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[Saga De La Tour Sombre] Historique

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Princesse Alice Korvander

Humain(e)

[Saga De La Tour Sombre] Historique

mardi 22 mai 2018, 08:30:42

LA SAGA DE LA TOUR SOMBRE


Ce complément de script est lié à ce complément. Il le prolonge, le développe, et, de manière plus générale, offre une interprétation de l'Histoire de Terra et de LGJ.

Il n'est pas canonique, et ne concerne que ceux ayant envie de s'y intéresser, et potentiellement mes partenaires de RPs, vu que je suis susceptible de reprendre certains des éléments développés ci-dessous dans mes RPs.


HISTORIQUE

PLAN





CHAPITRE 1
LA GUERRE DES GRANDS ANCIENS


Le premier peuple à avoir jamais découvert Dei sur Terra fut les elfes. On dit qu’ils arrivèrent en bateau, et prirent la solitaire tour pour un phare. Ils s’installèrent sur la plage de roses rouges, sanctuaire bardé de magie. Les elfes entreprirent ensuite d’explorer Terra. Ils y découvrirent principalement leurs ennemis héréditaires, les nains. Installés dans les montagnes, les nains étaient déjà des spécialistes de l’argent, alors que les elfes, eux, vivaient dans les forêts. Les premiers conflits éclatèrent entre ces deux vieilles espèces.

Entre elles, il y avait, bien sûr, les humains. Barbares, primitifs, sauvages, les humains de Terra sortaient à peine de l’état préhistorique, vivant dans des clans sauvages. Les premiers contacts avec les elfes ne furent pas les plus paisibles qui soient, mais les elfes rencontrèrent aussi des communautés humaines plus développées, plus paisibles, et avec lesquelles ils purent se rapprocher. Toutefois, les elfes réalisèrent peu à peu qu’un mal insidieux existait parmi les hommes, un mal plus profond encore que la simple capacité naturelle à faire souffrir les autres. Les elfes assistèrent à d’étranges rituels de magie noire, des sacrifices et des scarifications rituelles, transformant des chamans et des sorciers en affreux monstres parlant dans une langue inconnue, si violente qu’elle faisait saigner les oreilles des pieux elfes. Sans le savoir, les elfes avaient fait connaissance avec la plus dangereuse et la plus profonde des corruptions, celle qui allait déboucher à la première grande guerre du Multivers.

Impossible de dater l’origine précise de ce conflit, qui opposa principalement les Anges à des créatures surnaturelles, tentaculaires et monstrueuses, dont la simple vue suffisait à plonger dans l’effroi et la folie ceux qui les observaient. Ces monstres invincibles, les « Grands Anciens », étaient menés par l’éternel et invincible Cthulhu. Du moins, est-ce ainsi que certains prêtres l’appelaient, et est-ce ainsi qu’on l’appela, à défaut de savoir comment l’appeler autrement. Cthulhu et les siens déferlèrent dans le grand ensemble créé par Dei, et le corrompirent peu à peu. Ils avaient la même capacité que les Fils de Dei à se relier avec la magie, et à puiser dans l’énergie de leurs disciples, mais n’émanaient pas de Dei. Quand Dei prit conscience de la menace, de ce cancer qui répandait à travers la grande toile cosmique qu’il avait tissé, les Anges se mobilisèrent... En vain. Plus ils affrontaient Cthulhu et ses séides, et plus ils perdaient. Et encore... Le nom de Cthulhu était sur toutes les lèvres, mais les Anges n’eurent jamais l’honneur de pouvoir l’affronter pendant toute la durée de ce conflit, ne se heurtant qu’aux autres Grands Anciens. Hastur, Shub-Niggurath, Rhan-Tegoth... Des noms maudits, qui, encore aujourd’hui, plongent dans la tourmente ceux qui les entendent.

La guerre ravagea des systèmes entiers. Sous l’influence des Grands Anciens, des civilisations entières sombraient dans la démence, servant Cthulhu. La peur se répandit à travers le tissu cosmique jusqu’à ébranler Dei lui-même. L’antique allié de Dei, la Tortue, usa de ses pouvoirs pour convoquer tous les Enfants de Dei, car l’heure était grave. Le puissant Cthulhu, à force de corrompre tout ce qui est, avait en effet découvert son ultime objectif : l’emplacement de Dei. Qu’il détruise Dei, et plus rien ne l’empêcherait de se répandre à travers le Multivers.

Pendant ce temps, sur Terra, les elfes découvrirent la présence de deux individus, en apparence anodines, mais qui devraient avoir un rôle décisif dans l’issue de la guerre. Le premier fut un mage qui se présenta à eux, et qui fut le seul à pouvoir rentrer dans Dei, le puissant Maerlyn, très puissant magicien qui avait réussi à vaincre des Chamanes renégats vendus aux forces de Cthulhu. Maerlyn pénétra dans Dei, et, de là, fut celui qui réveilla la Tortue pour qu’elle convoque tous les Fils de Dei, usant pour cela les Anges, éternels messagers célestes de la volonté divine.

Et, parallèlement, les elfes découvrirent, dans un village entièrement ravagé par une secte noire, un jeune enfant. Le seul survivant de ce clan massacré, Arthur Eld, Eld étant le nom de famille donné aux humains par les elfes n’ayant plus de famille et adoptés par eux, le mot étant proche du terme « elfe ». Les elfes comprirent rapidement qu’Arthur était un enfant hors-du-commun, doté d’un très grand pouvoir magique. Et, surtout, les rêves d’Arthur étaient continuellement habités par la présence de la Tortue. Les elfes guidèrent donc Arthur jusqu’à Dei. Qu’avait donc de si exceptionnel ce jeune homme pour que la Tortue, que les elfes considéraient comme « La Voix De Dei », l’appelle, et lui ouvre ses portes ? Maerlyn expliqua lui-même à Arthur qu’il était un enfant très particulier, car il disposait en lui de l’énergie même de Dei, et appelé à jouer un rôle décisif.

Puis ils vinrent. Les Enfants de Dei affluèrent sur Terra, au milieu des Anges. La plus puissante armée qu’on puisse imaginer arriva. Les Fils de Dei avaient bien grandi, se réunissant en grandes familles, des panthéons mythologiques. Les dissensions existaient entre eux, mais tous avaient vu la menace de Cthulhu et des siens. Tous savaient que l’ennemi qui s’approchait les balaierait tous. Maerlyn leur annonça qu’il allait avoir besoin d’eux, qu’ils unissent tous leurs pouvoirs pour concevoir un artefact extrêmement puissant, que Maerlyn créerait lui-même dans Dei, afin de pouvoir vaincre les Grands Anciens.

Et, le temps que l’artefact fut formé, les Grands Anciens émergèrent alors. Ils étaient là, tous au complet, menés par leur messager, le terrible Nyarlatholep. Le combat qui s’ensuivit entre tous les Enfants de Dei, les elfes, les nains, les humains, les Anges, ne devrait jamais connaître d’égal. Toutes les forces opposées se liguèrent pendant ce combat légendaire qui dévasta, non seulement Terra, mais le Multivers tout entier. Les Hydres affrontèrent les créatures des Grands Anciens, les océans s’enflammèrent, les Dieux s’allièrent dans des attaques colossales.

Cette bataille originelle dégagea un tel potentiel magique que Nyarlatholep réunit enfin la force d’invoquer le Maître des Grands Anciens. Surplombant les nuages noircis, le Chaos Nucléaire émergea des ombres. Le Tout-Roi émergea, retrouvant enfin la Dei qu’il avait toujours cherché, sous son appellation la plus connue : Azathoth.



L’arrivée d’Azathoth

L’arrivée du Chaos Nucléaire inversa l’issue d’une bataille qui, de toute manière, était déjàen train d’être perdue pour les forces de Dei. Le ciel était rempli des plumes ensanglantées des Anges, et les Dieux eux-mêmes sentaient leur force s’affaiblir. Alors que tout espoir semblait vain, Dei s’embrasa alors, et la porte s’ouvrit enfin. Maerlyn arriva, tenant entre ses mains le plus puissant des artefacts, façonné à partir de l’énergie concentrée de tous les Dieux. Le Prim-Dieu s’illumina entre les mains de Maerlyn, immense sphère d’énergie magique pure, aussi puissante que le Big Bang lui-même, et déferla sur les Grands Anciens. Les immenses armées et les engeances infernales des monstres furent dispersées aux quatre vents, tandis que Maerlyn, usant du Prim-Dieu, refaçonna le Multivers, afin d’y bannir, hors du temps et de l’espace, les Grands Anciens, en les enfermant dans des prisons dimensionnelles.

Néanmoins, et alors que le Prim-Dieu semblait enfin mettre fin à la guerre, Azathoth dévoila son ultime atout. Car, plus les Grands Anciens disparaissaient, et plus il absorbait leur énergie. La mer à côté de Dei s’embrasa soudain, et une cité émergea des eaux. R’lyeh apparut enfin, et Azathoth disparut alors, laissant derrière lui le plus redoutable des Grands Anciens, enfin réveillé. L’océan s’ouvrit en deux, tandis que la silhouette monstrueuse et cosmique de Cthulhu émergea enfin des flots. Maerlyn déploya en vain le Prim-Dieu vers Cthulhu. Aucun artefact ne pouvait le vaincre.



l’Éveil de Cthulhu

En voyant cette créature, les elfes, qui se croyaient insensibles à la corruption, prirent peur, et se tordirent de douleur sur le sol. Les Anges eux-mêmes sentirent leur foi vaciller, et les roses rouges se mirent à faner. Les Dieux déployèrent tous leurs sorts les plus puissants, mais qui n’étaient que des piqures de moustiques sur le corps de Cthulhu. C’était à croire que Cthulhu était la réunion de tous les Grands Anciens, une force incommensurable et inquantifiable. La tête de seiche s’avança vers Dei. Les uns après les autres, les Enfants de Dei tombèrent face à Cthulhu, et le Grand Ancien s’approcha de Dei. Ses tentacules s’enroulèrent autour de la tour, et commencèrent à la briser. Le Multivers entier sembla trembler sur ses fondations.

Dei s’enflamma alors, et repoussa les tentacules du géant. Il lança alors son ultime protecteur. Au milieu des elfes vaincus, des Dieux à terre, Dei s’ouvrit, et Arthur Eld, resté en retrait pendant toute la durée de la bataille, sortit enfin. Une minuscule fourmi face à Cthulhu, mais, alors que le Grand Ancien s’abattit sur lui, ce dernier sentit une protection aussi vieille que lui-même le repousser. Palpitant dans le cœur de l’Eld, la Tortue le soutenait. Toutefois, Arthur ne fut pas le seul à se dresser contre l’immondice. Un Dieu et un Ange n’avaient pas encore totalement abandonné, et se dressèrent à côté de lui : Zeus, et Lucifer.

Le premier plongea dans l’énergie des autres Dieux, le second dans celle des Anges, et Arthur dans l’énergie de Dei en personne. Trois âmes se dressèrent dans un combat perdu d’avance, car nul ne pouvait vaincre Cthulhu. Mais ils attaquèrent quand même. Les attaques de Zeus fendillèrent l’armure de Cthulhu, ouvrant sa chair, et Lucifer lança Arthur vers le monstre. L’épée d’Arthur, cristallisant toute l’énergie de Dei, frappa Cthulhu dans une frappe cataclysmique, qui arracha du corps de Cthulhu son cœur noir. Le corps de Cthulhu sombra dans les flots, entraînant avec lui sa précieuse cité. Le Prim-Dieu fut alors utilisé à nouveau, pour sceller la bête. L’artefact puisa tant et si bien dans la magie qu’il se fissura, se fractura, et explosa en treize sphères magiques après avoir rempli son office. Cthulhu fut banni dans les flots, plongé dans un sommeil d’où il ne devrait jamais se réveiller.

La guerre originelle prit fin. Les Grands Anciens furent bannis, le Multivers réécrit. Le sanctuaire de roses rouges refleurit, et guérit les Dieux blessés. Mais tous savaient combien cette victoire avait un goût amer dans la bouche. Tous savaient que les Grands Anciens reviendraient forcément un jour. Aussi fut-il décidé que Zeus et les Olympiens s’installeraient près de Dei, car Zeus fut celui qui avait permis de vaincre Cthulhu. Il était donc logique de leur confier la responsabilité de garder ce monde. Les elfes, qui avaient failli devant Cthulhu, confièrent à l’Eld la protection matérielle de Terra, car il ne ferait aucun doute que des menaces continueraient.

Dei, de son côté, avait été extrêmement affaibli. Les tentacules de Cthulhu avaient brisé ce dernier, et il apparut nécessaire, très rapidement, qu’il faudrait consolider Dei. La tour s’était refermée sur elle-même, sans doute définitivement. Pour l’améliorer, les Dieux utilisèrent les restes du Prim-Dieu, les Treize Sphères, comme autant de fondations et de pivots pour soutenir Dei. Chacune de ces Sphères fut dispersée sur une version parallèle de la Terre pour soutenir Dei. Ainsi virent le jour les Lignes de Dei. Chaque Sphère étant liée à une autre Sphère, il y eut six Lignes magiques, ou « rayons », comme on les appelle parfois. Au centre des Lignes, Terra. À chaque extrémité des Lignes, une version différente de Terra. Il incomberait à chaque panthéon de veiller sur ces Sphères.

Les elfes annoncèrent à Arthur qu’ils l’aideraient, et qu’il était temps qu’il s’appelle différemment. « Eld » n’était plus digne de lui, et ils l’appelèrent « Elder ». Arthur l’Aîné vit ainsi le jour, et sa légende commença là, à Can-‘Ka No Rey, le champ de roses rouges. L’histoire de Terra vit également le jour. Le mythe originel se termina là..
« Modifié: mercredi 01 août 2018, 02:17:44 par Princesse Alice Korvander »

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : [Saga De La Tour Sombre] Historique

Réponse 1 mardi 22 mai 2018, 08:31:45

CHAPITRE 2
LA LÉGENDE D'ARTHUR ELD


I/ ARTHUR L’AÎNÉ ET LA FONDATION DE GILEAD

Après la Bataille de Dei, Terra était dans un état nouveau. Et, même au-delà de Terra, c’est le Multivers tout entier qui était brisé. La lutte avait été tellement importante entre les Grands Anciens et les Dieux qu’elle avait affaibli la structure même du Multivers. La Tour elle-même était blessée, et elle ne cicatrisait pas de la même manière qu’un organisme vivant. À terme, un risque très sérieux pour que tout se détruise était possible, et ce d’autant que les Grands Anciens, certes vaincus, étaient toujours en vie.

C’est dans ces conditions que la Bataille de la Tour connut un épilogue singulier. Usant de l’immense énergie magique utilisée par les Dieux, et regroupée dans le Prim-Dieu, pour reconstruire le Multivers. La Tour étant affaiblie, son énergie fut diluée à travers six lignes magiques primordiales, primaires, les six Rayons. Six Rayons soutenant la Tour, comme des socles, mais diffusant aussi son énergie à travers le reste du Cosmos, et, inversement, s’en nourrissant. Un sain organisme à l’échelle des dimensions qui devait permettre à la Tour de se reconstituer, et de retrouver son assise. Les murs séparant les dimensions se reconstituèrent, et les Rayons furent forgés. Invisibles, mais puissants, ils partirent à travers toutes les directions, et s’accrochèrent à douze mondes parallèles de  Terra. Ces mondes servaient chacun de support aux Rayons, l’ensemble formant un ensemble de six traits avec, en leur centre, Terra.

Les monde-pivots furent ainsi créés, formant les six dimensions entourant et protégeant Terra. Tant que les Rayons sont là, la Tour n’est pas vulnérable, et ne peut être détruite.

Maerlyn réorganisa donc le Multivers et Terra avec le Prim-Dieu, mais constata ensuite rapidement qu’il faudrait protéger cet ensemble des ennemis. Comme dit, les Grands Anciens n’avaient pas été vaincus, et, même si le Multivers s’était reconstruit, Terra restait encore très vulnérable. Dei attirait à elle de multiples monstres, et il était nécessaire de protéger le Monde Ultime, nom anciennement donné à Terra, contre toutes ces vagues de monstres. Les elfes, qui avaient beaucoup souffert lors de la guerre, ne pouvaient pas assumer ce rôle, et ce d’autant que leur hostilité avec d’autres peuples, comme les nains, était également problématique.

Un choix naturel s’imposa donc dans les champs de roses de Can-‘Ka No Rey : les humains. Et plus particulièrement un homme qui faisait le consensus autour de lui, que ce soit auprès des elfes, des nains, des naïades... Et même des Dieux. Arthur Eld. L’Aîné. Celui qui avait réussi l’impossible, qui avait réussi à vaincre Cthulhu, accomplissant un exploit réellement légendaire. L’Aîné s’imposa donc comme une figure naturelle d’autorité, à tel point qu’aujourd’hui encore, beaucoup doutent de son authenticité historique. Pour beaucoup d’historiens contemporains, l’Aîné n’est que le symbole de l’évolution des civilisations, la montée en puissance de la civilisation humaine.

L’Eld accepta la mission qui lui était confiée. Parallèlement, les Dieux acceptèrent de confier aux Olympiens la protection de la Tour, puisque Zeus avait été le dernier des Dieux à tenir debout. Il était donc logique de leur confier ce poste, même si les autres panthéons entendaient bien continuer à rester sur Terra. Après tout, il en allait de leur intérêt à tous. Très rare au cours de l’Histoire fut ce moment, ce qui ne fit que renforcer son côté mythologique et surréaliste. Un bref moment, où tous les Dieux s’unirent, ainsi que toutes les espèces de Terra.

Portant en lui la confiance des autres, Arthur entreprit alors de se mettre au travail. Défendre Dei des attaques des Grands Anciens n’avait été que le début. Il passa l’essentiel de sa vie à mener une bataille sur différents fronts. Les nains et les elfes le rejoignirent pour former un royaume au centre du supercontinent central de Terra. Il envoya l’un de ses seconds, Ivan Ivory, rejoindre un important royaume elfique à l’ouest pour fournir au royaume de l’Eld des vivres et des ressources. Il envoya également d’autres lieutenants au nord, vers les puissants Royaumes nains, afin de fournir assistance technologique et militaire.

Quant au royaume de l’Eld, il l’appela Gilead. Gilead connut la plus grande expansion historique de Terra, puisque, à la fin du règne de l’Aîné, Gilead avait une superficie immense. Toutefois, moins qu’un royaume, Gilead était avant tout une puissante confédération, les circonscriptions administratives étant des baronnies. La baronnie de Gilead était la baronnie de la Nouvelle-Canaan, suivie de très près par la baronnie de Mejis, les deux Poumons de Gilead :





Arthur Eld fut un bâtisseur. Il construisit autour de Gilead des murs extrêmement épais et bien protégés, et d’autres forts. Il fut toutefois surtout un Roi-fédérateur et un Roi-guerrier, qui passa sa vie à traquer les résidus des Grands Anciens, à pacifier les immenses forêts et les vastes plaines de Terra, supervisant avec son armée la création de routes, la construction de colonies. De Can’-Ka No Rey au Bosquet des Elfes de l’Ouest, Gilead atteignit son apogée sous le règne de l’Eld.

La légende de l’Eld commença pendant sa vie, et perdura même après. Arthur chevauchant Llamrei, c’est lui qui parvint à vaincre le terrible serpent Saita, lors d’une bataille qui fut contée et chantée pendant des siècles. Pourtant, Arthur ne cessa de s’ombrager de quelque chose, d’un élément central qu’il aurait oublié, et qui le tarauda au crépuscule de sa vie. Fréquemment, on le vit revenir au Sanctuaire. D’aucuns disaient qu’il se remémorait les batailles passées, quand il avait pourfendu Cthulhu.

Arthur mourut dans le château le plus éloigné de Gilead, celui qui donnait directement sur Can’-Ka No Rey. C’est là qu’il y passa ses dernières années, observant depuis la terrasse du fort les levers de soleil éclairant la Tour. L’endroit était alors rayonnant, car ce château de villégiature ne portait pas encore le sinistre nom et la terrible réputation qui seraient plus tard la sienne. C’est là, dans sa maison de repos, qu’Arthur reçut beaucoup d’enfants. Les nuits venant, Arthur rêvait d’une solitaire tortue, et son humeur mélancolique ne s’égayait que quand il entendait le rire des enfants, leurs gloussements, et leurs chants. Plusieurs fois, en recevant les doléances de ses sujets, il leur assura de ne pas pleurer sa mort, mais d’honorer son sacrifice. À ses yeux, rien n’était plus beau cadeau à offrir aux morts que le sourire et les rires d’un nouveau-né.

L’Eld mourut dans son lit. Il avait alors depuis longtemps remis le pouvoir entre les mains d’une assemblée de barons, qui avaient élu comme successeur l’un de ses fils, qu’on appela, par analogie et pour le dissocier de l’Eld, Arthur le Jeune. Maerlyn fut la dernière personne qu’Arthur vit la nuit de sa mort, et c’est à lui qu’Arthur montra enfin ce que, depuis tant d’années, il cherchait dans les roses rouges du Sanctuaire.

Une goutte... Une goutte noire qui suintait d’une rose. Délicatement, car il connaissait les dangers de ces roses, Arthur s’en était emparé, et la montra à Maerlyn. Une goutte noire qui s’égouttait de l’une des pétales. Quand Maerlyn l’examina, il en arriva à la conclusion que l’Ennemi qu’ils pensaient avoir jadis vaincu aux portes de Can-‘Ka No Rey avait survécu. Arthur avait arraché du corps noirci de Cthulhu une sinistre entité, un cœur noir qui s’était perdu dans les profondeurs des roses rouges, au milieu des pétales. Un résidus qui aurait dû disparaître de lui-même, si quelqu’un n’avait pas aidé cette entité à survivre, et à se reconstituer. Grâce à cette goutte, Maerlyn put reconstituer cette scène passée, et put enfin voir celui qui deviendra l’inconnu le plus célèbre de Terra... Le Magicien. Le Magicien, qui avait recueilli le cœur sinistre et plein de pustules du vil Cthulhu, et l’emmena avec lui par un Portail, la nuit de la Bataille de la Tour.


II/ ARTHUR LE JEUNE ET LES CHEVALIERS DE GILEAD


Le fils d’Arthur l’Aîné ne dut jamais atteindre l’aura légendaire de son père, mais on aurait tort de le jeter aux bans de l’histoire. Le Jeune fut en réalité, par bien des aspects, l’un des fondateurs de ce royaume légendaire. Arthur le Jeune était plus diplomate que son père, et, surtout, plus intéressé par les questions économiques et par la construction d’un royaume tenable que par le reste. Il prit rapidement conscience que la confédération de Gilead était bien trop vaste, et que, du côté de l’ouest, les colons d’Ivan Ivory aspiraient à davantage de libertés. C’est ce que Le Jeune approuva, donnant plus d’indépendance à cette lointaine baronnie, qui devint finalement un royaume. Ivan Ivory fut sacré Roi, et ce royaume devint ensuite connu sous le nom de Nexus.

Au nord, le Jeune laissa également davantage de liberté aux cités humains qui travaillaient de concert avec les nains, pour leur permettre des améliorations technologiques dont les troupes de Gilead avaient bien besoin. Les monstres étaient en effet de plus en plus nombreux, ce qui amena le Jeune à devoir améliorer la formation des chevaliers. De plus, il apprit, grâce à Maerlyn, que l’Ennemi existait toujours, précisément lorsque, après les funérailles de l’Aîné, Maerlyn évoqua avec le Jeune les découvertes faites par son père. Quant aux funérailles de l’Aîné, elles se déroulèrent de manière très classique. Son corps fut déposé sur un radeau, et il fut lancé au loin dans la mer du Sanctuaire, le corps recouvert de roses rouges, avant que le radeau ne s’enflamme au loin.

De retour à Gilead, Le Jeune comprit que la menace était sérieuse, et Maerlyn présenta au fils de l’Eld le véritable héritage de ce dernier. Loin, dans les fondations du château de Gilead, existait une salle spéciale, très particulière : la Clef des Mondes. Dans cette salle, douze Portes menaient aux douze monde-pivots soutenant la Tour. Maerlyn expliqua au jeune Roi que chacun des monde-pivots abritait des esprits très puissants, les Totems. Chacun d’eux veillait sur l’une des Douze Sphères qui, assemblés ensemble, formaient le Prim-Dieu. La Treizième Sphère était ici, à Gilead. Chacune de ses Sphères abritait un pouvoir magique, disposant d’une couleur différente, allant de la plus pure des treize, la Première Blanche, jusqu’à la plus dangereuse, conservée à Gilead, la Treizième Noire. Il appartenait à Gilead de veiller à la sécurité des Sphères, car même les Dieux ignoraient leur emplacement, précisément pour éviter qu’ils ne cherchent à s’en emparer. Maerlyn expliqua au Jeune que l’Aîné avait pour habitude de s’entretenir régulièrement avec le Gardien de la Terre, Maturin.

Tenant compte de ces nouvelles informations, Arthur le Jeune forma autour de lui un corps de chevaliers d’élite, les Chevaliers de Gilead. À leur manière, les Douze Chevaliers, choisis selon différents critères à l’occasion d’un grand tournoi entre les baronnies de Gilead, incarnaient les prémices des futurs Paladins. Arthur Le Jeune ne dut toutefois pas connaître l’éveil de l’Ennemi, le retour des forces ancestrales qui, jadis, avaient bien failli détruire la Tour.

Tout comme son père, Arthur Le Jeune mourut après un règne bon, mais sans fioritures, à la demeure des Eld, qu’on appela donc « Eld’s Rest ». C’est ensuite qu’une nouvelle force se réveilla, et que de nouveaux protagonistes, ignorés jusqu’à présent, entrèrent en jeu : les Démons.

Et, avec eux, commença le Grand Conflit...
« Modifié: jeudi 24 mai 2018, 00:19:46 par Princesse Alice Korvander »

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : [Saga De La Tour Sombre] Historique

Réponse 2 mardi 22 mai 2018, 08:33:49

CHAPITRE 3
LE GRAND CONFLIT


I/ NAHASH ET L’INSURRECTION DES DÉMONS

En transperçant Cthulhu, Arthur relâcha quelque chose de son corps. Un cœur noir, qu’il ne retrouva jamais, et qui aurait bien pu disparaître au milieu des pétales de roses de Can-‘Ka No Rey… Mais ce cœur fut récupéré par un individu méconnu, mais qui, par la suite, allait devenir redoutable… Le Magicien. Le Magicien trouva le cœur noir purulent de Cthulhu, et l’emmena avec lui dans un endroit où les Anges n’iraient pas : l’Enfer.

À cette période, les Dieux dirigeaient encore le royaume des morts. L’Enfer antique n’avait rien à voir avec l’image abyssal et infernal qu’on s’en fait actuellement. Les démons étaient une race apparus progressivement en Enfer pour surveiller les multiples âmes damnées qui y échouaient, sous l’autorité des Dieux. Ils n’étaient rien de plus que des surveillants, des garde-chiourmes, des exécutants… Mais, avec l’attaque des Grands Anciens, les choses avaient évolué. L’Enfer avait été profondément marqué par cette guerre, et ce en raison de plusieurs facteurs :


  • La guerre contre les Grands Anciens engendra de nombreuses morts. Des planètes entières furent dévastées, des millions d’âmes brisées au cours des siècles, des civilisations exterminées… Tous ces morts bouleversèrent le fonctionnement des royaumes des morts, augmentant les pouvoirs des démons, leur influence, mais noircissant aussi l’Enfer, assombrissant et rendant le royaume des morts plus néfaste, plus malfaisant, l’habitant d’une sorte de malice profonde ;
  • Parallèlement à cet accroissement significatif du nombre des morts, les Dieux eux-mêmes perdirent de leur influence progressivement. Ils avaient beaucoup dépensé contre les Grands Anciens. Certains Dieux en avaient perdu la vie, et d’autres une bonne partie de leur panthéon et de leurs forces.



Pour être complet, précisons qu’il existe plusieurs Enfers. Si l’Histoire ne retiendra surtout que celui où le Magicien déposa le Cœur Noir, il y en a d’autres. Globalement, les différents Enfers parallèles connurent une évolution similaire à l’Enfer principal, celui de Terra et des mondes liés. Le Grand Conflit émergea d’ailleurs de là. Il fut porté par la créature qui émergea du Cœur Noir : Nahash.

Nahash comprit le fonctionnement de l’Enfer, et estima qu’il était temps pour les démons de se prendre en main, de cesser de servir des Dieux faibles et lâches, qui n’étaient plus en mesure de les contrôler. Nahash était puissant, mais avait surtout une langue aiguisée. Il savait que les démons étaient des êtres très fiers, et il fut en réalité très facile de les amener à se soulever contre les Dieux. La principale difficulté, en revanche, fut de les lier entre eux. Nahash massacra beaucoup de démons cherchant à le renverser, et passa de nombreuses années à fédérer les démons. C’est sous l’autorité de Nahash que les démons s’organisèrent en sept grands cercles, correspondant aux Sept Péchés Capitaux. Chaque Cercle avait à son sommet un Grand-Prince infernal, et les Sept Grands-Princes se regroupèrent au sein du Palais de Nahash, le Palais Infernal. Sous ses ordres, Nahash avait le terrible Belzébuth, qui fonda notamment un ordre de puissants démons à son service, l’Ordre de la Mouche.

Le but de Nahash était d’envahir les autres mondes, mais il avait une cible principale : Terra. Terra et Dei.


II/ LA GUERRE DES TREIZE MONDE-PIVOTS

Quand on parle du « Grand Conflit », il faut retenir d’emblée que ce conflit majeur, à l’échelle du Multivers, fut en réalité moins important que les Grands Anciens. En effet, le Grand Conflit entre les Anges et les Démons ne se déroula que sur une partie du Multivers, correspondant à Terra et à ses monde-pivots, incluant la Terre. Certes, d’autres mondes furent aussi touchés par le conflit, mais l’épicentre et la principale bataille fut sur les Treize Mondes. Nahash en personne assiégea Terra, dirigeant de multiples Légions par le biais de Belzébuth.

À cette époque, les Anges étaient bien plus actifs qu’actuellement dans les mondes inférieurs, luttant contre les engeances des Grands Anciens, éduquant et civilisant les multiples peuplades qui avaient été marquées par les Grands Anciens. Ils ne s’attendaient pas du tout à cette attaque, qui éclipsa finalement celle des Grands Anciens, et, même aujourd’hui, beaucoup d’Anges considèrent que les démons ne sont rien de plus que les vassaux des Grands Anciens. En réalité, les démons avaient de multiples raisons d’envahir les autres mondes. De manière non-exhaustive, on peut citer les raisons suivantes :


  • Les démons souhaitent des terres plus riches, plus fertiles, moins sauvages et moins austères, comme ce fut jadis le cas avant que l’Enfer ne soit déréglé suite au conflit contre les Grands Anciens ;
  • Après avoir renversés les Dieux en Enfer, les démons craignaient aussi une contre-attaque divine. Ces craintes n’étaient d’ailleurs pas totalement infondées, et, à cette époque, les Anges étaient également très proches des différents Dieux. Attaquer sur leur terrain était donc une manière de les achever définitivement ;
  • Les démons avaient tout simplement besoin d’étendre leur influence, et d’obtenir davantage de vassaux chez les humains.



Au-delà de ça, Anges et Démons s’opposaient aussi sur des conceptions philosophiques très différentes. Les Anges sont des individus en faveur d’une organisation sociétale assez stricte, avec des normes et le respect de valeurs supérieures aux individus. Autrement dit, ils s’opposent à un individualisme forcené et à une liberté absolue, estimant tout simplement qu’il existe, outre la liberté, des valeurs tout autant importantes, comme l’égalité, la justice, la dignité… Inversement, les Démons ont une approche fondamentalement différente. La liberté est plus importante que tout à leurs yeux, ce qui explique pourquoi le consentement est si important aux Démons, et pourquoi mentir leur est insupportable. Ils sont en effet globalement très fiers, et ne supportent donc pas de salir leur honneur en mentant. En revanche, les démons les plus intelligents savent au mieux manier la verve, et leurs paroles sont donc libres d’interprétation.

Pour ces raisons, une alliance entre ces deux races semblait impossible, et, pendant des siècles, les Démons et les Anges se déchirèrent entre eux. La bataille éclata sur différents mondes, mais, comme lors de la guerre contre les Grands Anciens, ce fut finalement sur Terra qu’elle trouva un dénouement.


III/ LE SIÈGE DE DISCORDIA

Sur Terra, les Anges et les Démons s’affrontèrent avec acharnement. Les elfes s’allièrent naturellement aux Anges, mais durent surtout combattre les Orcs, que les Démons manipulèrent sans grande difficulté pour les amener à battre avec eux. De fait, les Démons déployèrent un nombre important de Légions sur Terra, accompagnant leurs troupes de terribles démons. En fait, les plus puissants démons semblèrent attaquer Terra, comme les Balrogs, qui dirigeaient les Légions. Le royaume de Gilead était alors à son apogée, vivant encore des gloires de l’Aîné et du Jeune. Le Roi de Gilead réunit ses bannerets, et forma un ost exceptionnel, sous la direction de ses guerriers d’élite, ses pistoleros.
   
Les pistoleros étaient des guerriers d’élite, formés dès le plus jeune âge à Gilead, bénéficiant des armes magiques venant de Nexus, mais aussi des armes très avancées venant de Tekhos. À cette époque, les Tekhans avaient déjà commencé à percer le secret de la poudre à canon, les humains tekhans s’aidant des recherches pratiquées par les ingénieurs nains. Les nains disposaient en matière d’explosifs d’une avance technologique considérable, puisqu’ils avaient appris à utiliser les bombes pour déloger les mines. Les Tekhans mirent ainsi au point de redoutables armes à feu, qui permirent aux pistoleros de s’imposer comme des guerriers d’exception. À cette époque, ces guerriers légendaires allaient d’un bout à l’autre de Terra, répandant la justice, défendant la veuve et l’orphelin contre les brigands, les tyrans ne respectant pas les lois de Gilead, et bien évidemment contre les monstres. Le royaume était d’ailleurs gouverné, non pas par un seul Roi, mais par une assemblée, un Conseil composé des pistoleros les plus expérimentés, le Roi n’étant que le porte-paroles de ce Conseil.

Quand les Démons apparurent, les pistoleros se retrouvèrent confrontés à une menace de premier plan, et réunirent donc tous les bannerets et les barons de Gilead dans la capitale. C’est à cette occasion que Gilead forma une armée régulière, et nomma à sa tête un pistolero respecté, connu pour ses exploits, et qui était l’un des descendants d’Arthur Eld : Eldred Deschain. Eldred accepta ce rôle, et se rendit dans les terres orientales, car les Légions se concentraient par là, marchant très clairement vers Can-‘Ka No Rey.

Pendant des années, Eldred tint bon. L’homme avait pour mère une elfe, de sorte qu’il bénéficiait d’une longévité exceptionnelle. Eldred Deschain, en compagnie des elfes, défendit les terres orientales autour de l’un des plus grands châteaux de Gilead, à proximité d’Eld’s Rest : le Château Discordia. Ce grand et massif château dominait une région très sauvage, peuplée de puissants monstres, attirés par les roses rouges, par l’influence de Dei. Il était donc nécessaire de la protéger, et une garnison importante défendait Discordia. Pendant des années, donc, les pistoleros et les elfes défendirent Discordia, soutenus par les Anges. Discordia devint le front de Terra, la zone où la guerre avait lieu, même si les Démons, au cours des décennies de bataille, envoyèrent parfois des contingents attaquer les terres intérieures, afin de couper les vivres du puissant Discordia. De fait, Discordia devint le premier véritable superfort de l’Histoire de Terra.

Elfes, humains, nains, naïades, dryades, Anges, défendant ensemble ce bastion de la civilisation contre pléthores de gobelins, d’Orcs, de Démons… Une image légendaire, qui marquera par la suite Gilead. Mais, pour l’heure, la guerre s’éternisait, et les Démons, sans cesse, revenaient à la charge. Finalement, la bataille finale eut lieu.


Toutes les Légions de Terra attaquèrent Discordia. Le siège dura de nombreux jours, et, tandis qu’il s’éternisait, Eldred Deschain comprit la stratégie de l’ennemi. Pendant que les forces de Nahash attaquaient Discordia, une Légion avait contourné le château. Il faut bien comprendre que, pour rejoindre Can-‘Ka No Rey, il était nécessaire de passer par Discordia. C’était alors un vaste château, si grand qu’il comprenait, en son sein, un second château, plus étroit, une citadelle lourdement défendue. Mais, lors de cette ultime attaque, le premier fort tomba, et, tandis que les Démons assiégeaient massivement la citadelle, beaucoup traversèrent les défenses de Discordia pour rejoindre Can-‘Ka No Rey.

Seul Eld’s Rest se dressait entre Nahash et Can-‘Ka No Rey. Mais Eld’s Rest n’était alors qu’un petit fortin, avec une faible garnison, servant souvent de fort médical pour les nombreux blessés de Discordia. Les troupes sur place furent massacrés, et Eldred, comprenant le danger, organisa une offensive sur Eld’s Rest pour récupérer le fortin, et couper la tête du serpent. Depuis des années, il avait guerroyé contre Nahash et ses séides. Cette fois, Eldred comptait en finir. Eld’s Rest était alors tenu par Belzébuth en personne, accompagné des démons de l’Ordre de la Mouche. La bataille fut particulièrement sanglante, mais les démons avaient l’avantage des lieux. Eld’s Rest était bâti dans des monts escarpés, et difficile d’accès. De plus, les démons avaient également l’avantage du nombre. Aucune issue favorable ne pouvait résulter de ce conflit, lorsque des renforts arrivèrent finalement.

La Milice angélique envoya plusieurs bataillons, menée par Lucifer en personne. Eldred avait déjà eu l’occasion de voir le Porteur de Lumière à l’œuvre. Lucifer, qui avait eu l’occasion de briller lors de la guerre contre les Grands Anciens, vint en compagnie de plusieurs Anges de renom, comme Azazel. Ensemble, ils se heurtèrent à Belzébuth et aux Mouches du Démon, laissant à Eldred et à ses pistoleros une ouverture pour rejoindre Can-‘Ka No Rey. Tandis que Belzébuth affrontait Lucifer, Eldred fit face à Nahash.

Le Maître des Enfers s’avéra toutefois être un ennemi particulièrement redoutable. On ne l’appelait d’ailleurs plus Nahash, mais Satan. Les uns après les autres, les pistoleros tombèrent devant lui et ses gardes. Fort heureusement, la puissance de Satan était fortement atténuée, car il utilisait une grande partie de son énergie à essayer de briser les sortilèges antiques protégeant Dei. C’est sans doute ce qui permit à Eldred et aux siens de se rapprocher jusqu’à lui. Las, même avec une partie de son pouvoir, Satan restait puissant, et engagea le combat contre les derniers pistoleros restants. Jamais Eldred n’avait défié adversaire si puissant, et il comprit bien vite que Satan n’était pas un démon ordinaire. Il se rappela les légendes d’Arthur l’Aîné, et se reçut une déflagration mortelle. Eldred s’affala au milieu des roses rouges, laissé pour mort par Satan, tandis que ce dernier, en vain, cherchait encore à briser les sortilèges de la Tour. Aussi puissant soit-il, Satan n’y arrivait pas, et négligea d’achever Eldred, qui aurait en effet dû mourir de la dernière attaque de Satan… S’il n’y avait eu les roses rouges, dont les pouvoirs magiques sont très puissants.

Eldred sentit une force nouvelle envahir son corps, lui donnant l’énergie nécessaire pour pointer son pistolet vers la tête de Satan, et tirer une balle fatale. La balle transperça le crâne de Satan, et lui explosa une partie de la cervelle. Le Démon s’effondra au sol, et les Anges arrivèrent alors, soignant Eldred. Le siège de Discordia était terminé, mais ses conséquences seraient lourdes.


IV/ LA TRAHISON DE LUCIFER

Le Grand Conflit avait duré des siècles. Des siècles pendant lesquels Anges et Démons avaient grièvement souffert. Cette guerre d’usure eut des conséquences fatales pour les deux camps, en extrêmisant leurs positions respectives. En effet, aucun des deux camps ne pouvait vraiment mourir, car les Démons ressuscitaient en Enfer, tout comme les Anges. Certes, les Démons se réincarnaient sous une forme primitive, et les Anges sous une apparence différente, mais ce conflit était par définition sans fin, à moins que l’un des deux camps ne parvienne enfin à envahir l’autre, mais au risque de déséquilibrer gravement les forces en présence.

Le point qui changea tout fut la défaite de Satan dans les champs de roses rouges de Can-‘Ka No Rey. Avec la chute du Prince des Enfers, les Anges y virent là une ouverture, et une vive discussion les anima. Certains, menés par Lucifer et par Azazel, voulaient profiter de la mort de Satan pour envahir l’Enfer, et renverser les Grands-Princes. D’autres, en revanche, estimaient dangereux de se précipiter en Enfer. Les précédents raids infernaux avaient tous échoué, et ils étaient plutôt dans l’optique de se reconstruire, de mettre fin pacifiquement et diplomatiquement au Conflit. Le Conseil des Archanges discutait, cherchant une solution qui se devait d’être unanime, mais certains Anges avaient trop perdu lors de ce Conflit. Lucifer ne voulait plus attendre, estimant que perdre du temps permettrait à Satan de se régénérer, de reprendre la main sur ses Légions. Il avait après tout été jusqu’à Dei, et, même si Satan avait été défait, les pistoleros de Gilead n’avaient plus d’armée. Attendre était impensable pour Lucifer, et, avec une bonne partie de la Milice, il décida d’outrepasser la décision du Conseil, comme il l’avait fait en attaquant Belzébuth et l’Ordre des Mouches à Eld’s Rest.

Lucifer et les siens chargèrent donc, générant un Portail qui les mena droit en Enfer. Comme ils s’y attendaient, la chute de Satan avait transformé l’Enfer en une zone chaotique et anarchique. Les Grands-Princes se battaient entre eux pour déterminer qui prendrait la place de Satan. Les Légions s’entrechoquaient avec violence, et le Palais Infernal, encore sous l’autorité de l’Ordre de la Mouche, était devenu une zone de guerre. Satan n’était plus, et les Anges y virent là l’occasion d’achever les Démons. Las, Satan n’était pas un démon comme les autres, et, quand Lucifer et les siens entrèrent au sein du Palais Infernal, ils y rencontrèrent Satan sous sa forme primitive : Nahash. Et le Serpent s’avéra un ennemi des plus redoutables, qui retourna la colère et les peurs de Lucifer contre lui-même. En effet, c’était Lucifer qui, il y a des siècles, avait aidé à vaincre Cthulhu, et cette rencontre l’avait toujours marqué. Nahash réussit à le pervertir, à achever de le corrompre, en lui expliquant que personne n’arriverait à vaincre l’Enfer, et à le vaincre lui, en lui indiquant que les Anges étaient faibles, que le Conseil était un organisme lent et inefficace…

Finalement, le dernier acte du Grand Conflit eut lieu au Paradis en personne. Un Portail s’ouvrit, celui que l’expédition de Lucifer avait utilisé pour envahir l’Enfer. Mais des flopées de démons jaillirent alors de ce Portail, menés par de nouveaux Anges, aux ailes noirs. Lucifer et les siens avaient déchu, et se retournaient contre le Conseil, afin de le renverser, et de pouvoir ainsi commander sur l’Enfer et sur le Paradis ! Pour Lucifer, il n’y avait que comme cela qu’il arriverait à vaincre pour de bon les Grands Anciens. La dernière bataille ensanglanta le Paradis, mais le Conseil disposait encore de nombreux Anges et Archanges à son service. La bataille qui éclata ébranla à jamais le Paradis, mais se termina par la victoire des Anges. Lucifer fut vaincu par les Anges, et parvint, avec quelques Déchus, à s’enfuir par le Portail, tandis que celui-ci fut fermé et détruit.

Le Grand Conflit était terminé, et les conséquences s’en feraient durement sentir.


V/ LES CONSÉQUENCES DU GRAND CONFLIT

Elles furent multiples :

  • Le Grand Conflit se termina par l’adoption, entre les anges et les démons, d’un pacte de non-agression mutuel. Ce pacte était fait au nom du libre arbitre des autres civilisations, et prévoyait l’interdiction pour les deux camps d’envahir à nouveau les mondes intermédiaires. Le pacte était toutefois assorti de plusieurs exceptions, tenant au libre arbitre principalement. Ainsi, les humains pouvaient invoquer des Démons, et les différents artefacts magiques continuaient à produire leurs effets. En outre, les Anges disposaient également du droit d’intervenir pour chasser les Anges Noirs, les Déchus, et les juger ;
  • À l’égard des anges, le Grand Conflit mit fin à la politique interventionniste des Anges sur les autres civilisations. Ils n’avaient plus la force d’intervenir, et ne pouvaient plus le faire en raison du pacte de non-agression ;
  • À l’égard des démons, Lucifer prit la place de Satan en tant que Prince des Enfers, mais ne réussira jamais à fédérer les Grands-Princes à son autorité avec autant de succès que Nahash. Lucifer devint donc surtout un Prince virtuel, car les Grands-Princes des autres Cercles ne reconnaissaient pas son autorité, et refusaient en tout cas de s’unir comme sous l’époque de Nahash.



Quant à Terra, la situation était un peu plus particulière, en raison de la présence de la Tour Sombre. Le Pacte s’appliqua également sur Terra, mais les Anges avaient longtemps séjourné sur Terra pendant le Grand Conflit, notamment à Nexus et à Gilead. Et, surtout, Gilead fut sévèrement ébranlée par le Grand Conflit. Discordia avait été sévèrement ébranlée, et les elfes, qui avaient beaucoup perdu également, ne pouvaient plus aider. Les Nexusiens étaient malheureusement trop éloignés, et n’avaient de toute façon pas une armée digne de ce nom. Discordia, de son côté, tomba au bout de quelques années sous les assauts répétés de nombreux Orcs, ainsi que d’autres espèces malfaisantes.

Les pistoleros se replièrent jusqu’à une épaisse chaîne de montagnes, et, sans l’aide des Anges, continuèrent à se replier devant de vastes armées d’Orcs. Eldred Deschain, commençant à se rétablir de ses blessures, parvint à repousser les Orcs à Gilead, en enclenchant les antiques système d’alarme et de sécurité prévues par ses aînés en pareilles occasions. Quand une armée ennemie s’approchait, les Gillois se repliaient dans la capitale, et tous vinrent. Ils se réfugiaient dans des halls souterrains très bien protégés. Autrement dit, c’est à Gilead même que le Grand Conflit se termina définitivement. Les Gillois reçurent l’aide de la cavalerie nexusienne et des forces tekhanes. Les Tekhans avaient continué à améliorer leur technologie, et les Gillois en eurent la démonstration en les voyant attaquer les Orcs avec des tortues de siège. Les Orcs furent repoussés aux portes de Gilead, et, à l’aide des tortues tekhanes, les différents forts et bastions tombés entre les mains des Orcs retournèrent entre les mains de Gilead.

La reconquête se termina à hauteur d’un vaste massif montagneux. De l’autre côté s’étendait les Terres Orientales, ces contrées sauvages et inhospitalières. Les Tekhans et les Nexusiens ne pouvaient pas aller plus loin, faute de ressources suffisantes. Les frontières de Gilead se terminèrent là. Pendant des siècles, les Gillois tentèrent de reprendre Discordia. Toutes ces expéditions échouèrent.

Eldred Deschain finit par mourir à Gilead. Les temps avaient changé. Gilead avait perdu la Tour Sombre, mais Eldred se rassurait en se disant que personne n’arriverait à ouvrir cette dernière sans utiliser le Prim-Dieu de Maerlyn, et donc en réunissant les Treize Sphères de l’Arc-En-Ciel, dispersées à travers les treize mondes. Eldred mourut donc soulagé, tout en ayant conscience qu’il y avait, derrière les attaques des Orcs, quelqu’un, que tout cela n’était pas que le fruit du hasard.

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : [Saga De La Tour Sombre] Historique

Réponse 3 mardi 22 mai 2018, 08:35:12

CHAPITRE 4
LES TROIS ROYAUMES


Avant, et même pendant le Grand Conflit, Gilead fut un grand royaume. Le premier royaume humain de Terra, dont la superficie gigantesque lui permettait d’incarner la nouvelle civilisation humaine, supplantant à celle des elfes et des nains. Un vaste royaume fondé sur l’idée d’une grande fédération, avec des baronnies plus ou moins indépendantes. Toutefois, après la guerre, après la perte d’une vaste partie de son territoire dans les régions occidentales, et, surtout, après la perte du Château Discordia et de Can-‘Ka No Rey, l’influence de Gilead alla de manière décroissante. C’était l’évolution naturelle du temps. Un si grand royaume ne pouvait décemment espérer tenir, et, peu à peu, trois autres grands royaumes humains émergèrent, qui devinrent, au cours des siècles, les trois plus puissants États de Terra.

Chacun de ces États dispose néanmoins d’une racine commune, et même, dans une moindre mesure, d’une idéologie commune : celle de Gilead.


I/ LA PUISSANCE ÉCONOMIQUE DE NEXUS

Originairement, Nexus était une cité elfique assez prospère située à l’est du supercontinent central de Terra, le long de la mer. Disposant de terres fertiles, le royaume elfique a pu se développer, et prospérer. Après la guerre contre les Grands Anciens, le royaume a accueilli une colonie humaine, et a rejoint la fédération gilloise, fournissant à Gilead des vivres et moult denrées. Le royaume elfique connut également une extension notable en s’alliant avec une communauté naine située le long de massifs montagneux au nord, ce qui permit à ce royaume de pouvoir mettre la main sur l’un des plus importants sites de carrières et de mines au monde. Ce rapprochement façonna également le royaume, qui fut alors dirigé par un triumvirat représentant les elfes, les humains, et les nains.

Le Triumvirat exista pendant plusieurs siècles, tandis que les humains continuaient à prospérer. La durée de vie assez courte des humains par rapport aux elfes ou aux nains leur permettait d’apprendre vite, et ils se développèrent bien plus vite que les elfes, jusqu’à devenir majoritaires dans la ville. Les rapports de force déséquilibrés entre les humains et les autres communautés amenèrent le Triumvirat à se scinder en deux groupes, opposant, d’un côté, les humains, et, de l’autre, les non-humains. Il y eut des tensions et des frictions, et, finalement, le Triumvirat fut aboli, au profit d’une monarchie humaine appuyée par les Ivory. Les Ivory étaient alors très populaires à Nexus, car ils formaient l’une des plus puissantes familles humaines, l’une des plus anciennes, et bénéficiaient aussi du soutien de Gilead.

Le royaume de Nexus se développa donc, mais, peu à peu, son inféodation à Gilead apparut comme étant de plus en plus obsolète. Après tout, la capitale de Gilead était située à des milliers de kilomètres, et les liens entre les deux communautés se distendirent, au fur et à mesure que la prospérité économique de Nexus se développa, et que Gilead, faisant face à des pertes financières notables, alourdissait sa politique fiscale à l’égard de Nexus. Chaque année, Nexus participait aux États Généraux de Gilead, un moment solennel où les baronnies de Gilead se réunissaient pour discuter entre elles. Toutefois, l’influence de Nexus aux États Généraux était restée la même qu’à l’époque du Triumvirat, alors que, pendant ce temps, Nexus n’avait cessé de prospérer, et de devenir une puissance économique de premier plan. De plus, les États Généraux permirent de révéler les tensions sous-jacentes entre Nexus et un autre grand royaume qui était en train de se développer au nord, Tekhos.

Gilead apparaissait comme étant de plus en plus rétrograde et déconnecté de Nexus. C’est ce qui conduisit peu à peu les juristes et les politologues nexusiens à développer des notions comme la « Nation », et surtout la « souveraineté ». La doctrine d’une identité nationale nexusienne distincte de celle de Gilead se développa progressivement, et aboutit finalement à ce que Nexus se déclare comme étant un État-souverain. Gilead n’était guère en mesure de refuser cela, de sorte que la déclaration d’indépendance nexusienne fut reconnue par Gilead, dès lors que Nexus continuait à soutenir les forces de Gilead.

À ce jour, Nexus reste toujours la plus grande puissance économique de Terra, et a développé une importante sphère d’influence autour d’elle, grâce à ses relations économiques et à son rayonnement juridique et culturel.


II/ LA TECHNOLOGIE TEKHANE

Tekhos connut une histoire similaire à celle de Nexus, et en même temps différente. Là où Nexus était initialement un mélange d’humains, d’elfes, et de quelques nains, à Tekhos, il y avait surtout des nains. De grandes familles naines organisées en cités-États autonomes, dotées de vastes mines, et disposant d’un savoir technologique avancé dans la métallurgie, l’urbanisme, et le développement d’infrastructures solides. Leurs cités étaient bâties dans les montagnes, dans des alliages mélangeant béton et acier, afin de résister aux fortes pressions des cavernes. Les nains avaient aussi conçu des automates redoutables, afin de les aider à extraire les éboulements de pierre, à creuser les mines, ou même à se battre contre les multiples monstres venant de l’Outremonde. Leurs terribles golems et armes de siège avaient longuement ébranlé les elfes, témoignant du fort savoir-faire technologique des nains.

Quand les humains arrivèrent, ils fondèrent un royaume en cherchant à fé&dérer les nains. La tâche était loin d’être facile, mais Terra revenait alors du combat contre les Grands Anciens, et, sous l’autorité de Gilead, une fédération naine et humaine fut fondée. Le savoir-faire des humains se mélangea à celui des nains, permettant ainsi aux Tekhans de maîtriser des armes à distance évoluées, en utilisant des explosifs comprimés comme ceux que les nains usaient dans les mines. Autrement dit, les Tekhans percèrent en un temps record le secret de la poudre à canon, et s’aidèrent du savoir-faire des nains en matière d’infrastructures pour construire de solides forteresses. Les ingénieurs tekhans se montrèrent brillants, incroyablement talentueux, et Tekhos s’imposa ainsi comme une puissance technologique de premier ordre.

Cette influence ne dut jamais cesser. C’est Tekhos qui dota les pistoleros de Gilead d’armes à feu. Les premiers pistolets tekhans étaient toutefois encore assez embryonnaires. Certes, ils tiraient plus rapidement que les arcs, mais avec une seule cartouche, et la poudre se dispersait très rapidement. Les pistolets s’affinèrent avec le temps, et permirent à Tekhos, tout en se développant, de gagner en indépendance. Finalement, Tekhos se retrouva au même plan que Nexus, une puissance importante, qui se retrouva en concurrence à Nexus.

Cette concurrence se développera au cours des siècles, et, pour beaucoup, elle s’explique en grande partie par les histoires de ces deux nations. Nexus est d’origine elfique, et Tekhos d’origine naine. Mais, au-delà de ces divergences historiques, les deux nations avaient surtout les mêmes visées hégémoniques, et se voyaient comme des rivales. Les tensions entre les deux débouchèrent souvent sur des conflits armés, des guerres, sans qu’aucune des deux nations ne rpenne vraiment l’ascendant sur l’autre. Entre Tekhos et Nexus, il existait une longue route, et Tekhos disposait surtout d’une protection naturelle, un rempart constitué de massifs montagneux qui avaient tendance à la séparer du reste du supercontinent. Les massifs montagneux délimitant les frontières tekhanes se dotèrent de forteresses, et, même s’il existait, au loin, un désert, il était bien trop éloigné pour permettre aux forces nexusiennes d’être utilisées.

En tout cas, ces conflits, s’ils n’aboutirent à rien, et confirmèrent au contraire le statu quo de ces deux puissances, illustra progressivement l’affaiblissement de Gilead. Si le vieux royaume avait pu, au début, servir de diplomate entre Nexus et Ashnard, il perdit ensuite davantage de son influence.

Si la paix se développa finalement entre Tekhos et Nexus, c’est parce qu’un troisième acteur finit par rejoindre l’échiquier, et par s’imposer comme un protagoniste incontournable.


III/ LE CONGLOMÉRAT NOIR ET LES ASHNARDIENS

L’Empire d’Ashnard a bénéficié d’une construction très particulière. Comme il a été exposé préalablement, Gilead avait perdu, lors du Grand Conflit, de vastes portions de terre à l’ouest de sa capitale. Ces terres dangereuses avaient jadis abrité de très grandes forteresses, qui étaient tombées entre les mains des Orcs. Une perte que Gilead ne put jamais endiguer. Au cours des siècles ayant suivi le Grand Conflit, les Gillois tentèrent pourtant bien des percées, afin de récupérer les Territoires Perdus, ainsi qu’on les appelait à l’époque. Las, les croisade set les campagnes militaires n’aboutirent jamais qu’à des victoires ponctuelles. Il y avait trop de monstres, trop d’Orcs, et, peu à peu, les Territoires Perdus firent l’objet d’une vigilance accrue. Des forteresses furent érigées, et des garnisons se dressèrent, le long de ces champs désolés, de ces villages ravagées et abandonnées.

C’est dans ces circonstances que plusieurs Gillois organisèrent secrètement une vaste expédition. À terme, l’idée même de reprendre une campagne militaire était interdite par Gilead, devant les risques d’enflammer le conflit. Gilead devenait alors plus religieuse, mais aussi plus affaiblie, et les légendes autour de Can-‘Ka No Rey, du Sanctuaire, apparaissaient comme des fables elfiques, des contes mythologiques sans importance. Les Territoires Perdus étaient surtout le lieu où les Gillois bannissaient les criminels, de vastes terres sauvages hantées par les Orcs et par les monstres.

L’expédition fut organisée et planifiée sur plusieurs années par un conglomérat d’individus émanant principalement de Nexus et de Tekhos, sous la houlette de plusieurs barons gillois. Des individus qui, devant la hausse du phénomène religieux dans les royaumes humains (cf. chapitre #5), rêvaient d’un nouvel eldorado, un endroit où ils pourraient mener une vie plus paisible, plus apaisée, sans la menace de l’Inquisition et les risques de procès religieux finissant souvent de funeste manière.

Surtout, ce conglomérat regroupait des sorciers, des mages noirs, des nécromanciens, des individus dont les pratiques magiques leur valaient d’être chassés par les religieux. C’est pour cela qu’on les appela le « Conglomérat Noir », ou, plus simplement, les « Noirs ». Les Noirs avaient entendu parler des vielles légendes sur les Territoires Perdus, ils avaient retrouvé des documents et des archives historiques mentionnant l’époque où Gilead contrôlait ces régions. Les Noirs voulaient se développer là-bas, en paix, loin des fanatiques. Certes, les Orcs représentaient une menace, mais les Noirs avaient une réponse appropriée. Avec la magie noire, et l’aide de certaines familles démoniaques, ils pouvaient contrôler les Orcs, et même certains monstres. Évidemment, l’idée de s’allier avec des démons n’était pas sans poser quelques crispations, mais il s’agissait principalement d’incubes et de succubes, de démons prêts à renier leurs allégeances envers leurs Grands-Princes pour mener une vie plus intéressante que dans les cendres infernales.

C’est ainsi que les Noirs préparèrent la Colonisation, un terme désignant leur campagne. Les autorités gilloises entendirent bien évidemment parler du Conglomérat, de son développement, et en vinrent à les voir comme des rebelles, des hérétiques. Il y eut des frictions, des tensions, mais, finalement, la Colonisation eut lieu. Les colons se regroupèrent dans une ancienne forteresse gilloise, Brennenburg, et rejoignirent ensuite la Frontière, en passant par des forts affaiblis et mal défendus, et filèrent ensuite dans les Territoires Perdus.

Les Noirs cherchaient un endroit très particulier, situé loin à l’ouest. Ce n’était pas le Sanctuaire, qui était trop dangereux, mais un grand désert situé avant. Un désert assez aride, sauvage et dangereux, mais qui abritait un épais potentiel magique. C’est là que les Noirs fondèrent Ashnard. Le Conglomérat Noir organisa en effet un vaste rituel visant à invoquer les démons cherchant à les rejoindre. Cette cérémonie fondatrice fut un franc succès, d’autant que l’exode avait été éreintant. Beaucoup de colons avaient été tués, et, les jours précédent la Cérémonie, les assauts des Orcs et des monstres étaient de plus en plus nombreux. Les camps de fortune des colons peinaient à tenir. Les démons arrivèrent alors, et parvinrent à les repousser. La parole donnée fut tenue. Les Anges, qui suivirent depuis leurs tours d’argile ce rituel, choisirent de ne pas intervenir, en ayant conscience que, dès lors que les démons avaient été invoqués par les humains, et qu’ils ne cherchaient pas à faire venir des Légions, il n’y avait pas là casus belli.

Les démons invoqués et les humains présents s’allièrent donc pour former une ville, et pour construire leur utopie libérale, loin de l’influence de la religion. L’Empire d’Ashnard était né, mais il mit bien des siècles à se développer et à prospérer. Les Ashnardiens reprirent quantité de forteresses abandonnées, et construisirent également des villes et des forts impressionnants. Un développement militariste nécessaire pour lutter contre les hordes de Barbares, d’Orcs, les clans et les tribus sauvages de cette partie de Terra. L’Empire continua à s’étendre, et parvint même à récupérer le Château Discordia et le Sanctuaire, dont les terres furent confiées au clan Aballah. Au bout de plusieurs siècles, l’Empire avait finalement réussi à récupérer le contrôle des Territoires Perdus, et se heurta pour la première fois à Gilead, en reprenant, les unes après les autres, les châteaux-forts à la frontière.

De cette manière, l’Empire se fit connaître auprès des autres grandes puissances terranes, remettant à plat l’échiquier mondial.
« Modifié: jeudi 24 mai 2018, 00:20:40 par Princesse Alice Korvander »

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : [Saga De La Tour Sombre] Historique

Réponse 4 mercredi 01 août 2018, 02:16:49

CHAPITRE 5
LA CROIX ET LA ROSE


Ce chapitre est inspiré du complément de script officiel sur l’Ordre Immaculé. Il le complète sensiblement à partir des éléments figurant dans les précédents chapitres, mais ne présente pas, sauf erreur de ma part, d’incohérences.

Lorsque la civilisation humaine s’imposa et se développa à travers Terra par le biais de Gilead, puis de Nexus et de Tekhos, la religion évolua également. Un lent glissement imposé par la doctrine gilloise afin d’aller de religions polythéistes vénérant différents panthéons à l’idée d’un Dieu unique, omnipotent, un Tout-Puissant qui dominerait tous les autres Dieux : Dei. Dei, le Dieu unique, Dei, personnifiée dans une tour sombre. Au début, quand Gilead avait encore accès à Can-‘Ka No Rey, beaucoup de pèlerinages avaient lieu, justement, vers le Sanctuaire, afin de rendre hommage à la Tour, qui abritait en son sein l’énergie spirituelle du Créateur, du Tout-Puissant, le Dieu unique qui avait permis de défaire les Grands Anciens, en fédérant tous ses enfants, les différents Dieux, autour de lui.

Après tout, que serait un bon mythe sans une histoire pour aller avec ? La Guerre des Grands Anciens devint le récit fondateur d’une nouvelle religion reposant sur Dei, une religion qui fut à l’origine partagée avec les elfes, et devint la religion officielle de Gilead, car elle permettait d’asseoir l’autorité des gouvernants, en faisant d’eux les lieutenants de Dei, habilités ainsi à régenter tous les autres panthéons. Une image sacrée qui fut encouragée et développée considérablement par les Deschain, qui sanctifièrent et sacralisèrent les pistoleros.

La religion de Dei est fondée autour d’une mission simple, un ordre clair et universel : défendre Terra, défendre la civilisation contre la barbarie, la sauvagerie, et protéger Dei, jusqu’à l’inévitable retour des Grands Anciens. Originaire de Can-‘Ka No Rey, la religion de Dei avait comme symbole originel la rose rouge du Sanctuaire, mais, à travers les siècles, avec la capture de Can-‘Ka No Rey et du Eld’s Rest, ce symbole s’est perdu, de même que les récits originaires. Aujourd’hui, peu de gens s’intéressent d’ailleurs aux mythes fondateurs.

L’Ordre Immaculé est l’ordre religieux né à partir de la religion de la Rose. L’Ordre est aujourd’hui la religion la plus puissante de Terra, disposant d’édifices religieux sur une majeure partie de Terra, de multiples ordres, et d’une influence qui surclasse la grande majorité des États. Mais, au-delà de ça, l’Ordre Immaculé est surtout le dernier représentant de l’histoire de Gilead, puisqu’il en abrite les textes fondateurs et en a conservé, dans certains cercles, sa mission d’origine : protéger Dei.


I/ LE MYTHE FONDATEUR


Maturin
Le mythe fondateur de l’Ordre Immaculé est en réalité assez proche de la vérité. Ce mythe raconte la Genèse de Terra, période pendant laquelle le monde était plongé dans le chaos, déchiré par les guerres entre les anciennes civilisations que furent les elfes et les nains. Les humains étaient alors dépeints comme des sauvages incultes. Dans le mythe fondateur de l’Ordre Immaculé, il existe bien des humains créateurs, un « Adam » et une « Ève ». Dans ce mythe, toutefois, ce n’est pas la « Ève » qui provoque la chute du Jardin d’Éden, mais une erreur mutuelle des deux. Privés de la lumière de Dei, les humains furent relâchés sur Terra, où ils succombèrent à la malice et à la corruption des Grands Anciens.

Le mythe évoque donc les Grands Anciens, la corruption des humains, jusqu’à ce que Dei ne désigne un élu pour protéger les humains contre les monstres. Le mythe insiste ainsi sur les méfaits de la division entre les différents panthéons, mais aussi entre les espèces. C’est un mythe visant à l’unification, à l’harmonie, mais aussi à la tempérance sur soi, à la discipline, car le mythe explique que la corruption impacte les esprits faibles, et qu’Arthur Eld y résista grâce à sa détermination hors pair, et à l’énergie de Dei. Pour le reste, le mythe reprend plus ou moins fidèlement l’Histoire, en insistant sur le fait que c’est Arthur, un humain, qui parvint à triompher des ennemis, et sur la nécessité de protéger Dei.

Surtout, le mythe, ou, plutôt, certaines versions du mythe, évoquent aussi le rôle de Maturin, la Tortue protectrice, le guide et le mentor d’Arthur, sur la carapace de laquelle est juchée Dei. Mais toutes les versions n’évoquent pas le rôle central de la Tortue.


Le premier symbole de la religion de l’Ordre : la rose de Can-‘Ka No Rey

À travers les siècles, et surtout après la destruction de Gilead, le mythe fondateur s’est peu à peu perdu. Il n’y est resté qu’une version pure, faisant parfois référence aux Grands Anciens, et insistant sur le rôle des humains dans la défense de la civilisation terrane contre les menaces surnaturelles de la planète.

Seul le Saint-Siège abrite des textes authentiques du mythe fondateur. Ceux entreposés à Gilead ont été détruits lors de la chute du royaume, et, de la même manière, ceux présents à Nexus ont disparu.

Indéniablement, la philosophie religieuse de l’Ordre Immaculé a été touchée par le Grand Conflit, où l’Ordre se rapprocha des Anges, et diabolisa les démons. C’est également suite au Grand Conflit que le symbole officiel de l’Ordre devint, non plus uniquement la rose, mais aussi une croix. Une origine liée à une pratique qu’on retrouve également dans le christianisme, celle du tav, la dernière lettre d’anciens alphabets, une lettre qui serait le signe de Dei, ou, selon d’autres traductions, le signe de la Tortue. Toujours est-il que le tav est représenté sous la forme d’une croix. Ce symbole, qui se retrouve donc dans le christianisme, illustre aussi, à sa manière, les liens profonds existant entre Terra, la patrie de Dei, et La Terre, la patrie de Maturin.


II/ L’ALLIANCE DU SABRE ET DU GOUPILLON

La religion de l’Ordre devint très rapidement la religion d’État de Gilead. Elle était le parfait moyen de développer l’histoire de Gilead, et fut donc répandue d’un bout à l’autre du monde, puisque, à cette époque, Gilead était un royaume gigantesque. Arthur l’Aîné n’était pas particulièrement favorable à l’idée de manipuler les masses à travers la religion, mais l’Aîné savait aussi le poids des Dieux et de la religion. Il savait que, après la guerre contre les Grands Anciens, les panthéons se diviseraient encore, et, connaissant l’Histoire, l’Aîné savait que les guerres de religions, les conflits entre panthéons, avaient ravagé le monde. Il imposa donc une religion monothéiste qui affaiblirait nécessairement les différents panthéons. Ceux-ci, déjà très affaiblis après la guerre contre les Grands Anciens, furent contraints d’obéir, et de permettre le développement d’une religion unificatrice dont le but politique et social était d’unifier différentes races autour de valeurs communes.

L’Ordre se développa donc dès le début comme une réponse à l’anarchie. L’idée initiale n’était pas de forcer la religion. Personne ne songeait à remettre en cause l’existence de Dei, du Dieu unique, mais, avec l’écoulement des siècles, la ferveur religieuse évolua. Soit elle s’atténua, soit elle s’aggrava pour virer au fanatisme. Gilead connut ainsi des périodes religieuses confuses, marquées par des zélotes qui multiplièrent les bûchers, et développèrent l’Inquisition.

Cette religion prospéra essentiellement à Nexus, mais aussi à Tekhos. Toutefois, elle connut un développement plus accru à Nexus, royaume essentiellement habité d’elfes, car elle permettait d’unifier elfes et humains, les elfes étant par nature un peuple plus porté sur le spiritualisme que les nains, bien plus matérialistes et pragmatiques. C’est d’ailleurs pour cette raison que, à Tekhos, la religion de l’Ordre ne prit guère, car les nains étaient davantage intéressés par des pièces d’or trébuchantes que par la sauvegarde leurs âmes. Quand le Triumvirat fut aboli à Nexus, et que la monarchie des Ivory fut instaurée, l’Ordre devint rapidement une religion d’État.

Petit à petit, l’Ordre apparut comme une religion pro-humaine, et les elfes restés dans les royaumes humains, ceux qu’on surnommait les « Bas-Elfes », en vinrent à détester cette religion. De la même manière, les groupes révolutionnaires et rebelles luttant contre les systèmes monarchiques s’en prennent à l’Ordre.

Il est difficile de dater le moment précis où la religion de l’Ordre devint « Ordre Immaculé ». Il s’agit d’un glissement progressif, mais la dénomination fut adoptée officiellement après la chute de Gilead, dans un espoir pieux et vain de conserver l’espoir dans le cœur des gens. L’Ordre Immaculé ne s’est jamais véritablement implantée sur Ashnard, car, après la chute de Gilead, il regroupa ses forces sur Nexus et les royaumes environnants, devenant, de fait, une religion honnie par les Ashnardiens… Et ce d’autant que les origines troubles d’Ashnard en font un ennemi naturel de l’Ordre.

Aujourd’hui, l’Ordre Immaculé est toujours la religion d’État de Nexus, mais, après la chute de Gilead, dispose de ses propres États Pontificaux, près de Nexus : le Saint-Siège. C’est ici qu’on y trouve le siège de l’Ordre Immaculé, la Sainte-Basilique, les immenses châteaux abritant les puissants ordres de paladins, le Siège Inquisitorial, les Tombeaux Papaux… Une région très puissante et bénie.


III/ L’HÉRITIER SPIRITUEL DE GILEAD

Même avant le Génocide, quand Gilead commença à péricliter, l’Ordre Immaculé prospéra en reprenant sa doctrine : defender Terra. Défendre les habitants contre les menaces surnaturelles, les monstres et les créatures malfaisantes. C’est ainsi que l’Ordre développa bon nombre de chapitres chevaleresques, de paladins, mais surtout d’églises. Des églises installées dans des endroits particuliers, souvent sur des sites magiques, afin de diffuser une aura protectrice permettant de repousser les monstres.

Toutefois, au cours des siècles, il arrive que certains de ces sites se soient épuisés, ou que les constructions de nouveaux villages ne se fassent pas sur des sites magiques. La philosophie de Gilead était de construire une commune par église. L’église devait donc être au centre de la commune, et, plus cette dernière se développait, et plus il était nécessaire d’installer d’autres églises. Faute de site magique, les prêtres utilisaient des rituels magiques pour les bénir et les sanctifier. L’eau bénite était ainsi dotée de propriétés magiques certaines.

Las, l’effondrement progressif de Gilead, le développement de l’Inquisition, de mouvements de zélotes, atténua petit à petit la mission protectrice et éducatrice de l’Ordre Immaculé. Il arrive maintenant de plus en plus fréquemment que les églises soient souillées, ou que les villes soient abandonnées du fait des attaques de monstres.

Surtout, la destruction de Gilead a profondément endommagé les églises en brisant leur aura magique. Depuis lors, les églises exercent souvent une influence résiduelle, psychologique, mais la magie pulse encore en ces lieux. La foi reste après tout le plus puissant des vecteurs, mais, quoi qu’il en soit, l’Ordre Immaculé apparaît aujourd’hui comme une institution archaïque, dépassée, un colosse n’ayant plus les moyens de diriger un tel empire.


IV/ LES PETITES-SOEURS DE LA ROSE

« Si l’âme est un lit de belles roses rouges,
Alors les Petites Sœurs en sont les jardinières
»
(Ancien proverbe gillois)


Le couvent des Petites-Sœurs de la Rose


La Grande Sœur Fondatrice
Cette présentation ne saurait se terminer sans évoquer l’un des chapitres les plus anciens et les plus représentatifs de l’Ordre Immaculé : les Petites-Sœurs de la Rose. Il se pourrait d’ailleurs bien, à bien y réfléchir, que ce chapitre représente le premier chapitre ayant jamais vu le jour au sein de l’Ordre. Les Sœurs de la Rose furent pendant des siècles des femmes respectées et bénies du monde entier, pleinement dévouées à une cause sacrée : la guérison des malades, des blessés de guerre, des maudits et des victimes de guerre. Partout où la guerre traçait son sillage, les camps médicaux des Sœurs se dressaient, avec leurs lots de sages-femmes, de guérisseuses à l’âme pure et chevaleresque. Point de guerrières parmi elles, mais des guérisseuses aimantes et dévouées. Le fait de les attaquer était considéré alors par Gilead comme l’un des plus graves crimes qui soit.

Après la guerre contre les Grands Anciens, Terra était en ruines, ravagée par la corruption purulente et vive des colosses cosmiques. Les Sœurs aidèrent à purger les veines du monde de ce cancer noirâtre, et gagnèrent ainsi en influence, rendant populaires cette religion, en pratiquant des sorts de soin d’une intensité inégalable, sans rien exiger en retour. Point d’adoration, point de richesse à fournir, les Sœurs ne vivaient que du mécénat de Gilead et des donations.

Les Sœurs étaient formées dans des couvents dont le plus important fut implanté au nord de Gilead, dans la future Tekhos, par la Grande Sœur en personne. Ce fut elle qui développa ce couvent en posant dans ce dernier une rose très particulière, une rose rouge émanant de Can-‘Ka No Rey. Les Sœurs maîtrisaient des techniques médicinales uniques au monde, utilisant les roses rouges du Sanctuaire pour soigner n’importe quel mal. La rose rouge du Couvent de la Rose se développa d’ailleurs dans le jardin, qui ne devint plus qu’un jardin de roses rouges.

Bon nombre de Sœurs furent canonisées, leurs dépouilles conservées dans les Tombeaux Papaux du Saint-Siège. La Grande Sœur Fondatrice fit ensuite de nombreux pèlerinages pour fonder d’autres couvents, en y installant à chaque fois une rose rouge ramassée du Sanctuaire. Ces roses étaient mortelles, car leurs épines pouvaient vous tuer, mais la Fondatrice semblait y être totalement insensible. Nul ne sait combien de roses celle-ci parvint à extraire, sauf peut-être les Grands Cardinaux du Saint-Siège…

Là encore, le temps affaiblit considérablement les Petites-Sœurs. Devenant plus important, avec davantage de couvents, le chapitre se divisa en sous-chapitres, dont certains sombrèrent dans le fanatisme, devenant des zélotes intransigeantes, tandis que beaucoup de couvents furent dévastés par les pillards et par les guerres, lorsque les chevaliers et les pistoleros de Gilead ne furent plus là pour les protéger. D’autres se muèrent en ordres chevaleresques n’ayant dès lors plus rien à voir avec les Sœurs originelles.

Finalement, le Couvent de la Rose de Tekhos est le seul couvent encore intact. Malgré le développement de la technologie dans cet État, le couvent a su garder son architecture ancestrale, et, surtout, son étonnant et fascinant jardin de roses rouges.


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