Une blague de mauvais goût (Hakua)

Hana Bertinelli Ochinose était sortie, "seule". Enfin, sa solitude était toute relative, mais au moins, ses douze gardes du corps étaient discrets, et lui donnaient presque l'illusion qu'il n'y avait personne. Alors, Miss Bertinelli faisait les magasins tranquillement. Elle n'avait pas à proprement parlé de "copines" pour l'accompagner, et généralement, son cousin Sergio lui servait de chaperon. Mais cette fois, l'italien avait autre chose à faire, et cela convenait parfaitement à la métisse qui avait alors l'impression d'être "libre". Douce illusion...

Après donc quatre magasins de chaussure et trois tailleurs où elle avait commandé  des vêtements sur mesure - Ah ! les joies du métissage, qui la font être plus épaisse que la moyenne des japonaises et plus petite que la moyenne des italiennes ! - Hana s'était arrêtée à la terrasse d'un café, savourant - forcément ! - une glace à l'italienne. Un régal, car le tenancier était un véritable italien.

Pour Hana Bertinelli, en ce moment, la vie était belle. Tout allait bien, tout était en ordre, dans le meilleur des mondes. Le patron qui tenait le café vint lui offrir un café viennois, et s'assit avec elle. Au Japon, assez peu de gens parlaient italiens et du coup, ni Hana, ni le patron - en réalité un de ses sous-fifres... Mais quant à savoir ce qu'il faisait pour sa famille, la jeune fille l'avait oublié - ne firent d'efforts pour parler doucement, et à grands renforts de gestes.

Hakua se promenait tranquillement dans la ville, regardant par-ci par-la les échoppes, et jouant de son pouvoir pour avoir des bricoles gratuites. Au moment de payer, il mettait la main devant sa bouche, et, s'assurant qu'il y avait des témoins, faisait dire au vendeur que c'était gratuit, et partait sans payer, laissant le vendeur s'expliquer avec les témoins.

C'est les bras chargés de divers "achats" qu'il vit la jeune femme assise à la terrasse d'un café. Elle avait quelque chose dans son physique qui ne collait pas avec les autres japonaises. Il mit un certain temps avant de s'en apercevoir. Le temps de voir plusieurs hommes en costume-cravate. Armés, il faut le dire, assez lourdement pour des humains. Qu'à cela ne tienne. Il nota aussi le revolver dépassant du tablier du patron. Bon. Si ils ont leur permis de port d'arme, tant mieux pour eux. Il s'approcha discrètement de la terrasse, et commanda un café turc bien serré. Qu'il ne paiera pas. Pendant que sa commande arrivait, il écouta discrètement ce que disaient les deux personnes de la table à côté. Il n'avait vu la jeune fille que de dos, mais de face, dieu qu'elle était belle... Ce genre de beauté qu'il ne supportait pas chez les humains.

Une fois sa commande arrivée, il mit sa main devant la bouche, et demanda le prix du café. Au grand étonnement du patron, le serveur lui répondit qu'il avait une bonne tête, que c'était gratuit. Il fit, par l'intermédiaire de son pouvoir, rentrer le serveur et le faire crier "Un deuxième café turc pour la 9 ! Ne lui demandez pas l'addition !". Une fois le serveur rentré, il continua à écouter le patron et la belle femme. Étrangement, il ne comprenait pas ce qu'ils disaient. Soudain, il eut une révélation en regardant le nom du café en question. "All'italiana, café italien." Ces deux personnes parlaient tout bonnement italien. Il crut aussi comprendre que le nom de la jeune fille était Hana Bertinelli.

Il entendit aussi à plusieurs reprises un mot que tout le monde connaissait : le mot "mafia". Soudain, il comprit tout. Le ton mielleux du patron, son revolver dans le tablier, et surtout les hommes en costume planqués par-ci par-la et leur armement peu discret.

Cette fille, Hana, apparemment, était une mafieuse, ou une yakuza, comme on disait ici. S'ensuivit un raisonnement rapide. Evidemment, les parrains n'étaient jamais nommés quand ils sont mineurs. Or, elle l'était sûrement. Il était temps d'utiliser son pouvoir. Il se concentra, se focalisa sur la jeune fille, mit sa main devant sa bouche, et récita d'un trait dans sa tête :

"Moi, Hana Bertinelli, je serai, à ma majorité, parrain de toutes les familles yakuza et mafieuses du Japon !"
S'ensuivit la réaction habituelle. La jeune fille se leva, et hurla à l'attention de tous les passants de la rue, et dieu sait qu'ils étaient nombreux, la phrase que Hakua avait préparé dans sa tête.

Il ne lui restait plus qu'à se mettre à distance respectable des gardes au cas ou elle découvrirait le pot aux roses.

(Et désolée pour le retard x) )

Hana parlait tranquillement, et soudain... En un clignement d'oeil, pas plus, elle se retrouva debout. Des dizaines et des dizaines de regards braqués sur elle. Hana s'apprêtait à demander ce qui s'était passé quand son téléphone sonna : l'un de ses gardes du corps...

"Qu'est-ce qui vous a pris, Signorina Bertinelli ?"
- De quoi ?
"Ce que vous venez de dire. Tout le monde sait qui vous êtes... Ce n'est pas une raison de le crier ainsi dans la foule."
- Mais de quoi vous parlez ?

Il y eut un blanc de quelques secondes, et elle entendit la sonnerie caractéristique d'un nouveau message. Elle raccrocha, vit le lien vers une vidéo, qu'elle regarda en mettant le son dans une oreillette. Et elle en resta bouche bée !! Elle ne se souvenait pas du tout avoir dit ça ! Hana serra les dents, alors que le patron du café lui demanda si ça allait.

- Non.

Et ce "non" sonnait comme une sentence : là, quelque part dans la foule, un foutu terranide avec un foutu pouvoir s'amusait d'elle. Le serveur apporta le deuxième café à Hakua, et si la métisse ne le remarqua pas tout de suite, son regard finit par capter le sien. En même temps, il était plutôt visible. Trop, c'était peut-être un piège. Elle sourit à Hakua, du sourire du prédateur qui a repéré sa proie. Il ne faisait aucun doute à la jeune femme que cette... hum, "personne", n'était pas à sa place. Aucun doute, il devait retourner à Terra. Et Hana se ferait une joie immense de l'y renvoyer.

Aussi, elle prit son sac, salua la patron du bar, et partit. Quand elle passa à côté de la table d'Hakua, elle s'y accouda et lui sourit :

- Tout à l'heure, je vais appeler quelqu'un qui n'aime pas que des terranides se trimballent sur Terre. Je vous offre une chance de rentrer chez vous tant qu'il en est encore temps.

Et sans lui laisser le temps de répondre, Hana repart pour continuer sa journée shopping - soudain bien sombre à cause de la présence de ce foutu terranide sur terre !!

Et le soir, nul doute qu'elle allait commencer à traquer l'albinos aux tatouages d'éclairs, revêtue de son costume d'Huntress...