Stranglehold [Fiore de Mesnival]

Le « Stranglehold » était un imposant bâtiment situé le long de la zone portuaire de Seikusu. C’était une sorte de tour construite sur les fondations d’un ancien entrepôt racheté par une obscure société d’import/export quelques années après la crise japonaise des années 1990’s. Cette mystérieuse société avait ensuite obtenu les fonds nécessaires, auprès des deniers publics, pour construire un établissement de loisir ayant officiellement pour objectif de relancer l’économie dans ce quartier défavorisé et très appauvri par la crise. Officiellement... En réalité, la société d’import/export en question était une société-écran fondée par l’un des plus importants clans de Yakuzas de la ville, les Guramu. Cette tour était maintenant en marche depuis plusieurs mois, et se composait d’une série d’étages, chacune abritant différentes choses :

• Le rez-de-chaussée abritait un bar, un restaurant, et une salle d’arcade ;
• Le premier niveau abritait un casino ;
• Le second niveau abritait un restaurant de luxe ;
• Le troisième niveau abritait une zone plus sensuelle, une maison close de luxe ;
• Le quatrième niveau était un niveau encore plus restreint, dans lequel les Guramu se livraient à différents trafics illégaux ;
• Le cinquième niveau, enfin, était la zone administrative du « Stranglehold » ;
  
• Le sixième niveau était celui où se trouvait les appartements et le bureau du Directeur de l’établissement.

Le « Stranglehold » était un succès à tous les plans, tant du point de vue que de l’économie légale, que de l’économie illégale. Légalement, il attirait chaque jour aussi bien des jeunes que des adultes. Chacun de ces étages étaient bien remplis, et fournissaient un très bon chiffre d’affaires, permettant aux Guramu de s’en mettre plein les poches. Et, illégalement, le quatrième étage abritait tous les trafics importants, notamment (et surtout) les trafics terrans : vente d’esclaves terranides, et vente d’armes obtenues illégalement depuis des États terrans comme Nexus (runes magiques et objets enchantés) ou Tekhos (armes futuristes et robots de combat), des armes mortelles et destructrices contre lesquelles les forces de police étaient dépassées. Ces armes faisaient plonger le 21^ème siècle dans une nouvelle étape de l’armement militaire, les drones de combat et les méchas ayant progressivement remplacé les simples Marines face aux djihadistes barbus armés de Kalachnikovs et de lance-roquettes RPG-7 dans les montagnes afghanes. La guerre prenait un nouveau tournant, plus froide, plus distancée, et bien plus mortelle.

Et les pertes civiles se multipliaient de jour en jour, dans une indifférence généralisée... Mais pas pour tout le monde.

Kate Kane, plus connue sous l’alias de Batwoman, ne supportait pas cette situation, et elle était bien résolue à lutter contre le terrorisme et contre les individus finançant et soutenant les groupes terroristes. Sa mère avait été tuée à cause de terroristes, et Batwoman avait depuis lors mener une croisade contre eux, avec l’aide de son père, qui travaillait au sein de la CIA, et, surtout, de celles à qui elle avait récupéré le symbole de la chauve-souris : Barbara Gordon et sa clique de Batgirls en herbe.

« L’endroit est lourdement défendu, Kate, lâchait dans le communicateur de son armure Barbara. Mais Zéon est bel et bien là.
 -  C’est la seule chose qui compte. »

Zéon était l’un de ces fournisseurs d’armes. Il venait de Tekhos, où il travaillait pour le compte d’une milice rebelle, les Sons Of Men, ou SoM. SoM avait besoin de financements pour mener leur révolte contre le Sénat et les mégacorporations tekhanes. Ce financement, la milice l’avait en revendant du matériel tekhan aux Terriens, notamment aux Guramu. Le Colonel Zéon était un membre influent de SoM, qui se chargeait de vendre le matériel en question. Il était venu ce soir avec deux énormes vans noirs et une voiture noire blindée l’abritant. Le Colonel Zéon était l’une des cibles prioritaires des Bats, car Barbara soupçonnait que l’homme était lié aux armes futuristes qui circulaient à Gotham City. Zéon était cependant extrêmement prudent, car il n’était pas recherché que par les Bats ou par le SHIELD, mais aussi par les autorités tekhanes, qui s’étaient jurées de démanteler SoM.

« Je pense que je vais passer par le parking, et neutraliser les véhicules. »

La discrétion risquait de ne pas beaucoup marcher dans une telle forteresse... Mieux valait donc empêcher les rats de s’enfuir, car Kate avait beaucoup de questions à poser à ce cher Zéon.

Quand on est mercenaire indépendante, le tout est de savoir si on peut résoudre un contrat ou si on peut s'en passer. Les objectifs et les enjeux doivent en valoir la peine quand on s’éloigne progressivement de la vie, et encore plus quand l’on est aveugle. Pour ce dernier point, Fiore n’avait pas réellement de problème. En revanche, le reste pouvait en être. Travailler sur Terre dans son type de travail le plus sale pour punir des Tekhans n’était clairement pas dans ses habitudes, mais le jeu en valait la chandelle, et ses revenus du moment étaient trop pauvres pour réellement laisser passer ça.

Le topo était de se débarrasser d’un type précis, un certain Zéon, et de couler tout le trafic que ce dernier ainsi que toutes les têtes avec lesquelles il était lié. Cependant, l’objectif que Fiore visait était tout autre que celui qui était reconnu comme étant le principal. Elle cherchait à abattre personnellement la personne chargée de la vente illégale de terranide, ainsi qu’à leur prostitution et autres saloperies. Etant elle-même un membre de cette espèce, du moins en partie vu qu’elle était un simple animal à la base, son instinc ne pouvait pas laisser passer une chose pareille. Elle s’était donc renseignée, et obtenue un nom ainsi qu’un visage, bien que partiel. Un certain Conmrad Papadov et portant un cache-œil noir avec le sigle SoM dessus. Elle irait d’abord le voir et s’occuperait ensuite de la grosse tête avant de passer au reste.

Sur place et dans sa tenue habituelle, elle s’occupa d’éliminer en premier les quelques troupes isolées de façon silencieuse et discrète qui trainait autour du bâtiment. Sachant que ces gars manquant allaient vite se faire remarquer, elle chercha également le sbire de plus haut rang qui faisait le lien avec tout le monde, dans une fourgonnette banalisée à l’extérieur. Sa faculté de voir comme un sonar l’aidait bien dans ces moments-là, et la partie extérieure où elle se trouvait était sécurisée. Elle fit rapidement le point sur sa situation et jeta d’emblée l’idée de passer par les airs. Elle ne savait pas si elle pourrait se poser tranquillement puis se transformer en sécurité, surtout que si elle se faisait repérer elle n’avait pour ainsi dire aucune chance de s’enfuir sans être démasquée. Elle opta pour une solution plus "interne" et passa par le parking souterrain. De plus, elle savait qu’elle devait rencontrer quelqu’un avec qui elle devait travailler en duo, et pensait que cette personne avait de grandes chances de passer par ici vu que c’était l’endroit le plus dégagé de la zone. Et avec les gardes qu’elle venait d’éliminer, il n’y avait plus aucun risque de passer par là.

Elle opta donc pour des mouvements rapides et fluides, partiellement aidée de sa capacité à manipuler le vent pour se mouvoir sans avoir à craindre d’un manque de vitesse ou d’un excès de bruit. Cependant, une fois surplace, elle sentit une présence. Plus discrète que jamais, elle s’approcha de ce qui avait l’air de produire des espèces de cliquetis, du moins c’est ainsi que ça lui parvenait avec son ouïe plus développée que la normale, le tout entre deux véhicules. Elle s’approcha de plus en plus… Silencieusement. Etait-ce un allié ou un ennemi ?

Kate savait qu’il y avait plusieurs entrées possibles vers le parking souterrain. Il y avait l’entrée classique, un chemin bétonné filant sous le sol, mais il était surveillé. Elle opta donc pour une autre entrée, consistant à passer par une entrée de service à l’arrière. Déployant ses ailes, elle rejoignit donc cette section, en passant par les hauteurs, et se posa sur le toit de Stranglehold. Elle avança le long du toit, jusqu’à se trouver au-dessus de l’entrée de service... Et fronça les sourcils en voyant des corps allongés sur le sol, et inanimés. Elle se laissa rapidement descendre, et constata vite qu’ils étaient tous morts. Des frappes chirurgicales, rapides. Ils n’avaient pas eu le temps de souffrir. Là, un homme avait été égorgé proprement, là, sa nuque avait été brisée.

« Nous ne sommes pas les seules sur le coup...
 -  Je vois ça... »

Il n’y avait trace d’aucune arme de lancer. Aucun coup n’avait été gâché. Le tueur avait frappé pour tuer à chaque fois, agissant rapidement. Kate observa des traces de sang, et se dépêcha d’utiliser l’une des fonctions de sa combinaison, en analysant le sang. Les données furent transférées au Bat-ordinateur de Barbara, d’où cette dernière put l’analyser à l’aide de logiciels perfectionnés. Elle parvint ainsi rapidement à déterminer qu’ils étaient morts très récemment, ce que l’instinct de Kate lui avait déjà soufflé. Le tueur s’était aussi débrouillé pour tuer les hommes loin des caméras de sécurité, ou dans des angles morts. Un vrai professionnel. En d’autres circonstances, Kate aurait opté pour les kunoichi d’Akihiro Guramu, mais elle voyait mal l’Oyabun attaquer l’un de ses propres établissements.

« Sois prudente...
 -  Comme toujours. »

Batwoman n’appartenait pas au même moule que Barbara et sa clique. En soi, elle était une usurpatrice, car c’était avec son père qu’elle avait choisi de prendre le symbole de la chauve-souris. Cependant, « Batman » n’était pas une marque protégée. Kate l’avait fait afin de montrer aux autres dans quel camp elle appartenait, et, si Batman et Batgirl s’étaient fort logiquement méfiés d’elle au début (et continuaient encore à s’en méfier), ils savaient que, comme eux, elle ne franchirait jamais cette « ligne grise » consistant à commettre le meurtre... Ce que leur tueur avait allégrement fait. Batwoman était une simple justicière, elle n’avait pas le pouvoir de condamner et d’exécuter la sentence.

Elle ouvrit la porte ouverte, et fila rapidement dans le couloir, évitant les caméras. Elle longea un bureau à droite, et vit un autre cadavre, affalé sur le sol. Il y en avait un autre dans les toilettes, mort sur le trône. Chacun de ces visages était connu du Bat-ordinateur, renvoyant à des Yakuzas déjà condamnés, mais ayant bénéficié de libérations conditionnelles, de sursis, du soutien d’individus hauts placés pour leur permettre de sortir rapidement de prison. Un système judiciaire corrompu... L’homme mort dans les toilettes avait été reconnu coupable de violences conjugales. C’était un dealer qui battait régulièrement sa petite amie, et elle avait fini par porter plainte.  Kate se releva, et descendit les marches, rejoignant rapidement le parking.

Il était vide, plongé dans l’obscurité, et elle s’avança lentement.

« Il est ici... »

Kate le sentait, elle aussi. Il y avait plusieurs rangées de voitures, le parking s’étalant sur plusieurs niveaux. Batwoman se dissimula derrière une voiture, ne faisant plus qu’un avec l’obscurité, enclenchant sa vision thermique. L’avantage qu’il y avait à avoir un père issu de la CIA et à travailler avec l’équipe Batygirl, c’est qu’on avait accès à quantité de gadgets et de jouets très utiles. Kate sortit ainsi une sorte de petit appareil vibrant, et le posa sur le sol, puis alla se dissimuler. C’était un appareil sonore, que la CIA utilisait pour distraire les chiens en émettant des ondes à ultrasons. L’appareil avait toutefois d’autres fonctions, notamment de quadriller la zone afin de rechercher les autres ondes sonores, et, ainsi, Batwoman pourrait espérer identifier le tueur, s’il se déplaçait.

« Un signal se rapproche... »

Dissimulée derrière son pilier, Kate tourna lentement la tête, et vit une élégante silhouette féminine se rapprocher. Ses yeux étaient bandés, et elle portait une lame. Une démarche prudente, une élégante tenue violette recouvrant partiellement son corps.

*Une Daredevil sexy au féminin...*

Mine de rien, la comparaison se tenait ! Kate restait prudemment en retrait, et vit la femme se rapprocher de son dispositif. Pour qui travaillait-elle ? Batwoman n’avait jamais vu cette femme, et resta en retrait, avant de se rapprocher, sortant de sa ceinture un Batarang. Sa lame était trempée de sang.

« C’est notre tueuse... »

Batwoman l’avait remarqué, et elle avait entre ses doigts un Batarang électrique, destiné à neutraliser cette femme. Prudente, elle attendit encore un peu, et le lança vers son cou.

Fiore avait pour habitude de ne jamais rien laisser au hasard, et encore moins en vie. Dès que quelque chose lui barrait la route, qu’il s’agisse de purs enfoirés, de type voulant sauver leur peau ou simplement de gens ni bons ni mauvais impliqué et qui faisaient leurs travail, elle les éliminait de façon rapide et efficace. D’autant plus que dans ce monde, contrairement à celui où elle a été élevée comme une machine à tuer, il n’y avait que très peu de personne pouvant lui être supérieure en terme d’assassinat ou de duel à l’arme blanche. Il restait les armes à feu, plus performante que des arcs ou arbalètes, mais qui n’étaient pas non plus impossible à se débarrasser tant qu’elle aurait sa vision et ses réflexes clairement pas humains. Seulement, certains dispositifs pouvait la gêner dans sa progression car invisibles à son sonar, comme des lasers par exemple. Mais ça n’était pas le cas ici.

Les cliquetis finirent par s’arrêter et Fiore s’immobilisa, sentant qu’il allait se passer quelque chose. Elle ne fut pas déçue de voir qu’un engin dégageant une énergie semblable à de l’électricité finit par lui parvenir rapidement, visant apparemment sa tête, ou plus précisément ce qui servait à garder cette dernière sur ses épaules. Ses réflexes lui permirent de l’éviter pas trop difficilement, tout en lui permettant de se mettre à l’abri derrière un pilier. Quelqu’un hostile lui faisait face et ce n’était certainement pas quelqu’un du même niveau que les types affrontés précédemment. Cette pensée lui fit dégager un mince sourire, à peine visible par quiconque pourrait la regarder, mais bel et bien existant. Elle allait avoir droit à un peu de challenge, peut-être :

« Je dois me méfier ce son équipement. Cette femme semble en avoir quelques-uns en réserve »

Sa capacité à voir lui avait montré que d’une part il s’agissait d’une demoiselle, et d’une deuxième part qu’elle avait tout un équipement avec elle, même si pour l’heure elle ne saurait déterminer jusqu’à la quantité exacte ainsi que la nature de cet équipement. Tant qu’elle le pouvait, elle se mit à réfléchir sur les possibilités qui lui étaient offertes. Tout d’abord, hors de question d’utiliser les capacités de son pendentif tant qu’elle n’a aucune idée de quel monde provient cette femme. La magie ne devait pas être montrée aux Terriens. Ensuite, elle jugea qu’en l’absence de vent, elle pourrait utiliser sa capacité à manipuler ce dernier qu’au cas où son adversaire serait à une distance de voiture pour pas qu’elle sente l’air bouger trop vivement sans raison. Il ne restait donc que ses réflexes anormaux et qu’elle ne pouvait contrôler ainsi que ses talents en assassinat et joute à l’arme blanche. D’ailleurs, pour une telle mission, elle avait optée pour une lame courte, proche d’un sabre, mais avec une garde moins exubérante et une lame moins incurvée que la normale. De plus, le bout était très pointu, histoire de percer d’éventuelles protection sans aucun problème, un peu comme s’il aurait été coupé avec un poignard.

Le silence et l’inactivité se faisait depuis maintenant quelques longues secondes. Chaque partit ne bougea point de sa position, sûrement que l’autre devait certainement emmètre des hypothèses comme Fiore. Puis elle repensa à quelques petites choses. Cette femme n’était clairement pas comme toutes les saletés qui gardaient l’endroit. D’une part parce son accoutrement était relativement bizarre pour quelqu’un travaillant pour des yakuza, et de deux son armement n’avait rien à avoir avec eux également. Peut-être était-ce l’allié qui s’était installé dans le bâtiment, même s’il serait bizarre que ce dernier l’attaque. Elle opta pour une solution simple pour départager ses opinions :

- Tu penses quoi de cet endroit morbide, chérie ?

Suivant la réponse qui allait lui parvenir, elle allait soit engager le combat très rapidement, soit quitter partiellement sa posture défensive. Ayant bossé dans un milieu corrompu et où le mensonge était autant légion que bien travaillé, en plus de savoir parfaitement utiliser cette forme de langage à son avantage, elle saurait deviner si ce qu’elle allait peut-être entendre serait vrai ou faux.

Ce n’est pas parce qu’une personne n’avait pas de yeux fonctionnels qu’elle ne pouvait pas voir. Kate le savait très bien, car les dossiers de la CIA, aussi bien que ceux de Batman, avaient quantité d’informations sur ce justicier nocturne en tenue moulante rouge qui se promenait dans Hell’s Kitchen : Daredevil. L’Homme-sans-Peur, qu’on avait ensuite revu à San Fransisco, était aveugle, ce qui lui avait permis d’amplifier tous ses autres sens, le rendant ainsi encore plus dangereux qu’une personne capable de voir. La vision était autant une alliée qu’une traîtresse. Kate avait appris ça en s’entraînant avec un bandeau sur les yeux. Les yeux ne voyaient que dans une direction bien précise, alors que l’ouïe, elle, fonctionnait sur un angle à 380°. On pouvait ainsi éviter les coups dans le dos de cette manière, en les entendant, en les anticipant, et en réagissant. Kate n’en était évidemment pas au point de percevoir les battements cardiaques, mais pouvait entendre les bruits de pas, les mouvements... Son Batarang fila vers la nuque de la femme qui bondit sur le côté, évitant l’arme, qui heurta un pilier, et elle bondit ensuite derrière un autre pilier. Batwoman, elle, resta à l’abri, s’attendant à une contre-attaque... Qui ne vint pas. Au lieu de ça, la mystérieuse femme resta en retrait, et un léger silence s’instaura.

Kate n’avait pas peur. Elle avait suivi un entraînement intensif, et elle se demandait pour qui cette femme travaillait. Qui l’avait envoyé ? Les Triades ? Elle savait que, entre les Chinois et les Japonais, ce n’était pas l’amour fou. D’un autre côté, elle avait du mal à se dire que les Triades aient pu envoyer une femme, une seule femme. Le sexisme était encore une valeur forte au sein de la Mafia.

*Le plus logique est donc qu’elle soit une indépendante... Mais qui pourrait l’avoir embauché ? Et pourquoi ?*

Dans sa tête, les questions se multipliaient, et, finalement, la femme se mit à parler, adoptant un ton étrangement familier. Kate déglutit, en se demandant que faire...

« Tu penses quoi de cet endroit morbide, chérie ? » lui avait-elle demandé.

Que pouvait-elle en penser ? C’était un parking souterrain... Pas l’endroit le plus glamour du monde, loin de là. Batwoman resta silencieuse encore un peu, en regardant autour d’elle. Le fait est qu’elle n’avait pas confiance en cette femme, et que, de manière générale, vivre à Gotham City avait tendance à développer en vous un sentiment paranoïaque renforcé. Pour autant, Kate savait qu’elle avait peu de temps et peu de marge de manœuvre dans cette histoire. Zéon était un gros poisson, et Kate devait trouver un moyen de le neutraliser rapidement.

Autrement dit, elle n’avait pas le temps de se battre avec cette femme, et lui répondit rapidement :

« J’en pense que votre vue la rend moins morbide... Est-ce que vous travaillez pour Zéon ? »

Était-ce ça l’explication ? Kate ne pouvait émettre que des hypothèses en ce moment...

Selon la réponse que pourrait donner cette femme, Fiore avait tout un tas de manières d’agir. Si elle se trouvait être contre elle mais ne travaillant pas pour sa cible, il se passerait sûrement un affrontement dans cet endroit qui pourrait faire beaucoup de bruit suivie d’une fuite à l’anglaise. Cela n’avait beau être qu’un parking souterrain, il y avait des canalisations placées à certains endroits proches du sol, contre les murs, ainsi que des câbles électriques qui partaient de ces mêmes murs jusqu’aux diverses sources de lumières et autres joyeusetés fonctionnant à l’électricité. Il ne serait donc pas difficile de trouver un point stratégique pour s’en réchapper. Ensuite, si elle se trouvait être contre elle et avec sa cible, il faudrait qu’elle l’élimine rapidement à l’aide de ses capacités non-humaines pour ne pas alerter plus de monde. Mais elle rejeta cette hypothèse car elles ne seraient déjà plus seules. En revanche, si elle se trouvait être contre sa cible et alliée avec elle, cela pourrait grandement faciliter sa tâche et également faire d’une pierre deux coup en tuant Zéon et Comrad séparément.

La réponse finit par arriver, et Fiore devina définitivement par la façon dont c’était formulé que cette femme n’avait absolument aucun lien direct avec cette pseudo-entreprise. Donc à moins que ça soit une nouvelle recrue fraîchement arrivée dans la journée, et encore cette hypothèse serait rapidement jetée à cause de son accoutrement, la chauve-souris n’avait aucune chance de se retrouver contre elle. C’est en affichant un grand sourire fermé, mais sans relâcher totalement sa garde par prudence, qu’elle sortit de derrière son pilier :

- Nous sommes donc dans le même camp ma belle. Cela te dirait d’aller trouer des yakuzas avec moi ?

Elle avait dit ça en gardant un air complètement détaché, comme si la terranide comptait aller acheter son pain quotidien, tout en ignorant si cette femme étant Terrienne ou Tekhane, voire les deux. Elle ne pouvait se permettre de commettre une erreur concernant ses origines, autant que de révéler ses atouts.

Sa réponse était bien différente d’une réponse normale, mais elle avait tout de même confirmé qu’elle était contre celui qui gérait tout ça. Cela démontrait en même temps que Fiore était intelligente pour arriver à déduire cela simplement parce qu’on lui demandait si elle bossait pour Zéon. Pour elle, s’était seulement une question de bon sens. Et elle attendait de savoir si elle pourrait ou pas compter sur elle, ou du moins pour réaliser ce qu’elle avait à faire.

Pour l’heure, c’était l’hypothèse la plus logique que Kate puisse trouver... Que cette femme soit une tueuse venant de Terra, et employée par Zéon pour doubler ses alliés. Une hypothèse qui ne résistait pas à l’épreuve des faits, car Zéon avait besoin d’un revendeur discret et efficace sur Terre, et, pour l’heure, seuls les Guramu pouvaient fournir tous ces critères. Ils étaient implantés à Seikusu depuis longtemps, et tout autant au Japon, ayant ainsi des appuis avec de nombreux circuits criminels internationaux. Mais quelle autre hypothèse pouvait-elle avoir ? Elle eut un début de réponse quand la femme sortit du pilier, et expliqua qu’elles avaient le même ennemi... Tout en lui proposant de « trouer des Yakuzas ». Kate se pinça les lèvres, et hésita un peu... Puis sortit à son tour de sa couverture, et observa la femme.

Sa beauté singulière fut la première chose qui frappa Kate. La jeune Rousse était une lesbienne convaincue, qui avait eu une aventure, à Gotham City, avec une policière, Renée Montoya... Une femme pour qui Kate ressentait encore des choses en ce moment. Cette mystérieuse femme était belle, et avait aussi une tenue violette très singulière, à la fois élégante, sobre, et sexy. Un curieux ensemble mettant ses formes en valeur. Silencieuse, Batwoman la regarda pendant quelques secondes, avant de lui répondre.

« C’est toi qui as tué ces hommes là-haut... »

La femme secoua alors la tête, en secouant aussi la main :

« Je ne tue pas. Alors, si tu veux qu’on coopère... Je ne veux pas d’effusion de sang. »

En théorie, elle aurait dû l’arrêter, mais Kate avait un esprit très pragmatique. Cette femme avait des réflexes impressionnants, et était une véritable kunoichi. Or, Batwoman savait qu’elle était dans un véritable fort moderne... Stranglehold, un immeuble comprenant une armée de tueurs lourdement armés. Cette femme était une criminelle, oui, mais Kate avait besoin d’elle... Si tant est que cette dernière puisse se calmer. Elle restait donc face à elle, toujours prête à se battre.

*C’est une tueuse...*

Entre-temps, Barbara menait des recherches sur son visage, mais eut des résultats négatifs.

« Elle ne figure sur aucun des registres d’Interpol, ou des polices japonaises. Bien sûr, ça ne veut pas forcément tout dire, mais, si elle traque Zéon, elle est possible qu’elle vienne depuis Terra. »

L’argument se tenait, mais cette origine ne justifiait pas de tuer des gens... Même des Yakuzas.

La réponse mit un peu de temps à venir, et Fiore s’impatientait un peu. Elle n’avait pas beaucoup de temps à accorder à cette femme vu que la nuit ne serait pas éternelle. Tôt ou tard, les autres membres de cette organisation auront vite fait de s’apercevoir qu’ils manquent des hommes. La rousse avait fait en sorte de réduire au maximum les chances d’être repérée trop tôt en éliminant d’abord la surveillance à l’extérieur jusqu’à celui qui gérait les caméras de surveillance. Du moins les premières. Elle prenait le moins de risques possibles pour un maximum de résultats, et ce depuis toujours. Pouvant faire agir sa tête pendant que ses réflexes automatiques lui accordaient la tranquillité de ne prendre aucun coup, elle avait toujours un temps d’avance sur ceux qui ne peuvent faire fonctionner les deux à la fois. Au final, elle finit par savoir ce qu’elle cherchait à savoir :

- Je ne tue pas. Alors, si tu veux qu’on coopère... Je ne veux pas d’effusion de sang

Ne pas tuer ? Cette phrase dérangea fortement la bretteuse. Depuis toujours, elle tuait tous ceux et celles qui se mettaient en travers de son chemin. Elle avait été élevée comme ça, et celui qui lui avait inculqué cette philosophie de vie avait lui-même péri ainsi. Elle avait un peu oublié que dans cette partie du monde, réagir ainsi quand on se fait attaquer relevait d’un profond manque de respect envers la loi et on était par conséquent traité de criminelle. A Terra, il suffisait d’être le plus fort ou le plus influent pour ne craindre absolument rien, mais ici c’était différent. Une tueuse qui tue des hors-la-loi, même si c’est pour se défendre est considéré comme étant quelque chose de mauvais.

Fiore en déduisait quelque chose avec la femme qui se trouvait en face d’elle. C’était clairement une de ces espèces de justicières armée de leur foi envers une justice aveugle et stupide. Le genre qui manque un peu trop de bon sens et qui poursuit les même gars toute leur sacro-sainte vie à purger le monde avant qu’il ne devient un gigantesque charnier. Elle était même prête à parier que compte tenue de ce qui semblait être un déguisement, du moins c’est ainsi qu’elle percevait avec ses sens, elle devait mener un genre de double vie. Gentille policière souriante le jour et justicière la nuit, par exemple. Dans un sens, elles ressemblaient autant qu’elles étaient différentes. Si la Terranide voyait juste.

Gardant un soupir pour elle, elle s’apprêta à répondre, mais entendu un bruit bizarre provenant de cette femme. Son ouïe d’aigle combiné à celle de l’aveugle lui jouerait des tours ? Peut-être pas. Mais elle eut une idée :

- Tu sais que si on laisse ces excréments flotter dans la mer sans les broyer, ils finiront revenir plus gros qu’au début à la moindre vague ?

Elle n’avait pas tort. Le système judiciaire de ce monde était aussi tordu qu’inefficace si on tient compte de certains paramètres. Il y avait des lois, des militaires et des tonnes de policiers. Seulement, le taux de criminalité était à son sens bien plus en hausse que sur Terra. Ils avaient les moyens de faire régner l’ordre, le nombre et même  les têtes pensantes. Mais tout cela était gâché à une faible prise de risque sur le terrain. Autrement dit, les militaires ne devaient agir uniquement en cas d’attaque contre un ennemi commun ou un envahisseur, les policiers étaient trop souvent pieds et poings lié car le moindre signe de violence renvoyait à se retrouvait entre quatre murs, et les dirigeant étaient trop occupée à entretenir leurs places pour réellement appliquer des mesures allant de pair avec le nombre de fauteurs de troubles. Sur Terra, il y avait moins de criminels, mais ceux-ci étaient plus importants et peu gens essayaient de leur tenir réellement tête quant à leurs statut, à moins d’être plus fort qu’eux et de les éliminer.

Brisant le silence, Fiore ajouta d’un air vraiment pas convaincu :

- J’accepte, mais mais je rajoute deux conditions non-négociable. La première est que si je ressens un danger trop important pour être simplement neutralisé, je me charge de l’éliminer et dans le cas contraire, nous nous séparerons. La seconde est que l’on reste groupées quoi qu’il arrive, sauf si la situation l’interdit.

Fiore savait se montrer directe quand elle voulait faire comprendre quelque chose. Il était clair qu’elle ne faisait absolument pas confiance à cette femme qui, malgré le fait qu’elles avaient un objectif en commun, semblait cacher quelque chose. De plus, le genre justicière qui n’agit que la nuit lui pompait l’air et gardait un grosse part de méfiance quant à son efficacité, surtout si celle-ci repose davantage sur des gadgets que sur un talent réel. Après tout, elle avait cité le mot "situation" de façon à ce que la déguisée comprenne qu’elle que si elle doit vraiment tuer quelqu’un par manque de choix, elle le fera.

Il ne restait plus qu’à savoir ce qu’il allait se passer.

Pour devenir Batwoman, Kate n’avait pas fait que mettre une cagoule sur la tête. Traumatisée par la mort de sa mère et de sa sœur jumelle quand elle était petite, la femme avait progressivement sombré. Quand West Point l’avait renvoyé en apprenant qu’elle était lesbienne, Kate s’était mise à boire dans les bars de Gotham City, et, peu à peu, allait d’elle-même cherché les embrouilles avec des petites frappes et des malfrats locaux, ce qui finissait généralement en rixe et en pugilat. Son père avait fini par la prendre sous son aile, en lui disant que, soit Kate irait en prison, soit elle continuerait à agir comme justicière, mais en choisissant une véritable formation. Son père était un colonel de l’armée ayant des contacts avec la CIA, Kate avait, pendant une année, suivi un entraînement terrible. Elle avait voyagé dans le monde entier. Elle avait dû fuir dans les catacombes de Paris, la cheville brisée, sous des molosses furieux et des hommes bien décidés à la torturer, jouant aux jeux terribles et intenses de la CIA. On l’avait kidnappé et balancé au milieu du Sahara, où elle avait dû, seule, réussir à extirper sa vieille carcasse. On l’avait envoyé dans les arènes clandestines de pays d’Europe de l’Est, comme la Serbie, où elle avait dû se battre à mort contre de véritables tueurs faisant plus de deux mètres de haut. Elle qui pensait avoir découvert tout l’horreur de Gotham City avait découvert un monde encore plus sombre. On l’avait emmené dans l’antre d’un tueur en série, quelqu’un qui s’amusait, à Prague, à capturer des fugueurs et des fugueuses, des prostituées, ou tout simplement des migrants, afin de les donner en pâture à des psychopathes sanguinaires, dans une version sinistre d’Hostel. Ces malades filmaient et enregistraient leurs exploits, et elle avait dû voir ça, pendant des jours et des jours, afin de comprendre contre qui elle se battait.

Son épreuve finale avait eu lieu en Russie, quand son père lui avait appris qu’un psychopathe et terroriste russe avait capturé la fille d’un haut-dignitaire russe, menaçant de relancer des tensions dans le pays. L’homme s’était réfugié avec sa bande à Prypiat. Kate s’y était rendue, et avait trouvé l’homme dans une vieille salle de classe, entouré de cadavres. Elle avait neutralisé sans difficulté tous ses hommes, d’anciens agents du KGB, et avait neutralisé ce dernier. Elle avait hésité à le tuer, elle avait caressé la ligne... Et s’était retenue. Alors, la supercherie avait été révélée : les cadavres n’étaient que des poupées de cire, et le psychopathe n’était autre que son père. Le colonel Kane avait estimé que Katherine Kane était prête, et on lui avait fait le costume de chauve-souris, non pas pour se rapprocher de Batman, mais pour signifier à la faune locale de quel côté elle appartenait. Batwoman n’avait jamais pensé que son père voyait en elle une simple justicière, et elle ne pensait pas qu’il avait mis sur pied un tel programme juste pour en faire une justicière. Dans le fond, elle était convaincue que son père avait d’autres objectifs pour elle, et que tout ce qu’elle faisait ici, que ce soit à Gotham ou à Seikusu, n’était que la seconde partie d’un drastique entraînement.

Elle se trouvait donc là, face à cette femme, et avait clairement spécifié qu’elle ne tuerait pas. Paradoxal, quand on connaissait les méthodes de la CIA, mais c’était une condition indispensable pour rejoindre les forces de Batman. Et, s’il y avait bien un homme à Gotham dont son père s’était dit de se méfier, c’était bien du Chevalier Noir. Elle avait adopté cette règle d’or, ce qui semblait surprendre sa mystérieuse alliée. Cette dernière lui rétorqua qu’il était stupide de ne pas tuer ses ennemis. C’était un argument que Kate connaissait, et, pour reprendre la métaphore de la femme, elle répliqua rapidement :

« Et, si on tue un loup, on risque de permettre à l’ours de revenir, car il n’aura plus de prédateur pour l’embêter. »

Il y aurait toujours quelqu’un pour reprendre le flambeau, une personne qui serait encore pire que l’autre, et qui n’hésiterait pas à employer les grands moyens. Le meurtre n’était pas une solution rentable contre le crime organisé, tout simplement. Néanmoins, la femme acquiesça à cette directive, sauf en cas d’extrême urgence. Kate haussa les épaules, estimant qu’elle allait devoir se contenter de ça.

« Ça me va. »

Elle s’approcha ensuite vers le coin du parking, et ouvrit la porte menant à l’escalier de service.

« Le groupe électrogène doit se trouver sous le parking... Le seul moyen de rejoindre le dernier étage en paix est de couper le courant, et de profiter de la confusion pour retrouver Zeon. »

C’était pour elle le meilleur moyen d’éviter d’affronter une armée entière.

Les choses étaient claires. Fiore n’avait aucunement confiance en quelqu’un qui refusait de tuer quelqu’un qui lui barrait la route, et qui plus est pouvait attenter à sa vie. La bretteuse détestait réellement les gens croyant en une idylle toute belle et innocente avec laquelle on pouvait stopper la folie d’un homme simplement en lui parlant. Encore que cette femme avait clairement des gadgets offensifs, rien que ce qu’elle aurait pu se prendre dans la tête le prouvait. Elle n’était peut-être pas si innocente que ça après tout, mais certainement pas suffisamment pour arrêter de la surveiller.

Finalement, cette femme accepta les directives de la rousse, mais apparemment pas totalement de gaité de cœur. Cela se sentait comme un étron dans un micro-ondes réglé un peu trop fort. Après avoir bougé, l’inconnue lui exposa une idée qui semblait être assez bonne étant donné la situation. Fiore aurait pu tuer, elle aurait fait comme l’extérieur, c’est-à-dire d’abord éliminer les gardes hors-champs puis la surveillance vidéo de la zone en question. Mais là, elle devait éviter de tuer pour ne pas avoir une ennemie de plus sur les fesses. De plus, les surveillances extérieures et intérieures de ce genre de bâtiment sont radicalement différentes. Il était assez peu probable qu’il y ai une seule unité de reconnaissance vidéo par étage, ce qui faisait qu’il était d’office impossible d’opérer comme précédemment. Fiore avança donc vers cette femme, préparée mentalement et physiquement à la suivre. En temps normal, elle gérerait les opérations en premier plan, mais ses principaux moyens d’agir se trouvaient en attente. Néanmoins, elle avait déjà repéré quelque chose :

- Sur notre route, on devrait trouver au moins trois gardes, dont un immobile devant une porte. Il va falloir faire un détour pour ne pas tomber sur lui.

L’assassin pouvait jusqu’à entendre les bruits de pas des deux autres et sentir la présence de celui qui était immobile, respectivement grâce à son ouïe très développée et à son sonar. Néanmoins, à cause des murs un peu trop épais et le manque d’air mouvant, elle ne pouvait pas en savoir plus. Peut-être étaient-ils plus, ou bien qu’elle ignorait un passage qui serait plus pratique. En revanche, ce qui était plus que certain, c’était que ces gardes-là n’étaient pas là par hasard. Il devait forcément y avoir quelque chose, voire quelqu’un, à surveiller de près. Qui sait, peut-être que cela vaudrait le coup d’y jeter un œil et que le plan qu’elle avait déduit dans la camionnette lui serait plus utile que prévu. Du moins en comptant l’appui de sa partenaire improvisée.

Dans les escaliers même, il n’y avait personne. La Teranide pouvait l’entendre jusqu’à au moins deux étages à considérer qu’il y en avait autant. Les bruits de pas dans des espaces aussi exiguës et bétonnés que des escaliers de secours est une chose facilement audible même par un humain parfaitement normal. En revanche, la rousse pouvait toujours entendre quelqu’un marcher d’un pas assez lourd, provenant soit d’une forte corpulence soit d’un équipement lourd, mais certainement pas les deux, non loin de la sortie. Elle pouvait même rajouter qu’il devait fumer, son nez affiné pouvant sentir une légère odeur de fumée nocive devenir un peu plus insistante à chaque pas. Elle ignorait cependant si sa coéquipière le sentait et fit comme si elle ne l’avait jamais respiré, bien que ça lui agressait réellement les voies respiratoires. A la sortie de ses escaliers, il y avait un grand couloir placé à la perpendiculaire, et un autre qu’il fallait certainement prendre pour esquiver le fumeur, placé en T pas très loin de l’escalier. Le deuxième homme semblait davantage trépigner, le sonar de Fiore lui montrant qu’il tournait un peu en rond dans un mélange d’ennui et de mauvaise humeur, situé de l’autre côté du couloir principal. Ses bruits de pas, bien que plus éloignés que ceux du fumeur, était bien plus irrégulier et avaient le son caractéristique des gens qui tapent le sol avec leurs chaussures. Sa voix était également légèrement audible pour elle, mais elle n’aurait su ce qu’il disait.

Le duo était arrivé à la porte, dégondée par ce qui semblait être de la rouille pour ceux et celles qui avaient des yeux vivants. Fiore s’était approchée d’assez près de la fille en costume. Suffisamment pour lui prendre des cheveux délicatement et tester leurs textures. Elle avait envie de tester cette femme, pour voir si elle était vraiment trop sérieuse ou, le cas échant, détendre davantage l’atmosphère qui lui pesait pas mal, faute d’avoir une réelle relation de confiance depuis la rencontre électrique qu’elles ont eue :

- Tu as de beaux cheveux dis-moi. Tu dois en prendre soin, je me trompe ?

En vérité, elle avait dit ça un peu sans vraiment savoir la vérité, ne pouvant même pas voir leur couleur. Et d’une voix suffisamment basse pour que personne ne puissent les entendre, bien qu’elle aurait bien aimé faire venir les gars pour les trouer.

La stratégie était simple : couper le courant, puis remonter jusqu’à Zeon. Pour cela, les deux femmes descendirent dans des bureaux souterrains, menant au générateur électrique. Il leur fallut éviter les quelques gardes, dont un Yakuza patrouillant dans un couloir sombre en T. Rien de bien difficile pour Kate, dont le principal problème, à ses yeux, se trouvait dans son dos. Elle se méfiait de cette Fiore, cette femme en tenue violette et aveugle. Qu’elle soit aveugle ne signifiait nullement qu’elle soit insignifiante. Kate savait, par exemple, qu’il existait à New York un justicier aveugle connu pour être un expert en arts martiaux : Daredevil. Ainsi, elle avait bien des raisons de craindre cette femme, car cette Fiore pouvait tout à fait lui avoir menti. Elles restaient donc proches, jusqu’à atteindre la porte du générateur, qui était verrouillée. Fort heureusement, Kate avait, dans ses poches, des petits tours utiles pour ouvrir les portes. C’était une serrure classique, et elle sortit un jeu de rossignols, dans le but de crocheter la porte... Quand Fiore glissa sa main dans les longs cheveux roux de la femme, qui sortaient de sa casque.

Un frisson de surprise traversa alors Batwoman, qui se retourna rapidement, faisant face à la femme, qui était, du coup, assez proche d’elle. Fiore se justifia alors en parlant sur un ton bas... Une réplique qui interloqua Kate, tant elle semblait... Hors-contexte.

*Bordel, elle me drague ou quoi ?!*

De toutes les Batgirls, Kate était l’une des plus strictes. Une fille de militaire, qui avait perdu sa sœur jumelle il y a des années, s’était réfugiée dans la drogue, avait lentement commencé à dériver, avant de s’en sortir en acquérant une discipline de fer, grâce à l’entraînement strict et cruel de son père. Néanmoins, Fiore était aveugle... Peut-être qu’elle avait juste fait ça pour pouvoir sentir un peu mieux Kate ? Après tout, un aveugle palpait souvent les joues d’une autre personne pour se renseigner sur sa physionomie, ou se faire une idée de son apparence... Ce fut l’explication que Kate choisit, et elle lui sortit une sibylline réponse :

« Ce ne sont pas mes cheveux. »

En réalité, Kate avait des cheveux rouges courts. Sa longue chevelure était une perruque qu’elle portait pour plusieurs raisons. D’une part, l’idée était de dissimuler son identité, car, dans son uniforme, ses longs cheveux rouges ressortaient, ce qui faisait que le regard se captait sur eux. Et, d’autre part, l’idée était également de piéger ses adversaires. Combien de malfrats avait-elle piégé ainsi ? Ils tiraient sur sa chevelure en pensant y trouver la seule prise possible, et les cheveux tombaient, les surprenant, offrant à Kate l’occasion de leur briser une ou deux rotules.

Kate reprit rapidement :

« On flirtera plus tard si tu veux... Pour l’instant, on a un courant à couper. »

Le Guramu pouvait toujours revenir... Batwoman se retourna donc, fléchit les genoux, et glissa les rossignols dans la serrure, puis les fit lentement tourner, à la recherche des goupilles pour enfoncer les cylindres. C’était une bonne serrure, mais Kate Kane avait de l’expérience, et la porte finit par s’ouvrir. Elles entrèrent alors, et Kate referma la porte, puis regarda devant elle.

Il y avait une série de disjoncteurs, et, au centre, un grand levier permettant de couper instantanément tout le courant. Néanmoins, Batwoman n’avait pas envie que quelqu’un rallume le courant derrière elles. Elle sortit donc de sa Bat-ceinture un gadget, une sorte de petite bombe IEM, et la plaça au centre de la piège, puis l’assortit d’un chronomètre.

« C’est fait. Allez, on sort ! »

Kate rouvrit la porte... Pour débarquer face à deux Yakuzas, au fond du couloir, qui écarquillèrent les yeux en les voyant.

« Oh bon sang... ! »

L’un sortit son arme de service, et l’autre courut vers le bouton déclenchant l’alarme. Kate réagit rapidement, lançant un Batarang d’une main, et balança sur le sol une grenade fumigène. Le Batarang contourna le tireur, dont les balles se perdirent dans le nuage de fumée, et alla atteindre la nuque du second, l’envoyant s’étaler sur le sol, offrant aux deux femmes quelques précieuses secondes pour neutraliser les deux zozos, sans griller leur couverture.

Fiore pousse le soupir de sa vie quand elle entendit la réponse. Un soupir tellement fort qu’il était obligé que sa partenaire de fortune l’entende tellement elle y avait mis de la force. Maintenant, c’était clair, elle éprouvait un très puissant sentiment de regret à l’idée d’avoir accepté une infiltration en binôme avec cette femme qui, en plus de lui avoir retiré ses capacités à tuer, était beaucoup trop stricte pour pouvoir faire ce qu’il y avait à faire de manière à ne pas faire passer ça pour une corvée. Son avis était définitif, la bretteuse détestait clairement cette femme. Surtout si sous ses cheveux là il y en avait des plus courts, même si elle ne connaissait pas ce dernier détail.

Démotivée, elle décida cependant de continuer à la suivre. Après tout, elle pourrait lui être encore utile pendant quelques temps, même si elle comptait déjà la lourder au détour d’un couloir. Elle ne respecterait pas ses engagements, mais elle avait le sentiment que si elles restaient ensembles, la rousse aurait plus de problèmes que de solutions. Mais clairement, les gadgets de cette justicière lui étaient utile pour faire ce qui serait peu à sa portée, ou du moins difficilement. Elle utilisa un truc qui finit par émettre un bruit dérangeant… Comme un compte à rebours. Pour sa part, elle aurait tout simplement planté son épée à l’intérieur puis la faire disparaître grâce à son collier, mais elle ne pouvait se le permettre avec une terrienne à ses basques.

Étant parfaitement silencieuse, la Terranide sentit que les yakuzas finirent par se rapprocher. La porte fermée bloquant tout accès au moindre courant d’air, elle ne put que savoir qu’il était trop tard pour rester cachée. Alors qu’elle comptait prendre la fuite tout en assommant les deux gardes, elle se stoppa net dans l’utilisation de sa manipulation de l’air quand elle sentit une forte odeur de fumée lui bousiller les poumons. Autant la cigarette pouvait passer, autant là c’était comme si elle se retrouvait en plein cœur d’un incendie à respirer toute la fumée, bien qu’au final, il s’agissait plus de poussière. Elle comprit rapidement que la femme masquée avait lancé une espèce de fumigène, sûrement destiné à brouiller la vue des deux glandus en face vu que leurs tirs d’armes leur passaient largement à côté. Fiore était coincée car elle ne pouvait pas courir en utilisant ses capacités anormales au risque à la fois de se faire repérer et d’avouer clairement qu’elle n’était pas humaine. Elle opta pour une solution classique, mais dangereuse.

Elle arrêta tout simplement de respirer, histoire de diminuer au maximum les risques de s’étouffer, mis son épée courte en position de semi-garde, puis fit un bond en avant destiné à lui donner un maximum d’accélération en un coup et foncer droit devant. Elle évita les balles qui fusaient n’importe comment, utilisant sa lame pour repousser celles qui passaient trop près. Une fois à portée de celui qui ne s’était pas pris l’engin de sa propriétaire sur la nuque, elle porta un coup de taille rapide sur une de ses mains, histoire de lui faire lâcher son arme, l’oreille portant son transmetteur, et enfin d’un mouvement habile de poignet, l’assomma d’un coup de pommeau sur la tête. Restant dans l’adrénaline. Le second qui semblait sonné eut droit au même traitement, mais en plus rapide vu qu’il était déjà atteint. Elle n’avait tué personne, comme promis, et avait mis hors service ses agresseurs sans les avoir tués. S’écartant du nuage de fumée, elle remplit ses poumons d’oxygène, en manquant cruellement, puis une fois son souffle revenu quasiment à la normale, elle attendit que l’autre se pointe pour lui sortir une tirade presque en cherchant les ennuis, palpable dans le ton qu’elle utilisa :

- Je les aie juste empêchés de nuire, ils sont vivants. Si je n’ai pas le droit de tuer, je ne me gênerais pas à blesser quoi que tu en pense.

Les coups qu’avait faits la bretteuses étaient simples. La blessure à la main consistait d’une part à leur faire lâcher leurs armes pour éviter des tirs supplémentaires, mais également neutraliser leur main principale, chose qu’elle pouvait deviner par rapport à leurs postures bien précises pour tenir leur engin. Ensuite, le coup de taille léger à l’oreille servait uniquement à détruire le seul moyen qu’ils avaient de communiquer ensemble, c’est-à-dire une sorte d’oreillette un peu grosse. Enfin, avec le pommeau de son arme blanche, elle avait visé une partie bien précise de leur crâne, l’hippocampe. Techniquement, il fallait porter un coup suffisamment puissant pour atteindre cette zone du cerveau traitant la mémoire humaine tout en s’assurant de mettre ko la personne sans la tuer, histoire qu’elle ne se souvienne pas des quelques minutes, voir heures, qui précédait ce coup. Ce n’était pas la première fois que Fiore faisait ça, mais elle n’était pas sûre d’avoir bien visé à cause de l’écran de fumée. Même si l’objectif principal était réussi.

Tournant son visage vers celui de la justicière, la tueuse la fixa cette dernière, presque en la dévisageant, montrant ouvertement qu’elle ne l’appréciait pas :

- J’espère que tu as de quoi réduire à néant leur moyen de communication tout entier. Sinon, couper le courant sera moyennement efficace.

Si ces deux-là étaient équipés pour, il avait fort à parier que d’autres yakuzas étaient en liaison avec eux et que l’intégralité des gardes de cet endroit pouvait converser plus ou moins librement sans avoir besoin d’une quelconque forme d’électricité. La terranide pouvait sans aucun soucis détruire leurs appareil un pas un, mais certainement pas à chaque rencontre.

Maintenant, il fallait qu’elles partent, mais un détail la perturba. Pourquoi est-ce que le troisième garde ne bougeait pas ? Il gardait quelque chose de tellement important qu’il ne devait pas bouger quitte à laisser ses collègues mourir ?

Que Fiore ne l’aime pas n’ébranla guère la susceptibilité de Kate. Cette femme était une tueuse, une femme en qui Batwoman n’avait qu’une confiance modérée. Dès que cette histoire serait terminée, elle risquait très bien de se retourner contre elle. La ligne de conduite du costume était faite ainsi ; on ne méritait que de le porter en respectant certaines règles. Tuer était totalement interdit, peu importe les situations. Le fait d’être un « Bat » reposait sur l’idée fondamentale qu’il y avait une autre solution que le fait de tuer, de commettre la mort. Les Yakuzas avaient été neutralisés, et Kate se pencha vers eux, suite à la réplique de la femme.

« Je vais voir ça... »

Elle sortit un appareil de sa ceinture, un séquenceur cryptographique, et entreprit de le configurer pour qu’il capte les ondes radio. Couper le courant ne servirait à rien contre les ondes radio. Sur l’écran du séquenceur, des ondes se formaient, elle utilisa deux joysticks pour déplacer un curseur, captant plusieurs chaînes radio au passage. De la J-Pop déferla depuis le casque de Kate, une musique horrible de C-Ute, et elle passa à autre chose, atterrissant sur un talk-show, avant d’atteindre enfin l’onde privé utilisé par les Guramu de Stranglehold.

Le séquenceur cryptographique était un petit bijou de technologie, qu’on utilisait principalement pour pirater des systèmes électroniques, pour ouvrir des serrures verrouillées électroniquement, ou pour pirater des ordinateurs. Le séquenceur se calibra sur la fréquence des Guramu, puis elle se releva.

« C’est fait. S’ils communiquent entre eux, on sera informées. Maintenant, on devrait se dépêcher, nous avons peu de temps pour agir avant que le courant ne se coupe... Mais on va prendre un raccourci. »

Kate s’avança rapidement, et retourna dans le parking. Il était, fort heureusement, toujours désert, et ses pas la menèrent vers l’un des ascenseurs de la zone. Il n’y avait pas encore de gardes, et, le temps que le courant soit coupé, Kate sortit à nouveau son séquenceur, et l’utilisa pour ouvrir les portes de l’ascenseur.

« On va directement rejoindre le dernier étage... Pour cela, je vais envoyer l’ascenseur le plus haut possible. Ça ne vous dérange pas de vous coller à moi ? »

L’ascenseur s’éleva vers le troisième étage, correspondant au harem. Malheureusement, les trois autres étages étaient accessibles par des circuits différents, car il s’agissait de zones importantes et dangereuses, potentiellement illégales, où il ne fallait pas qu’un rôdeur entre par inadvertance. L’ascension de la tour allait bientôt commencer, de préférence en évitant les civils. Kate attendit ensuite quelques secondes... Puis la bombe IEM explosa, et coupa le courant électrique dans toute la tour, en sabotant, non seulement le générateur principal, mais aussi les générateurs de secours.

Tout le courant était coupé, et Kate rentra dans la cage d’ascenseur, en sortant le Bat-grappin.

« Allez, venez... On va grimper par là... »

La bretteuse venait de s’imposer un dilemme. Rester sur son plan initial et continuer à travailler avec cette femme, ou bien la lourder pour faire les choses à sa façon ? Elle avait très envie de l’abandonner, sans aucun doute. Mais d’un autre côté, ça serait trahir sa parole et passer à côté de quelqu’un qui possède tout un tas de trucs et de machins pouvant considérablement faciliter son avancée. Elle était sûrement la mieux équipée des deux, même si techniquement la rousse avait l’avantage de posséder des talents non-humains. A la limite, elle pourrait faire une séparation forcée si une situation peut faire que ça soit possible, mais il s’agit d’une technique trop vile pour Fiore. Du coup, elle comptait attendre et voir ce qui allait se passer et aviser à chaque situation. Et elle espérait que le reste allait davantage lui plaire que ce qui c’était passé, même si elle n’y croyait absolument pas.

La partie communication était faite. La demoiselle avait sorti un espèce de bidule dont elle serait incapable de déterminer à quoi il pouvait servir jusqu’à ce qu’une musique sûrement utilisée pour des tortures lui vrilla les tympans. Heureusement, c’était de courte durée. Le duo retourna alors au parking, histoire de prendre un ascenseur pouvant aller tout droit à l’étage qui l’intéressait, le harem. La position dans l’ascenseur lui était plutôt agréable, vu qu’il n’était pas vraiment grand. La vue n’était pas vraiment la meilleure puisqu’elle ne pouvait voir que les formes, mais un de ses 6 sens était en émoi. Donc à moins que comme pour les cheveux il s’agissait d’un truc rembourré ou quoi que ce soit, c’était toujours ça de prix. Si ça se trouvait, cette femme était un laideron dissimulé dans une tenue modifiant le rendu visuel…

Une fois sur place, la bombe ne tarda pas réellement à exploser et le courant était mort. La femme costumée proposa alors de grimper, chose que Fiore n’accepta pas et ne tarda pas à le faire savoir :

- Désolée, mais cet étage est le mien. Mon objectif principal se trouve ici et je ne compte pas passer à côté.

Le salaud qui s’occupait de ruiner la vie des terranides prisonniers ici se trouvait à cet étage précis. Fiore pouvait presque sentir son odeur putride depuis cette porte fermée qui allait être bientôt remplacée par une plus agréable… Du moins si la Batgirl décidait qu’elles se sépareraient ici. La bretteuse s’appuya contre la paroi de la cage, bien décidée à ne pas monter avec sa coéquipière improvisée. Elle avait peut-être cette raison qui pourrait faire en sorte qu’elle puisse faire comme elle fait d’habitude, encore fallait-il que la situation tourne en sa faveur :

- Donc soit on sépare ici et maintenant et je vous rejoindrais plus tard, soit vous m’accompagnez jusqu’au bout.

Fiore annonça à Kate son intention de rester là, lui indiquant que sa cible ne se trouvait pas ne hauteur, mais en contrebas. Légèrement surprise, Batgirl la regarda, et quelques secondes passèrent. Traquer Zéon était sa priorité, et elle finit par secouer lentement la tête.

« Je ne peux pas laisser à Zéon une chance de s’enfuir... Soyez prudente, et évitez de faire couler trop de sang, je n’aimerais pas devoir me battre avec vous... »

Batwoman déploya ensuite son Bat-grappin, et, après un ultime et bref regard vers Fiore, s’envola vers le dernier étage. Éviter les gardes ne fut ensuite qu’une gageure, la femme filant le long des couloirs et des conduits d’aération, neutralisant ces derniers, jusqu’à se rapprocher de l’ultime pièce, le bureau du Directeur. La femme ouvrit les portes, et s’aventura dans une grande pièce cylindrique, avec une série de colonnes en marbre formant un demi-cercle, le tout donnant sur une grande baie vitrée, avec une mezzanines en forme de demi-cercle au-dessus des piliers en marbre. Les murs étaient décorés de multiples tableaux, et, après le demi-cercle, la pièce partait sur la gauche, vers une porte à double battant qui était fermée. Prudente, Kate s’avança lentement, utilisant sa visière pour tenter de repérer Zéon.

D’après son armure, il n’y avait personne dans la pièce, et elle rejoignit le milieu de cette grande pièce. Sur sa gauche, un escalier menait à la mezzanine, et elle le regarda silencieusement, avant de déployer son Bat-grappin. Kate se rendit ainsi vers le mezzanine, et l’enjamba... Puis écarquilla les yeux en voyant que, non seulement Zéon n’était plus là, mais qu’il lui avait laissé un cadeau.

Le Directeur de Stranglehold avait été tué, et son corps avait été laissé près d’une bombe, dont le décompte approchait dangereusement du point fatidique.

« Oh merde ! »

Kate se retourna, et bondit vers la baie vitrée, filant vers les fenêtres...

*BOOOOOOOOOOOOOMM !!!*

L’immeuble tout entier se mit à trembler sur lui-même quand le dernier étage explosa, l’onde de choc défonçant le toit.

« Kate !! » hurla Barbara dans le communicateur.

L’impressionnante explosion illumina le quartier, faisant tomber des débris tout alentour. Une virulente déflagration, qui provoqua comme un champignon orangé pendant quelques secondes, puis le toit s’effondra sur les étages inférieurs, faisant voler de la poussière partout, ainsi que des hurlements paniqués quand les civils sortirent de l’établissement en hurlant, des morceaux de béton et de plâtre s’écrasant sur les voitures alentour.

« Kate ? Réponds-moi, Kate !! »

Sur un toit adjacent, et au milieu des débris, Kate se mit à éternuer, du fait de la poussière, et se redressa lentement, sa combinaison recouverte de débris et de poussière.

« Haaa, ça... Ça va... Mais... Zéon s’est enfui Il a tué le Directeur, et... »

Elle éternua, tout en n’ayant rien besoin de rajouter, car Barbara l’avait vu à travers ses yeux. Cette bombe était un message destiné aux Batgirls, car il avait tatoué, sur le torse de l’homme, le signe de la chauve-souris, comme pour leur dire qu’il s’occuperait d’elle par la suite. Maintenant, Stranglehold brûlait, toutes ses preuves envolées. Zéon avait disparu, et Barbara pouvait se féliciter que Kate soit encore en vie.

Pour autant, et même si Batwoman savait qu’elle n’avait plus rien à tirer de cet endroit, elle restait encore là.

Elle voulait s’assurer qu’une certaine femme aveugle était toujours en vie...