Vous prendrez un dessert ? [Ruatonim Ercassam]

L’auberge de l’Etalon d’Argent. Il s’agissait d’une bâtisse assez modeste dans les contrée du Chaos, à mi-chemin entre les deux grande capitale et étant un endroit parfait pour faire une halte pendant un long voyage.  Il n’y avait pas autant de confort que ce que pouvait offrir nexus ou Ashnard, mais le village où il était situé avait de quoi être autonome, que cela soit les champs  ou les animaux élevé pour permettre à l’auberge de tourner sans arrêt. L’Etalon d’Argent était l’endroit névralgique du village, l’argent qui en découlait permettant de faire vivre les habitant les nuits d’hivers les plus rudes et la famille qui gérait cette auberge n’était pas radin pour un sous, sans parler de Flora, une charmante serveuse qui donnait une beauté supplémentaire au lieu. 

Malgré ses dix-neuf ans, elle n’avait jamais consommé avec un homme, les prétendants étaient nombreux et Flora était clairement le genre de femme indécise, qui ne pouvait dire clairement oui à une personne, ne faisant qu’augmenter le nombre de personne voulant faire d’elle sa femme, incluant de bon parti.  La serveuse n’avait des fois pas sa langue dans sa poche, venant à dire tout haut ce qu’elle pensait, pouvant des fois amener des situations délicates. Heureusement, elle a vite apprit à préférer sceller ses lèvres que de les bouger pour ne rien dire d’intéressant, même s’il suffit d’un sujet palpitant pour attirer son attention et se retrouver avec une femme très curieuse, ne se lassant jamais d’entendre les exploits des aventuriers ou encore comment un terranide à sauver une sirène d’une noyade.  Oui Flora n’est pas forcément une lumière, mais c’est ce qui rajoute à son charme. 

Elle n’en reste pas moins une serveuse de qualité, pouvant faire abstraction, après quelques échange, de la race des clients, que cela soit un loup-garou demandant une énorme tranche de viande saignante ou alors un terranide herbivore demandant une montagne de légume. Le fait de pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert, ne rend que ses interactions plus vraie et apaisante, surtout envers les créatures victimes d’une mauvaise réputation ou persécutée.

Grâce à Flora, l’auberge jouit d’une clientèle assez régulière. La serveuse n’a jamais envisagé de quitter cette auberge, qui est comme une seconde maison pour elle et se plaisant à entendre mille et une légende de la bouche des personnes, frissonnant encore de celle parlant de village sous le contrôle d’une femme araignée ou encore de cette forêt hanté par un esprit des bois maléfique.

Cette soirée était tout à fait classique pour Flora, les tables étaient pour la plupart prise, n’ayant que trois qui étaient disponible, une proche de l’escalier montant aux chambres, toutes libre, une autre se trouvait au fond de la pièce, dans l’obscurité, la dernière était proche du comptoir de l’aubergiste. La serveuse n’avait clairement pas le temps de se reposer, la foule étant constituée de quelques soldats faisant une halte, d’habitué et d’une troupe de saltimbanque souhaitant demain faire un grand spectacle dans le village pour l’accueil de Flora qui méritait une petite prestation.

La jeune femme était très soucieuse que chaque client puisse se sentir comme chez soi, mais restait tout de même attentive à la consommation d’alcool, histoire d’éviter une bagarre, usant de son visage d’ange pour les aiguiller vers des boissons plus diluées ou des consommations plus saines. 

La vie du point de vue d’un minotaure vivant dans les grottes des landes dévastées était assez répétitive, rare étaient les personnes croisant la bête à le considérer comme un allié surtout s’il s’agissait d’humain. La première vision que la majeure partie des gens avait de Ruatonim était l’imposante masse de deux mètre et demi armée d’une hache presque aussi grosse et qui n’avait rien de franchement amical, la dernière vision étant d’ailleurs souvent cette même hache venant frapper sa victime. Le minotaure était un véritable monstre et ses interactions avec les autres se résumaient le plus souvent par meurtre et viol, mettre un pied sur son territoire n’était pas très bon signe.

Cependant, malgré sa capacité à sociabiliser proche du néant il arrivait parfois au minotaure de retourner à la civilisation que ce soit en ville ou dans de petits villages, il essayait de retenir ses envies pendant ces cours laps de temps mais rien n’y faisait et il craquait souvent et on retrouvait des cadavres mutilés à coup de hache et de pauvres demoiselles en pleure sur son chemin. Aujourd’hui était d’ailleurs un des rares jours où Ruatonim quittait son territoire pour retourner dans le monde de la civilisation, au soir venu il était arrivé à une auberge dans laquelle il avait l’habitude de passer quand il voyageait : l’Etalon d’Argent.

Son entrée ne fut pas des plus discrète, un être aussi imposant armé jusqu’au dent et à l’odeur aussi forte ne pouvait qu’attirer les regards mais on ne l’observait généralement pas trop longtemps, les rumeurs sur sa violence n’était pas toutes fausses. Il traversa donc la pièce pour rejoindre la table libre dans le fond, chacun de ses pas faisait trembler et craquer le bois du sol et il s’assit tranquillement en attendant qu’on le serve. Il aimait bien la petite serveuse de l’endroit, il la trouvait mignonne malgré qu’elle soit humaine et elle ne faisait pas d’histoire, il lui commandait toujours la même chose : un sanglier rôti entier, il n’avait même plus besoin de demander quand c’était la jolie serveuse au cheveux bleu qui était là.

Il la suivant tout de même du regard pour voir ce qu’elle faisait, il n’avait que rarement l’occasion d’observer de ravissante demoiselle ainsi, il ne leur laissait souvent pas le temps. Il n’avait pas encore toucher à la demoiselle et essayait de ne pas succomber à ses pulsions, si cela devait se faire, il n’avait pas envie que ce soit avec violence et brutalité comme il le faisait avec les autres.

Flora gardait le sourire en voyant le minotaure entrer dans l’auberge. Elle se souvenait de la première fois qu’il était entré, sa réputation l’avait précédé et il fallait dire que c’était certainement l’être le plus intimidant qu’elle avait croisée, même encore maintenant, les terranide-lézard, réputés pour leurs sangs chauds faisant bien pâle figure face à lui.  Elle se mit immédiatement à aller en cuisine pour demander le sanglier rôti entier, Flora n’ayant pas besoin de demander le plat, sachant que la réponse n’avait jamais changé depuis son premier passage et que cela ne risquait pas de changer de sitôt. Flora aurait certainement été la première à s’inquiéter de Ruatonim s’il y avait un changement dans la commande. 

Elle entendit le cuisinier se mettre  grogner un peu, disant qu’elle pourrait revenir d’ici une vingtaine de minutes. Le cuistot était un manieur de flamme assez doué, pouvant cuire rapidement de la nourriture et s’il avait poussé un grognement c’était qu’il savait que le minotaure était dans la salle, n’aimant pas l’idée qu’un géant comme ça soit dans la salle, surtout avec son arme qui pouvait balayer quelques tables en tendant un peu le bras.  L’aubergiste quant à lui avait fait signe l’être mi-taureau, sachant que de toute manière il n’avait que sa politesse contre cet amas de muscle. 

La serveuse se mit à préparer un petit bol et une boisson légère et revigorante, avant de se diriger vers Ruatonim. Elle n’était pas spécialement dérangée par l’odeur viril de la créature, étant habituée à ce que ce client particulier soit ainsi. Elle retenait toujours un commentaire, que l’odeur du minotaure la faisait rappeler celle des bêtes dans la ferme de sa famille. Elle se doutait qu’être comparé à un animal de la ferme serait mal prit.  Elle approchait sans crainte et se vint à déposer le bol contenant quelques amuse-gueules, ainsi que la boisson.

- Votre plat sera prêt d’ici vingt minutes, voici de quoi occuper votre faim le temps que le plat principal arrive.

Elle continuait d’observer Ruatonim dans les yeux, les siens, de couleur émeraude, brillant d’une grande bienveillance à son écart. Flora était toujours contente de le voir, avec lui dans l’auberge il n’y aurait pas de prétendant qui allait faire un spectacle pour demander sa main, ce qui promettait donc à Flora une soirée assez calme. 

- Si vous désirez autre chose, n’hésitez pas à m’appeler. 

Bien que les auberges et autres taverne du genre aient l’habitude d’accueillir des aventuriers qui voyageaient pour la plupart avec tout un attirail d’arme, aucun ne suscitait autant de crainte que la bête sanguinaire qu’étais le minotaure. Il fallait dire que sa hache pouvait facilement balayer une dizaine d’homme sans souci et qu’il n’était pas connu pour sa très grande maîtrise de lui même s’il n’avait jamais fait de problème à l’Étalon d’Argent c’était tout de même légitime de craindre un client comme celui-ci. Surtout que Ruatonim n’était pas des plus aimable avec les humains et que leur compagnie n’était pas quelque chose qu’il appréciait, il faisait cependant avec quand il le fallait.

Le plat que commandait cette force de la nature n’était pas quelque chose de rapide à préparer, un sanglier entier, il fallait du temps pour le rôtir mais il n’était pas pressé et plus il venait moins il devait attendre pour être servi, sans doute que le cuisinier avait appris à cuir ce genre de plat plus rapidement ou n’avait-il pas envie qu’une brute comme ça reste trop longtemps dans les lieux ou les deux à la fois. Cela étant dit, Ruatonim ne s’intéressait pas au cuisinier mais plutôt à la serveuse, la vie du minotaure était assez simple, il se battait, il s’accouplait de manière plus ou moins consenti pour la femelle et il mangeait. Aussi fou cela puisse paraître, il y avait bien des femelles ayant des rapports consentis avec cette créature, cela ne changeait pas grand-chose à la manière de faire du mâle mais c’était tout de même plus plaisant.

Bien que le sexe soit une grande partie de la vie du minotaure, on ne pouvait pas vraiment le qualifier de pervers ou d’obsédé, il n’agissait que par pur instinct primaire animal qu’il contrôlait plus ou moins et il se fichait bien de l’avis de la femelle qu’il choisissait, la plupart du temps. Et lorsqu’il regardait la serveuse de l’auberge qui semblait si chaleureuse, il ne fallait pas longtemps pour lui donner envie de s’accoupler avec. Il esquissait ce qui pouvait s’approcher le plus d’un sourire lorsque cette dernière le regardait dans les yeux en lui apportant de quoi s’ouvrir l’appétit.

Ruatonim ne s’encombrait pas de couverts, de toute façon il n’y en avait pas à sa taille qu’il puisse utiliser sans les casser entre ses doigts, il plongeait donc ses doigts dans les plat pour attraper la nourriture et manger, sa fourrure étant la serviette qu’il utilisait pour se nettoyer les mains. Il regardait Flora en soufflant par le nez :

« Viens t’asseoir sur mes genoux et raconte moi ce qu’il se passe depuis la dernière fois. »

Qu’elle ait d’autres clients à servir, il s’en fichait et il avait envie de la prendre sur lui et d’écouter ce qu’elle avait à dire, et puis personne n’irait lui dire quelque chose si elle s’exécutait pour lui faire plaisir, une serveuse en moins pour des clients pour la plupart déjà servi n’était pas grand-chose comparer aux dégâts qu’il pouvait faire s’il n’était pas satisfait.

Si quelques personnes regardaient tout de même le minotaure, retenant un commentaire sur sa façon de manger, Flora, elle, ne jugeait pas la façon de faire de Ruatonim, se doutant qu’il était plus facile pour lui  de manger ainsi. Elle avait appris à lire sur le visage, comprenant que la créature essayait d’avoir un sourire, faisant très plaisir à la serveuse, qui aimait voir ce client particulier tenter de se montrer calme et contraire à ce que l’on disait de lui.  Elle ne fit aucune remarque non plus sur le fait que le minotaure s’essuie à sa manière.

La demande ne surprit même pas la demoiselle, qui n’avait plus personne à servir, tout le monde avait sa nourriture, sa boisson et elle ne désirait pas que le minotaure s’énerve, sachant tout de même qu’une telle masse de muscles pouvait quand même faire des ravage dans un endroit aussi petit que cette auberge. Elle vint donc à s’avancer un peu plus vers lui. 

- Comme il vous plaira.

Avec beaucoup de délicatesse, elle vint à s’asseoir sur les genoux de Ruatonim, ses pieds ne touchant le sol que si elle se mettait sur la pointe des pieds, accentuant la taille du minotaure comparé à la serveuse, qui faisait un peu petite, mais cette dernière ne semblait nullement inquiète d’être sur les genoux d’un géant.

- Il s’est passé beaucoup de chose depuis votre dernière visite …

S’en suivit un long monologue où la charmante femme parlait de l’évolution de l’auberge, du village qui se modernisait, la mort du chef du village ou encore des léger soucis qu’elle avait avec quelques prétendants un peu belliqueux.

- Mais n’allez pas résoudre ce problème vous-même. Ils ne sont pas méchant pour un sous, juste un peu idiot des fois.

Flora ne désirait pas être à l’origine d’un affrontement entre des prétendant et le minotaure, sachant d’avance qui allait gagner, car aucun n’étaient magicien et leurs maniement des armes n’aurait pas suffi à mettre en difficulté la créature.

- Et vous, vous avez vu de nouvelles choses ? 

La serveuse aimait aussi entendre le récits des clients. 

Ruatonim ne faisait pas attention aux regards de ceux assez fou pour la dévisager et il laissa la jolie serveuse monter sur ses genoux comme il lui avait demander, il y avait un si grand écart de taille entre eux que même à cette position elle n’avait la tête qu’à hauteur de torse de la créature. Au moins, en étant aussi proche du minotaure elle ne risquait pas de se faire importuner, c’était un protecteur de choix qu’elle avait pour l’occasion. Il posa un bras sur ses jambes pour la recouvrir et continua de manger d’une main, il ne posait pas sa main sur sa robe pour ne pas la salir.

Il mangeait en l’écoutant parler en lui tendant de temps à autre de petits morceaux de viande au cas où elle veuille manger un peu, on pouvait se demander s’il prêtait bien attention au récit de la demoiselle mais il était bien attentif. Il aimait bien l’écouter parler, elle avait une jolie voix et il souffla par les naseaux lorsqu’elle parla de prétendants belliqueux, c’était quelque peu étrange de le voir réagir ainsi lorsque l’on connaissait son passif mais la serveuse ne le connaissait pas ou du moins sans doute pas la partie où il était question d’autre femelle, elle le rassura cependant en lui demandant de ne pas intervenir pour ne pas faire de problème. Ça lui faisait tout de même plaisir que cette jeune fille refuse les avances d’autres hommes, Ruatonim n’en restait pas moins un mâle lui aussi et pouvait tenter sa chance.

Il continua donc de l’écouter jusqu’à ce qu’elle ait fini et qu’elle lui retourne la demande pour qu’il parle de ce que lui avait fait depuis la dernière fois. Ce n’était pas vraiment le genre de chose que l’on racontait à une jeune fille ni dans une auberge rempli de monde :

« Oh, eh bien moi c’est toujours à peu près pareil tu sais. Je vais à la ville chercher des missions de prime, je trouve la cible et je la ramène pour toucher ma récompense et sinon c’est la routine journalière. »

Il raconta quelques rencontres avec des créatures qu’on ne rencontrait que dans les landes dévastées, il passa en revu quelque beau combat mais ne parla pas des choses plus sales qu’il pouvait faire. Il ne savait pas vraiment si ce genre de récit plaisait à la demoiselle, des récit d’aventurier racontant leur périple héroïque et leurs combats mémorables, ce n’est pas ce qui manquait dans les auberges même si Ruatonim n’était absolument ps un héros et que ces actes n’avait rien de mémorables dans le bon sens du terme.

Quand il eut fini une bonne partie de son assiette et son récit il baissa la tête pour regarder la demoiselle et lui passa un doigt sur al joue pour la caresser doucement :

« Et donc comme ça une aussi jolie demoiselle refuse les avances des autres garçons du villages ? C’est étonnant, la plupart des jeunes filles que je croise dans les auberges sont plutôt contente de parler de leur beau mariage. Peut être as-tu envie de quelqu’un de plus exotique, de plus vaillant. »

Il sourit un peu en essayant de dire ça sur la blague même s’il était tout de même à moitié sérieux :

« Et pourquoi pas un gros minotaure pour te protéger et te faire voyager ? »

Même si elle recevait ce genre de demande à longueur de journée, c’était sans doute la premier fois que c’était un mastodonte tel que lui qui le faisait.

Flora écoutant les récits du minotaure, étant suspendue aux lèvres de la créature, venant à parler des fameuses créatures des landes dévastées, ne pouvant qu’avoir un frisson en s’imaginant face à ses monstres qui ne feraient qu’une bouchée d’elle. Elle se faisait une image un peu biaisé du minotaure. Il était certains que si la créature disait qu’il avait violé des femmes, elle serait devenue un peu plus distante  son égard. Elle avait beau être gentille et compréhensible, elle avait tout de même une morale de paysanne tout à fait normale, elle n’était ni une fervente croyante, ni une femme avec une petite vertu. 

La serveuse ne bougea pas d’un pouce, alors que le doigt de Ruatonim venait caresser sa peau douce et lisse. S’en suivit des questions  et des sous-entendue qui fit rougir la demoiselle, elle prenait cela pour une petite boutade à son égard, preuve qu’elle ne pensait pas que dans les propos du client pouvait se cacher un désir.  Elle ne répondit pas, alors qu’elle entendit la créature venir à flatter son égo, elle montrait un visage timide, sa voix se voulant assez basse pour que seul le minotaure puisse entendre. 

- Serait-il juste d’accepter une demande et de faire du mal aux autres ? Je ne suis pas certaine de mes choix. Mes parents sont bien bons de me laisser choisir mon mari, même s’ils me poussent à choisir un bon parti, afin que notre famille puisse acquérir un titre de noblesse. Même avec mon travail, je n’ai pas les moyens de faire à don à l’Ordre immaculée, pour permettre au Seigneur de rompre un lien.  Aussi dois-je choisir mon mari avec justesse et je n’en suis pas capable.   

S’en suivit quelques seconde de silence.

- Cependant, votre demande, même si elle est simplement taquine, me fait chaud au cœur. Cependant, je ne pourrais vous payer comme il se doit, tout ce que je pourrais vous offrir c’est ma compagnie et mes quelques connaissance en cuisine, même si elle est bien moindre par rapport  celle du cuisinier.

Ruatonim continuait de montrer chaleureux avec la demoiselle, ses gestes se faisaient aussi doux qu’ils pouvaient l’être, il l’écoutait répondre à ses questions et se dévoiler un peu plus. Il n’était pas très réceptif à toutes ces conformités d’humains, la plupart des hommes ne se gênait pas pour aller voir ailleurs alors pourquoi les femmes devraient forcément choisir le bon mari, avoir leurs propres expériences. C’était facile de penser cela pour quelqu’un comme lui qui ne se souciait pas des bonnes mœurs, les femmes avec qui il avait des relations intimes de manière consenties n’étaient pas du genre à vouloir s’enchaîner à un homme en particulier, il était vrai aussi que c’étaient rarement des humaines.

La petite serveuse lui plaisait beaucoup et il avait bien envie de lui faire découvrir certaines choses qu’elle n’avait jamais connu puisqu’elle devait sans doute se conserver jusqu’au mariage comme il était coutume. Il trouvait cela dommage mais il continuait de tranquillement lui caresser la joue et les cheveux, il nota tout de même que ça demande n’était pas sujette à un refus catégorique et c’était peut être sa chance :

« Tu sais, je n’ai pas besoin de grand-chose, une compagnie et une jolie cuisinière me suffirait amplement. »

Il lui sourit gentiment et serra doucement son bras qui se trouvait sur ses jambes, la pressant donc un peu plus contre lui :

« Peut être que si tu n’arrives pas à te décider parmi les hommes de ton village c’est qu’au fond de toi tu as envie de quelque chose qu’aucun autre ne peut t’offrir. L’inconnu, l’aventure, une vie de surprise avec un homme puissant pouvant te protéger de tout. »

Il y allait un peu fort et s’engageait à beaucoup de chose mais en vérité ça ne le dérangeait pas non plus de l’emmener loin d’ici avec lui, il ne fallait pas s’attendre à une vie de palace mais il ne manquait de rien. Et puis avec une aussi jolie demoiselle comme Flora auprès de lui, il n’aurait pas à chercher de la femelle à culbuter pour assouvir ses envies quand ils en avaient.

Flora écoutait Ruatonim en venant à comprendre que le minotaure devait certainement être seul dans la vie, pour dire qu’il pouvait se contenter de peu, pouvant partiellement comprendre que bon nombre de femmes devaient fuir se mastodonte, qui avait pourtant un cœur et pas une attitude bestiale, comme l’on pourrait s’attendre d’un être ressemblant plus à une bête qu’à un humain.  Elle ne repoussait pas cette main qui se resserrait sur elle, pensant qu’il ne voulait pas qu’elle parte tout de suite, après sa demande. Flora se demandait si les quelques passage à l’auberge avait suffi à Ruatonim pour voir en cette humble serveuse, une personne proche d’une amie.

L’humaine savait pertinemment que les questions épineuses devaient être posées dans de bonne circonstance, histoire de ne pas l’énerver, non par peur pour elle, mais plus pour l’auberge, les autres clients pouvant attendre un mauvais geste de sa part pour sortir les armes et tenter de faire du steak ce soir, chose que Flora ne voulait pas que cela arrive.

Les propos qui suivirent ne furent pas sans effet sur Flora. Cette supposition venait faire cogiter le cerveau de la paysanne. L’explication de Ruatonim tenait la route en soit et la proposition de voyager avait ce petit effet sur la femme, qui aimerait certainement découvrir beaucoup de chose hors de son village, comme des paysage, d’autres villages ou encore voir en vrai ce que les aventuriers disaient. Elle n’était pas insensible à cette proposition, mais il restait tout de même quelques attaches à ce village. 

- Il est vrai que voyager et découvrir des choses chaque jours seraient une vie palpitante, devenant une sorte d’aventurière. Mais je risque d’être un poids pour cet homme puissant, ne maîtrisant aucune arme ou magie. J’ai tout juste des connaissances en herboristerie pour des soins mineurs et hormis servir les personnes ou nettoyer une auberge, je n’ai pas d’autres qualités.

Flora montrait une autre facette d’elle, cette d’une femme qui avait tendance à se sous-estimer. Elle venait d’une famille de paysan, certes, mais son travail à l’auberge avait forgé son esprit à bien mémoriser les choses, ainsi que travaillé son corps pour être endurant à l’effort. Sans parler de ses qualités d’empathies qui faisait d’elle une femme qui pouvait altérer légèrement l’esprit d’une personne.

La douceur n’était pas la caractéristique principal de la créature qu’était Ruatonim même si en faisant fi de son odeur et que l’on se frottait à sa fourrure on pouvait le considérer comme doux. Cependant, il savait un temps soi peu se montrer civiliser et prendre sur lui pour ne pas tout détruire sur son chemin, ça ne le dérangerait pas mais ce n’était pas le plus intelligent. Avec la jolie serveuse aux cheveux bleus, il se montrait relativement gentil mais il ne fallait pas être dupe, ce n’est pas parce qu’il avait craqué sur la serveuse qu’il était devenu plus calme, tout pouvait s’envoler en très peu de temps.

Le minotaure écoutait l’humaine répondre, plus elle passait  de temps sur lui, plus il l’appréciait et n’avait pas envie de la laisser partir mais il allait bientôt arriver à court d’argumentation pour la convaincre de se laisser séduire par le colosse qu’il était. Il baissa doucement la tête pour aller l’embrasser sur la joue, cela pouvait surprendre mais il espérait que ça l’aide à se détendre :

« Ne te sous-estime donc pas, jolie Flora, ta présence seule suffirait à égayer la vie dans les terres les plus reculés du monde. Tu serais une parfaite compagne de voyage, il suffit juste que tu crois que tu en as les moyens. »

Après la joue, il lui embrassa le cou avant de la prendre par les hanches et la soulever pour l’asseoir sur son épaule, il était si massif qu’elle n’avait pas de mal à se poser là et rit doucement :

« Regarde, tu n’aurais même pas à t’abîmer les pieds en marchand, je pourrais te porter et tu pourrais voir le monde d’un nouvel œil à cette hauteur. »

Il releva un peu la tête pour la regarder puisque désormais elle était plus haute que lui en étant sur son épaule et la regarda dans les yeux en esquissant un sourire.

La jeune serveuse se mit à rougir devant le baisé du minotaure, elle n’était pas vraiment habituée à ce genre de chose, sauf par les membres de sa famille. Elle ne repoussait pas ce geste pour autant, trouvant quand même que cela avait un certain charme pour un être aussi massif que le client. 

Flora fut grandement flattée par Ruatonim qui poussait la serveuse à être un peu plus confiante en elle-même. L’embrassade au niveau du cou la faisait tendrement frémir, cet endroit semblant très sensible à ce genre d’attention, les joues de la jolie humaine ne perdant pas de cette petite teinte, venant à pousser un petit cris de surprise en se voyant lever, comme si elle ne pesait rien et poser sur l’épaule de la créature. Heureusement le plafond était très haut et les jambes de Flora se mettait un peu à trembler, montrant qu’elle n’était pas très à l’aise en hauteur, simple peur ou léger vertige, elle ne pouvait pas le dire.

Elle baissait la tête pour regarder le minotaure, qui devait faire le geste opposé pour que les regards se croisent. Elle entendit le commentaire du client, venant à lui accorder un sourire. 

- Cela serait très pratique en effet, mais je serais certainement plus à l’aise de marcher. Je suis issue d’une famille de paysan, la marche et l’effort ne me font pas peur.  Je pense que les personnes se feraient moins d’idée si je marchais à vos côtés et non sur votre épaule.

Flora ne pouvait s’empêcher de resserrer un peu ses mains sur l’épaule de la créature, venant à pousser un petit rire nerveux. Elle se doutait que Ruanonim n’avait pas voulu la faire peur, qu’il s’agissait d’un geste attentionné pour montrer qu’il pouvait prendre soin d’elle et cela la touchait énormément.  Elle se rappelait d’un conte que sa mère racontait, parlant d’une bête recluse dans un énorme château et d’une femme, ce conte se nommait la Belle et la Bête, même si Flora ne se voyait pas spécialement belle. 

- Vous étiez sérieux dans votre demande pour me faire voyager ? 

Cette question n’était pas innocente, Flora voulait vraiment savoir. La plupart de ses prétendants n’avaient comme projet que de la garder sur leurs domaines, comme une princesse captive dans une tour, alors que le minotaure faisait miroiter la vie d’une aventurière. 

- Est-ce que vous pourriez me faire redescendre, s’il vous plait. Je me sens mieux les pieds sur la terre ferme. 

Toute personne connaissant Ruatonim n’aurait pas pu croire que c’était lui qui agissait comme s’il jouait avec la serveuse, il n’était d’habitude pas très enclin à la séduction fine. Flora ne se rendait pas compte à quel point Ruatonim faisait des efforts pour essayer de trouver de belles paroles et de gestes attentionnés afin de la séduire. Évidemment, il pensait tout ce qu’il disait et il serait ravi de la prendre avec lui et de la faire voyager mais il n’était pas quelqu’un de très recommandable la plupart du temps et même s’il pouvait sûrement se contrôler pour ne pas faire de mal à la demoiselle dans son quotidien, il restait un guerrier qui vivait pour tuer d’autres êtres vivants, coupable comme innocents.

Il la regardait toujours avec un regard assez tendre et protecteur, il la reprit pour la reposer sur ses genoux lorsqu’elle le lui demanda de la faire descendre. Il en profita pour répondre à sa question :

« Bien sûr que j’étais sérieux, je serais ravi que tu m’accompagne dans mes voyages. Ce n’est pas facile tous les jours et il ne faut pas être trop attaché à ton confort mais c’est une expérience de vie très enrichissante. Et puis avec moi, tu ne risque rien. »

Pour la dernière phrase, rien n’était moins sûr car il pouvait facilement péter un plomb mais cela arrivait tout de même assez rarement. Le minotaure souriait donc toujours à ‘humaine en la regardant dans les yeux pour essayer de la convaincre de ses bonnes attentions.

Il ne savait plus trop quoi ajouter pour la faire craquer, il n’allait tout de même pas lui parler de ses atouts sexuels, elle prendrait sûrement peur en le prenant juste pour un pervers. Évidemment, c’était une des raison pour laquelle, il avait envie de l’avoir pour elle mais ce n’était pas une façon de faire pour finir de la séduire alors qu’il était rester poli et relativement civilisée tout le long de leur discussion.

Flora bougeait légèrement sa tête, pour remercier le minotaure d’avoir accepté de la déposer au sol. Elle vint à tirer un peu sur sa robe afin d’éviter de faux pli, bien plus par automatisme que dans l’optique de laisser penser que la créature avait froissé sa tenue.  Elle écoutait attentivement les dires du minotaure, venant à comprendre que la demande était effectivement sérieuse et qu’il ne cachait rien sur le fait que vivre comme une aventurière ne serait pas une vie de princesse. Mais, contre cette vie modeste, elle pourrait avoir un enrichissement personnel, elle se mit à arborer un grand sourire. Elle allait répondre quand le cuisinier se mit à faire sonner une petite cloche, ce qui était le signe que le repas du minotaure était prêt.

- Je vous amène votre repas, j’arrive tout de suite.  

Elle marchait rapidement vers les cuisines. La demande de Ruatonim restait sa tête. Passer sa vie dans la taverne la tenait à cœur, mais découvrir ce que les aventuriers disaient était aussi une chose qui la faisait rêver. Cela cogitait dans sa petite tête, alors que le cuisinier la faisait reprendre ses esprits en constatant qu’elle était sur son petit nuage.   Saisissant le plat, elle l’emmenait à la table du minotaure, venant à cambrer le dos, pour contrer le poids de la victuaille.   Elle déposait cela sur la table de Ruatonim.

- Voilà votre plat.

Flora restait debout. Elle souhaitait attendre que Ruatonim ait fini son repas pour continuer la conversation et aussi pour faire part d’une décision qu’elle souhaitait prendre.

La discussion était intéressante mais finalement le cuisinier vint à la rescousse du minotaure qui ne savait plus quoi dire pour convaincre sa belle compagnie. Il en aurait presque oublier le pourquoi il était venu là mais la délicieuse odeur du sanglier rôti le lui rappela très vite. Un plat de fête d’ordinaire destiné à toute une tablée mais pour le coup c’était un homme seule qui allait engloutir cette quantité astronomique de viande. Il en bavait presque en voyant Flora revenir avec le plat et lui sourit de plus belle :

« Merci, jolie Flora. »

On aurait pu croire que le repas pouvait durer longtemps mais c’était sans compter les grosses part que Ruatonim prenait directement avec les doigts, déchirant la viande avec appétit. Flora étant rester debout à coté de lui, il découpa même de plus petit morceau en les mettant dans l’assiette qu’il n’utilisait pas pour les donner à la demoiselle. Il ne savait pas si elle avait faim mais comme on disait c’est l’intention qui compte.

Le minotaure se régalait, prenant ses aises et comme à son habitudes, il ne se gêner pas pour émettre des rôts sonores qui dégouttaient la plupart des autres clients mais qui voulait simplement dire qu’il appréciait le repas. Il ne fallu qu’un peu plus d’une dizaine de minute à la créature pour dévorer l’animal qui avait pris tant de temps à préparer. Il ne laissa absolument rien du succulent repas que le cuisinier avec confectionné, seul les os parfaitement nettoyés restaient sur le plat.

Il sourit de nouveau en regardant Flora :

« C’était bien bon. Merci pour ce délicieux sanglier rôti. »

Il se tapota légèrement le ventre en en profitant pour s’y essuyer les doigt. Il ne quittait toujours pas la jolie serveuse aux cheveux bleus des yeux.

Flora gardait ce petit sourire devant le remerciement, il était normal de servir les clients et elle riait intérieurement sur le fait que ce plat pour une famille ou une troupe, allait se faire dévorer par une seule personne, mais la taille du minotaure était proportionnelle à son appétit et elle savait que la nourriture ne serait pas gâchée.

Pour les rares personnes ayant vu Ruatonim  manger, ils n’étaient pas choqué, pour d’autres, il était l’incarnation même de la bête ou du barbare sans aucune éducation.  Flora continuait, entre temps à faire les quelques services qui venaient d’arriver, étant principalement de la boisson, venant à rester toujours aussi éclatante. Elle marchait avec une grande aisance, connaissant ce lieu sur le bout des doigts, elle aurait pu faire le service les yeux bandés, bon pas s’il y avait des personnes faisant des croc-jambes.  

Elle revint rapidement auprès du minotaure quand son plat était presque terminé, venant à entendre la créature se mettre à féliciter le plat. La serveuse prit le plat.

- Je vais vous débarrasser, je reviens rapidement.

Flora partie directement vers la cuisine, transmettant le message du minotaure au cuisinier, qui se mit à hausser des épaules. La serveuse savait que le cuistot ne voulait pas montrer qu’il était content que le plat ait plut, mais la jeune femme avait passé tellement de temps ici, qu’elle pouvait voir des choses invisible aux novices. Comme promis, elle revint, une fois le plat posé en cuisine. Elle se dirigeait vers le minotaure en demandant timidement.  

- Quand est-ce que vous allez revenir ?

Flora pouvait cacher difficilement que les propos précédent l’avaient marqué. Mais, pouvait-elle quitter sa famille  et son travail comme ça ? Il était certain que ses parents ne seraient certainement pas d’accord. Tout cela cogitait dans sa tête et elle se mit à secouer sa tête de gauche à droite.  Elle tremblait légèrement, se doutant qu’elle prenait un risque.

- Je pourrais vous accompagner dans vos aventures ?