Promenons nous dans les bois (PV Mary-Lou Nolan)

- Endeavour à Houston, nous nous préparons à entrer dans l'atmosphère terrestre.
- Bien reçu.

A environ 800 kilomètres au-dessus de la surface de la Terre, la navette spatiale Endeavour s'apprêtait à rentrer de sa mission dans l'espace. A son bord, le colonel Henshaw, le capitaine Mac Gregor et le major Deck, seul membre féminin de l'équipage.

Lorsque la coque du vaisseau entra en contact avec l'atmosphère, elle s'embrasa tel un météore, fendant les cieux, évoquant ainsi le char céleste du Soleil tel que se l'imaginaient les peuplades antiques.

Sur Terre, dans la salle de contrôle de Houston, les ingénieurs suivaient la progression de la navette : tout marchait comme des roulettes. Cette mission allait être un succès de A jusqu'à Z. Puis, sans crier gare, sur le grand écran figurant le globe terrestre, le symbole de l'astronef disparut, sous les regards interloqués des employés et de la Directrice des Vols, Mme Stick, avant de réapparaître quelques secondes après.

Le problème est que ces quelques instants avaient suffi à fausser le système de guidage de la navette : au lieu de se diriger vers la base aérienne d'Edwards, comme initialement prévu, elle fonçait à toute vitesse dans une autre direction...

A bord, le colonel Henshaw fronça les sourcils :

- Quelque chose ne va pas : on a perdu la trajectoire !
- Mais les cadrans signalent la position correcte, répondit le capitaine Mac Gregor.
- J'ai fait cette approche 213 fois en simulation et je peux vous dire qu'on est en dérivation.
- Mais alors où sommes-nous ? demanda le major Deck.
- Houston à Endeavour, dit Mme Stick dans le micro, guidage erroné. Dérivation de 206 km de votre course.
- Bien reçu Houston, on avait remarqué, répondit Deck. Euh, est-ce que c'est...
- Oui, c'est Los Angeles...

En effet, par la verrière de la navette, les trois astronautes pouvaient voir au loin les buildings de la Cité des Anges qui n'étaient encore que des points minuscules.

- On se dirige droit vers le centre-ville... dit le colonel d'une voix atterrée.

- Ils vont entrer dans la ville à 300 nœuds* ! Essayez de leur dégager une ou deux artères. dit Mme Stick à l'un des ingénieurs.
- C'est l'heure de pointe : les voitures sont pare-chocs à pare-chocs !

Les membres de la navette ayant entendu la conversation commençaient à paniquer. Les gratte-ciels se rapprochaient de plus en plus et chacun se dit que leur dernière heure était venue...

C'est alors qu'une large bande de couleur émeraude se déploya subitement sous leurs yeux, avec des signalisations, des balises et des renforts latéraux sur les côtés.

- Qu'est ce que c'est ce truc ? demanda le capitaine Mac Gregor
- Eh bien, je dirais que ça m'a tout l'air d'une... piste d'atterrissage ! répondit le major Deck.
- En plein ciel ?! Comment est-ce possible ?!
- Plus tard les questions ! Nous avons un endroit où nous poser sans nous crasher. Profitons-en !

Et après avoir ordonné la sortie du train d'atterrissage, le colonel amorça la procédure d'approche. L'appareil atterrit en douceur sur le sol de lumière verte ; lancés comme ils étaient, ils mettraient une bonne distance avant de s'arrêter une bonne fois pour toutes, mais la piste était extraordinairement longue, traversant tout Los Angeles qu'elle surplombait d'environ 300 mètres de hauteur.
En contrebas, les habitants contemplaient avec stupeur cette immense arche brillante qui luisait d'un doux éclat vert à la lumière du soleil californien. Certains prenaient des photos ou encore filmaient le phénomène.

La navette filait le long de la voie, perdant progressant de la vitesse au fur et à mesure de sa progression, aidée en cela par le déploiement des aéro-freins et du parachute. Pour finir, elle s'immobilisa à hauteur du centre-ville.

- On a... atterri au-dessus de Los Angeles, à quelques centaines de mètres du sol... dit le colonel Henshaw.

Il ne put achever sa phrase : une partie de la section de la piste, celle où il se tenait précisément se détacha du reste qui se dissipa peu de temps après, et descendit lentement vers le bas. Médusés, les astronautes voyaient les fenêtres des buildings défiler sous leurs yeux ainsi que les gens qui s'y trouvaient, leurs visages reflétant la même stupeur.
Ils touchèrent le sol avec une infinie douceur, au beau milieu d'une section de rue qui avait été évacuée en urgence par les forces de l'ordre, sous les vivats et les acclamations de la foule.

- Par quel miracle ?... commença le capitaine Mac Gregor.
- Le voila le miracle ! dit le major Deck, pointant l'index.

Les deux autres regardèrent dans la même direction et virent une silhouette auréolée d'une lumière émeraude, portant une combinaison noire et verte et qui leur fit un petit salut de la main avant de s'envoler, devenant rapidement un point vert à l'horizon...

- La Flèche d'Émeraude ! Putain, j'ai toujours cru que c'était un canular...

oOo

Zynarys, satisfaite d'avoir sauvée la vie de l'équipage de la navette survola un court instant le ciel californien afin de rentrer au bercail, franchissant le Pacifique à une vitesse hallucinante.
Elle choisit de ne pas rentrer directement chez elle mais de faire un détour par le parc de la ville, atterrissant au beau milieu d'un bouquet d'arbres ; elle remit en un éclair sa tenue civile et les lunettes de soleil émeraudes qu'elle mettait durant ses missions disparurent comme par enchantement.

*environ 555 km/h

[Hs: Je ne prends pas en compte le décalage horaire qu'il est censé y avoir entre le Japon et la Californie volontairement, j'espère que tu ne m'en tiendras pas trop rigueur.]

Aaaaaah... Que la vie était douce parfois... Le soleil brillait, il laissait filtrer sa chaleur à travers les feuillages des arbres du parc. Mary-Lou était en dessous, allongée, dissimulée à la vue des gens par de multiples bosquets. Une sucette au coca dans la bouche et les bras en oreiller, une jambe croisée sur l'autre, elle profitait simplement de ce beau jour de printemps avec un plaisir manifeste. Ses yeux rubis brillaient de plaisir, alors que le seul indice permettant de s'apercevoir de sa présence était le bruit de sucion que provoquait sa langue sur la sucette alors que sa salive s'activait à faire fondre le bonbon afin d'en délivrer l'arôme.
Pas d'école en cette belle journée, c'était le week-end. Que demander de plus? La chlorophylle dispensée par les arbres alentour emplissait l'air d'une belle odeur de renouveau. Les températures venaient juste de se radoucir et les gens commençaient à peine à profiter de l'extérieur. En débardeur, petit gilet et jupe très courte, assortie à des mules aux semelles compensées qui lui faisaient des jambes d'une longueur interminable, son impressionnante tignasse de cheveux roux faisant comme un matelas pour elle, elle rêvassait. Indifférente au monde extérieur, indifférente à tout et très sensible, Mary-Lou est une somme de paradoxes ne l'oublions pas. Elle était là tout en étant ailleurs, sentait le vent sur la peau de ses bras et entendait le chant des oiseaux tout en se passant un film complètement différent mentalement...

Et puis, d'une façon, complètement incongrue, du bruit à côté d'elle. Et une femme sortie de nulle part. Pas n'importe quelle femme en plus, la prof de sport du lycée. Mary-Lou ne l'avait même pas entendue arriver. Et elle faisait quoi en fait? Elle se changeait? Est-ce qu'elle venait de faire des choses pas très nettes avec quelqu'un? Lou regarda partout autour d'elles, mais ne vit personne. Elle prit alors le parti de signaler sa présence en se raclant légèrement la gorge et en interrogeant Zynarys.

- Salut! Vous faîtes quoi là?

Elle n'avait même pas fait un pas qu'elle entendit un raclement de gorge non loin d'elle. Elle se mit aussitôt en position de combat, s'attendant à tomber nez à nez avec un voyou ou encore un criminel en fuite (parfois son imagination galopait à toute vitesse) et fut aussitôt soulagée en voyant que ce n'était qu'une jeune fille à la (très) longue chevelure rousse, aux yeux de biche et au corps fin et bien proportionné, avec tout ce qu'il fallait, là où il fallait.

Puis son soulagement fit place à l'inquiétude : Par les tripes de Zymynyon IX, j'espère qu'elle ne m'a pas vu atterrir et me changer ! pensa-t-elle, paniquée.

Mais sur ce point elle fut vite rassurée car la demoiselle en question lui demanda d'une voix douce : "Salut! Vous faîtes quoi là ?". Encore que cela ne pouvait absolument rien dire car elle pouvait très bien l'avoir vue se poser sur le sol et faire semblant de rien, pour ne pas éveiller ses soupçons.

Mais quand son regard vert plongea dans celui, ambré, de la donzelle, elle y lut tant de candeur et de sincérité qu'elle ne doutât pas un seul instant qu'elle ne lui jouait pas la comédie.Oulah ! J'ai vraiment l'imagination qui part en vrille moi !

Je me promène ! répondit-elle un peu sèchement, c'est pas interdit que je sache ?! Puis elle s'en voulut de lui avoir parlé ainsi et continua d'une voix plus douce : euh, excusez-moi, vous m'avez surprise, j'ai été un peu effrayée...

Les grands yeux de Lou s'agrandirent encore d'avantage de stupeur lorsque Zynarys prit une position de combattante, et pis encore, Mary-Lou cru qu'elle allait l'attaquer! Aussi sursauta-t-elle et replia-t-elle ses jambes contre elle, prête à se rouler en boule comme l'auraient fait les hérissons pour recevoir une pluie de coups. Seulement, heureusement, Zynarys n'en fit rien et Mary-Lou pour se détendre. Enfin... L'espace de quelques instants seulement, puisque le regard qu'elle lui lança et l'investigation silencieuse que ses yeux semblaient entreprendre contre elle lui donnaient l'impression d'être mise à nue et violée dans son intimité. Elle avait l'impression d'être passée au scanner et ça la mettait affreusement mal à l'aise... Tellement qu'elle croisa lentement les bras sur sa poitrine et détourna le regard, les pommettes rosies. Lou n'était pas prude, mais il y avait des limites à ce qu'elle pouvait pouvait supporter comme intrusion et sans broncher, et la façon de cette femme de y aller si franchement déstabilisait la jeune femme. Elle se flatta alors de ne pas l'avoir en tant que professeur. Si elle avait dû la côtoyer avant, nul doute que Mary-Lou aurait déjà disparu à cent mille années lumières (quoique là encore, les capacités de Green Lantern de Zynarys lui auraient permis de la retrouver) sans demander son reste...

Et la réponse que la femme donna à sa question naïve ne fit rien pour la dissuader de son envie de s'enfuir à toutes jambes. Loin de là. Les grands yeux grenats s'ouvrirent un peu plus large encore, de surprise à la réponse du professeur, et malgré la tentative de cette dernière pour s'adoucir un peu, le mal était fait. Mary-Lou baissa des yeux brillants que ses glandes lacrymales commençaient déjà à irriguer abondamment. Lou était blessée, horriblement vexée d'avoir été agressée verbalement de la sorte. Elle se leva avec lenteur, en prenant soin de ne pas tirer sur son impressionnante chevelure rousse et s'inclina légèrement en marque de respect devant Zynarys.

- Veuillez m'excuser, ma question était déplacée... Je m'abstiendrai à l'avenir. Au revoir professeur.

S'étant excusée d'une manière acceptable selon elle, elle tourna les talons et s'en alla, pour laisser à Zynarys le temps et l'occasion de faire tout ce qu'elle voulait sans les questions stupides de Mary-Lou pour la bassiner.

Il était manifeste que la réaction de Zynarys ainsi que son regard perçant avaient intimidé au plus haut point la jeune fille rousse à tel point que la malheureuse s'était repliée sur elle-même, un peu comme un hérisson.
Puis les paroles un peu sèches de la jandarienne eurent raison de sa résistance nerveuse : des larmes coulèrent le long de ses joues. Tournant les talons, elle balbutia quelques excuses et s'en alla.

Zynarys s'en voulut d'avoir été aussi rude envers cette demoiselle qui n'avait rien fait d'autre que lui poser ingénument des questions somme toutes banales. Ah bravo ! Tu empêches des navettes spatiales de se crasher mais à côté de ça tu fais pleurer une pauvre jeune fille qui a l'air gentille comme tout... se réprimanda-t-elle.

Elle courut à petites foulées et la rattrapa, se mettant devant elle. Oh ! Je suis vraiment désolée d'avoir été aussi désagréable ! fit-elle d'une voix apitoyée. Elle sortit un mouchoir de sa poche et entreprit de sécher ses larmes avec.

Quand elle eut finie, elle lui dit d'une voix douce : écoutez, je m'excuse de nouveau pour tout à l'heure mais j'étais un peu à cran. Que diriez-vous qu'on aille boire un verre à la buvette ? Bien entendu, c'est moi qui paye, pour me faire pardonner.

Mary-Lou tentait de regagner la rue avec empressement, traversant le parc à la course alors que des larmes roulaient sur ses joues, partant de ses yeux et venant s’écraser sur ses vêtements ou sur le sol. Si on lui avait parlé comme ça, c’est qu’elle n’avait pas été assez gentille. Elle avait donc encore des efforts à faire de ce côté là.
Quoiqu’il en soit, peu après qu’elle l’aie laissée tranquille, cette jolie mais dure femme l’avait rejointe et contrainte à s’arrêter de courir. Là, Mary-Lou avait eu peur. Elle avait craint qu’elle ne se mette à l’insulter ou à l’humilier, la répartie ou la force physique n’étant pas les domaines de prédilection de Lou. Elle pouvait guérir de tout, ses cellules pouvaient se régénérer contre tout et n’importe quoi (elle se demandait même si elle n’était pas immortelle), mais ça ne l’empêchait pas d’être d’une passivité maladive. Si Zynarys se mettait à lui taper dessus, Mary-Lou essaierait à peine de se protéger, ce qu’elle montra en fermant craintivement un œil et en détournant la tête lorsque la Jandarienne voulu faire se tarir son flot de larme. Ca lui prit le temps que ça lui prit, mais la Green Lantern eut la patience d’attendre que Mary se calme, avec force reniflements et soubresauts.

La proposition de Zynarys fit hésiter l’étudiante. Mais elle se dit qu’après tout, elle n’était peut-être pas aussi méchante qu’elle en avait l’air et qu’elle voulait vraiment s’amender. Aussi Mary-Lou retrouva un frêle sourire et hocha la tête affirmativement.

- D’accord…

Elle passa donc ses doigts sous ses yeux pour en chasser les dernières traces d’humidité et mit ses lunettes jaunes sur son nez pour cacher le fait qu’elle avait pleuré. Ses iris étaient déjà rougies mais les traces piquetées de rouges, ça, ça ne trompait pas. Avec les lunettes, elles étaient invisibles.

Sécher les larmes de la jeune fille fut malaisé car elle avait fermé les yeux et avait détourné la tête... Bon sang, elle a vraiment peur que je la frappe ! pensa-t-elle. Elle est vraiment craintive comme c'est pas possible... Mais finalement, elle put mener son opération à bien.

Quant à sa proposition, elle accepta en ébauchant un petit sourire. Les deux femmes allèrent donc vers la buvette et s'assirent à une table ; comme c'était le week-end et qu'il faisait beau, l'endroit était bondé mais le coin où elles se trouvaient était un peu à l'écart : elles pourraient donc discuter sans être obligées d'élever la voix.

En attendant qu'un serveur vienne prendre la commande, Zynarys en profita pour faire les présentations :

Je ne me suis pas présentée au fait : je m'appelle Sei. Sei Sakuraoka. Et vous ?

Attendant sa réponse, elle l'observa avec une pointe d'amusement dans le regard : elle ressemblait à une star avec ses lunettes de soleil sur le nez et ses longs cheveux roux. D'ailleurs, elle lui faisait penser à quelqu'un mais à qui ?

Docile, Lou suivit la jeune femme jusqu’à ladite buvette, et s’assit en face d’elle. Aux poignets de Mary-Lou, pas moins d’une vingtaine de bracelets de perles colorées, mais étonnamment, loin d’être dépareillés, c’était toujours les mêmes couleurs qui revenaient et finalement, formaient un motif complexe. Sans doute de longues heures de travail pour Mary, mais le résultat était là. Il y avait du doré, beaucoup de doré, du rouge orangé et du beige. Trois couleur qui allaient avec les couleurs que Mary-Lou choisissait pour ses vêtements. Vu qu’elle était rousse, elle ne pouvait pas mettre n’importe quoi. Elle optait donc souvent pour du beige ou du blanc, un peu de noir de temps en temps, mais très peu, et puis un peu de vert ou de marron. Des couleurs un peu pastels qui adoucissaient un peu l’impression de violence qui se dégageait de la couleur de ses cheveux.
Et Lou donc jouait avec ses bracelets, sans regarder Zynarys. Mais elle l’écoutait quand même, il ne fallait pas croire.

-Je sais, vous êtes la professeur de sport que je redoutais avoir au lycée. Je m’appelle Mary-Lou Nolan, je suis des études pour être hôtesse de tourisme à l’école de Seikusu.

Les doigts de la rouquine lâchèrent ses bracelet et elle tendit la main pour serrer celle de la Green Lantern.

-Merci pour votre invitation, c’est gentil.

Le problème, quand on était comme Mary-Lou et invité, c’est qu’on n’osait pas choisir ce qui nous faisait vraiment envie. Pourquoi ? Parce qu’elle était gourmande et compliquée, et que où qu’elle aille, elle n’osait jamais prendre ce qu’elle voulait vraiment parce que c’était ce qu’il y avait de plus cher. Alors que si elle-même avait payé, elle aurait pu prendre ce qu’elle voulait. Cruelle, la vie.

Zynarys avait bien entendu remarqué les bracelets que la jolie rousse portait aux poignets. Pfiouu ! Pas moins d'une vingtaine. La jandarienne se demanda combien de temps elle mettait le matin pour les mettre et d'une manière générale combien de temps elle mettait pour se laver, s'habiller, se maquiller et ainsi de suite...

Elle-même n'avait jamais été une fille "coquette" et si elle avait fait quelques progrès en ce sens depuis son arrivée sur Terre, elle n'était pas du genre à passer trois plombes dans la salle de bains, deux pour s'habiller et se pomponner. Elle était une guerrière et quand on partait au combat, pas le temps pour les chichis et les fanfreluches !

Lorsqu'elle se présenta, Zynarys ne put retenir un petit rire et dit d'une voix amusée :

"Redoutais" ?! Rhooo comme vous y allez ! Je reconnais que je suis un peu dure et que mes cours peuvent ressembler un peu à ceux donnés par un sergent instructeur des Marines qu'à un professeur de lycée mais il ne faut pas exagérer non plus : je ne suis pas un monstre !

Elle se souvint d'ailleurs de certains professeurs qui s'étaient plaint au directeur parce que quand les élèves allaient aux cours qui suivaient les siens, ils étaient lessivés et n'étaient plus bons à rien sinon à dormir en pleine salle de classe... Zynarys avait donc, à la demande du chef d'établissement dû réduire son entrainement. Résultat des courses : au lieu de commencer par 30 pompes et 30 abdominaux, ils n'en faisaient plus que 25...

Hôtesse de tourisme ? Ah oui, ça peut être intéressant ça ! dit-elle d'une voix intéressée même si elle n'avait pas la moindre idée de ce que c'était... Bon, je prends une tequila ! Et vous ?

Le truc, c’est que Lou n’enlevait jamais ses bracelets. Elle gagnait donc du temps le matin. Ce n’étaient que ce petites perles de rocaille dont un fil de nylon passait à travers. Aussi, aucun des bracelets ne craignait ni l’eau ni l’usure. Au du moins, beaucoup moins que les bijoux en métaux et pierres précieuses. Quant à ses pratiques le matin, elles restaient somme toute assez sommaire. Ca n’était qu’un pli à prendre, et plus on le prenait tôt, moins on mettait de temps. Ce qui veut dire que ce que Zynarys mettrait des heures à faire, Lou ne prenait que quelques minutes puisqu’elle avait l’habitude. Chacun ses aptitudes et petits plaisirs. Lou aimait se trouver jolie.
Quand Zynarys rit, Lou elle ne trouva pas sa phrase drôle. Elle ne plaisantait pas, elle avait réellement redouté avoir Zynarys comme professeur et prié tous les Dieux de sa connaissance dans tous les langages de sa connaissance de l’en préserver. Aussi c’est perplexe qu’elle regarda la green lantern s’esclaffer. Elle trouvait ça drôle elle, qu’on la fuit ? Bon, très bien.

-Je n’ai jamais dit ou pensé que vous étiez un monstre. Mais vous me faîtes peur. Et je suis contente de ne pas avoir été dans vos élèves puisque je n’aurai jamais pu terminer aucun des exercices que vous imposez à mes camarades.

Loin d’être de la fausse modestie, c’était la vérité vraie. Tout ce que savait faire Lou, c’était courir comme une gazelle et quelques prises de self defense  qui utilisaient la force de l’opposant contre lui, pas de quoi casser trois pattes à un canard en fin de compte, mais ça lui allait parfaitement bien. Elle n’avait pas la moindre envie d’être bodybuildée ou aussi forte qu’un homme. Elle préférait se faire protéger, c’était plus romantique.

-Ca l’est pour moi en tous cas, ça me permettra de voyager.

Son ton était plis aimable lorsqu’elles abordèrent le possible métier de Lou. Lou qui haussa un sourcil, perplexe. Une tequila ? A cette heure ? C’était une plaisanterie ? Curieusement, la jeune fille se montra un peu plus réservée dans sa posture alors qu’elle répondait à l’héroïne avec amabilité.

-Un diabolo grenadine pour moi s’il vous plaît Mademoiselle Sakuraoka. Vous saviez que la Tequila est un alcool produit exclusivement au Mexique ? C’est assez ironique puisque certains mexicains n’ont même pas de quoi s’en payer une bonne bouteille.

Elle n’accusait pas, elle discutait simplement. Particulier comme sujet de conversation on en conviendra, mais c’est Mary-Lou, que voulez vous.

Je vous fais peur moi ?! demanda-t-elle stupéfaite. Bon d'accord, il m'arrive d'avoir un sale caractère et de râler, d'être assez exigeante envers mes élèves mais je ne vois pas ce que j'ai d'effrayant...

En fait elle s'amusait un peu avec Mary-Lou : c'est vrai que parfois elle faisait peur à certains de ses camarades Green Lantern avec son intransigeance, son ardeur au combat et sa rage, qu'elle pouvait déployer au cœur d'une bataille mais elle n'était pas non plus une sanguinaire sans compter qu'elle n'était pas un homme non plus faisant 2 mètres de haut pour 1 mètre de large avec des dents en acier, capables de décapsuler une bouteille...

Par ailleurs cette jeune demoiselle à la chevelure rousse devait être facilement impressionnable et devait vite qualifier d'effrayant les personnes, lieux ou situations qui étaient inhabituels.

Vous avez raison, les voyages forment la jeunesse comme on dit. fit-elle à la seconde réponse de Mary-Lou. Et quels pays aimeriez-vous visiter ? demanda-t-elle, tout en passant leurs commandes au serveur qui s'était approché d'elles.

La phrase sur la tequila la fit sourire et c'est d'une voix amusée qu'elle dit : ah bon ? Je ne le savais pas... En tout cas, vous m'avez l'air sacrément cultivée mademoiselle Nolan.

En fait, elle s'en foutait un peu de savoir que la tequila était uniquement fabriquée au Mexique et nulle part ailleurs : du moment que la boisson se buvait et était bonne, c'était le principal.

Moins que le fait que la Tequila était fabriquée au Mexique, c’était le fait que même certains mexicains ne pouvaient s’en offrir qui intéressait Mary-Lou, ce qu’elle trouvait profondément injuste et trouvait inadmissible que Zynarys trouve le moyen d’en rire. Elle trouvait très déplacé que des professeurs d’école s’amusent de sujets comme la pauvreté ou bien les maladies graves. En plus de lui faire peur, cette femme commençait à lui devenir antipathique… Lou se tassa sur sa chaise, mal à l’aise. Elle voulait rentrer chez elle. En plus, l’exclamation qu’avait eue la Green Lantern en s’offusquant lorsque Lou avait eu le courage de lui confesser qu’elle l’effrayait,  fit regretter ses paroles à la jeune fille. Non pas qu’elle ne les pensait pas, mais elle regrettait de le lui avoir dit. Si Zynarys ne concevait pas qu’elle puisse effrayer certaines personnes, c’est qu’elle ne faisait jamais preuve d’introspection. Son père lui avait toujours dit de se regarder dans le miroir avant de critiquer quelque chose. Aussi ne critiquait-elle jamais rien ni personne, parce Lou savait très bien qu’elle était incapable de la moindre introspection, mais s’efforçait de constater des choses que tout un chacun serait à même de voir. En l’occurrence, que Zynarys lui faisait peur.

- Je lis beaucoup…

Une petite confession ne pourrait pas lui faire de tort, si ? Elle ne répondit pas cependant à la question concernant les voyages qu’elle aurait aimé effectuer, estimant que si elle devait les faire et légère fantasque et romanesque comme elle l’était, elle s’imaginait déjà la prof de sport la traquant pour lui faire faire des pompes et autres tortures. Elle frissonna, mal à l’aise. Quand sa boisson arriva, elle prit la taille en bouche avec empressement et vida d’emblée plusieurs gorgée. Espérant que le sucre de la limonade mélangé à celui de la grenadine la calmerait au moins un peu…

"Je lis beaucoup..."

Ce furent les seuls mots que prononça Mary-Lou à Zynarys. La jandarienne pourrait faire un monologue que ça reviendrait au même... De toute évidence, la rouquine avait vraiment peur d'elle et ne se sentait pas du tout à l'aise en sa présence.
Zynarys n'aimait pas trop les personnes timorées et Mary-Lou l'était un peu trop à son goût. Tout le contraire de Sam, qui n'avait peur de rien (du moins en apparence) et qui se montrait peu impressionnée par quoi que ce soit ou qui que ce soit. A tout prendre, elle préférait son interlocutrice du moment qui, même si elle était assez trouillarde, manifestait beaucoup d'intérêt pour les gens et les choses et n'affectait pas une attitude je-m'en-foutiste et cynique pour se rendre intéressant.

Moi aussi j'aime bien lire. répondit-elle en lui souriant.

Bon d'accord, elle lisait en général des comics, des mangas et des magazines mais pas vraiment des livres "sérieux". Ceci dit, elle avait lu il y a peu de temps Roméo et Juliette de Shakespeare et l'un des passages l'avait profondément ému ; passage qu'elle récita à voix haute devant la jeune fille :

"...et, quand il sera mort, prends-le et coupe le en petites étoiles, et il rendra la face du ciel si splendide que tout l'univers sera amoureux de la nuit et refusera son culte à l'aveuglant soleil..."

J'ai trouvé ça magnifique quand je l'ai découvert et je l'ai appris par cœur, fit-elle avec une légère émotion dans la voix.