Un nouveau monde ! PV

Roxie était partie depuis deux jours maintenant. Elle avait quitté un autre village des environs de Nexus pour aller encore plus loin, découvrir encore plus de choses. Elle avait acheté une nouvelle carte, toute neuve, à un marchant très sympathique du coin. Avec ça, elle se sentirait certainement plus à l'aise sur les routes.
C'est ainsi que la demoiselle était partie, sûre d'elle, toute confiante, et prête à s'émerveiller devant de nouveaux paysages. Seulement voilà... elle s'était perdue. Elle était pourtant bien assez maligne pour suivre une carte ! Elle avait longtemps cherché une explication, continuant d'avancer tout de même, prenant parfois des chemins un peu étranges.
Au bout du compte, elle du admette que le marchant s'était moqué d'elle. Cette carte était fausse, et il avait empocher une jolie somme sans aucun regret. Quelle honte ! Envoyer une fille sans défense comme elle dans des endroits inconnus et hostiles !

Roxie n'en menait pas large. Elle était complètement perdue au milieu de la nature, sans rien pour la guider. Le nord, le sud, même cela lui paraissait flou désormais. Et voilà que la nuit devait de tomber. La jeune femme, éreintée, commença alors à chercher un endroit pour passer la nuit. Elle ne trouva qu'une petite grotte, mais pas le temps de chercher autre chose dans l'obscurité.

Le lendemain matin, elle fut réveillé par des chants particulièrement bruyant d'oiseaux. Elle eut un peu de mal émerger, et une fois cela fait, elle quitta sa chambre de fortune pour se rendre à l'extérieur, et trouver de quoi manger.
C'est alors qu'en s'avançant, elle se trouva face à un spectacle extraordinaire. Un paradis de verdure, des fleuves, des oiseaux blancs... c'était véritable féérique, et elle resta un instant bouche bée à regarder ce spectacle. Jusqu'à que son ventre cri famine et ne la ramène sur terre. Il fallait qu'elle trouve à manger !

Elle trouva un arbre plein de fruits comestibles et s'improvisa une salade fruits frais. Une fois repue, elle décida d'aller faire sa toilette et descendit la colline où elle se trouvait pour rejoindre la berge du fleuve, à un endroit où le courant était heureusement très faible. Elle se déshabilla intégralement, puisque l'endroit était visiblement sauvage et complètement désert, et se délassa dans l'eau fraiche un bon moment. Jusqu'à ce que le destin lui envoie un visiteur peu commun...

Le serpent était proprement gigantesque, démesuré. Aussi large qu'un homme en bonne condition et assez long pour pouvoir enserrer complètement un cheval entre ses anneaux puissants capables de broyer la roche, c'était un prédateur redoutable et étonnamment discret qui pouvait se faufiler dans la jungle sans éveiller les soupçons malgré son gabarit. L'humaine, le reptile l'avait perçue très facilement. La chaleur qu'elle dégageait, les phéromones dont elle enivrait l'air et qui agitaient délicieusement la langue fourchue de la créature à écailles... Il avait prit son temps, comme toujours. Son corps avait glissé à travers la jungle avec une aisance stupéfiante et il avait rampé sans bruit à travers les feuillages épais pour ne pas se faire repérer de sa proie innocente. Sans lui accorder plus d'intérêt qu'un affamé devant une belle pièce de viande, l'anaconda démesuré avait observé la demoiselle se dévêtir et exposer son corps aux courbes pleines aux quatre vents avant qu'elle ne se repose dans l'eau de ce modeste bras du fleuve. Ses pupilles verticales s'étaient posées sur la petite souris aux seins arrogants; bientôt, elle dormirait dans ses entrailles pour une longue et terrible agonie.

Le serpent ondula sans mal jusqu'à l'eau, depuis la berge opposée à celle de l'humaine. Sa tête triangulaire se fondit dans le courant et son corps suivi sans éclaboussures ni remous. Sous l'eau, l'anaconda n'eut aucun mal à se déplacer. Il percevait le volume du corps de la bipède et estimait avec une précision étonnante sa place pour venir se caler à moins d'un mètre d'elle. La suite serait bien simple, en vérité : le reptile allait s'enrouler furieusement autour de ses jambes pour les lui broyer afin qu'elle ne s'échappe pas, puis remonterait vers sa tête. Là, la gueule largement ouverte, il goberait l'innocente. En plusieurs fois. Pour le plaisir de sentir sa viande forcer le passage vers son appareil digestif puis pour la laisser très lentement s'y dissoudre. La bête en aurait presque éprouvé un frisson d'excitation.
Voilà... Il y était. Ses muscles se contractèrent et il se ramassa sur lui-même pour être certain de réussir dès le premier assaut et malgré le courant qu'il sentait agiter la masse de l'eau.
Puis tout s'accéléra.

Quelque chose plongea dans l'eau au niveau même de sa proie, qui se retrouva violemment tirée en arrière par une poigne de fer. Dans la micro-seconde qui suivit, le reptile se détendit pour aggriper les pieds nus et roses qui s'éloignaient déjà et en vint à jaillir comme un diable furieux hors de sa boîte, ses anneaux ne se refermant que sur du vide. Un mur de chair reptilienne entre le vert clair et le marron s'était dressé de tous ses muscles devant la frêle humaine dans un concert de tintement d'os -ceux accrochés un peu partout sur ses pièces d'armures éparses, comme des trophée. L'être fut assez rapide pour saisir le serpent et l'envoyer plus loin, le rendant furieux. Le corps puissant de l'humanoïde au visage caché derrière un masque de fer protégeait encore l'humaine en faisant barrage de sa vie, campé sur ses jambes aux genous fléchis pour préparer un nouvel assaut ou une contre-attaque. Du poignet du sauveur improvisé jaillirent deux longues griffes de métal, qui scintillèrent sous le soleil, comme une menace. D'instinct, l'anaconda hésita. L'"Autre" était dangereux. Il le ressentait clairement et son cerveau lui criait la méfiance. Mais il avait faim, si faim... Cette humaine était si douce, si excitante à son palais... Hors de question de la laisser à un autre !
Alors il donna l'assaut, avec une vigueur encore plus grande que lors du premier, freiné par l'eau qu'il était. Il bondit avec une violence inouïe mais la créature tint bon, fendant l'air de ses armes pointues qui forçèrent le serpent à détourner ses anneaux brutalement pour trouver instantanément un nouvel angle d'attaque. Rapide mais pas assez, sa troisième tentative fut avortée au moment même de son bond : le sauveur avait bondit pour lui trancher la tête, ce qui fit gicler un sang chaud et épais sur la peau nue de l'humaine qui en fut couverte.

Le chasseur n'était pas le serpent, finalement. C'était cette créature au corps dénudé et puissant qui soulevait sa tête tranchée de terre en poussant un cri rauque et inhumain. L'anaconda avait traqué l'humaine et le yautja, lui, avant traqué le serpent... Dont la proie, selon la loi du plus fort, lui revenait.
Une fois le cri de victoire mort dans sa gorge, Ry'lokk baissa les bras et se tourna vers l'inconnu, la saisissant durement par les cheveux et apportant son masque de fer à quelques centimètres de son visage. Après quelques secondes de silence passée à chercher les mots en vocabulaire humain, le yautja esquissa une phrase décousue mais compréhensible.

- Toi...à moi ! Toi...Trophée ! Fuir... mourir ! *Il plaça contre l'un de ses seins ronds une des griffes encore dégouttante de sang* Rester....vivre !

Le message était d'une simplicité claire et enfantine. L'humaine venait de devenir la chose, le trophée d'un prédateur qui se l'accaparait totalement. Et si l'idée ne lui plaisait pas, peu importait vraiment à Ry'lokk. Il la laisserait fuir un peu, pour le plaisir primaire de la traquer avant la mise à mort, pour laquelle il n'aurait aucune sorte d'hésitation.

L'eau était bonne, divinement fraiche et délassante. Plongée jusqu'au cou, Roxie fermait les yeux et profitait du bonheur d'un bon bain en pleine nature, dans un décors paradisiaque. Finalement, s'être retrouvée ici n'était si mal, c'était comme un petit air de vacances dans les étendues sauvages. Elle aurait bien entendu du se montrer beaucoup plus prudente, mais Roxie avait tendance à se montrer naïve quant aux dangers du monde extérieur. Elle rejeta légèrement sa tête en arrière, laissant ses cheveux plonger à leur tour dans l'eau. Elle profita du fleuve pendant un bon moment, ne faisant absolument pas attention au serpent qui l'observait depuis tout à l'heure et se rapprochait dangereusement. Elle regardait le ciel fait de vert et de bleu, les oiseaux qui batifolaient en l'air joyeusement. Elle souriait, admirant ce tableau reposant et féérique. Voilà pourquoi elle était partie de chez elle. Alors que quelques heures plus tôt, elle pleurait sur son sort en se plaignant de s'être perdue..., mais n'était-elle pas partie pour cela ? Pour l'aventure et la découverte ? Oui, en suivant strictement et bêtement les chemins entre chaque village, elle s'était éloignée de son chemin à elle, celui que lui dictait son cœur. Et plus elle regardait ce décors enchanteur, plus elle réalisait la raison pour laquelle elle avait quitté le nid familial. Pour avoir le bonheur de découvrir des lieus tels que celui-ci.
Mais un endroit, aussi paradisiaque soit-il, comportait toujours de sérieux dangers. Et ça, malheureusement pour elle, elle l'avait un peu oublié.

C'est ainsi que, lentement, mais sûrement, le reptile s'approcha, sans quitter sa proie des yeux. Il se glissa dans l'eau, et se rapprocha. Encore et encore, il était désormais prêt à fondre sur sa proie, à s'enrouler autour d'elle pour l'étouffer et l'avaler toute crue. La jeune femme ne le voyait pas. En revanche, ce qu'elle vit, c'est une créature humanoïde extrêmement étrange qui, dans un bond, venu de nulle part, atterrit devant elle. La jeune femme poussa un cri strident, plaquant ses mains contre sa poitrine et fermant les yeux, comme si cela pouvait l'aider à se protéger ou à disparaitre. Mais ce n'était pas le cas. Elle entendit un bruit étrange, sec, puis des mouvements brusques. Roxie rouvrit les yeux et s’éloigna un petit peu, observant la scène tout bonnement hors du commun qui se déroulait sous ses yeux. Décidément aujourd'hui serait un jour bourré de rebondissements !

La créature faisait bien deux têtes de plus qu'elle et paraissait particulièrement costaud aussi. Un vrai colosse qui n'avait d'humain que ses deux jambes et ses deux bras apparemment. Le sang glacé, tétanisée, la jeune femme était incapable de fuir tant la peur la figeait sur place. La créature s'était lancé dans un combat contre un énorme serpent, qui finit bien vite décapité et hors jeu. Roxie blêmie tandis que le monstre poussait un cri de victoire qui la fit trembler des pieds à la tête. Son cœur battait si fort contre sa poitrine qu'elle s'attendait à ce qu'il soit expulsé d'une seconde à l'autre. Est-ce qu'elle rêvait ? Le cri inhumain s'étant finalement perdu au lointain, la créature se tourna finalement vers elle. Avec stupeur et horreur, elle eut alors tout le loisir de l'observer. A quelle créature terrifiante avait-elle affaire ? Difficile à dire, il portait un masque. Mais la demoiselle était certaine qu'il n'était pas humain, il suffisait de voir la couleur étrange de sa peau... Son visage masqué de fer était à présent tout proche du sien. Le souffle coupé, elle l'entendit lui grogner des mots. Visiblement il parlait très mal la langue. Cependant, la jeune femme en comprit assez pour savoir qu'elle ne pouvait pas s'enfuir et était désormais la prisonnière et la propriété de la créature. Elle ouvrit la bouche alors qu'il avait une de ses griffes posée d'un air menaçant sur son sein :

- J... je...

Et tout à coup, elle tomba dans les pommes, son corps à moitié recouvert de l'eau du fleuve, l'autre moitié étant heureusement tombée sur une partie de la berge, lui évitant de se noyer ou de boire la tasse.
Oui, c'était extrême comme réaction, mais sincèrement, pour une demoiselle tout juste sortie de son cocon nexusien, tomber sur une telle créature brandissant une tête d'anaconda au bout d'une lame... il y avait de quoi tourner de l’œil, non ?
Et ensuite ? Allait-elle se faire rôtir et dévorer ? Difficile à dire. Sa vie était désormais entre les griffes de l'étrange créature...

L'évanouissement de la Peau-Rose ne le fit pas spécialement réagir et le chasseur la regarda choir sans chercher à la rattraper. Peut-être l'aurait-il fait si la demoiselle avait risqué sa peau, mais il avait estimé qu'elle ne risquait rien. Sa chair ne serait pas entamée, son ossature pas davantage... Bref, son trophée serait intact. Aussi le yautja la laissa t'elle mariner à moitié immergée dans le cours d'eau tandis que lui s'éloignait un peu pour récupérer des morceaux de bois sec et mort qu'il accumula en un petit tas. Deux grandes branches aux extrémités fourchues plantées dans le sol de chaque côté du monticule boisé achevèrent le tableau. Le reptilien se désintéressa ensuite du petit bûcher pour passer au cadavre de l'anaconda, qu'il commença à débiter. Un énorme quartier de viande se retrouva découpé puis dépecé avec soin, avant d'être empalé sur une branche plus solide que les autres et gardée à cet effet. Enfin, le Yautja plaça sa broche au-dessus du foyer, en suspension grâce aux deux branches fourchues. Allumer le feu en dessous fut encore la manipulation la plus aisée grâce à un petit dispositif semblable à une mini-torche, déployée depuis l'un de ses gantelets. Les premières flammes crépitèrent et l'humanoïde écailleux s'assura que tout allait bien avant de rejoindre la jeune femme, la tirant sans ménagement sur la berge.

Derrière les optiques opaques de son masque d'acier, le yautja agenouillé devant la femelle l'observa longuement. L'ausculta, même. Son corps le laissait perplexe : les formes généreuses de la nexusienne lui plaisaient car assez semblables à celles des critères morphologiques en cours dans sa propre race. Ses mamelles étaient généreuses et fermes -il s'en assura en saisissant l'un des seins pour le pétrir fermement avant de l'abandonner, le mont charnel retombant délicieusement sous son propre poids. Ses hanches larges et ses cuisses solides assuraient qu'elle était apte à se reproduire. Le chasseur retourna sa proie un moment pour jouer avec ses fesses, les estimant musclées et preuve d'une bonne musculature selon lui. Il acheva en lui ouvrant les cuisses pour parcourir de ses doigts légèrement griffus le delta du sexe de l'humaine, n'hésitant pas à la pénétrer sans préliminaire ni hésitation. Le yautja se retira au terme de quelques secondes; l'humaine était apte à le recevoir et y serait bientôt contrainte. Grondant de satisfaction parce que la chasse avait été plus fructueuse encore qu'il ne l'avait espéré, il se saisit de Roxie et l'envoya tout simplement dans l'eau pour la réveiller. Lorsque ce fut fait, le yautja la rejoignit pour être certain qu'elle ne s'échappe pas et la colla de force devant le feu et la viande qui y grillait lentement.

- Nous....manger. Après.

Quand la chair de l'anaconda serait cuite, probablement. Pendant qu'il laissait l'humaine devant l'étrange méchouis, le yautja commença à s'occuper de la tête du serpent. Il en ôta la peau puis les parties charnues comme les yeux et les restes du palais. Une fois le crâne dénudé -et après avoir asséné à Roxie un grognement qui lui déconseillait fermement de tenter de s'échapper si elle tenait à ses deux jambes- le chasseur retourna au point d'eau pour nettoyer les os avec le soin le plus attentif. On décelait un doigté patient et assuré dans ses mouvements, qui fit en sorte lorsqu'il revint au bûcher que la tête triangulaire soit parfaitement blanchies, la mâchoire intérieure ôtée. Le yautja se dirigea vers Roxie et lui posa le crâne sur l'épaule, y nouant une cordelette en liane. En quelques mouvements, l'humaine se retrouva toujours aussi nue... Mais ornée d'un trophée qui la marquait en tant que possession du chasseur, dont la gorge émit un grondement de satisfaction.

- Manger. Puis...reproduire.

Pour l'heure, le yaujta n'éprouvait aucun vice, aucun désir mû par la seule satisfaction de laisser libre cours à ses instincts primaires. Ignorant de ces choses, il résonnait uniquement en terme reproducteur et espérait féconder l'humaine. Ni plus ni moins. Qu'elle fut à lui se résumait à ce seul usage, mais assurait à la Peau-Rose une sécurité qu'elle ne pouvait pas imaginer : le chasseur ne permettrait pas qu'il arrive malheur à sa femelle. Bien que les siens furent silencieux et taciturne, le reptilien observait depuis l'enfance les gens de Terra qu'il croisait sans avoir l'occasion de partager leurs habitudes. Derrière son masque, il observa silencieusement l'humaine en cherchant ses mots et ce qu'il savait sur ce genre de situation. Puis il se lança.

- Ry'lokk, dit-il en se tapant le poing sur le buste. Ry'lokk.

Ceci fait, il tendit la main ouverte vers l'humaine, l'invitant à se présenter à son tour. Le yautja, en l'état, n'était pas méchant ou dangereux pour elle. Le comprendrait-elle seulement ? Rien n'était moins sûr.

Le noir, le vide. Comme si son cerveau s'était empressé de se mettre en stand-by pour lui éviter le pire, comme un escargot ou une tortue rentrant rapidement dans sa coquille face à un danger imminent. A la différence près que notre demoiselle ne possédait aucune coquille, bien au contraire. Elle était nue comme un vers, sans défense aucune, et si on avait voulu la dévorer cela aurait été chose aisée. Heureusement pour la jeune femme, la créature n'avait pas pour but de la croquer pour son déjeuner contrairement à l'anaconda qui venait de périr.
Au lieu de ça, il la laissa tout bonnement baigner dans la flotte du fleuve, avachie sur la berge, pendant qu'il préparait un feu de camp pour faire cuir le serpent qu'il venait de tuer. Il savait pertinemment ce qu'il faisait. Lorsque le feu fut allumé, il vint chercher la pauvre fille encore dans les vapes, à mile lieux d'imaginer ce qu'il était en train de faire. Oui, il la tripotait sans ménagement, l’auscultait et si jamais elle avait été capable de voir ça, elle se serait sans doute de nouveau évanouie. Ce qui aurait été un peu ennuyeux et agaçant, il faut le dire.

Une fois qu'il eut terminé, il la balança sans le fleuve, histoire de la réveiller. Et le résultat ne se fit pas attendre. Relancé par cet électrochoc, le corps réagit, son cerveau reprit ses esprits, et Roxie remonta à la surface d'un seul coup, avalant un grand bol d'air et toussant un peu. Complètement perdue, elle se contenta de respirer à fond, essayant de remettre bien correctement les rouages dans sa tête. Au bout de quelques secondes, tout lui revint et dans un sursaut, elle se tourna vers la créature qui l'agrippa pour l'amener près du feu. Embêtée, effrayée, elle n'eut même pas la présence d'esprit de se débattre. Le feu la réchauffait un peu, et elle se rendit bien vite compte qu'elle était complètement nue. Rougissant comme une pivoine, elle serra les cuisses et plaqua ses bras en croix devant sa poitrine. Quelle angoisse ! Roxie ne s'était jamais sentie aussi honteuse de toute sa vie ! Elle lança un regard vers la rivière et aperçut ses vêtements sagement pliés sur un rocher près de la berge. Mais étais-ce judicieux d'aller les chercher ?

« Nous....manger. Après. »

Le ton rude de la créature l'en dissuada. Si ses souvenirs étaient bon, juste avant qu'elle ne s'évanouisse, il lui avait bien faire comprendre qu'elle n'avait pas intérêt à filer. Et si elle lui demandait gentiment ? Il n'avait pas l'air de bien parler sa langue, alors la comprendrait-il seulement ? Roxie n'osait pour l'instant ni lui parler, ni bouger. Encore moins lorsqu'il décharna le crâne du serpent et lui grogna dessus avant d'aller à la rivière. Angoissée et nerveuse, la jeune femme ne bougea pas d'un orteil, inquiète et priant pour se sortir de là au plus vite.
Elle eut un haut le cœur lorsque l'individu vint attacher le crane de serpent sur elle. La jeune femme faillit pousser un hurlement de dégoût et se débattre, mais elle se retint de justesse. Blême, elle tenta du mieux possible d'ignorer et d'oublier cette horreur sur son épaule.

La créature annonça alors deux mots compréhensifs : « manger » et « reproduire ». Oui, mais... qu'est-ce qu'il entendait exactement par reproduire ? Dans la tête de Roxie, évidemment, c'était loin de couler de source. Reproduire... le plongeon dans la rivière ? La chasse au serpent ? Manger encore une fois ? Difficile à dire. C'est alors que la créature sembla se présenter, puis l'encourager à donner son nom à son tour. La demoiselle s'humecta les lèvres, toujours nerveuse, puis répondit d'une petite voix :

- Roxie.

Elle n'était pas certaine d'avoir comprit son nom. En tous cas, ce n'était pas un prénom qu'on avait l'habitude de croiser à Nexus. Ry'lokk ? Bon, elle tâcherait de s'en souvenir. Mais elle ne pouvait quand même pas rester là à rien faire, si ? Prenant son courage à deux mains, elle inspira profondément puis se lança :

- Est-ce que je peux... récupérer mes vêtements ? Mes vêtements.

Elle se frotta les bras tout en essayant toujours de masquer sa poitrine, essayant de lui faire comprendre ce qu'elle voulait, au cas où il ne comprenne pas bien. Si déjà elle pouvait éviter de se retrouver complètement nue devant la créature, elle serait un peu plus à l'aise.
Son regard fut un instant attiré par la viande qui grillait au-dessus des flammes, et elle avala difficilement sa salive. Elle comprit rapidement qu'il s'agissait du serpent et se sentait dégoûtée à l'idée de devoir manger une chose pareille.

Ry'lokk parlait peu, et mal, la langue communément pratiquée sur Terra. Bien que doté d'une excellente capacité d'apprentissage qui l'aurait aidé à acquérir les fondamentaux nécessaires à une élévation de son niveau linguistique général, le yautja n'avait jamais réellement échangé avec quelqu'un. Cette humaine était véritablement la première personne avec laquelle il entretenait ce qui passait pour une discussion, ce qui lui faisait presque l'effet d'un discours à part entière. Très curieux, le masque de fer regarda la jeune femme qui se présentait enfin et lui tendit une oreille des plus attentives -probablement dissimulée derrière sa lourde chevelure évoquant des dreadlocks tentaculaires et parsemées d'anneaux métalliques. Remuant le feu à l'aide d'une branche gardée à cet effet, il garda en mémoire le prénom qu'on venait de lui révéler.

- Ro...ssie ? Le X ne lui était pas aisé à prononcé, aussi réessaya t'il. Rokiss ! Rosskiss ?

Le ton de sa voix rauque et déformée par le masque d'acier semblait interroger la jeune femme. Avait-il bien prononcé son prénom ? Il la désigna d'un doigt griffu, puis se frappa la poitrine avant de dresser une main ouverte entre eux, refermant sèchement son poing pour illustrer le lien qui les réunissait à présent. Elle lui appartenait et lui se devait de prendre soin d'elle jusqu'à ce que son ventre s'arrondisse et que ses cuisses délivrent leur progéniture. Ca, elle ne pouvait pas le savoir... Mais Ry'lokk lui ferait certainement comprendre à un moment donné. En attendant, le geste se voulait fort. Et, à la manière brute du reptile à deux pattes, rassurant.
Elle réclama ses vêtements et Ry'lokk l'observa se frotter les bras. Que voulait-elle ? Lui était très peu vêtu, dans les faits : un pagne de cuir couvert de colifichets faits d'ossements, quelques pièces d'armure sur les bras et les jambes. C'était tout, hormis son masque. Son torse était parfaitement nu et on pouvait légitimement penser qu'il ne portait aucun sous-vêtements. En gros, Ry'lokk ne voyait aucun intérêt à se vêtir et ce serait pareil pour son trophée. Néanmoins, il était un point de la nudité de Roxie qui lui posait un petit problème.

Se relevant, le reptilien au visage masqué lui fit signe de ne pas bouger. Il alla alors s'affairer à côté des restes du cadavre du serpent, récupérant la peau arrachée qu'il avait mise à sécher. Elle était encore un peu humide de sang, mais le yautja jugea la chose amplement suffisante pour son ouvrage. La peau en main, il arriva en grandes enjambées vers Roxie et la saisit durement par le bras pour la faire se mettre sur ses jambes. Tout aussi sèchement, le yautja la força a enlever ses bras de sa poitrine et lui fit bien comprendre que tenter de la cacher de nouveau ne serait pas une bonne idée, puisqu'il gronda puissamment derrière son masque, à un souffle du visage délicat de l'humaine. Ceci fait, Ry'lokk se mit à genoux pour ceindre la taille de la jeune femme de la peau de serpent fraîchement dépecée, couvrant d'une sorte de courte mini-jupe son intimité et le volume bombé de ses fesses. Cette précieuse zone n'était-elle pas réservée ? Bien sûr que si ! La jaugeant de haut en bas ainsi vêtue, le yautja en éprouva une satisfaction redoublée. La proie devenait un peu plus sauvage, un peu à son image. Appuyant sur l'épaule de Roxie, il la fit se rasseoir et considéra que ce point de détail était parfaitement clos.

Dans un bruit de frottement métallique un peu sinistre, Ry'lokk sorti d'une de ses bottes de fortune une dague dédiée à la chasse. Après l'avoir agitée sous le nez de Roxie, il l'utilisa pour prélever un lambeau de la viande de serpent en train de cuir. Et il la lui lança, la graisse s'étalant sur la peau de la jeune femme. Portant la main au niveau de l'emplacement d'une bouche qui n'apparaissait pas sur son masque, le yautja l'invita à manger. Il fallait qu'elle prenne des forces !

- Doit manger avant reproduire. Rosskiss doit avoir force pour Ry'lokk. MANGER !

Lui aussi avait faim. Après avoir hurlé le dernier mot comme un ordre qui n'autorisait pas une once de refus, le yautja baissa un peu la tête pour fouiller dans sa curieuse chevelure. Après un instant passé à chercher l'attaque de son masque, Ry'lokk l'ôta enfin. Le masque quitta sa face qui se redressa doucement, dévoilant ce qui serait probablement une horreur pour l'humaine : une gueule immonde qui s'ouvrait en quatre, pour dévoiler des rangées de dents plus petites mais tout à fait meurtrières, ainsi qu'un faciès aux yeux d'un jaune sinistre. Elle avait devant elle la réalité de son maître, qui n'en fit pas grand cas. Sans lui accorder plus d'attention, Ry'lokk prit sa propre part de viande et l'entama sans mal.

Tandis que la créature entretenait le feu, elle essayait également de prononcer correctement son nom, ce qui ne semblait pas chose facile pour lui. Le « x » était une lettre assez difficile à prononcer pour lui, et ses tentatives n'étaient pas correctes. Bon, elle essayerait peut-être de le lui enseigner plus tard, qui sait ? S'il n'était pas aussi monstrueux qu'il en avait l'air, elle pourrait peut-être s'en faire un ami, et échanger quelques trucs. Elle lui apprendrait à parler sa langue et... il lui apprendrait à chasser. Par exemple. Ça pourrait lui servir pendant ses voyages, parce qu'on avait pas toujours la chance de tomber sur une auberge, la preuve. Aujourd'hui elle était en pleine jungle, au milieu de nulle part !
C'est alors que la créature lui fit un signe, semblant vouloir lui faire comprendre que quelque chose les liaient. Est-ce qu'il essayait de lui dire qu'ils étaient amis ? Ou plutôt...qu'elle lui appartenait ? Les deux ? La demoiselle n'était pas sûre, mais elle tenterait de considérer les deux options à part de maintenant. Bien que le fait d'appartenir à cet individu ne l'enchantait guère.

Alors qu'elle tentait de lui faire comprendre qu'elle aurait bien aimé se couvrir et récupérer ses affaires, la créature se leva et se dirigea de nouveau vers le serpent, ou plutôt ce qu'il en restait, pour récupérer sa peau. Roxie cru comprendre où il venait en venir, mais elle espérait se tromper. Il ne voulait quand même pas...
La créature s'approcha et l'obligea a enlever ses bras de devant sa poitrine, ce qui la fit rougir et sursauter un peu. Vu son grognement, elle n'aimait pas trop qu'elle se cache. C'était difficile pour la demoiselle de résister à l'envie de cacher ses seins, mais elle préférait encore rester entière.
Et comme elle l'avait redouté, la créature se servit de la peau du serpent tout juste dépecé pour lui faire une jupe courte. Bon, au moins, son intimité et ses fesses n'étaient plus exposés au grand jour. C'était déjà ça. Mais... avec ça... c'était un peu dégoûtant. Ravalant sa nausée, elle lança un petit sourire à l'individu en guide de remerciement.

Il retourna s'occuper de la nourriture et sortant un grand couteau de sa botte, il découpa une tranche de viande de serpent et le lui lança. Surprise et un peu dégoutée, la jeune femme faillit bien le rater et le laisser tomber par terre. Au lieu de ça, elle le rattrapa mais fut éclaboussée de graisse animale. Elle du prendre sur elle pour ne pas vomir, vraiment. Elle était en train de se dire qu'elle serait bien incapable d'en avaler ne serais-ce qu'une bouchée, mais la créature lui ordonna de manger pour pouvoir « reproduire » comme il disait et avoir de la force. Décidément, Roxie avait bien du mal à comprendre ce qu'il voulait dire par-là. Allait-il lui demander de faire un travail ? Non, là, elle donnait sa langue au chat. Son plus grand souci pour l'heure, c'était son repas. Beurk !
Réprimant une grimace et inspirant à fond, la jeune femme prit son courage à deux mains, et croqua morceau. Elle s'attendait à un goût ignoble, mais en fin de compte, ce n'était pas si mauvais que ça. Rassurée, elle avala ce premier morceau et s'apprêta à en reprendre un deuxième lorsqu'elle aperçut la créature enlever son masque... et manger à son tour.

Roxie faillit bien vomir le peu de chose qu'elle avait dans son estomac. Oui, encore. Mettez-vous à sa place ! Déjà que la créature était assez effrayante comme ça, alors sans son masque ! La demoiselle sentait son cœur pulser contre sa poitrine, prêt à éclater. Elle n'avait qu'une envie : fuir. Mais elle savait que si elle osait une chose pareille et qu'il la rattrapait, elle était fichue. Elle était coincée. Alors elle essaya de faire comme si de rien n'était, bien qu'elle fut pâle et mal à l'aise, et continua de manger sagement.

Elle repensa un peu à tout ça, en se disant que son aventure était aussi incroyable que terrifiante. Une fausse carte, se retrouver perdue au milieu de nulle part, dormir dans une grotte, se baigner dans un fleuve, manquer de peu de se faire dévorer par un serpent géant et se faire sauver par une créature effroyable... brrr... elle aurait mieux fait de ne jamais l'acheter, cette foutue carte !
Et après ? Est-ce qu'ils allaient partir ? Pour aller ou ? Allait-il lui demander de le servir, de travailler pour lui ? Allait-il la vendre pour se faire de l'argent ? Elle se posait beaucoup de questions, mais n'avait pour le moment aucune réponse.