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Une affaire bien compliquée ( pv )

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Amy Beckett

Humain(e)

Une affaire bien compliquée ( pv )

samedi 19 juin 2010, 18:29:24

Debout devant son cher tableau, Amy tapait la vitre en verre le protégeant avec son stylo. Elle réfléchissait. C’était ainsi qu’elle réfléchissait toujours. En martelant doucement avec son stylo Staedler fétiche «  La naissance ». De Miro, évidemment. On ne faisait pas mieux depuis lui, selon elle. Elle glissa doucement, toujours perchée sur ses talons, dans son habituelle jupe noire impeccable, son chemisier blanc et son long collier de perles noires dont le prix ferait rougir quelqu’un de censé, pour venir rejouer ce manège face à un Malevitch, scrutant les détails du tableau de ses yeux fins et perçants. Et elle grinça violemment des dents.
Elle n'aimait pas être contrariée, non, elle détestait cela. Et elle haïssait aussi quand ses plans ne se déroulaient pas à la perfection.


-   Crétin ! hurla t’elle.

Un soupir se fit entendre de son portable, en haut-parleur, posé sur son bureau. Elle s'était retournée, vive, fusillant du regard ce bureau. Son stylo lui avait glissé des mains, et faisait une tache noire sur son tapis abstrait. D’un geste rapide, ses talons claquant sur le sol, elle se rapprocha du bureau, empoignant le portable entre ses doigts parfaitement manucurés, et rapprocha sa bouche le plus possible du portable, répétant l’insulte plus violemment. A l’autre bout du fil, l’homme sursauta.
Elle s’installa sur son bureau, croisant les jambes, ruminant, les sourcils froncés.


-   Madame, je vous jure …
-   Mademoiselle ! martela t’elle. Oh, et puis, ferme-la ! C’est de ta faute si nous en sommes là !

A l’autre bout du fil, il y eut un nouveau soupir. Elle reposa le téléphone. Voilà qu’un de ses plus précieux collaborateurs, inculpé de vols d’ouvrages rares dans les archives du Vatican, venait de se faire pincer. Et joliment, encore ! Les sources remonteraient jusqu’à elle, elle le sentait. Et si on découvrait que c’était elle qui avait commandité ce vol d’ouvrages rarissimes et précieux, qui avait même tout organisé, pour sa simple collection personnelle, elle était fichue. Elle pesta contre elle-même. Contre lui.

-   Tu m’as donné le nom d’un incapable ! répliqua t’elle violemment.
-   Tout n’est pas perdu, assura la voix, sourdement.

La jeune femme haussa un sourcil.

-   Continue, ordonna t’elle.
-   Tout est encore jouable … A niveau des avocats, vous …
-   Tu es encore plus con que je le pensais, le coupa t’elle. Si je suis avocate de cet homme, je suis coulée ! Ils me ridiculiserons en public !
-   Non, je veux dire … J’ai le nom de l’avocat qu’à demandé le Vatican.
-   Ils ont besoin d’un avocat, eux ?
-   Ne soyez pas méprisante … Evidemment, pour un procès, oui …
-   Ils ne prennent pas d’avocats italiens ?
-   Non, ce sont des incapables … Ils ont pris un avocat japonais. 

Elle eut un rire moqueur. Situation grotesque ! Elle se croyait dans une pièce de Ionesco, absurde au possible.

-   Le procès se déroule au Japon, Mademoiselle, continua la personne au bout du fil. C’est pour cela qu’ils ont demandés les services d’un avocat japonais.
-   Pour quelle raison ?
-   Je l’ignore … Sûrement de la paperasse.
-   Et que proposes-tu ?

L’homme soupira à nouveau, tandis qu’elle fronçait les sourcils.

-   Si vous parvenez à avoir cet avocat japonais … Vous pouvez gagner, susurra t’il.
-   Qui est-ce ?
-   Un excellent avocat.
-   Ne sois pas si catégorique ! répliqua t’elle.

Il toussa, se corrigeant. Il connaissait bien le côté caractériel de l'avocate.

-   Toujours est-il que le procès se déroule au Japon. Joignez cet avocat, soudoyez-le, que sais-je !
-   Idiot ! Si j’avais ce dossier sur mon bureau, je ne l’abandonnerais pas, même pour une poignée monumentale de fric ! Il peut faire grimper sa popularité en flèche !
-   J’ai vu vos procès, Miss Beckett. Je vous sais capable de beaucoup de choses … N’oubliez pas que nous sommes tout deux impliqués, et que s’ils découvrent ceci, ils en découvrirons d’autres … Il s’appelle William Dolan.

L’homme raccrocha, tandis que la jeune femme attrapait violemment son portable, le lançant par la fenêtre ouverte. Le bruit de l’appareil rencontrant les pavés la soulagea, et elle attrapa son téléphone de fonction. Elle tapota les touches, distinctement, et entendit la voix de sa nouvelle secrétaire. Elle s’amusait à en changer comme de chemise, vite lassée de l’une comme de l’autre :


-   May ? S’il vous plaît, joignez-moi un certain Mr Dolan. Cet après-midi, oui. Et annulez tout mes rendez-vous de cet après-midi, s’il vous plaît. Oui, c’est important.

Elle raccrocha aussi, et passa sa main dans sa nuque. Cette affaire était importante. Elle qui aimait tant jouer avec le feu venait presque de tomber dans la lave … Et cela ne faisait que commencer. D’un geste vif, elle remit en place la mèche qui lui barrait le visage, fixant face à elle la porte close. Elle allait devoir mettre tout son talent de comédienne dans cette histoire. Et ne négliger aucun détail. Il y avait trop à perdre, trop de risques, elle ne pouvait pas se permettre de perdre la partie. Le lot était trop important. C'était elle, son statut, et sa soif de choses anciennes et réputées qui étaient sur le tapis.
Aussitôt, elle passa un autre coup de téléphone, joignant un de ses indicateurs. Autant savoir qui était cet avocat, autant tout savoir de lui. Elle avait envoyé cet indicateur fouiner chez chaque grand avocat du Japon, surveillant ses arrières du mieux qu’elle pouvait. Il ne fallait prendre aucun risque. Et abattre toutes ses cartes. Elle voulait conserver et bouquins précieux, et dignités. «  Mon plus gros appât » soupira t’elle. Elle se frotta les mains, anxieuse. Dehors, le ciel se couvrait. Elle s'alluma une cigarette.

A M Y



Aucune règle n'existe, les exemples ne viennent qu'au secours des règles en peine d'exister.


( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 1 samedi 19 juin 2010, 20:06:32

       William Dolan chantonnait dans son bureau, en touillant le sable de son jardin zen. C'était rare qu'il soit de bonne humeur et pour cause, il se passait des choses très amusante dans sa vie. Il faisait bien sûr référence au fait qu'il soit l'avocat du Vatican... Maitre Dolan avocat de la sainte mère l'église. Il avait failli exploser de rire lorsqu'on lui avait proposé l'affaire. Et pour cause, c'était difficile de trouver un avocat aussi véreux que lui. A croire qu'ils l'ont fait exprès. William pouffa de nouveau alors qu'il y repensait. C'était vraiment trop drôle, et au-delà de ça, c'était une véritable aubaine. S'il parvenait à gagner ce procès, sa réputation ferait un pas de géant sur l'échelle internationale où il n'est que peu connu. Par contre, vu que c'est une affaire internationale, il ne disposera pas d'autant de cartes que de coutume. Normalement, un pot de vin et de bonnes relations suffisent à lui assurer la victoire au procès mais dans une affaire aussi important que celle-là, la corruption n'est pas envisageable. Quoiqu'il en soit, cela avait l'air assez facile de toute façon, et c'était plutôt l'avocat de l'autre partie qu'il prenait en pitié. Un certain maitre Beckett. Soit elle aimait perdre, soit c'était une petite avocate famélique à qui même une défaite devant le monde entier serait profitable. Dolan se fera une joie de l'humilier.

      -Le saint empire Dolanien va s'étendre grâce à la faveur papale, s'exclama-t-il en empilant les galets de son jardin les uns sur les autres.

       C'est à ce moment que la sonnerie de son téléphone se mit à retentir dans le bureau silencieux. L'édifice de galets s'écroula alors qu'il soulevait ses dossiers pour atteindre le combiné qui était enfouit dessous, puis il décrocha sans se départir de sa bonne humeur.

       -Mademoiselle Saori? Demanda l'avocat alors qu'il rebâtissait sa "tour".

       -Monsieur Dolan, j'ai le cabinet de maitre Beckett au téléphone, répondit une voix féminine à travers le haut-parleur.

       La dénommée Saori fronça les sourcils lorsqu'elle entendit son patron s'esclaffer. Ce n'était vraiment pas son genre.

       -Vous voulez que je vous les passe? Proposa la jeune fille interloquée.

       -Non merci. Je sais déjà ce qu'ils veulent. Convenez d'un rendez-vous et dites leur que je serais enchanté de rencontrer mon adversaire.

       -Très bien monsieur Dolan. Je vais consulter votre planning.

       William raccrocha doucement le téléphone d'un air songeur. Il ne riait, ni ne souriait plus. Il attrapa un galet dans sa main et commença à le triturer alors qu'il réfléchissait, un coude posé sur le bureau. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui vouloir? William n'avait pas pour habitude de converser avec ceux de la partie adverse, car si c'est elle qui veut lui parler, cela sera forcement en sa défaveur. En refusant poliment sa conférence téléphonique, il testait sa motivation. Si elle ne voulait que lui parler pour des futilités, elle ne ferait pas le déplacement jusqu'à son bureau. Ainsi, il gagnait du temps en aillant pas à subir un blabla inepte et sans valeur. Par contre, si elle acceptait de le rencontrer, cela pourrait devenir très intéressant.

       L'avocat se leva de son fauteuil et contempla le ciel à travers sa baie vitrée. Il voyait son reflet qui le regardait, flottant dans le vide derrière la cloison en verre. Un homme jeune et pourtant froid, dont les yeux verts émeraude le fixaient avec un air triomphant. Le temps se couvre... Oui, mais pour qui?

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 2 samedi 19 juin 2010, 20:46:23

Une nouvelle cigarette. L’autre ? Elle avait mordue dedans, rageuse. D’un geste vif, elle sortit de sa voiture, et entra dans les bureaux. Elle portait un de ces longs manteaux noirs, chics, chauds, et marchait d’un pas sûr et rapide. Elle prit plaisir à faire claquer chaque porte qu’elle croisait, et arriva enfin devant cette de l’avocat. Elle était accompagnée d’une May effrayée, perdue dans toute cette agitation. Amy poussa la porte, doucement, changeant totalement d’attitude, et emprunta un sourire parfait pour saluer la secrétaire de son adversaire.
Cette même secrétaire lui demanda de patienter, mais elle n’en fit rien. Elle lui fit signe de la laisser faire, tapa quelques coups à la porte de l’avocat et entra doucement dans la pièce, tandis qu’il était de dos, face à sa fenêtre. Elle toussa un peu, pour signaler sa présence, et referma la porte derrière elle, sans douceur mais sans violence.
Toute une introduction. La partie allait se jouer maintenant. Elle retira son manteau, l’accrochant à un portemanteau qui ne se trouvait pas loin, afin de paraître dans sa tenue habituelle face à cet avocat. Elle attendit patiemment qu’il daigne se retourner vers elle, debout, avec toujours cet air sérieux sur le visage, cette lourde façade qui était loin de s’écrouler, une pochette en carton sous un bras, une cigarette à la bouche. Elle ne ressemblait pas aux avocates habituelles, ni même à un avocat normal. Elle ressemblait davantage à une étudiante en droit qui vient passer un entretien pour un stage.
Bref.


-   Maître Dolan, salua t’elle d’un ton entre ironie et respect.

Elle inclina le visage, doucement. Elle n’avait pas tellement peur de lui, non. Elle dissimulait ses crocs et ses griffes, et se savait assez solide pour répliquer. Elle avait réussie à avoir son indicateur, dans la voiture la conduisant ici, et quelques renseignements quant au déroulement de l’affaire. L’homme avait réussit à dissimuler plusieurs ouvrages, et elle irait les récupérer d’ici peu.
Le reste, elle le réglerait ici.


-   Cela paraîtrait déplacé de prononcer l' «  Enchantée » habituel, étant donné que je n’aurais jamais souhaité avoir à faire cette visite, commença t’elle. Mais je n’ai pas le choix, il me semble …

Elle lui adressa un grand sourire. Elle devait à tout prix s’en sortir, et jouer carte sur table. Peu de temps, peu de moyens, et très peu de chances de s’en sortir. Il n’avait pas l’air d’un tendre. Son « ami » l’avait nommé comme étant un excellent avocat. Son indicateur ne l’avait pas nommé d’irréprochable. C’était déjà ça ! Un vieux bigot qui n’accepte aucune corruption ne méritait qu’une petite « visite » nocturne des amis d’Amy, et l’affaire serait réglée. Pour le moment, elle estimait avoir déjà assez d’ennuis comme ça pour venir en rajouter.
Elle inspira longuement, puis s’installa sur le fauteuil, jambes croisées, tirant une bouffée sur sa cigarette.


-   Nous devons parler, assena t’elle d’un ton grave. Vous savez pourquoi je suis là, il me semble ?

Son ton sérieux avait brusquement changé, devenant presque amusé. Elle possédait ce regard qui expliquait clairement le fond de sa pensée, adressée à William : Lâchez l'affaire.
« Modifié: samedi 19 juin 2010, 20:54:14 par Amy Beckett »
A M Y



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( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 3 samedi 19 juin 2010, 22:50:03

       Dolan toujours dans son bureau feuilletait un dossier. Non, ce n'était pas l'affaire des œuvres volées. Il ne négligeait pas le Vatican mais il n'allait pas non plus y passer toutes ses soirées. L'avocat fronça les sourcils lorsqu'on cogna à la porte. Il fut un peu long à la détente car personne ne frappait d'habitude. C'était sa secrétaire qui guidait les visiteurs après qu'elle l'ait prévenue par l'interphone. L'avocat ne put d'ailleurs s'empêcher de regarder s'il était toujours en fonctionnement lorsqu'une jeune femme entra. William la reconnut de suite grâce à la photo qui figurait sur sa carte d'identité. Évidement, il avait épluché tout ce qui la concernait. Enfin presque... On a tous nos petits secrets.

       Et bien, en voilà des manières! On entre sans demander la permission, on fume dans son bureau, on s'assoit sans y être invité... Nous arrêterons la liste ici. Pourtant, William ne s'en formalisait pas, il l'accueillit avec un sourire de bienvenu et se leva jusqu'à ce que la dame ait pris ses aises. Il était heureux que mademoiselle Beckett ne soit pas monsieur Beckett, car un homme qui se serait permis de tels écarts aurait été raccompagné à la sortie avec les molosses de Dolan accrochés à ses mollets. L'avocate avait raison, les femmes sont le petit péché mignon du juriste alors pourquoi ne pas en profiter.

       William décocha un sourire radieux à la jeune fille. Sourire qui ne perdit rien de son éclat lorsqu'elle lui avoua qu'elle n'était absolument pas enchantée d'être là. Il s'en doutait un peu d'ailleurs. Par contre, lui était absolument ravi de la voir. C'était toujours un plaisir de recevoir un éminent collègue venu lécher ses basques. Pourtant, il y avait fort à parier qu'elle n'en fasse rien, elle n'avait pas l'air d'être taillé dans le même bois que celui des sous-fifres. C'était tant mieux pour elle, car les lèches-bottes n'obtenaient rien de lui, même s'ils amusaient beaucoup notre cher Dolan. Cependant, Il ne put s'empêcher d'afficher une moue déçue lorsqu'elle exprima sa volonté de rentrer directement dans le vif du sujet. Nous sommes des avocats après tout, et les juristes tournent toujours autour du pot avant d'y mettre le pied.

       -C'est un réel plaisir de vous rencontrez mademoiselle Beckett. Même si ce plaisir n'est pas réciproque, commenta-t-il en feignant une profonde tristesse.

       William se leva de son siège et lui tourna le dos pour farfouiller sur une étagère. Il trouva enfin la télécommande de son mini bar et un pan du mur pivota sur lui-même pour offrir les divers boissons qu'il contenait. Elles allaient du scotch... au scotch. Et oui, le gadget était peut-être très amusant mais les choix était limités. L'avocat sortit donc deux verres et une bouteille qu'il posa sur son bureau en noyer. Il lui proposa poliment un rafraichissement puis se servit son propre verre. Il se rassit tranquillement et observa la femme qui se tenait devant lui. Jolie et pure ; c'était les deux mots qui venaient lorsqu'on la regardait une première fois. Arachnéenne; c'était celui qui venait à l'esprit lorsqu'elle bougeait. Et enfin, impulsive; c'est le mot qui s'imposait lorsqu'elle parlait. Divine créature; c'est ce que Dolan espérait.
       L'examen terminé, il trempa délicatement ses lèvres dans le liquide ambré et dégusta son alcool. Oh! Il n'avait pas oublié la question de sa collègue rassurez-vous. Il l'ignorait tout simplement.

       -Une sale affaire dans laquelle nous sommes plongé, glissa-t-il en caressant le bord de son verre. Je ne comprends pas que l'on puisse toucher à la propriété d'une aussi honorable institution que l'église.

       Dolan fixa son regard émeraude sur la jeune fille et ébaucha un petit sourire amusé. Il allait vraiment bien s'amuser avec sa collègue.
« Modifié: samedi 19 juin 2010, 23:00:54 par William Dolan »

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 4 samedi 19 juin 2010, 23:12:46

Un puritain ? La jeune femme s’en étonna intérieurement, mais n’en fit rien ressortir. Elle se contenta d’attraper du bout des doigts son verre de scotch, et de le regarder avant de le boire. Elle l’huma, rapidement. C’était un réflexe qu’elle avait acquis pour deviner si on trouvait une substance peu recommandable dans la boisson. Ce qui ne fut pas le cas, et ce qui la rassura. Il ne semblait pas dangereux pour le moment. Aucune raison de s’affoler, se rassura t’elle. Elle but une gorgée du scotch, et accueillit avec un sourire satisfait la chaleur de l’alcool lui brûlant la gorge. Elle adorait cette sensation, qui lui rappelait qu’elle était bien vivante. Mais qui la rappelait aussi à la réalité, qui détestait qu’on lui échappe.
Elle posa sa pochette sur le bureau, de manière presque négligente, et acheva sa cigarette avant de répondre.


-   Nous sommes à une époque bien inconvenante, que voulez-vous … soupira t’elle, feignant d’être peinée par cette nouvelle. Il est vrai que l’Eglise respecte tellement de choses qu’il paraît déplacé de ne pas la respecter, elle.

Cette dernière phrase était taillée dans une profonde ironie, détectable sans aucun effort. Elle écrasa du bout des doigts le bout de sa cigarette, avant de la jeter dans une poubelle, prés d’elle, avec un certain mépris. Puis elle posa sagement ses mains sur ses cuisses, dévisageant son interlocuteur. Selon elle, il était du genre à bien cacher son jeu, à dissimuler des cadavres sous son bureau, à trafiquer les ordinateurs pour inspecter ses collègues.
«  Allons, tout le monde n’est pas comme toi, songea t’elle. ». Elle se massa les tempes du bout des doigts, affichant un air presque fatigué, puis releva ensuite les yeux vers lui. Des yeux brillants, toujours, aussi vivants que deux pierres coincés dans les orbites vides des statuaires grecques, leur donnant ainsi un souffle de vie. Elle joua un instant avec ses perles, comme on triture un chapelet pendant les prières, puis repris la parole.


-   Maître Dolan, je ne vais pas y aller par quatre chemins, quand on sait qu’ils mènent tous au même endroit, n’est ce pas ?

«  De toute façon, je n’ai pas grand-chose à perdre » pensa t’elle en cessant brusquement de jouer avec son cher collier. Dans sa voix, on trouvait un accent inconnu, avec une légère consonance française, une manière presque germanique de prononcer les « ch », un petit roulement sur les "r", le tout sur un fond doux et sobre. Comme une femme mondaine, qui appuie sur chaque mot, les pressant pour en faire ressortir le sens.

-   Ce n’est pas déplaisant d’avoir affaire à vous, non, loin de là, j’avoue même que dans d’autres circonstances, cela aurait pu être intéressant et instructif …

Elle avait très envie d’une autre cigarette. Elle se contenta de boire une nouvelle gorgée d'alcool.

-   Ces ouvrages ne sont d’aucune utilité au Vatican, étant donné qu’ils y sont entreposés, pour la plupart, sans aucune raison valable. Des anciennes censures, comme Galilée, des carnets d’artistes qui seraient plus à leur place dans les bibliothèques du Louvre que dans des archives auxquelles personne ne peut accéder … Vous n’êtes pas d’accord ?

Comme un réflexe, sa main avait à nouveau saisie le collier, jouant avec les perles. Elle dévisageait l’avocat, le sourire aux lèvres. Cette question, de par son ton, invitait presque à répondre de manière affirmative.
« Modifié: dimanche 20 juin 2010, 11:32:59 par Amy Beckett »
A M Y



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( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 5 dimanche 20 juin 2010, 13:38:56

       Intéressant... Elle semblait l'avoir cru. Bien évidement, William se fichait éperdument de l'église, de son manque de tolérance et même qu'il y ait de vieux parchemins d'une valeur culturelle inestimable qui pourrissent dans ses archives. Seul l'argent et le pouvoir l'intéressait. Mais le mieux c'est qu'il en ait conscient et cela grâce à quelques rudiments de philosophie. Une matière très utile pour se connaître soi-même. Il pourrait défendre l'église tout comme il aurait pu l'incendier. William est un mercenaire de l'opinion, il se range du côté du plus offrant. De tout évidence ce n'était pas le cas de miss Beckett qui avait répliquée sur le sujet avec véhémence. Il semblerait que cette passionné d'art ne soit pas en bon terme avec l'église. D'ailleurs, personne n'aime l'église. Que ce soit les scientifiques ou les artistes, tous ont encore le goût amer de cette longue période de notre histoire gâché par le fanatisme religieux : l'obscurantisme. Qui sait où en serait l'humanité s'il n'y avait pas eu cette "pause" dans les progrès de notre civilisation.

       -Allons mademoiselle Beckett, commença l'avocat. L'église a tant perdu pendant la révolution. Il est normal qu'elle conserve les trésors qu'ils ont accumulés pendant leur age d'or.

       William esquissa un sourire pour lui-même. En fait, il ne pouvait pas vraiment dire s'il était d'accord avec ce qu'il avançait tellement il s'en fichait, mais comme il est l'avocat du Vatican il est normal qu'il les défende. En fait, ce n'est pas obligatoire, mais c'est tellement amusant.

       -De plus, de nombreux ouvrages sont controversés et pourraient nuire à l'église. Déjà que leur nombre de fidèles décroit, il serait idiot de scier encore plus la branche sur laquelle elle repose. L'instinct de conservation est un droit naturel. Je suis sûr que vous aussi vous devez cacher certaines choses qui vous nuiraient s'ils venaient à être découvert. Mais on s'égare...

       William la fixa un instant et lui décocha un sourire entendu. Sans la lâcher des yeux il but une gorgée de son scotch et poussa un soupir de contentement. Puis, il s'installa un peu mieux dans son siège comme s'il s'apprêtait à encaisser un long monologue.

       -J'ai cru comprendre à mon grand damne que vous n'étiez pas venu pour échanger des formules de politesse, constata-t-il. Dites-moi tout mademoiselle Beckett.

       Finalement, William ne savait pas trop ce qu'elle lui voulait. Elle essayait peut-être de lui soutirer des informations qui l'aideront pour le procès ou bien elle voulait l'acheter. L'avocat était tout ce qu'il y a de plus corruptible mais il ne voyait vraiment pas ce qu'elle pouvait lui offrir de mieux que ce qu'une affaire comme celle-là lui rapporterait. Dolan appréciait bien cette jeune fille. Il l'a trouvait amusante, même si elle faisait une avocate bien singulière.

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 6 dimanche 20 juin 2010, 17:46:03

Il n’était pas dupe, effectivement. Elle cessa de jouer avec son collier, faisant bouger ses doigts, comme pour les échauffer, à la manière d’une araignée agile et avide de nourriture. Elle aurait voulue le répondre tout de suite, mais connaissait bien ce manège. Au lieu de répondre brusquement, elle s’enfonça davantage dans son siège, sans cesser de le fixer, et attrapa son verre au passage. Sans le boire, elle le coinça entre ses doigts fins, et adressa un sourire à l’avocat.

-   Disons que je conserve mes intérêts, répliqua t’elle d’un ton simple, comme une réponse naturelle. Mes intérêts, et surtout ma future collection d’ouvrages d’excellence.

Dernier mot prononcé en sifflant légèrement. Là, elle but une gorgée, et releva un peu le visage, pour mieux encore regarder l’avocat, fixant son regard sans aucune crainte, avec même une assurance hors du commun, après ce qu’elle venait de dire. Hop, la première pile de carte était étalée sur la table. Elle venait clairement de lui faire comprendre pourquoi elle était là, et ce qu’elle attendait réellement de lui.
De la pitié ? Non, sûrement pas … Corruption, oui, sûrement. Mais il n’était pas un avocat qui se laissait embobiner facilement, son indicateur lui avait dit. « A prendre avec des pincettes », avait-il même précisé. Elle ne jouerait pas au trouble jeu du chantage, non plus, à moins que cela ne soit sa dernière carte, tout comme elle n’utiliserait pas le vol, ni le Beretta qu’elle gardait sur elle.  Il fallait la jouer finement, sans faire de taches, sans un mot de travers, même. Elle inspira, but la dernière gorgée de son verre et invita l’avocat à lui en resservir un, toujours droite sur sa chaise.


-   Je ne vous demande pas de compréhension, puisqu’il semble que nous n’ayons pas les mêmes … centres d’intérêts, disons. Vous avez compris, il me semble, que je ne tiens pas à ce que mon client perde ce procès. Il y a beaucoup trop en jeu sur cette affaire.

Elle se racla doucement la gorge, toussant légèrement, avec une certaine féminité. Pas le droit à l’erreur. Elle le savait. Elle sentait que sa voix devenait presque sifflante, au fur et à mesure des mots.

-   Ce genre de livres ne doit pas rester secrets. On dirait que le gouvernement s’obstine à conserver son peuple dans un état de quasi-ignorance, soupira t’elle.

Elle se laissa tomber dans son fauteuil, passant sa main sur son front.

-   Je parle au nom de l’enseignement et de la Culture, continua t’elle.

Evidemment, elle mentait. Le peuple ne l’intéressait que partiellement. Elle se moquait même presque de ce que la population mondiale pouvait savoir. C’était pour son enrichissement personnel, voilà tout. Sauf que ça, elle ne comptait pas l'avouer à l'avocat.
A M Y



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( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 7 dimanche 20 juin 2010, 20:53:43

       Ainsi, elle est une collectionneuse. Pourquoi pas? C'est un passe temps très sain mais il peut rapidement devenir une pathologie, surtout lorsque cela peut nous trainer en justice. Une chose que William ne souhaitait surtout pas pour sa nouvelle amie. Malheureusement, si elle trempait dans cette affaire, il serait bien obligé de faire un choix entre l'amitié, et la gloire et la fortune. Quel choix difficile! Le seul moyen pour briser ce dilemme serait qu'elle reparte de son bureau comblée, mais ça, ça ne dépendait que d'elle. Elle voulait quelque chose de William mais la question est : Est-ce qu'elle possède quelque chose qui intéresserait Dolan? Si miss Beckett pouvait répondre à cette question, elle avait gagnée.

       La jeune fille lui annonça alors ce dont il se doutait déjà. Elle ne veut pas perdre l'affaire. Il n'y avait donc plus de doute possible : elle voulait trouver un arrangement. Et pourquoi pas? William n'appartient à personne et change son fusil d'épaule ne le dérangeait nullement tant qu'il est payé pour ça. Malgré tout, il restait sceptique. Il ne voyait vraiment pas ce que mademoiselle Beckett pouvait proposer de mieux que le Vatican. Et de cela, William voulait l'en avertir. A sa façon bien sûr.

       -Tout d'abord, soyez assuré que le héraut de l'enseignement et de la culture à des yeux magnifiques, la complimenta-t-il en regardant justement ses deux iris bleus. Malheureusement, je ne vais pas abandonner une affaire aussi importante pour vos beaux yeux. Je vais gagner miss Beckett. Ce n'est pas de l'orgueil mal placé et je ne me moque pas de vous, mais vous devez admettre que les dés ne jouent pas en votre faveur, et cela indépendamment de votre talent.

       William s'interrompit un instant pour remplir de nouveau le verre de la jeune fille d'alcool de malt. Il ne lui manquait pas de respect. Ses yeux étaient dépourvus de la moindre malice et sa voix était calme et posée, sans la moindre irrégularité propre à la raillerie. Il ne faisait qu'exposer ce que tous deux savait déjà.

       -Maintenant mademoiselle, reprit-il en poussant le verre à demi rempli vers elle. Dites-moi comment nous allons faire pour que ce scénario n'arrive pas. Dites-moi comment la culture et l'éducation triompheront une nouvelle fois de l'obscurantisme religieux.

       Tout en prenant son verre, il observa la jeune fille qui se tenait droite dans son siège. C'était le genre de femme qui obtenait tout ce qu'elle voulait. William était curieux de savoir jusqu'où elle était prête à aller pour ne pas faire mentir sa réputation.

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 8 dimanche 20 juin 2010, 21:30:42

Vivement, Amy rejetta la tête en arrière, de manière assurée, et se replaça bien droite dans son siège. Il n’était pas incorruptible. C’était un point pour elle. Cela signifiait qu’il y avait moyen de s’entendre. Mais là, elle n’avait que peu de choix. Soit sortir toutes ses cartes, là, violemment, à sa manière, prendre la parole, enflammée comme jamais, pourquoi pas jouer la petite martyre, ou même la jeune fille facile. «  Non merci, grogna t’elle intérieurement. Je ne jouerais à aucun de ces jeux de rôles là. ». Elle allait devoir trouver autre chose pour contenter l’avocat. Lui rendant un regard brillant, elle but une gorgée, se leva, et attrapa son manteau, doucement. Elle se réinstalla au bureau, recroisant les jambes, et eut un sourire.
Elle plongea les mains dans ses poches, et avec précaution, posa un à un des objets sur le bureau, face à William : un carnet de chèque, un pistolet, une liasse de billets, des dossiers contenant des affaires qu’il pouvait prendre en main s’il abandonnait celle-ci, certes moins appétissants, mais au moins plus passionnant. Des affaires restées secrètes, qui taperaient fort si on les ressortait du placard.
Une fois cela fait, elle se remit à triturer son collier.

-   Argent, meurtre, affaire crapuleuse, esclaves, œuvres d’art, propriétés, vous rendre un service  si vous le souhaitez, ou simple amour de l’art, mais pas de pitié en vers moi, je vous en prie, je déteste cela … Mais je ne joue pas au jeu malsain du chantage, mon cher. Cela n’est que ma dernière carte.

Effectivement. Elle avait tout un dossier sur lui, dans son manteau. Elle avait un indicateur, des gens qu’elle pouvait prévenir aussitôt pour qu’ils exécutent des ordres crapuleux. Tout un arsenal violent et avec un seul but : conserver les richesses entreposées au Vatican.
Elle soupira longuement.


-   Je sais que nous pouvons nous entendre, prononça t’elle de manière distincte. Même si je sais qu'il est difficile de vous impressionner.

Ses yeux le fixaient, des yeux froids, durs, qui ne lâcheraient pas leur prise. Tout comme elle, qui ne lâcherait pas cette affaire. Elle était prête à tout pour réussir.
Elle avait même mise son ego de côté, quand il avait dit qu’il la vaincrait sans problèmes. Elle était forte, certes, reconnue, et détestait que l’on doute d’elle. Qu’on la rabaisse. Elle attrapa doucement son verre, buvant une nouvelle gorgée. Il pouvait, s’il voulait, feuilleter les dossiers, se servir. Elle avait sortit le grand jeu, espérant que cela puisse le satisfaire. Elle devait gagner.
Elle sentit son nouveau portable vibrer dans sa poche. Toc ! Un de ses « amis » avait récupéré une partie des livres. Elle eut un sourire, vif,  heureuse d’au moins remporter cela.
Elle croisa ses bras sous sa poitrine, regardant à nouveau autour d'elle. Elle ressemblait à une louve affamée, cherchant une proie tout en protégeant sa descendance. Redoutable.

A M Y



Aucune règle n'existe, les exemples ne viennent qu'au secours des règles en peine d'exister.


( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 9 lundi 21 juin 2010, 12:44:04

       William regarda avec attention chaque objets que sortait son invité. Il dut, cependant, masquer sa surprise lorsqu'il vit le revolver. En effet, William ne s'entendait pas à ce qu'elle porte ça sur elle. Peut-être s'était-il laissé berné par son visage d'ange. Mais qui ne le serait pas? Dolan ne se sentait pas menacé par cette femme, même s'il refusait toutes ses propositions, ou bien s'il l'énervait. L'arme n'était pas là pour le tuer mais pour le symbole qu'elle représente. Mademoiselle Beckett ne serait pas assez folle pour tuer un avocat dans son bureau alors que tout le monde sait qu'elle s'y trouve.
       La pseudo-surprise passée, William examina les objets qui étaient devant lui. Il prit un dossier, feuilleta rapidement, lisant en diagonale pour se faire une idée de quoi ça parlait. Ses mires vertes filaient sur la papier s'arrêtant parfois sur un mot. Lorsque cela arrivait, elles se figeaient puis remontaient lentement sur mademoiselle Beckett avant de se replonger dans leur lecture. Lorsqu'il eut plus ou moins fini, il déposa le dossier à sa place et balaya de nouveau les objets des yeux.

       -L'argent ; je doute que vous en ayez assez. Le meurtre ; je suis déjà équipé. Le service ; nous en reparlerons plus tard, énuméra-t-il. Quand à ses dossiers ils sont vraiment très intéressant – William fit une pause et afficha une moue désolé – N'importe qui éprouverait un grand plaisir à réveiller ses sinistres affaires, ne serait-ce que pour l'amour du métier. Malheureusement, ce n'est pas ça qui me fait vibrer dans le métier de juriste. Je ne prend pas de plaisir à remuer la saleté qui a décantée et aucune de ses affaire ne me procurerait la renommée internationale comme celle du Vatican.

       William poussa un soupir et commença à pianoter sur son bureau en noyer. Il se doutait bien que Beckett n'aurait rien à lui proposer qui égale une affaire comme celle du Vatican. C'était impossible. Dolan le savait mais par politesse, il l'avait tout de même laissé exposer ses propositions. C'est sûr que William n'aura aucune pitié pour elle, mais c'était tout de même dommage. Quand au chantage, il était curieux de savoir de quoi il s'agissait. Tout le monde sait que William est une pourriture qui fait libérer des gangsters par la corruption, mais personne n'a de preuves bien entendu. L'avocat se demandait si elle allait se mettre à bluffer en dernier recours.
       Malgré tout, William s'amusait toujours, comme à chaque fois que deux langues s'agitent pour s'affronter à coup de non-dits et d'arguments. C'est ça qui faisait vibrer l'avocat. Ce genre de combat silencieux, qui semblaient non-violent. Pourtant l'impact des mots pouvait blesser plus profondément qu'un simple coup de poing et même mettre K.O. Ces attaques mentales envoyés tranquillement et sans sueur, bien planté au fond de son fauteuil moelleux, c'était le summum de la guerre, et lorsque William était en présence d'un autre juriste qui manie les mots à son niveau, c'était un véritable délice. L'avocat regarda alors son interlocutrice avec une gourmandise qu'elle pouvait interpréter comme elle le voulait, et la gratifia d'un mince sourire. Le jeu n'allait pas s'arrêter aussi prématurément.

       -Je suis curieux miss Beckett, souffla-t-il. Qu'est-ce que vous entendiez par petits services et esclaves?

       Dolan avait bien sûr tiqué lorsqu'il avait entendu le mot esclave. Il devait bien avouer qu'il ne comprenait pas ce qu'elle voulait dire. Quand aux petits services, c'était bien de la curiosité. Les services que pouvaient lui rendre Beckett pouvait être très simple, mais encore aurait-il fallu qu'ils aient la même notion du "service" que lui.

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 10 mardi 22 juin 2010, 12:44:48

L’avocate joignit les mains, coinçant ainsi son collier entre ses doigts. Elle n’était pas anxieuse, enfin, si peu. Il semblait qu’il se soit intéressé, un temps, à elle. Cela était toujours bon pour ses plans … Elle leva un sourcil en entendant sa dernière phrase, légèrement surprise par cette question. Devait-elle y déceler des sous-entendus plus ou moins avenants, ou était-ce juste une question emplie d’une innocence sans bornes ? Le connaissant – tout du moins à travers le portrait qu’on lui en avait brossé – elle crut comprendre que la première solution semblait la plus évidente. Elle attrapa un petit sourire, et s’accouda au bureau, le fixant, le dévisageant, afin d’essayer de deviner ce qu’il entendait par ses propos. Elle n’était pas bien discrète, on voyait bien qu’elle essayait de découvrir qui il était vraiment, mais elle se moquait de ce manque parfait de discrétion.
Elle sourit à nouveau.


-   Par services, je peux m’arranger … Dites-moi ce que vous voulez, où, comment, quand, et je saurais vous satisfaire. Je suis très polyvalente en cette matière.

Nouveau sourire. « Jouons au même jeu » songea t’elle. Jouons à lancer des phrases plus ou moins tordues, au sens plus ou moins cachés. Nous verrons bien qui fera tomber le voile … elle passa sa main dans ses cheveux, les recoiffant doucement, regardant les environs, vérifiant une énième fois s’il n’y avait personne autour d’eux.

-   Quand je parle d’esclaves, je vous assure ainsi que je dispose de plusieurs … Affaires, en dehors du Palais de Justice. Ne prenez pas d’air offusqué, je sais que vous n’êtes pas un saint, Maître Dolan.

Elle se réinstalla confortablement dans son siège. Etait-ce du bluff ? Non, elle était assez informée. Ils traînaient dans les mêmes affaires, et son indicateur avait pû déceler ici et là quelques histoires cachées. Pas suffisamment pour les traîner en justice, mais juste assez pour savoir qu’il était impliqué dans des affaires plus ou moins propres. Mais elle ne se sentait pas l’envie de le réprimander ; elle-même n’était pas mieux pour ce genre d’histoires.
Amy Beckett, jeune avocate si propre sur elle … Elle riait intérieurement quand on usait de ces termes pour la désigner. Amy était loin d’être une sainte, c’était sûr. Elle le savait mieux que tout le monde. Au point de jongler avec le chantage la plupart du temps … «  Pour blesser quelqu’un, attaque-toi au gens auquel cette personne tient. » Sa phrase de prédilection. Et elle savait s’en servir.


-   Je ne veux pas devenir violente, sachez-le. Je suis assez informée pour savoir que jouer à ce jeu, face à vous, prendrait une allure de Guerre Froide.

Bien que, contrairement à lui, elle ne tenait à personne sur Terre. Un détachement qui lui évitait bien des ennuis … Elle sortit une cigarette de son sac, et l’alluma. Elle en avait besoin.

A M Y



Aucune règle n'existe, les exemples ne viennent qu'au secours des règles en peine d'exister.


( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 11 mardi 22 juin 2010, 15:45:22

       A qui Dolan pouvait-il bien tenir si ce n'est sa propre personne? Qui dans ce monde n'avait de valeur que pour lui? Et surtout est-ce que cette personne serait plus précieuse que ses objectifs? Que de questions dont certaines réponses étaient inconnus de William lui-même. Si Beckett pouvait être comparée à une araignée, habile tisseuse qui attire ses proies pour les dévorer, le juriste était plutôt un serpent, peu agressif en temps normal, mais mortel lorsqu'il est acculé. Amy Beckett n'est pas une ennemie, pas encore. Pour l'instant, ce n'était qu'une collègue avec qui il parlementait pour trouver une solution qui satisfasse les deux parties. Le serpent joue avec l'araignée, curieux d'étudier cette étrange créature, mais c'est qu'il ne sait pas qu'elle aussi à des crocs venimeux.

       William souffla sur une volute de fumé qui s'approchait dangereusement de son nez. Lorsque l'opportun fut chassé, il gratifia l'avocate d'un sourire entendu, ravi qu'elle est plus ou moins compris son sous-entendu. Bien sûr, ce n'était qu'un jeu et aucune avance n'avait été explicitement faite. Quand au fait qu'il avait quelques business assez frauduleux, il préférait laisser miss Beckett dans l'incertitude plutôt que de lui avouer. C'était plus amusant et ça lui évitait d'éclaircir les choses. Aussi, il prit une expression pénitente.

       -C'est vrai je ne suis pas un saint, mais maintenant que je défends l'église, c'est comme si je défendais dieu lui-même, déclara-t-il avec ferveur. Peut-être serais-je béatifié.

       Il éclata de rire suite à sa déclaration et se leva enfin de son fauteuil. Il s'appuya ensuite sur sa bais vitrée et observa les passant en contrebas, anonyme, semblable à des fourmis lorsqu'on les regard du 47e étage d'un building érigé par ses soins. C'est heureux que William ne soit pas devenu mégalomane avec tout ça... enfin pas trop.

       -La violence est le dernier recours de ceux qui n'ont plus rien à dire mademoiselle Beckett, lâcha-t-il sans cesser son observation des masses. Je me doute bien que vous n'irez pas jusque là.

       Évidement, William n'en pensait pas un mot. La violence est nécessaire et il l'utilise allégrement lorsqu'elle peut le servir. Il invitait surtout sa consœur à ne pas rentrer dans une spirale de violence qui se solderait pas un match nul ou une victoire obscurcie par les pertes subies. Dolan s'approcha de la jeune fille, mettant fin à sa contemplation et fit le tour de son siège pour se positionner dans son dos. Il posa ses coudes sur le haut dossier du fauteuil de son invité pour déléguer une partie de son poids et poussa un petit soupir. William savait bien que c'est désagréable d'avoir quelqu'un dans son dos, surtout pour des gens comme eux, qui se méfient de la moindre sournoiserie. C'était juste une façon de l'inviter à se lever. Il aime la danse des corps lors des joutes verbales. Cela donne plus de charme et de présence à un échange qui est déjà exquis.

       -Que ferez-vous si vous sortez de mon bureau sans avoir été pleinement satisfaite d'une manière ou d'une autre?

       Que faisait le serpent? Il regardait si l'araignée avait des crocs, espérant simplement de ne pas s'être approché trop près du redoutable arachnide.

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 12 mardi 22 juin 2010, 16:39:21

Amy ne se laissa pas déstabiliser ainsi. Afficher une mine déçue, colérique, serait malvenu, et pourrait faire tomber toute sa pile de cartes. Elle se contenta de pousser un long soupir, tirant une nouvelle bouffée de tabac réconfortant sur sa cigarette. Mais elle ne leva pas les yeux sur lui, elle continua de regarder face à elle. Elle savait bien quoi répondre, elle ne perdait jamais ses mots. Mais elle comptait bien savourer sa cigarette avant de continuer à parler. C’était un de ces rares moments où son ego était satisfait : fumer une cigarette revenait à vider quelqu’un de son essence. Et elle savait que ce qu’elle faisait à cette cigarette, la cigarette ne lui ferait pas. C’était sa manière de se rassurer.

-   Hubbard disait : « Si vous ne trouvez pas quoi répondre aux arguments de quelqu’un, tout n’est pas perdu, vous pouvez encore l’injurier », annonça t’elle. Vous avez bien deviné que je ne me rabaisserais jamais à cela. Je peux me montrer plus ... habile.

Son ton était teinté d’une sorte d’avertissement. Qu’il ne tente jamais de penser qu’elle n’était qu’une fille du peuple, dont les seules défenses étaient injures et coups. Non, elle était plus habile que cela ; des mots, des phrases … Cela faisait partie de son travail. Elle jeta sa cigarette achevée dans la poubelle, et se releva doucement. Elle n’était pas bien grande, trichant avec ses talons, et cet homme devait bien faire une tête – si ce n’est plus – de plus qu’elle. Mais elle gardait son allure assurée, sa silhouette de femme qui ne se laisse pas démonter. Même si ses poings étaient petits, ses bras fins et sa stature digne d’une étudiante en première année de droit, elle avait ce regard qui disait tout sur sa personnalité.


-   Je pense que je reviendrais vous hanter, jour après jour, répondit-elle avec un sourire. Ou que je vous maudirais jusqu’à la dernière génération. Ou je vous prendrais dans ma toile.

Elle sortit son portable de sa poche. Un message ? Elle accueillie cette nouvelle avec un sourire.

-   Mais je voudrais que vous compreniez … Si je ne m’attache nullement au gens, c’est pour leur éviter d’avoir des ennuis, quand je tiens tête à une personne plus cinglante que moi.

Elle releva les yeux vers lui. Une menace ? Sûrement. Ou sûrement pas. Le message réclamait une réponse, qu’elle ne donnerait pas tout de suite.

-   Je n'aimerais pas en venir à ce point avec vous, William.

Elle rangea son portable dans sa poche, et d’un geste vif, se réinstalla sur le siège, continuant de regarder face à elle. Son ton n’était même pas violent. Un peu dur, certes, ferme dans le fond, mais aucunement violent. Un avertissement, une menace, ou dieu sait quoi d’autre, des mots qu’elle prononçait avec sa voix habituelle, avec son ton un peu tranchant.
Juste assez pour une coupure. Elle leva la main, vers lui, comme une offrande, une main impeccable, avec une bague argentée. Un cadeau. D'autrefois.


- Et vous ?

Elle releva les yeux vers lui. Un regard quelque peu malsain, une invitation à jouer.

- Savez vous mordre ?
A M Y



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( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 13 mercredi 23 juin 2010, 19:53:51

       Bien entendu, miss Beckett n'a rien d'une femme du peuple. C'était une prédatrice, tout comme lui. Quel dommage qu'elle soit devenu son ennemi en le menaçant avec subtilité! Mais ça ne fait rien. Après tout, être l'ennemi de Dolan n'est qu'ennuyeux à long terme. D'ailleurs la plupart du temps, ceux qui sont sur la liste noir de l'avocat ne le savent même pas. C'était le cas de la demoiselle qu'il regardait évoluer dans l'espace. Sa démarche était sans conteste celle d'une femme de qualité ; le genre de femme qui plait à William. Ça façon de se mouvoir et ses formes trompeuses étaient un régal pour les yeux du juriste. Il ne le cachait pas d'ailleurs, ses mires vertes glissaient sur elle sans gêne et sans tabous. Il en profitait car en aucun cas cela ne lui portera préjudice. Au pire, elle se mettrait dans la tête qu'elle détient le pouvoir de séduction sur lui. Ce qui n'était pas forcement faux, mais encore fallait-il ne pas se tromper sur le degré d'influence que ça a sur le juriste. Délicieuse enfant...

       William n'était pas dupe. Il profitait de ces instant de volupté car cela ne durera pas. Elle finira bien par mettre le serpent au pied du mur. Les menaces étaient explicites ; elle comptait sans doute le faire chanter grâce à l'affection qu'il porte à une tierce personne. C'est cette faiblesse qu'elle voyait chez lui. Pourtant, il n'avait pas hâte que cela arrive, puisque cela déclencherait officiellement les hostilités mais il savait qu'il n'y échapperait pas. Aussi, il prit volonté la main offerte, paume contre paume, et la leva vers lui, obligeant la jeune fille à se rapprocher de lui. Ses yeux verts étaient fixées sur elle dans une expression difficile à décrypter, car elle mêlait plusieurs sentiments entre eux. Le défie, l'excitation, la froideur et l'amusement. Tout un panel d'expressions que son visage se chargeait de transmettre vers la jeune fille. Finalement, il déposa un baiser fugace sur le bout de ses doigts fins avant de les relâcher.

       -Je mords lorsque j'y suis contraint, mademoiselle, souffla-t-il. Et je ne suis pas pressé d'entendre ce qui m'y obligera, car vous êtes douée. Pas trop j'espère, mais je dois vous reconnaître un certain talent.

       Malgré le défi lancé, il la gratifia une nouvelle fois d'un sourire courtois. Il lui tourna brièvement le dos pour attraper son verre qui était resté sur son bureau et le vida d'une traite avant de pivoter de nouveau vers elle, un peu moins rigide.

       -"L'attachement personnel est un luxe que nous ne pouvons nous permettre qu'après avoir éliminé tous nos ennemis. Avant cela tous ceux que nous aimons sont des otages qui sapent notre courage et corrompent notre jugement", récita-t-il avec la fluidité de l'habitude. C'est de Orson Scott Card. Je n'ai pas lu un seul de ses livres mais cette phrase m'a marquée. Elle a des allures de vérité pour les gens qui sont dans notre triste situation. Cependant, on ne peut éliminer tous ses ennemis. Ils repoussent comme la mauvaise herbe à l'endroit même où on les a arraché. Sommes-nous donc condamné à ne jamais aimé? Je pense que non, à condition que l'on soit prêt à rendre le bonheur qui nous a été offert, sous forme de malheur. C'est un lourd tribut mais il faut savoir ce qu'on veut dans la vie.

       Beaucoup de métaphores pour un résultat qui aurait pu tenir en une phrase, mais c'était tellement plus amusant de cette façon. Quand tout cela sera fini, il faudra qu'il pense à l'inviter à diner.

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 14 mercredi 23 juin 2010, 20:38:23

Le message était clair. Son regard, sa stature, tout était d’une clarté évidente. Si le jeu se déclenchait, la partie serait longue et pointue. Avait-elle réellement besoin de tout cela ? Elle voulait ces livres. Elle en possédait déjà une partie, ce qui était un enchantement pour elle, un soulagement, un réel plaisir. Elle s’imaginait déjà, le soir, dans son lit, en train de les lire, de les savourer, de les dévorer, un à un, comme des proies entre les griffes d’un prédateur, qui ne s’en lasse pas.
Cette pensée, immédiatement, la fit sourire. Imaginait-elle, ne serait-ce qu’un instant, cet avocat comme une proie potentielle ? Hum, sans doute, après tout, elle était humaine. Et ne le considérait pas – tout du moins, pas tout de suite – comme une ennemi. Et quand bien même il se révélerait son adversaire, ce genre de jeu étaient relativement amusants … Elle chassa ses pensées de sa tête, et elles partirent aussi vite qu’elles étaient venues. Elle attrapa son téléphone portable, et répondit d’un geste vif  à son ami. Elle écrivit un « non » catégorique, et le rangea dans sa poche, à nouveau.


-   Décidemment, je vais finir par croire que je ne suis pas seule sur cette Terre, répondit-elle avec toujours le même sourire. Serions-nous tout les deux des prédateurs, avec toute une armada redoutable ?

Elle s’en extasiait presque, comme si cela était une bonne nouvelle, comme si cela était particulièrement enchanteur de savoir que, ici, elle était n’était la seule à être capable d’imposer sa loi, aussi dure et violente soit-elle.  Doucement, Amy s’approcha de l’avocat, le dévisageant avec un certain amusement. Elle n’était pas bien grande face à lui, effectivement, mais ce constat ne l’agaça pas outre mesure. Ils étaient bien différents, tout les deux, et pourtant si singuliers … Elle retrouvait dans les yeux de cet homme la même lueur que dans le sien, quand elle venait à se montrer plus dangereuse que tout animal venimeux et tueur, quand elle déclarait sa guerre, ou quand elle voulait faire comprendre que les seules règles qu’elle suivrait seraient les siennes.

-   Ce que je veux, c’est vivre, répliqua t’elle. Quel qu’en soit le prix.

Elle ne parlait plus des livres, quel intérêt ? , la conversation avait pris une toute autre tournure, bien plus appréciable que celle d’un débat sur la littérature classique et rarissime. Elle trouverait le temps de lui reparler de cette affaire, se doutant bien que cette journée était loin d’être finie, pour lui comme pour elle …


-   Au bal des prédateurs, j’ai hâte de voir qui parvient à mordre l’autre, annonça t’elle avec un plus grand sourire, toujours aussi énigmatique.

Ce n’était pas une menace de guerre, le ton n’étant ni menaçant, ni belliqueux. Juste une invitation à danser. Elle s’approcha doucement de son oreille, les yeux brillants.

-   Mais je connais de meilleurs endroits pour danser, annonça t’elle. Et j’adore la cuisine française.

Elle s’éloigna le lui, le gratifiant d’une rapide révérence, attrapa son arme, son manteau, et sortit d'un pas vif, suivie de sa secrétaire. Non, elle ne se voyait pas l’inviter à dîner, ni à danser. Il savait comment la joindre, et elle savait très bien qu’il le ferait. Tout simplement parce que leur conversation était très loin d’être terminée, voir même qu’elle ne faisait que commencer … 
A M Y



Aucune règle n'existe, les exemples ne viennent qu'au secours des règles en peine d'exister.


( André Breton )



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