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Les Chroniques de Mobius, acte 4

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Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 15 jeudi 18 octobre 2018, 23:12:10

Rodrigue fut pris de court.
« Ho, heu, merde… Bug pris… »
C’était un coup dur, d’autant plus dur si la cellule s’était fait massacrer. La Tech-13, décidément, finissait par avoir le dernier mot, quoi qu’il arrive. Décourageant… Le goupil, cependant, se reprit. Il s’approcha de Leny, lui sourit, lui tendit la main.
« Enfin bon, toi t’es là. Et on est collègue, tu peux compter sur moi. Ravi de te rencontrer Leny. Ton pseudo était arrivé à mes oreilles, mais ça se limitait à ça. Viens, on va discuter dans un coin plus agréable. »
Le renard avait tendance à tourner légèrement la tête vers la droite, du fait du déséquilibre de sa vision à laquelle il n’était pas encore tout à fait habitué. Mais il avait beau être passé par des moments difficiles, on le sentait encore battant. C’était dans sa nature. Il commença à guider Ghost dans les couloirs.
« Je bossais beaucoup pour Mr Bug. Je lui filais des infos, tout ça. Mais tu dois le connaître mieux que moi. On s’est croisé qu’une seule fois, pour de vrai. Le reste du temps, on se parlait que par téléphone ou par messagerie. J’espère qu’ils vont pas le buter ces connards. Ça pue un peu pour la résistance en ce moment, faut pas se voiler la face. »
Après un dernier virage, l’entrée des salles de détente apparut. Des gardes en réglementaient l’entrée. Un détenu humain cherchait à négocier, mais apparemment, il n’avait pas été assez assidu aux ateliers, le voilà refoulé. Le renard et le lémurien se présentèrent.
« Tiens tiens, qu’avons-nous là ? La petite nouvelle ? fit un des gardes en consultant sa tablette. Il parait que tu t’es déjà chopée une sanction disciplinaire. T’as de la chance, on va oublier ça. Mais tiens-toi à carreau, ça vaut mieux, surtout si tu veux revenir ici. Les salles de détentes sont réservées à ceux qui bossent et qui savent se tenir. Les nouveaux y ont droit pendant trois jours. Allez, passez. »

Rodrigue était doublement surpris. D’abord, il avait pris Leny pour un garçon. Ensuite, normalement, avec une sanction disciplinaire, elle ‘n’aurait pas dû pouvoir entrer, surtout pas avec son étiquette de résistante. Il l’ignorait, elle aussi, mais il fallait y voir la patte de Bonpoint.
Les salles de détentes se répartissaient le long d’un corridor, de plusieurs en fait. C’était assez grand, occupait toute une aile de la prison. Il fallait bien quelque part où les détenus pouvaient souffler. Sinon, ils mouraient trop vite et n’étaient pas assez productifs. Les salles de détente, c’était un piège dans lequel on plongeait sans trop se faire prier. Ici, le décor était moins sinistre. Ici, on pouvait s’assoir dans des sièges moins inconfortables, jouer à des jeux vidéo, faire des parties de billards ou de cartes, on pouvait regarder la télé aussi. Tout en marchant dans le corridor, Rodrigue jeta un coup d’œil dans différentes salles bondées pour la plupart. Il en trouva une avec encore pas mal de place et y pénétra. Il porta son dévolu sur un canapé un peu raide. Plus loin, un groupe de détenu disputait une partie de billards. Une télé, en hauteur, diffusait TV H.
« Bon, si tu viens d’arriver, je vais t’expliquer les trucs que je sais pour trouver ses marques. Après, ben, je suis aussi nouveau. L’avantage, c’est que je vais pas t’assommer d’info. »
Il commença à donner quelques noms, des gens recommandables ou, au contraire, à éviter. Il aborda les quelques grandes règles de la prison à ne pas oublier, les horaires, le couvre-feu, les inspections, les ateliers… Il était en train de finir de parler du travail, lorsqu’il s’interrompit, le regard soudain attiré vers la télé.
« Ha, merde, j’y crois pas… » souffla-t-il, proprement estomaqué.

C’était un reportage sur l’inauguration du Magic Kingdom, qui avait eu lieu, hier soir. Il y avait eu toute une série de festivités, mais la plus mise en avant était un spectacle de magie mené par, selon les dires du présentateur canidé, un nouveau prodige. Il s’agissait ni plus ni moins de Timothée ! On voyait la souris, sur scène, faire étalage de ses pouvoirs d’une bien jolie manière. Il portait une tenue très similaire à celle qu’il avait lors de ses spectacles de rue. La foule était conquise. Le spectacle, uniquement résumé dans le reportage, était entrecoupé d’interview ayant eu lieu avant ou après. Forcément, on vit Diane Valentine, sans qui rien de tout ceci n’aurait eu lieu.
« Le Magic Kingdom ouvre une nouvelle air de culture et de loisir pour la classe modeste, déclarait-elle, dans son étincelante robe argent. Ce s’entre ne manquera pas de faire connaitre à ceux qui n’en ont en général pas les moyens toutes les belles chose de la vie ! Expositions, cinéma, jeux vidéo car c’est un art également, concert, le tout à des prix défiant toute concurrence ! La Tech-13, en charge de cette ville, se devait de faire ce geste, ce cadeau à nos concitoyens ! En outre, je suis particulièrement fier de l’adhésion au projet de plusieurs personnalités du quartier sud ! Le Petit Mage est probablement la plus emblématique de celle-ci. »
Peu après, petit interview de Timothée. On sentait le souriceau mal à l’aise devant tant de micro, tant d’attention. Mais ce qui choqua le plus Rodrigue, ce fut qu’il ne reconnu pas vraiment le regard de son ami. Il était de plus assez évident que Timothée répétait un texte appris par cœur, raison sans doute pour laquelle on passa vite à autre chose, autre chose qui ne manqua pas d’interpeler Leny…

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 16 vendredi 19 octobre 2018, 10:32:24

Les quartiers détente donnaient à Leny une toute autre image de la prison. Animés, joyeux même selon les groupes de détenus, ils ressemblaient, au contraire du reste de l'établissement, à de véritables lieux de vie. De toute façon, que ça lui plaise ou non, ce serait sa vie. Elle ne se posait toujours pas trop de question. Pour l'instant, elle profitait juste, avec Rodrigue, de son premier moment pas absolument déplaisant depuis sa capture.

En revanche, la diffusion de TVH sur la plupart des écrans… c'était sans doute la chose à laquelle elle aurait le plus de mal à s'habituer. L'hybride avait tout fait depuis des mois pour échapper précisément à cet univers – et voilà qu'il la narguait en la retrouvant ici. Concentrée sur le visage abîmé du renard, elle tenta d'ignorer ces jingles et ces voix qu'elle connaissait par cœur. Jusqu'à ce que le résistant lui-même s'y intéresse.

– Jimmy pensait qu'il était mort, commenta-t-elle, en remarquant elle aussi la présence du petit mage. Franchement, TVH… peut-être il aurait mieux fallu qu'il le soit.

Sans surprise, après l'interview du souriceau, ce fut au tour d'un lémurien d'apparaître. Il se tenait bien droit, derrière un pupitre aux couleurs de son émission. Il avait une mise soignée, chemise blanche cintrée et costume noir ouvert sur un petit nœud papillon. Son œil orange avait quelque-chose de mystérieux, comme celui de sa fille, mais on y lisait aussi la malice, voire l'impertinence. Tout était calculé, bien sûr. D'ailleurs, quand Leny pensait à l'état de pression dans lequel il devait se trouver au moment d'enregistrer la séquence… il n'en laissait absolument rien paraître.

– Ouais, il est de ma famille, glissa-t-elle à Rodrigue avec un geste évasif de la main. C'est mon père.

Autant évacuer le sujet tout de suite. Pour peu qu'on les ait sous les yeux en même temps, comme c'était le cas, la ressemblance était frappante, jusqu'aux motifs de fourrure. En fait, si ce n'était ses vêtements et son ton de voix, son père semblait même à peine plus âgé qu'elle. Il fallait croire que les lémuriens vieillissait bien. Sur TVH, il n'était pas besoin de le présenter. C'était Dany Fortune, que tout le monde connaissait bien.

– …Comment cet hybride partit de tout en bas, est devenu l'étoile montante du quartier sud ? C'est le sujet du Système D de la semaine prochaine. Un sujet que, comme toujours, j'ai préparé personnellement. L'occasion de revenir sur un parcours de réussite inspirant… J'ai le plaisir de vous annoncer que l'émission sera exceptionnellement entrecoupée d’une représentation retransmise en direct…

Système D était un talk-show populaire qui passait en fin de semaine. Il mêlait humour, reportage, et parfois débats en seconde partie de soirée. Une dose de critique modérée y était régulièrement tolérée, mais elle portait souvent sur des oppositions assez artificielles, ou sur des sujets qui relevaient davantage de la philosophie que de la politique. Il était conçu pour qu'une bonne partie de la population, y compris la plus critique, puisse s'y sentir présentée. Bien sûr, la résistance et la contestation violente en général y étaient marginalisées.

– Ils l'obligent à faire ça, le petit mage. Si Dany veut quelque-chose, il l’obtient, toujours…

Pour Leny, qui connaissait aussi bien les méthodes de la chaîne que la situation, c’était évident, et ça devait l’être pour Rodrigue aussi — mais la présentation était assez bonne pour que ça ne le soit pas pour tout le monde. Elle croisa les bras, mal à l’aise.

— Quand j’ai intégré la résistance, on m’a proposé de rester près de lui, servir d’informatrice. C’était presque plus intéressant que mes pouvoirs de méga, il paraît. Mais je pouvais pas. Je pouvais juste pas, expliqua-t-elle avec dégoût.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 17 vendredi 19 octobre 2018, 15:42:25

Rodrigue semblait un peu sonné. Beaucoup de nouvelles le percutaient et elles n’étaient pas joyeuses pour la plupart. Il venait coup sur coup d’apprendre que son estimé commanditaire était captif de la Tech-13 et que son meilleur ami, lui-aussi, était tombé entre les griffes de la corporation. Histoire d’ajouter à la confusion, voilà qu’il découvrait être assis en compagnie de la fille de Dany Fortune.
« Tim a été contacté par cette charogne de Valentine, à deux reprises, avant que je me fasse embarquer. Il était justement question du Magic Kingdom. Tim a refusé, les deux fois, il l’a même envoyé sur les roses lorsqu’elle est venue en personne. Tim, faut pas s’y fier, c’est pas tant un tendre que ça. Il est pas fait en porcelaine et ses idées, il est pas du genre à les plier en quatre dans sa poche. J’ose pas imaginer le chantage que Valantine lui a fait pour qu’il cède. Et si en plus ton père s’en est mêlé… »
Il fixa Leny. Impossible de douter, ce ne pouvait qu’être la fille de Dany. Cette évidence avouée frappa d’autres personnes dans la salle. On commença à murmurer, à fixer Leny alors que sur le petit écran le reportage se poursuivait, et que l’on voyait encore, de ci, de là, son père.

Soudain, un alligator vint s’installer sur le canapé, à côté du lémurien. Il se laissa un peu tomber comme une masse, adopta une pause décontractée. Yeux jaunes, écailles vert sombre, dentition de malade, muscles saillants sous sa tenue jaune… c’était Yandal.
« Ho mais on en a de la chance ! cracha-t-il d’un ton fielleux. Leny Fortune en personne ! Alors comme ça, même les bourgeoise peuvent atterrir ici ? Qu’est-ce que t’as fait, princesse, pour mériter ça ? T’as pété la limousine de papa parce que tu voulais la conduire ? T’as fait une tache sur la robe de Valentine ?
- Elle a aidé à faire sauter une centrale hydraulique de la Tech-13, connard ! intervint un castor, outré.
- Ho mais c’est une résistante ! ricana Yandal. Donc faut lui cirer les pompes en plus ? C’est ça ?
- T’as jamais rien pigé à ça, le sac à main ! riposta le castor.
- Vous commencez à nous les briser, les résistants ! fit un grand gaillard, qui tenait sa canne de billard de manière menaçante.
- Heu, écoutez les gars, chercha à temporiser Rodrigue, mais il semblait que c’était déjà trop tard.
- Ouais, ben au moins, les résistants, ils sont là pour une bonne raison ! ajouta une femme,  qui venait de saisir une boule de billard.
- C’est juste des terroristes, rien de plus ! Des putains de terroristes qui veulent être pris pour des héros ! reprit Yandal.
- Ouais ben toi, t’es qu’un putain de violeur ! Si je m’abuse, tu t’es même tapé ta propre fille, Yandal ! » attaqua le castor.
Ce fut à partir de ce moment que les coups commencèrent à s’échanger. Yandal chargea le castor. L’homme sauta sur la femme, qui jeta sa boule. Rodrigue, vif comme l’éclair, saisit la queue de l’alligator et fut à moitié emporté avec lui. Il gêna cependant assez le reptile pour que la gueule de ce dernier claque dans le vide et que le castor lui envoie un formidable coup de pieds dans les dents. D’autres détenus foncèrent dans la mêlée, soit parce qu’ils avaient envie d’aider un camp, soit parce qu’ils voulaient juste cogner.

Ce fut à cet instant que pénétra dans la salle, par un curieux hasard, l’imposant Fantin. Nitro n’avait pas pu l’accompagner. Les gardes le refoulaient systématiquement de l’aile détente. Mais le sanglier n’avait pas vraiment besoin d’aide pour filer des baffes. Yandal, sournois, venait de se remettre du choc et, par une manœuvre, éjecta Rodrigue sur le castor. Il fit alors volte-face pour s’en prendre à Leny.
« Viens là, princesse ! On va causer, tous les deux ! »
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 18 dimanche 21 octobre 2018, 16:12:26

Fantin ne passait pas souvent dans l'aire de détente. Lorsqu'il ne traînait pas avec Nitro, il passait le plus clair de son temps à lire et relire les mêmes vieux livres – ceux qu'il avait en cellule, et qui dataient de l'AFF. Mais quand c'était nécessaire, il avait toujours ses accès. Il était entré un ouvrage à la main, avec dans la tête la perspective de s'installer confortablement dans un fauteuil tout en surveillant Leny de loin. Encore fallait-il la repérer.

Les bruits de lutte qui parvinrent à son oreille le mirent sur une piste. S'il y avait danger, c'est de là qu'il venait. Ça ne manqua pas – il vit la face antipathique d'un alligator (et pas n'importe lequel) qui lui cherchait des noises.

– Yandal, espèce de crétin, regarde donc par ici ! beugla-t-il en lâchant son livre et en se ruant sur le reptile.

Son cri laissa au prisonnier le temps de se retourner, mais pas celui de mettre en place une tactique de défense efficace. Même si son adversaire était loin d'être frêle, le sanglier était quand même plus grand, et plus gros. La charge s'acheva par un plaquage bas, peu académique, mais qui emporta les deux belligérants sur plusieurs mètres. S'en suivit un âpre pugilat.

Ce n'était toutefois pas la première fois que Fantin luttait au sol contre l'alligator, et dans cette position il avait l'avantage. Alors qu'il coinçait de tout son poids le corps de l'écailleux, il attrapa la mâchoire entre ses deux mains, et la maintint fermement vers le bas. Même s'il se débattait, les mandibules de son adversaire n'étaient pas aussi fortes pour s'ouvrir que pour mordre.

– Dégage, fit-il en tournant brièvement la tête vers Leny. Pas deux fois le même jour !

Il grogna, car Yandal venait de lui enfoncer ses griffes quelque-part dans le ventre – heureusement beaucoup trop gras pour que la blessure soit sérieuse. Le sanglier repéra une ouverture, et en profita pour lui asséner un formidable coup de tête en représailles. Ils roulèrent, alors que Fantin, du sang plein le museau, éclatait d'un rire grave et joyeux.


*
*         *

La méga n'avait pas eu le temps de goûter au combat – surprise qu'elle était par la vitesse à laquelle la situation s'était envenimée. Même à l'intérieur de la prison, la résistance était une question polémique. Sur le plateau de son père, c'est sûr, les conflits ne se réglaient jamais ainsi. Une chose était certaine : sans l'intervention de Fantin, elle n'aurait sûrement pas été de taille à affronter l'alligator. Elle était sportive et pleine de ressource, mais il y avait des différences de carrure qui rendaient le duel inégal.

Elle ne comprit pas non-plus, sur le moment, pourquoi le sanglier se portait à son secours. Elle le reconnut comme une des deux personnes qui l'avaient longtemps regardée du coin de l’œil, pendant sa punition, mais elle en déduit juste qu'il devait également être un résistant. Son opinion, à son égard, changea aussitôt.

Profitant du moment de répit, elle chercha Rodrigue des yeux. Même pour elle, qui venait d'arriver, la prédiction de Fantin était une évidence : dans un lieu aussi exposé, les gardes n'allaient pas tarder à intervenir pour calmer le jeu et distribuer les corrections. Mieux valait ne pas faire de vieux os, mais encore fallait-il pouvoir.

– Rodrigue ! appela-t-elle.

Solidaire, aucune chance que l'hybride ne parte pas sans son nouvel ami, quitte à donner de sa personne pour le dégager. Elle sauta sur les épaules d'un humain qui menaçait le castor. Solidement cramponnée dans son dos, elle lui mordit la nuque à pleines dents. Il n'y avait pas besoin d'être un crocodile pour avoir une mâchoire dangereuse. Le cri de douleur qu'il poussa fut particulièrement réjouissant à ses oreilles. Ce type payait pour les autres.

Elle accompagna la chute de l'humain lorsqu'un résistant, profitant de la distraction, lui faucha les jambes, mais elle ramassa alors un coup de pied qui l'envoya voler. Elle se rattrapa, retombant sur ses pieds – un sourire nouveau sur son visage, qui en devenait inquiétant. Elle ne put retenir un grognement de jubilation en bondissant, bas du corps en avant, sur un hybride poulet qui se tenait cette fois derrière Rodrigue… et qui, peut-être, ne l'aurait même pas menacé. Son cœur battait à toute vitesse, et sa tête se vida un peu. Si personne ne l'arrêtait, il y avait le risque d'elle prenne goût à ce défouloir…

– P'tite conne, marmonna Fantin, en devinant que malgré ses avertissements, elle s'était jetée dans la mêlée.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 19 dimanche 21 octobre 2018, 22:19:06

Bruits de bottes dans le couloir…
Fuite des détenus aux alentours…
Dans la zone détente, la violence n’était presque jamais tolérée. Lorsque Rodrigue parvint à se dégager de la mêlée et à saisir le poignet de Leny pour l’entrainer à l’écart, il était trop tard. Une dizaine de gardes envahit la pièce, fusil électrique au poing.
« Au sol ! Tout le monde au sol ! » beugla celui qui était en tête.
Rodrigue eut une grimasse éloquente, mais ne tergiversa pas.
« Couche-toi, profile bas », dit-il rapidement au lémurien, tout en suivant son propre conseil.
Et c’était un très bon conseil car déjà les fusils électriques claquaient, touchant au hasard murs et belligérants.
« Au sol et mains sur la tête ! » criait les gardes, menaçants.
Leny sentit un arc crépitant la frôler mais elle put se coucher sans de nouveau goûter à la morsure du courant. La voilà face contre le revêtement stratifié. À côté d’elle, Rodrigue et le poulet qui, lui, s’était pris une décharge et convulsionnait donc quelque peu.
« À terre, raclures ! Vous ne savez donc jamais vous tenir tranquille ?! »
Très vite, il n’y eut plus aucun détenu debout dans la pièce. Tous se tenaient tranquilles, tous sauf deux : Fantin et Yandal, toujours enchevêtrés dans leur lutte. L’alligator, en mauvaise posture, n’en demeurait pas moins un sacré teigneux. Plusieurs gardes les électrocutèrent, mais cette fois en montant le voltage. Lorsqu’ils en eurent terminé, une sale odeur de poil brûlé et d’écailles chaudes flottait dans l’air. Fantin et Yandal étaient à moitié sonné. Enfin, seulement, le silence se fit.

On n’entendait plus que le bruit des bottes et de la télé indifférente.
« Alors, qui a provoqué ce joyeux bordel ? Qui va s’en prendre plein la gueule ? Non… en fait, je m’en branle. Comme dit le directeur, on est de fervent adepte de l’égalité. Tout le monde debout ! En rang ! »
Les détenus obéirent, certains avec un peu de mal, mais il ne fallait pas espérer un séjour à l’infirmerie. Fantin et Yandal durent être soutenus, au début tout du moins. Le groupe fut conduit hors de la zone détente, dans la cour de la prison. C’était guère plus qu’un espace bétonné, coincé entre des murs de bétons et dominé par un ciel déprimant. Le soir commençait à tomber, des spots crus éclairaient l’endroit. L’air était vif, il pleuviotait, un temps à choper la crève. Les détenus s’alignèrent.
« Vous avez envie de vous défouler ? brailla le garde qui depuis tout à l’heure dirigeait. Et bien vous allez être servis ! Je veux tous vous voir courir ! Et vous aller courir jusqu’à ce que vous deviez regagner vos cellules ! Oui, vous m’avez bien entendu ! Et c’est dans trois heures ! Le premier qui ralenti, il va couiner ! C’est garanti ! Exécution ! »
Cela signifiait aussi être privé de repas. Les punis s’ébranlèrent, certains marmonnant des protestations.
« Et vos gueules ! Bouclez-la ! Le premier qui l’ouvre, il va également couiner ! »
La plupart des membres de la sécurité était repartie, seul demeurait une poignée de personnes pour surveiller. Il y avait également un ou deux détenus curieux qui venait observer. Sortir dans la cour sans autorisation était interdis, mais pas s’en approcher. Des couloirs, des fenêtres permettaient de la voir. La promenade était en général appréciée, c’était l’une des rares occasions d’être à l’air libre.

Tout en courant au côté de Leny, Rodrigue observait, intrigué, Fantin. Ce matin, le sanglier voulait le démolir et maintenant, il semblait être venu pour donner un coup de main. C’était à n’y rien comprendre. Et voilà qu’il remarquait, à l’une des fenêtres, la figure souriante de ce malade d’écureuil. Fantin et Nitro, jamais loin l’un de l’autre, et depuis aujourd’hui, jamais loin du renard ou du lémurien. Quelque chose n’était pas normal.
Pendant que le goupil cogitait, Nitro faisait des signes taquins à son gros collègues. Il mimait celui qui se la coulait douce. On avait bien le droit de se chambrer, non ?

Peu après, Rodrigue repéra une nouvelle personne. Décidément… Là, debout dans l’encadrement de la porte donnant sur la cour, cet homme sportif en uniforme, un blond aux cheveux longs, avec une cicatrice vers la lèvre… Aucun doute possible, c’était le type dont lui avait parlé Daphnée, celui à qui il devait remettre la lettre. Seulement, là, il ne le pouvait pas. S’il cessait de courir, s’il parlait, s’il faisait un signe, il allait morfler.
Le grand blond, au charisme certain, murmura des choses aux gardes de faction, puis s’en retourna dans l’ombre de la prison.
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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 20 lundi 22 octobre 2018, 21:56:50

L'endurance, c'était pas son truc, à Fantin. Surtout qu'après avoir été électrisé une poignée de fois, il demeurait quelques courbatures. Alors il s'économisait un peu. Mais bon, c'était un dur, et puis ce n'était même pas le plus lent du groupe des prisonniers – tous, même parmi ceux qui avaient participé à la rixe, n'étaient pas sportifs, loin de là. S'il n'avait pas eu un cœur hors du commun, il ne serait probablement déjà plus là, de toute façon.

La tête légèrement levée vers le ciel, son esprit vagabondait, laissant aux autres prisonniers la tâche de l'éviter (en cas de choc, il ne serait pas celui le plus à plaindre). Bien protégé par son pelage rêche, il ne trouvait ni l'humidité ni la température désagréables. Elles étaient parfaites pour ne pas trop s'échauffer, et puis elles lui rappelaient sa forêt. Il regretta qu'il n'y ait plus d'arbre dans la cour. Jadis il y en eut un, en plein milieu – maintenant le tout avait été bétonné.

Sa rêverie fut interrompu par l'apparition d'un humain dans le patio. Distrait, il ne l'avait pas remarqué tout de suite. Le sanglier le regarda avec suspicion. Ce type, il en parlait avec Nitro il y a peu, c'était un de ceux qu'on ne voyait presque jamais. Pourtant, il était facile a repérer, avec son catogan blond, et la manie qu'il avait parfois de claquer des doigts en marchant. Peut-être avait-il un rôle qui le confinait le plus souvent dans les bureaux… ou peut-être n'était-ce pas un garde du tout. Ce qui était certain, c'est que quand il parlait, les autres surveillants l'écoutaient.

Fantin avait même interrogé Bonpoints sur le sujet : le rat avait affirmé ne pas le connaître. C'était très étrange, car le parrain était certainement le détenu le mieux informé de la prison, et il avait toutes les raisons d'entretenir cette réputation. Depuis la première fois que le garde était apparu dans la prison – s'il avait été malhonnête, il l'aurait su, et s'il l'avait été incorruptible (ce qui n'était pas commun), il l'aurait appris encore plus vite.

Cessant de réfléchir, le sanglier fit, en passant, un doigt d'honneur à l'écureuil qui se moquait de lui. Puis il accéléra le rythme car un des surveillants lui brailla dessus. Le geste avait suffi à faire repérer Nitro, cependant. Rancuniers, les gardes ne manquaient jamais une occasion de lui coller une punition. Deux minutes après, il courrait à côté de Fantin.

*
*         *

Marion renoua ses cheveux en un catogan blond. On venait de lui passer un savon – il n'avait pas l'habitude, et ça le mettait hors de lui. Sur son visage dur et élégant à la fois, l'énervement s'exprimait par un magnétisme froid. Impérieux, il traversa la cour d'un pas qui ne cachait rien de l'autorité qu'il estimait avoir. Après tout, il était mandaté par le directeur en personne, et les autres le savaient bien. Ils savaient aussi qu'il ne venait généralement que pour une seule chose, aussi n'eut-il pas besoin de préciser :

– Il me faut six remplaçants, pour ce soir. Pas de retard. Trois couples, trois méga. Débrouillez-vous.

À peine arrivé, il repartit. La demande, soudaine, n'avait rien d'habituelle et laissa ses collègues dans l'embarras, voire un peu paniqués. Des méga, parmi les coureurs, il n'y en avait que deux… reconnaissables à leur collier rouge. Nitro vint leur sauver la mise, quand ils l'aperçurent ricaner derrière une vitre. De toute façon, ils n'avaient même pas besoin d'excuse pour lui coller une sanction. Restait à former des « couples » : trouver un ami de chaque méga, dans le groupe. D'habitude, il y avait une phase de renseignements pour sélectionner les meilleurs candidats – même si ce n'était jamais eux qui y participaient. Mais dans cette situation, ils n'avaient pas le temps de profiler, et allèrent au plus simple. Nitro fut choisi avec Fantin, Leny avec Rodrigue.

Une heure de course plus tard – soit à peine la moitié de la sanction prévue – les surveillants sonnèrent la fin de la promenade forcée.

– Bon, ça suffit. Tout le monde à l'intérieur, ordonna un garde.

Il y eut de timides soupirs de soulagement parmi les détenus, qui se rangèrent sagement pour rentrer. Personne ne comprenait ce que signifiait cette clémence inespérée, mais ils ne comptaient pas laisser passer leur chance. Surtout qu'ils avaient encore une chance d'avoir un repas du soir.

– Sauf toi, tu continues à courir. Toi aussi. Toi.

Les sélectionnés furent mis à l'écart, alors que les autres disparurent dans le bâtiment. Aux fenêtres, tout le monde s'était lassé du spectacle, et personne ne voulait manquer le souper. Bientôt ils furent seuls dans la cour.

Mascotte

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Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4

Réponse 21 lundi 22 octobre 2018, 23:47:18

Marion revint, trouvant ses collègues du rez-de-chaussée plus détendus qu’au moment où il était allé les voir, une heure et demi plus tôt. Demeurant sur le seuil, face à la cour désormais éclairée uniquement par les spots, il ne dit pas un mot, se contentant d’observer les six hybrides qui couraient. Encore une fois, il n’y aurait que des hybrides. Malgré la pluie qui s’était mis à tomber plus franchement, les pelages étaient empoissés de sueur. Les expressions étaient las, les gestes, lourds. Cependant, le blond tiqua et finit par tourner la tête vers le garde de droite. Les échanges se firent à mi-voix.
« Je ne vois que deux méga.
- Lui, l’écureuil, c’en est un.
- Vous vous foutez de ma gueule ? Où es sont collier ?
- Il peut pas en avoir. Vérifiez. »
Marion sortit de sa poche un petit appareil et il le pointa vers Nitro. Détectant le mouchard de ce dernier, l’appareil afficha le matricule du prisonnier, ainsi que sa fiche signalétique. Marion se contenta du matricule. Il débutait par M, c’était bien un méga.
« Vous êtes sûr qu’ils vont bien par couple ?
- On a fait au mieux avec ce qu’on avait. L’écureuil et le sanglier traînent ensemble depuis un petit moment. Le lémurien est aller trouver le renard à sa sortie de l’atelier, il doit le connaître, mais comme il est arrivé aujourd’hui… Pour les deux derniers, on n’en sait rien. Ils étaient l’un à côté de l’autre.
- Au moins c’est franc. »
Marion, avec son appareil, détecta les six matricules, puis se recula dans le couloir et passa un coup de téléphone.
« Le lot est prêt, dans la cour.
- Un instant, on a peut-être un problème… fit la voix de son interlocuteur.
- Quel genre de problème ?
- Il y a Leny Fortune dans le lot. Elle est arrivée aujourd’hui. Je dois appeler Greyman, c’est pas le moment de merder avec ce genre de personnalité. Reste en ligne.
- …
- Non, c’est bon, on a le feu vert du directeur. Il a dit que le destin était taquin. Assure-toi que la voie reste libre. Le destin arrive. »

* * * Cinq minutes plus tard * * *

Les six coureurs furent invités à s’arrêter et à s’aligner au milieu de la cour. Nitro, un demi sourire aux babines, avait croisé les bras, un petit air crâneur sur sa face de fripouille. Rodrigue avait l’air inquiet. Il sentait que quelque chose n’allait pas. On les avait isolé. Mine de rien, il s’était légèrement placé devant Leny, comme pour la protéger. Un geste dérisoire, il ne pouvait pas se protéger lui-même. Face à eux, le blond n’était plus là, mais voilà que débarquait une dizaine de gardes. Ceux-ci, sans une explication, ouvrirent le feu. Fort heureusement, encore que cela était discutable, ils tirèrent au fusil hypodermique. Tout le monde eut droit à deux fléchettes , sauf Fantin qui en reçu le double. Très vite, le lot d’hybrides était au sol, inconscient.
On les emporta dans des couloirs opportunément déserts, pendant que la plupart des détenus mangeaient…
On ne les révérait plus…
Car ils allaient découvrir ce qu’était la véritable œuvre de Greyman.
Krish, alias Mascotte, démon de la souffrance et des fausses apparences
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