Alliance sombre [Nefermenedj Von Carstein]

Le noctule bondit furieusement vers la femme, déplaçant ses ailes, créant une onde d’air qui fusa vers la femme, se heurtant néanmoins à un bouclier défensif, puis, alors qu’il usait de ses rapides jambes, le monstre nocturne, faisant bien plus de deux mètres de haut, fut repoussé par le doigt de la femme, qui envoya une puissante onde de choc, envoyant la créature heurter un mur au fond de la crypte. La bête rugit furieusement, mais un cône de glace s’abattit alors sur son corps, explosant en heurtant son torse, faisant couler son sang.

Aujourd’hui, Edea s’entretenait dans l’une des cryptes souterraines qui se situaient dans les quelques tombeaux aux alentours de la capitale de Galbadia, Deling City. La puissante sorcière, dans sa longue robe noire, n’oubliait pas l’importance qu’il y avait à toujours être au niveau, et ce d’autant plus que, récemment, on signalait une recrudescence des attaques de créatures nécrophages dans les cimetières et les caveaux. Les raisons en étaient bien obscures, car Edea et ses sorcières veillaient à protéger les endroits, de manière à ce que l’odeur de putréfaction n’attire pas les goules et autres monstres assimilés, comme ce redoutable noctule, qui, après l’Ice Strike d’Edea, était encore en vie, mais avait perdu beaucoup de vitesse.

Le puissant monstre émit un grognement furieux, et des arcs électriques jaillirent alors de la main d’Edea, le frappant, le repoussant encore.

« C’en est assez. »

D’une voix très calme, elle se concentra, et posa ses doigts sur ses lèvres, puis souffla vers le monstre, balançant une langue de feu qui frappa le noctule, faisant hurler la créature qui se transforma en torchère, et chercha à s’enfuir dans les recoins de la crypte. Cependant, moribond, le noctule heurta un mur, et s’écroula mollement sur le sol, continuant à lentement brûler. Edea s’écarta alors, et continua à explorer la crypte, en essayant de comprendre ce qui attirait autant les monstres. En effet, la sorcière avait vérifié les tombes, et les sceaux magiques étaient toujours là.

Plus elle explorait, et plus elle était convaincue que tout ça dissimulait quelque chose, que l’apparition de ces monstres n’était pas naturelle. Dès lors, il fallait envisager une attaque humaine. Cette information avait largement de quoi préoccuper Edea, car elle laissait entendre que des individus étaient suffisamment puissants pour utiliser des spores, ou des phéromones, qui attiraient les créatures nécrophages à la surface, et, ainsi, déstabiliser tout son royaume.

Pendant ce temps, dehors, il y avait deux fourgons blindés, et des patrouilles de soldats, qui protégeaient la zone. Ils ne servaient donc pas à grand-chose, et auraient uniquement pour fonction de rentrer dans la crypte une fois cette dernière sécurisée.

Autant dire que leur vigilance n’était pas très élevée...

L'air marin était agréable. Nefermenedj ne voyait que rarement les vastes étendues d'eau du monde, mais de temps à autres elle trouvait ça sympathique. Alors qu'elle réfléchissait à un endroit convenable où elle pourrait installer une résidence secondaire pour les moments où elle voudrait changer d'atmosphère, l'ile pointa à l'horizon. Galbadia était un pays que la vampire surveillait avec intérêt. Outre les avantages d'être insulaire, sa dirigeante piquait sa curiosité. Il paraissait que ses capacités magiques étaient au-delà de la grande majorité des humains. Elle aimerait beaucoup entretenir des relations un peu plus proches, surtout que l'endroit était indépendant, tout comme son domaine. Cependant elle avait ouï dire qu'Edea projetait de rejoindre l'empire. C'était tout à fait inacceptable. Mettre ses ressources et ses capacités au service d'Ashnard était à ses yeux un véritable gâchis. C'est pourquoi elle avait décidé de précipiter un peu les choses en se rendant directement sur place afin d'avoir une petite... entrevue entre dirigeantes.

Arrivant de nuit, elle posa son dragon zombie dans une clairière bien dissimulée à l'écart de toute habitation. Totalement incapable d'aller à l'encontre de sa volonté, il resterait là bien sagement aussi longtemps que nécessaire. Elle ouvrit une immense sacoche qui se trouvait sur les flancs de la bête et en sortit des os assez gros. Lorsque tout fut posé à même le sol, une très brève incantation ranima le cheval squelette. Elle l'équipa d'une selle et d'une armure stylisée cachant en grande partie sa nature avec un deuxième sort puis entama la route jusqu'à la capitale.

Il ne lui fallut pas longtemps avant de remarquer que quelque-chose n'allait pas dans ce royaume. La sensation familière de la présence de créatures qu'elle contrôlait habituellement, mais sauvages. Et en nombre. Elle aurait presque pensé à un cadeau de bienvenue. Cette pensée la fit sourire mais elle se doutait de la vraie raison. Une population inhabituelle de nécrophages en liberté n'était attirée que par très peu de choses. Il était cependant trop tôt pour affirmer quoi que ce soit. Peut-être en discuterait-elle avec son homologue local, mais pour l'instant ce n'étaient pas ses affaires. Quoique. Pourquoi ne pas faire un petit cadeau à son hôtesse?

Lorsqu'elle arriva en vue de Deling City, peu après l'aurore, la maitresse nécromancienne était suivie par quelques dizaines de bêtes absurdes avides de chair putréfiée. De par sa nature elle attirait naturellement ses dernières, aussi avait-elle assumé de prendre le contrôle de leurs pitoyables esprits et de les offrir en pâture au courroux de la sorcière. La bande grotesque fut forcée de s'arrêter à 200m des portes de la cité. Contrairement aux morts-vivants, les nécrophages ne lui obéiraient que si elle restait dans un rayon acceptable. C'est pourquoi elle les enferma dans une cage intangible, mais parfaitement visible. Une sorte de halo de couleur sombre qui les priverait de leur âme si les créatures tentaient de le franchir. Bien que la plupart avaient des capacités intellectuelles fort peu développées, cela faisait partie des choses qu'elles pouvaient ressentir sans trop de mal. Ainsi elle était sûre qu'elles ne bougeraient pas d'ici.
Elle s'approcha de la destination de son voyage en sortant un mouchoir d'un blanc impeccable qu'elle maintint en l'air en signe de paix. Une fois arrivé à une portée satisfaisante, elle héla les gardes, visiblement inquiets par ce qu'ils avaient sous les yeux et peu enclins à la laisser passer. Rien d'étonnant.


"Moi, Nefermenedj Von Carstein, dirigeante d'Ahmri, vient en paix et demande audience auprès de Lady Kramer. Quant aux créatures dégénérées derrière moi, je les ai sorties de vos cimetières qu'elles profanaient afin de les confier à son châtiment. Considérez cela comme un modeste présent pour votre maitresse."


Elle-même n'appréciait pas les nécrophages. Les seuls êtres qui devraient avoir le droit d'ouvrir une sépulture pour utiliser son contenu étaient les nécromanciens. Les cadavres étaient bien trop utiles pour se contenter d'être dévorés. Les gardes semblaient un peu abasourdis, mais ce n'était pas bien important, elle n'était pas pressée et elle se doutait qu'à cette heure matinale peu d'humains avaient tous leurs esprits.

Les soldats galbadiens avaient beaucoup perdu en influence depuis qu’Edea avait pris le pouvoir. Avant cela, Galbadia était une dictature où le Président s’appuyait sur l’armée pour contrôler la nation insulaire. Après le putsch conduit par Edea, qui avait abouti à la mort du Président, Galbadia restait toujours une dictature, mais où l’armée était devenue secondaire, au profit des sorcières. Les différentes universités galbadiennes avaient sensiblement développé leur apprentissage magique, et les soldats étaient devenus des agents de second rang, l’armée obéissant aux sorcières. Un choix qui ne laissait pas certains vieux officiers et généraux satisfaits, mais, pour l’heure, Edea était juste dans la crypte, à chasser les monstres.

Ainsi, quand l’étrange femme rousse apparut, les gardes du palais l’observèrent, se demandant bien qui était cette étrange femme. Sa présentation n’en fut que plus confuse encore, car ils n’avaient jamais entendu parler d’Ahmri, une terre bien trop éloignée pour leur correspondre.

« Notre Souveraine n’est pas là en ce moment !
 -  Elle a ramené des monstres ! »

Depuis les tourelles de Deling City, les gardes pointaient de la main cette assemblée hétéroclite de morts-vivants, en se demandant ce qu’il convenait de faire. Il fallait bien admettre que, depuis qu’Edea avait réorganisé la sécurité intérieure du territoire, l’armée était désormais inféodée aux ordres des sorcières, et beaucoup de soldats n’osaient guère prendre d’initiative. Ce faisant, ils pointaient vers les monstres leurs canons défensifs, tandis que des soldats enfoncés dans des exosquelettes se déployaient également, le tout aux portes de la ville, qui, pour le coup, se retrouvaient animées.

« Un peu d’initiative, que diable ! »

Une voix féminine venait de résonner, tandis que Nefermenedj, perçue comme une menace hostile, se retrouva face à des soldats supplémentaires, les civils étant écartés, les fusils pointés vers la femme. La voix à l’origine de cet ordre venait de l’une des sorcières d’Edea, une femme prénommée Georgine, qui se téléporta devant l’entrée de la ville, sur la route qui menait à l’entrée de cette dernière, et om, habituellement, de multiples voitures attendaient de passer le poste de garde.

Ici, les civils étaient sortis précipitamment de leurs voitures en voyant l’armada des morts arriver. Georgine, quant à elle, matérialisa la magie autour d’elle, formant comme un halo doré défensif, et fronça les sourcils.

« Pardonnez notre nervosité, mais notre souveraine n’est pas là actuellement, et... Je n’ai personnellement jamais entendu parler d’Amhri. Quant à votre armée, elle ne semble guère être un... »

Elle n’acheva pas, car un sortilège magique jaillit alors depuis le mur. Georgine eut le temps de voir un trait magique fuser vers les monstres, émanant d’un soldat qui s’écroula ensuite sur le sol, atteint d’une mort cérébrale. Le temps que Georgine tente de comprendre ce qui venait de se passer, les monstres assemblées par Nefermenedj échappèrent brusquement à son contrôle, et poussèrent des hurlements rageurs, avant de se ruer vers les voitures stationnées le long de la route, et vers les humains.

« Bordel ! Repoussez ces saloperies !! »

Pas le temps de comprendre ce qui se passait, les questions viendraient après. Pour l’heure, Georgine se concentra, et une boule de feu jaillit de sa main, frappant une goule, la transformant en une torchère, tandis que d’autres monstres affluaient...

La situation avait viré au ridicule en l'espace d'un battement de cil. A peine une sorcière, qui avait fait la faute de lui parler sans se présenter, était-elle apparue qu'un garde visiblement incompétent lança un sort. Il avait visé les monstres parqués à 200m de là. Si la barrière ne tuait normalement que ceux qui tentaient physiquement de la traverser, la vampire n'avait pas pensé que quelqu'un voudrait lancer un sort à travers. Les deux magies s'entrechoquèrent et se perturbèrent l'une l'autre, causant la mort du garde et l'effondrement de la cage. Les créatures en profitèrent pour se ruer en direction de l'entrée, comme prises d'une furie sanguinaire. La riposte des gardes et de la sorcière ne se fit guère attendre, mais s'ils continuaient à vouloir les tuer une par une, il y aurait un tas de victimes. Nefermenedj prit quelques secondes pour se concentrer, puis tendit la main tout en parlant une langue inconnue dans ce monde. Une fumée noire s'échappa de sa paume, évitant les humains pour ne toucher que les monstres. Ces derniers s'effondraient alors immédiatement, ne laissant qu'une enveloppe complètement desséchée. C'était un sort particulièrement efficace, mais qui demandait une quantité impressionnante de magie. Même elle aurait besoin d'un petit remontant si elle voulait récupérer rapidement. Passablement agacée, elle se retourna avec un air des plus condescendant vers la femme qui lui avait adressé la parole un peu plus tôt.


"Sachez, mademoiselle, que ceci n'était en rien une armée. Si j'en avais amené une ce serait par milliers que mes soldats se compteraient. Et au vu du sang-froid de vos hommes et leurs compétences en matière de magie, il ne fait nul doute que la bataille eut atteint sa conclusion dans l'heure. Ceci étant dit, vous avez un gros problème. Ces choses que j'ai... "ramassées" alors qu'elles s'installaient confortablement dans vos cimetières n'auraient normalement pas dû échapper à mon contrôle à cette distance. Il y a quelqu'un derrière tout ça, quelqu'un qui vous en veut. Je n'apprécie pas les nécrophages plus que vous, tout comme je n'apprécie guère la façon dont on traite les visiteurs par chez vous. Aussi me contenterai-je de profiter de votre hospitalité, qui sera à n'en pas douter irréprochable, le temps que votre maitresse arrive. Et sans tarder je vous prie. La route fut longue et j'éprouve soudain une grande lassitude qui m'impose un peu de repos."


En temps normal, la magicienne ne s'en serait pas tirée à si bon compte, pour peu qu'elle fasse ce qu'on lui demandait. Cependant sa grande beauté avait plus que tempéré les ardeurs de la vampire. Les humains ne pouvaient que très rarement résister à son charme surnaturel, mais elle se doutait qu'une sorcière chevronnée avait une force d'esprit suffisamment développée pour que ce soit le cas. Mais elle n'en rajouterai pas pour autant. Après le petit tour de force que représentait le dernier sort, elle espérait qu'on ne s'opposerait pas à elle et qu'on la conduirait rapidement à une chambre confortable où elle pourrait récupérer. Sachant pertinemment qu'elle ne pourrait pas se sustenter sur place, elle avait dans ses bagages plusieurs ampoules remplies de sang. Mais il valait mieux qu'elle se montre discrète pour les utiliser. Dans tous les cas, elle n'accepterait qu'une seule réponse de son interlocutrice.

Avec ses jarretelles parcourues d’arabesques, sa courte jupe, son corset violet, et son chapeau légèrement pointu, Georgine était une sorte de stéréotype sexy  de la sorcière traditionnelle, ce qui, au demeurant, ne l’empêchait pas d’être efficace. Puisant dans ses ressources, elle usait de magie élémentaire, tout en se demandant ce qui avait bien pu arriver. Ce sortilège, celui qui avait frappé les monstres nécrophages, était puissant, trop puissant pour émaner d’un soldat inexpérimenté. Sur Galbadia, la magie pouvait s’utiliser à partir de deux formes : soit une formation magique classique, soit par le biais de cristaux magiques qu’on trouvait sur l’archipel, les Materias. Ces cristaux étaient de petites boules d’une couleur spécifique, chaque couleur indiquant quel type de magie le cristal pouvait utiliser. Les études menées sur ces cristaux montraient qu’ils étaient des concentrés de manas fossilisés à travers les âges et les époques.

Certains soldats utilisaient des Materias, mais beaucoup se servaient aussi, tout simplement, de leurs armes, tirant sur les monstres, faisant hurler de douleur ces derniers. La bataille était animée, lorsque la vampire, mystérieuse et belle, déclencha un puissant sortilège. Georgine sentit la magie croître autour de la femme, et, dans la paume de sa main, une fumée noire ne jaillit, formant une sorte de brume mortelle qui s’abattit sur les monstres.

*De la magie noire…*

Ce sort confirmait la puissance de la femme, tandis que la brume mortelle s’abattait le long des voitures, fauchant les monstres dans des hurlements d’agonie et de souffrance. Georgina en resta interdite, surprise par une telle puissance, qui lui rappelait les terribles sorts d’Edea. Seule la Souveraine avait atteint un tel niveau de magie… Et voilà qu’elle était directement concurrencée par une étrangère ! Une étrangère qui, après son tour de force, se retourna vers la sorcière, et répéta à nouveau, et non sans une certaine condescendance, son souhait de s’entretenir avec la Souveraine.

Suite à tout cela, Georgine hocha lentement la tête.

« Hum… D’accord… Pour votre information, si la Souveraine n’est pas là, c’est précisément parce qu’elle est dans les cryptes, en ce moment, recherchant l’origine de ces incursions de monstres. Mais soit… Je vais vous guider jusqu’au palais, dans une suite de luxe. Mais, avant ça, il me faut encore comprendre pourquoi ce garde a lancé ce sort… »

Ce faisant, et invitant Nefermenedj à la suivre, Georgine rentra dans la ville, ou, plutôt, dans le corps de garde, puisqu’elle passa directement par une porte à droite, ne permettant, à Nefermenedj, de ne voir qu’un attroupement de badauds et quelques immeubles. Ensuite, le duo s’aventura dans un couloir interne, pour rejoindre un escalier qui les amena dehors, le long d’une rue privée, où se trouvait le cadavre du soldat.

Il était tombé à la renverse, chutant depuis le rempart, son corps formant un angle improbable avec ses jambes, une épaisse couche de sang formant un lit funeste sur le sol. Plusieurs soldats entouraient le cadavre, et s’écartèrent au passage de Georgine, qui inspecta rapidement le soldat. Grâce à son matricule, on allait pouvoir retracer son origine, mais, en attendant, elle inspecta le cadavre. Georgine nota ainsi rapidement la trace, sur son visage, de veines noirâtres dans le corps, ainsi que de yeux vitreux.

« Hum… C’est bien ce que je pensais. »

Du sang avait également coulé de ses narines.

« Une autopsie le confirmera, mais je suis presque sûre qu’il est mort avant de tomber. Quelqu’un a usé d’un sort de possession sur lui pour s’en servir afin de lancer ce sort qui a perturbé les monstres nécrophages. »

Une personne qui était visiblement très douée en magie, elle aussi. Rien qui ne soit de très bon augure.

Georgine se retourna vers la vampire.

« Bon… Sur ce, je vais vous conduire au palais. Suivez-moi. »

La sorcière se mit à marcher, tout en expliquant, sommairement, à Nefermenedj, l’architecture de la ville :

« Deling City est organisé en un cercle, avec, en son centre, un vaste parc, et deux grandes avenues qui se croisent autour d’un arc de triomphe. Ce n’est pas le poumon économique de Galbadia, et le Palais est au bout de l’une de ces avenues. Nos cimetières et nos cryptes sont au centre de la capitale, alors, ne vous étonnez pas si vous rencontrez beaucoup de soldats, nous sommes relativement à cran. »

De fait, pendant que Georgine parlait, de multiples véhicules de secours faisaient rugir leurs gyrophares en s’approchant de l’entrée de la ville.

Nefermenedj ne se fit pas prier quand on la convia à suivre la sorcière. Passer à l'écart de la foule n'était pas pour lui déplaire, loin de là, et la vue du fessier rebondi tortillant juste devant elle lui remontait le moral comme rien d'autre n'aurait pu le faire. Mais ce fut un plaisir de courte durée, les deux femmes arrivant rapidement à l'emplacement du cadavre. Maintenant qu'elle l'avait sous les yeux, il y avait définitivement quelque-chose d'étrange. Avec un choc de sort, c'est directement l'esprit qui subit le contrecoup. En cas de possession ce serait donc celui qui avait le contrôle qui le subirait. A supposer que le choc était intentionnel, ce serait plus comme lorsqu'un sorcier lance un sort au travers d'un familier. Il le pousse à le faire contre son gré, en lui prêtant momentanément le savoir et la puissance nécessaire, mais sans rentrer dans son esprit. Parfait pour ce genre de pratiques risquées, et ça laisse les mêmes traces que la possession. Cependant cette pensée était plutôt angoissante. Créer un choc de sorts est d'habitude le fruit du hasard et représente plus un risque qu'un effet. Mais en choisissant la bonne quantité de magie du type approprié, il est possible d'en déclencher un volontairement. Les connaissances et la maitrise nécessaires à cela sont impressionnantes. Restaient à déterminer la puissance et le champ de compétence de l'impudent qui se trouvait derrière tout ça. Sans vraiment s'en rendre compte, elle était restée un moment dans ses pensées et avait suivi Georgine machinalement, sans vraiment s'en rendre compte. Elle reprit ses esprit lorsque cette dernière parla de cimetières et de cryptes.


"Dans ce cas vous risquez d'avoir des problèmes. Le sort qui a été lancé par votre garde. Pour interférer pareillement avec ma magie il fallait que celui qui le contrôlait soit en mesure de voir la barrière et les créatures. Comme vous avez pu le constater, ce qu'il a fait était particulièrement dangereux pour le lanceur, aussi ai-je la pensée que c'était plus une sorte de contrôle à distance plus qu'une possession -le contrôle mental est l'une de mes spécialités, voyez-vous. Ce qui voudrait dire que d'une part il aurait au minimum le niveau d'un archimage humain ou d'un expert elfe, et d'autre part qu'il se trouvait à proximité. Il est possible qu'il soit loin d'ici depuis un moment, tout comme il est possible qu'il se cache en ville, passant pour un habitant ordinaire. Avec vos morts à un tel endroit, je suis prête à parier qu'il pourrait déclencher une bataille à n'importe quel moment.


Elle s'arrêta un instant et la regarda de la tête aux pieds.


"J'imagine que je vous dois tout de même quelques excuses. Le sang m'est quelque peu monté à la tête l'espace d'un instant. Comprenez que je viens me présenter à votre dirigeante dans l'espoir de relations amicales, et lorsque j'arrive sur l'ile c'est pour y découvrir des bandes de nécrophages et un accueil... mouvementé. Ce qui me fait penser, leurs cadavres sont un peu secs, mais normalement bien conservés. Vous devriez pouvoir les étudier. Mais laissez-moi me présenter à nouveau. Nefermenedj Von Carstein, maitresse du domaine d'Ahmri et grand maitre dans plusieurs types de magie. A qui ai-je l'honneur?


Une fois sa tirade terminée, elle enjoignit la jeune sorcière à continuer son avancée. Présenter des excuses n'était pas vraiment dans ses habitudes, mais si elle voulait entretenir de bonnes relations avec ce pays, il fallait bien consentir à quelques sacrifices. Elle ne pu toutefois pas s'empêcher de rappeler son manquement à l'étiquette à la jeune femme qui ne lui avait toujours pas donné son nom. Elle se doutait bien qu'elle passait plus de temps à entrainer ses arts magiques qu'à développer ses capacités sociales, mais il y avait tout de même un minimum tolérable lorsque l'on s'adressait à une personne de sa stature.
Cela mis à part, elle étudia plus attentivement les alentours. La ville était technologiquement plus avancée que chez elle, même si leurs orientations semblaient bien différentes, mais beaucoup moins qu'à Tekhos. Ayant effectué plusieurs voyages dans la cité, elle n'était pas très surprise de voir des voitures ou ce genre de choses. Le style architectural, lui, était inédit. Pas vraiment à son goût, mais il était vrai que son style de prédilection, à mi chemin entre un château des Carpates et un palais égyptien, était tout à fait particulier. La plupart diraient même dérangeant, ce qui n'était pas pour lui déplaire.

Avant Edea, l’armée exerçait déjà un fort contrôle sur la population. Après Edea, ce contrôle n’avait jamais diminué, et s’expliquait en partie par le fait que, administrativement, il n’existait pas de différence entre la police et l’armée. L’armée avait absorbé, sous l’ancien régime, la police, et Edea avait conservé cette unité, plus simple. Les policiers étaient donc des miliciens, répondant de l’armée. Ce n’était, dans le fond, pas bien grave, car, sous le règne d’Edea, l’armée avait été inféodée par les sorcières, ; qui constituaient le plus haut point de la pyramide sociétale. Galbadia était donc, non pas un archipel militaire, mais un archipel de sorcières. Ainsi, Edea ne savait pas trop comment appeler on régime. C’était une oligarchie magique, où une place majeure était accordée à  la magie. Au-delà de ça, Georgine ne pensait pas qu’il existait un terme spécifique pour désigner leur régime.

Dans tous les cas, elle était préoccupée par ce mort, mais aussi par Nefermenedj. Aussi belle que puissante, elle arrivait comme un cheveu sur la soupe, porteuse d’un puissant pouvoir, dont on se méfiait naturellement. Le duo remontait le long de l’un des grands boulevards centraux, et elles arrivèrent sous l’arc de triomphe.

« Tous les ans, il y a un défilé, qui s’organise au palais, et remonte le long de la rue pour se finir à hauteur de l’arc de triomphe. »

Georgina racontait ça pour combler les blancs, parce qu’elle ne savait pas trop quoi dire. Cette femme l’intriguait, en réalité, et, tandis que le duo marchait vers le palais, elle finit par poser quelques questions fondamentales, qu’elle n’avait pas encore songé à penser, perturbée par les évènements qui venaient d’arriver.

« Alors, d’où venez-vous donc, Nefermenedj ? Et d’où vous viennent vos pouvoirs ? Pourquoi rechercher une alliance avec Galbadia ? Votre royaume a l’air d’être éloigné du nôtre, que pourrions-nous vous offrir ? »

Beaucoup de questions venaient de tomber, mais Georgine ne pouvait tout de même pas faire rentrer une telle inconnue dans le palais sans un minimum de questions !

S'il y avait bien une chose à laquelle Nefermenedj ne s'attendait pas, c'est qu'après avoir raconté tout cela on lui parle de défilé. Conserver son sang-froid commençait à se faire compliqué. Au moins le palais n'était plus très loin. Elle allait pouvoir profiter d'un peu de solitude pour se calmer, en espérant tout de même qu'Edea ne tarde pas trop à revenir. Dans tous les cas, ça ne l'aidait guère à savoir comment se comporter envers cette femme qui, non contente de l'avoir ignorée à plusieurs reprises, tentait de lui faire passer un véritable interrogatoire.


"Jeune fille, il serait courtois de bien vouloir répondre aux questions que l'on vous pose avant d'en formuler. Quand bien même la visite de la ville est sympathique, vos manquements à l'étiquette vous auraient valu la peine de mort dans plusieurs pays, vous savez?"


Elle lui laissa un instant pour réfléchir un peu à ce qu'elle venait de lui dire. Elle avait glissé quelques indices permettant d'en connaître un peu plus sur elle. Le but était de voir si son accompagnatrice saurait en tirer profit.


"Etant une personne relativement patiente et conciliante de manière générale, je vais tout de même vous répondre. D'où je viens je vous l'ai déjà dit deux fois, dont une il y a tout juste quelques minutes. Mes pouvoirs ne vous concernent en rien. Quant aux deux autres questions, je n'ai jamais parlé d'alliance, mais de relations amicales. De par le fait je ne cherche pas à obtenir quoi que ce soit de particulier. Et pour ce qui est de l'éloignement, mon domaine est situé au pied des montagnes, de l'autre côté de Nexus. A un peu moins d'une journée de trajet à dos de dragon."


Demander à une pratiquante des arts magiques de révéler ses secrets? Elle était pourtant une sorcière, elle devait savoir que ce genre de questionnements ne mèneraient à rien. Si elle voulait en apprendre plus sur ses capacités, elle devrait se faire une idée en l'observant. Bien sûr, il n'y avait pas la moindre chance qu'elle montre ce dont elle était réellement capable sauf si il n'y avait pas d'autre choix. Et puis elle pouvait difficilement lui annoncer que sa puissance et sa maitrise venaient d'un entrainement quotidien pendant plus de 7000 ans. Quand bien même les mages de ce pays fonctionnaient différemment et partageaient leurs savoirs, elle n'avait aucune intention de lui révéler plus que ce qu'elle avait déjà dit.
De son côté, elle avait fait une croix sur l'espoir qu'elle saurait un jour à qui elle s'adressait. C'était dommage, dans d'autres circonstances elle aurait bien voulu passer une nuit avec une personne au corps si alléchant. C'était maintenant hors de question, mais elle n'était de toute façon pas venue pour ça. Même si d'un côté les activités sexuelles allaient très vite lui manquer. Après tout, elle faisait toujours au minimum une partie de jambes en l'air avec quelques unes de ses filles chaque jour.

Georgine n’était pas une jeune femme à prendre de haut. À Galbadia, les sorcières étaient choyées, et disposaient d’un grand pouvoir. Elles commandaient aux soldats, et disposaient ainsi de pouvoirs très importants dans l’organisation de la société. La remarque acerbe de Nefermenedj ne lui échappa donc pas, et la sorcière fronça les sourcils, répondant sur le même ton :

« Eh bien, de votre côté, je vous rappelle que débarquer devant la capitale d’un État avec une armée de monstres nécrophages peut constituer un grave cas de casus belli dans plusieurs pays, vous savez ? »

Le ton était sec, car Georgine n’était clairement pas qu’on la prenne de si haut. Elle avait déjà pu noter que la femme était assez hautaine, et ceci venait clairement de se confirmer, tandis qu’elle rappelait ne pas chercher une quelconque alliance, mais tout simplement des « relations amicales ». La femme venait donc du côté de Nexus, ce qui éytait très éloigné. Galbadia, en effet, était un archipel qui se trouvait à l’est d’Ashnard, alors que Nexus se trouvait tout à l’ouest. Autrement dit, pour faire le trajet en une seule journée, il fallait un dragon particulièrement rapide.

Par ailleurs, Nefermenedj ne tenait pas à en donner plus sur ses pouvoirs magiques. Georgine hocha lentement la tête, puis, en comprenant que la situation se compliquait, elle ferma les yeux, et soupira brièvement.

« Bon… Désolée d’être si cassante, je ne m’attendais pas à devoir défendre la capitale. Je m’appelle Georgine, j’ai grandi ici. J’ai connu la guerre, l’incompétence et la corruption sous le régime précédent, avant qu’Edea n’arrive. Sans elle, je n’aurais jamais pu arriver où j’en suis ici. »

Georgine lui expliqua que Galbadia se composait de trois îles : Galbadia, Centra, au sud, et Esthar, sans parler des petites îles, come Balamb. Si Esthar était une île méconnue, car très dangereuse, en raison des puissants monstres la peuplant, Centra était bien plus connue. Pendant des années, Galbadia et Centra avaient été en guerre, une guerre que Galbadia avait gagné grâce à son armée, en bombardant Centra, ravageant l’île. Depuis lors, on appelait l’archipel Galbadia.

Avant qu’Edea n’arrive, Galbadia était une junte militaire dirigée par le Président, un homme corrompu et débonnaire, et tout le régime était corrompu, reposant sur des faveurs et sur les pots-de-vin.

« Edea a renversé ce despote, et a mené de vastes programmes pour reconstruire Centra, et pour éduquer les personnes dotées de capacités magiques. Sa philosophie est de considérer que les individus dotés de pouvoirs magiques sont appelés à exercer des fonctions prépondérantes, et Galbadia toute entière repose sur ce principe. Sans elle, je n’aurais été qu’un simple troufion dirigé par des incompétents recrutés uniquement parce qu’ils sont amis avec le Président. Edea a sauvé notre peuple, estima Georgine. Le Président était prêt à nous vendre aux Ashnardiens, mais pas elle. »

Difficile de critiquer Edea face à Georgine, qui semblait être complètement subjuguée par elle.

En attendant, le duo venait de rejoindre le portail du Palais présidentiel, et les gardes les laissèrent passer. Georgine rejoignit ainsi le hall d’accueil, qui était très grand, avec des colonnes dans les coins. Les talons de Georgine claquaient sur le sol, et elle se retourna vers la femme, en croisant les bras.

« J’ignore dans combien de temps Edea va rentrer ; ses explorations dans les cryptes peuvent durer longtemps. De mon côté, je ne suis normalement pas censée autoriser une visite avec elle sans en savoir plus sur votre potentiel magique… »

Elle rajouta ensuite, en remuant un peu sur place :

« Alors, comment puis-je vous faire confiance ? » demanda-t-elle, sur un petit ton légèrement mutin.

Enfin une réaction digne de ce nom! Un grand sourire non feint se dessina sur le visage de la vampire. Maintenant que son interlocutrice avait semble-t-il repris ses esprits, elle allait peut-être pouvoir s'amuser un peu de la conversation. Mais outre cela, elle apprenait des choses intéressantes. Les sorcières dirigent le pays, mais ceci étant un fait récent elles n'étaient surement pas encore au maximum de leur efficacité pour ce qui était de la gestion et de la politique. Rien de plus normal quand on connaît le temps que doit passer un mage à s'entrainer pour s'améliorer et le fort désire qu'entretiennent généralement ces personnes à le faire. Pour quelqu'un d'aussi jeune, ce cumul d'activités chronophages ne doit être des plus évident à gérer, si bien que Nefermenedj la soupçonnait de devoir faire l'impasse soit sur une partie de ses obligation, soit sur une partie de l'entrainement magique nécessaire au bon développement de son potentiel.
A priori, Edea était appréciée en tant que leader, ce qui laissait supposer un certain charisme, une prestance digne de son rang. Une femme digne de respect, tant mieux. Cependant, cette Georgine paraissait particulièrement inquiète quant à la puissance sa magie. Peut-être pensait-elle que la représentante de la famille Von Carstein était responsable de leurs problèmes actuels, mettant cette petite scénette en place pour infiltrer la capitale. Possible mais peu probable. Elle n'aurait pas révélé où se trouvent les édifices mortuaires aussi directement si c'était le cas. Et au final, peu lui importait.


"Ah, je préfère cela. Vous semblez porter Lady Kramer en haute estime. Je sens que converser avec elle sera des plus intéressant. Mais à votre avis, vaut-il mieux que je patiente ici, ou que je la dérange pendant sa partie de chasse? L'un ou l'autre, c'est égal."


Comme visiblement elle ne s'en sortirait pas sans quelques concessions magiques, autant y aller franchement. Si elle devait se méfier de la vampire, autant que ce soit jusqu'au bout, au moins cela aurait le mérite de la divertir quelques temps. Les gens peuvent parfois avoir des réactions surprenantes quand ils ne considèrent la vie que comme un jeu, et qu'ils ont l'éternité pour en profiter. Mais elle n'allait pas le crier sur les toits. Elle usa de sa vitesse surhumaine pour se mettre quasiment contre Georgine, de manière à pouvoir lui chuchoter dans le creux de l'oreille. Mouvement qu'elle combina avec son pouvoir vampirique qui lui permettait de captiver les gens afin de l'empêcher de bouger tandis qu'elle parlait. Aucune magie cette fois-ci. Histoire de bien faire comprendre à la jeune humaine qu'il existait d'autres choses dont il fallait se méfier. Des choses terrifiantes et non moins puissantes.


"Un mage acquiert sa puissance par l'entrainement et par le poids des ans, vous le savez très certainement. J'ai passé mes 7000 ans de pratique ininterrompue bien avant que vos grands-parents ne viennent au monde, jeune fille. J'ai combattu des hordes de plus d'un million d'hommes et de bêtes corrompues, j'ai voyagé dans les royaumes de dieux démoniaques et affronté leurs plus puissants serviteurs. Contentez-vous de retenir que mon potentiel est au delà de vos standards."


En se reculant, elle relâcha son emprise, lui permettant de bouger à nouveau selon sa propre volonté. Mais la parole fut reprise, de manière un peu plus ostensible, avant qu'elle ne puisse réagir à ce qu'elle venait d'entendre.


"Quant à me faire confiance, il me parait évident qu'il ne faut en aucun cas que vous fassiez cette erreur."


Une déclaration certainement lourde de conséquence pour la galbadienne, simple amusement pour celle qui lui faisait face. Si elle s'était contentée de le lui dire, il y avait fort à parier qu'elle ne l'aurait pas crue, mais avec le petit tour qu'elle venait de lui jouer, ainsi que le sort qu'elle avait utilisé devant les portes de la ville, elle la prendrait certainement au sérieux. Elle prendrait surement beaucoup de plaisir à observer sa réaction, qu'elle attendait d'un regard amusé, provocateur, presque moqueur.

Avant la Sorcière, Galbadia était dirigée par une junte militaire depuis de nombreuses années, depuis la guerre contre Centra. Le Président était nommé par la junte, et était juste un pion, dénué de toute forme de charisme. La junte contrôlait l’île, un consortium d’individus agissant dans l’ombre, de généraux et de colonels silencieux et sinistres. Les Galbadiens n’avaient jamais aimé ces gens, et, quand Edea était arrivée, elle avait bénéficié d’un fort soutien populaire. Originaire de Centra, elle y avait fondé un orphelinat, et ses pouvoirs magiques avaient surpris la foule. Pour tous les Galbadiens, le putsch d’Edea était logique, car, soit c’était elle qui prenait le pouvoir, soit la junte militaire se débarrasserait d’elle. En définitive, Edea avait tué le Président, et massacré l’état-major, supprimant ainsi la junte, assujettissant ainsi l’armée à son autorité. Georgine l’aimait énormément, et la manière dont elle en parlait exprimait tout le charisme et toute la force qu’elle voyait en Edea, leur souveraine légitime.

Inversement, les intentions de Nefermenedj la troublait, et, quand cette dernière lui expliqua avoir un pouvoir magique incommensurable, Georgine la crut. Elle avait vu cette femme à l’œuvre, mais savait aussi que la magie, ce n’était pas que de l’entraînement et de la formation. Il y avait aussi beaucoup d’instinct, et, quand on avait atteint son plein potentiel, s’entraîner 7 jours ou 7 000 ans, ça ne faisait aucune différence. Autrement dit, si Georgine reconnaissait que les pouvoirs de cette sorcière vampirique la surclassaient, elle doutait qu’ils soient aussi élevés que ce que la femme entendait. L’arrogance était commun chez les sorcières autant que chez les vampires, alors, un mélange des deux...

Néanmoins, ce ne fut pas tant l’étalage de ses pouvoirs et de ses exploits qui gêna Georgine, mais sa dernière affirmation. Quand il s’agissait d’Edea et de sa sécurité, Georgine ne goûtait guère aux provocations. Elle fronça donc les sourcils, et croisa les bras après la remarque de la femme.

« Si je ne peux pas vous faire confiance, vous ne pourrez pas voir Edea, c’est...
 -  Ne sois pas si nerveuse, ma chère Georgine. »

Surprise, la sorcière tourna la tête. Elles étaient dans le hall d’entrée du palais, et la voix filait de derrière elle. Elle vit ainsi Edea, qui s’approchait lentement, dans sa longue robe noire, avec son teint pâle et ses yeux jaunâtres.

« Ma... Majesté ?! »

Edea tourna brièvement sa tête vers elle, puis observa ensuite Nefermenedj.

« J’ai perçu un puissant pouvoir magique dans ma capitale... Je suis revenue aussi vite que possible. »

Et, comme si c’était ensuite une évidence, elle termina en se présentant devant la femme :

« Je m’appelle Edea Kramer. »