Age of the dragon [Pv Lamento]

« Et j’espère que cet instant ne sera pas pour de suite… »

Qui donc pourrait attendre avec impatience le moment fatidique où sa vie serait en danger ? Qui serait assez fou pour souhaiter une telle chose ? La Lycane avait échappé à un violent viol collectif grâce à l’intervention de Lamento et bien qu’elle avait pour ambition de lui rendre la pareille, elle espérait également à ne jamais à avoir le faire. Car si un tel acte devait arriver, cela ne pourrait signifier qu’un fait : Le Bâtard serait dans une posture des plus désagréables et cette optique n’enjouait que peu l’esprit de la Terranide.  Un fin sourire orna cependant ses lèvres, soulagée par les paroles du vagabond, sa tête toujours posée contre le haut de son dos, ses mains ceignant sa taille. Elle ne s’en sépara que lorsqu’il lui proposa de la laver à son tour, se retournant dans le bain et lui présentant ainsi son dos, fermant les yeux pour profiter de la séance de nettoyage.

Qu’importe où il allait, la Louve ne le repoussait pas et ne s’en trouvait nullement offusquée. Après tout n’était-elle pas aussi passée sur son torse ? Quel droit avait-elle de se plaindre quand il passait sur sa poitrine ? D’autant plus que le passage de l’éponge était des plus innocentes et ne comportait aucun mouvement appuyé sur ses monts de chairs. Elle soupira cependant d’aise, appréciant le contact, le rouge ayant empourpré ses joues quant à la précédente déclaration du Bâtard. Pour un monde régis par des règles strictes concernant la beauté, de telles paroles étaient rares à entendre mais ô combien plaisante. Ce n’était pas les atouts naturels de la Louve qui était mis en valeur mais d’autres traits de son physique et de sa personnalité qui ne se résumait pas seulement à une paire de sein et un vagin.

« - Accepterais-tu de passer la nuit avec moi ? »

La demande vint subitement, sans qu’elle ne s’y attende et ses yeux s’écarquillèrent un peu de surprise. Bien entendu, cette phrase pouvait être prise de plusieurs manières et la Terranide n’avait guère envie de deviner de laquelle Lamento faisait réellement mention. Car de toutes les possibilités envisageables aucune ne la dérangeait. Sa main vint rejoindre celle de son compagnon de voyage qui avait migré jusqu’à son ventre et un hochement de tête s’en suivit :

« J’accepte ta demande Lamento, avec grand plaisir même ! »

La Louve se leva légèrement de la baignoire attrapant un objet que l’on pourrait qualifier de brosse avant de s’assoir de nouveau et de passer l’objet au demi-elfe tout en lui faisant à présent face, ses bras placés de tels sortes à cacher un peu sa poitrine sans toutefois entièrement la dissimulée.

« Oserais-je te demander de me brosser Lamento ? »

Et pour approfondir ses dires, elle se laissa légèrement glisser dans le bain, l’eau plus opaque que translucide désormais servant parfaitement à cacher son intimité et sa poitrine.  Cependant, son appendice caudal quelque peu joueur vint taquiner le corps du musicien avant de prendre une posture plus inerte. La demande n’était pas dénudée de sens et de confiance car comme tout Terranide, cette partie de son anatomie était fortement sensible. Consciente subitement de la posture dans laquelle elle se trouvait, la Lycane ne put s’empêcher de rire de bon cœur.

« Désolé, désolé, c’est un peu déplacé ! »

Elle se releva,  hésita quelques instants et vint l’enlacer, posant sa tête contre son épaule, sa poitrine s’écrasant contre son torse tandis que sa queue se remettait en branle, créant des  sillons dans le bain, agitant l’eau sous son passage. Une preuve irréfutable que l’Okami se sentait bien en cet instant. Joueuse et taquine, elle vint à mordiller légèrement la peau de ce cou présent à proximité,  y donnant également quelques légers coups de langues avant de s’arrêter aussi subitement qu’elle avait commencé, murmurant doucement :

« Passons la nuit ensemble Lamento »

Une phrase que le demi elfe pourrait interpréter de diverses façons mais dont la proximité de la Terranide ne laissait aucun doute quant à sa véritable interprétation.

- Oserais-je te demander de me brosser Lamento ?
- Je... euh... Oui ?
- Désolé, désolé, c’est un peu déplacé !

Oui, ça l'était sûrement un peu pour le bâtard. Non pas qu'il fut des plus prudes ou même très innocent, mais la position de l'okami était des plus équivoques et cela l'avait surpris. Il avait embrassé son corps du regard mais n'avait pas été sûr du message à recevoir, à découvrir Shad ainsi offerte. Pour elle, ce n'était sûrement qu'une façon de se mettre à l'aise. Pour son compagnon de route (un mâle qui pensait comme tel malgré toute sa bonne tenue, la nudité des deux et ses propres envies n'arrangeant rien à l'affaire), ça avait été une sorte de proposition dont il n'avait pas été certain. Lamento était resté un peu bête, la brosse en main, à regarder la louve et à bégayer à moitié ses mots alors que le sang qui semblait déserter ses fonctions vocales faisait un aller simple vers une destination plus basse que sa langue. Son éminence pénienne gagna donc rapidement en volume, surgissant un peu des eaux épaissies par le savon, et le musicien eut juste le temps de se placer assez judicieusement pour que le cache-sexe qu'il improvisait de ses mains paraisse presque naturel.

Shad se rapprocha de lui, l'enlaçant après une brève hésitation. Le bâtard n'y vit aucun inconvénient et referma ses bras sur la louve dont il sentait les seins presser contre son buste alors que son membre roide se retrouvait plaqué entre leurs deux bassins, légèrement caressé lors de leurs mouvements respectifs. Une dose d'excitation supplémentaire que l'elfe tenta de contenir tant bien que mal, son souffle s'alourdissant un peu plus alors qu'il percevait la langue de Shad effectuer ses petits mouvements sur la peau de son cou. D'abord légèrement crispé -il avait peur de se montrer un bien piètre partenaire, puisqu'il manquait un peu de pratique depuis quelques temps- Lamento en vint tout de même à se détendre peu-à-peu.

- Passons la nuit ensemble Lamento.

La terranide avait déjà accepté la proposition un peu plus tôt, mais cette nouvelle réponse ne permettait plus aucun doute sur la tournure des pensées de la louve, ni sur celle de la nuit qu'elle désirait passer en sa compagnie. Après tout, pourquoi pas ?
Contre elle, Lamento hocha doucement la tête et vint la décaler de façon à ce que leurs visages se fassent face, ses lèvres venant saisir celles de Shad pour un long baiser appliqué tandis que ses bras se mirent à courir sur son corps. En quelques caresses, la louve se retrouva adossée contre l'un des bords de la baignoire, Lamento légèrement réhaussé par rapport à elle alors qu'il partageait toujours avec elle une embrassade fiévreuse. Une de ses mains s'était placée dans le bas du dos de Shad puis avait glissé vers sa cuisse pour la relever doucement, libérant assez d'espace pour que le musicien vienne tranquillement se glisser entre les jambes de sa partenaire de façon à ce que l'extrémité ronde de son sexe dressé vienne flatter les pétales de son intimité en des caresses appuyées qui, lentement, amenaient la louve à s'ouvrir à lui.

Cessant le baiser, collant son front contre celui de la louve, Lamento la détailla tandis qu'il se mit à la pénétrer lentement dans un sourire complice. Il n'avait pas envie de préliminaires -il n'était pas certain de les mener à terme. Lui désirait soulager leurs corps et leurs envies dans l'instant, décharger cette adrénaline accumulée durant le combat contre les pirates de l'air. Shad aurait le temps de lui demander des comptes pour sa "précipitation" ; la nuit ne faisait que commencer.
D'un mouvement de bassin, Lamento fut soudé à elle. Ses centimètres tendus d'envie se fichèrent dans le creuset brûlant de sa compagne, ce qui lui fit pousser un léger gémissement de satisfaction.

Puis, lentement, sans cesser de la regarder, l'elfe se mit en marche. Ses reins adoptèrent un tempo lent et appliqué tandis qu'ils faisaient aller et venir les centimètres turgescents dans la matrice moite de Shad, conquérant chaque espace chaleureux que l'okami avait à offrir à sa passion.

Elle répondit sans la moindre hésitation au baiser, le laissant mener la danse ce de dernier, suivant le rythme que l’elfe déciderait d’y imposer. Au début lent et tendre, leur embrassade avait bien vite gagné en fougue sans toutefois ressembler à deux personnes en manques de perversité, un peu de tenue que diable ! L’eau du bain cessa de rester calme et des vaguelettes en parcourues la surface, provoquées par les mouvements des deux aventuriers. Tout comme l’elfe, la Terranide laissait l’une de ses mains explorer son corps, profitant de sa proximité. Elle le laissa venir entre ses jambes, écartant même inconsciemment l’espace pour lui laisser une plus grande marge de manœuvre. Un frisson lui traversa l’échine lorsqu’elle put sentir le bout de son membre taper contre l’entrée de son intimité. Oh, elle pourrait encore empêcher cela, revenir sur ses pas, mais en avait-elle réellement envie ?

Il brisa leur embrassade et lorsqu’il posa son front contre le sien pour la fixer, elle releva ses iris bleutés vers lui, le souffle court et pantelant en attente de la suite des évènements.  Ses bras se refermèrent dans son dos, le caressant nonchalamment. L’attente ne fut que de courte durée car déjà la Lycane, à sa surprise, put sentir l’extrémité forcer légèrement le passage, écartant ses chaires et progressant petit à petit avant qu’un ultime coup de rein ne finisse de faire le travail. Un soupir de bien être lui échappa et même si une légère rougeur put apparaître sur ses joues, la Louve ne s’en préoccupa pas nullement, refermant ses jambes autour du bassin du Bâtard tandis qu’il commençait à se mouvoir en elle et le sien ne tarda pas à se joindre à la danse.

L’eau du bain apportait un plus, approfondissant leurs mouvements, leur donnant plus d’ampleur. Les mains de la Terranide ne cessait de flatter le dos de son compagnon de voyage avant  que l’une d’entre elle ne migre vers  son torse. Se soulevant elle vint blottir sa tête dans le creux de son cou, se mettant à le mordiller pendant que son bassin roulait contre celui de Lamento. Arrêtant ses mordillements après quelques instants elle attrapa entre ses crocs l’une des oreilles elfiques du musicien qu’elle mordilla avec tendresse se demandant sur le coup s’il y était sensible. Ses soupirs de plaisir trouvèrent vite une oreille attentive car l’elfe pouvait aisément entendre lorsqu’il partait dans une bonne voie.

L’Okami soupirait d’aise et de bien-être, se laissant mener par le bâtard elfique sur le chemin du plaisir. Elle pouvait sentir ses parois cannelées se resserraient de plus en plus autours de sa virilité le forçant à être  un peu plus brutal pour continuer ses assauts. Et quel plaisir ! Quelle douce sensation que de le sentir frotter ainsi, provoquant des tremblements dans tout le corps de la Lycane ! Et cette chaleur qui grandit, grandit jusqu’à exploser, faisant se cambrer la Terranide contre le corps de l’elfe, ses muscles se contractant et se décontractant sporadiquement jusqu’à un simple soupir plus long et appuyé soit le signe de l’extase qu’elle venait d’avoir. Mais elle n’en resta pas pour autant inactive et attrapant le visage de Lamento doucement entre ses mains, elle rejoignit ses lèvres aux siennes tandis que son bassin se remettait à suivre le rythme de celui de son compagnon de route.

L'oreille saisie par les petites dents de l'Okami, Lamento éprouva un frisson délicieux. Il ignorait si la chose était la même pour tous les autres elfes, mais la stimulation de ces zones un peu particulières avait toujours tendance à l'électriser. Il ne laissait personne y toucher en règle générale et réservait ce plaisir à ses amantes qui se prenaient à assouvir là tentation et curiosité, comme Shad... Et, comme toujours (même un peu plus qu'à l'accoutumée d'ailleurs), le Bâtard en tira une décharge de plaisir supplémentaire presque coupable. Il ne put se retenir de gémir tandis que ses reins travaillaient à emplir la jeune femme de ses attentions phalliques profondes et mesurées, son gland tapant au plus profond des parois qui le recevaient et faisant clapoter l'eau autour de leurs corps liés.

Quand Shad lui enserra le bassin de ses cuisses et qu'il senti sa gaine sensuelle gagner en contrition autour de ses centimètres besogneux, Lamento comprit tout de suite le message et ajusta ses actions en fonction des envies de la louve. Ses mains sur elles affirmèrent leur poigne possessive tandis que son corps s'activa plus chaleureusement. Ses mouvements se firent dès lors plus amples et marqués, plus brutaux aussi alors que l'extrémité casquée de sa queue raide frappait le fond du creuset de sa belle terranide avec fièvre. Le dos de Shad allait et venait contre le rebord de la baignoire contre laquelle elle remontait toujours un peu plus, l'eau passant même par-dessus le baquet tant le musicien se mettait en devoir de monter la belle louve au regard bleu.
Son antre moite devint le terrain de jeu de la verge belliqueuse du mâle, qui fourrait presque indécemment à présent chaque espace libre avec une hargne motivée par le plaisir qui secouait de plus en plus ses sens. Il sentait le frottement des tétons de Shad sur lui, captait chacun de ses souffles et gémissements de contentement amoureux et ne manqua évidemment pas son orgasme.

Lui ne vint pas encore -même si cela ne tarderait plus. Il fut tenté de céder en même temps qu'elle mais fit l'effort de continuer à la butiner encore malgré ses sens qui se dérobaient de plus en plus à l'annonce de sa jouissance, et apprécia que Shad se remette à onduler contre lui pour l'aider à finir tant que pour continuer de profiter.
Il plongea dans le nouveau baiser avec la même fougue que précédemment, sa langue jouant sur celle de sa partenaire alors qu'enfin il s'autorisa à jouir ; un orgasme violent qui saccada son souffle et lui fit emplir de giclées épaisses la matrice épanouie de la louve.

La force de la jouissance lui fit abandonner le baiser malgré lui et il resta là, fiché en Shad qu'il gratifiait de ses crachats mâles tout en se laissant secouer de tous petits spasmes. Dieux que c'était satisfaisant de se libérer ainsi, que c'était bon ! Cela faisait un moment qu'il n'en avait eu l'occasion, mais surtout toute la tension accumulée après l'épisode des pirates retombait enfin dans ce splendide bouquet final.
Vidée et un peu sensible, sa verge s'ôta du con chaleureux de l'okami dont Lamento croqua légèrement la lèvre intérieure avant de se laisser tomber en arrière dans le bain, souriant comme un bienheureux alors qu'il redescendait des cieux coïtiques lentement.

- C'était...oooh, Shad... J'ai rarement jouis  ainsi !

Il ricana, peut-être un peu nerveusement. C'était la vérité : Shad lui avait procuré un orgasme plutôt inédit, qui venait de lui couper les pattes. De légers frissons l'en parcouraient d'ailleurs encore tandis qu'il la dévorait du regard, la remerciant d'une œillade douce. Sortir du bain ne serait pas une mince affaire, dans cet état !

Sa tête se logea dans le creux de son cou lorsqu’elle le sentit se tendre face à l’orgasme qu’il venait d’avoir.  Ses jambes s’enroulant autours de son bassin, elle emprisonnait sa virilité en son sein instinctivement afin de profiter de ce flot de chaleur qu’il déversait en elle. La Lycane n’avait aucun mal pour ressentir la verge du musicien être secouée par plusieurs spasmes qui n’étaient là que la preuve qu’il la remplissait de sa sève masculine. Puis, elle le relâcha, desserrant son étreinte et se laissant aller également contre le rebord de la baignoire, reprenant son souffle.

«Hum..de rien ? »

Que pouvait-elle donc dire de plus face à l’annonce qu’il venait de lui faire ? Qu’il y est pris du bon temps était le principal non ? Le fixant quelques instants, la Lycane passa une langue mutine contre ses lèvres tandis que son appendice caudal se mettait à battre l’air d’un ton joueur et enjoué.  Oh elle aurait pu sortir du bain mais la Terranide avait d’autres projets en tête et puis la nuit venait à peine de débuter ! Elle s’avança donc dans le bain, retournant l’embrasser doucement ses doigts courant le long de son corps plongeant rapidement sous l’eau pour flatter son épée de chaire.

Ses doigts courant sur sa virilité pour débuter changèrent rapidement leur technique d’approche, se mettant à l’enserrer doucement y faisant glisser la paume de bas en haut. Quittant les lèvres du demi-elfe, l’Okami se mis  à l’embrasser dans le cou, y déposant ici et là quelques coups de langues, y mordillant la peau avant de revenir lui faire un baiser furtif sur les lèvres. Sa main  sous l’eau continuait son office, ressentant la rigidité reprendre peu à peu du terrain. Posant son index libre contre les lèvres du musicien afin de lui intimer le silence, la lycane susurra :

« Pas un mot. Détends-toi et profite. »

Elle ne le laissa guère le temps de riposter que déjà la Louve se retrouvait positionnée face à la verge du vagabond. Usant de sa main qui la massait jusqu’alors, elle la rapprocha de son visage et y déposa quelques coups de langues appuyés sur sa longueur avant d’y embrasser l’extrémité et de la laisser glisser entre ses lèvres. Le seul défaut, s’il fallait en donner un était que si la Lycane voulait aller au plus loin possible elle devrait le faire sous apnée. Mais pour l’heure, elle arrivait encore à respirer, usant même de l’eau présente pour donner un surplus de sensation à Lamento.  Ses mains finirent par bien vite migrer l’une et l’autre. La première s’arrima à ses hanches afin de donner à la Terranide un appui tandis que la seconde massait les bourses du demi-elfe.

Elle se retira quelques instants, ne le délaissant pas pour autant le couvrant de coups de langues avant de prendre une petite inspiration et de le refaire coulisser entre ses lèvres, chaque seconde de plus en plus loin. Certes elle ne restait pas indécisivement sous l’eau mais faisait néanmoins en sorte d’y rester le plus longtemps possible. Gémissant d’aise, la Lycane était tout simplement en train de déguster le pauvre musicien, ne comptant s’arrêter que lorsqu’il se sera « détendu » une nouvelle fois. Après tout, elle lui devait bien ça !

Si Lamento avait d'abord pensé que la soirée s'acheverait sur cette jouissance qui venait d'emplir le ventre de l'okami d'un flot épais et bouillonnait. En vérité, cela ne l'aurait pas tant frustré : la séance avait été des plus torrides et il sentait encore son vit tréssaillir de satisfaction alors que lui-même reprenait à peine pied. Le semi-elfe n'avait jamais été le plus torride ni le plus endurant des amants et préférait de loin une étreinte bien menée pour les deux partenaires qu'une multitude d'accouplement répétés qui ôtaient toute la saveur à la chose. Là, le musicien se sentait en phase avec sa belle louve. Pourquoi en réclamer plus ? Ah, oui... l'appétit. Et bien, il ne fallait pas se montrer trop gourmand !
L'elfe se déposa le dos contre le bord du baquet, tout à sa détente, un sourire flottant sur les lèvres que Shad revint embrasser. Il ouvrit les yeux et participa bien volontiers, venant même glisser sa langue sur les lippes de Shad afin de réclamer le concours de la sienne. Le baiser s'amplifia et les doigts de l'okami vinrent se couler le long de sa verge mollassonne pour la flatter d'une poigne assurée, faisant vite renaître la vigueur centimètrique dans la paume de la belle louve.

Il ne dit rien, comme demandé. Pourquoi faire ?
Shad abandonna ses lèvres pour s'intéresser à son cylindre veiné puis, remontant ce dernier, à son gland enflé d'envie. Lamento poussa un long soupir satisfait en se sentant rapidement gobé, sa queue rejoignant les régions chaudes du palais de sa partenaire. Depuis combien de temps n'avait-il pas été ainsi saisit en bouche ? Il se crispa sous l'afflux de sensations moites et spongieuses, si délicieuse autour de son vit à présent raide comme la justice. Ce fut étrange, inédit. Sa queue semblait baigner dans une marée vaseuse dont les clapotis aqueux s'écrasaient sur son membre roide de désir. Les mains sur ses bourses le poussèrent à repousser la tête en arrière et lui arrachèrent un gémissement rauque et satisfait, prouvant à Shad si il en était besoin qu'elle savait manipuler le pal qui emplissant sa bouche avec délectation.

Glissant ses doigts dans la crinière trempée de la louve, Lamento ramena son regard sur elle et la vision lui fit un effet boeuf. Shad, avec appétit, avalait rudement son vit tendu et semblait y trouver plus que son compte. Il grogna, rauque et empêtré dans son désir, la fixant dans les yeux pour ne rien rater de l'indécence terrible du spectacle.
Cela ne tarda pas : le musicien en vint à jouir à nouveau, sa main forçant Shad à recevoir dans la gorge les premières giclées poisseuses avant que sa poigne ne se relâche pour que le sperme chaud vienne se répandre sur la langue habile et agile de l'okami qui l'avait dévoré avec tant d'application que la simple pensée l'en aida à cracher un peu plus, jusqu'à ce que son membre ne trésaille, traie à vide qu'il était à présent.

Il resta là, fixant sa partenaire d'un regard voilé par le plaisir, lui caressant la joue d'un pouce délicat.

- J'espère... fit-il, reprenant un peu ses esprits, j'espère que notre voyage multipliera les occasions de te sauver et toi de me remercier...

A présent que leurs corps s'étaient étreints et que les faveurs de Shad avaient réveillé ses appétits un peu comateux depuis quelques temps, Lamento n'envisageait pas vraiment de ne se contenter que de ce soir. Avant que leurs routes pour l'heure liées ne se séparent, ils auraient de nombreuses occasions de jouir à nouveau.
Ce qui ne manquait pas de stimuler sa motivation à aller au bout de leur quête, bien évidemment ! D'ici là, il aurait tout le loisir de se réapprendre, pour devenir un amant plus honorable que ce soir.

 Pour le déguster, elle le dégustait ! Sa langue courait le long de son membre, léchant chaque parcelle de chair qu’elle pouvait croiser, s’arrêter parfois sur son gland pour y récolter les perles de sèves qui y faisaient leurs apparitions. La Louve soupira d’aise, reculant sa tête et l’avançant afin de faire coulisser la virilité du semi-elfe entre ses lèvres. Quand elle sentit la main du musicien se poser contre le sommet de son crâne, elle n’en fut que plus ravie, supposant ainsi qu’il appréciait le traitement qu’elle lui offrait. Cela la motiva encore plus, son iris bleuté se levant quelques instants pour observer le visage de son compagnon. Elle aurait pu le rabaisser, mais ne le fit  pas finalement, son regard restant plongé dans le sien tandis que la verge de Lamento disparaissait encore et encore entre ses lèvres avides.  Et quand il vint à jouir au fond de sa gorge, elle émit un petit  gémissement de surprise, reculant par la suite ses lèvres afin que ses giclées atterrissent finalement contre sa langue. Elle les avala au fur et à mesure, caressant les cuisses et les bourses du demi-elfe en même temps qu’elle continuait un peu à faire mouvoir son membre en elle jusqu’à ce que les tressautements ne cessent. Elle se retira doucement, attrapant au passage les dernières gouttes de laitance, passant par la suite une langue coquine contre ses lèvres.

« Je l’espère aussi… »

Murmura t’elle tandis qu’elle le regardait, une main posée contre celle qui lui caressait doucement la joue.  Puis, la Louve s’approcha une nouvelle fois de l’elfe et lui déposa un chaste baiser contre ses lèvres avant d’en déposer un contre son front, son corps entièrement en dehors de l’eau, quelques gouttelettes y chutant pour retomber dans le baquet. Un frisson lui parcouru l’échine, il était temps de sortir de l’eau à présent. Entièrement. La Terranide vola avant toute chose un autre baiser au semi-elf et sortie finalement du bain, attrapant au passage une serviette pour se sécher rapidement. Seuls les poils de sa queue mettront un brin plus de temps à être entièrement sec mais la nuit sera assez longue pour faire son office. Attrapant une autre serviette, elle vint la déposer près du musicien.

« Je serais dans la pièce à côté, libre à toi de venir ou pas. »

Oh il allait venir, après tout, c’était bien lui qui lui avait proposé de passer la nuit ensemble. Mais après ce qu’ils venaient de faire pourrait-il avoir changé d’avis ? La Louve hésita quelques instants avant de chasser ces questions de son esprit. Pourquoi aurait-il dit sa dernière sentence dans ce cas ? Bha ! Elle verrait bien après tout ! Laissant le vagabond seul, la Lycane alla se glisser entre les draps du lit et savoura la sensation de dormir autre pars qu’à même le sol. Certes, elle y était habituée mais ne pouvait nier qu’une nuit dans un bon lit, ça n’avait pas de prix.  Positionner en chien de fusil, la Louve trouva rapidement le sommeil et se laissa aller dans les bras de Morphée. Elle sentit bien sûr une présence la rejoindre et quand cette dernière se glissa dans  le lit, elle vint se blottir contre lui,  dos contre son torse.

L’aube arriva et avec lui leur prochaine destination. Les fins rayons de l’astre solaire perçant par les fenêtres de leur chambre et frappant la Terranide en plein visage la sortie de sa torpeur. Où bien était-ce la voix du capitaine qui hurlait à s’en arracher les poumons et qui annonçaient qu’ils approchaient de Zun-Zi-Yi. Leur quête allait pouvoir continuer mais confortablement installée dans le lit, la Louve maugréa et vint placer sa tête contre le torse du demi-elfe grommelant :

« Fleeeemmmmee…. »

Qui pouvait la charrier ? Qui ne souhaiterait pas rester un peu plus longtemps dans des draps bien chauds tandis qu’au dehors des dangers sans nom l’attendait ?

Le bâtard était réveillé depuis les premières lueurs de l'aube, pour sa part. Il n'avait pas bougé ni émit un son, préférant savourer le confort du lit douillet et la chaleur de Shad contre son corps nu. Tendre et tranquille, Lamento avait délicatement flatté du pouce l'arrondi de l'un des seins de la louve en regardant le soleil se lever petit-à-petit à travers le hublot de leur cabine. Plusieurs fois le musicien avait pensé à réveiller sa compagne de voyage pour qu'ils puissent jouir ensemble (et littéralement) de cette partie du voyage, mais le vagabond avait conscience que les nuits calmes et sereines seraient rares une fois en Zun-Zi Yi.
Laissant à l'okami le plaisir de goûter à cette paix bien mérité, il n'avait donc que profité sans excès de ses formes, ne laissant finalement sur la chair de la belle endormie qu'une caresse tendre qui se dissiperait lentement.

Puis le matin et les cris du capitaine avaient éveillé Shad, qui s'était lovée un peu plus contre son amant. L'elfe avait sourit puis déposé ses lèvres sur son front avant qu'une de ses mains ne vienne empoigner la chair rebondie de l'une de ses fesses. Joueur, il avait palpé le derrière de la louve pour l'aider à se décider à se tirer du lit, avant d'en sortir lui-même pour s'habiller tranquillement.

- Je monte sur le pont, dit-il alors qu'il achevait d'attacher son baudrier de cuir usé autour de sa taille. Ne tarde pas à me rejoindre, je crois que tu ne le regrettera pas.

Puis Lamento, lui envoyant un baiser, la laissa seule.

Quand Shad arriva sur le pont, nombreux furent les marins du vaisseau volant à la saluer comme une bonne amie. "T'as bien dormi ?" "J'te frotte le dos au prochain bain, Shad !" et autres "Quand c'est qu'tu danses sur les tables du refectoire au son d'la musique de ton copain ?" fusèrent à son passage, ainsi que quelques sifflets admiratifs et autres propositions un peu moins délicates mais toujours bon enfant. Les vagabonds avaient gagné le respect de ces rudes gaillards qui travaillaient dur pour que le voyage se passe dans les meilleures conditions.
Lamento l'aperçut et lui fit signe de le rejoindre, bientôt imité par le capitaine du navire des cieux. L'elfe prit la main de l'okami de la sienne en lui faisant approcher du bastingage puis, dans un geste théâtral, ouvrit le bras pour que son mouvement semble ouvrir l'horizon.

- Shad, je t'offre Zun-Zi-Yi, la contrée perdue !

Le paysage, bercé par les premières heures du jours, était splendide. L'eau claire s'étendait à perte de vue, léchant paresseusement le pied des monts aux crêtes verdoyantes qui ponctuaient le paysage. On apercevait quelques cabanes posées au bord de l'eau, ainsi que des pêcheurs qui préparaient leur barque pour aller probablement jeter leurs filets en quête du repas et de l'élément de commerce qui devait rythmer leur vie : le poisson.
Ceci étant, rien (hormis la beauté intrasèque de l'environnement) ne donnait à la région l'aspect imposant qu'on prêtait à Zun-Zi Yi. Le capitaine, se tournant vers ses deux passagers, entreprit de fournir une explication.

- Comme vous le savez peut-être, la région a été noyée par un raz-de-marée. Les légendes locales en parlent... Bref. Zun-Zi Yi, la véritable, se trouve sous les eaux. Fixez votre regard sur un point, vous verrez.

Et Lamento joua le jeu, plissant un regard qu'il avait déjà d'excellent sur les flots. Et là, sous les vaguelettes paisibles, il discerna des formes noirâtres et encore un peu indisctinctes au vu de la distance, mais qu'il parvient à finalement identifier rapidement.

- Des bâtiments...
- Pour explorer la cité antique, il va falloir que vous trouviez un moyen de respirer sous l'eau, fit le capitaine. On va vous descendre près du village. Ensuite, faudra vous débrouiller tout seuls !

Lamento échangea un regard avec Shad, et son sourire devint lumineux. La perspective d'une aventure, ça ne pouvait qu'exciter les vagabonds !

La Terranide poussa un soupir lorsqu’elle sentit le demi-elfe palpait la chaire de ses fesses et sa queue vint tout simplement caresser les mains importunes. Elle resta encore quelques instants, lovée contre lui et ne put émettre qu’un grognement plaintif quand il se retira pour s’habiller. Tournant sur le côté, elle l’observa en silence avant de décider de faire de même et de s’extirper des draps chauds pour remettre sa tenue. Rejoignant le pont quelques minutes à peine après le vagabond, le Louve fut quelque peu surprise par les phrases qui lui étaient adressées mais n’en fut nullement offusquée, tentant même d’y répondre à certaine avec sympathie afin de refuser poliment les offres quelques peu déplacées. Arrivant enfin au niveau de Lamento, elle s’approcha du bastingage et ne put retenir un «  woh » de stupéfaction. La contrée était belle, incroyablement belle. Elle qui s’était attendu à un paysage en ruine, elle s’était lourdement trompé ! Pourtant les apparences étaient trompeuses et leur vraie destination n’était pas réellement dans leur ligne de mire. Ou plutôt elle y était mais dissimulée sous plusieurs mètres d’eau. Suivant les indications du capitaine, la Louve concentra également sa vue sur un point sur la surface de l’eau avant de voir la silhouette de quelques bâtiments.

« On aurait eu à traverser des flammes, ça n’aurait poser aucun souci mais respirer sous l’eau…Ca malheureusement je ne sais pas faire – elle se tourna vers Lamento – mais on trouvera bien un moyen ! Les habitants de ces contrées ont peut-être de quoi répondre à nos attentes !  Et merci Capitaine pour ce voyage.»

Combien de temps avaient-ils gagnés en prenant ce zeppelin volant ?  Certes, il y avait eu l’histoire des pirates de l’air mais ce n’était à présent qu’un mauvais souvenir et le duo pouvait au moins de dire qu’à présent ils n’auraient pas trop de grandes difficultés pour remonter sur ce bâtiment aérien. Ce même bâtiment qui quittait la quiétude des cieux pour atterrir non loin d’un village situé sur une colline verdoyante de la région. Quittant ainsi les lieux, non sans encore quelques au-revoir et remerciement – les vagabond se retrouvèrent livrés à eux-même tandis que le bateau volant s’envolait de nouveau vers sa nouvelle destination.

« Bon. Trouver un moyen de respirer sous l’eau et peut-être quelques informations sur ce qui peut nous attendre lors de notre future plongée. Je t’avoue que je n’ai pas très envie de me retrouver bloquer par un quelconque piège et savoir que nous n’aurons bientôt plus d’oxygène après un temps…Mieux vaut être prudent sur ce point ! »

Car autant l’eau était synonyme de vie, elle pouvait également la reprendre facilement. Cet élément était loin d’être celui que la Louve pouvait contrôler, c’en était même tout le contraire ! Tournant son attention vers le village, la Lycane pris une bouffée d’air pure.

« Allons-y. J’ose espérer qu’il n’y aura pas de chasseurs d’esclaves ici »

Ces saletés pouvaient se trouver n’importe où. Dans tous les cas, l’elfe et la Terranide avait déjà deux objectifs en tête, deux quêtes qui leur permettraient de continuer leur odyssée.  Et lorsqu’ils arrivèrent à proximité du village, quelques visages curieux vinrent à les regarder, certains les saluant, d’autres gardant le silence. Ce fut un homme portant une bure de couleur marine qui vint à leur rencontre, portant dans une main un ouvrage et dans tenant dans l’autre un bâton.

« Je vous  salue étranger, je suis le prêtre des eaux Yvar, que puis-je faire pour vous aider ? »

- A condition que de tels sortilèges existent seulement. Du côté de Nexus, on aurait trouvé facilement un enchanteur ou un quelconque artefact magique sur les marchés, mais ici...

Lamento porta le regard sur le paysage. Zu-Zi Yi -sa partie émergée tout du moins- était un endroit superbe et verdoyant, au calme presque étouffant. Parfait pour le tourisme et le repos de l'âme, bien sûr... Mais pour trouver de l'aide élaborée quand un problème subsistait, c'était une autre paire de manches. Les deux compères s'enfonçèrent dans une orée de bambous sifflants qu'ils traversèrent rapidement pour rejoindre un chemin de terre qui serpentait paresseusement vers le village le plus proche, qu'on apercevait en contrebas. L'elfe comptait cinq ou six maisons tout à fait charmantes mais modestes adossées au bord de l'eau, ainsi qu'un bâtiment un peu plus imposant qui évoquait sans mal un lieu de culte. Rien d'étonnant : Zun-Zi Yi était une contrée à l'histoire chargée et au folklore mythologique marqué. Ici (comme à bien d'autres endroits de Terra du reste), mythes et réalités historiques se mêlaient en un canevas solide et nébuleux. Alors, même après le cataclysme qui avait englouti la région sous les flots, les survivants de la surface priaient toujours probablement les même dieux que leurs ancêtres millénaires.

Ils bavardèrent de tout et de rien en arrivant au village, saluant poliment les rares habitants croisés. Les pauvres se montraient d'une méfiance un peu excessive mais restaient pour autant relativement polis, inclinant le chef en les dévisageant, quand ils ne retournaient pas dans l'instant à leur activité en feignant de les ignorer.

- Je ne pense pas qu'on aura les mêmes soucis qu'à l'auberge. Zun-Zi Yi est un endroit éloigné de tout, relativement difficile d'accès par les voies traditionnelles. Les chasseurs d'esclaves n'ont pas dû se risquer souvent dans le coin, ce ne serait pas intéressant pour eux. A mon avis, on dormira aussi tranquillement que sur le navire... Sans les pirates de l'air !

Le musicien adressa à Shad un sourire doux et égara une main complice sur le volume de ses fesses, comme une promesse d'occuper la tranquillité de la nuit avec quelques activités déplacées. Il manqua de lui dire au creux de l'oreille quand un prêtre se planta devant eux, se présentant comme étant un homme dénommé Yvar.
Lamento se décala de Shad pour incliner légèrement le buste afin de saluer l'homme de foi.

- Je me nomme Lamento et voici Shad, ma compagne. Nous venons explorer la contrée aquatique. Avec votre permission, s'empressa-t-il d'ajouter poliment.
- Vous ne l'avez pas. Le Joyau Immergé est une terre sacrée que seuls peuvent parcourir les enfants des immergés. Vous, assurément, n'en êtes pas.

Yvar posa un regard clairement sévère sur les oreilles pointues de Lamento et glissa sur l'appendice caudal de Shad. Les habitants de Zun-Zi Yi, à l'instar du prêtre en bure marine, étaient tous absolument humains. Aucun terranide de croisé, aucun elfe ou autre créature colorée : l'humain était la seule espèce ici et sûrement la seule native de la région. Quelques autres devaient passer de temps à autres pour les aventures et le voyage, mais Lamento soupçonnait que c'était à peu près tout.

- Vous recherchez nos trésors ? Nos richesses ? fit Yvar, dur. Nous vivons de pêche et de spiritualité. Rien que vous ne trouverez à revendre là d'où vous venez.
- Non, non... Rien de tout cela.
- Si vous vous êtes égarés, nous vous trouverons une cabane pour la nuit. Et demain, nous vous indiquerons le chemin vers des contrées plus abondantes.

A vivre ainsi en otarcie, les gens du coin ne voulaient plus voir d'étrangers. Pour Lamento, le comportement agressif d'Yvar tenait plus de la peur que d'autre chose. Assurément, quelques voyous avaient déjà fait escale ici et avaient causé des problèmes, fermant la population à la discussion. Tout en parlant avec le prêtre, Lamento fit en sorte de laisser volontairement ses mains bien en vue loin de la poignée de son sabre, en geste de paix.
Yvar quant à lui rabattit l'ouvrage qu'il tenait et le cala contre sa poitrine comme un bien précieux. Et sa manche glissa lentement.

- Nous venons... l’œil de l'elfe se posa sur l'avant-bras découvert du prêtre. Nous venons en apprendre plus sur le conte des Âmes Dragons et le sort de Tien-Tao.

Le visage sévère du prêtre marqua une nette hésitation, alors qu'il avait été jusque là sûr de lui. Les étrangers ne devaient pas souvent faire références aux vieilles légendes locales, surtout celle-çi. Lamento lui adressa un sourire simple et poli, alors qu'Yvar baissa une seconde le regard pour se perdre dans une rapide réflexion. Ce laps de temps permis à l'elfe de donner un léger coup de coude à Shad afin de lui désigner du menton l'avant-bras découvert du prêtre. Sur ce dernier, un phénix et un dragon enlacés semblaient combattre.
Comme sur le dos de la louve.

Yvar releva la tête.

- Venez avec moi, fit-il avant de tourner les talons sans même attendre de réponse.

Les deux compères lui emboitèrent le pas et le trio traversa le village, Yvar salué par les gens qui le voyaient. Assurément, cet homme était la figure d'autorité locale. Et vu la chaleur qu'on lui témoignait, il ne se comportait de façon stoïque et désagréable qu'avec les étrangers.
Ils progressèrent tous ensemble vers le plus grand bâtiment du coin, le temple que Shad et son compagnon avaient pu apercevoir au loin en descendant vers le village.

Les protagonistes pénétrèrent dans la cour, un très joli jardin zen bien entretenu. Yvar les guida jusqu'à un petit kiosque découvert un peu plus loin, au bord de l'eau et les invita à s'asseoir en tailleur sur les coussins prévus à cet effet. Un jeune moine arriva alors et prit des instructions pour que le thé soit servi. Le gamin fila en s'inclinant révérencieusement et Yvar s'intéressa à ses deux invités.

- Personne ne fait un voyage jusque notre pays pour simplement parler de légendes. Mais rares, très rares sont les étrangers qui les connaissent encore.

La phrase était claire : il voulait des explications.

Silencieusement, la queue de la Terranide avait glissé contre les mains du musicien avant de se retirer tandis que le prêtre venait les aborder. Tout aussi courtois, elle pencha également  l’avant de son corps, s’inclinant en guise de salutation tout en laissant la parole à Lamento.  Nul besoin qu’ils soient deux à s’exprimer pour expliquer la raison de leur présence ici. Ses oreilles s’abaissèrent légèrement lorsqu’elle entendit le refus catégorique du prêtre. Mais pouvait-elle le blâmer ? Ces contrées étaient leurs richesses tout comme la cité immergée et si par le passé des voyageurs peu scrupuleux avaient souillés cet endroit, quoi de plus normal que de refuser en prime abord une telle requête venant également d’étranger ? Par chance, le musicien avait fait mouche en évoquant l’une de leur légende et lorsqu’il lui donna un coup de coude, la Louve posa également son regard sur le bras tatoué du prêtre. Bien joué, vraiment bien joué et hocha simplement la tête pour lui faire comprendre qu’elle avait bien vu ce qui tentait de lui montrer.

Dans tous les cas, cette évocation de la légende sembla faire changer d’avis le prêtre et les deux compagnons ne se firent pas prier pour le suivre. Sur le chemin, la Louve saluait des fois d’un rapide mouvement de tête les habitants mais elle regardait surtout avec intérêt le paysage qui était offert à ses yeux. Ce lieu était si calme, si reposant que sur le coup elle n’avait qu’une envie : flâner dans les rues et profiter de la tranquillité de ces contrées. Mais l’heure n’était pas au repos. Arrivant au temple et plus particulièrement au sein du jardin zen, la Louve pris place sur l’un des coussins, écoutant en silence Yvar avant de se retourner vers Lamento puis vers de nouveau le prêtre, prenant à son tour la parole :

« Mieux que de  perdre du temps en bavardage, il serait plus simple que je vous montre la raison de notre présence ici et ce pour quoi nous voudrions visiter la cité engloutie. »

S’apprêtant à se lever, elle fut interrompue par le moine qui revenait pour servir du thé. Stoppant son geste, elle attendit patiemment que le liquide soit versé, remerciant au passage le moine quand il vint à la servir. Un délicieux arôme d’herbes séchés et de fruits emplissait la pièce. Le jeune moine posa la théière sur une autre table non loin et s’inclina face au prêtre avant de repartir. Observant la fumée faite de vapeur s’échappait de leurs tasses, la Louve souffla un coup avant de se relever, cette fois sans être interrompue. Elle fit volte-face, tournant le dos aux deux hommes présents dans la pièce tandis que ses doigts jouaient contre ses cordelettes qui retenaient son armure et ses vêtements.

« N’y voyait aucune offense Prêtre Yvar, mais je n’ai pas d’autre choix »

Comment pourrait-elle lui montrer si elle ne retirait pas ses vêtements ? Rapidement son haut fut retiré et le prêtre put poser ses yeux sur le dessin qui ornait le dos de la Terranide. Ce dernier pris un air sévère et s’offusqua :

« C’est une hérésie ! De quel droit avez-vous le droit d’arborer nos légendes ? Vous n’avez pas le droit ! »
« Je n’avais aucune connaissance de vos légendes grand prêtre…du moins pas avant que je ne rencontre Lamento et j’ai ceci, ce que vous voyez dans mon dos, depuis des années, depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. »

Plus, il en faudrait plus pour convaincre Yvar et l’Okami le sentait. Ecartant ses bras, elle fit monter ses paumes vers le haut et fit apparaître subitement deux flammes dansantes dans chacune de ses mains, ondulant dans sa paume. Mais ce que la Louve ne pouvait voir c’était qu’au même instant où les flammes naquirent dans ses mains, les yeux du dragon et du phoenix s’illuminèrent l’espace d’un instant, l’espace d’un clignement d’œil d’une aura rougeoyante. Retournant ses mains, elle fit disparaître les flammes et attendit ainsi le verdict du prêtre.

« Ce…Ce n’est pas possible. »

Auparavant sûr de lui, Yvar semblait à présent déconcentré, semblant faire face à une réalité qui n’aurait jamais cru possible. Sans un mot, la Louve remis ses affaires et revint s’assoir sur le coussin, prenant la tasse encore chaude entre ses mains et portant le liquide à ses lèvres sans aucune gêne. Du moins, la chaleur ne sembla pas la déranger outre mesure, prouvant ainsi au prêtre qu’elle n’avait joué aucun tour lors de sa présentation. Rester maintenant à savoir si Yvar avait changé d’avis et si il allait leur donner l’autorisation pour explorer la cité engloutie.

Il fallut à Yvar toute sa capacité de concentration pour reprendre le contrôle sur lui-même après la démonstration de Shad. Si la louve approchait la chose avec un recul certain et un détachement clair, elle ignorait tout du trouble dans lequel son tatouage aux yeux magiques et ses flammes avaient jeté l'homme de foi. Lamento, lui, n'en avait rien perdu. Ses yeux avaient d'abord glissé sur le buste dénudé de sa compagne pour en apprécier la fermeté pudiquement dévoilée alors que l'ancienne esclave exposait son dos au prêtre, mais c'était vite à ce dernier que ce dernier que le musicien avait accordé toute son attention. Il voulait voir la réaction de l'humain et n'en fut pas déçu : elle démontrait bien que "quelque chose" se déroulerait dans les entrailles englouties de Zun-Zi Yi.
C'était... compliqué à expliquer. Comme si le destin s'était mis en marche lors de sa rencontre avec Shad. Lamento avait eu un étrange sentiment en découvrant le tatouage de l'elfe, sentiment qui refaisait surface. Si destinée il y avait ici, il était certain pour lui que c'était de celle de sa belle okami dont il s'agissait. Peut-être un pressentiment purement elfique, ethnie plus sensible aux diverses manifestations "ésotérique" par essence ?
Le regard d'or couva l'aventurière aux cheveux bleux avec tendresse, puis Lamento laissa à Yvar le temps de se reprendre en goûtant enfin au thé qu'on lui avait servi.

- Mes ancêtres et moi avons espéré cette rencontre toute notre vie, mais aujourd'hui que je suis face à vous, je réalise que c'est peut-être la pire chose qui pouvait arriver à mon pays.

La voix d'Yvar était devenue plus dure, maintenant que le choc initial était passé. Le prêtre se reprenait et maîtrisait son trouble, portant un regard profond sur la louve. Impossible de dire ce qui lui passait par la tête alors qu'il la contemplait, mais Lamento cru y lire un mélange entre admiration et méfiance.
L'elfe ne dit toutefois rien, laissant l'homme de foi continuer ses propos.

- La scène que vous portez sur le dos est une part de notre patrimoine religieux. Il releva sa manche, montrant ainsi sciemment le tatouage que les deux amis avaient déjà observé à la dérobée. Elle dépeint la bataille finale entre Tien-Tao, le phénix qui veut embraser toute la création divine, et le Dernier Dragon. L'héritier des Âmes guerrières du temps jadis, qui ont enfermé le mal sous les eaux qui ont englouti Zun-Zi Yi. Nos récits s'arrêtent là, à cette scène que nos tatouages dépeignent. De l'oiseau de feu ou du reptile céleste, on ne sait encore qui doit remporter l'ultime affrontement.... Ni ce qui découlera de la victoire de l'un comme de l'autre. Qui plus est, les Âmes-Dragon sont éteintes depuis des lustres.

Son bras se tendit sur la droite et son doigt désigna l'étendue d'eau qui léchait les quelques terres arables au pied du temple où s'était réuni le trio. Yvar élargi alors lentement son geste, comme pour embrasser d'un seul mouvement tout l'azur sous lequel reposait la cité engloutie sur laquelle les prêtres de son ordre veillaient farouchement depuis l'immersion, bien des centaines d'années auparavant.

- Une chose est pourtant certaine. Si vous plongez pour rejoindre le Joyau Immergé, vous mettrez en branle un destin qui vous dépassera sûrement, terranide. Car je vous l'assure, Tien-Tao est encore vivant, quelque part sous la surface de sa prison aqueuse. Vous entrerez dans son domaine. Je ne puis dire qui vous êtes, ce que vous êtes, mais vous êtes liée à notre histoire, notre héritage. L'encre sur votre dos suffira à déchaîner la colère du Phénix. Une colère que même nos dieux n'ont su totalement réprimer ou étouffer.

Le prêtre semblait tout à fait sérieux, même si tout cela sonnait comme une menace entendue mille fois. Lamento regarda l'océan sur lequel brillait le superbe soleil de ce bel après-midi, cherchant à se représenter le phénix maléfique qui n'attendait que le moment de se déchaîner alors qu'il cherchait depuis des siècles à fracasser les barreaux de sa prison. Qu'est-ce qui dormait réellement sous l'ondée calme qui s'étendait à perte de vue ? Et qu'est-ce que Shad pouvait avoir à y faire ? La question le taraudait, à présent. Quels étaient les liens qui nouaient ensemble la terranide, cette terre isolée, ce fameux tatouage et les légendes mythologiques de Zun-Zi Yi ? C'était un mystère qu'il brûlait d'éclaircir. Pour autant, c'était à Shad de décider de la marche à suivre. Tout cela, visiblement, s'adressait particulièrement à elle.

- Si vous désirez plonger, je vous aiderai. Toutefois... il se tourna vers le musicien. Tout cela ne vous concerne pas, ne vous concerne plus. Peut-être que votre rôle était de faire en sorte que la jeune femme arrive jusque ici, c'est vrai. Et les dieux vous en sont reconnaissants. Mais maintenant, vous êtes libre de sortir de scène. Ce destin, c'est celui de votre amie. Nullement le vôtre.
- Vous n'en savez rien. Vous l'avez dit vous-même ; la fin de l'histoire n'est pas écrite. Vous n'êtes pas l'auteur de cette aventure, Yvar. Vous n'avez pas à décider de mon rôle dans celle-ci.

Le prêtre se tut et Lamento lui adressa un sourire poli, avant de regarder Shad.

- Si il s'agit de l'histoire de quelqu'un, c'est de la tienne. Que veux tu faire, Shad ? Plonger et voir tout ça, ou rester ici un jour ou deux pour repartir ? Nous pourrions nous rendre à la capitale de l'Empire de Vapeur, par exemple.

Il n'avait pas envie de partir. Pas du tout. Le bâtard voulait voir cette ville sous les eaux, tout comme il désirait éprouver le destin de Shad et percer le mystère de tout cela. Mais, pour la belle aventurière, il l'aurait fait. Il aurait quitté Zun-Zi Yi sur l'heure, en quête de sa prochaine aventure. Comme l'avait dit Yvar, tout cela ne lui était pas dédié et un départ précipité n'aurait généré en lui qu'un peu de frustration que le vagabondage aurait effacé après quelques temps.
Ses yeux dans ceux de Shad, l'elfe attendit qu'elle rende son verdict.

   Un silence s’installa dans la pièce. Les yeux de la Terranide fixaient ceux du demi-elfe tandis qu’elle pouvait également sentir le regard du prêtre contre sa personne. Elle se devait de faire attention aux futures paroles qu’elle prononcerait.  Lamento lui avait offert la possibilité de continuer leur quête et de se rendre au sein du Joyau immergé ou bien de tout simplement cesser cette folie et de commencer une nouvelle aventure. Quant à Yvar, sa mise en garde n’était pas passer dans l’oreille d’un sourd et la Louve y tenait compte. Posant la tasse de thé qu’elle tenait entre ses mains, elle inspira doucement avant de déclarer, s’adresser aux deux hommes à la foi :

« Nous ne sommes pas venus jusqu’ici pour faire marche arrière Lamento. Certes, tout cela me dépasse Prêtre Yvar, je cours peut être à ma perte ou au-devant de celle d’innombrables innocents mais rien ne nous dit que Tien Tao ne parviendrait pas à s’échapper de sa prison un jour ou l’autre. Je ne sais pas ce qui va m’attendre là-dessous mais j’ai envie de savoir. Quelque chose en moi me pousse à vouloir me rendre au cœur de l’ancienne cité engloutie.  L’histoire n’est pas gravée dans le marbre et nous ne pouvons prédire ce qui nous y attend avec certitude. Même si cela présente un risque non négligeable…Je souhaiterai m’y rendre avec Lamento. Avec votre accord bien entendu. »

Le verdict avait ainsi été donné. Un autre silence survint à la réponse de la Louve et le prêtre fixa les deux vagabonds qui n’attendaient que son accord pour continuer leurs quêtes. Son visage était impassible et ne laissait pas deviner ses émotions mais il était tout à fait possible de comprendre que l’homme pesait le pour et le contre. Sans un mot, il se leva, se dirigea vers un meuble fait de bois et ouvrir un petit tiroir dans lequel il sorti une flacon contenant un liquide opaque.  Revenant à son ancienne position, il posa le flacon sur la table et reprit la parole :

« Quand vous serez prêt à plonger, buvez en quelques gorgées. Vous  pourrez ainsi respirer sous l’ondée mais… -son regard se fit plus sombre – prenez garde à ce que vous faites. Vous pourrez avoir la mort d’innocents sur la conscience. »

Une dernière mise en garde. Pouvaient-ils le blâmer ? Après tout, ce n’était pas comme s’ils allaient à la rencontre d’un être pouvant réduire tout à feu  et à sang. La Louve n’était pas dupe et comprenait les inquiétudes d’Yvar mais tout comme Lamento, elle souhaitait mettre un fin mot à cette histoire.  Doucement, elle se saisit du flacon et le rangea dans une petite bourse.

« Je vous remercie grand prêtre pour votre confiance. Je sais que nous allons aux devants de forces qui nous dépassent mais si je veux savoir ce qui me lie à tout ceci…Nous devons plonger et explorer le joyau immergé.  –elle se tourna vers Lamento – le mieux…serait de ne pas perdre de temps.  Et je ne t’ai pas donné de réponses avant mais..je serai ravie de visiter l’Empire de Vapeur. »

Une future destination se dessina des lors. Pour le moment  l’ancienne cité les attendait.  Yvar se fit cependant de nouveau entendre et donna quelques précieux  conseils aux deux vagabonds avant de leur fournir également quelques vivres.  Personnes ne pouvaient prévoir à l’avance combien de temps le duo resterait sous les flots. Et à défaut de mourir noyer, périr de fin ou de soif n’était pas option des plus captivantes.


Quelques heures passèrent encore avant que tout ne soit prêt et la Louve laissa glisser son regard sur l’étendue calme se trouvant juste sous ses pieds. L’eau venait même des fois frapper ses bottes. Il était temps. Sortant la fiole de son sac, elle en but quelques gorgées avant de la tendre à Lamento. Le goût était infect mais si cela pouvait leur permettre de respirer sous l’eau…C’était un mal pour un bien. Et d’un commun accord, le « couple » plongea se mettant à nager vers la cité engloutie. Aucun monstre marin ne risquait de venir les importuner, juste quelques poissons curieux. Une entrée fut trouvée et étonnamment, l’eau ne s’y était pas engouffrée. AU contraire même !  L’air y était parfaitement respirable et tout semblait sec. Mais une odeur stupeur pris place, un cri strident qui vrilla les oreilles de la Terranide ainsi qu’une sorte d’invocation ? Un chant  se faisait entendre et prouver bien que le l’elfe et la Louve était loin d’être seuls. Et surtout que Tien Tao semblait avoir des adeptes…

Pour la plongée, Lamento avait abandonné à Yvar sa cape de voyage pour la troquer contre un sac à dos fourni par le prêtre afin que le duo puisse emporter les vivres fournies. Le semi-elfe sangla le sac de cuir tout contre son dos et serra les bretelles au maximum après avoir installé Brise de Printemps de façon à ce que le shamisen ne puisse être emporté par les courants qui serpentaient sûrement sous les eaux. Il ajusta le baudrier de son sabre pour être sûr qu'il ne le gênerait pas pendant la petite séance de natation qui se profilait et, lorsque tout fut selon lui au point, le musicien avala la potion tendue par Shad. Pouah ! Quel goût immonde ! Semblable à celui d'une soupe avec la consistance du pétrole et le fumet d'entrailles de poiscailles pourries au soleil -et Lamento aurait parié qu'il y en avait qui rentrait bel et bien dans la composition de la recette.
Préférant ne pas y penser davantage, l'elfe rendit la fiole à Yvar qui attendait leur départ tout à côté. Puis, lorsque la louve fut prête elle aussi, les deux plongèrent en direction de la Ville Noyée.

L'adaptation à la respiration sous-marine se fit plus naturellement qu'il n'y paraissait et le poids de leurs équipements respectifs aidèrent les amants à se rendre plus efficacement vers les profondeurs. Et quelle vision s'offrit alors à eux tandis qu'ils descendaient vers le coeur véritable de Zun-Zi Yi en perçant les nuées sombres des poissons qui évoluaient là paisiblement et s'écartaient comme des pigeons peureux alors qu'ils crevaient leurs rangs !

Les bâtiments de la ville avaient été érodés par les décénnies passées sous la domination aquatiques, rabotés par les courants. Leurs formes avaient adoptés de curieux arrondis qui conféraient un charme surréel à cette cité perdue que les algues et les inoffensives créatures lacustres s'étaient depuis longtemps déjà appropriés. Tandis que le couple approchait lentement mais sûrement de son but, la faune sous-marine se faisait plus luxuriante et semblait vouloir faire oublier que les maisons, temples et autres bâtiments qui s'étalaient en arrière-plan avaient été ravagés par le cataclysme qui avait immergé cette Atlantis terrane. Pourtant, étrangement, la ville paraissait irradiée d'une douce lumière qui émanait de sous elle. Lamento mit un moment à comprendre que, si les légendes étaient vraies, c'était sûrement là l'oeuvre des flammes de Tien Tao, enfermé sous les fondations même de la cité.
Effrayante perspective...

Après un moment d'exploration, les deux amis dénichèrent une entrée dans ce qui devait être un bâtiment de culte alors que Zun-Zi Yi ornait la surface. Shad et le musicien s'y faufilèrent, crevant un mur aqueux pour se retrouver au sec ! Derrière eux, l'eau semblait repoussée à la porte par le différentiel de pression entre l'intérieur et le reste du monde. Comme dans toute bonne installation sous-marine, si l'équilibre des forces venait à changer, ce serait une catastrophe à laquelle ils ne pourraient très sûrement pas survivre.

"Aide moi..."

Lamento préféra ne pas y penser, tendant l'oreille vers le chant caverneux qui emplissait les anciens murs qui les cernaient et le cri strident qui avait ébranlé toutes les pierres. Heureusement, les deux aventuriers semblaient encore assez loin de la source de ces maux auditifs.

- Avançons, mais restons sur nos gardes. N'allons pas titiller le phénix.... Enfin, si les légendes sont vraies. Les hommes qui chantent sont nombreux et bien réels, eux.

Se battre n'effrayait pas Lamento, mais il n'était pas héroïque au point d'accepter de plonger tête baissée dans un affrontement à 1 contre 100, même accompagné de la puissante okami. De plus, ils étaient là pour trouver des réponses et des éléments quant au tatouage de Shad, pas pour chasser des intrus quelconque !
Une fois prêts, les deux amis empruntèrent le couloir sur lequel ils avaient débouché. Large et long, il avait dû autre fois être beau si on en jugeait par les vestiges des ornements qu'on discernait encore sans mal sur les murs et les plafonds. Cela laissait rêveur quand à l'aspect initial de la cité, qui avait dû être terriblement florissante. Peut-être autant que Nexus elle-même, mais bien moins avantagée par la géographie. Zun-Zi Yi n'était (et ne serait jamais plus) qu'une ombre de la cité des Ivory...

"Aide moi..."

Ils enchaînèrent couloirs à l'aveuglette, découvrant des salles à la décoration ravagées par le temps. Certains priants avaient été brisés, se retrouvaient moisis par l'humidité. Une perte claire du patrimoine culturel qui avait scintillé ici jadis. Alors qu'ils s'apprêtaient à rejoindre un autre couloir, des rires résonnèrent dans la direction opposée ainsi que le brouhaha d'une discussion. Impossible de tout discerner de là où ils se trouvaient.
Échangeant un regard avec Shad, Lamento ouvrit leur marche en direction des éclats de voix, se pliant en deux et prenant garde à ne pas faire de bruits tandis qu'ils évoluaient dans les petits couloirs. Le chemin se séparait en deux et le musicien préféra opter pour celui de gauche qui leur fit emprunte des marches pour arriver sur un balcon.

"Aide moi..."

En contrebas de leur perchoir s'étalait une grande et vaste salle aux teintures sublimes rongées par le temps, et criblées de signes que l'elfe estima être religieux sans pouvoir les identifier. Au centre se dressait une imposante stèle de pierre sur la surface de laquelle était gravée avec un soin splendide une étrange figure. Au pied de cet étrange gisant qui semblait être le point névralgique de la pièce et culminait à une bonne dizaine de mètre de hauteur, trois hommes armés de marteaux discutaient alors qu'un quatrième pissait sur la stèle gravée en riant, goguenard de son insulte muette.

- On doit la péter, fit un.
- On a qu'à casser la base et pousser !
- Et tu crois que tu vas y arriver, avec tes bras de crevette, abruti ?
- Vous faites chier, rétorqua l'urineur en rangeant sa queue. Le seigneur Shaolong veut qu'on abatte ce machin, alors on va le réduire en gravier. Même si ça nous prends toute l'année !

Ils échangèrent de nouvelles insultes et idées pour mener leur tâche à bien et Lamento profita de cet interlude pour prendre le poignet de Shad en main et lui murmurer quelques mots.

"Aide moi..."

- Faisons marche arrière et prenons un autre chemin. Inutile de les attirer, Shad. Hého ? Shad, tu m'entends ? Shad ?

Mais Shad n'entendait pas. Pas la voix de Lamento, en tous cas. Car dans son esprit résonnait une voix aussi puissante que le tonnerre dans un violent orage de campagne, qui couvrait tous les autres bruits après n'avoir été qu'un murmure dans le vent pendant longtemps. Dans le même temps, son tatouage semblait chauffé au fer rouge et bientôt, sans qu'elle ne puisse le contrôler, ses mains se nimbèrent de ses flammes bleues, ce qui poussa Lamento à s'écarter pour éviter d'être brûlé.
Et la voix, toujours, résonnait violemment dans l'esprit de la louve....

"AIDE MOI !"

Elle ne l’entendait pas, ne l’entendait plus. Non depuis quelques temps déjà la Louve  était sujet à d’étranges murmures, à une bise soufflée qui prenait de plus en plus d’ampleur. Bien qu’au départ elle avait l’impression qu’il ne s’agissait que d’une hallucination liée au chant lancinant qui se faisait entendre, cette sensation changea radicalement quand la voix se fit plus forte, plus claire.  A chacun de ses pas, l’Okami sentait également comme un appel,  différent de celle qui résonnait dans son esprit. Elle n’aurait su l’expliquer mais ce lieu, la cité engloutie de Zun-Zi-Yi semblait faire remonter dans son esprit d’étranges écho d’un passé qu’elle n’avait pourtant jamais vu de ses propres yeux. Et quand ils arrivèrent juste au-dessus d’une pièce contenant une étrange sculpture, la voix résonnant dans son esprit se fit alors plus forte, plus autoritaire. En réalité, la Louve ne remarqua pas également les flammes bleues qui venaient d’apparaître autour de ses mains. Son iris bleuté se fit plus scintillant, comme empli de magie et son regard se posa  vers les trois hommes qui avaient remarqué leur présence suite au mouvement de recul de Lamento.

« Putain c’est quoi ce délire ? Vous avez rien à fiche ici vous ! Toi ! – il désigna l’un de ses collègues – Commence à détruire cette putain de statue ! Nous deux – fit-il en désignant le second – on va s’occuper de ces emmerdeurs ! »

Si Lamento et Shad voulaient éviter une quelconque confrontation, c’était à présent peine perdue. Les deux hommes prirent rapidement la direction des escaliers, montant les marches quatre par quatre pour rejoindre le plus rapidement le balcon armés de leur marteau.  Quelles étaient réellement leurs projets ? C’était une question qui restait pour l’heure sans réponse. Arrivant à hauteur des vagabonds, les deux hommes ne perdirent pas de temps et chargèrent, frappant l’air de leur puissante masse, cherchant à fracasser les os de leurs adversaires involontaires. Et pourtant, l’Okami ne riposta pas. Elle évitait les coups mais n’en rendait pas, son attention étant plus tournée vers la statue. Et quand le premier coup de marteau fut assigné, les flammes autours de ses poignets prirent de l’ampleur et vinrent encercler aussi bien l’homme en contre bas que ces deux compères.

Furieuses, violentes et implacables, les flammes bleutées ne semblaient vouloir lâcher leurs adversaires qui ne cessaient de se débattre pour éteindre un feu qui ne cessait de gagner en intensité. Mais plus que tout, la rage incandescente était plus présente au niveau de l’homme solitaire, de celui qui avait osé frapper l’étrange statue et ainsi commis un blasphème sans nom.  Des cris de douleurs survinrent le silence. Calmées, les flammes revinrent autours des poignets de la Louve, dansant autour d’elle comme des animaux marchant près de leur maître.  Puis, la Terranide cligna subitement des yeux, ses iris devenant moins luisante et secouant sa tête comme si elle venait de revenir à la réalité, elle souffla :

« Lamento ? Que…Que s’est-il passé ? »

Shad voyait les cadavres sur le sol mais ne comprenait pas. Des derniers évènements elle n’en avait plus aucun souvenir. Et le faciès du musicien lui indiquait bien qu’elle était la cause de ces morts. Elle abaissa ses oreilles lupines, se préparant à s’excuser de n’avoir aucun souvenir avant de les relever subitement. La voix dans son esprit revenait, moins criarde cette fois mais elle était de nouveau là. Et comme si elle fut poussée par une force irrationnelle, la Louve descendit rapidement les marches pour se retrouver dans la salle en contre bas, juste en face de l’étrange sculpture.  A cet instant, les flammes autour de ses poignets la quittèrent pour venir se loger à l’emplacement des orbites de la statue, créant ainsi deux « yeux » magiques.

Ami ? Ennemi ? Il était encore bien trop tôt pour le dire.