Une vie de couple qui commence... d'un bon pas ou non. (Pv Selene)

Une peau soyeuse blanche que les rayons du soleil rendait pratiquement scintillante, des cheveux aussi beaux que l'ébène, un visage aux traits qui pouvaient faire fondre le coeur de tous les hommes et un corps de rêve, voilà ce qui se dévoila à Kamui alors que le jeune seigneur alchimiste rentrait chez lui. "Selene..." la reconnut-il, les yeux attendri par l'amour qu'il ressentait pour cette belle jeune femme qui a ravit son coeur. La chambre du Maître du Manoir, soit lui-même, était grande, et l'énorme lit dans lequel reposait son aimée était certainement le meuble le plus volumineux de la pièce. Simplement voilée dans le drap léger mais chaud, elle ressemblait à une déesse, une oeuvre d'art que tous artistes souhaiterais mettre sur des toiles ou même graver dans le marbre. Le jeune Maître mit un pied devant l'autre pour s'approcher de sa dulcinée, faisant tomber sa cape poussiéreuse sur le sol, avec ses épaulettes et ses gantelets. Délesté de ces vêtements encombrants, il se massa un peu les épaules et retira ses bottes. Tout doucement, il grimpa sur le grand lit où reposait la femme qu'il voulait un jour faire son épouse. Lorsqu'il vit enfin le visage de déesse de sa précieuse demoiselle, ses lèvres s'étirèrent de soulagement de la voir en pleine forme. Il lui a été très dur de se séparer d'elle pendant des semaines, mais il ne croyais pas que cela fut vain de le faire.

Il avait passé les dernières semaines à assurer une place dans le monde pour elle et lui, recevant le titre légal de Seigneur et il reçut le titre de propriété de ses terres. Le petit village commençait déjà à se développer et Kamui avait passé la semaine dernière à tout organiser son nouveau territoire de manière à le rendre prospère. Il avait vite comprit qu'il était dur d'être seigneur et que le commencement serait certainement quelque chose de difficiles. Il avait déjà commencé à faire développer des armureries et des casernes pour développer la protection de sa seigneurie. Heureusement pour lui, il lui suffira de nommer un maire pour pouvoir s'occuper de cela. Son travail consiste à fournir l'effort nécessaire pour protéger les villageois vivants sous son fief.

Il admira le visage endormi de sa belle encore un bon moment avant de finalement l'enlacer dans ses bras en posant ses lèvres sur les siennes, la dénudant de cette couverture. La jeune femme dormait toujours nue durant l'été. Kamui avait toujours prit cela comme une manière de l'aguicher et de piquer sa libido sensible, mais apparemment, ce n'était simplement qu'une question de confort nuptial. Il baisa tendrement ces lèvres humides et savoureuse, saisissant sa nuque de sa grande main pour la maintenir dans ce baiser des plus passionnés. Ce qu'il pouvait aimer cette femme, il n'arrivait pas à comprendre comment il faisait, mais cette femme qui pouvait être appelée folle était également celle qui faisait battre son coeur. Malgré la profonde jalousie de Kamui, celui-ci faisait son possible pour laisser un maximum de liberté à la belle femme et cela avait jusque là fait immensément souffrir le jeune homme, qui se laissait à chaque fois sombrer dans la froideur qu'une vie conjugale ne devrais pas avoir, mais il ne pouvait pas s'empêcher de le faire malgré tout. De toutes façons, son aimée trouvait toujours un moyen de le dérider ou alors elle le forcait à lui faire l'amour s'il n'obtempérait pas.

- "Je suis rentré, mon amour" lui signala-t-il en lui faisant un sourire, attendant sa gifle.

Selene n’avait rien d’une femme au foyer même si elle avait fait de réels efforts pour essayer de le devenir. Il y avait tant à faire dans cette propriété. Heureusement les serviteurs étaient au service de Kamui depuis longtemps et prenait donc des initiatives. Cependant, ils s’en référaient toujours à Selene pour les affaires importantes, car en l’absence de Kamui, c’était elle qui prenait les décisions. Elle avait réussit à tenir trois jours dans son rôle femme qui remplaçait son mari absent. A bout de nerf, elle avait fini par planter une dague entre les deux yeux d’une servante qui venait pour la nième fois lui demander son avis à propos d’une affaire dont elle n’avait cure.
Kamui n’allait pas être content s’était-elle dite en souriant. Pas content du tout.
Elle savait à quel point son amour respectait ses serviteurs et la plupart était tenus en grand estime. Et c’est justement pour cela qu’elle allait leur donner un peu plus de pouvoir bien mérité. Elle était sortie de la pièce en enjambant le cadavre et avait errée dans la ville de Nexus, laissant les affaires de Kamui aux mains de ses serviteurs.

 Ses pas l’avaient menés dans les bas-fonds de Nexus où elle bien faillit passer un très mauvais quart d’heure sans l’intervention de Kamui, quelques semaines plus tôt. Elle était alors rentrée dans une taverne et avait jeté un regard froid à toute la racaille qui pullulait.
Ses yeux se posèrent finalement sur l’homme qu’elle cherchait. Ce n’était pas un braillard comme tous les autres. Il avait une expression sereine et son regard était autoritaire. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle s’approcha de l’homme, ignorant les mains aux fesses que lui mettaient quelques gaillards, lorsqu’elle se faufila entre les tables. Selene vit le regard lubrique que lui lança le bonhomme qui semblait être le chef de cette bande de vauriens.
C’était trop facile…

Depuis son influence n’avait cessé d’augmenter. Tout le monde connaissait Selene dans le monde de l’ombre et personne ne voulait être capturé par son regard violet. Maintenant, elle avait son garde du corps personnel : Thomass une grosse brute abrutie qui la suivait partout où elle allait et même dans le manoir de Kamui. Ca ne semblait pas déranger les serviteurs qui avaient prit l’habitude de l’éviter le plus possible. Elle traitait Thomass comme un moins que rien –ce qu’il était- et le pauvre bougre la détestait cordialement, mais cela avait peu d’importance pour elle tant qu’il faisait son boulot et qu’il évitait de la déshabiller du regard.

Aujourd’hui, c’était le jour où Kamui revenait de son voyage d’affaire. Son alchimiste lui avait tant manqué qu’elle était particulièrement de bonne humeur, une chance pour ses débiteurs auxquels elle avait rendu visite, cette nuit, pour leur rappeler leur dette. Thomass les avait, bien entendu, tué car Selene se devait de garder une réputation impeccable. Cependant, elle n’avait pas touchée à leur famille pour une fois. Elle était revenue aux aurores à la maison et avait prit un bain pour se débarrasser de l’odeur du sang et de la mort. Elle s’effondra ensuite nue sur son grand lit et le sommeil vint la faucher aussitôt.

Elle fut réveillée par quelque chose qui lui chatouillait les lèvres. Elle ouvrit des yeux ensommeillés et vit un beau visage encadré de mèches blondes qui était penché sur elle. La couverture avait été repoussée jusqu’à ses hanches, laissant son corps vulnérable aux caresses de son aimé.
Sans un mot elle lui rendit un baisé d’une tendresse infini. Aujourd’hui elle ne voulait pas jouer, elle n’était pas d’humeur.
Elle avait quelque chose d’important à dire à Kamui mais elle repoussa l’instant fatidique en le serrant dans ses bras. Elle était heureuse de le voir mais c’était la peur qui la dominait en ce moment. Comment le lui dire ? C’était une source de joie pour la plupart des couples mais pour elle, ça avait toujours été une tragédie. Une larme coula le long de sa joue et vint finir sa course sur l’épaule de son amour.

Elle n’avait pas eut son cycle depuis trois semaines…

Quel n'était pas son bonheur de se retrouver une nouvelle fois dans les bras de la femme qu'il aimait de cette puissante et douloureuse émotion qui était l'amour. Tout ce temps d'absence avait été très pénible et Kamui n'était pas du tout mécontent d'être revenu. Il avait sur les lèvres un grand sourire très sincère et ses traits habituellement durs et tendus s'étaient totalement relâchés. Il se détendait enfin, libéré du stress qui pesait sur ses épaules depuis deux semaines. Éloigné de Selene pendant trois semaines, il ne pouvait empêcher ses mains baladeuses et frivoles descendre sur le corps de la belle demoiselle et se glisser sous la couverture pour trouver la douce cuisse de la jeune femme. Mais bizarrement, il ne sentait pas que son aimée avait vraiment envie de s'abandonner aux jeux de l'amour et calma alors ses ardeurs, caressant doucement le visage parfait de la belle. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être triste, pourtant, c'est pourquoi il s'inquiétait. Lui qui croyait qu'il pourrait enfin se détendre, il venait de se rendre compte que ses problèmes n'étaient pas encore fini. L'absence d'un époux, cela n'aidait pas nécessairement un couple à devenir plus solide. Il prit un peu de distance pour la regarder dans les yeux avec douceur, prêt à écouter tout ce qu'elle avait à lui dire. Il caressa la partie gauche du visage de la jeune demoiselle de sa main droite.

- "Il y a quelque chose qui te fait de la peine, mon amour?" la questionna-t-il d'une voix douce.

Kamui était surtout inquiet pour la santé de la jeune femme. Même s'il doutait qu'elle pouvait tomber malade, il avait un peu de scepticisme à ce sujet. Il ne fallait jamais baisser sa garde malgré toutes les protections qu'elle possédait contre les infections et virus. Il posa doucement son front contre le sien pour vérifier, les traits crispés par l'inquiétude. Non, elle n'était pas souffrante, mais il n'en était pas plus calme. Il la serra doucement contre lui, sans arrêter de fixer ses yeux. Il s'interrogea un moment sur la réelle raison de la tristesse de son aimée. Il n'eut pas le choix et sonda le corps de sa belle. Ce qu'il y découvrit le laissa sans voix. Parmi toutes les étincelles de vie qui habitait le corps de sa bien-aimée, il y en avait une plus volumineuse que les autres. Il posa alors la main à l'endroit le plus approché... l'utérus de Selene. Kamui sourit d'amour et de tendresse. Son esprit retrouva le chemin vers son corps et la lueur de vie dans ses yeux se réanima suite à sa reprise de conscience. Il caressa tendrement le ventre de sa dulcinée. Bien sûr, faire l'amour sans préservatif n'était pas la meilleure solution pour éviter une grossesse, mais Kamui en était néanmoins heureux. Peut-être était-ce une joie passagère et que la Dame de Meisa prendra la décision d'avorter du bébé. Il dévisagea un moment la belle immortelle. "Combien d'enfants a-t-elle eu au long de sa longue vie?" se demanda-t-il. Il secoua cependant la tête. Non, ce n'était pas vraiment important et ce n'était pas non plus de ses affaires. Il passa tendrement un pouce sur la joue de sa dulcinée, lui souriant toujours.

Bien qu'elle ne semblât pas se réjouir de porter un enfant, Kamui a toujours été fasciné par le développement d'un bébé dans le ventre de sa mère. Il l'avait étudiée maintes fois, comme pour percer le secret qui se cache derrière la création d'une vie. Les femmes sont capable de créer un être vivant qui possède une âme alors que tous les alchimistes n'ont réussi qu'à créer des coquilles vides qui obéissaient à leurs ordres, tels des robots faits de tissus organiques. Kamui lui-même n'avait jamais pu créer qu'un semblant d'âme en récupérant celle d'un mort-né de sexe féminin pour Ama et masculin pour Christie. Allez savoir pourquoi Christie est la plus gentille. Aujourd'hui, elles vivaient loin de la maison, toutes deux s'occupant d'elles-mêmes avec ce que leur père leur a enseigné. Une bouffée de nostalgie monta en Kamui, qui la réprima d'un mouvement de la tête. Il leva ses yeux vers ceux de Selene et laissa la joie monter à nouveau sur son visage alors qu'il serrait la belle demoiselle contre lui, caressant tout doucement ses cheveux. Avec tendresse, il posa ses lèvres sur les siennes, la faisant tomber sur le lit, aussi fougueux qu'un loup. Bien qu'il lui arrive d'être aussi sauvage que l'animal, il était aussi préoccupé du bon fonctionnement de son clan.

- "Est-ce que tu veux le garder, ma chérie?" demanda-t-il d'une voix heureuse et enthousiasmée.

Selene n’avait pas eu beaucoup d’enfants. Son pouvoir était capricieux et la jeune femme était moins fertile qu’une humaine normale ; de plus l’enfant qu’elle portait était considéré une fois sur deux comme un corps étranger et était détruit par son système immunitaire en quelques minutes. Par contre, la grossesse était très agréable ; son pouvoir lui permettait de ne pas en subir tous les inconvénients. Son ventre ne grossissait pas, elle n’avait pas de nausée et l’enfant profitait de sa régénération tant qu’il faisait partie d’elle. L’accouchement était plus compliqué. Les hanches étroites de Selene lui assuraient une mise au monde dans la douleur. Malgré tout, elle accouchait seul et sans aide ; elle avait conservée cette tradition pour ne pas oublier de quel peuple fier elle était issue.

Allongée sur le lit, elle lança un regard surprit à Kamui. Comment savait-il qu’elle était enceinte ? Elle n’avait même pas pu lui annoncer elle-même ; bien qu’elle était terrifiée à l’idée de le faire. En tout cas, il semblait joyeux… Quel idiot ! Une colère froide se répandue en elle tel un venin. Mais la maitrise de son expression était telle que cela ne se voyait pas. Elle gardait un sourire contrit même si regarder au fond de ses yeux donnait l’impression que la température de la pièce avait diminuée.
Elle n’avait pas du tout envie de jouer. Elle le repoussa et glissa hors du lit. Sans se soucier de basses préoccupations comme la pudeur, elle commença à faire les cent pas dans la pièce.

Je n’ai pas le choix, lui répondit-elle finalement. Il fait parti de moi et l’enlever est impossible.

Elle avait utilisé le mot « enlever » pour ne pas choquer Kamui bien que le verbe « tuer » était le premier auquel elle avait pensée. Se maudit bout de chair, qui grandissait en elle, profitait de son immortalité et était intouchable. Le problème était là, il n’y avait pas de choix possible et il n’y en a jamais eu. La contraception ne marchait pas, les stérilets étaient détruits par son organisme, la pilule était perçue comme une agression et son cycle hormonal restait inchangé.
Elle s’arrêta finalement et éclata en sanglot sans crier gare. Par pudeur, elle tourna le dos à Kamui mais ses gémissements saccadés la trahissaient.

Je vais le tuer, lui dit-elle d’une voix désespérée entre deux sanglots. Encore.

Selene avait aimé tout ses enfants même si son humeur lunatique la tenait éloigné d’eux.
C’est pour cette raison qu’elle n’avait jamais compris pourquoi elle agissait ainsi. Car, un jour ou l’autre, elle allait voir son enfant, plongeait son regard dans leurs yeux du même violet qu’elle, leur souriait puis enfonçait une lame dans leurs petits corps. Elle regardait alors la vie quitter leurs yeux semblables aux siens comme si elle se voyait mourir elle-même. Elle avait, en effet, l’impression de mourir.

La force de l'habitude était quelque chose de particulièrement cruel. En voyant son aimée se mettre en colère, la glace qui était dans le cœur de Kamui se raviva. L'exaspération, sentiment familier s'il en est un, lui revenait une nouvelle fois. Comprenant qu'elle voulait se défaire de lui, le semi-démon releva un bras pour la laisser passer. Le caractère névrosé de la Dame de Meisa agissait comme un rempart entre Kamui et elle. Elle pouvait être la femme la plus heureuse du monde et l'instant d'après devenir une vraie tempête sur pattes.

Le couple qu'il formait était orageux et parfois, les crises de rage de sa dulcinée devenait même meurtrière. Elle avait par trois fois tenté de massacrer le jeune homme à coups de couteaux, ce à quoi Kamui ne pouvait répondre sans risquer de mettre leur union à néant. La légère lumière de la lune éclairait la chambre de sa tendre et douce luminescence et, pour la première fois, elle montra une femme aimante qui, malgré qu'elle éprouvait énormément d'affection pour sa progéniture, ne pouvait s'empêcher, comme une mante religieuse, se débarrasser des gêneurs à sa liberté et des parasites de son existence.

Le Seigneur se leva alors et s'approcha de l'immortelle qui a ravi son coeur. Il la fit alors tout doucement pivoter, l'y forcant si elle n'obtempérait pas. Il admira un long moment ses beaux yeux violets, essayant de trouver les mots juste pour lui rendre son aplomb, mais rien ne lui vint en cet instant si dur pour elle. "Elle est si belle quand elle est vulnérable" ne put-il s'empêcher de remarquer dans ses pensées en voyant son visage attristé.

Il fit alors ce que son coeur lui dictait de faire et l'attira dans ses bras pour qu'elle sache, dans son fort intérieur, qu'elle n'est pas seule. Avec une douceur pleine d'amour, il cueillit les larmes de la belle femme et les sécha tout doucement. Kamui connaissait beaucoup de facettes de son aimée, mais il n'avait jamais cru qu'elle éprouvait un tel attachement pour sa progéniture. Malgré qu'il soit très touché par cela, son visage restait de marbre, sans sourire ni tristesse, calme. Il regarda la peau bleutée par la nuit de la demoiselle puis il colla doucement son front au sien. Elle était magnifique, mais si fière et orgueilleuse, si dur à approcher et à comprendre. Fiela était bien plus docile, gentille et démonstrative dans son amour qu'elle ne l'est, mais le bon coté, c'était que Selene mettait énormément de piquant dans leur vie, parfois si douce et si terrible, troublant Kamui sans cesser de l'attirer vers elle.

Il savait que les mots n'étaient pas nécessaire à ce niveau de compréhension qu'ils avaient, leurs corps s'exprimaient suffisamment pour qu'ils puissent communiquer avec de simples regards ou gestes. Tout délicatement, Kamui l'attira vers le lit, passant une chaude couverture sur ses épaules et l'emprisonna dans ses bras. Ses couteaux n'y feraient rien, il resterait là jusqu'à ce qu'il ait fini de faire ce qu'il avait à faire, soit la remettre d'aplomb.

"Écoute-moi, ma chérie." Lui dit-il d'une voix douce et calme. "Tu m'as déjà expliqué ce qui t'est arrivé autrefois, mais je sais aussi que tu ne veux pas qu'il arrive malheur à cet enfant et je mettrai tout en œuvre pour que tu ne puisses lui faire du mal, toi ou qui que ce soit."

C'est le seul orgueil de l'homme qui érige le meurtre en crime. Cette vaine créature qui croit être la plus sublime du globe.
Quand on m'aura convaincu de la sublimité de cette espèce, quand on m'aura démontré qu'elle est tellement importante, que nécessairement les cieux s'irritent de son trépas. Je pourrais croire alors que le meurtre est un crime...
C'est le prix ridicule que nous attachons à la vie qui nous fait éternellement déraisonner sur le genre d'action qui engage un être à se délivrer de son semblable
Sade, Justine



Kamui contemplait les yeux violine de l’immortelle. Selene ne savait jamais à quoi il pensait lorsqu’il la fixait comme cela. Son visage était inexpressif et dans ces moments là elle sentait toute la dangerosité de cet homme même si elle ne se sentait pas menacer pour autant. Elle avait l’impression d’être dans l’œil d’un cyclone ; à l’abri mais prisonnière. Elle l’avait vu peu de fois en colère, pourtant la dame Meisa mettait du cœur à l’ouvrage. Et lors des rare fois où il s’énervait, il n’haussait jamais la voix, ni ne se montrait violent en aucunes manières. Tout le contraire de Selene.

Un rideau ondula doucement lorsqu’un courant d’air entra dans la pièce. Selene frissonna et se rappela qu’elle était nue. Kamui la couvrit de ses bras et les derniers vestiges de sa colère disparurent. Seule la tristesse était toujours présente.
Elle se laissa entrainer dans le lit tandis que Kamui entreprit de la cajoler. Pourtant, elle était toujours malheureuse. Elle avait peur de perdre l’enfant…

Son hypocrisie lui fit l’effet d’un coup de poing dans le ventre. Elle n’avait pas peur de perdre l’enfant, elle avait peur de perdre Kamui. Elle n’éprouvait aucun chagrin à l’idée de tuer un enfant qu’elle n’aimait pas –pour l’instant-. Elle avait surtout peur de perdre son amour. Certes, Kamui lui pardonnait beaucoup de choses mais elle doutait sérieusement qu’il lui pardonne d’avoir tué son gosse.
Perdre un enfant, c’est triste. Perdre Kamui, c’est une tragédie. Comment pouvait-on donner tant de valeur à un enfant ? Celle qui a donnée la vie ait en droit de la reprendre. Et si Selene n’avait pas voulu de Kamui le jour de la conception, elle n’aurait pas ce problème. Elle allait seulement rectifier les choses. Le résultat sera le même : Pas de bébé.

Perdu dans un océan d’amertume et de pensées morbides, la voix de Kamui fut comme un phare qui lui indiquait le retour à la raison. Elle avait encore failli avoir une crise de démence mais ça n’avait pas l’air de la perturber ; elle fixa Kamui d’un regard froid.

Jure-le, lui dit-elle tout bas. Jure que…

Elle réalisa l’énormité de sa demande et ne pu finir sa phrase. Elle allait lui demander de prendre tout la responsabilité de sa folie. Comment avait-elle pu ne serait-ce qui penser… Son égoïsme la dégoutait et le fait de penser à Kamui supportant les remords d’une promesse inachevé, lui serra le cœur jusqu’à lui faire monter les larmes aux yeux.
Elle secoua la tête comme pour annuler ce qu’elle venait de dire.

Fais de ton mieux, lui dit-elle d’une voix brisée. Et pardonne-moi. Pardonne moi pour ce que je vais faire.

C’était une demande désespérée et utopique. Kamui ne pouvait pas lui pardonner ça.
Elle le réalisa immédiatement et une grosse larme roula sur sa joue. Cambré pour épouser le corps de Kamui, Elle lui donna un baisé appuyé et empressé. Le genre de baisé que l’on donne à son petit ami avant que la porte du train, qui l’emmènera loin, ne se referme. Le baisé qui tente d’exprimer en quelques secondes, l’amour qui nous animera quelques éternités.

"Selene..." Elle était si triste, si malheureuse. Le temps que le couple avait passé ensemble lui disait bien qu'ils étaient fait pour perdurer ensemble, mais c'est dans ces temps-là qu'il comprenait à quel point leur couple avait vraiment besoin de compter l'un sur l'autre. Selene ne veut pas d'un homme faible physiquement et moralement, elle a besoin que quelqu'un la supporte dans ses crises de délire et l'empêchent de ruiner l'existence de ses proches. Il décida alors d'allonger son épouse sur leur grand lit et glissa doucement une main dans la sienne, se blottissant l'un contre l'autre, le front de Kamui posé tendrement sur celui de son épouse. Si seulement elle savait à quel point il l'aimait et à quel point la voir avec ces larmes lui faisait mal. Tout ce qu'il avait fait jusqu'à maintenant ne voulait rien dire quand il voyait la femme qu'il aimait pleurer de malheur et de supplication. Le jeune homme caressa tout tendrement le ventre de son aimée, tout petit, puis la força à monter sur lui, l'enlaçant avec le chaud et léger tissu du lit pour mieux pouvoir observer son visage, et trouver les bons mots à lui dire. Maintenant qu'il était Seigneur officiellement, il devra régulièrement s'absenter pour aller s'occuper de la diplomatie, des constructions et tout. Son fief se développe bien grâce à l'alchimie de son Seigneur, mais tout cela est superficiel dans l'esprit de Kamui quand il savait que la perle de son existence n'est pas heureuse.

Il embrassa Selene sur les lèvres avec toute la tendresse qu'elle méritait. Il savait que tout n'avait guère été simple pour elle durant sa longue vie et qu'elle avait été énormément éprouvée. Il la comprenait mieux que quiconque, puisque lui-même n'avait pas toute sa tête quand il était prit d'une crise de délire. Il caressa tout tendrement la joue de sa femme en la serrant contre lui, lui promettant tout ce qu'elle voulait, bien décidé à protéger leur enfant contre la folie de sa mère. Un bras lui enserra la hanche et il la renversa tout doucement sur le lit pour se retrouver sur elle, l'embrassant une nouvelle fois avec tout son amour. Pour lui, il voyait la nuit en bleue, comme s'il avait des lunettes de vision nocturne sur la tête. Il voyait parfaitement son épouse et les larmes qui y perlaient. Kamui ne pouvait plus pleurer ainsi depuis fort longtemps et s'il se forçait à le faire, c'était le sang qui venait lui souiller la vue. Tout doucement, il embrassa chaque paupière de son aimée, lui séchant les larmes de ses lèvres puis il l'étreignit tendrement, avec l'amour le plus pure et sincère du monde. Ce monde était fait de tristesse, le couple le savait, mais c'était en trouvant un petit peu de bonheur dans cette tristesse qu'on devenait de plus en plus fort. Selene était vraiment une femme particulière, tantôt douce, tantôt terrible, mais jamais Kamui n'aurait cru qu'elle serait capable d'aimer deux êtres à la fois, même d'un amour différent. Il repensa alors à Fiela, avec laquelle tout s'était fait pratiquement tout seul. Entre elle et Kamui, c'était la perfection, ils ne se chicanaient pas souvent, vivaient beaucoup de choses très agréables, menaient une vie de famille convenable et ils étaient profondément amoureux l'un de l'autre, puis Runesansuki avec laquelle il a vécu une passion torride, mais ils se disputaient sans cesse, alors que sa vie avec Selene étaient parsemée d'embûches et de dangers. Il trouverait un moyen pour assurer la survie de leur progéniture, c'était ce qu'elle voulait, elle en avait besoin.

La longue vie de Kamui achevait, il le savait. Tôt ou tard, quelqu'un viendra, guidé par un dieu quelconque pour mettre fin à ses jours. Cette connaissance, il l'avait acceptée il y a longtemps, bien avant qu'il ne rencontre son épouse, sa chérie juste à lui. Oh, il l'aimait de tout son coeur, c'est sûr, mais il ne pouvait pas vivre vraiment plus longtemps, ce serait manquer de respect envers les gens qui auraient pu le tuer sans ses satanés pouvoirs. Il avait vécu d'or et déjà trop longtemps. Il était à la base un mélange de démon et d'humain, pour ensuite devenir un être des ombres puis un être à moitié divin. Son corps lui faisait mal rien que de remuer, il avait la tête en compote et il commençait à oublier les choses qui lui tenaient pourtant à coeur. Il avait peur d'oublier un jour son épouse et de lui faire du mal. Il était déjà supposé être mort durant sa croisade, et il aurait encore dû mourir pour de multiple raisons, et pourtant, il respirait encore, il parlait encore et il tuait encore et encore. Il ne voulait pas devenir comme Selene, dont la vie remplie de tristesse commençait à la rendre dingue. Jamais Kamui n'exigera d'elle de l'accompagner dans les enfers, elle n'obtempérerait pas. Selene était ainsi, elle aimait la vie, et elle voulait vivre, pour elle, et pour personne d'autre. Kamui allait mourir seul, il avait quelques années devant lui. Peut-être un siècle encore, mais cela achève bientôt. Il était fatigué, il était las, il avait besoin de vacances, de très longues et urgentes vacances. Selene ne lui laissait pas le repos qu'il recherche et, en tant que démon, certains de ses besoins fondamentaux ont été négligés. Kamui est un être qui a besoin de sang pour vivre, beaucoup de sang. Il a besoin de ces guerres qu'il cherche à arrêter, il a besoin de trahir alors qu'il reste fidèle, il a besoin de tuer alors qu'il gardait son sabre dans son fourreau alors que la situation se présente.

- Selene... Je t'aime tellement...

Oui, il l'aimait, et c'était pour cela qu'il vivait encore. Il ne mourrait pas avant d'avoir perdue son épouse. Tant qu'elle sera à ses cotés, il ne pourra pas se laisser mourir. Il la prit alors dans ses bras et l'emmena dans la salle de bain adjacent leur chambre. Kamui avait l'eau courante, chose rare dans Nexus, et il vivait très bien. Il fit couler la bassine d'eau chaude et retira ses propres vêtements avant de se glisser dans l'eau chaude, gardant Selene contre lui.

- Tu as traversé énormément de choses durant ta longue vie, mais je t'ai promit de ne plus laisser le malheur empoisonner ta vie. Tu as dit que tu allais me faire confiance, et je te le demande encore. Selene, as-tu toujours confiance en ton mari?

Selene réfléchissait souvent à l’immortalité. Rien n’est immuable, même pas les montagnes, ni les océans. Et elle ? Est-ce qu’elle mourrait un jour ? Ou bien était-elle réellement immortelle ? Elle sera peut-être toujours là lorsque la race humaine aura disparu et que toutes les étoiles se seront éteintes. Dans ses cauchemars elle s’imaginait dérivant dans l’espace infini. Seule pour l’éternité.

L’immortalité. C’est le rêve de tout humain car c’est la mort qu’ils craignent le plus. S’ils savaient ce qu’était vraiment l’éternité… Mais ils ne le sauront jamais car l’homme n’est pas capable de concevoir l’infini. Ce n’est qu’un mot mais personne ne peut véritablement lui donner un sens. Une vie éternelle personne n’en voudrait s’ils voyaient ce que cela impliquait. La vie est bien plus horrible que la mort. Les morts ne souffrent pas, ils ne s’ennuient pas et ils sont en paix. Les fois où Selene aurait voulu être mort, elle ne les compte même plus. Elle avait traversé tous les âges de ce monde et en était ressorti blessée et mutilée. Les flèches du temps ne touchaient pas à son corps mais elles déchiraient son esprit. Elles avaient détruit sa conscience, sa compassion et son éthique. Elle était vieille, atrocement vieille et le fait qu’elle garde son corps de jeune fille ne faisait qu’ajouter à l’ironie de la chose. Comme des fleurs poussant sur du purin, masquant ainsi la puanteur et l’horreur qui était derrière. C’est ce qu’était Selene, une caricature d’être humain sous un aspect trompeur. On dit que Selene est immortelle mais c’est faux. Elle est morte il y a des milliers d’années terrassée par la haine et la douleur. La femme froide et hautaine qu’elle est maintenant n’est pas cette jeune celte timide dont le seul rêve était de trouver un mari aimant et d’avoir sa propre ferme sur les terres sacrées de son peuple. A l’époque, elle riait, elle chantait et était heureuse. Cette pauvre fille était bien morte et la folle qui portait son nom n’avait rien à voir avec elle. Pourtant Selene n’était pas folle, elle était simplement l’image de ce monde en perdition. Une image de l’homme dans son intégralité, une alternance de haine, d’amour, de tristesse et de colère, tous ces sentiments étant manipulés avec la plus totale incohérence. L’immortelle était devenue l’avatar de l’aléatoire.

C’est cette image, cette impression que Kamui était en train de serrer et de cajoler. Selene se laissa entrainer dans ses bras jusqu’à la salle de bain. Elle poussa un soupir de contentement lorsque l’eau chaude vint caresser son corps nu. Allongé sur le torse de Kamui, elle en oubliait presque ses soucis.
Lorsque Kamui lui demanda sa confiance, elle se redressa pour pouvoir contempler ses yeux turquoise. Cet homme dégageait une telle aura de puissance qu’elle en était presque palpable. Elle se demandait réellement s’il existait quelque chose de plus puissant que son mari. Sa présence la rassurait, une présence qu’elle avait attendue pendant des siècles.

Selene avait vécu une éternité, actrice de ce triste spectacle qu’est l’histoire de l’humanité. Tout ce qui l’entourait était éphémère, sans aucun intérêt. Elle était devenue amer et pleine de mépris pour l’humanité. Mais elle avait trouvée quelqu’un comme elle. Quelqu’un d’immuable, qui ne l’abandonnerait pas au profit de la faucheuse. Une personne à qui elle pouvait donner tout son amour sans craindre de le voir disparaitre. Alors bien sûr qu’elle lui faisait confiance.

J’ai foi en toi. Tu as ma confiance dans tous les domaines, lui affirma-t-elle en passant une main dans ses cheveux. A une seule condition. Elle raffermît sa prise sur sa chevelure. Ne meurs pas, ne m’abandonne jamais.

L’immortelle était morte de peur lorsque Kamui partait à la guerre. Elle cachait cela derrière ses caprices habituels mais la vérité était tout autre ; elle ne supportait pas d’être mise à l’écart et elle ne comprenait pas pourquoi Kamui devait aller se battre. Selene avait déjà fait la guerre ; la majorité déguisé en homme en tant que simple soldat mais elle avait aussi guerroyé à la tête d’une armé comme une reine. Elle n’avait pas les mêmes préoccupations que les simples soldats. En effet, elle n’avait aucune chance de mourir au combat. Les hommes pouvaient aller se battre pour plusieurs raisons : L’appât du gain, la volonté de protéger quelque chose ou bien la soif de sang. Laquelle de ces trois raisons animaient Kamui ?

Pourquoi dois-tu toujours aller te battre ? Comment protégeras-tu l’enfant si tu pars à la guerre ? La prochaine fois que tu te battras, je veux venir avec toi.

Elle lui lança un regard qui en disait long sur ce qu’elle ferait à Kamui s’il refusait sa requête. Pourtant elle savait qu’il allait refuser. Il ne voulait pas s’inquiéter pour sa femme lorsqu’il se battrait. Mais ce n’est que justice, il prendra peut-être conscience de la torture qu’il inflige à Selene.

Le jeune homme regardait longtemps son épouse pendant qu'elle était partie dans son monde de pensées à elle. Elle était vraiment jolie, quand elle était aussi sérieuse. L'admiration que vouait l'Alchimiste à cette femme était sans borne, tant elle était formidable et particulière. Il plongea son regard dans celui de son épouse pui frotta doucement son nez au sien. Elle était adorable quand elle démontrait ainsi ses faiblesses, tout en conservant sa fierté toute-puissante. Il caressa doucement les cheveux, replongeant dans ses souvenir et ses propres limites. Ses doigts glissaient agilement dans les cheveux de son épouse, le souffle chaud émanant de ses lèvres sur son torse, sa peau contre la sienne. Tout cela, il avait l'impression d'en avoir privé si longtemps, et surtout, il sentait les larmes de sa belle tomber sur lui, comme des milliers d'aiguilles, inconsolable pour le moment.

Il se souvenait du temps où il convoitait le pouvoir qu'il possédait déjà, au fond de lui. Il voulait devenir plus fort, mais jamais il n'avait cru à l'amour, à cette époque. Personne ne croyait en lui et personne ne le prenaient au sérieux. Il se souvenait de sa première visite à Terra, qu'il avait rejoint par un portail démoniaque qu'il avait invoqué. Ce grimoire reposait d'ailleurs dans sa bibliothèque, toujours. Il croyait être devenu enfin quelqu'un de normal parmi les terranides et les E.S.per. Il était enfin devenu puissant, il pouvait se servir de ses capacités sans gêne et faire face aux autres avec fierté, malgré son passé. Il était littéralement tombé amoureux de cette terre, surtout lorsqu'à l'âge de 16 ans, il est devenu mercenaire. Ensuite, il a été kidnappé par Xatiav, fait prisonnier, apprit l'alchimie et se maria une première fois avant de perdre tout ce qu'il avait un peu plus tard. Souvenir douloureux s'il en était un. La vie n'a pas été tendre pour lui comme pour Selene.

Justement, parlant de celle-ci, il la reversa d'un coup pour qu'elle se retrouve sous lui, plongeant son regard azuré dans celui d'améthyste de la femme qu'il aimait. Il glissa tout doucement une main sur sa joue puis posa sans pression son front au sien pour lui transmettre l'amour qu'il éprouvait pour elle, toute la tendresse qu'il avait en lui sous forme d'énergie apaisante.

Elle était si triste, et il ne savait pas quoi dire pour la consoler. La culpabilité de l'échec était toujours là quand il voyait les larmes de sa tendre épouse, prête à l'engouffrer à nouveau dans les abîmes de la montagne noire pour une durée indéterminée. Il se faisait l'effet d'un trou noir, attirant les gens mais plus ceux-ci s'approchaient de son centre, plus ils risquaient l'anéantissement. Pourquoi l'aimait-elle? Pourquoi a-t-elle accepter d'unir sa vie à la sienne? Ce sourire magnifique qu'elle avait eu quand il l'avait demandée en mariage lui restait collé à l'esprit, mais est-ce qu'elle était triste en acceptant d'être mariée, perdant ainsi la possibilité de se faire un amant ou de peut-être trouver un homme qui lui était supérieur à ses yeux?

Kamui manquait de confiance en lui, et surtout, il était persuadé d'être le pire parti auquel une femme pourrait aspirer. Il se haissait lui-même tellement qu'il avait du mal à croire que cette femme l'aimait comme il était. Lui qui a brisé des coeurs, qui s'est laissé autrefois séduire par beaucoup de belles demoiselle, qui encore aujourd'hui doute de rester éternellement fidèle à Selene et que pour cette raison s'est apposé à lui-même de douloureux sortilèges si sa peau rencontrait celle d'une autre, il ne croyait pas mériter cette femme, mais alors pas du tout.

Puis vint la demande de la jeune femme. Le coeur de son époux ne fit qu'un bond et l'envie de lui hurler NON lui monta aux lèvres, mais le regard de sa femme était implacable. S'il refusait, il allait y perdre sa tête. Il caressa la joue de la jeune femme puis posa son front sur celui de la jeune femme. Puis il la regarda dans les yeux. Avec le plus grand calme, il parla.

- "Non."

Non. Non ? C’est tout ? Selene s’attendait à une argumentation longue et structurée sur les dangers de la guerre, le fait qu’il ne pourrait pas se concentrer s’il la savait en danger, la peur de la perdre… etc.… etc. Ce « non » la déconcertait. Elle resta un instant interloquée, regardant son homme comme s’il allait ajouter quelque chose. Voyant qu’il n’en ferait rien, elle le repoussa et fit une moue désabusée.

C’est tout ce que tu as à dire ? demanda-t-elle en gesticulant et en lui lançant un regard furibond. Non ! Et tu crois que je vais me contenter de ça ?

Elle lui martela le torse de coups de poing. Une habitude qu’elle avait adoptée lorsqu’il l’énervait. Ca ne lui faisait pas très mal mais elle, ça la défoulait. Les éclats de voix et les coups continuèrent à pleuvoir pendant un bon moment dans la chambre du couple. Inconsciemment, Selene aimait ces moments. Les scènes de ménages étaient monnaie courante dans la vie de couple et l’immortelle avait l’agréable sensation d’être normal. Même si la cause de ces disputes était aléatoire et très souvent grotesque. Pour elle, ce n’était qu’une comédie. Une simulation d’événements normaux pour des gens anormaux.

Les coups commencèrent à faiblir. Elle sentait les muscles saillants de son époux sous ses petits poings. Des pensées libidineuses lui traversèrent l’esprit et ses coups se muèrent en caresses. Selene lui lança un regard ardent. Il connaissait bien ce regard puisqu’elle le faisait à chaque fois qu’elle avait envie de lui. Ca faisait des semaines que Kamui ne l’avait pas touché et malgré qu’il soit très énervant, Selene ne pouvait s’empêcher de frémir à chaque fois qu’il l’effleurait.

Cette discussion n’est pas terminée, affirma-t-elle en le défiant du regard.

La dispute était officiellement ajournée. Aussi, elle se jeta sur son homme et posa ses lèvres sur les siennes. Le baiser était brulant. Ardent de désir frustré, mit sur la touche pendant de si longues semaines. Toute tremblante d’excitation, elle enleva maladroitement les vêtements de Kamui. Autant d’obstacles qui bientôt, n’en étaient plus.
Elle ne demandait pas l’avis de Kamui. On ne peut pas forcer un homme car il est toujours d’accord. Pendant l’amour la femme est reine. Selene en tout cas, elle l’est. Grand ordonnatrice de cette scène de théâtre, elle imposait la domination du sexe faible dans une apothéose de plaisir et de débauche animal.

Selene ronronnait dans le cou de son amant tandis qu’elle déboutonnait son pantalon ; morceaux de tissu damné qui la séparait de l’objet de son plaisir. Pas de fioritures, le désir était trop intense. Sa main était maintenant sur sa verge. Elle ouvrit ses doigts et saisit cette colonne chaude, vibrante et, vaincue, doucement elle commençait un lent mouvement masturbatoire.