Targetting The Widow [Katerina Kayser]

Katerina savait d'avance que ce combat n'allait pas être des plus simples pour elle. Certains adversaires étaient bien trop simples à vaincre à ses yeux, mais ici, elle sentait que cela serait une tout autre affaire. Elle ne partait pas vraiment confiante. Si jamais elle devait partir confiante, elle savait que tout allait mal se passer. Partir confiante alors qu'on sentait qu'un combat n'allait pas être de la tarte était d'une débilité sans nom. La Russe savait très bien faire la part des choses, fort heureusement. Toutefois, elle n'avait pas vu venir le coup de genou dans le ventre. L'une des zones les plus sensibles de son corps. Et le coup fut assez violent pour venir lui tirer quelques filets de sang par la bouche. Cet enfoiré cognait dur. Elle crachait donc les filets de sang par terre avant de ricaner. Elle ne le sous-estimait pas, mais lui ne savait pas de quoi elle pouvait bien être capable. Elle avait beau être une modifiée, elle disposait toujours de certaines capacités naturelles. Notamment, la ruse.

- Chaton, je ne tue jamais mes victimes par miracle. Tu es déjà le centième qui veut ma mort. Mais je suis là pour te prouver que personne n'a jamais réussi à me tuer.

Faisant danser son couteau dans sa main, elle attendit qu'il attaque avant de glisser au sol, passant sous lui, plantant ensuite son couteau dans son mollet, le tournant pour causer des dommages supplémentaires avant de le retirer aussi sec. Ce couteau pouvait tuer quasiment n'importe qui. Il était destiné non seulement à causer de gros dommages au corps humain, mais aussi à tuer si nécessaire. Bien évidemment, Katerina s'attendait à une contre-attaque en règle. Le contraire serait d'une débilité absolue. Se relevant à peine, elle prit l'un de ses tentacules au visage. Ce qui laissa une grande marque mais également une grande douleur. Bordel, il comptait vraiment avoir le dessus. Mais la petite Russe n'allait pas se laisser faire sans broncher. Si quelqu'un devait mourir ici et aujourd'hui, ce n'était certainement pas elle. Elle ne comptait pas se laisser tuer. Si elle devait mourir, c'était automatiquement par suicide. Elle ne laisserait jamais l'occasion à qui que ce soit de la tuer.

- Si je peux détruire un hélico à moi seule, je peux te détruire. Mais comme tu n'as pas l'air disposé à te laisser faire, je crois que je vais devoir utiliser la manière forte.

Katerina n'était vraiment pas sûre d'elle pour le coup. Elle priait sincèrement pour qu'elle ne se fasse pas tuer ou une autre connerie de ce genre.

Face à un tueur comme Omega Red, aucune erreur n’était permise. Son armure en carbonadium s’alliait à une résistance naturelle exacerbée, faisant de lui un guerrier exceptionnel et redoutable. Il ne vendait pas ses services à prix d’or pour rien, et avait travaillé pour les plus grandes organisations terroristes de la planète. Son CV aurait volontiers de quoi le condamner à la peine capitale dans n’importe quelle cour de justice appliquant encore la peine de mort, si tant est que les autorités l’ayant capturé puissent autoriser un procès public, et ne le neutralisent pas tout simplement. Face à l’homme, Katerina sortit un couteau, ce qui fit doucement rire Omega Red.

« C’est ta meilleure arme ? J’espère pour toi que ce couteau est en adamantium, mon armure a été conçue pour résister aux griffes de Wolverine... »

Le carbonadium était un métal très particulier, développé en URSS. Un métal bien plus résistant que de l’acier ordinaire, mais aussi plus malléable que l’adamantium, et, partant de là, avec une durabilité plus faible et une résistance un peu moins forte. Surtout, le carbonadium était aussi un métal radioactif, et en porter continuellement était dangereux pour la santé. De fait, les deux tentacules qu’Arkady avait étaient redoutables, mais étaient aussi lentement en train de le tuer. Afin de lutter contre cela, le mercenaire les utilisait pour absorber l’énergie vitale de ses victimes, comme une sorte de vampire, et ainsi régénérer ses cellules. Du reste, son armure n’en restait pas moins redoutable, et, après ses précédentes rencontres avec le mutant griffu, Omega Red avait logiquement tenu à se protéger, et à envisager toutes les possibilités pour capturer Black Widow. Il devait bien admettre qu’il ne s’était pas attendu à tomber sur une concurrente aussi belle, de sorte qu’il était peiné de devoir l’affronter.

Mais Arkady restait malgré tout un professionnel, consciencieux, et bondit encore vers la femme, avec cette rapidité meurtrière. Ses tentacules se rétractaient et fusaient régulièrement.

« Quelle énergie... Ne sois pas triste, tu mourras en accomplissant un plus grand dessein : celui de me nourrir ! »

Arkady avait déjà fait son choix, en voulant utiliser l’énergie de cette femme par le biais de ses tentacules. Concentré dans son combat, il en oubliait toutefois le reste. Quant à Katerina, elle dut malheureusement constater qu’Arkady n’avait pas menti sur l’efficacité de son armure... Mais, tandis qu’ils s’affrontaient, Katerina allait recevoir une aide inattendue. Car le carbonadium restait un métal, et, partant de là, conducteur d’électricité.

Deux disques jaillirent dans le dos d’Omega Red, et se plantèrent sur son cou, à droite et à gauche. Des champs électriques en jaillirent brusquement, perturbant ce dernier, et une silhouette bondit ensuite dans son dos, optant pour un saut périlleux, avant de lui faire un véritable mawashi-geri. Le pied tendu en avant, Black Widow revint de la plus belle manière sur le toit, frappant Omega Red à la nuque, le balançant dans le vide. La femme rousse se tint ensuite devant Katerina.

Sa rencontre avec Bonebreaker ne l’avait pas laissé totalement indemne, avec plusieurs déchirures légères sur sa combinaison, et une ligne de sang s’échappant de ses lèvres.

« Il y a des types bien plus dangereux que toi ici, glissa rapidement Natalia. Je suggère que nous coopérions ensemble pour sortir de ce merdier... Sauf si tu tiens à mourir prématurément. »

Omega Red, Bonebreaker... Qui sait quels autres super-mercenaires on avait pu embaucher pour capturer Black Widow ?!

Katerina riait ouvertement. Elle savait bien qu'elle n'en menait pas large, mais il fallait toujours être optimiste. Si elle commençait à penser qu'elle n'y arriverait pas, elle n'y arriverait vraiment pas. Tout était dans le mental. Il était évident qu'un couteau n'était pas la meilleure arme qu'elle pouvait avoir. Sa meilleure arme était dans son dos. Son fusil, une fois chargé avec des balles antimatériel, était une arme des plus dangereuse. Les armes Soviétiques n'étaient pas connues pour leur jeunesse affligeante, mais surtout pour leur robustesse et leur fiabilité. Il était on ne peut plus normal que le fusil d'assaut le plus fiable au monde soit Soviétique. La Mère Patrie pouvait faire de très grandes choses avec presque rien. La jeune femme savait de quoi elle parlait, puisque les trois quarts de ses armes de prédilection étaient des armes de fabrication Soviétique. Elle ricanait surtout car elle se rendait compte que ce qu'elle venait de faire n'avait strictement servi à rien.

- Chéri, je pense avoir compris que t'es invincible et tout ça. Je suis loin d'être conne, tu sais. Mais tu ne me feras rien.

Prenant son 357 dans sa main, elle l'arma, et fit un salto arrière afin d'être légèrement plus loin pour pouvoir tirer. Une balle allait forcément rentrer dans sa tête. A moins que tout son corps ne soit recouvert de cette saloperie d'armure. Au moment même où elle posa son doigt contre la détente, des arcs électriques jaillirent. Katerina eut à peine le temps de réaliser ce qui se passait, alors que la rouquine remontait sur le toit. Elle avait beau avoir des puces dans la tête, lorsqu'elle était surprise, elle l'était réellement. Elle ne s'y attendait pas, et cela lui fit plaisir. Une petite lueur se dessinait même dans ses yeux, avant qu'il ne bascule dans le vide. Et ce qui suivit fit littéralement éclater de rire la Russe aux cheveux bleus. Voici que la petite araignée lui proposait de collaborer. Celle qui l'avait prise de haut précédemment. Pour la peine, Katerina s'alluma une cigarette en ricanant. Expirant sa fumée par le nez, elle prenait un ton très calme.

- Oh, maintenant, la p'tite araignée veut collaborer? J'devrais peut-être te remercier d'avoir foutu ce sale con en bas. Au passage, c'est mignon ces déchirures, ça rend sexy. Elle avait une sorte de petit sourire en coin. Et même, elle lui tendait son paquet, signe qu'elle n'était pas la dernière des connasses, et qu'elle allait éventuellement l'aider. C'était une radine, elle ne donnait des clopes à personne, sauf à des personnes qu'elle aidait ou ses proches. Un acte symbolique en quelque sorte. - J'trouverais un autre moyen de me faire payer que de me faire de la thune sur ta gueule, ma biche.

« Disons plutôt que je cherche à limiter les menaces, rectifia Natalia. Nous sommes dans un nid de crabes, mais ceux qui ont mis ma tête à prix sont bien plus dangereux que de simples gangsters. »

Mieux valait conserver ses ennemis proches de soi, et, en l’état, Black Widow n’accordait aucune confiance à Katerina. Cependant, avec des tueurs comme Omega Red, ou Bonebreaker, le doute n’était pas permis. La femme devant elle avait sorti une cigarette, tirant quelques bouffées avant que Natalia ne se retourne. La priorité était de sortir du port, et elle descendit par un escalier de service, se dépêchant de rejoindre le sol. Quelques détonations retentaient encore entre les différents gangs.

*S’ils ont embauché autant de mercenaires, c’est dans l’espoir de brouiller les pistes...*

Widow enjamba une clôture, et rejoignit une série de conteneurs, s’abritant derrière l’un d’entre eux.

« Tu as dû comprendre que cette annonce était bidon, non ? Ceux qui t’ont embauché, comme les autres gangs, l’ont fait pour avoir une couverture, afin de brouiller les pistes. Les types qui ont amené cet hélicoptère, et qui ont embauché Omega Red, ils ne comptent pas te payer. »

C’était une évidence, mais il était préférable de le dire clairement, afin d’éviter toute complication par la suite. Natalia s’avança encore, et entendit une série de détonations rapides et proches. En s’approchant à travers les conteneurs, elle aperçut un groupe de commandos en armure qui s’éloignaient, laissant derrière eux une demi-douzaine de cadavres. Six corps alignés les uns à côté des autres, exécutés chacun d’une balle dans la tête. Comme Widow le soupçonnait, les commandos faisaient le ménage. Mais qui donc pouvait en vouloir après elle ?

Elle ne voyait maintenant qu’une seule explication pour justifier un tel déploiement de forces, et s’avança encore, prudemment, évitant de croiser les commandos. S’approchant d’une longue rue serpentant entre les entrepôts, elle se dissimula derrière un muret, longeant une petite voie de chemin de fer permettant de relier différentes parties du port, et fit signe à Katerina d’attendre.

« Il y a des snipers... On va contourner. »

La femme remonta le long de la voie ferrée, attentive à la moindre embuscade. Tout pouvait leur tomber dessus en ce moment, et il fallait se méfier de chaque angle, de chaque ouverture possible...

En l'entendant parler ainsi, Katerina fit le ménage dans sa tête. Elle pesait le pour et le contre de chacun de ses mots. Si ce qu'elle venait de dire s'avérait vrai, cela voulait dire que la Russe s'était fait avoir, en beauté. Et si tel était le cas, elle n'allait pas laisser passer ça. Elle s'arrangerait pour que celui s'étant moqué d'elle le paie très cher. Car personne ne pouvait la prendre pour une conne. Personne. Du moins, ces derniers pouvaient essayer, mais généralement, ils ne restaient pas vivants suffisamment longtemps pour s'en vanter par la suite. En tant que tueuse à sang-froid, elle avait une réputation à garantir. Serrant le poing, elle se jurait intérieurement de buter l'espèce d'enfoiré ayant osé se moquer d'elle. Et pour la prime qui avait été convenue, elle allait se débrouiller autrement. Si pour cela, elle devait liquider la moitié de la société de cet obscur enfoiré, cela n'allait lui poser aucun problème.

- Chérie, si jamais tu as raison, je saurais te remercier comme il se doit. Mais j'espère sincèrement pour toi que tu ne me prends pas pour une conne à ton tour. Quand elle l'entendit parler de tireurs d'élite, Katerina se mit ouvertement à sourire. Enfin de la concurrence. - Très chère, je vais enfin pouvoir te montrer de quoi est capable une véritable tireuse d'élite. Enfin, légalement je n'en suis pas une, mais c'est tout comme.

Prenant son fusil, elle le chargea rapidement, avec une balle perforante. Ce n'était pas vraiment une balle antimatériel, capable de traverser un blindage de char d'assaut, dans la limite du raisonnable, mais plutôt une balle faite pour passer dans un crâne humain comme si c'était du beurre. Et de ce fait, causer des dégâts létaux. Une autre balle dans la main, cigarette coincée entre les lèvres, Katerina ricanait. Elle savait très bien que Natalia n'allait pas approuver cela, mais la Russe s'en foutait pas mal. La balle dans la chambre, il ne fallait plus qu'une cible, pour que la jeune femme puisse prouver qu'elle pouvait être odieusement mortelle avec une arme d'un tel calibre entre les mains. Mais pour le moment, elle allait bien être obéissante, pour ne pas faire de vagues. Il était hors de question qu'elle fasse basculer l'effet de surprise qu'elle voulait mettre en place pour un simple petit caprice personnel.

- J'ai suffisamment de balles pour que plus un seul d'entre eux ne représente la moindre menace. Et ils seront tous morts avant de pouvoir focaliser leurs viseurs sur moi.

Jusqu’à quel point Natalia pouvait faire confiance à cette femme ? Un point très limité. Katerina avait initialement cherché à la tuer, après tout. C’était une mercenaire, une tueuse à gages. Normalement, Natalia aurait dû l’appréhender, mais il n’y avait aucune autorité à qui la confier ici. Madripoor était un repaire de crapules, et la police locale n’était rien de plus qu’un gang bien développé, vivant de la corruption. De fait, Madripoor fonctionnait depuis sa création sur un système mafieux. L’île avait été fondée par des pirates, et avait conservé ce penchant criminel jusqu’à aujourd’hui.

*Et puis, cette femme est douée… Il va m’être difficile de sortir seule de ce guêpier.*

Natalia n’avait aucune preuve concrète de la duplicité du commanditaire de Katerina, mais elle était intelligente, et savait observer, analyser, et interpréter les faits autour d’elle. Les tueurs surarmés avaient abattu les autres gangs, et s’en étaient pris à Katerina. Ils étaient trop bien organisés pour être de simples rivaux. Quelqu’un avait clairement mis en place une forte organisation visant à maquiller les faits, et à capturer Black Widow. Mais qui ? Et pour quelles raisons ? Natalia avait initialement soupçonné l’une de ses anciennes cibles, datant de l’époque où elle travaillait pour le compte des services secrets russe, mais…

Le fait est que Natalia conservait très peu de souvenirs de la période précédent son entrée dans le S.H.I.E.L.D. Pour qui travaillait-elle ? Tout ce qu’elle savait de son passé venait des données du S.H.I.E.L.D. Elle avait fait partie d’un programme soviétique visant à former dès l’enfance de super-espions afin de les infiltrer dans les pays occidentaux et d’accomplir des missions d’espionnage périlleuses, le programme Widow. Un programme dont elle ne conservait aucun souvenir, car les Widows avaient subi un conditionnement psychologique pour tout oublier de cette formation, pour le cas où elles seraient capturées. Tout ce que Natalia se rappelait de son enfance était une série de souvenirs factices, d’elle étant une ballerine pour le théâtre Bolchoï de Moscou.

*Surtout, je ne sais pas qui se trouvait vraiment derrière ce programme, qui est réellement impliqué…*

Trouverait-elle un début de réponse ici ? À Madripoor ? Katerina la rappela à la réalité en lui disant qu’elle comptait se lancer dans une bataille de tireurs d’élite. Natalia était aussi une sniper redoutable, mais elle n’avait pas d’armes.

« Il faut déjà trouver un bon point de vue, cocotte. »

Natalia et Katerina s’abritèrent dans une ruelle entre deux entrepôts, et Natalia sortit de sa combinaison son téléphone portable, conçu par le S.H.I.E.L.D., et disposant de fonctionnalités très précises, dont une carte des lieux. Officiellement, Madripoor était une zone brouillée. Google Maps ne montrait aucun plan de l’île, mais le S.H.I.E.L.D. disposait de ses propres satellites-espions. Natalia zooma donc sur les lieux, bénéficiant de plans impeccables, d’une précision sans faille. Natalia resta silencieuse pendant quelques minutes, jusqu’à repérer une position idéale.

« Là, cet entrepôt  à plusieurs étages… Il y a une vue dégagée sur une bonne partie du port. »

Pour Natalia, la meilleure défense restait aussi l’attaque. Elle se redressa, et se déplaça ensuite, longeant le mur. Une explosion résonna alors au loin, illuminant le port. Un champignon de feu s’envola dans le ciel, que la jeune femme observa silencieusement, sans chercher à en savoir plus. Elle reprit ensuite sa route, et rejoignit l’arrière de l’entrepôt qu’elle avait repéré. À l’aide d’un bracelet émettant un laser, elle fit sauter le cadenas de la double porte, et entra avec la femme.

Les deux femmes grimpèrent ensuite des marches rouillées, jusqu’à rejoindre les bureaux, situés au dernier étage.

« J’ignore pour qui ces gens travaillent, mais ils sont plutôt doués… Et moi, je n’ai pas d’arme à distance, alors le mieux est sans doute que nous nous séparions. »

Elle tendit à Katerina une petite oreillette, un autre gadget très perfectionné du S.H.I.E.L.D. qui leur permettrait de rester continuellement en contact.

« Toi à distance, et moi qui attaque à proximité… Ces enfoirés vont apprendre à qui parler ! »

Tirant une grande taffe, Katerina fit craquer ses os. Elle savait très bien ce qu'elle comptait faire, et elle allait surtout se faire la plus discrète possible. Fort heureusement, elle disposait d'une amélioration relativement récente dans ses yeux. Récente, mais qu'elle avait pu tester avec succès. Les puces présentes dans ses yeux lui permettaient de voir bien plus loin qu'une personne normale, mais cette amélioration transportait sa vision à un tout autre niveau. En effet, ses puces avaient été mises à jour, et lui permettaient, à tout moment, lorsqu'elles étaient activées par sa pensée, d'afficher une sorte d'HUD au centre de sa vision, apportant un paquet d'informations. Elle pouvait notamment connaître, au mètre près, la distance la séparant de sa cible. Un atout considérable lorsqu'elle devait modifier à la main la précision de son arme pour un tir parfait. L'écoutant donc attentivement, elle n'eut qu'à penser à activer sa puce pour que cette dernière affiche désormais quantités d'informations devant ses yeux.

- Chaton, si tu me laisses faire, tu auras suffisamment de choses pour repeindre tous les murs de ta baraque. Bon, ça ne sera pas une couleur à la mode, mais on ne peut pas avoir tout ce que l'on veut dans la vie.

Prenant son oreillette, elle finit par s'installer à un endroit lui permettant d'avoir une vue dégagée, mais surtout, d'avoir un lieu de repli. Car même si elle n'était pas officiellement une tireuse d'élite, elle savait mieux que quiconque que laisser trop longtemps la tête visible donnait droit à un aller simple en enfer. Jetant un coup d'œil par la fenêtre, elle vit sa première cible. Un grand sourire se dessinait sur ses lèvres, alors que la distance s'affichait clairement devant ses yeux. Il était à moins de 100m. Et cet imbécile regardait en bas. Il ne s'attendait clairement pas à une attaque venue d'en haut. Il n'était décidément pas très intelligent pour un tireur d'élite. Au fond d'elle-même, la Russe espérait qu'elle allait rencontrer des adversaires bien plus crédibles que ce dernier. Plongeant son regard dans la lunette, elle pressa lentement la détente, ce qui eut pour effet de faire exploser la boîte crânienne de cet imbécile.

Ejectant la douille et expirant de la fumée par le nez, Katerina chargea une nouvelle balle dans son fusil et scanna la zone de son regard. Un autre tireur se trouvait sur un toit, à approximativement 300m. Ajustant la précision de son fusil, elle vit cependant rapidement un laser se tourner dans sa direction. Se jetant au sol, elle se mit à ramper à couvert, tout en sachant qu'il allait mourir avant qu'il ne puisse actionner sa détente. A couvert derrière un bureau, elle se coucha et suréleva son fusil. Une position qui n'était pas du tout confortable, mais au moins, sa tête n'était pas visible. Elle jouait avec la lumière pour que cette dernière se reflète dans la lunette et aille aveugler cet abruti. Prenant une grande respiration, elle se leva d'un coup et tira, après un bref coup d'œil dans la lunette. La balle alla se loger dans l'un de ses yeux. Si le coup n'était pas des plus létales à première vue, l'hémorragie allait faire le reste.

- Bichon, tu t'en sors? Pour l'instant, je n'ai pas trouvé de grande résistance.

Un duel de snipers. Un combat à distance entre tueurs d’élite. Leur seul avantage, c’était l’effet de surprise. Les tueurs d’élite ne s’attendaient pas à ce que Natalia récupère un fusil à lunette, ou soit aidée par un autre. Une alliance bancale, fragile, totalement incertaine, et qui risquait de se rompre à chaque seconde. Black Widow ne faisait pas confiance à Katerina, dont les intentions lui étaient troubles. Ce qu’elle savait, c’est que Katerina était venue ici dans l’espoir de la capturer, ou de la tuer. Autant dire qu’on faisait mieux comme base pour une alliance. Natalia partit donc dans l’entrepôt, et grimpa sur le toit, avant de rejoindre la branche d’une grue en hauteur à l’aide d’un grappin. Elle monta lentement, jusqu’à avoir une bonne position, puis observa les environs. Sa formation de Widow l’avait amené bien des fois dans ce genre de cas, à faire du repérage, et à chercher les positions idéales pour un tir de couverture. Elle repéra donc les entrées, les positions, puis tomba ensuite dans le vide, s’agrippant à la grue avec son grappin pour se propulser dans les airs, au moment où, de son côté, Katerina ouvrait le feu avec leurs ennemis.

Natalia passa à travers une vitre, atterrissant un étage sous plusieurs tueurs d’élite. Elle vit des gardes à cet étage, pointant sur elle des fusils d’assaut, et, tout en jaillissant depuis la vitre, Natalia lança une série de fléchettes en roulant sur le sol, électrisant les ennemis proches. Elle se releva rapidement, et bondit en hauteur, ses jambes s’enroulant au passage autour de la nuque d’un mercenaire, avant de le clouer au sol. Deux autres ennemis pointèrent leurs armes devant elle, la ciblant pour la refroidir.

« Meurs, salope ! »

Natalia avait toutefois déjà une main tendue, et envoya une fléchette sur eux, libérant un gaz fumigène. Les balles fusèrent, la loupant, et elle les rejoignit. Un coup de pied retourné dans le ventre d’un des deux le cloua au sol, et elle opta pour un uppercut sur le deuxième, l’envoyant contre le mur, puis l’acheva d’un autre coup de pied retourné, détendant sa jambe au maximum pour l’atteindre au visage, le renversant au sol. Dans son oreillette, Katerina lui demanda alors si tout se passait bien.

« Comme sur des roulettes ! » s’exclama Natalia en récupérant un pistolet, t tira derrière elle sur un autre groupe.

Un bandit lança une grenade en l’air, qu’une balle de Natalia atteignit en pleine course. Une violente explosion fit trembler l’entrepôt, et Katerine, si elle regardait à ce moment, dut voir un champignon de feu sortir de l’une des fenêtres. Natalia était dans un grand bâtiment face à elle, faisant visiblement le ménage, attirant surtout l’attention pour éviter que la jeune femme ne se reçoive une balle par mégarde, lui laissant ainsi le temps nécessaire pour abattre les autres tueurs d’élite.

C’était ça, le sens de la coopération, après tout.

Katerina, alors qu'elle tentait de trouver ces autres tireurs d'élite, se mit à se gratter le bras. Par moments, elle ressentait de violentes démangeaisons, dont elle n'arrivait pas à comprendre l'origine. Elle ressentait une furieuse envie de se gratter, sans même comprendre pourquoi. Le médecin qui la suivait de temps en temps lui dirait que tout ceci venait de sa tête, mais pour la jeune femme, il ne savait pas de quoi il parlait. Elle ne se voyait pas du tout comme malade. Pour elle, elle était tout à fait saine d'esprit. Elle était dans un déni profond, qui était symptomatique de sa condition. Elle pensait très sincèrement que tout le monde voyait une malade mentale en elle pour détourner l'attention. Mais il y avait une grande différence entre ses pensées et la réalité. Se grattant le bras avec frénésie, elle restait tout de même à couvert. Il était plus que stupide de garder la tête visible, simplement pour se gratter le bras.

Se grattant toujours le bras, et ce de plus en plus fort, elle en vint même à se gratter jusqu'au sang, ce qui causa un pic de douleur qui la fit rapidement revenir à la réalité. En effet, quand elle se grattait de la sorte, elle commençait petit à petit à perdre pied, et seule la douleur pouvait la faire revenir. La Russe ne se posa évidemment aucune question. Tout ce qu'elle se contenta de faire fut de prendre plusieurs balles dans sa main, avant d'en loger une dans son arme. Une violente explosion lui fit lever rapidement la tête, et en voyant une sorte de boule de feu, un grand sourire se dessina sur ses lèvres. Elle allait profiter de la panique dans le bâtiment comme effet de surprise. Elle allait utiliser une technique très courante chez elle. Celle du tir rapide. Gardant toujours ses balles dans sa main, elle jetait simplement un coup d'œil très rapide dans le viseur, pour aligner son œil avec le centre de la tête de sa victime, et elle pressait ensuite la détente. Pour arriver à faire des tirs aussi précis aussi rapidement, il fallait non seulement une très bonne vue mais aussi de l'aide. Fort heureusement, l'HUD présent devant ses yeux jouait ce rôle.

Alignant les tirs, au moment de presser la détente pour la dernière fois, quelque chose la retint. Quelque chose dans son champ de vision direct. Quelque chose qui la fit douter. Pour une personne saine d'esprit, il n'y avait rien. Mais Katerina voyait un visage. Un visage qu'elle connaissait très bien. Secouant la tête, comme si cela pouvait aider à remettre ses idées en place, elle restait par la suite bouche bée. Elle se mit même à trembler. Comment cette personne, qu'elle adorait, pouvait se monter contre elle? La jeune femme n'eut pas le temps de se poser d'autres questions, puisqu'une détonation de fusil la surprit, et elle se prit une balle dans le bras. La douleur la fit une nouvelle fois revenir à la réalité, et elle se jeta au sol. Pour elle, tout était réel. Rien ne venait de son esprit.

- Trésor, tu estimes à combien le pourcentage de chance qu'une de mes amies décide de me tuer?

Katerina avait une voix paniquée, alors qu'elle tentait de sortir à mains nues la balle présente dans son bras. Ce qui était une très mauvaise idée.

La bataille continuait à faire rage, opposant une dizaine de commandos à une Black Widow survoltée. Elle n’était pas considérée comme une super-espionne pour rien. Rapide, mortelle, entraînée à outrance par la Red Room, Natalia avait, du reste, toujours été considérée comme l’une des meilleures élèves du programme. Ce n’était pas un hasard si, après l’effondrement de l’URSS, elle avait continué à agir pour une officine secrète au sein de la Russie. Se séparer des talents de Natalia Romanov n’était tout simplement pas envisageable, et, maintenant, la femme travaillait pour le S.H.I.E.L.D., même s’il s’agissait davantage d’une collaboration qu’autre chose. Black Widow était tout simplement trop douée pour qu’on la laisse moisir en silence, et ce même si sa loyauté était très instable, du fait des multiples conditionnements psychiques qu’elle avait reçu au cours de sa formation. Pour l’heure, la femme faisait un ravage, bondissant sur ses adversaires, tirant à chaque fois, et parvenant à anticiper avec des réflexes surhumains les réactions de ses ennemis.

« Bordel !
 -  Elle est trop rapide !
 -  Mais elle est seule, putain ! »

Un homme l’eut dans son viseur, et fit feu avec son fusil d’assaut... Pour se recevoir une fléchette entre les yeux, fléchette qui libéra un champ électrique qui le renversa. Natalia courut encore, et bondit en hauteur, faisant un saut prodigieux. La tête en bas, elle fit feu avec son arme, dans une position improbable et surréaliste, atteignant un ennemi qui se tenait sur une plateforme en hauteur, au milieu d’un escalier.

Rapide et mortelle, elle continua à agir, filant sous une table pour atterrir à côté d’un ennemi qu’elle faucha avec sa jambe, avant de lancer une autre fléchette sur un autre ennemi. Au bout de plusieurs minutes, Natalia pacifia ainsi l’étage, et reçut alors une transmission de Katerina. Elle ignorait alors que la femme était blessée, mais entendit les profonds soupirs que cette dernière poussait, tout en essayant de détendre l’atmosphère, ce qui ne put qu’inquiéter Natalia.

« Qu’est-ce qui t’arrive ? »

La voix de la femme était clairement inquiète, et Natalia entendit soudain un bruit fort. Un monte-charges venait de s’ouvrir au bout de l’étage où elle se trouvait, libérant d’autres hommes armés... Ainsi qu’une curieuse créature, un cyborg arachnéen assez chétif, se déplaçant sur des pattes métalliques, et faisant sortir des tentacules métalliques de son corps. Visiblement, Natalia avait loupé le mémo concernant la nouvelle équipe de Reavers...

Pendant ce temps, sur le toit de l’entrepôt où se trouvait Katerina, une silhouette se posa. Un homme avec des gants métalliques, tenant des pistolets, et dont le visage était entièrement dissimulé par une capuche verte, avec un œil cybernétique qui se mettait dangereusement à luire. Le Reaver comptait bien tuer cette tireuse d’élite qui croyait pouvoir survivre.

« Petite, petite, petite... » murmura le tueur en se rapprochant d’une échelle de secours pour descendre.

Il en profita pour enclencher de nouveau son camouflage optique...

Heureusement ou malheureusement, elle put sentir cette balle du bout des doigts en enfilant à peine ses doigts dans la plaie. De ce fait, l'extraire n'allait pas être très difficile, mais ce n'était pas du tout une bonne idée. Mais elle ne pouvait pas faire autrement, cette saloperie lui faisant atrocement mal. Elle mit donc plusieurs minutes pour y parvenir, agrandissant de ce fait la plaie, tout en serrant les dents. Elle se demandait comment l'une de ses amies pouvait lui en vouloir à ce point. Cela n'avait absolument aucun sens. Surtout en sachant que cette dernière n'avait jamais eu un mot plus haut que l'autre à l'égard de Katerina. C'était à n'y rien comprendre. Ecrasant la balle entre ses doigts, elle s'alluma une cigarette pour se calmer. Elle allait s'occuper elle-même de sa blessure plus tard. Elle avait l'habitude maintenant de s'occuper d'elle-même seule, dans ces cas-là.

Tirant de grandes lattes en tremblant, la Russe se posait tout un tas de questions. Pourquoi une telle chose lui arrivait? Pourquoi elle? Pourquoi ici? Pourquoi n'avoir rien vu venir. Elle ne comprenait plus rien, et cela la terrifiait. Elle ne supportait pas de ne pas pouvoir contrôler une situation donnée. Il fallait que tout se déroule selon ses plans, sinon elle perdait pied, même si elle ne l'assumait pas du tout. Elle avait beaucoup de failles à cause de sa maladie, même si elle affirmait sur tous les toits qu'elle était saine d'esprit et n'était pas malade. Katerina vivait dans un déni absolu, ce qui était souvent visible chez des schizophrènes comme elle. Le regard vide, elle ne se rendait compte de rien. Elle était omnibulée par ses questions. Quelque chose d'incroyable pouvait se passer devant elle sans qu'elle ne s'en aperçoive. Son HUD avait beau fonctionner, elle ne le remarquait plus. Katerina était dans un tel état, quasi léthargique, qu'il lui faudrait une forte stimulation extérieure pour revenir à ses esprits, si elle ne le faisait pas d'elle-même.

Toutefois, elle avait son revolver à la main, au cas où. Elle ne supportait pas cette idée, mais si elle devait abattre l'une de ses amies, car cette dernière voulait sa mort, elle le ferait. Tuer des personnes envers lesquelles elle n'avait strictement aucun lien d'affection ne la dérangeait pas le moins du monde, mais pas elle. Serrant fortement la crosse de son arme, elle soupirait, le regard toujours vide, perdue dans ses pensées. Elle fumait machinalement, ne prenant même pas la peine de faire tomber ses cendres à la main. Comme si son esprit était vide, comme si toute parcelle de vie avait quitté son enveloppe charnelle, et que son corps était maintenant guidé en pilote automatique. Une véritable loque. Mais même ainsi, elle pouvait être dangereuse. Car il suffisait qu'elle revienne à la réalité pour que tout bascule.

Initialement, les Reavers formaient une bande de mercenaires ayant leur siège dans le désert australien, dans les profondeurs d’une ville-fantôme. Ils étaient alors employés pour traquer des mutants. L’équipe avait toutefois évolué depuis, recrutant de nouveaux membres, mais avaient toujours continué à agir dans le mercenariat. Ils étaient dangereux, et Natalia avait un mauvais pressentiment. Elle devait retourner voir Katerina. En soi, elle ne devait rien de particulier à cette femme, qui avait après tout tenté de la tuer, mais... Et bien, Natalia avait tout de même un certain sens de l’honneur. Pour l’heure, elle devait néanmoins se débarrasser des mercenaires, d’autant que le Reaver arachnéen disposait de capteurs précis comme thermiques, et identifia ainsi la cible, ce qui donna lieu à une nouvelle fusillade. Spécialiste de l’infiltration, elle était aussi une redoutbale combattante. S’abritant derrière un muret, elle leur tirait dessus, et réussit à toucher un ennemi au bras. Le Reaver bondit alors contre le mur, s’y agrippant, et, tel un Spider-Man mécanique, bondit sur le plafond, déployant ses tentacules vers Natalia. Celle-ci jeta sur le sol une bombe fumigène, puis s’écarta rapidement, et s’obtint un moment de répit en tirant sur une conduite de gaz.

Une violente explosion ravagea la moitié de l’étage, faisant s’effondrer une partie du plafond en soufflant plusieurs poutres porteuses. La femme, elle, bondit par la fenêtre, sortant de l’entrepôt...


...Shadow Killer n’appartenait pas à l’équipe d’origine des Reavers. Pour autant, nul n’aurait commis l’erreur de le sous-estimer. Là où la plupart des Reavers étaient des monstres décérébrés ressemblant davantage à des fous furieux qu’à de véritables professionnels, Shadow Killer, lui, était un vrai pro’. Utilisant son camouflage optique et son scanner rétinien, il se déplaça à l’étage de Katerina, entendant les soupirs de cette dernière pendant qu’elle extrayait la balle, et pansait ses plaies. Cette femme n’était pas sa cible. Les Reavers avaient été recrutés pour appréhender Black Widow, mais... Se débarrasser d’une aide potentielle de Widow était une bonne chose. De plus, ils devaient aussi abattre les concurrents potentiels.

S’avançant prudemment, il s’abrita derrière un pilier, se rapprochant de la femme, et vérifia son arme. Le pistolet était chargé, et il se déplaça encore, jusqu’à n’être qu’à une poignée de mètres de sa cible. Un simple tir, rapide, précis. Il se déplaça de nouveau, jusqu’à pouvoir voir sa tête, ses longs cheveux bleutés, et pointa son arme vers elle.

« Adieu, chérie, je... »

Une déflagration l’atteignit brusquement à hauteur du cou, et il tira sur la gâchette. La balle atteignit le mur, à plusieurs mètres de Katerina. Quand elle se retourna, celle-ci pourrait voir le corps de Shadow Killer s’écrouler mollement sur le sol, Black Widow se tenant derrière lui. Sa combinaison moulante était partiellement déchirée, et un léger filet de sang s’échappait de la commissure de ses lèvres.

« Je ne peux pas te laisser seule cinq minutes, hein ? »

Natalia s’approcha d’elle, et récupéra dans sa ceinture une sorte de petit tube cylindrique.

« Un medkit moderne, premier secours... »

S’agenouillant devant la femme, elle lui administra la dose dans le creux du cou.

« Voilà... Laisse le produit te faire du bien. »

En basculant d'un simple questionnement vers un état quasi léthargique, Katerina ne se rendait compte de rien. Etant malade, certaines manifestations pouvaient prendre des tournures assez extrêmes. Dans son état, une seconde pouvait passer comme des heures. Elle n'avait plus la moindre notion du temps, ni du lieu, plus rien. On pouvait agiter une main devant ses yeux sans qu'elle ne la remarque. Elle était simplement dans un état catatonique, ce qui pouvait parfois arriver lorsqu'elle faisait une crise. La jeune femme ne s'en rendait jamais compte, et surtout, n'en gardait pas le moindre souvenir par la suite. Elle pouvait se souvenir de quelques choses après ses crises, mais jamais de sa catatonie. Alors que quelqu'un s'approchait lentement d'elle, Katerina gardait son mégot dans la bouche, alors qu'il n'y avait plus la moindre trace de tabac à l'intérieur. Complètement éteinte.

Ce fut une forte déflagration qui la fit revenir à la réalité, en sursautant de tout son être. Elle mit quelques secondes à comprendre, totalement ahurie. Serrant de ce fait encore plus fortement la crosse de son arme, elle restait quelques secondes totalement consciente de ce qui se passait, jusqu'à ce qu'elle se fasse piquer le cou. Elle n'avait pas peur des aiguilles, loin de là, ce qui serait totalement absurde vu tous les tatouages présents sur son corps. En sentant le produit agir, elle se mit à prendre sa tête entre ses mains, pressant fortement ses paumes de mains sur ses tempes. Katerina entendait une sorte de bruit sourd, relativement puissant, dans sa tête, comme si quelqu'un tapait sur une partie de son crâne, en boucle. Fixant le sol, elle n'avait pas d'autres choix que d'attendre que cela passe. Et même si elle n'arrivait pas à gérer ce genre de choses, et que cela l'effrayait au plus haut point, elle n'avait pas d'autres choix.

Tremblant de tout son corps, elle espérait sincèrement que tout ceci se calme très rapidement. Mais ce n'était pas le cas. Elle n'avait certes plus mal et ne sentait plus sa plaie, mais cette dernière était le cadet de ses  soucis à l'heure actuelle.

- Petite, petite araignée... pendue au plafond. Katerina commençait à chantonner quelque chose de relativement étrange, avec une petite voix, comme si elle avait peur que quelqu'un ou quelque chose puisse l'entendre. - Petite araignée... coincée dans sa toile... Toute effrayée... par le vent... du nord... Ses propos n'avaient absolument aucune cohérence, mais rien de tout ce qui sortait de sa bouche n'était cohérent lorsqu'elle faisait une crise.

Visiblement, Katerina était... Ailleurs. Un effet secondaire des implants cybernétiquesq qu’elle revendiquait fièrement avoir ? Natalia avait lu et vu suffisamment de choses sur les expériences cybernétiques pour savoir que cette hypothèse était tout à fait probable. Un effet secondaire lié à la douleur qu’elle ressentait, peut-être ? La situation tombait toutefois au plus mal, car les Reavers avaient repéré les deux femmes. Natalia se pinça les lèvres en se rapprochant de Katerina, et posa ses mains sur ses épaules.

« Hey ! Réveille-toi, tu... »

Une bombe explosa encore contre un mur de l’entrepôt, et le plafond s’effrita, avant de s’écrouler violemment. Bonebreaker, en contrebas, venait de sortir l’artillerie lourde, tirant de redoutables missiles depuis son canon central, explosant la façade de l’entrepôt, jusqu’à provoquer l’effondrement de ce dernier. Une belle explosion qui déclencha un champignon de fumée dans les airs, tandis que les mercenaires accompagnant les Reavers inspectaient les décombres. Des drones flottaient en l’air, inspectant l’entrepôt effondré.

« Où se cache-t-elle ? »

Autant dire que les Reavers n’avaient pas fait dans la dentelle, et Omega Red apparut bientôt. Le mercenaire russe était visiblement contrarié, agacé d’avoir vu Black Widow lui échapper. Les mercenaires trouvèrent dans les décombres Shadow Killer, qui avait par miracle survécu à la chute, et l’évacuèrent... Et, alors qu’ils continuaient à explorer les décombres, le Reaver arachnéen perçut un signal thermique émanant d’un proche entrepôt, abritant une série de portails et des voitures de luxe.

Et, le temps qu’il réalise ça, le portail vola en éclats, libérant une voiture de sport décapotable. Au volant, Natalia avait réussi à s’échapper de l’entrepôt pendant son effondrement pour rejoindre un autre entrepôt, abritant un parc automobile de voitures volées, prenant avec elle Katerina. Couchée sur la banquette arrière, la mercenaire aux cheveux bleus comatait, tandis que Natalia accéléra à tombeau ouvert, roulant dans le port. Des balles poursuivirent sa voiture, une Mercedes au moteur puissant, qui rugit. Natalia braqua sur la gauche, et fila sous une grue industrielle, tandis que des motos s’élançaient à sa poursuite.

« Putain, ils lâchent pas l’affaire, ces enfoirés... »

Elle braqua encore, et longea un parking, avant de rejoindre un portique de sécurité à l’entrée. La voiture défonça l’une des barrières, et elle rejoignit un rond-point, filant sur la droite, laissant des marques de pneus sur le sol, tout en filant droit vers la ville...

...Et en espérant que Katerina irait mieux, car, pendant ce temps, les mercenaires continuaient à la traquer...

La Russe n'était vraiment pas dans un bon moment. Toutes les paroles qu'elle déblatérait n'avaient strictement aucun sens, bien qu'elle ne s'en rendait pas compte. Pour le moment, elle ne faisait que parler sans aucun sens, ses hallucinations ne revenaient pas. Cependant, il ne fallait qu'un petit événement pour que ces dernières reviennent à la charge. Elle ne se rendait compte de rien, pas même du fait qu'il y avait de la véritable action à seulement 5 mètres de ses yeux. Complètement perdue, elle se fit donc transporter par Natalia, alors qu'elle commençait à parler en Russe, ses mots n'ayant absolument aucun rapport les uns envers les autres. Couchée à l'arrière, Katerina commença à se tortiller au bout de quelques minutes, car elle ressentait une violente brûlure dans son bras droit. L'origine venait de son esprit malade, mais elle considérait qu'il y avait obligatoirement une origine extérieure.

- блять! se mit-elle à vociférer alors que sa sensation de brûlure s'amplifiait. - Saloperie.

Elle se mit à se gratter frénétiquement le bras, comme elle le faisait à chaque fois qu'elle ressentait quelque chose de ce genre. Ce qui n'était pas logique, car d'ordinaire, se gratter le bras ne faisait pas disparaître une sensation de brûlure. Toutefois, dans le cas de Katerina, ceci marchait. Elle n'avait rien à voir avec le commun des mortels. Son esprit était différent, ses réactions aussi, son ressenti également. Se grattant le bras de plus en plus vite, elle finit par faire disparaître cette maudite sensation. Poussant un petit soupir de soulagement, la jeune femme souriait. Elle ne supportait pas ce genre de sensations, aussi courte soit-elle. Pendant quelques autres minutes, elle continuait à parler, seule, sans aucune cohérence, avant de se calmer, sans se rendre compte de rien. Elle se posait tout de même une question. Pourquoi avait-elle des traces de griffures aussi profondes dans le bras? Elle s'était certes infligé ça seule, mais lorsqu'elle agissait de la sorte durant une crise, elle n'avait pas le moindre souvenir de l'avoir fait par la suite.

- On... On va où là?

En entendant des coups de feux derrière elle, Katerina revint très rapidement à la réalité, et dans le feu de l'action, chargea rapidement le barillet de son 357 magnum. Elle n'évoqua même pas ce qui venait de se passer, préférant tirer sur ces enfoirés. Se redressant quelque peu, et réactivant son HUD, elle fit en sorte de ne montrer que le haut de sa tête, et ce, rapidement, pour établir le nombre d'ennemis assez proches pour recevoir une balle dans la tête. Elle en avait vu quatre pour le moment. Préparant son premier tir, elle se redressa rapidement, et fit feu, en visant rapidement avec son HUD. La balle vint se loger dans la tête de l'un des motards suivant le véhicule, bien évidemment en ayant au passage brisé le pare-brise arrière, le tuant sur le coup.

- Je sais pas comment t'as fait pour me foutre dans cette bagnole, et ce, sans que je me rende compte de quoi que ce soit, mais je crois qu'il vaut mieux que je te dise merci. Bien que je ne sache pas pourquoi tu ai fait ça.

[HRP] Tout ce qui sera écrit en rouge sera du russe, tandis que le bleu reste évidemment du Japonais ^^ [/HRP]