Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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The Trail [PV]

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Princesse Alice Korvander

Humain(e)

The Trail [PV]

lundi 02 octobre 2017, 01:13:31





Prologue
Un village dans les colonies d’Ashnard


« Fuyez ! Fuyez, pauvres fous !
 -  Pitié, aidez-moi !!
 -  Aidez-moi ! »

Le village était en feu, chose d’autant plus invraisemblable qu’un hiver polaire s’était abattu sur ce dernier... Ce qui était encore plus invraisemblable, en sachant qu’on était sur la fin de l’été. Mais cette tempête n’était pas normale. Les chiens avaient été les premières à les sentir. Les bêtes étaient inhabituellement nerveuses cette nuit, mais rien, rien n’aurait pu les préparer à ça. Partout, c’était le chaos, la mort, des corps qui volaient dans les airs pour se fracasser sur le sol, des maisons qui s’enflammaient instantanément. Jonas Dorbruik n’avait tout simplement jamais vu ça. Il courait à toute allure, sans tenir compte des appels à l’aide. Ce soir-ci, il n’allait pas faire le mur, et, s’il avait été tenté d’aller voir comment Kate Mishang, la belle fille du meunier dont les gros seins le faisaient rêver, s’en sortait, voir les ailes du moulin tournoyer en flammes l’avait convaincu de fuir vers la forêt, de s’élancer vers les écuries.

De fait, Jonas n’avait jamais couru aussi vite de sa vie. Simple écuyer, il était un homme sans histoire, et clairement pas préparé pour ça. Il dévalait une ruelle, avançant vers une rue, et s’arrêta brusquement en voyant un groupe fuir. Il reconnut notamment Tom Brandebourg, solide maçon, qui avait réussi à retaper la porte principale du village ce printemps, après qu’elle se soit effondrée pendant l’hiver. Tom et sa glorieuse famille, comprenant cinq mouflards et sa femme. Ils se retournèrent brusquement en entendant un hurlement... Puis Jonas vit un vent glacial les frapper de plein fouet, les transformant instantanément en glaçons. Il s’arrêta sur place, se mettant à déglutir, et trébucha alors sur une flaque. Il tomba les fesses sur le sol, sans réaliser qu’il s’agissait de sa propre urine. Ses dents claquaient nerveusement entre elles, et il se retourna en entendant un grondement.

Du haut de cette ruelle descendante, une paire d’yeux rouges l’observaient, rouges comme le sang, une rangée de dents pointues apparaissant alors. Dieu seul sait ce qui a incité Jonas à filer sur la gauche, un ultime réflexe de survie. En tout cas, il fila dans une maison, dont la porte était entrouverte, et courut vers la fenêtre. Celle-ci donnait sur la grand-place du village, et son intention première était de filer par la fenêtre... Mais il s’arrêta en voyant les monceaux de cadavres au sol. Les gardes du village, principalement. Un lancier, notamment, se tenait encore debout, mais un vent de froid fusa vers lui, et le souleva, l’envoyant voltiger comme un mannequin de chiffon sur plusieurs mètres.

« Bordel, bordel, bordel, bordel... !! »

Comme beaucoup de gens, Jonas avait toujours écouté d’une oreille distraite les sermons de Père Callahan. Il disposait bien d’une petite chapelle, mais l’Ordre Immaculé n’avait jamais vraiment été très influent ici, à Ashnard. Pourtant, il leur avait dit que ce jour arriverait, que le courroux du Ciel s’abattrait sur les incroyants. Des propos qui, chaque jour, amenaient le Père Callahan à s’exposer à des poursuites de la part du gouverneur, mais... En ce moment, Jonas ne pouvait que songer à ça. Étaient-ils en train de payer le fruit de leurs péchés ? D’un bout à l’autre de Terra, tous les paysans connaissaient cette menace, ce souffle froid et mortel, et tous l’associaient à une punition divine... Mais qu’avaient-ils bien pu faire de si horrible pour que la Chasse Sauvage vienne s’abattre sur eux ?

Jonas, en tout cas, ne pouvait pas s’enfuir par la grand-place, mais il savait que cette maison disposait d’une cave. Il se retourna alors... Mais vit soudain le décor changer autour de lui. Une chaleur infernale se mit à grimper, et les rideaux s’enflammèrent brusquement, le bois venant également s’enflammer.

« Oh non, non, non, non ! »

Il déglutit sur place, et se mit à courir, tandis que des craquements sinistres se faisaient entendre, depuis la charpente. L’escalier était là, juste dans la pièce attenante, et il s’y précipita, mais une poutre tomba alors du plafond, et il se mit à dégringoler le long des marches... Et, tout en tombant au sol, Jonas en vint à se demander si la cause du courroux divin n’était pas lié à cette jeune fille aux cheveux argentés qu’il avait recueillis il y a quelques jours, en allant abreuver à la rivière le cheval de son seigneur...

...Car, somme toute, il ne voyait aucune autre raison justifiant leur présence.







Velen
Province impériale ashnardienne limitrophe


« Faisons une halte ici, Geralt. »

C’était une petite colline, avec une vue dégagée. L’endroit idéal pour permettre aux chevaux de se reposer. Vesemir s’y posa donc, et sauta à terre, avant de laisser son cheval brouter. Inutile de l’attacher à l’un des arbres surplombant cette colline, Cornouailles ne s’enfuirait pas. Après tout, Vesemir le chevauchait depuis maintenant une dizaine d’années, soit un laps de temps suffisamment long pour pouvoir lui faire confiance. Ouvrant l’une des sacoches du cheval, Vesemir en sortit une gourde, et en prit une bonne rasade, avant d’observer le panorama qui se dégageait depuis la colline.

« Velen, donc... On ne m’en disait pas du bien, je constate que la région n’a pas changé depuis la dernière fois... »

Velen, une région sauvage, reculée, peuplée de petits villages moribonds, entourée par des forêts, des lacs sinistres et puants. Vesemir s’y était déjà rendu, il y a des années, pour mener à bien un contrat impliquant des invasions de kikimorrhes dans une carrière. Il avait déjà rencontré des régions dures et reculées, mais Velen tenait clairement la dragée haute. Seulement, la ville la plus proche de Velen était Novigrad, une cité-État libre qui attirait les convoitises de son grand voisin du Nord, l’Empire d’Ashnard. Et Novigrad, par ses liens étroits avec Nexus, était devenu un enjeu majeur. Les Nexusiens ne comptaient pas laisser tomber si facilement leur allié, et toute une flotte nexusienne était venue, libérant des nuées de troupes. Velen était devenu le terrain de jeu idéal entre les Ashnardiens et les Nexusiens.

En clair, Velen, qui était déjà, il y a quelques années, une région délicate, et peu recommandée, était maintenant devenue une région où plus personne n’allait, si ce n’est les compagnies de soldats que les deux sorceleurs avaient croisé en chemin. Ils avaient vu énormément de réfugiés sur les routes, mais Velen comprenait beaucoup de petits villages avec des gens ne pouvant pas partir, car n’ayant nulle part où aller. L’Empire avait pris le contrôle de la plus grosse ville locale, Perchefreux. Ce petit village bâti sur une colline, au milieu de la rivière de Velen, avait été la propriété du Comte Vserad depuis de nombreuses années, un bourgeois venant de Novigrad, et chargé d’aider le développement économique de la région. Autant dire que, quand les garnisons impériales avaient débarqué, Vserad avait laissé la gestion de la ville à son second, et avait fui quelque part sur Velen. Les Ashnardiens avaient pris la ville en une nuit, et avaient installé le drapeau impérial. Ils avaient ensuite marché à bride abattue vers Novigrad, mais, en chemin, s’étaient heurtés aux troupes nexusiennes.

La guerre de Novigrad avait ainsi commencé.

« Tu es sûr qu’elle sera au rendez-vous, Geralt ? Non pas que je ne doute pas d’elle en particulier, mais je n’ai jamais eu une grande confiance chez les magiciennes... »

Elle... C’était la raison de leur présence ici, en vérité. Geralt était revenu il y a plusieurs semaines à Kaer Morhen, après un long périple qui l’avait emmené du côté du royaume de la Témérie, un allié ancestral de Nexus, où il s’était retrouvé garde du corps du Roi Foltest. Il recherchait quelqu’un, une jeune femme que les sorceleurs de la moribonde Kaer Morhen, dont Vesemir, ne connaissaient que trop bien... Quand ils avaient reçu un corbeau, un message parfumé de lilas et de groseille, si caractéristique... Et qui avait invité Geralt à venir ici, à Velen, et, plus précisément, de la retrouver à Hautbreuil. C’était sa meilleure piste. Geralt était parti en Téméria, mais était revenu bredouille, et les investigations de Vesemir n’avaient pas abouti ici. Mais, dans ce courrier, elle leur disait avoir une trace pour retrouver « leur » fille.

Elle...

Yennefer de Vengerberg !
« Modifié: lundi 02 octobre 2017, 01:22:06 par Princesse Alice Korvander »

James Howlett

E.S.P.er

Re : The Trail [PV]

Réponse 1 dimanche 08 octobre 2017, 14:08:41

A cinq pas derrière Vesemir, Geralt tenait la bride haute à Ablette qui renâclait depuis un bon quart d'heure. Lorsqu'il sauta à terre pour rejoindre son mentor, la jument s'éloigna de quelques pas pour brouter des chèvrefeuilles. Haussant les épaules, le sorceleur rejoignit son ami au faîte de la colline et renifla de dégoût. A perte de vue, des bois sombres, des marécages brumeux et ça et là, quelques feux signalant une activité humaine. C'était à se demander pourquoi les elfes avaient érigé les fondations de novigrad dans un endroit pareil.

« Humide, sinistre et pestilent. Mais on y trouve toujours du boulot... Mais 'faut pas être pressé pour être payé. »

A Velen, fourmillaient un nombre incalculable de monstres parmi les plus répugnants et ses habitants faisaient souvent appel aux service d'un sorceleur. Mais ceux-ci, généralement très pauvres les rétribuaient une misère ce qui avait pour conséquence inévitable que la région était désertée par la plupart des chasseurs de primes et que la mortalité était en hausse. Novigrad naturellement, faisait figure d’exception et il faisait bon vivre pour les bourgeois qui importaient une grande partie de leur nourriture raffinée et de leurs coûteuses fripes. Quant aux pauvres des taudis, ils crevaient de faim, mais plus lentement que ceux des marais. Si la guerre avait aggravé la situation des plus nécessiteux – la famine s'ajoutant aux nombreuses maladies, les pénuries et les blocus profitaient aux tristes sires qui alimentaient le marché noir.

« Tu n'aurais pas dit ça si c'était Triss qui avait fixé le rendez-vous »,
releva posément Geralt, en s'asseyant sur une grosse pierre plate et humide. « Yen est imprévisible, nonchalante et irascible, mais elle ne me mentirait jamais à propos de Ciri. Jamais. »

Si Geralt était le père adoptif de Cirillia, la redoutable magicienne l'aimait également comme s'il s'agissait de sa propre fille. Même si, se souvint Geralt en esquissant un sourire, les choses avaient plutôt mal commencées entre elles deux. Mais pouvait-on imaginer une relation profonde sans heurts ni désaccords ? Geralt retira l'une de ses deux épées – celle en argent – de son fourreau et commença à l’affûter tranquillement, faisant crisser la pierre d'aiguisage sur la lame. Les environs étaient réellement dangereux et croiser une horde de nekker affamés ou de goules, attirés par les cadavres qui pourrissaient dans les mares étaient monnaie courante. Levant la tête vers son partenaire, le sorceleur lui adressa un signe de tête appuyé.

« Vesemir. Merci d'être venu avec moi.  »

L'affection du vieux maître envers l'enfant, comme celle de la plupart des sorceleurs de Kaer Morhen était étonnante pour des mutants réputés froids et dénués de sentiments, mais bien réelle. Vesemir avait appris à la jeune femme tout ce qu'il savait sur les monstres, alors qu'Eskel, Lambert et Coën avaient participé à sa formation à l'épée. Mais si le loup blanc était heureux que son mentor ait pris la route avec lui, ce n'était pas seulement pour Ciri...Mais également parce qu'il appréhendait légèrement ses retrouvailles avec la magicienne qu'il n'avait pas vue depuis plusieurs années. Selon les rumeurs auxquelles il avait prêté l'oreille en Redanie, la magicienne avait été aperçue au palais impérial d'Ashnard.

« Nous ne sommes plus très loin de Hautbreuil. La dernière fois que j'y suis passé, j'ai perdu 150 orins au Gwynt contre l'aubergiste. Il devrait être ravi de me revoir. »

Si Geralt n'avait éprouvé qu'indifférence lorsqu'il avait pour la première fois entendu parler du jeu de carte à la mode, il avait été initié par son ami et mercenaire, le nain Zoltan Chivay et y avait rapidement pris goût. Il s'agissant d'un passe-temps idéal pour les soirées d'hiver, au coin du feu. Il disposait à présent d'une collection honorable et d'un jeu compétitif, rangé dans l'une de ses sacoches de selle.

« L'hiver sera bientôt là, Vesemir. Tu envisages de le passer à Kaer Morhen, cette fois encore ? »

La forteresse de Kaer Morhen – ou du moins ce qu'il en restait, constituait la résidence d'hivers des sorceleurs de l'école du loup, dont Vesemir était le patriarche. Théoriquement, il s'agissait également d'une école, mais la dernière à y avoir été partiellement formée était Ciri. Le vent se mis à souffler, s'engouffrant dans les cheveux laiteux du sorceleur, amenant avec lui de malodorantes effluves. En contrebas, à trente pas, Vesemir et lui remarquèrent une charrette qui progressait lentement sur la petite route boueuses qu'ils venaient d'emprunter. L'attelage était mené par un robuste mulet grisé qui avançait, nonchalant mais inépuisable. A l'arrière, étaient entassé un monstrueux bardas. Geralt haussa un sourcil, avant de se tourner vers son ami.

« C'est probablement un détrousseur de cadavre. S'il a eu de la chance et qu'il a déniché le cadavre d'un officier, il pourra nourrir sa famille pendant un mois. »

Geralt savait que la guerre réveillait les plus bas instincts des hommes. Dépouiller le cadavre d'un défunt lui semblait répugnant, mais après tout cet homme avait-il réellement le choix ? Par ailleurs, les détrousseurs prenaient de gros risques, en arpentant les champs de batailles. Ils pouvaient tomber sur une garnison, venue ramasser ses morts, ou pire encore sur des goules nécrophages dont la vivacité et la ruse était surprenante. Se désintéressant de l'attelage, Geralt testa le tranchant de son arme sur la pulpe de son pouce, qu'il entailla d'une simple pression. Satisfait, il rangea son épée dans son fourreau.

"Nous ne devrions pas tarder à reprendre la route. Les nuits sont froides, et je n'ai pas envie de passer celle-ci dans un marais."

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : The Trail [PV]

Réponse 2 lundi 09 octobre 2017, 00:45:22

Jadis, ils étaient nombreux. Eux, les sorceleurs... Tueurs de monstres, des mercenaires ayant suivi un entraînement exigeant, et qu’ils terminaient en absorbant des mutagènes amplifiant à jamais leurs capacités. On appelait cette étape l’Épreuve des Herbes, l’étape finale, et elle était violente. Une fois sur trois, soit un candidat mourait, soit il perdait la raison. Les mutagènes formaient l’un des plus rares secrets des sorceleurs. Récemment, une organisation criminelle avait voulu s’emparer de ceux de l’École du Loup, dont le siège historique se trouvait à Kaer Morhen, une forteresse délabrée... La Salamandre. Une organisation menée par un criminel hors-pair, le Professeur, et par un mage renégat, Azar Javed. Ils avaient assiégé Kaer Morhen, et subtilisé les mutagènes. Geralt était parti à leurs traces, tout comme Vesemir, Eskel, et Lambert, les derniers sorceleurs de l’école du Loup. Ils étaient tous partis dans des directions opposées, mais c’était Geralt qui, en marchant vers la Témérie, avait retrouvé leurs traces. Et, en traquant la Salamandre, il avait aussi obtenu des informations sur une jeune fille aux cheveux blancs, qui s’était téléportée à Wizima, capitale de la Témérie, avant de se retrouver en Rédanie, un royaume voisin de la Témérie qui sombrait au fanatisme, au fur et à mesure que les hordes impériales marchaient vers lui.

De son combat contre la Salamandre, Geralt gardait le seul souvenir d’avoir pu retrouver sa fille. Bien sûr, Vesemir se souvenait encore d’elle, cette petite teigne aux cheveux argentés. Cirilla Fiona Elen Riannon venait du royaume  de Cintra, unroyaume qui avait été dévasté par l’Empire il y a plusieurs années. Fille de la Reine Pavetta et de Duny l’Hérisson, un jeune noble atteint d’une redoutable malédiction de peau, et qui affirmait être le fils illégitime du Roi Akerspaark. En enquêtant sur lui auprès d’une agence de juridique située à Nexus, et ayant une succursale à Wizima, Codringher  et Fenn, Geralt avait appris qu’aucun fils, légitime ou non, d’Akerspaark, n’avait porté le nom de « Duny ».

En levant la malédiction de « Duny », Geralt avait réclamé, comme paiement, un droit séculier et ancestral, le droit de surprise. Ce droit consiste à offrir quelque chose que les deux cocontractants ignorent, jusqu’à ce que le débiteur ne revienne chez lui, et ne découvre, par surprise, un élément qu’il n’avait pas en partant. Le droit de surprise était à l’origine une coutume militaire, qui consistait à garantir la vie des enfants de soldats partis longtemps au front. Les sorceleurs avaient récupéré ce don pour bénéficier d’enfants à former. Et, en sauvant Duny, Geralt avait donc exigé ce droit. La fille de Pavetta et Duny était donc la sienne.

Quand il était venu exercer son droit de surprise, il y a de cela des années, Geralt avait été le seul à marcher vers Cintra... Le seul à ne pas porter un blason ashnardien. Les hordes impériales voulaient s’emparer de ce royaume, dont la position stratégique, à l’embouchure de la Iaruga, un long fleuve de Terra, en faisait une cible de choix. La Reine Pavetta avait été ravie de confier sa fille à Geralt, car les Ashnardiens la cherchaient. En effet, Ciri’ était la Reine légitime, et, avec elle, les Ashnardiens parviendraient à asseoir leur autorité sur Cintra. Mais, au-delà de ça, Cirilla avait surtout hérité des redoutables pouvoirs magiques de sa mère, pouvoirs dont Geralt avait pu avoir un aperçu, jadis, en secourant Duny de la malédiction. Ciri’ était une Source, soit une fille dotée d’un immense potentiel magique, et capable d’éveiller sa conscience au-delà de son propre être, afin de se connecter avec le Multivers tout entier. Un pouvoir rarissime, mais extrêmement dangereux.

« Je la revois encore, cette forte tête... Mais, ce dont je me rappelle surtout d’elle, ce sont ses rires. Avant qu’elle ne vienne, il y avait bien longtemps qu’on avait pas entendu des rires d’enfants à Kaer Morhen. »

Vesemir, comme à son habitude, s’était replongé dans ses souvenirs. Pour autant que Geralt s’en souvienne, il avait toujours vu en Vesemir le dernier gardien de Kaer Morhen. Vesemir avait été là, jadis, quand, sous l’influence de fanatiques religieux, les villageois avaient assiégé Kaer Morhen.

« Et oui, je serais là-bas cet hiver. Kaer Morhen est ma maison. L’hiver se passe chez soi, pas dans une auberge infâme. »

Lambert serait peut-être là... En tout cas, Geralt était sûr que Yennefer serait bien là.

« Je sais que tu la portes en haute estime, mais les temps ont changé, Geralt, depuis ta disparition. »

Pendant plusieurs années, Geralt avait été porté disparu, laissé pour mort après une émeute dans une ville, où un paysan lui avait planté sa fourche dans le corps, sous les yeux de Jaskier et de Zoltan, ses amis de longue date. Et, cinq ans après, Geralt était revenu à la vie, errant, hagard, près de Kaer Morhen. Lambert l’avait récupéré, et, peu à peu, Geralt avait retrouvé la mémoire, avec cette obstination en tête : retrouver Ciri’... Retrouver sa fille, qui avait aussi disparu.

Le duo croisa un charretier qui s’amusait à détrousser les cadavres. Triste profession... Mais, après tout, les bijoux ne servaient plus aux morts. Hautbruil se rapprochait, et Geralt voulait y aller avant la nuit.

« Oui... Les nuits sont dangereuses, par ici. Tous ces cadavres qui pullulent à l’air libre attirent les monstres. Et, même s’ils apprécient la chair des cadavres, ils aiment d’autant plus celles des bons vivants. »

Vesemir s’avançait sur son cheval.

« J’ai eu vent de forces sinistres et obscures dans cette région... Il n’y a pas que des soldats et des noyeurs dont nous allons devoir nous méfier. »

Le vieux sorceleur entendit soudain des hurlements, et s’arrêta sur place, tournant la tête vers l’origine du cri. Ils étaient tous els deux sur un petit pont en pierre, surplombant un ruisseau passablement asséché au milieu de la forêt.

« À coup sûr, c’est notre détrousseur de cadavres... Des noyeurs, je suppose... Ou peut-être les nekkers que nous avons aperçu tantôt. »

Ils n’avaient bien sûr aucune raison de l’aider, mais... Peut-être aurait-il des informations intéressantes à leur fournir ?

James Howlett

E.S.P.er

Re : The Trail [PV]

Réponse 3 samedi 10 février 2018, 19:53:58

Geralt hocha silencieusement la tête aux mots de Vesemir alors qu’un vague sourire s’épanouissait sur ses lèvres serrées. N’ayant pas subi de mutation comme tout autre apprenti sorceleur, Cirillia n’avait jamais souffert de cet atonie des émotions qu’ils subissaient en échange des aptitudes surhumaines que leur formation leur octroyait. Au contraire Ciri, dans sa jeunesse, avait une sensibilité d’écorchée vive qui pouvait éclater de rire cinq minutes après avoir fondu en larme. Sa présence à Kaer Morhen avait été une bénédiction, sa disparition un cauchemar.

« Les voies de Yennefer sont difficilement compréhensibles, même pour moi, Vesemir. »

Manière détournée de clore le sujet Yennefer pour le moment. La magicienne utilisait parfois des chemins tortueux pour parvenir à ses fins et… Ne jugeait pas toujours indispensable d’en informer son amant ce qui avait le don de l’agacer prodigieusement. Pour toutes ces raisons, Vesemir avait toujours été réticent à accorder sa confiance à la brunette, alors qu’il appréciait davantage Triss Merigold qui pourtant n’était pas aussi ingénue qu’il voulait bien le croire. Les hurlements du détrousseur de cadavre le tirèrent de ses rêveries et il se redressa sur sa selle, plissant les yeux dans l’obscurité naissante. L’homme était victime d’une attaque. Geralt tira les rênes d’Ablette, la forçant à s’arrêter au milieu du pont. Les cris provenaient de l’est de leur position, en contrebas du ruisseau qu’ils dominaient.

« Quel idiot, la lueur de sa lanterne les a probablement attirés vers lui. »

Cet homme était probablement un criminel et lui prêter main forte était un risque inutile, en plus de les retarder dans leur cheminement vers Haubreuil. Tout indiquait aux deux sorceleurs d’abandonner ce triste sire à son destin. Pourtant, Géralt dégaina sa longue épée en argent et d’une ferme, força sa jument à faire volte-face.

« Allons-y », grogna-il « Il aura peut-être de quoi nous payer ». L’instant d’après, les deux sorceleurs rebroussaient chemin à bride rabattue, l’épée au clair, les sabots de leurs chevaux martelant les pavés usés de la vieille route en pierre.

Une centaine de mètres plus bas, un homme d’âge mur gesticulait en hurlant, exécutant de piètres moulinets de sa torche enflammée pour tenir en respect la dizaine de Nekkers qui encerclaient son attelage. Alors que le chef de meute dépliait ses jambes torves pour bondir, l’inconnu se replia sur lui-même, protégeant son visage de ses bras. Cependant, le monstre n’atteint jamais sa cible, fauché en plein vol par l’épée de Géralt qui fendit la créature en deux, son torse sanguinolent s’écrasant aux pieds du charretier. Geralt mis pied à terre et, laissant son mentor officier de son côté, repoussa de la botte un second nekker avant de lui plonger son épée dans le coup, puis d’en décapiter un troisième d’un coup sec du poignet. Si Géralt n’était pas inquiet, il restait prudent. Une morsure de nekker s’infectait très rapidement. Un rapide regard vers Vesemir lui arracha un léger sourire. Malgré son âge, le vieux sorceleur restait un bretteur hors-pair dont l’agilité et la puissance surprenait toujours. A un grognement dans son dos, il se ramassa légèrement sur lui-même, et envoya voltiger le monstre qui l’assaillait d’un brutal coup de coude qui lui explosa la mâchoire. Tendant le bras, une nuée de flamme s’échappa de sa paume et embrasa la créature. Il fit ensuite volte-face pour se débarrasser d’un ultime adversaire qu’il fendit de haut en bas, de la clavicule à la hanche, avant d’abattre brutalement sa lame sur le côté pour la débarrasser du sang qui la souillait.

« Tu n’es pas un détrousseur de cadavre, l’ami. Quelle mouche t’as piquée ? »

En effet, l’individu terrorisé qui observait ses sauveurs n’avait pas grand-chose d’un criminel. Il tenait plutôt de l’aubergiste, ou du porcher. Robuste et de bonne constitution, il portait des vêtements de jute plusieurs fois rapiécés et une hachette émoussée à la ceinture dont il n’avait pas eu la présence d’esprit de se servir. Une bourse flasque y était également attachée avec probablement juste assez d’orins pour se payer une bière.

« En tout cas c’est râpé pour la récompense », lança-il à Vesemir qui les rejoignait de son pas chaloupé.

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : The Trail [PV]

Réponse 4 lundi 19 février 2018, 01:16:13

Les deux sorceleurs s’élancèrent rapidement, comme si, au fin fond de leur propre cynisme, de leur propre désabusement vis-à-vis du monde qui évoluait, ils se rappelaient leurs vieux serments, ou, plutôt, à défaut de serments, leurs rêves d’enfants. Vesemir aussi était devenu sorceleur en voulant protéger les gens, les défendre contre les monstres. Une noble quête, mais qui s’était effondrée devant la dure réalité. Les monstres n’étaient pas forcément ce qu’on croyait de prime abord, une leçon que Vesemir et Geralt avaient compris. Pour l’heure, en tout cas, les deux sorceleurs sortirent rapidement du sentier, et s’approchèrent du lit de la rivière. Un homme remuait faiblement sa torche, tâchant de repousser des nekkers. Geralt intervint le premier, et Vesemir se laissa tomber, sentant les articulations de ses genoux craquer. Étouffant un grognement, sa main s’empara de l’épée en argent située dans son dos, et il l’abattit proprement sur un nekker, le décapitant d’un coup sec.

Là où Geralt, ayant encore la force de la jeunesse, enchaînait les pirouettes et les mouvements, Vesemir avait une poutre de combat bien plus stable. Il remuait moins, mais frappait avec une efficacité incroyable, son acuité visuelle semblant le doter de la capacité d’anticiper les coups de ses ennemis. Deux nekkers se ruèrent ainsi vers lui, et son épée fusa, tranchant la main de l’un, et ouvrant le torse de l’autre. Un autre l’attaqua sur sa gauche. Là encore, Vesemir aurait pu éviter l’attaque, et frapper avec sa lame, mais il préféra tendre sa main sur le côté, et généra le Signe d’Aard. Un domaine dans lequel le vieux sorceleur excellait toujours. Le pusisant Signe jaillit, déformant le sol, l’air, et déchiqueta les membres du nekker, l’envoyant s’éparpiller sur le sol.

À eux deux, les sorceleurs n’offrirent pas l’ombre d’une chance aux nekkers. Que ces derniers soient aussi proches d’un village était néanmoins la preuve que la guerre avait marqué ces lieux, et que les temps sombres approchaient. Il n’y avait plus de patrouilles pour sécuriser les lieux. Vesemir avait trop souvent vu ça, des villages abandonnés et envahis progressivement par les monstres. Souvent, les barons locaux envoyaient de pauvres hères comme lui pour tenter de chasser les monstres. Une paie honorable, mais qui restait évidemment toujours en-deçà de ce à quoi un sorceleur avait vraiment droit pour libérer un village entier.

Les nekkers n’étaient que du bétail, et, après un ultime coup, Vesemir rangea proprement son épée, non sans l’essuyer préalablement à l’aide d’un chiffon. Face à eux, le jeune homme paniqué, qu’ils avaient faussement pris pour un détrousseur de cadavres, déglutit sur place. Il fit marche arrière, levant nerveusement les mains, et sa semelle heurta le moignon d’un nekker, l’envoyant tomber sur le sol.

« Il vient d’Hautbreuil, très certainement.
 -  Si... Si fait, Messieurs.
 -  Relève-toi l’ami, nous ne sommes pas encore des bandits s’attaquant aux villageois. Nous sommes des sorceleurs. »

Les yeux de l’aubergiste s’écarquillèrent brièvement, suffisamment pour que Vesemir voit en lui, voit dans ce regard la peur et le mépris qu’il lisait tant souvent ces dernières années. Plus la misère s’étalait dans les Contrées du Chaos, et plus l’Ordre Immaculé proliférait, avec leur habituelle manie de souder les communautés en trouvant des boucs-émissaires. Qui mieux que les sorcières, ou les sorceleurs ? Des chasseurs de monstres qui fabriqueraient eux-mêmes des monstres... Vesemir avait souvent entendu cela, et avait même été en procès une fois, accusé de sorcellerie et de conspiration pour avoir débarqué dans un village quelques jours après des attaques de wyverns. Le bourgmestre, tout en lui demandant de chasser les monstres, donnant lieu à un rude combat, n’avait rien trouvé de mieux comme récompense que de le mettre en cellule, l’accusant d’avoir installé lui-même le nid.

L’affaire avait fini jusqu’au procès, où Vesemir avait défendu son affaire, affirmant n’être en rien responsable de l’arrivée des wyverns. Il avait eu gain de cause, le bourgmestre avait été condamné, et Vesemir avait reçu une « juste » indemnité judiciaire, qui correspondait au tiers de ce qu’il aurait réellement mérité pour cet exploit.

« Je vois... Que... Euh... Merci... Je ne pensais vraiment pas que ces monstres rôderaient si près du village.
 -  Et je ne pensais vraiment pas qu’un villageois serait assez courageux pour sortir de l’enceinte du village alors qu’il ne fait pas encore totalement jour.
 -  Je reviens de la houblonnerie du Père Leuland, expliquera l’aubergiste. Ce sont mes fournisseurs, mais je n’ai pas reçu ma dernière commande. Je voulais m’assurer qu’ils avaient encore du stock avant que tout ne soit réquisitionné... »
   
Un classique en temps de guerre, la bière faisait partie des éléments que l’armée réquisitionnait, avec les vivres. Vesemir avait vu cette houblonnerie sur une carte.

« Enfin, je n’ai plus assez d’argent pour vous remercier, mais... Je peux vous offrir une chambre, et un repas chaud. »

La longue expérience de Vesemir des routes lui avait appris une chose : quand on arrivait dans une ville, il fallait toujours se rendre aux auberges pour récolter des potins, et trouver des contrats. Et, si une belle magicienne au parfum de lilas et de groseille était passée par là, il ne faisait aucun doute que des gens en auraient entendu parler.

« Ma foi, mon camarade Geralt est encore jeune et fougueux, et aime bien dormir sur le séant de son cheval, mais, en ce qui me concerne, mon dos n’est pas contre un lit bien confortable. »

James Howlett

E.S.P.er

Re : The Trail [PV]

Réponse 5 dimanche 04 mars 2018, 12:58:43

L’échauffourée n’avait duré que quelques secondes, mais les cadavres des Nekkers démembrés jonchaient le sol boueux, attestant de l’adresse légendaires des sorceleurs à l’épée. Geralt rangea soigneusement son arme en argent dans son fourreau. L’aubergiste semblait sur le point de se pisser dessus une nouvelle fois, mais Vesemir, qui avait un tempérament plus amène que lui– l’âge sans doute - parvint à l’apaiser. Ce qu’il lut dans le regard de l’homme qu’il venait de sauver ne lui plût pas, mais il était accoutumé à être traité comme un paria et se contenta de cracher sur le côté avec humeur.

« Chacun sait que le sang versé à la guerre attire les nécrophages. Cette région pue le cadavre. A ce train-là, vous serez bientôt assiégé par des goules… Cela dit ça nous fera du boulot. »

Geralt sourit, mais l’hautbreuillois ne goûta pas son humour atroce et préféra répondre à Vesemir qui l’interrogeait. Le sorceleur jeta un rapide coup d’œil à l’attelage de l’aubergiste. L’une des roues était brisée, mais l’essieu était en bon état. La réparation prendrait maximum une dizaine de minutes. Lorsque les mots « repas » et « chaud », sifflèrent à ses oreilles, Geralt fit volte-face et s’efforça de prendre un air aimable avec un succès...relatif.

« Ablette a les reins fatigués à force de traîner ma carcasse. Si vous avez du fourrage pour les chevaux, nous serions ravis de passer la nuit chez vous. »  

Il faillit lui demander si l’auberge était suffisamment fournie en vin et en catins, mais se retint en constatant que Jaskier avait décidément une mauvaise influence sur lui. « Allons bon, nous devrions nous mettre rapidement en route avant de n’y plus rien voir. Mais avant cela… » Geralt s’approcha de l’un des cadavres avant d’agiter les doigts, faisant jaillir un jet de flammes du néant pour l’embraser. Le signe d’igni. Alors qu’une sale odeur de cramé embaumait l’atmosphère, Geralt s’approcha du nécrophage suivant et réitéra son geste, sous les yeux affolés de l’aubergiste.

« Nous sommes proche du village et laisser ses cadavres se décomposer risque d’en attirer d’autres. Les nécrophages, comme leur nom l’indiquent, ont tendance à se nourrir de cadavres… Y compris de ceux des membres de leur race. »

La science des sorceleurs ne se résumait pas à massacrer des monstres à coup d’épée, elle impliquait également une connaissance encyclopédique de ces derniers. C’était l’une des premières choses que Vesemir lui avait apprise, puis qu’il avait ensuite répétée à Ciri lorsqu’elle était enfant. Lorsqu’il eût terminé ses crémations, Vesemir lui prêta assistance pour réparer la charrette et cinq minutes après ils étaient repartis. Le trajet fut silencieux et ce fut essentiellement son mentor qui fit la conversation.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, le sorceleur remuait avec circonspection une cuillère en bois dans une soupe maronnasse que l’aubergiste venait de lui servir. Levant les yeux de son bol, il embrassa la petite taverne du regard. Malgré la décrépitude du paysage à l’intérieur, l’ambiance de l’auberge était joyeuse. Près du feu, un barde chatonnait une élégie en pinçant les cordes de son luth, entouré par des enfants rassemblés en demi-cercle. Il était loin d'être aussi doué que Jaskier, mais l'interprétation restait très plaisante. Près de la porte, on jouait au gwnt en jurant dans plusieurs langues. Accoudé au bar, une demi-douzaine de paysans s’invectivait avec humour en lorgnant sur le cul rebondi de la gironde patronne. Après avoir avalé une première cuillérée, le sorceleur jeta un regard étonné à son mentor. La soupe était plutôt bonne.  « Pour sûr qu’elle est bonne ma souple, mon bon m’sieur », intervint la femme de l’aubergiste qui l’observait du coin de l’œil depuis un petit moment. « Les légumes y viennent de chez mon beau-frère, la terre l’est encore saine, pas comme ici. ‘Pis j’y ai rajouté un peu de lard fumé. »

« Hum oui, il faudra que vous me donniez la recette », grommela le sorceleur. « Dites-moi, mon compagnon et moi-même sommes à la recherche d’une mag…D’une femme. Brune, les cheveux ondulés, toujours richement vêtue de noir. A-t-elle séjourné dans votre auberge ? »

L’hôtesse fronça les sourcils, posant ses paumes sur le bois de la table. Elle avait une paire de sein particulièrement volumineuse et le visage plutôt fin. Geralt supposa un lointain métissage elfe en remarquant la forme légèrement pointue de ses oreilles.

« Séjourné ? Non. Mais l’meunier, il nous a raconté une histoire farfelue. Son gamin, l'est tombé de l'échelle en allant chercher du son au grenier, même que l'os ressortait, oh c'était pas beau. Le chirurgien d'à côté y disait qu'il allait falloir l'amputer. Et voila qu'une donzelle habillée comme vous dites, elle entend l'gosse chialer pendant qu'elle traverse not' village. Eh bah voilà qu’elle sonne chez le meunier soigne le genou cassé de son gamin rien qu’en marmonnant des mots bizarres. Même que sa paume elle brille, et que la blessure, elle se r’ferme toute seule.  z’y croyez, vous ? Fin, c’était y’a plusieurs lunes et elle est parti ben vite. 'Paraît aussi qu'elle était pas très jouasse »

Geralt y croyait. Voilà qui ressemblait à Yennefer de Vengerberg. Il échangea un regard entendu avec Vesemir.

« Aucune idée de l’endroit où elle aurait pu aller, par hasard ? »

La magicienne rôdait dans la région. Cela, Geralt le savait. Cette fois encore, la belle brunette avait soigneusement tenu le sorceleur à distance de ses investigations, comme cela avait déjà été le cas la première fois qu’ils étaient partis à la recherche de leur fille. Il avait beau savoir qu’elle pensait bien faire, cela l’exaspérait encore et toujours.
« Modifié: lundi 05 mars 2018, 19:57:44 par Princesse Alice Korvander »

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : The Trail [PV]

Réponse 6 lundi 12 mars 2018, 01:06:40

Au moins, ils allaient manger convenablement. Vesemir avait beau être un spécialiste de la soupe de champignons arrosée aux fines herbes, l’odeur du lard fumé et de la soupe chaude mélangés à des légumes frais était tout de même très appétissante. Pendfant que le vieux sorceleur remplissait leurs verres de vin, le tavernier leur conta l’anecdote du fils du meunier, qui s’était méchamment ouvert le genou en loupant un barreau de l’échelle. Vu la description atypique faite de cette femme, il s’agissait très certainement de la dame de Vengerberg. Vesemir avala un peu de sa bière, et reprit ensuite, enchaînant sur la question de Geralt :

« Est-ce qu’elle sentait bon ? »

Interloqué, le tavernier les fixa tous les deux en clignant des yeux à plusieurs reprises.

« Ma foi, j’saurais pas dire... Tout ce que j’peux en jacter, c’est qu’l’bon Samuel est tombé amoureux, hey ! L’est un peu con, en même temps, mais ‘paraît qu’elle était foutrement belle... Comme ces grandes dames de Nexus, mais, hey, u’est-ce qu’une citadine viendrait faire dans nos contrées, j’vous’le demande ?! »

Vesemir but encore un peu en hochant la tête.

« Tout s’explique, alors... Mais où est-elle passée ?
 -  Ah ben ça... ‘Faudrait interroger le meunier, mon bon Sieur !
 -  Et où est-il ? »

Le tavernier regarda autour de lui, et hocha la tête.

« Là, y joue au gwent... »

Vesemir se retourna, et hocha la tête, en voyant l’homme. Plutôt rondouillard, le joueur de gwent distribuait ses cartes, semblant s’en sortir assez bien avec le jeu.

« Je crois que le meilleur moyen de lui délier la langue sera de l’affronter sur son terrain favori... C’est ta spécialité, ça, Geralt, non ? On m’a dit que tu avais gagné le tournoi du Passiflore... »

Le Passiflore était une singulière auberge-bordel de luxe, tellement réputée qu’elle y organisait annuellement une compétition de gwent, très réputée, et où des adversaires très riches venaient s’y affronter régulièrement. Vesemir ne connaissait pas les détails de l’histoire, mais il savait que Geralt avait fait forte impression là-bas. Et puis, cet homme restait leur meilleure piste pour obtenir des informations sur Yennefer...

James Howlett

E.S.P.er

Re : The Trail [PV]

Réponse 7 lundi 19 mars 2018, 17:48:51

Geralt leva les yeux au ciel. Il n’avait pas vraiment la tête à jouer au Gwent…Mais si les circonstances l’exigeaient… Repoussant le tabouret sur lequel il avait posé son séant, il se rapprocha d’un pas chaloupé vers la table de jeu, faisant malgré lui cliqueter son armure. Jouant des épaules, il s’intercala entre deux ouvriers agricoles pour observer la partie. Le meunier affrontait un soldat qui avait misé une petite bourse de pièces d’or, contre une carte assez rare du meunier : celle de Philippa Eilhart. Geralt fit la moue : lui-même ne la possédait pas. Le militaire avait un deck tout juste passable, et jouait à peu près n’importe comment, alors que d’un autre côté, le meunier connaissait son affaire. Ce dernier jouait un deck créatures plutôt axé aggro, c’est-à-dire consistant en gros, à invoquer le plus de créatures possibles pour noyer son adversaire. Lorsque le meunier vint à bout de son adversaire, le soldat pesta, avant de s’éloigner vers le bar.

« Quelqu’un d’autre ? 3 pièces d’or, contre ma Philippa », roucoula le meunier, observant la cantonade d’un air guilleret, en rangeant la bourse nouvelle acquise dans son escarcelle.

« Oui, moi ».

Geralt s’avança vers la table de jeu et s’assit en face de son adversaire, un léger sourire flottant sur son visage pâle alors qu’il empilait soigneusement une quinzaine d’orins sur la table de bois.

« Quinze pèces pour toi, si tu gagnes. Philippa et des informations si je l’emporte. »

Les yeux du meunier s’agrandirent en voyant la petite fortune que le sorceleur venait de déposer devant ses yeux. Il y avait en effet de quoi manger à sa faim pendant une dizaine de jours. Toutefois, ses yeux intelligents s’étrécirent, alors qu’il jaugeait son adversaire…Pour finalement hocher la tête en souriant.  L’appât du gain avait eu raison de de sa méfiance.

« Bien, Witcher, vous allez regretter d’avoir misé aussi légèrement… Je vous laisse l’honneur de commencer. »

Geralt n’en demandais pas tant. Sortant son paquet de carte de l’étui de cuir qu’il avait à la ceinture, il le posa sur la table. Dans un match officiel, un croupier devait naturellement vérifier le deck de chaque joueur, afin d’attester qu’il ne contenait pas de carte interdite, que le nombre de cartes contenues dans le paquet était réglementaire, ou encore qu’aucune d’entre elle ne portait de signes distinctifs qui permettrait à un joueur de les distinguer. Dans les tournois de haut vol, l’établissement prêtait directement les actes aux participants pour éviter tous risques de fraude. Mais ce soir, il n’y avait pas de croupier, et c’était sur l’honneur que cette partie se jouait.

« Witcher, le temps joue contre vous », fanfaronna le meunier, en jouant une énième carte de créature. Devant eux, le camp du meunier était plein à craquer et ses points d’attaque dépassaient allègrement les quatre-vingt. Quant à Geralt, il avait en tout et pour tous cinq créatures sur le terrain, dont la plupart disposaient de point d’attaque assez faible, mais permettaient de piocher. Geralt aimait beaucoup jouer sur le "late game."
 
« Je passe », concéda-il, en hochant la tête.

« AH ! A moi la première manche ! »

Malgré un niveau de jeu assez correct, le meunier, grisé par sa précédente victoire s’emballait et flambait bien trop. Pour remporter la première manche, il avait aligné sur le tapis la quasi intégralité de sa main en pensant effrayer son adversaire. Mais Geralt avait su jouer économe, misant sur les tours suivants. Lorsque le meunier posa la première des trois cartes qu’il lui restait en main – après avoir pioché – Il sut qu’il avait gagné la partie. Jouer la pioche lui avait en effet permis d’amasser des cartes puissantes, alors que son adversaire n’avait plus rien. Comme prévu, il balaya le meunier sur les deux manches restantes en une dizaine de minutes ponctuée de monosyllabes courroucés.

« Ah diantre sorceleur, vous êtes dur…Je ne vous avez pas reconnu. Geralt de Riv...z'êtes célèbre vous savez ? Y’a même une carte à votre nom ! »

Après sa défaite expéditive, le meunier, bon joueur, avait rejoint Geralt, de nouveau attablé avec Vesemir. Le sorceleur leur avait commandé de la bière bien grasse et bien fraîche. « Bon, pour en revenir à votre donzelle qu’a rafistolé mon gamin… Elle n’a pas causé des masses. Elle nous a juste dit qu’elle avait quelque chose à régler dans le coin, mais qu’elle reviendrait. Elle devait rencontrer quelqu’un ici, mais il s’est pas pointé. L’a pesté sur lui, qu’il avait mal choisi son jour pour être à la bourre. »

Geralt leva les yeux au ciel. Le messager avait eu du mal à les trouver, lui et Vesemir. Il s’était perdu dans les bois et avait failli se faire trucider par des brigands, si bien que le parchemin parfumé de la magicienne leur était parvenu avec plusieurs jours de décalage.

« Et… C’est tout ? Elle est partie ?  Vers où ? »

« Ouais, elle avait l’air sacrément pressée… Dans la direction de Novigrad, j’dirais. Au nord »

Le loup blanc fronça les sourcils. Il hésitait. Valait-il mieux attendre le retour de Yen, ou bien se lancer sur ses traces ? l’opération était hasardeuse et il n’avait aucune piste sérieuse à explorer. Toutefois il n’eût guère le temps de se creuser la cervelle, puisque le bruit caractéristique des sabots sur martelant la chaussée se fit entendre au loin. Un rapide coup à Vesemir l’informa que celui-ci avait également entendu les cavaliers arriver.

Princesse Alice Korvander

Humain(e)

Re : The Trail [PV]

Réponse 8 dimanche 25 mars 2018, 20:44:17

Le gwent était un jeu de cartes bien plus stratégique que ce qu’on pourrait croire, et très populaire. Il était connu aussi bien à Nexus qu’à Ashnard, et il existait même des compétitions internationales, souvent très prisées, et où les équipes nexusiennes et ashnardiennes rivalisaient d’ingéniosité. Bien que le gwent se jouât traditionnellement à un contre un, il existait des variantes en équipe, dans des compétitions officielles. À un, c’était déjà dur, alors, à trois ou quatre... Là, on voyait la différence entre les experts et les joueurs simplement performants. Vesemir n’avait jamais rien compris à ce genre de jeu, et avait toujours été un piètre adversaire. De ce qu’il avait cru comprendre, le gwent était une simulation de bataille stratégique, où le joueur incarnait le commandant d’une armée. L’objectif était de gagner deux manches, avec un maximum de trois manches, et la possibilité de faire un nul. Gagnait la manche celui qui, à la fin du tour, avait le score le plus élevé. Au-delà de toutes les règles spécifiques, la particularité du gwent était l’impossibilité de renouveler son deck en jouant. Il fallait donc être très stratégique. Tirer de nouvelles cartes était toujours possible en fonction des bonus qu’on tirait, de sorte qu’il y avait quantité de stratégies. Et ne parlons même pas des règles spéciales applicables au gwent dans certaines régions, ou des jeux plus différents, notamment la règle « Course-aux-points ». Tout cela donnait le tournis, mais Vesemir savait que Geralt pouvait se montrer redoutable en la matière. Vesemir avait déjà entendu son ami Jaskier lui dire que Geralt lui avait sauvé la vie en rachetant ses dettes lors d’un match épique de gwent, tellement tendu que Jaskier en avait fait une chanson. D’ailleurs, on disait que c’était suite à cette histoire que la Ligue Internationale de Gwent avait décidé de faire une carte à l’effigie du sorceleur.

*S’il touche des royalties pour ça, il doit avoir une jolie cagnotte quelque part...*

Comme prévu, Geralt ne tarda pas à vaincre son adversaire. D’une oreille attentive, Vesemir apprit ainsi que leur amie magicienne était en route vers Novigrad. Depuis Hautbreuil, c’était une sacrée marche, mais, avec un peu de chance, ils la retrouveraient à Perchefreux. C’était le village central de Velen, et le moyen d’accès le plus rapide vers Novigrad. Geralt n’eut toutefois pas l’occasion de cuisiner davantage le meunier, car, tout comme Vesemir, il entendit des bruits de pas lourds, signe de bottes en acier appartenant à des hommes d’armes.

« Y t’a plumé com’y faut, hey !
 -  Quand vous voulez pour une revanche, Loup Blanc. Vous avez eu de la chance, mais... »

La porte s’ouvrit alors sur cinq hommes armés. Un vent d’air frais s’immisça dans l’auberge, ainsi que des gouttes de pluie. Le temps avait tourné au vilain, et Vesemir finit sa coupe, les regardant brièvement. Ils portaient un écusson qu’il ne reconnut pas de prime abord, et comprit qu’il s’agissait d’une compagnie de mercenaires. L’oreille attentive, les badauds comblèrent son trou, désignant ces gens comme les « Limiers Pourpres ». En temps de guerre, les États faisaient souvent appel à des compagnies de mercenaires pour du travail de seconde zone... Ou alors, ils venaient de leur propre initiative, une hypothèse tout aussi probable.

« Putain, y fait froid comme dans une grotte ici ! »

Les mercenaires ricanèrent en s’approchant du comptoir.

« Hey ! Tavernier ! Sers donc les gars et moi d’un peu de ton rince-gosiers !
 -  L’a intérêt à être bon, pas comme cette piquette qu’on nous a fournis à Frishlac... »

Le tavernier obtempéra silencieusement, pendant que les quatre mercenaires bruyants regardaient autour d’eux. L’un d’eux cracha au sol.

« Fichtre, ces mochetés. Tavernier, on t’a jamais dit qu’il fallait recevoir correctement les gars qui viennent défendre ton gros cul de péquenaud ? Tu veux que les noyeurs viennent bouffer tes gosses ? Qu’une wyvern chie un putain d’œuf dans ta cheminée ? Hum ? C’est ça que tu veux ? Parce que là, avec ta gueule de merdeux, ton jus-de-pisse, et ta femme qu’est tellement grosse qu’on pourrait être à trois dedans, hey... J’ai pas l’impression que tu fais de ton mieux !
 -  Je ne vous dois rien ! »

Les hommes d’armes ricanèrent encore. Vesemir tapa alors bruyamment sa chope sur la table, amenant les malandrins à se retourner vers lui.

« C’est qui ce vioque de mes deux, là ? Oh, Papy !
 -  Je suis surpris, vous savez... Frishlac, vous avez dit ?
 -  Qu’est-ce que... ?
 -  Mais c’est qui ce vieux débris, putain ? Il est sourd en plus d’être con ? »

Vesemir se releva lentement.

« C’est étonnant, voyez-vous, parce que Frishlac est situé au sud, vous voyez... Le long d’un lac, qui est la source d’une rivière que les Ashnardiens ont remonté en venant ici. Ils y ont installé leur premier campement, dans les bois autour de Frishlac, sur une île au milieu, vous voyez ? Frishlac a été le premier village rasé par la guerre... Maintenant, l’endroit est infesté de fantômes, de kikimorrhes, et d’autres saloperies... Je suis étonné que vous ayez pu vous offrir un verre là-bas. »

Il leur fit face, son médaillon brillant sur son torse.

« Merde ! C’est... C’est l’un de ces monstres ! Un mutant !
 -  Salopard de vieux débris de sorceleur, je... »

L’homme tendit sa main vers Vesemir, qui s’écarta alors, et attrapa les cheveux du mercenaire, faisant preuve d’une redoutable vivacité, et envoya sa tête se fracasser sur le rebord de la table, lui arrachant au passage une dent.

« Je n’apprécie pas beaucoup vos manières, jeunes gens. Aussi, je vous conseille de baisser d’un ton, mon ami ci-présent est bien moins patient que moi... »


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