Shine like thunder, cry like rain [pv: Exia]

- Oui, bien sûr !

   Cette réponse fut un automatisme et dessuite Frig se leva du canapé pour s'emparer de la télécommande. D'un geste qui semblait tout à fait machinal elle alluma la télé, avant de remettre la télécommande à sa place. Cette fois-ci elle s'autorisa un excès de confort et enleva ses chaussures grâce aux fermetures sur les côtés extérieurs, dévoilant le reste de ses jambes enfermées dans des jambières rayées noires et blanches. Elle les abandonna aux pieds du canapé avant de s'allonger dessus, sur le ventre. Les bras croisés sur l'accoudoir, la scandinave regardait les images défilant devant ses yeux sans y prêter une grande attention. Cela devait faire quelques semaines qu'elle n'avait pas regardé les informations ni mêmes ouvert un journal, juste pour la simple raison qu'il y a trop de problèmes sur Terre. Et rien que d'y penser, elle se sentait mal. Adelheid baissa les yeux sur ses bras, ses jambes battant toujours l'air d'un mouvement lent et régulier. Encore des catastrophes, encore... Ça ne s'arrêtera donc jamais ? Ô que non. Il ne faut pas en espérer de trop, non plus. Sa seule réponse face au programme télévisé fut un simple soupir attristé. Pauvres gens, ils n'avaient rien demandé...

   Lorsque son hôte demanda à la jeune femme ce qu'elle souhait faire, elle releva la tête aussitôt, un peu surprise par l'intervention d'Exia.

- Eumh... Pour l'instant ça ira !

   Balbutia-t-elle avec hésitation en ponctuant sa réponse d'un énième sourire. Son premier but, pour le moment, était celui de ne pas être une invitée difficile et contraignante. Derechef Adelheid plongea son regard dans le vide, son seul sens alerte étant l'ouïe, et encore... Au moins, en ne pensant à rien, elle en oubliait presque d'être angoissée jusqu'à ce que de mauvais souvenirs remontant à quelques semaines viennent la hanter à nouveau. Elle secoua la tête, chassant ses démons provisoirement, ce soir n'était pas le bon soir pour broyer du noir. Maintenant, il lui fallait meubler la conversation, puisqu'elle s'était montrée particulièrement passive ces derniers instants. Finalement, le sourire de Frig s'élargit. Tiens donc, pour une fois qu'elle a une idée...

- Dis... Comme tu m'as dit précédemment que tu jouais de la guitare... Pourrais-je avoir l'honneur de t'entendre jouer ?

   Demanda-t-elle tout innocemment. Formulé ainsi on pourrait croire avoir affaire à une simple demande alors qu'en réalité c'était quasiment un ordre. C'est pour ça que son regard commença à se faire suppliant, toujours accompagné de ce sourire qui ne pouvait inspiré que la sympathie. Il était rare qu'Adelheid « insiste » de manière aussi subtile soit elle, mais à chaque fois cela portait ses fruits. Enfin, généralement.

Avoir l'honneur de pouvoir jouer un air de guitare.... Cela faisait bien rire Exia qui n'avait jamais eu une demande aussi appuyé par la courtoisie pour avoir à glisser ses doigts sur des cordes. Il ne put s'empêcher d'accepter et traversa son salon se dirigeant droit vers sa chambre. Ouvrant les portes de la penderie, au fond à droite de celle-ci, caché dans le noir, se tenait deux guitares. Une électrique et une acoustique.

Aujourd'hui, il utilisait surtout sa guitare électrique lorsqu'il était sur scène, préférant le son de fureur qu'il laissait exalter sous ses doigts, laissant l'autre sous un voile de poussière. Pourtant sa guitare acoustique représentait ses débuts inexpérimenté en tant que guitariste. Il hésita une seconde avant d'éloigner de sa main, la poussière qui était logé sur son vieil instrument. Fermant la porte de la chambre derrière lui, il posa la guitare au coin du canapé avant de prendre une cigarette dans son manteau. Quand il joue chez lui, par pur plaisir, il a toujours une sorte de rituel qui consiste à fumer une cigarette laissant planer sous les fumées, ses idées.

" Tu me laisse un peu de place sil te plait. "

Souriant pour éviter de paraitre trop dérangeant lorsqu'il demanda à Adelheid de se déplacer, il coupa le son de la télé et prit son instrument entre ses mains puis, il tenta quelques notes pour accorder sa guitare.

Il pouvait compter en année le temps qu'il n'avait pas jouer avec elle et la ré-utiliser aujourd'hui, lui rappelé son passé lorsqu'il passait ses journées à ne faire que jouer de la musique. Alors qu'il était au fond du fauteuil, ses yeux se vidèrent et on aurait pu croire que son esprit avait quitté son corps. Et, sans avoir montré le moindre signe, ses doigts glissèrent sur les cordes.

                                 

° Music °

Et il oubliait tout, s'enfermant à clés dans un monde que lui seul comprenait. Un monde dont il avait les clés, avec lequel il partait loin, bien plus loin que sur cette terre ou il était prisonnier. Il aurait rêver jouer cette chanson devant un million de gens, juste pour son plaisir, juste pour sa passion.

   Bien sûr que Frig fut ravie de sa victoire insignifiante. Elle attendait Exia avec une impatience qui pouvait sembler exagérée, mais elle était pourtant sincère. Dès qu'il s'agit de musique, son cœur s'emballe et un sourire radieux illumine son visage. Cela a toujours été une manière d'échapper quelques instants à ses soucis aussi futiles soient-ils, toujours dans un moment de plaisir intense.

   Au retour de son hôte, la jeune femme l'accueillit avec un beau sourire. À sa demande, la scandinave reprit sa position initiale aussitôt tandis que son hôte s'installait. Il n'y eut plus aucun son dans la pièce, le silence s'était installé de manière rapide mais toujours calme. Une note brisa ce moment maintenant lointain. Et une seconde. Puis tout un flot mélodieusement uni découla le long des doigts du joueur pour envahir toute la pièce. Ses doigts semblaient agir comme ceux d'un automate, mais la mélodie qui en sortait n'était pas du tout mécanique. La norvégienne ne fixait pas ses doigts, mais le visage d'Exia. La musique ne vient pas des doigts, elle vient de l'intérieur, de l'âme. Ce qui fait la musique, ce sont les émotions que l'on y transmet, même involontairement. On peut avoir de la technique mais ne rien transmettre, c'est le défaut du musicien de nos temps. Il y a aussi les petits instrumentistes qui ne sont pas forcément très doué mais qui vous impressionnent par leurs émotions qu'ils arrivent à faire passer à leur public. C'est une qualité rare, de nos jours.

   C'était ce qu'Adelheid pouvait lire dans ses yeux. Son regard était scotché sur son visage, non pas de manière lourde, mais de manière calme, presque comme attentionnée. Quelques fois ses yeux descendirent vers ses doigts, quelques brèves secondes. Mais non, elle le sondait, à travers la musique qu'il jouait. Quand on sait la lire, on peut y voir quels genres d'évènements ont plus ou moins marqué l'instrumentiste. Sauf que la jeune femme comptait garder ça pour elle, en parler serait d'un manque de politesse et d'une indiscrétion totale. Et si elle se trompait ? Cela serait embarrassant.

   La scandiblonde ne se lassait pas de l'entendre jouer. Malheureusement elle ne s'attendait pas à en voir la fin aussi tôt. Lorsque les lieux reprirent leur silence, elle fit une mou signifiant bien « Déjà...? », battant des cils. Sur le moment elle ne savait que dire, cherchant des mots pour expliquer l'inexplicable.

- C'était juste... wow.

   Son visage s'était rembrunit. Comme elle voulait lui faire part de ce moment qu'elle avait passé mais la jeune femme ne trouvait pas ses mots.

Il glissa les dernières notes sur sa guitare, laissant la pièce s'enivrer d'une ambiance nostalgique. Il avait un fin sourire sur ses lèvres, c'était évident à voir tellement il était essentiel lorsqu'il jouait. C'était la preuve qu'il aimait, qu'il était passionné par son instrument. Puis, ébranlant ses oreilles, le son aigu et désagréable d'une sonnerie vint l'interrompre définitivement, celle de sa porte.
Le livreur de pizza était la et il aurait été bien malpoli de le laisser attendre moisir dans le froid même si au fond, Exia était tenté de disparaitre pour jouer une autre mélodie. Il sourit à sa compagne, lui glissant sa guitare sur ses petites jambes.

" Tu m'attends, je reviens avec le manger. "

Tel un gros balourd, il se souleva du canapé. Il quitta le salon puis descendit les escaliers pour ouvrir la porte qui menait sur la rue. Sur le trottoir, la cigarette à la bouche, se tenait le livreur de pizza. Exia acquiesça lorsqu'il entendu la note puis il donna son dût avant de remonter, les deux boites à pizzas au creux de son bras droit. De retour, il se dirigea directement vers l'un des comptoirs de sa cuisine ou il posa la nourriture. Il posa les deux boites cote à cote puis, remarquant qu'elles avaient déjà eu affaire avec un couteau, il prit une part avant d'inviter Adelheid à le rejoindre.

" Si tu as faim, tu viens te servir. "

Puis il s'abaissa devant son frigo pour y voir les boissons qui lui restait. Bière, bière et encore de la bière.

" Si tu as soif, j'ai de la bière, de l'eau ou si tu veux un soda je vais en chercher, il y'a une épicerie pas loin. "

[PS: Désolé, c'est très court mais c'est juste le temps que je me remette dans le bain et que je reprenne correctement le Rp.]

   La jeune femme leva brusquement la tête lorsqu'un son fort reconnaissable atteint ses oreilles. Ah oui... la sonnette... C'est vrai... Elle avait presque oubliée qu'ils n'étaient pas vraiment seuls bien qu'ils soient presque enfermés chez Exia. Frig sourit de même et attrapa la guitare de son hôte. Ses yeux se glissèrent sur toute la longueur de l'instrument, le sondant et l'examinant. Visiblement, il avait eu du vécu, cet instrument... Mais pourtant il restait quelques particules de poussière de part et d'autre sur le bois vernis. Et ça, Adelheid ne comprenait pas. Elle glissa son doigt le long de la table d'harmonie pour sonder la couche de poussière qui recouvrait l'instrument. À sa grande surprise, il y en avait plus que prévu. Soit Exia n'accordait pas grande importance à l'entretien de sa guitare soit elle n'avait pas servit depuis maintenant quelques temps. La norvégienne se leva et la posa délicatement contre le mur de manière à ce qu'elle reste en équilibre avant de se rassoir à nouveau, les yeux se perdant à nouveau dans ses contemplations.

   Quelques minutes later, son hôte revint avec ce qui leur servirait de diner du soir. D'un bond la scandiblonde se leva pour le rejoindre dans la cuisine. On lui proposait à boire, donc ?

- D'accord, pas de soucis.

   Son choix fut facile et fut porté pour une bière malgré ce qu'elle avait déjà avalé il y a quelques moments. Tant pis, quoi. Frig attrapa une bière qu'elle ouvrit, avec un couvert quelconque qui lui tomba sous la main, d'un geste presque automatique. Portant sa boisson à ses lèvres, elle but une grande lichée du liquide ambrée avant de le reposer sur le comptoir. Son regard loucha sur la boîte de pizza et ce fut après un petit débat intérieur « prendra, prendra pas » que son bras se tendit vers une des parts pré-découpées. Sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, la jeune femme termina sa part avec une vitesse qui la surprit elle-même. Elle s'accouda maintenant sur le bar, sirotant sa bière à nouveau. Ce n'était pas trop féminin, certes, mais elle s'en foutait totalement de ce qu'on pouvait bien penser d'elle. Étrangement, elle se sentait bien, un peu comme si elle était en harmonie avec ses deux « elle ».

- Au moins, on est tranquille chez toi...

   Son regard dans le vide, sa voix se faisait presque lointaine.

- Personne pour nous ennuyer, rien... C'est sûr que c'est mieux que ce bar miteux...

   Ajouta-t-elle avec un petit sourire avant de se tourner vers Exia.

- C'est rare de rencontrer des gens avec un minimum de bon sens, de nos jours. Et surtout un minimum honnête... J'en ai un peu marre que l'on regard mon décolleté plus que mes yeux...

   Un rire jaune se fit entendre mais Adelheid se reprit bien vite. Pourquoi elle lui parlait de ça ? C'était tout à fait stupide.

Tandis qu'Exia mordait sa part de pizza tout en sortant la bière, il remarqua qu'à peine après l'avoir posé sur le comptoir, en tentant de la retrouver avec sa main, elle avait disparu. Alors qu'il était plongé dans son frigo, Il releva la tête et vit Adelheid le goulot à la bouche. Elle ne perdait pas de temps et Exia du se rebaisser pour prendre une autre bière.

Ceci fait, il se releva et mordit à pleine dent ce coup-ci dans sa nourriture ramassant la partie tombante d'une main. Alors qu'il ruminait, il souriait de voir la jeune fille hésiter sur le fait de prendre une part également. Son sourire insista lorsqu'il la vit prendre le morceau de pizza le faisant disparaitre en quelques bouchées.

Elle s'accouda sur le bar, il mangeait et continué de loucher sur son visage tout en restant sans un mot. Elle buvait d'une aisance assez particulière pour une femme ce qui n'altérer guerre l'impression qu'elle lui laissait. Il fini par finir son morceau également et s'altéra à son tour de la bière qu'il venait de dérober à son frigidaire et le silence fût finalement interloqué par Adelheid.

Ces paroles étaient, calmes, d'un ton de velours et appuyé par son sourire, l'adrénaline d'Exia s'accéléra lorsqu'elle dit: '' Personne pour nous ennuyer, rien... C'est sûr que c'est mieux que ce bar miteux... '' Le derrière de ses oreilles chauffa un vif moment avant qu'il ne reprenne une autre part de pizza pour se changer les idées. Puis elle termina parlant de son interaction avec les hommes qui étaient plus souvent lié à sa poitrine qu'à ses yeux. C'était anodin pour Exia, il le savait et lui aussi comme tous les autres avait déjà louché sur cette poitrine. Même si au fond, ce détail n'était pas le plus important, il n'avait jamais ramené de femme chez lui, il en était d'ailleurs très mal à l'aise et donc, réagissait d'une manière assez passive. C'était donc rassurant pour lui de voir qu'elle se sentait à l'aise et qu'elle souriait toujours autant, ce qui était moins rassurant, c'est qu'il ne savait vraiment pas comment diriger les choses après avoir remarqué que c'était "vrai", ils étaient juste tous les deux, chez lui et c'était la nuit tombé.

Il était facile de s'imaginer la suite de l'histoire mais pas pour lui, il ne prévoyait rien et en avait même oublié le mot. Il s'arrêta juste sur:

- Je comprend, ce ne doit pas toujours être simple pour toi mais je pense qu'au fond, tu ne peux pas non plus toujours reprocher que l'on louche sur tes formes, on a rarement l'occasion de voir une femme aussi belle.

Il se mordit la langue, ce qu'il venait de dire était spontané et il aurait aimé s'exprimer d'une autre manière un peu moins, dragueuse si l'on puis dire.

   Ils festoyaient, « joyeusement » si on peut le dire ainsi. Adelheid était déjà repue pour l'instant, malgré le peu qu'elle avait mangé et ce n'était pas son genre d'avoir les yeux plus gros que le ventre. Pour plus tard, peut-être. Enfin... Peut-être pas. Par contre, la boisson descendait plus facilement et elle ne s'en rendait pas vraiment compte. L'alcool dans son sang pouvait être considéré comme une « habitude » chez la norvégienne et contrairement aux stéréotypes nordiques, elle savait boire et elle résistait plutôt bien à l'alcool. Sauf que ce n'était pas son premier apéritif improvisé de la soirée. « Tant pis ». De toute façon, comme elle l'avait dit précédemment, elle ne se trouvait plus dans ce bar miteux. Une excuse facile pour pouvoir boire un peu plus sans de trop grandes représailles. Hormis qu'en tant que jeune femme bien élevée et bien éduquée, Frig allait faire attention à ne pas aller trop loin côté bibine. Une résolution qui tiendrait plus ou moins la route.

   La scandinave reposa sa bière à moitié vide, le verre produisant un bruit moins lourd contre la surface du comptoir. Ses yeux se perdaient toujours droit devant elle mais ses oreilles étaient constamment (à peu près) concentrées. Exia formula sa réponse et à ses dernières paroles, le rouge vint teinter les pommettes de la jeune femme. Elle se tourna timidement vers lui, n'arrivant qu'à bafouiller quelques mots maladroits :

- Hum... P-peut-être...

   Une diversion, vite, quelque chose ! Cette réponse était des plus inconvaincantes, Frig aurait bien voulu rajouter autre chose mais les mots lui restaient coincés dans la gorge. Ô comme à certains moment de son existence elle aurait souhaitée être repoussante pour ne pas à avoir subis quelques supplices humiliants. Elle porta le goulot à sa bouche et bu une énième lichée de bière dans l'espoir que cela la décoince un peu.

- Le soucis, c'est que... ça ne fait que m'attirer des ennuis. Je... enfin voilà.

   Adelheid termina sa boisson avant que sa voix ne se mette à trembler, après cette conclusion toute aussi vaseuse. Puis elle ne voulait pas déranger Exia avec ses problèmes personnels, ses problèmes « de filles » qui généralement agacent plus qu'ils n'apitoient. D'ailleurs, ce n'était pas son but. Tant qu'à être tranquille, autant passé du bon temps et faire fi de ces soucis insignifiants.

- Puiiiiis... Il suffit de mieux regarder autour de soi pour trouver mieux !

   Ajouta-t-elle pour alléger l'atmosphère, toujours avec ce petit sourire forcé. Frig pensait vraiment ces paroles et sa piètre opinion personnelle n'arrangeait pas grand chose à la situation.

   Elle retourna chercher une autre bière pour se désaltérer (c'est l'excuse la plus proche qui vient), la rouvrant avec autant de facilité que la première. Son regard vague pouvait laisser penser que la norvégienne était dès maintenant sous l'effet de l'alcool alors qu'au contraire, elle avait encore conscience de ce qu'elle faisait. Maintenant elle se retourna et s'adossa contre le comptoir, ne quittant pas Exia des ses yeux couleur encre.

C'était amusant de la regarder se mouvoir dans le salon. Peut importe les gestes ou les actions, ils étaient quelque peu saccadé par l'alcool qui rendait cela finement comique. Exia n'en revenait toujours pas de la descente de la jeune fille qui continuait de boire. D'ailleurs, il pensa qu'il était peut être temps qu'elle cesse car même si elle faisait tout pour ne pas le montrer, il y'eut quelques écarts ou il put voir qu'elle titubait ou qu'elle était maladroite.

Ce qu'elle disait, touchait directement l'esprit d'Exia qui jugea qu'Adelheid était une fille un peu perdu dans un monde qu'elle ne devait pas vraiment apprécier. Ou peut être ce devait être l'inverse, qu'elle se sentait trop nulle pour faire partie du monde mais ne l'avait il pas déjà pensé? Enfin peut importe, lui même à siroter sa bière, il y perdait un peu la tête.
Sans vraiment le remarquer, il ne faisait que la regarder sans bouger, toujours fasciné. Elle ré-ouvrit le frigo à sa convenance et piqua une nouvelle bière. Voilà qui était de trop, pensa Exia, et tandis qu'elle s'adossa contre le comptoir lui jetant un regard perçant, il s'approcha d'elle très lentement, plongeant son regard dans le sien.

Les paires d'yeux dans le même axe, les visage étant séparés d'une poignée de centimètre et les lèvres qui commençait doucement à flirter, il sourit puis attrapa d'un geste cachotier, la bière qu'avait Adelheid. Il recula son visage d'une manière très sereine comme si il ne s'était rien passé puis il commença à boire cette bière qu'il venait de voler avant de reposer ses yeux sur ceux d'Adelheid.

" Pense tu que tu n'a pas assez bu? Hum? "

Il laissa un bref instant de silence puis repris d'un sourire complice.

- Crois moi, tu es une fille très belle et tu fais aisément partie de ceux que tu appel " regarder autour de soi pour trouver mieux ". "

Puis d'un coup, l'alcool lui tapa sur le crâne, l'assommant à un niveau supérieur de fatigue. Cela commençait à devenir difficile de faire du surplace mais il n'osait pas bouger. Il ne savait pas quoi faire dans le fond, il avait trop peur de mal faire, trop peur de la faire fuir alors il ne bougea toujours pas, préférant attendre qu'elle agisse pour lui.

   Doucement il s'était approché d'elle sans qu'elle ne s'en ronde vraiment compte. Ils se trouvaient si proche en cet instant et Frig allait mettre ça sur le compte de l'alcool. Sauf que, ils étaient vraiment aussi rapprochés. Contre ce comptoir, elle ne pouvait pas vraiment se défiler, mais au fond, pourquoi se défilerait-elle ? Elle était juste gênée et peut-être un peu timide. Aussi, elle avait peur de se faire des idées pour pas grand chose, elle pourrait finir déçue.

   Quasiment collée contre le meuble, Adelheid ne pouvait pas bouger et son regarde ne se détachait pas de celui d'Exia. Sa bière glissa de ses mains et elle était trop perturbée par cette proximité pour s'en rendre vraiment compte, jusqu'à ce qu'il lui vole une gorgée de sa boisson en face d'elle. La jeune femme cligna des yeux face à sa remarque, comme pour se réveiller. Elle ne répondit rien, elle se contenta de le fixer comme elle le faisait si bien, le silence parlait de lui-même. Peut-être qu'en effet, c'en était assez.

   À la seconde remarque de son hôte, elle sentit son cœur descendre dans ses entrailles. Était-ce juste une affirmation qu'un ami ferait à une amie, ou bien était-ce plus que ça ? La norvégienne ne savait pas, tout était encore confus dans sa tête. Mais ce ne fut que maintenant qu'un « c'était à prévoir » chamboulait ses pensées. Bien sûr qu'on n'invite pas une jeune femme anodinement chez soi à une telle heure de la soirée (enfin... de la nuit...)... Qu'elle était naïve. Il y avait deux options, l'une, qui serait peut-être la mieux, était que son hôte l'ait invitée chez lui parce qu'elle lui plaisait, et la seconde, un peu moins agréable, était qu'il ne veuille un jolie fille dans son lit, sans se soucier vraiment de qui elle soit du moment qu'elle soit agréable à regarder. Mais connaissant Exia, peu pour le moment, certes, elle penchait pour la première option. Ah oui, il y a aussi la troisième option : l'alcool. Sauf que l'alcool ne nous fait pas dire tout fort ce que l'on pense tout bas ? Frig ne pensait pas à tout ça exactement, elle était trop perdue pour réfléchir convenablement.

   Un autre silence marqua la scène. Qu'allait-elle répondre ? Enfin... Que devait-elle répondre ? Et surtout... que devait-elle faire face à cette si petite distance entre eux ? Toute empourprée, Adelheid ne quittait pas son hôte de ses yeux couleur encre. Lui aussi avait l'air d'avoir bien bu. Son cœur battait la chamade, elle avait peur. Pas cette peur phobique, plutôt ce genre d'angoisse que vous avez quand vous ne savez comment réagir. On tourne autour du pot, là.

   La scandinave se décolla légèrement du comptoir, et elle fut la première à dévier les yeux dans cet éternel combat de regard. Ses yeux vinrent se fixer sur ses pieds, comme si ils allaient lui souffler ce qu'elle devait dire. Exia, quant à lui, ne bougeait pas des masses non plus. Frig releva la tête, son rouge s'étant un peu estompée.

- Que... veux-tu ?

   Demanda-t-elle avec hésitation d'une petite voix, s'empourprant de plus belle même si inconsciemment elle s'approchait doucement vers lui. Les choses devaient être claires pour éviter tout quiproquo. Mais ce n'était pas une marque de rejet, pas du tout, cela se lisait dans son regard d'obsidienne, bien qu'elle aurait pu utiliser un autre verbe plus parlant, je ne sais pas, moi... Souhaiter ? Espérer ? Désirer ?