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Coup de tel et tinturerie ( Libre )

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Eric Carter

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Coup de tel et tinturerie ( Libre )

jeudi 15 juillet 2010, 19:13:06

Il fait beau, le soleil brille et les voitures défilent.  Eric, lui, est en terrasse. A la terrasse d'un café pour être précis. De larges lunettes de soleil, celles que posséderait un homme qui sait manifestement prendre soin de lui, a les moyens pour ça et sait ce qu'il veut. Les verres tintés cachent malheureusement le clair de ses pupilles. Dommage. Parce que quand le soleil y entre et les fait briller, alors son arme de séduction la plus redoutable est opérationnelle. Non ce ne sont ni sa carrure ni son sourire, pas même la petite fossette qui creuse sa joue lorsqu'il vient à étirer ses lèvres, non. Ce sont bel et bien ses yeux. Des yeux de prédateurs. Des yeux qui savent précisément ce qu'ils veulent. Des yeux... Emprunts de détermination. Auxquels on ne peut pas dire non.
Mais ça ne serait pas dans l'immédiat que la gente féminine profiterait des dits yeux. Il ne semblait pas décidé à vouloir enlever les montures de son nez. Il ne l'avait même pas fait pour la serveuse qui était venue lui apporter le café à la vanille qu'il avait commandé. Il était comme ça.

Téléphone en main, le dos appuyé contre le dossier de sa chaise avec nonchalance et l'une de ses chevilles croisée sur son genou, certains pourraient croire qu'il se donnait un air important. Mais ça n'était pas le cas. Il ETAIT important. La plupart des badauds ignoraient que c'était grâce à ses heures de vols qu'ils pouvaient voler dans des engins ayant des appareils de mesure fiables. Bande d'ignorants... Et pourtant.


"Non... Non c'est hors de question. Écoute, tu m'arranges ça dans les deux heures sinon t'es viré. C'est aussi simple."

Et il avait raccroché au nez de l'un de ses chefs de projet. La pression qu'il lui avait mise n'était pas nécessaire, dans le sens non vitale. Mais elle était importante pour l'entreprise. Il avait remarqué que ses collaborateurs travaillaient bien plus efficacement dans l'urgence. Aussi leur mettait-il constamment la pression. Une ordure? Non. Il était juste pratique. Après tout, il fallait bien que ces hommes là méritent le salaire de ministre qui leur tombait dessus à la fin du mois. Des clopinettes comparé à ce que lui recevait, mais de quoi leur assurer, à eux, leurs femmes et leurs rejetons de couler des jours tranquilles. Alors que demande le peuple?

Eric était très à l'aise avec lui-même et avec ce qu'il venait de faire, ça n'était pas un souci du tout. Preuve en est son air détaché alors qu'il joignit ses deux mains derrière sa tête en oreiller, et se penchait légèrement en arrière pour offrir son visage au soleil. Histoire de bronzer un peu. Ca aurait été trop dommage de rester enfermé par une aussi belle journée...

Mais comme il ne faut pas abuser des bonnes choses et que d'autres l'attendaient pour la soirée, Eric termina son café, en prenant son temps tout de même, et se leva pour s'en aller. Il laissa un peu de monnaie et un petit pourboire pour la serveuse, quand même, et dégaina son I phone.
Se mettant à marcher et à composer un numéro en même temps, il ne regarda pas, l'espace de quelques instants, où il allait. Manque de chance, son instant d'égarement lui suffit pour qu'un serveur l'accroche, et renverse malencontreusement la totalité de son plateau sur une cliente adjacente. Évidemment, la chance lui avait souri. Lui et son costard de grand couturier n'avaient rien. Blasé, il rangea son I phone dans la poche de sa veste et se passa une main dans les cheveux, alors que l'autre cherchait sa carte de visite dans la poche intérieure de la doublure de sa veste. Une fois le petit carré de carton capturé, et coincé entre l'index et le majeur, il la tendit à la pauvre cliente avec un petit sourire.


"Mille excuses. La note de teinturier est pour moi. Vous n'aurez qu'à appeler à ce numéro."

Sur la carte de visite, les coordonnées de son assistant naturellement, il n'allait pas donner son numéro personnel à une parfaite inconnue. Inconnue à qui il abandonna la carte de visite avant de tourner les talons et de s'en aller avec cet air hautain qui insupportait le commun des mortels.


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