Une strip-teaseuse au lycée [PV Ethan Garest]

Voodoo franchit les grilles du Lycée de Seikusu.

Une bonne demi-heure avant, elle avait trouvé, alors qu'elle se promenait dans la rue, une sorte de carnet. Après l'avoir ramassé, elle l'avait ouvert et avait constaté que c'était un livret de lycéen, appartenant à un certain Ethan Garest. Elle avait légèrement haussé les sourcils : un nom qui ne sonnait pas spécialement japonais !

Son premier réflexe avait été de se rendre à l'adresse personnelle du jeune homme mais étant donné l'heure et la journée, il y avait de fortes chances qu'il soit en cours. Aussi avait-elle choisi de se rendre directement à l'établissement.

- Et puis ce sera l'occasion de visiter ce fameux lycée !... avait-elle murmuré, un petit sourire aux lèvres.

Elle aurait pu laisser le carnet au secrétariat mais elle avait préféré, elle ne savait pas trop pourquoi, remettre en mains propres cet objet à son propriétaire. Sa curiosité était dû en partie au fait qu'il n'y avait pas de photo dans le livret et qu'elle brûlait de savoir à quoi pouvait bien ressembler ce jeune homme, surtout qu'il était, tout comme elle, un gaijin, c'est à dire un étranger.

Elle arpentait maintenant les couloirs d'un des bâtiments de l'établissement. Cela lui rappelait des souvenirs agréables, quand elle n'était encore qu'une lycéenne insouciante, à Miami. La plupart des élèves étaient en classe aussi il n'y avait personne. L'employé du secrétariat l'avait informé que la section d'Ethan Garest, la section G, avait cours de chimie en ce moment, dans la salle 315. Bien entendu, elle n'allait pas se pointer directement en plein cours et elle allait donc attendre qu'il finisse pour rendre au jeune homme son bien.

Elle croisa un groupe de lycéens qui, yu leur taille et leur allure, devaient être des premières années. Ils lui jetèrent des regards admiratifs et l'un d'eux ne put s'empêcher d'émettre un sifflement. Il faut dire aussi que Voodoo était plutôt élégante ce jour là : elle avait délaissé son jeans, le T-shirt et ses Converse pour mettre des talons hauts, une jupe noire et une belle chemise blanche qui mettait en valeur sa poitrine.

- Putain quel canon !
- Tu crois que c'est une nouvelle prof ?!
- Si c'est le cas, j'espère qu'elle sera dans notre classe !

Elle eut un petit sourire tout en continuant son chemin tranquillement. Elle arriva en vue de la salle de cours en question et attendit devant.

Au bout d'une dizaine de minutes, la sonnerie de fin des cours retentit dans l'immeuble.

Cela faisait plusieurs jours que je travaillais sur un projet chez moi, une sorte de dessein représentant un merveilleux paysage, immense, et basé sur des formes plutôt géométrique, cela m'amusait de jouer avec les sciences et la nature de cette manière, on aurait presque put dire que cela donnait un certain style, une harmonie naturel. Comme d'habitude, je travaillais dessus ce matin même quand je vis que j’étais déjà en retard de plus de dix minutes. N'ayant pas le temps de faire mes affaires, j'attrape donc le nécessaire, mon téléphone, mes écouteurs et quelques affaires, laissant mes cours dans ma chambre.

J'essayais tant bien que mal à défaire le nœud de mes écouteurs pour les mettre rapidement à mes oreilles et fonçait en direction du lycée que j'avais déjà rejoint depuis deux semaines. A mon arrivé devant la grille, je repris mon souffle un moment et présenta mon car... mais, ou il est passé ? Je regarde partout sur moi et dans mon sac, sans réussir à le trouver. Je me voyais pourtant le prendre avec ma trousse, peut-être était-il tomber par terre alors que je courais et réajustait mes écouteurs. La sonnerie retentit alors, je n'avais clairement pas le temps d'aller le chercher, tant pis.

La chose bien quand on est en retard, c'est que les couloirs sont vides, la chose mal, c'est qu'en rentrant en salle, on se fait remarquer par tout le monde. D'un air gêné, je baissa la tête et lâcha un petit "désolé" avant d'aller m’asseoir au fond de la salle, le plus loin possible des élèves.

Depuis que j’étais arrivé au lycée, je restait la plupart du temps renfermé, fuyant le contact avec tout le monde, surtout les filles. Je n'avais donc aucun ami, et déjà beaucoup de rumeurs sur le dos, et une sacré réputation de faiblard. Un groupe d'élève, les fortes têtes de la classe, en avait déjà profité pour s'en prendre à moi, et cela ne fit qu'augmenter mon amertume.

L'heure passa vite, de la simple chimie que je connaissais déjà par cœur, je pouvais donc passer le reste du cours à dessiner sur mon cahier de dessein, que lui je n'avais sûrement pas oublié. Les profs commençaient déjà à y être habitué, et tous mes devoirs étaient fait et juste, aucune raison donc de chercher me forcer. Je repensais aussi au reste de la journée et me rappela que j'avais justement sport cette après-midi, et que je n'avais pas ma tenue, la poisse.

Enfin, la sonnerie retentit à nouveau, et j'attendais patiemment que tous le monde sorte avant de les suivre. Mais une agitation reteint mon attention, alors que mes "camarades" semblait s'arrêter dans le couloir et parler assez fort. Curieux, je me leva de ma chaise et alla voir de quoi il s'agissait.

Une femme d'une beauté sans égale, et portant des vêtements alléchant se tenait juste à côté de la porte, abordé alors par plusieurs garçons qui n'avaient pas froid aux yeux. Je la détailla de haut en bas, alors que mon cœur venait de passer de la première à la quatrième, sans même me prévenir. Le sang se condensa dans mes joues, apportant de la couleur à ma peau pourtant pâle. Le carnet qu'elle tenais dans ses mains ne m'échappa pas, et alors que je compris que c'était le mien, je compris tout de suite que la journée allait être vraiment bizarre.

Bientôt les élèves sortirent de la salle et les premiers eurent la vision d'une splendide jeune femme à la peau brune, aux cheveux noirs, aux yeux bleus turquoise et à la poitrine tellement ronde, lourde et ferme que les boutons de son chemisier menaçaient d'éclater. La plupart des élèves masculins se contentèrent d'un regard admiratif, passant devant elle en rougissant, les filles, quant à elles, la regardèrent avec une curiosité non feinte. Seuls quelques garçons se pressèrent autour d'elle, avec un intérêt non dissimulé ; ceux là étaient les plus grands de la classe et avaient des airs de caïds :

- Oh madame, vous venez faire quoi ici ?!
- Z'êtes une nouvelle prof ?
- Vous faites quoi dans les prochaines heures ?
- Z'êtes mannequin ?
- J'ai une voiture de sport, ça vous dirait de faire un tour avec moi ?

Voodoo pour sa part se contentait de sourire poliment à ces énergumènes et tout en répondant à leurs propositions d'un air à la fois mi-amusé mi-détaché, jetait un coup d’œil par-dessus leurs épaules, cherchant un élève qui, selon ce qu'elle en avait pu déduire, avait l'air d'un occidental.

Elle en repéra un enfin et, fendant la masse des garçons entreprenants, s'avança vers lui d'une démarche à la fois souple et nonchalante;

- C'est toi Ethan Garest ? Je pense que ceci t'appartient ! dit-elle en tendant au jeune homme son livret.

Derrière elle, les jeunes crâneurs regardaient tour à tour leur camarade et la jeune femme d'un air où se lisait la stupéfaction. L'un d'eux avait même la mâchoire ballante. De son côté, le professeur de chimie, un petit homme malingre que l'on surnommait "Chihuahua" pour on ne savait quelle raison, regardait Voodoo avec des yeux ronds comme des soucoupes, tout en rangeant ses affaires...

Voyant la femme approché de moi en ignorant les garçons qui plus d'une fois avaient cherché à me faire chanter et menacer de me frapper si je ne leurs obéissait pas, je baissa les yeux pour essayer de ne pas la regarder. Les emmerdeurs qui se trouvaient derrière elle furent outrés de me voir me faire accoster, moi le microbe de la classe, par une femme aussi divine que elle, et je savais très bien que j'allais devoir m'en aller le plus vite possible avant que ceux-ci ne me tombent dessus.

- C'est toi Ethan Garest ? Je pense que ceci t'appartient !

Relevant les yeux vers le cahier qu'elle me tendait, je leva la main pour l'attraper, mais ses seins entrèrent dans mon champs de vision, me faisant rougir violemment et m’arrêter une seconde. J'attrapais d'un geste vif le cahier et me retourna pour essayer de reprendre mon souffle. Déjà, mon pantalon se déformait par la pression qu'appliquait mon érection sur le jean. Je le rangea dans mon sac, et inspirant un coup, me retourna pour lancer à cette belle femme qui m'avait tout de même aider un:

"Merci..."

Ma voix eut du mal à prononcer ce mot, et je m'était presque aplatit sur moi-même, rentrant la tête dans mes épaules, on aurait presque dit un pauvre animal apeuré. Il faut dire que la femme avait de l'effet sur lui, et pas qu'un peu, cela se voyait aisément. Mais cette gêne et la rougeur de ses joues accentuèrent son côté mignon, le rendant presque à croquer, et ses yeux doux avait de quoi donner chaud.

"Bon aller, ça suffit comme ça, sorter de la salle et aller à votre prochain cours si vous ne voulez pas que je vous donne un DM !" lança aux élève le prof de chimie, rassemblant du mieux qu'il pouvait son autorité pour faire sortir les élèves et se retrouver seul avec la femme au si gros melons.

Tous les élèves furent sortis rapidement, et le "Chihuahua" comme aimait l'appeler certains referma la porte, provoquant les grognements de plusieurs des élèves. En me tournant, je vis Thomas et sa bande de loubard du lycée me regarder d'un air vraiment haineux, et ils ne tardèrent pas à me plaquer à un mur.

"Putain d'enfoiré ! Comment ça se fait qu'un morveux pareil connaisse une bombe pareil ! Tu vas pas t'en tirer comme ça ce coup-là !"
"Ouais ! Vas-y Thomas, fais lui regretter de vivre à ce minable, cette tafiole !" répondit un de ses amis.

Voyant bien que c'était mal engagé pour moi, je réfléchissais comme je pouvais pour me sortir de là. Pendant ce temps en classe, le prof s'approcha de sa "cible", se délectant de la vue de son corps et chercha à se montrer le plus charmeur possible, et d'une voix presque un peu trop chaleureuse, il dit:

"Et bien, ma belle dame, que puis-je faire pour vous ? Peut-être que pour vous remercier d'avoir aider un de mes élèves, je pourrais vous inviter à déjeuner ce midi, non ?"

Mais dans ses yeux, on pouvait facilement voir les idées perverses qui fusaient dans sa tête pour amener dans son lit une telle créatures.

Le jeune homme la gratifia d'un timide "merci" quand Voodoo lui rendit son carnet. Elle avait quand même remarqué son regard brillant et ses joues rouges, signe qu'elle ne le laissait pas indifférent, mais également sa timidité et sa confusion.

- Bon allez, ça suffit comme ça, sortez de la salle et allez à votre prochain cours si vous ne voulez pas que je vous donne un DM !

La jeune femme jeta un regard surpris au professeur : il était tellement petit et mince qu'elle ne l'avait même pas remarqué ! Tandis que les élèves sortaient en grommelant de la salle de classe, Voodoo détailla l'enseignant : elle l'avait déjà vu quelque part, mais où ?...

- Et bien, ma belle dame, que puis-je faire pour vous ? Peut-être que pour vous remercier d'avoir aidé un de mes élèves, je pourrais vous inviter à déjeuner ce midi, non ?

Elle lui jeta un regard à la fois apitoyé et moqueur. Elle pouvait presque sentir le désir qu'il éprouvait pour elle mais il fallait quand même admettre qu'il n'avait pas le physique à la hauteur de ses prétentions. C'est alors qu'en un éclair, elle se souvint où elle l'avait déjà rencontré :

- Eh mais je vous reconnais vous ! Vous étiez dans cette boîte de strip-tease, le Dahlia Noir ! Vous étiez avec votre bande d'amis à mater les danseuses !...

Oui, elle se souvenait de ce groupe d'adultes qui, un soir au club, étaient en train d'admirer les filles de l'établissement tout en vidant force verres d'alcool, et tout particulièrement de ce petit bonhomme qui avait fini par vomir, tant il ne devait pas avoir l'habitude de boire. Le visage de ce dernier se décomposa à vue d’œil.

- Que... Mais... Comment ?... balbutia-t-il.

Voodoo, après lui avoir fait un petit signe de la main qui voulait dire "au revoir !", franchit la porte et se retrouva dehors. D'autres élèves d'autres classes sortaient eux aussi de cours et se rendaient au suivant ; d'autres encore trainaient dans le couloir, discutant entre eux. Un attroupement retint l'attention de la jeune femme : Ethan était entouré par d'autres lycéens et ils n'avaient pas l'air d'être en pleine discussion amicale...

Elle s'avança vers le groupe et, juste avant que l'un d'entre eux frappe le lycéen, pour elle ne savait quelle raison même si elle soupçonnait que sa présence à elle avait une sorte de lien, lui saisit le poignet.

- Si j'étais toi, je ne ferais pas ça ! dit-elle d'une voix... glaciale.

L'air autour d'elle sembla se rafraichir. Sous la pression de la main de Voodoo, le dénommé Thomas eut l'impression que son poignet venait d'être plongé dans un bassine d'eau glacée. La sensation de froid devint de plus en plus intense et se transmit rapidement à tout son corps qui se mit à grelotter. Sa peau, en contact direct avec la main de Voodoo, prit une étrange teinte bleutée.

Durant tout ce temps, les autres élèves n'avaient pas esquissé un seul geste ni prononcé un seul mot, comme paralysés ou frappés de stupeur. Finalement, elle relâcha sa pression et l'autre s'écroula au sol, gémissant de douleur et tenant de son autre main son poignet qui était devenu tout rigide.

- Que ça te serve de leçon ! dit-elle laconiquement avant de tourner les talons...

Je me trouvais dans une bien mauvaise posture. Coincé par ces brutes qui avaient clairement l'intention de me faire payer le fait qu'une aussi belle femme soit venue me voir, et d'ailleurs j'y pouvais quoi moi ? Thomas et sa bande était vraiment un groupe d'abrutis pour vouloir se venger de ça, alors que je ne connaissais même pas cette femme.

N'allant sûrement pas leurs faire le plaisir de les supplier, j'étais de toute façon habitué à ce genre de traitements. C'est pourquoi, alors qu'il me tenait par le col et me menaçait de me frapper, je lui lançais un regard indifférent, comme si ses menaces ne me faisaient absolument rien, ce qui était vrai, et ce qui ne manqua pas de l'énerver encore plus.

Alors que celui-ci s’apprêtait à le frapper en levant son poing, une autre main l'attrapa et le stoppa dans son geste. Je pus alors voir cette femme qui était venue me voir, le regarder d'un air presque mauvais, alors que des frissons parcoururent mon corps, l'air devenait de plus en plus froid. Et cela n'était pas qu'une impression, cette femme dégageait vraiment quelque chose qui était presque effrayant à voir.

Thomas devint livide et son corps fut prit de tremblement alors que je pouvais presque voir sa main devenir toute bleue. C'était cette femme qui arrivait à lui faire ça ? Si c'était le cas, alors elle était vraiment spéciale, comme moi en somme mais elle, elle semblait maîtriser ce qu'elle faisait.

Le lâchant d'un coup alors que Thomas couinait de douleur en se tenant sa main amorphe et congelée, la femme se retourna et commença à s'en aller. Est-ce que je devrais la laisser partir comme ça ? Sans même rien essayer pour la remercier ou encore lui demander comment elle avait réussit un tel miracle ? Mes yeux se posèrent encore sur le groupe qui me regardait maintenant avec crainte, de peur que je leurs fasse subir le même sort.

Je me lança ensuite à la suite de cette étrange personne, qui semblait avoir bien des secrets. Si j'avais put, je me serais simplement lancé et l'aurais remercié, mais je n'étais toujours pas à l'aise avec elle, surtout avec un tel mouvement du bassin et des seins aussi gros. Devenant tout rouge, je la rattrapai alors et essayai tant bien que mal d'articuler un:

-Merci...merci de m'avoir aider avec eux...je pense que maintenant ils devraient me laisser tranquille...

Gardant les yeux baissés, je ne pouvais pas voir ses réactions, mon cœur battait la chamade et c'était un enfer pour moi de garder la tête froide. Mais les questions se bousculaient dans ma tête, et je ne pouvais pas les laisser de côtés. C'est pourquoi je m'entrepris d'une voix mal à l'aise et tremblante:

-Qui êtes-vous ? Pourquoi avez-vous fait ça ? Pourquoi m'avoir ramené mon cahier ? Et surtout, c'était quoi ça à l'instant ? Comment vous avez fait ça ?

Le jeune homme la rattrapa et la remercia. A nouveau, sa voix était hésitante, limite tremblante, et son visage était tellement cramoisi qu'on avait l'impression qu'il s'était pris un coup de soleil.

- Merci...merci de m'avoir aidé avec eux... Je pense que maintenant ils devraient me laisser tranquille...
- Ah ça c'est sûr ! répondit-elle d'un ton amusé.

Il y eut un moment de silence pendant lequel le lycéen garda les yeux baissés. Voodoo, les bras croisés, attendit qu'il dise autre chose. Finalement, quand il ouvrit la bouche, ce fut une véritable avalanche de questions :

- Qui êtes-vous ? Pourquoi avez-vous fait ça ? Pourquoi m'avoir ramené mon cahier ? Et surtout, c'était quoi ça à l'instant ? Comment vous avez fait ça ?

Elle ne répondit pas tout de suite, ne sachant pas vraiment par où commencer. Par ailleurs, les couloirs d'un lycée n'étaient pas un endroit idéal pour avoir ce genre de conversation.

- Viens, on va en discuter autour d'un café !

Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient confortablement assis à la table d'un café, le Cat's Eye. Elle avait commandé un café et avait laissé le jeune homme prendre ce qu'il voulait. Le temps que l'on apporte leur consommation, Voodoo commença par se présenter :

- Je m'appelle Priscilla, Priscilla Kitaen... Voila pour la première question. Passons aux suivantes.

Elle fit une petite pause car, pour être honnête, elle éprouvait des difficultés à parler d'elle, en particulier de ses pouvoirs et de ce qui en a découlé : sa capture par les membres du gouvernement américain, son évasion, son arrivée au Japon... A vrai dire, elle regrettait presque d'avoir utilisé ses pouvoirs au grand jour : c'était vraiment le meilleur moyen qu'on la retrouve. Mais bon, elle ne pouvait pas rester les bras croisés pendant qu'Ethan se faisait tabasser. Et il ne fallait pas compter sur le corps enseignant pour ce type de problème : les professeurs évitaient de s'en mêler car c'était mauvais pour leur carrière...

- Si je t'ai ramené ton cahier , eh bien c'est parce j'avais ma BA du jour à faire ! dit-elle en riant doucement.

- Viens, on va en discuter autour d'un café !

La réponse de cette femme me surprit beaucoup, mais il était vrai que pour parler de pouvoirs et de magie, le lycée n'était clairement pas un bon endroit, et il valait mieux aller dans un endroit plus calme. Je devais avoir cours après la chimie, mais je m'en moquais bien, je pouvais obtenir leur diplôme sans aller une fois en cours, je me forçais à y aller uniquement pour m'habituer au contact social et m'améliorer. Et partir discuter avec une femme aussi canon était pour moi un entraînement hardcore, bien plus difficile donc qu'avec mes camarades de classe.

D'ailleurs, je venais tout juste de tilter alors que je la suivais dans la rue, mais je suis actuellement en train de suivre cette femme et plein de personnes nous regardaient, ils devaient sûrement penser qu'on allait à un rencard, ou peut-être même que l'on était déjà ensemble. Bon, j'abusais certainement là, mais je ne pus m'empêcher de rougir de plus belle.

On s'arrêta finalement à un café, le Cat's Eye. Je ne m'étais jamais rendu ici, je n'avais d'ailleurs jamais vraiment exploré la rue, et instinctivement, j'avais noté la position d'un magasin de jeux rétro non loin de là, on était passé devant. Je regardais mes mains sur la table, préférant ne pas trop la regarder dans les yeux, je n'arrivais pas encore à faire quelque chose comme ça, et puis si je relevais la tête maintenant, c'était sur ses seins que je tomberais, et il valait mieux éviter.

Le serveur était venu assez rapidement pour nous demander ce qu'on voulait, et alors que mon interlocutrice prit un café, je préférai me rabattre sur un bon chocolat chaud, j'étais déjà suffisamment à cran comme ça, inutile de me transformer en boule de nerfs en plus.

- Je m'appelle Priscilla, Priscilla Kitaen... Voila pour la première question. Passons aux suivantes.

Je sentis alors quelque chose dans ma poitrine, comme un pincement au cœur, et je connaissais très bien cette sensation. En elle, je sentis une légère inquiétude, ainsi qu'un peu de regret et de peur. J'étais suffisamment intelligent pour savoir que cela avait sûrement un lien avec son utilisation de ses pouvoirs avec plusieurs témoins autour.

Même si cela ne dura pas longtemps, ma timidité et mon problème avec les femmes s'envolèrent, comme s'il n'avait jamais existé et je relevai les yeux pour la regarder dans les siens et lui faire un sourire chaleureux et un poil mignon. Je tentai même, entraîné par ma volonté, de la rassurer et de tenter un premier contact en posant doucement ma main sur la sienne, en signe de soutien.

-Moi c'est Ethan Garest, vous le savez déjà mais vous pouvez m'appeler Ethan. Je vous remercie encore de m'avoir aidé là-bas, et ne vous en faites pas, on était en expérience avec de l'azote liquide, et ces idiots s'amusaient à faire n'importe quoi, il n'avait qu'à faire gaffe plutôt que de s'en mettre sur la main.

Oui, cette explication est étrange, et difficilement crédible, mais les bêtises en classe de Thomas étaient bien connues, et qui croirait à une histoire de femme faisant de la glace, il était donc sûr que le problème étoufferait tout seul dans son coin sans que cette rumeur loufoque ne puisse se propager.

Me rendant compte de ce que je venais de faire, ma tête redevint plus rouge encore qu'une tomate et je baissai les yeux sur ma main encore à sa place et la retirai rapidement en m'excusant promptement. J'étais sûrement allé beaucoup trop loin et je n'osais encore une fois plus la regarder, mais il le fallait bien, je me calmai donc lentement alors qu'elle reprit.

- Si je t'ai ramené ton cahier , eh bien c'est parce j'avais ma BA du jour à faire !

Son petit rire résonna à mes oreilles, et il semblait que son inquiétude ait bien vite disparu, tout comme je ne ressentais aucune colère de ce que j'avais fait. Encore une fois, je la remerciai timidement et m'inclinai légèrement. Le serveur vint avec nos consommations et je sortis mon portefeuille pour payer le serveur, avec un assez généreux pourboire. Je lançai ensuite un petit regard vers Priscilla et lui dit timidement:

-Vous avez déjà fait votre bonne action du jour avec mon cahier, faut bien que je vous remercie de votre gentillesse pour m'avoir aidé avec ce garçon, une deuxième bonne action envers la même personne, ça fait un peu trop

Je détournais les yeux rapidement, les joues bien rouges après avoir dit ça, c'était clairement osé, mais en même temps, c'était le moins que je puisse faire pour elle. Je la regardais timidement et furtivement pour voir sa réaction.

Sans qu'elle s'y attendit, Ethan posa sa main sur la sienne tout en la regardant droit dans les yeux. Elle fut quelque peu surprise par ce geste mais ne fit rien pour retirer sa main car elle avait éprouvé une sensation des plus étranges quand ses doigts avaient touché sa peau : une sensation de paix et de quiétude comme elle en avait rarement éprouvé. Des souvenirs de son enfance et de son adolescence, qu'elle croyait avoir oubliés, surgirent de sa mémoire, des souvenirs heureux, pas en soi extraordinaires, et qui avaient la même chose en commun : la joie éprouvée par le simple fait de vivre.

Elle écouta sa réponse d'un air détaché, se contentant d'un hochement de tête et d'un "hon-hon". Au bout d'un moment, il le contact fut rompu et Voodoo eut l'impression de sortir d'un rêve. A nouveau Ethan baissa la tête, rouge de confusion.

Voodoo le regarda comme si elle le voyait pour la première fois : toi aussi tu as un secret... pensa-t-elle. Elle avait discerné quelque chose d'étrange en lui lorsqu'elle l'avait rencontré dans la salle de classe mais sans vraiment chercher à en savoir plus ; maintenant, elle se dit que ce garçon n'était pas vraiment pas quelqu'un d'ordinaire. Possédait-il lui aussi un pouvoir lié à une mutation génétique ? Et quel était-il d'ailleurs ?

La serveuse vint, apportant leur commande, sortant la jeune femme de ses réflexions. Tout en sirotant son café, elle continua à scruter l'adolescent qui avait généreusement payé leurs consommations. Il continuait à fuir son regard, le visage pourpre et Voodoo se dit qu'elle commençait à trouver ça un peu énervant...

- Arrête de faire ton timide ! dit-elle d'une voix un peu agacée, tout en levant son menton de manière à ce que ses yeux croisent les siens. Elle aimait bien les garçons timides mais là, il en faisait un peu trop. Je préfèrerais encore que tu fixes... mes seins !... acheva-t-elle mentalement.

Pour le mettre à l'aise, elle lui sourit tout en lui posant des questions banales, car elle préférait changer de sujet :

- Sinon, quels sont tes centres d'intérêt ? Tu aimes quoi comme genre de films ? Moi, j'aime bien les films d'horreur... fit-elle en riant doucement.

Le contact que j'eus avec elle instinctivement me plut beaucoup aussi. Avoir la main d'une femme dans la sienne était quelque chose de magique en soi, elle était si douce, si douce que j'aurais presque regretté de ne pas l'avoir caressé un peu en plus, mais cela lui aurait sûrement déplu et je ne l'avais pas fait pour mon plaisir personnel, il n'y avait que peu de chances que cela lui plaise aussi en plus. Non finalement, heureusement que ce n'était pas allé plus loin.

Après avoir payé l'addition, j'étais encore rêveur de me retrouver là avec une autre femme, cela ressemblait vraiment à un rendez-vous amoureux, et lui avoir pris la main comme ça ne devait pas avoir aidé. Un frisson remonta le long de mon corps alors que j'imaginais déjà encore plus de regard se poser sur nous, accusateur ou encore curieux. Je m'enfonçai presque dans mon siège et mes joues s'empourprèrent encore un peu plus, mon cœur battait à tout rompre. Mais ce dernier rata un bond alors qu'un autre pincement, mais différent cette fois se fit ressentir.

- Arrête de faire ton timide ! Je préférerais encore que tu fixes...

Sa main était passé sans que je m'en rende compte sous mon visage, un doigt juste en dessous du menton pour me l'attraper et me faire relever la tête. Nos yeux se croisèrent, proches l'un de l'autre, mais j'étais bien trop surpris par ce que j'étais en train de sentir pour en être gêné. Il y avait de l'irritation, pas au point de la colère, mais tout de même une certaine forme d'agacement, et elle était dirigée contre lui. Il est vrai qu'avec les femmes, j'éprouvais beaucoup de difficultés, et cela pouvait vite rendre la conversation impossible.

Toutefois, c'est autre chose qui me surpris. Je ne l'avais pas spécialement remarqué sur le coup, mais maintenant qu'elle ressentait ça, et une fois qu'elle redevint normale et me lança un sourire, je pouvais sentir en elle un peu de joie. J'avais vraiment réussi à l'aider ? Ce geste envers elle avait adouci les souffrances de son cœur ? Et comme un idiot, la seule chose que j'avais prit en compte était qu'on pouvait nous prendre pour un couple en rencard, et quelle idée stupide en plus !

- Sinon, quels sont tes centres d'intérêt ? Tu aimes quoi comme genre de films ? Moi, j'aime bien les films d'horreur...

Le rire qu'elle fit m'acheva. Il est vrai qu'elle était une femme, mais elle m'avait aidé, et c'était fort désagréable pour elle que je la remercie de cette manière. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres alors que le rouge de mes joues s'envola, ne laissant que quelques petites marques, tout autant signe de ma timidité que de mon bonheur. Mes yeux étaient remplis de gentillesse envers cette femme. On aurait pu croire que c'était la colère que j'avais senti qui m'avait changé, et pourtant ce n'est qu'en partie le cas. Je n'avais pas changé, mais ressentir la joie en elle et savoir que j'avais pu l'aider me rendait tout chose. Je voulais passer un bon moment avec elle et détruire sa bonne humeur, je m'efforçais donc inconsciemment de chasser ce problème, comme quand je ressentais la tristesse chez les autres. D'une voix plus calme, et beaucoup plus chaleureuse, je pus donc répondre:

- Je suis plutôt dans tout ce qui touche à l'art ou la science, mais j'adore passé du temps sur les jeux vidéo, ça reste ce que je préfère. Et pour les films, je suis plutôt film d'aventures. J'ai trop peur devant les films d'horreur et je les évite du mieux que je peux, mais je n'en ai jamais regardé avec quelqu'un encore. Et vous, quels sont vos centres d’intérêt, et que faites-vous dans la vie ?

- Je suis plutôt dans tout ce qui touche à l'art ou la science, mais j'adore passer du temps sur les jeux vidéo, ça reste ce que je préfère. Et pour les films, je suis plutôt films d'aventure. J'ai trop peur devant les films d'horreur et je les évite du mieux que je peux, mais je n'en ai jamais regardé avec quelqu'un encore. Et vous, quels sont vos centres d’intérêt, et que faites-vous dans la vie ?

Voodoo ne répondit pas tout de suite, savourant son café à petites gorgées. Les jeux vidéo ? Vu son âge et son sexe, il n'était guère étonnant qu'il aimât ça ! Elle-même appréciait ce type de jeux mais il fallait bien avouer qu'elle était loin d'être aussi passionnée qu'un garçon lambda.

- J'avoue que j'aime de temps en temps me faire un, comment dit-on ça déjà ? Un RPG, c'est ça ? Les jeux où l'on incarne un personnage évoluant dans une histoire, c'est bien comme ça qu'on les appelle ?

Les films d'aventure ? Là non plus il ne différait pas de l'ado moyen. Ils aimaient d'une manière générale ce genre de films, surtout les bons blockbusters américains, bourrés de testostérone, d'action, de gros flingues, de répliques qui tuent, de moments héroïques et d'incohérences. Surtout d'incohérences.

- Je parie que tu dois aimer les films de super-héros... dit-elle d'une voix pensive. Malgré son passage à l'OMAC, elle aimait plus ou moins le genre, même si elle savait très bien que c'était pas comme ça dans la réalité : quand on découvre qu'on a des super-pouvoirs, soit on fait en sorte de les utiliser le plus discrètement possible, comme Voodoo l'a fait jusque là, soit on s'en sert pour se faire un max de fric, généralement en embrassant une carrière de gangster, enfin de super gangster. Parce qu'il ne fallait pas rêver : les personnes se servant de leurs pouvoirs pour sauver la veuve et l'orphelin c'était du pipeau ! L'honnêteté paie rarement, voire pas du tout...

- Dis donc, toi, ce serait pas un moyen détourné de m'inviter au ciné ?! demanda-t-elle avec une pointe d'espièglerie dans la voix, quand Ethan évoqua les films d'horreur. Elle devait bien avouer que l'idée était séduisante mais elle choisit de laisser le jeune homme sur le grill, histoire qu'il s'empêtre et s'empourpre un peu plus. Car en fait elle aimait bien quand il était rouge comme une pivoine.

Faisant semblant d'oublier sa dernière question, elle attendit sa réponse, les bras croisés, un léger sourire sur ses belles lèvres.