-delà la couche des odeurs familières qui nageaient dans ce repaire rocheux.

La demoiselle, avec ses vêtements de cuir comme son odorat le lui indiquait également, avait l’allure d’une sorte d’aventurière comme on pouvait parfois en croiser dans les Contrées du Chaos, impression renforcée par la cape couleur mousse des bois qui la couvrait des talons jusqu’à la nuque. Elle avait les cheveux d’un blond très clair peu commun tressés en nattes, et ce fut là tout ce qu’il put distinguer en raison de la faible luminosité, hormis bien sûr des yeux que l’on aurait facilement pu prendre pour deux joyaux taillés dans du vif-argent tellement leur lueur implacable semblait se poser sur ce qui leur faisait face avec l’implacabilité d’un rayon de lune glacé.
Dame ! Elle n’était pas bien grande comparé à lui, et pas bien costaude, mais ces iris laiteux paraissaient capable de le clouer sur place, et si Saïl ne s’était pas senti le devoir de faire bonne figure parce qu’il était chez lui, il aurait pu courber l’échine devant un regard pareil tant il se sentait surpassé, sans également pouvoir expliquer en quoi, comment ou pourquoi.

Toutefois, malgré le certain malaise qu’il avait à se retrouver dans des circonstances pareilles, il restait toujours aussi observateur que d’habitude, et eut ainsi la surprise de constater que dans le langage corporel de la jeune femme, il n’y avait à lire ni de la menace, ni de la défiance, ni même assurance, mais bien de la précaution, voire de la crainte. Pour une fois, il ne fut pas si mécontent que ça que son apparence fût aussi imposante, car à n’en pas douter, s’il avait été sous forme humaine, il n’en aurait pas mené large… déjà qu’il ne savait pas sur quel pied danser !
Pourtant, il ne tira pas une satisfaction mesquine d’un tel état de faits, mais un sincère soulagement, se confortant dans l’idée que cette situation d’allure saugrenue pourrait se régler à l’amiable et non en cherchant à s’étriper comme cela était trop fréquent dans les Contrées du Chaos qui portaient malheureusement souvent bien leur nom.

Lorsque l’impressionnante intruse inconnue prit la parole, sa voix sembla emplir la caverne à la façon d’un son de cor venu de loin, comme si un corps aussi menu n’avait pas été à proprement capable de contenir l’âme qui l’habitait et les phonèmes qu’elle pouvait émettre. Convenablement cultivé sur plus d’un point, Saïl était au courant du mythe des valkyries, ces vierges guerrières nordiques venant chercher l’esprit des vaillants combattants morts à la guerre, et si l’idée qu’il fût un courageux guerrier ne lui était pas apparue à ce point grandguignolesque, il aurait définitivement pu se croire en présence d’une telle entité.
De fait, avec son vocabulaire fait de « Mes hommages », « point » et de passé simple, elle paraissait surgie d’une autre époque, ce qui n’était pas si exceptionnel que ça sur Terra, mais qui ne manqua tout de même pas d’étonner Saïl. Rien que le « noble créature », bien qu’agréablement flatteur, sonna comme si étrange à ses oreilles pour désigner l’homme-loup qu’il était qu’il aurait pu trouver la dénomination comique si la jeune femme ne l’avait pas prononcée avec un tel sérieux empreint de grandeur.

Mais elle ne lui laissa guère le temps de cogiter sur la question que déjà, après avoir exposé les raisons de sa venue et ses intentions, elle demanda sur le même registre soutenu la permission de prendre congé. Dans un premier temps, ne sachant trop que répliquer à cela, le propriétaire des lieux se mit en demeure de s’écarter pour la laisser passer, puis, avisant le climat qui devenait de plus en plus hostile au fur et à mesure que les précipitations augmentaient, il se ravisa. Il n’était certes pas la personne la plus à cheval sur les principes de société, mais le devoir d’hospitalité était tout de même une notion qu’il comptait bien respecter, surtout par un temps de cochon pareil transformant l’extérieur en un amoncellement de terrains glissants, boueux et traîtres.
Un moment, il envisagea de répondre à la demoiselle sur le même ton, mais, s’avisant du peu de crédibilité qu’il aurait à être aussi raffiné dans ses propos, il prit le parti d’une honnête simplicité :

« Si vous voulez, vous pouvez rester. » Franc, sincère et aimable, il poursuivit en indiquant la sortie d’un hochement de tête « Avec un temps pareil, ça vaudrait mieux que vous soyez à l’abri. Je vais faire du feu. » Précisa-t-il

Ce disant, il se dirigea vers une des nombreuses caissettes qui parsemaient son antre, tournant à moitié le dos à son invitée afin de lui montrer qu’il se fiait à son sens de l’honneur, soulevant un drap de toile protégeant de l’humidité un tas de bûches, bûchettes et brindilles de toutes tailles. Choisissant parmi tout cela de quoi faire une bonne flambée, il disposa le tout au centre d’un âtre consistant en toute simplicité en un cercle de pierres, sortant ensuite de son pagne un peu de mousse sèche qu’il disposa au cœur du tout avant de l’asperger d’étincelles produites par une paire de silex eux-mêmes issus de son unique vêtement.
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Adelheid Friedrich

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Re : Intrusion [PV Adelheid Friedrich]

Réponse 3 mardi 31 août 2010, 01:54:05

   Qu'allait-il se passer ? Finirait-elle dévorée, hachée, lamentablement vaincue, honteusement avalée par cet être sortant de son imagination, aussi grande soit-elle ? Pour l'instant, elle était encore en vie, intacte et au sec. Cependant, ce halo lumineux dessinant le contour de la fourrure de la bête lui donnait un air presque effrayant. C'est frustrant de pouvoir voir cette silhouette, voir à quel point votre opposant est imposant de stature, sans pouvoir apercevoir son visage ni un quelconque signe d'humanité. Pour l'instant, les seules chose qu'il avait de commun à l'humain étaient les axes ventro-dorsal et antéro-postérieur. Sa démarche même montrait son appartenance à ces contrées des plus hostiles ! Quelle situation des plus stressantes lorsque l'on est encore qu'une novice dans le dur métier d'aventurier... Dès la premier semaine, se retrouver contre un adversaire « de taille » (impressionnante), c'était un peu déstabilisant. Et encore, les Landes Dévastées regorgent d'innombrables dangers tous aussi impitoyable les uns que les autres.

   Et pourtant. Et pourtant ! Au lieu de se jeter sur la scandinave afin de se délecter de sa chair tendre, l'homme loup lui proposa vraiment de s'en aller, malgré la pluie battant sur le sol d'un rythme régulier mais terriblement puissant. Que dire, face à ce tel geste ? Freyja s'en voyait presque aussi étonnée que sa nouvelle rencontre. Peut-être qu'elle n'était pas une proie intéressante et que le peu de chair qu'elle transportait sur sa matière osseuse ne l'intéressait pas ? Voyons, la viande ça n'intéresse que les animaux ! Ici, la jeune femme se trouvait face à un être humanoïde (enfin... à peu près) ! Peut-être qu'il possédait d'autres similarités avec cet étrange Homo Sapiens que nous connaissons tant ? Observons donc ce que ce mince filet de lumière nous laisse voir.

   Un grand corps se dresse fièrement sur deux jambes (ou plutôt pattes), ces deux membres se rapprochant plus de l'animal que de l'humain d'une part grâce à cette ossature à la forme si particulière, si... sauvage, puissante, et d'autre part à cause de cette fourrure pouvant braver tous les hivers les plus rudes. Et l'été, ça n'est pas trop ? Hum, ce n'est pas la question que l'on se pose lorsque l'on se trouve dans une telle situation, parbleu ! Voyez ces muscles, ces tissus musculaires si imposant qu'on suppose facilement leur force ! La solution la plus juste est de fuir, de détaler à toutes jambes loin d'ici, loin de cette gueule pouvant vous engloutir à chaque seconde ! Mais quelque chose, un infime indice, se dégageait du regard de la bête aux allures humaine et lupine. Une lueur humaine ? Un soupçon d'humanité ? L'espoir gagna le cœur de la jeune femme. Enfin une part de civilisation dans des contrées des plus chaotiques. De canon avec cet espoir jaillit une curiosité envers la créature mi-homme mi-loup. Lentement, toujours aussi lentement, Freyja s'avança d'un pas.

   Elle aurait bien put en faire un second, mais elle fut stoppée dans son élan par la voix de l'étranger. Une voix semblant venir de partout, se répercutant contre toutes les parois de son foyer. Un timbre de voix caverneux, reflet de cet endroit et reflet de cet étrange personnage, l'invitant même à rester ici ! Son étonnement allait en s'agrandissant, ses yeux s'écarquillèrent de surprise tandis que sa bouche, à mi-close, ne laissait sortir aucun son. Non, Freyja n'en revenait toujours pas. Ce qui la perturba au plus haut point fut le ton employé par son hôte. Aucune trace d'animosité ou de malveillance ne s'élevait dans ses propos, alors qu'il faisait face à une invitée des plus particulières, venant s'aventurer chez lui sans invitation de sa part. D'ailleurs, contrairement à elle, l'homme n'avait pas utilisé de figures venant embellir ses dires, se contentant d'aller droit au but : l'inviter à rester ici à l'abri le temps que cette perturbation cesse près d'un feu préparé à juste titre.

   La scandinave accepta cette modeste invitation d'un simple hochement de tête. Néanmoins, elle restait sur ses gardes, sait-on jamais, tout est si vite arrivé. C'est une raison pour laquelle la jeune femme continua l'échange sous l'apparence de Freyja, prête à bondir, prête à défendre sa peau. On n'est jamais trop prudente, l'attention étant une qualité clef pour se sortir des situations désespérées (quand on n'a su les éviter). Les créatures de ces lieux sont si imprévisibles... Enfin... C'est ce que les rumeurs laissent entendre !

   Afin de préparer de quoi se réchauffer par ce temps des plus déplorable, l'étrange personnage se tourna sans se sentir menacé par un coup en traitre de la part de la norvégienne. Cela étonna Adelheid qui vint se rapprocher toujours aussi délicatement de lui, sans faire un bruit. Dans sa démarche on pouvait déceler une ressemblance avec un quelconque prédateur félin, s'approchant doucement de sa proie afin de mieux la surprendre. Mais ça n'était pas le cas, malgré toutes les apparences. Cela était encore et toujours de simples mesures de précautions.

   Une gerbe de lumière apparut de paire avec ces étincelles, illuminant la caverne sur un certain périmètre. Les deux protagonistes étaient presque visibles l'un de l'autre mais les derniers bouts d'obscurité venaient parfois masquer une partie de leur visage selon l'angle qu'ils formaient avec le point émetteur de clarté. Freyja jeta un coup d'œil distrait sur sa cape perlée de la bruine qui avait précédée ce torrent venu du ciel. Afin de ne pas prendre trop froid (bien que sa peau soit déjà glaciale) elle défit l'ouverture se faisant par le devant et la posa sur un « meuble » de pierre nu dans le but de la faire sécher avant de reprendre sa route. Ceci fait la scandiblonde s'approcha toujours aussi doucement du feu. Son regard d'argent se perdit bien rapidement dans les flammes, puis elle repensa au moyen archaïque dont l'homme-loup avait user pour alimenter ce feu. Elle lui aurait bien proposé des allumettes mais d'une, il ne devait pas savoir ce qu'était ce petit bout de bois, de deux, il était impossible pour lui de s'en servir avec ses grosses pattes. Malheureusement les habitudes terriennes n'étaient pas toujours les plus convenues ici.

   Maintenant devant le feu, la barbaresse s'accroupit, toujours en contemplant ces flammes caressant sa peau de leur souffle chaud. C'était agréable, surtout en cet instant. Sentir cette chaleur alors que dehors se trouvent pluies et vents... Le réconfort gagna son cœur. Elle tourna faiblement la tête vers l'homme-loup, ce même air neutre sur le visage.


- Pourrais-je connaître le nom de mon hôte ?

   Cela était un plutôt bon début, non ? Puis c'est la base même d'une nouvelle relation. Non en réalité c'était parce que Freyja ne savait pas quoi dire. Elle croisa les bras, venant réchauffer ses bras nus de ses mains gantées. Non, vraiment, elle ne savait que faire dans cette situation imprévue. Cependant, tous ses sens étaient encore alertes et réceptifs au moindre signe de danger.
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Saïl Ursoë

Créature

Re : Intrusion [PV Adelheid Friedrich]

Réponse 4 mardi 31 août 2010, 03:39:12

S’entrechoquant l’une contre l’autre, les pierres siliceuses n’émirent d’abord que de vains crachotements d’étincelles qui projetèrent une fugace clarté avant de mourir, puis, à la suite d’un coup plus chanceux, le feu en puissance s’agrippa solidement au combustible qu’il eut tôt fait de faire entrer en incandescence, incandescence qui se propagea rapidement au petit bois. Ainsi naquit une bonne flamme tortillante de gabarit raisonnable qui, se mettant promptement à la tâche de chasser l’obscurité aussi bien que le froid, pétilla vaillamment et dansa gaiement devant les yeux des deux occupants des lieux qui purent aussi se découvrir l’un comme l’autre avec davantage de précision.

En ce qui concerna Saïl, ce ne fut pas sans surprise ni sans saisissement qu’il put discerner plus clairement une jeune fille que l’on aurait pu croire sculptée à partir se neige, de givre et de glace tant sa constitution n’appelait pas d’autres termes comparatifs. La peau blanche comme un cachet d’aspirine laissant voir des muscles modestes mais bien taillés, elle irradiait malgré son physique de mannequin une impression de maîtrise, de contrôle et surtout de froideur qui aurait presque pu décourager le savant s’il avait été du genre à se décourager d’aider quelqu’un.
Avec sa tenue de cuir étonnamment bien conçue, ses cheveux coiffés légèrement à la hâte, son air fier et sa posture bien campée, elle donnait une impression étrangement équivoque, à la fois désinvolte et alerte, en même temps novice et expérimentée. C’était non pas comme si elle avait malhabilement cherché à se fondre dans un rôle, mais comme si deux impératifs s’étaient pour la former mêlés avec une harmonie bancale ; impression que devait d’ailleurs probablement donner l’homme-loup avec son aspect de bête colossale contrastant avec con comportement posé et presque délicat. En tout cas, elle n’était pas partie sans être préparée comme l’indiquaient les multiples contenants disposés un peu partout sur sa tenue qui devaient receler plus d’un outil utile et même, comme il put le voir contre la cuisse droite de la valkyrie, une arme à feu, objet ô combien déplaisant aux yeux de quelqu’un de paisible comme notre monsieur. Cela dit, quelque chose, sans qu’il fût exactement capable d’expliquer quoi, lui disait que ce n’était pas ce à quoi elle aurait directement recours si elle venait à être menacée, une impression de puissance invisible et pourtant présente émanant directement d’elle.
Si le grand gaillard l’observait avec une telle insistance c’était très nettement par curiosité et non par intérêt concupiscent, mais cela ne l’empêcha pas de remarquer en toute objectivité qu’elle était d’une beauté saisissante, statuesque ; de ces beautés que l’on observe sans oser les toucher, à la façon d’une œuvre d’art ou d’une image sainte. Enfin, la jeunesse qui se lisait sur tous ses traits ne manqua pas d’interpeller le savant, la demoiselle ayant manifestement au maximum la vingtaine alors qu’il lui aurait au premier abord donné dix ans de plus tant la maturité inhérente à ses manières et à sa voix l’avait induit en erreur.

Mais pour en revenir à l’action, Saïl remit ses ustensiles d’allumage en poche avec un léger grognement de satisfaction, puis, avisant le courant d’air froid et désagréablement humide qui pénétrait par l’ouverture toujours présente, il retourna à sa « porte ». Glissant ses mains dans deux prises qu’il y avait aménagées au fil du temps, il tira aussi doucement que possible sur la lourde roche, comblant la sortie dans un raclement sourd avant d’en revenir à son invitée qui, il l’espérait, ne prendrait pas cette précaution de confort pour une mise en prison.
Heureusement, apparemment, celle-ci, loin de se sentir menacée comme aux premiers instants de leur rencontre inopinée, parvenait à prendre peu à peu ses aises, ne crachant pas sur la chaleur du feu en face duquel elle s’accroupit promptement, s’y séchant et s’y réchauffant.
Et alors que lui-même venait la rejoindre, elle se tourna dans sa direction, et, comme cela se fait entre gens de bonne société, s’enquit de l’identité de l’homme-loup qui s’accorda le loisir de se seoir convenablement en tailleur sur sa paillasse avec un soupir de satisfaction avant de répondre :

« Vous pouvez. Saïl Ursoë, habitant des Terres Sauvages, et, croyez-le ou non, médecin patenté. A votre service. »

Cette formule finale sortait souvent de la bouche des gens comme un automatisme de bon aloi, mais chez lui, elle avait comme particularité qu’elle était dite avec franchise, le docteur se mettant réellement à disposition de la personne à laquelle il s’adressait en mentionnant cela, ne l’avançant pas par politesse ou pour la beauté du style.
Quant aux révélations bien curieuses qu’il s’était autorisé à faire, elles venaient du fait qu’au fur et à mesure que les mois s’étaient écoulés, il avait fini par adopter son étrange condition avec un détachement croissant, s’en accommodant sans déplaisir. Après tout, il était ce qu’il était, et pourquoi aurait-il dû avoir honte de ce à cause de quoi il l’était devenu ou de ce qu’il avait fait depuis qu’il avait revêtu cette forme si singulière ? Sur le sujet, chacun était libre de se faire son opinion, et quant aux risques qu’il pût être repéré et traqué pour sa nature unique, il les estimait en réalité bien moindres avec cette enfant qui paraissait bien davantage intéressée par la découverte de nouveaux horizons que par les magouilles, trafics et machinations divers.
En parlant de cela, il ne put que se rendre compte que la jeune femme, avec sagesse hélas, ne lui faisait pas encore vraiment confiance, se tenant sur ses gardes comme l’indiquait sa posture propre à bondir de même que son regard toujours aussi vigilant et vif que l’on aurait pu croire capable de percer jusqu’à l’âme. L’homme-loup, lui, s’affichait plus détendu, plus relaxé, un loisir qu’il se permettait non seulement parce qu’en tant qu’hôte, il se devait de ne pas se montrer méfiant, mais aussi parce qu’il s’était rendu compte depuis longtemps que sa constitution incroyablement robuste pouvait aisément supporter quelques coups sans trop broncher, même les plus violents.

Mais maintenant qu’il avait fait les honneurs de la présentation, il lui tardait d’en apprendre plus sur sa compagnie, celle-ci suscitant chez lui un intérêt croissant de par son aspect ainsi que son comportement bien originaux, même à l’aune de ce qu’il avait pu découvrir jusqu’ici dans ce monde exubérant et multiforme. Ce fut donc avec la même placidité que jusqu’à maintenant qu’il lui retourna la question, la couvant d’un regard amène :

« Et vous, ô mon invitée imprévue, comment est-ce que vous vous appelez ? »


Depuis la trouvaille du feu, l’homme a pris l’habitude de se rassembler autour des sources de cet élément pour discuter, chanter, jouer, danser et se raconter des histoires ; et il fallait croire qu’il y avait dans l’ambiance actuelle un peu de cette magie primale, car Saïl se prenait au jeu d’un vocabulaire plus soutenu, presque théâtral. D’ailleurs, avec les innombrables ombres que jetait dans mille recoins les flammes crépitantes, on pouvait volontiers se croire revenu à cette ère où le monde était encore un gigantesque inconnu inabordable et où se retrouver eu chaud et à l’abri était un confort presque sans prix. Et avec la pluie qui grondait dehors, nombreux étaient les ingrédients réunis pour inciter à relâcher la tension d’une journée éprouvante et à passer un moment aussi agréable que possible en bonne compagnie.
A ce propos, il revint à l’esprit de l’homme-loup que le premier contact ne s’était pas fait sous les meilleurs augures, aussi, avant que son interlocutrice n’eût pu avoir le temps de répondre, il se permit de reprendre la parole :

« Au fait, désolé de vous avoir fait peur ; c’est que comme vous devez vous en douter, je m’attendais pas à trouver quelqu’un ici. » Puis, après une courte pause de réflexion, il ajouta « Puis bon, je sais que j’ai pas exactement une tête de bon samaritain, alors je ne vous en veux pas d’être méfiante. »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Adelheid Friedrich

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Re : Intrusion [PV Adelheid Friedrich]

Réponse 5 mardi 31 août 2010, 19:56:17

   Se regard alla de nouveau se perdre dans les flammes, en quête de compréhension et de chaleur, tout ce que les précipitations venaient d'effacer sur leur passage. L'air se refroidissait, c'était un petit indice supposant l'arrivée précoce de l'automne, voir même de l'hiver. À moins que ce froid ne soit provoqué par la brusque arrivée de Freyja ? Tout est possible, mais il n'empêche que la température venait de chuter de quelques degrés en à peine un quart d'heure, ce qui laisse supposer qu'une grande perturbation touche les terres sauvages. Peut-être qu'un orage éclaterait, qui sait ! En plus du lourd tambour que la pluie nous joue, nous aurions peut-être le droit à cette autre rythmique venant cadencé cette morne musique ? Morne, certes, mais ayant déjà tout son charme.

   En dépit de sa visible inattention à ce qui l'entour, la scandinave sentait le regard de l'homme-loup sur elle. N'étant pas encore sûre de ses intentions, elle captait le moindre son, la moindre respiration suspecte, ainsi que chaque ombre se mouvant de trop. Le seul bruit suspect qu'elle eut entendu fut celui de l'énorme rocher refermer cette caverne dans un grondement sinistre. Condamnée à rester ici jusqu'à ce que son hôte lui autorise à prendre congé, Freyja se demanda si grâce à son labrys renforcé de sa force physique et magique, elle pouvait détruire cette porte. Bien sûr, seulement dans l'optique d'une fuite hâtive au cas où les évènements dégénèreraient.

   Cependant, l'étrange créature répondant au nom de Saïl Ursoë s'assit près du feu, tout en répondant à sa question de manière toujours aussi simple mais polie. Non, il ne l'avait pas encore mangée. Peut-être que Saïl a été chassé précédemment, qui sait ? Le fait de s'assoir semblait l'apaiser, il a donc dû avoir recours à un grand effort physique. La jeune femme fut quand même un peu surprise qu'il se prétende comme un médecin confirmé, mais après tout, tout était possible ici et ne se fier qu'aux apparences est un pas de plus vers le mur. Comme elle s'y attendait, on vint lui renvoyer la question, de manière assez comique vu le ton théâtral qu'il employait avec ce physique bourru. Elle ne savait trop que répondre mais plusieurs options se présentèrent à elle : donner le nom et le prénom que ses parents lui avaient donnée à sa naissance, donner son premier nom de substitution et enfin donner son second nom de substitution. Le dernier choix semblait des plus raisonnables et le plus conséquent face à la forme qu'arborait la norvégienne. Elle était Freyja, ni plus ni moins. Elle n'eut le temps de formuler sa réponse que son hôte s'excusa de la manière dont leur rencontre se déroula. Il fallait avouer qu'ils n'étaient pas forcément parti du bon pied, mais, d'un côté, comment réagiriez-vous si vous trouvez un inconnu chez vous, même en ayant fermé la porte à clé ? Pas très bien, je l'imagine.

   L'absence de paroles dura quelques longues secondes, laissant leur place aux crépitements des brindilles plongées dans cette marre brûlante que forme le feu ainsi qu'aux innombrables gouttes de pluie venant perler le sol à l'extérieur. Freyja se retourna à nouveau vers son interlocuteur, dévoilant toujours plus son visage aux traits juvéniles mais avec cette dureté qui laissait penser qu'elle était avait eu le vécu d'une femme de plus d'une trentaine d'années.


- Ce serait plutôt à moi de m'excuser, même si je l'ai déjà fait. Pour ma part, je ne pensais pas que quelqu'un puisse habiter ici.

   Ses lèvres se mouvèrent en un bref discours. Ses dernières paroles n'étaient en aucun cas rabaissantes ou autre, dans le sens que cet habitat est invivable, elles exprimaient plutôt sa surprise et son embarras. La jeune femme reprit un longue inspiration et continua de formuler sa réponse.

- Je me fait prudente. Il se peut que vous trouviez ça froid ou mal approprié, mais mes expériences passées m'ont apprises à ne pas abaisser ma garde. De plus, j'étais persuadée que vous vouliez de moi comme petit-déjeuner...

   Une pointe de rancœur dans ces dernières paroles montraient la sincérité des paroles de la barbaresse. Quelques mésaventures avaient gâchées l'héroïsme de ses péripéties sur Terra, mais c'était le prix à payer lorsque l'on est trop hardie. Maintenant qu'elle eut justifié son attitude actuelle, elle marqua une petite pause avant d'en venir aux présentations.

- Je me nomme Freyja, officiellement jeune femme en quête de nouveau depuis quatre jours.

   Son introduction n'était pas des plus originales, mais cela suffisait amplement pour se dévoiler un peu mais pas trop.

- Ravie de faire votre connaissance.

   Ajouta-t-elle en étirant légèrement ses lèvres pour former un mince sourire. Un roulement de tonnerre résonna dans le ciel et la jeune femme ne put s'empêcher de raffermir l'emprise de ses mains sur ses bras. Freyja n'avait pas peur de l'orage, contrairement à Frig. Cette dernière l'hébergeant, il arrivait parfois que la gentille humaine au fond d'elle donne un petit signe de vie. L'héroïne des temps anciens changea de position pour se mettre maintenant à genoux, ce qui lui permit de détendre ses chevilles endolories par la marche en hauteur. Elle jeta un coup d'œil au flammes dansant devant ses yeux avant de reprendre la parole.

- Que fait donc un être comme vous dans un endroit pareil ?

   Curieuse, la scandinave l'a toujours été. Mais c'était aussi une manière d'en savoir un peu plus sur cette créature qui attirait son attention.
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Saïl Ursoë

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Re : Intrusion [PV Adelheid Friedrich]

Réponse 6 mercredi 01 septembre 2010, 03:04:03

Dans le moment de silence qui fit suite aux paroles de l’homme-loup, celui-ci étira un de ses longs bras pour venir chercher dans sa réserve un tronçon de bois de taille conséquente qu’il déposa au sein des flammes pétillantes, leur donnant ainsi de quoi durer une bonne heure supplémentaire au bas mot. Sous ce nouvel apport soudain de combustible, le feu se dandina, souffla et crachota de plus belle, semblant proposer un concerto à la pluie qui combinait son monotone martèlement de basse au ronflement continu de son élément adverse.
Lorsque son invitée se décida à reprendre la parole, Saïl ne put empêcher un mince sourire matois de se dessiner au sein de la fourrure qui recouvrait son visage à la mention de la surprise de la jeune fille à trouver au sein des montagnes une habitation. Quoi de plus normal, puisque c’était là l’objet même d’une installation aussi recluse que de ne pas être trouvée ? Il aurait pu le lui faire remarquer, mais il l’estimait assez maligne pour l’avoir compris par elle-même, et de toute manière, il ne regrettait pas qu’elle fût fortuitement tombée sur son repaire.
C’est qu’en dépit de son air redoutable et peu commode, la demoiselle lui inspirait confiance, sans doute de par la fiabilité inhérente à son comportement respectueux, plein d’une politesse certes froide mais non feinte. Mieux valait cela qu’une hypocrite chaleur, raison pour laquelle il appréciait sa compagnie malgré la réserve toutefois bien légitime qu’elle conservait.

En revanche, quand elle en vint à l’état d’alerte dans lequel les apparences peuvent vous plonger, si trompeuses qu’elles puissent avoir la réputation d’être, l’expression du doux hybride se teinta de chagrin, son sourire s’estompant légèrement alors que ses yeux se voilaient de tristesse. Ah, il était certain qu’on aurait été bien sot de rester innocent dans un monde pareil, et il ne lui en voulant pas de vouloir conserver une distance de sécurité !
Mais que lui-même avait souffert de son apparence, peut-être pas repoussante en soi, mais ô combien imposante, formidable, effrayante ! Il ne pouvait ni n’aurait voulu dénombrer les fois où l’on s’était mis à pousser les hauts cris rien qu’en l’apercevant de loin pour se mettre ensuite à le harceler d’attaques, de cris, d’insultes… cela quand les intéressés ne prenaient pas directement la fuite, bien sûr !
Ah, bien sûr, il avait appris à s’en accommoder, mais l’on ne s’habitue évidemment jamais complètement à être à vue l’objet de haine ou de frayeur de la part d’autrui, et de là venait dans le cœur de Saïl une profonde mélancolie qui, telle une balle de plomb, lui pesait dans la poitrine. Rien qu’à ces pensées, des larmes dolentes s’amoncelèrent à la lisière de ses pupilles, larmes qu’il s’empressa de chasser en clignant des paupières et en inspirant profondément, s’efforçant de concentrer son attention sur son invitée.

Celle-ci en était justement venue à se présenter sous un nom qui, pour le scientifique, pouvait difficilement être autre chose qu’un pseudonyme tant l’idée qu’il fût en présence de la plus grande des valkyries lui semblait tout simplement impossible. Et pourtant… Terra était un monde si extraordinaire qu’on y avait bien vu les choses les plus étonnantes, les plus extraordinaires, les plus miraculeuses y survenir ! Aurait-il été possible que… non, mieux valait éviter de l’envisager, sinon, l’idée ne pourrait plus lui quitter l’esprit, se baladant dans sa tête et l’empêchant de penser tranquillement autant que d’apprécier ce moment de sérénité.
En tout cas, ce qu’elle dit ensuite lui fit chaud au cœur, car malgré la distance qu’elle avait dit vouloir maintenir, elle fit charitablement l’effort d’être plus chaleureuse, lui présentant ses respects de manière toujours aussi soutenue mais manifestement sincère, tout comme le fut son désir d’afficher un air plus doux bien que son visage n’eût apparemment guère l’habitude de telles expressions faciales.

Mais à ce moment, soudainement bien que sans surprise, un puissant rugissement surgi des nuées secoua l’atmosphère jusqu’à la caverne où ils s’étaient tous les deux retranchés, prélude à ce qui serait certainement un orage de belle ampleur à en juger par l’intensité de la pluie qui l’avait précédé. Ce ne fut toutefois pas ce qui attira le plus l’attention de Saïl, car à ce moment, un étrange phénomène se produisit : Freyja, jusqu’ici si maîtresse d’elle-même, eut soudain comme un réflexe de recroquevillement, certes très subreptice mais visible, avant de se reprendre. De façon troublante, aux yeux de l’homme-loup, ce fut comme si un autre tempérament, un autre caractère, une autre âme, avait tout à coup transparu sous l’être de la jeune fille durant le temps fugace où le coup de tonnerre avait résonné.
Ce qu’il venait de voir avait-il été un peu trop agrémenté de son imagination ? En tout cas, que ce fût pour se donner une contenance ou tout simplement par confort, elle changea de posture, puis reprit le dialogue par une nouvelle question, légèrement crispante pour le savant.

En vérité, non pas qu’il eût de réelles réticences à lui raconter son histoire, mais il ne trouvait sincèrement pas qu’elle fût digne d’être rapportée : ce n’était au fond que le récit d’études probablement bien ennuyeuses pour un profane, suivies d’une expérience qui s’était conclue en même temps par un ratage retentissant et par un succès inespéré. Mais il ne voulait pas se montrer impoli en l’envoyant sur les roses, aussi répondit-il tout en passant ses bras derrière sa tête et en s’appuyant contre la paroi de roche :

« Oh, c’est assez long et pas très intéressant… » Prévint-il du ton de celui qui le pense, sans la moindre intention de jouer la carte du mystère « … mais en gros, je me suis un jour plus ou moins volontairement retrouvé ici, et depuis, j’y suis resté en tâchant de bien m’installer. »

Il resta ensuite muet quelques secondes, se rendant alors compte qu’il omettait une part très importante de sa vie dans ce résumé bien lacunaire : celui qu’elle voyait en ce moment même n’était pas son apparence de naissance ; voilà qui n’était tout de même pas négligeable ! Incapable de mentir donc, n’eusse été que par omission, Saïl reprit après un instant d’hésitation :

« C’est que je n’ai pas toujours été tel que vous me voyez. » Bien décidé à ne pas cacher quelque chose, il cracha le morceau de manière aussi claire que possible. « J’étais un humain avant, mais après une expérience mal contrôlée, je suis devenu… »

Plutôt que de mettre un terme propre sur sa forme d’homme-loup bien inédite, il se désigna d’un geste de la main qui l’engloba de la tête aux pieds avant de reprendre sa posture précédente, ne trouvant pas trop que dire d’autre. En fait, il remarqua que son récit pouvait paraître assez négatif alors que lui-même aurait avoué sans réserve qu’il ne regrettait pas tout ce qui s’était passé depuis ce jour fatidique ; aussi précisa-t-il :

« Non pas que je m’en plaigne, cela dit. Ça me donne l’occasion de faire de belles rencontres après tout. » En fixant aimablement Freyja du regard, un sourire franc aux lèvres.
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Adelheid Friedrich

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Re : Intrusion [PV Adelheid Friedrich]

Réponse 7 mercredi 15 septembre 2010, 20:24:00

   En réalité, la jeune femme s'attendait à ce que son hôte réponde à sa question de manière simple, allant presque jusqu'à lui conter une situation banale (banale pour un Terran). Banale dans le sens où c'est tout à fait normal de vivre dans une cachette pour le moins bien cachée lorsque l'on est un homme-loup. Hélas, ayant vécu ses jeunes années sur Terre, c'était tout, sauf banal. Rien que voir une créature telle que celle qui se trouvait en face d'elle était insolite. Après avoir découvert tant de choses sur ce plan secondaire, Freyja avait développé cette blasitude envers ces choses surnaturelles. Plus rien ne l'étonnait, ce qui n'est pas plus mal car dans un sens cela pourrait constituer une faiblesse. Et il n'y a pas de place pour la faiblesse dans ce corps momentanément sien. Elle a toujours été dure envers elle-même et surtout envers Frig.

   Saïl prit ses aises avant d'énoncer sa réponse. La scandinave pensa alors que c'était un sujet auquel il n'y attachait pas grande importance, ou bien qu'elle venait de toucher un point sensible. Malgré cette réticence, il prit quand même la peine de lui répondre sans y passer par mille chemins. Elle prit ça pour une preuve de sincérité. D'ailleurs, si elle avait toucher un point sensible, c'était sûrement de la sincérité qui émanait de ses paroles. Sincérité, émotions... Sentiments ? Peut-être que la créature n'était pas qu'une vulgaire bête sauvage, après tout, et peut-être même qu'il relevait plus de l'humain que du loup. Cela pouvait être vexant pour Saïl s'il savait que Freyja pensait qu'il n'était qu'un animal doté de parole, sans même le dire à haute voix. Suite à la réponse de son hôte elle hocha la tête sans le quitter des yeux. Il prit la parole à nouveau et cela confirma les pensées de la jeune femme : il se rapprochait plus de l'humain que de l'animal. Quel étrange transformation, pensa-t-elle !

   D'un autre côté, c'était bien malheureux pour lui. Le peu d'émotions que la barbaresse laissa transparaitre sur son visage se changea en un semblant de compassion. Même si sa nouvelle apparence n'avait pas l'air d'incommoder Saïl, il n'empêche que c'était un changement plutôt radical. Quant aux dernières paroles de l'homme-loup, Freyja ne put s'empêcher d'élargir son sourire. Elle était encore légèrement crispée pour le moment mais ça n'était juste qu'à cause de l'embarras (et non parce qu'elle se forçait à sourire par pure politesse). Était-elle vraiment une belle rencontre, en soi ? Pour l'instant elle en doutait. Pour être plus juste, c'est qu'elle ne savait pas vraiment. Les seules personnes qu'elle ait « rencontré » jusqu'à ce jour ont pour la plupart fini dans un piteux état. Un très piteux état. Aujourd'hui, cela ne serait sans doute pas le cas. Oui, c'était bien la première fois que l'héroïne scandinave ne s'attaquait pas à son interlocuteur.

   La jeune femme baissa les yeux sur ses mains qui reposaient sur ses cuisses. Elle n'était pas très douée en ce qui concerne les relations humaines. Et pendant ce temps, l'orage faisait rage. L'extérieur était à la merci des intempéries alors qu'ici, au contraire, ils se séchaient. Cela animait ce sentiment de réconfort au fond d'elle. Même dans cette modeste cave ils se sentaient bien car ils savaient qu'il y avait pire, comme ces calamités météorologiques prenant place à l'extérieur. Ça n'était pas la joie... Un triste temps pareil ! Mais si l'on prend le problème dans l'autre sens, une canicule n'était pas mieux non plus. Finalement, une petite tempête n'était pas si désagréable que ça pour refroidir l'air et décharger les nuages de ce poids de chaleur que les humains doivent porter... La scandiblonde se tourna de nouveau vers Saïl.


- Si vous étiez humain... D'où venez-vous, à la base ? Nexus ? Une autre ville ? Ou même... de Terre ?

   Freyja prononça ces derniers mots avec hésitation. Le fait que Saïl soit un terrien à la base lui paraissait tout à fait improbable. Au pire, s'il était terran, il prendrait ce dernier nom comme celui de n'importe quelle grande ville dont il ne connaissait pas encore l'existence. Mais comme on dit souvent : « on ne sait jamais » ! Dans l'optique où il viendrait vraiment de Terre, elle pourrait se sentir moins seule...

   Légèrement incommodée par cette nouvelle position, la norvégienne décida finalement de s'assoir par terre et de ramener ses jambes contre elle. Son regard rêveur se plongea à nouveau dans les flammes qu'elle dévisageait avec une certaine moue. Ça faisait quelques temps qu'elle n'avait pas eu affaire avec du feu, son élément contraire. Elle évitait d'en faire dans la mesure du possible. Plus elle avançait dans le temps et plus elle haïssait ces flammes sans que cela devienne phobique.
{ T h è m e } - { F i c h e }

Mens vinteren er stille hvit og mens våren er golden sollys
Den gamle vandreren går mens høsten er blodig rød, evig og evig





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