Une descente aux enfers... [pv: Hana]

Kamui parlait des gens qu'il aimait et protégeait, Hana se sentit impliquée inconsciemment, peut-être croyait-il qu'elle était amoureuse d'Hades contre sa volonté, il faisait fausse route. Les souvenirs de ce soir là où elle l'avait rencontré, où ils avaient fait l'amour toute la nuit, tout remontait à la surface de son esprit. Jusqu'à l'arrivée de Kamui elle était paisible, mais à présent, elle était vraiment anxieuse, et se demandait comment est-ce qu'elle pourrait se sortir, elle et son amant, de cette histoire. Elle refoulait ses larmes, elle était plus sensible qu'avant, être amoureuse la rendait très vulnérable, et quand elle pensait à Kamui s'en prenant à Hades, les larmes coulaient, une boule avait élu domicile dans son estomac. Elle réussit à reprendre la parole :

"Kamui, ne détruit pas ton couple, jamais Hades n'abdiquera, tu serais vraiment capable de détruire mon couple, mon seul bonheur ?"

Je regardai mon ancienne amante dans les yeux puis je me levai. J'allai lui montrer ce que j'ai réussi à lui cacher lors de notre seule soirée ensemble. Je retirai ma cape de voyage, la laissant tomber au sol. Puis, ce fut ma veste, mon chandail puis je détachai ma cotte de maille, dos à elle. Mon dos fut alors dévoilé et une immense trace de crocs se montrèrent, comme si un chien énorme m'avait mordu par les côtes.

-C'est Cerbère qui m'a fait ça, trois ans auparavant. Il y a trois ans, j'ai perdu ma fille. Même si elle n'était pas vraiment ma fille, n'étant qu'une homonculus, je l'aimais comme telle. Lors de sa mort, je suis venu dans les enfers. Hadès m'attendait à l'entrée et je lui ai demandé de me rendre l'enfant. Il m'a dit qu'il aurait pu le faire, mais il m'a aussi dit qu'il ne le ferait pas, parce que la création d'homonculus était interdite. J'ai vu l'âme de ma fille se diriger vers le temple où nous sommes, y boire le thé que tu as voulu me faire boire, et disparaître. Hadès aurait pu me rendre cette gamine que j'adorais, mais à cause de ses scrupules, j'ai perdu ma petite Hime pour toujours.

Je lui lançai un regard sombre, plein de colère, d'amertume et de tristesse.

-J'ai menti, j'ai en effet quelque chose contre lui, mais j'ai décidé de l'épargner s'il abdique et que je ne le croises plus. Je ne te dirai pas pourquoi je l'épargne, mais j'en viendrai aux coups, très probablement. Les prêtres mortels d'Hadès sont tous morts, et il le sait, c'est pourquoi il ne pourra pas me tuer. Il est faible, et moi, je lui offre une chance de vivre indépendamment des hommes et de vivre à tes cotés pour le reste de sa vie humaine.

Le discours de Kamui fut ponctué par un déshabillage. Il lui expliqua la raison de cette morsure, Hana sursauta, puis réfléchissant bien, se mit du côté d'Hades, si les homonculus étaient interdits, il ne devait même pas l'avoir créé, donc aucune raison qu'il la récupère. Elle se dit que si elle avait était là, et avait déjà connu le Meïsa, elle aurait fait en sorte qu'il récupère sa fille. Elle dit alors :

"S'il devient humain, notre amour ne sera pas éternel, puisqu'il mourra. Je veux juste être heureuse, avec un amour immortel, dans un palais des Enfers. Rien d'extravagant. De toute façon.."

Elle regarda Kamui, maintenant de la colère et de la panique dans le yeux, elle pensait fort à Hades, le suppliant de ne pas faire irruption  ici, de partir pour Olympe, avec ses frères, elle ne savais même plus ce qu'elle disait.

"De toute façon, si tu le tue, tu devras nous tuer."

Elle sut qu'il ne comprendrait pas qui était le nous réel.

Je m'approchai à nouveau de la demoiselle et lui caressai la joue, soudainement. Elle venait de dire la plus grosse bêtise du monde. L'amour n'est éternel que dans la mort. Tant qu'on est vivant, notre chair appelle la chair d'une personne qui n'est pas nécessairement celle que nous désirons, comme présentement, mon corps a envie de celui d'Hana et je dois le refouler, sachant que ça me conduira à me détourner de mon objectif.

-Fais attention à ce que tu souhaites, Hana. L'immortalité n'a rien de fabuleux, au contraire. Je suis immortel, car mes cellules se régénèrent et je suis immunisé contre la maladie. L'amour peut être éternel, car tu ne vivras pas éternellement non plus. Moi, je suis destiné à voir tout ceux que j'aime mourir devant mes yeux. Si tu tiens vraiment à vivre pour toujours, soit, je vous accorderai un moyen de vivre pour toujours, mais je veux le trône des enfers. Je le veux et ni toi, ni Hadès ni même votre enfant ne m'empêchera de le prendre.

Ecoutant son discours, les derniers mots l'interpellèrent, "ni votre enfant". Elle n'avait rien dit, elle avait fait quelques allusions, mais n'avait rien dit. Elle le regarda et s'approcha de lui, près de son visage, comme le soir où ils s'étaient rencontré, elle toucha sa joue, froide, mais moins que la dernière qu'elle l'avait touché. Elle le regardait dans les yeux, essayant de déceler quelque chose, comme si son iris allait lui donner la solution pour qu'il abandonne. Hana dit alors, le regard perdu dans les yeux de Kamui :

"Tu seras capable de détruire une famille pour un trône. Jamais Hades ne cédera."

Elle ne bougeait pas, son nez frôlant le sien, leurs souffles se croisant, ses yeux plantés dans les siens.

Nos visages étaient si près l'un de l'autre que mon corps se mit déjà à se réchauffer, me rappelant à quel point cette femme m'attirait. J'aurais voulu résister, mais elle... savait qui j'étais... et que juste son odeur pouvait faire fondre ma résistance. Je ne voulais pas briser son bonheur. Je voulais ce trône, mais je n'étais pas prêt à la faire souffrir. Cette fille... avait dans ses mains une partie de mon cœur que je n'avais même pas conscience de lui avoir accordée.

C'est alors que malgré moi, je l'embrassai avec tendresse, mes bras allèrent enlacer sa taille et je l'attirai contre moi. Moi qui voulait aller détruire son amant, me voilà en train de succomber aux charmes de la demoiselle, incapable de faire autrement. J'avais tant envie d'elle, de ses caresses, de ses baisers. Pourquoi fallait-il qu'elle soit ici? Pourquoi fallait-il qu'elle soit amoureuse d'Hadès? Pourquoi fallait-il encore que je fasses souffrir quelqu'un pour atteindre mes objectifs?

J'avais tout vu depuis le début, bien entendu. Il était presque inconcevable que je ne sache pas ce qu'il se passait dans mon antre. J'avais vu l'homme se présenter aux portes des enfers, et Hana l'accueillir comme je le lui avais demandé. Je savais qui il était, je me souvenais de lui, et je savais qu'il venait pour se venger. Je ne savais cependant pas à propos de ma jeune compagne et de lui. Personnellement cela ne me dérangeait pas plus que ça, je n'étais pas du genre jaloux. Tant qu'elle continuait à m'aimer et à vouloir rester près de moi, à mon service, je n'avais cure de qui elle voyait. De toute manière, je ne pensais pas pouvoir rester un modèle de fidélité moi aussi. Selon moi, il fallait savoir se changer un peu les idées pour pouvoir aimer toujours la même personne. Cependant, un point m'avait agacé plus que tout. C'était qu'elle essaye de me cacher la présence de Kamui. C'était un manquement grave à ses devoirs. Elle était sensée lui faire un compte rendu des visites et de ce qui se passait lorsqu'elle s'occupait des "invités" de marque. Il fallait la punir pour ce manquement après que ce problème soit résolu. Car Kamui était puissant, c'était indéniable. Lui parler en personne se révélait aussi indispensable que dangereux. La plaie, mais il fallait le faire. Aussitôt, je me trouvais, invisible, dans la pièce où se trouvaient ma future femme et mon ennemi, en train de s'embrasser. Légèrement amusé, je toussotai légèrement avant de déclarer d'un ton amusé.

Hum, hum ! Je vois que nous avons un invité de marque ici... quand est-ce que tu comptais me prévenir Hana ?

Je savais parfaitement qu'elle serait trop génée pour pouvoir répondre, et que Kamui serait trop énervé pour réfléchir... enfin, ça c'était pas sûr et certain. Toujours est-il que je continuai, impassible, ayant perdu l'amusement sur mon visage.

Ne pas m'avoir prévenu de sa présence... pire, avoir essayé de ma la cacher est un manquement grave à ton devoir Hana... Ceci dit, je pense que te laisser voir ce qui va suivre sera peut être une punition suffisante pour ta faute.

Nous allions combattre, c'était certain, et je savais que ça l'attristerait. Ca me brisait le coeur mais j'allais devoir la faire regarder ce combat. Qu'elle comprenne ce que la négligence peut créer comme situation. S'il fallait cela pour que ça ne se reproduise plus, dans ce cas là je le faisais sans regret.

Kamui, je pense savoir pourquoi tu es ici... à l'époque déjà tu m'avais demandé d'abdiquer... ce n'est malheureusement pas possible. Il y a des tâches que moi seul suis capable d'accomplir. Des règles que moi seul connais. Le fonctionnement des enfers est quelque chose qui m'est propre, et nul ne saurait le faire aussi bien que moi. C'est donc par necessité que je me vois refuser ta requete.

Hana n'avait pas bougé du canapé, se laissant embrasser, sachant qu'avec cette méthode elle pourrait peut-être adoucir Kamui et sauver son couple. Mais c'est alors qu'Hades se manifesta, apparemment il était là depuis un bout de temps, invisible, comme à leur rencontre. Cela ne la surprenait plus, il la suivait souvent caché de cette manière. La blonde se leva, entendant le discours de son futur mari, elle baissa les yeux et se rassit sur le grand canapé, regardant les deux hommes, sachant qu'elle allait pleurer, encore, sachant que le combat serait acharné. Elle soupira et retint ses larmes, elle se leva brusquement et courut vers Hades, qui était toujours invisible. Elle avait apprit à la trouver, elle se blottit contre la masse transparente et saisit le visage de son amant puis l'embrasser une dernière fois. Elle repartit s'asseoir et dit, d'une voix pincée :

"Je suis désolé."

Hadès. J'étais sur qu'il ne manquerait pas une chance de se pointer. Losrque les lèvres d'Hana quittèrent les miennes, je savais que mon adversaire, cet homme m'ayant refusé le retour de mon homonculus, était là. Un sourire satisfait se dessina alors sur mes lèvres. S'il n'aurait pas ouvert la bouche, sa petite esclave aimante aurait réussi sa manoeuvre pour me calmer, mais sa venue m'emplissait de joie.

-Hadès... très content de te revoir.

Je remontai ma cotre de maille sur mes épaules, l'attachai puis en fit de même avec mon chandail et ma veste. Je regardai l'homme invisible et je ricanai de plaisir. Enfin, j'allais me venger. Mes crocs naquirent sous mes lèvres souriantes puis je posai une main sur le fourreau d'Ashura. Sous l'acier de son réceptacle, la mangeuse d'âmes laissait entendre son cri de famine.

-Hana avait trouvé un bon moyen de me calmer et d'eviter un combat, mais tu arrives a temps pour m'empecher de tomber dans ce piege. Grand merci a toi.

Effectivement, il n'y a rien de tel que les caresses d'une femme pour enlever tout desir de vengeance dans le coeur d'un homme. Je souris lorsque ma lame lecha ma paume de ses flammes noires. Je dressai mon arme vers mon adversaire.

-Tu peux soit t'en aller et me laisser le trone, ou alors, tu peux me combattre. Dans les deux cas, l'un de nous deux sortira d'ici les mains dans les poches... ou restera ici en tant que cadavre.

Je regardai Hana, navrée, m'embrasser avant de s'excuser. Je la retins un instant avant de caresser son visage et de murmurer, d'une voix douce :

Je t'en veux moins que tu ne l'imagines mon amour... Mais ce qui doit être fait doit être fait, il n'y a pas de compromis. Je ne veux pas que tu te sacrifie pour moi. C'est hors de question.

Lentement je me tournai vers mon adversaire et réapparus à sa vue, invoquand mon sceptre, cette arme aussi coupante que contondante, de la taille d'une lance et à la tête composée de quatre lames métalliques coupantes comme des lames de rasoir, et même encore plus. J'avais appris à la manier à la perfection les siècles passants, la connaissant par coeur, son poids, sa taille, la moindre de ses gravures. Le décor se troubla autour de nous avant de disparaitre totalement. Adieu le palais, les champs de fleurs et les autres délices des Champs Elysées. Pas question de troubler ce lieu de paix et de calme permanent avec un combat comme celui ci. Déjà le massacre des gardes avait été une esclandre de trop. Heureusement personne n'avait été au courant mis à part les deux êtres vivants et les servantes, auquelles j'avais déjà effacé la mémoire. En gros, j'avais limité la classe. Désormais, nous nous trouvions aux confins des enfers, devant la porte du Tartare. Je repris la parole :

Cela montre bien à quel point tu ne connais pas les usages de ce lieu et combien tu te moques de la paix des morts... Entamer un combats aux Champs Elysées... tu es un imbécile Meisa Kamui, et si jamais je devais léguer mon trône à quelqu'un un jour, ce ne serait jamais à toi... jamais. Je préfèrerais encore le laisser à Hana, alors même que je n'ai pas fini son apprentissage !

Et je savais pertinemment qu'elle s'en occuperait mieux que cet homme, obnubilé par cet être créé par alchimie. Egoïste, nombriliste, il ne comprenait pas que les règles s'appliquant à tous devaient aussi s'appliquer à ses proches. Lamentable. Ce n'était pas à cause de son alchimie ou de son ascendance démoniaque que j'allais lui laisser un sauf conduit. A l'époque même les dieux avaient dû batailler ferme pour obtenir que Perséphone quittent les enfers ne serait-ce que six mois par an. Ce n'était pas me combattre qui allait changer la donne. Car qu'allait-il faire d'une trône vide, ne connaissant rien aux enfers et à ses usages ? Je n'osais même pas imaginer ce que signifiait une défaite de ma part... c'est tout le système de l'après vie qui risquait de s'effondrer.

Les paroles qu'Hades avait prononcé rassurèrent la blonde, elle n'avait pas caché la présence de Kamui dans une mauvais but, elle voulait juste qu'il ne fasse pas de mal à son futur mari, elle ne voulait pas qu'ils combattent, elle voulait l'en dissuader. Elle savait quels étaient les pouvoirs du Meïsa, et savoir qu'il combattrait contre Hades, aussi dieu qu'il soit, lui donnait la chair de poule. Elle aurait aimé tout arrêter, se réveiller de ce cauchemard. Elle se mit à courir à nouveau vers Hades, qui s'était quelque peu éloigné, le lieu de combat ayant changé. Arrivé près de lui elle tomba à genou et dit :

"Hades, je t'aime, s'il te plait, ne te bat pas, je t'en supplie, qu'est-ce que je deviendrais si tu étais vaincu, que serait ma vie sans toi, non, je t'en supplie, laisse moi essayer de le faire changer d'avis, pitié, je t'aime."

Puis elle éclata en sanglots, de vrais sanglots de tristesse, de peur, d'amour, de toutes les émotions qu'il l'habitaient en ce moment, et avant, sauf que la joie avait disparue. Hana n'avait qu'une envie, fuir sur Terre, se cacher, et pleurer, espérant qu'Hades la retrouverait un jour, mais voir ce combat était vraiment un supplice pour elle, peut-être bien que c'était sa punition, ça devait être ça, pensa-t-elle. Alors, elle partit s'asseoir sur la terre, près d'eux, mais assez loin pour ne pas se faire blesser, et assez près pour pouvoir s'interposer si elle n'en pouvait plus. Elle sentait qu'elle allait se vider de ses larmes, car elle allait pleurer tout le long, c'était assuré. Le décor était sombre et sa vue améliorée l'aidait bien, elle leva les yeux, voyant les ténèbres au dessus de sa tête. Elle ne pourrait pas empêcher cet affrontement, et malgré toute la confiance qu'elle accordait à son amant, elle n'était pas sereine.

"Je t'aime.."

Je regardai mon ennemi et sa Dame avant de mettre mon visage dans ma main. J'étais pas bien, mais vraiment pas bien du tout et être devant le Tartare était loin d'en être la cause. Disons que c'est ici que j'ai envie de plonger ma famille originelle, excepté quelques-uns. J'étais furieux, triste, révolté et dégoûté par moi-même... un petit peu. Je pointai alors d'un doigt accusateur, dégageant cette main de ma face, cet homme qui est l'actuel objet de ma colère. Une voix sombre, à la fois tranquille et menaçante.

-Tu oses me traiter d'imbécile et, je le vois dans tes yeux, d'égoïste. Certes, contrairement à toi, je suis loin d'être parfait. Je suis un peu colérique, prompt à me rendre justice moi-même, avare de connaissance et pire, jaloux. Je suis cependant pas un être qui se plait à arracher la famille des autres, un assassin de sang-froid ou même un briseur de bonheur. Hana, tu me supplies de ne pas détruire ton bonheur avec cet homme? Parce que tu l'aime? Parce qu'il est ce qu'il est? Eh bien parfait. Alors, dis-moi, pourquoi devrais-je l'épargner alors qu'il m'a fait du mal?

Je m'éloignai alors du couple, de quelques mètres, ma colère et mon courroux me transformant lentement en ma forme démoniaque. Mes cheveux prirent une teinte plus foncée, mes yeux devinrent violets. Dans une explosion de sang, d'immenses ailes noires couvertes de ce fluide se dévoilèrent. Mon visage devint plus détendu, plus serein, souriant, mais l'énergie démoniaque était si présente, si oppressante que c'en était presque palpable. Hana fut alors agrippée par un tentacule, impossible à trancher car fantomatique, qui la ramena contre moi, alors que je m'arrêtai pour la serrer doucement contre moi. Je la regardai dans les yeux, lui caressant tendrement la joue, perdant un moment mon sourire. Je me mis à parler d'une voix si gentille, si tendre, pratiquement aimante que ma rage semblait partie... pour le moment.

-Réponds-moi, Hana. Je tiens à ton bonheur, tu le sais, mais j'ai besoin de ton aide pour trouver une bonne raison de continuer à le protéger, quitte à ce que ce soit Hadès. Pourquoi devrais-je rentrer chez moi, alors que cet homme que je hais est devant moi, pour encore protéger ton bonheur, comme j'ai envie de le faire?

Je vis Kamui s'énerver, et j'écoutai la longue tirade qu'il m'assena sur le bonheur. Etait-ce ma faute ? Non, en aucun cas. Chaque acte entraîne des conséquences dont il faut assumer la responsabilité. Il avait créé une âme par alchimie, très bien, il avait brisé une règle divine. Car une âme n'était jamais créée. Le quota d'énergie était toujours identique, invariant. Chaque âme créée était en fait détournée des âmes devant entrer en ce monde par des voies normales. Une anomalie, une rupture dans l'ordre du monde qu'il fallait recycler. Et ça avait déjà été fait depuis longtemps. Dès que j'avais eu cette âme en mon pouvoir, je lui avait fait suivre le chemin habituel. Réinsertion dans ce monde, quelque part... Où ? Aucune idée, je pouvais bien sûr le savoir, mais je préférais attendre de voir si ce combat allait être facile ou pas... ça serait une bonne idée pour s'esquiver.

Assassin ? Certainement pas. Briseur de bonheur ? Ma foi, ça c'est plutôt Thanatos. Je ne suis qu'un juge, qui fait respecter les lois de ce monde. De toute manière, celle que tu cherches n'est plus ici...

Je le vis changer, prendre une forme démoniaque suintant l'énergie et la puissance par tous les pores. Imperceptiblement, mon front se plissa. Cet être était mon égal en puissance, et résolument plus tourné sur l'attaque que moi. Je n'aimais pas combattre, et m'esquivais plutôt que d'engager un combat inutile. Sauf que celui ci ne l'était pas. Il me faudrait combattre, car c'était tout ce qu'il était venu faire... Je tentai une dernière approche. Que m'importait qu'on me traite de lâche, de pleutre... Les mots n'avait aucun effet sur moi. Et puis j'étais patient, j'avais l'éternité devant moi.

Pars, renonce à cette vengeance ridicule et je te dirai où se trouve celle dont tu as pris l'âme lorsque tu as créé ton homonculus. Bien sûr, ce ne sera pas pareil qu'Hime, mais bon, c'est son âme qui a réintégré le processus habituel d'incarnation... Évitons un combat qui nous mettra tous deux a genoux, je n'ai pas envie de ça...

Ca pouvait être pris pour une soumission... J'en avais cure. Tout ce qui m'importait c'était de reprendre le jugement des âmes qui attendait calmement mon retour. Plus je prenais du temps, plus j'en aurais à mon retour... une vraie plaie, mais c'était mon travail et je l'aimais assez pour vouloir le conserver.

Ne voyant pas son homme lui répondre, Hana lui lança un regard des plus furieux et se laissa attirer vers Kamui. Elle l'écouta demander comment pouvait-il laisser intact son bonheur, pour quelles raisons. C'est vrai qu'il lui avait fait du mal, mais un homonculus est un homonculus. Rapidement, elle rompit l'étreinte et partit vers le fond, elle s'assit sur le sol, repliant les genoux sur sa poitrine, les yeux pleins de larmes, de désapprobation et de remords. Elle garda les yeux fixés sur Hadès, lorsqu'il dit encore un Kamui de renoncer, elle se demandait alors s'il n'avait pas un peu peur de son adversaire, même si elle croyait en lui, sa foi commençait à diminuer avec tant de paroles et si peu d'actions. Elle devait agir, et maintenant.

Elle se leva, les yeux plein de rage, comme une furie, et elle attrapa les cheveux de Kamui, sa force était ridicule, mais sûrement à cause de la surprise, elle réussit à le tirer assez loin. Elle se planta alors devant lui et dit :

"Dégage ! Sors de ma vue ! Car si tu défies Hadès, tu auras ma mort sur la conscience."

Puis elle le poussa de toutes ses forces et marcha droit vers le précipice, elle s'y avança au point que la moitié de ses pieds étaient dans le vide, elle tourna sa tête vers Kamui, puis vers Hadès, avec la même pour le deux : la haine. Elle resta plantée, au bord du précipice, les dévisageant, attendant une réaction, ne la voyant pas, elle s'éloigna et marcha vers Hadès, lui prenant le sabre accroché à sa ceinture, il allait la réprimander pour ça, mais peu importait. Elle marcha droit et se mit à mi-distance entre les deux hommes, plaçant le sabre sous sa gorge. Elle dit alors, la voix tremblante, les larmes aux yeux :

"Si jamais tu ne sors pas de MA maison, je me tuerais, et tu seras seul responsable, KAMUI MEÏSA !"

Peu lui importait le blesser, car elle savait qu'au fond, c'était une très bon homme, mais elle ne supportait pas qu'on vienne l'ébranler dans sa nouvelle demeure, et quitte à devoir la quitter, elle serait en paix. Et meilleure fin si l'arme du crime était celle de son futur mari. Elle ne bougea plus, attendant une réaction de la part de ces deux hommes, qui au fond, l'aimaient sûrement plus qu'elle ne le pouvait.

Alors que j'allais rétorquer à ce Dieu que je méprisais, je vis Hana se séparer de moi pour aller plus loin. L'espace d'un moment, l'air s'en retrouva bien plus lourd et dur à supporter, tellement les émotions négatives étaient fortes. Aussitôt, si vite que j'eus peine à le voir, elle était sur moi et elle me tirait les cheveux. Ce n'était pas sa force qui m'a poussé à la suivre, mais sa colère. Je l'observai me dire qu'elle me dit de dégager. Ses mots résonnèrent douloureusement dans ma tête. Elle me poussa avant de se placer devant le précipice du Tartare. Je bronchai.

Je tenais à cette fille, beaucoup, et la haine que je lisais dans ses yeux me firent du mal. Je ne voulais pas qu'elle périsse. Elle prit alors le sabre d'Hadès et je la vis nous menacer de s'enlever la vie. Mon coeur se fractura et je me téléportai devant elle. Sans perdre une seconde, je lui arrachai l'arme des mains en agrippant le tranchant à mains nues, la jettant derrière moi avant de la serrer dans mes bras, tremblant de tous mes membres. Je la regardai un moment dans les yeux et je compris que je ne pourrai me débarrasser d'Hadès sans qu'elle périsse. Je caressai sa joue et je l'embrassai tendrement. Lorsque j'eus fini, je décollai mes lèvres des siennes puis je parlai.

-Je t'aime trop pour te voir mourir par ma faute... Soit... je partirai...

Je reculai d'elle, perdant l'envie de me battre. Pourquoi devais-je toujours céder pour les gens que j'aime à chaque fois que j'approchais un de mes buts? Je caressai une dernière fois son beau visage, ce visage qui me remplissait de désir. Je fermai les yeux et je lui tournai le dos, déposant un tout petit objet dans sa paume. C'était un petit collier d'orichalque que j'avais fait pour elle, un petit quelque chose que je voulais lui offrir à notre rencontre prévue. Le Tartare disparut et nous revámes à notre point de départ. Si ce n'était pas de l'affection que je portai à la belle demoiselle, Hadès et moi se serions déjà entretué. Je lançai un dernier coup d'?il à Hana et je lui souris, reprenant mon apparence originelle.

-J'imagine que tu ne voudras plus jamais me revoir, hein?...