Deux filles brillantes [Lucia]

Lorsque Mira dit qu'elle pouvait partir si Lucia le voulait, la jeune fille secoua la tête. Sa logeuse travaillant de nuit, elle pouvait inviter qui elle veut sans avoir à la prévenir, sauf si la personne invitée dormait chez elle, évidemment.

Tu peux rester. Ma logeuse travaille de nuit, et puis je me sens un peu seule.

Seule, c'était le cas de le dire, mis à part Mira, Lucia n'avait qu'un ami, Ryujin, et ce dernier ne pouvait évidemment pas venir tous les soirs pour discuter, de plus, il ne partage pas vraiment les goûts de l'élève, il était bien plus pervers qu'elle en tout cas. Enfin bref, Lucia jeta un regard vers l'horloge et senti son ventre gargouiller.

Tu peux manger ici, si tu veux.

La jeune fille savait cuisiner, c'était sûr. Elle avait une excellente mémoire autant auditive que visuelle, ce qui lui valait de connaître par coeur chaque recette des livres de cuisine qu'elle détenait. Des ingrédients au temps de cuisson, tout lui restait dans la tête et elle ne l'oubliait pas. Ce que Lucia savait des pensées des autres pouvaient rester dans sa tête pendant plusieurs années, et c'était aussi pour ça qu'elle n'arrivait pas à se détacher de son père.

Elle regardait à nouveau la machine que son amie venait de lui montrer.

C'est une invention fabuleuse..

Mira pensait qu'il valait mieux partir et laisser Lucia se reposer après tout ce qui lui était arrivée. Mais son amie insistait pour qu'elle reste lui tenir compagnie parce qu'elle se sentait un peu seule.

« Si ça ne te dérange pas, alors d'accord. »

La mercenaire entendit le ventre de la jeune fille gargouiller et en rigola doucement. Cela lui rappela qu'elle aussi, elle commençait à avoir faim. Lucia lui proposa de rester pour le dîner.

« Avec plaisir. »

Avant de partir pour la cuisine, la jeune fille jeta un dernier coup d'œil au matérialiseur de rêves. Elle trouvait que cette invention était merveilleuse.

« Je sais. Je l'ai construite quand j'avais le moral dans les chaussettes et que je voulais me remonter à bloc. Et si cette machine là t'a plu, attends de voir ce que j'ai d'autre en réserve. »

Mira regarda Lucia partir vers la cuisine. Au début, elle pensait attendre tranquillement que son amie ait fini de préparer le repas. Mais elle se ravisa, et décida plutôt de se rendre à la cuisine avec son amie.

« Je me suis dit que je pourrais t'aider à cuisiner. C'est toujours plus amusant de faire quelque chose entre amies que de la faire seule. Qu'en dis tu ? »

Merci de rester.

Lucia partait dans la cuisine et bloqua d'un coup. Elle faisait toujours à manger pour elle seule, elle savait ce qu'elle aimait, mais elle ne connaissait pas les goûts de Mira. C'est alors que la jeune télépathe se cogna contre la mercenaire et tomba les fesses au sol, elle ne s'y attendait pas. La jeune fille se releva et s'excusa alors que Mira lui proposait de l'aide en cuisine.

Avec plaisir. Encore pardon de t'avoir bousculée.

Lucia sourit à Mira et lui demanda ce qu'elle aimait manger.

« Ce que j'aime manger ? Eh bien, j'aime beaucoup le poisson pour son phosphore et son goût. Tu connais une bonne recette ? »

Lucia acquiesça. Selon elle, sa mémoire lui permettait de se souvenir par cœur de toutes les recettes de ses livres de cuisine. Et elle avait justement de quoi préparer une délicieuse recette avec du poisson.

« Super. Dis moi juste ce que je dois faire. »

Mira suivit les instructions de son amie à la lettre. Certaines étapes avaient fini un peu en dehors du résultat attendu, les filles se contentaient d'en rire pour ne rien laisser gâcher la bonne ambiance.

Quel beau tableau d'amitié cela était.

Ce fut assez rapidement que le repas fut préparé. C'était la première fois que la jeune fille était aidée pour faire la cuisine, et c'était bien plus rapide et agréable. Lucia Disposa le repas dans deux assiettes qu'elle apporta dans la salle à manger.

Bon appétit.

Et les deux amies dégustèrent leur poisson.

Avec deux paires de mains, le repas fut prêt en bien moins de temps que ce qu'il aurait normalement du prendre. En plus, il avait été bien plus amusant à faire. Lucia disposa le repas dans deux assiettes, qu'elle amena dans la salle à manger, avec Mira derrière elle. Une fois assises, elles attaquèrent leur poisson.

« Bon appétit. »

Les deux adolescentes dégustèrent leur dîner fait de leurs mains. La mercenaire voulait faire un commentaire sur le repas mais, puisqu'il était impoli de parler la bouche pleine, elle se contenta de penser. Ce qui était suffisant pour communiquer avec son amie.

Hhmm... Un régal. Et c'est encore meilleur en sachant qu'on l'a fait nous même.

Elles mirent environ trente minutes à finir leur repas, dessert compris, puis s'occupèrent rapidement de la vaisselle. Mira avait déjà une bonne idée pour finir la soirée avant de rentrer chez elle.

« Bon. Tout à l'heure, on a été interrompues. Mais maintenant que ce petit passage à vide est derrière nous, que dirais tu de revoir mes inventions ? Sauf ma machine temporelle, évidemment. »

Les jeunes filles mangeaient tranquillement, et, en entendant ce que pensait son amie, Lucia ne put s'empêcher de sourire puis d'acquiescer. Mira était quelqu'un de très sympathique, assez violente mais gentille. Elle était cultivée en plus de ça ! Vraiment une personne presque parfaite aux yeux de la jeune élève. Après le repas et la vaisselle, la mercenaire proposa à son amie de revoir ses machines, Lucia acquiesça.

Je veux bien.

Lucia était toujours froide lorsqu'elle parlait, ça avait souvent déstabilisé ses interlocuteurs et c'était une raison pour laquelle elle n'avait que très peu d'amis, mais il fallait croire que Mira était au dessus de ça, c'était bon à savoir pour la jeune fille.

Avec l'accord de Lucia, Mira fit réapparaître les trois machines qu'elle avait fait disparaître précédemment : son lecteur rapide, son casque de télépathie et son robot détecteur de fantasmes. Et cette fois, ce dernier était bien éteint pour éviter un autre incident.

« Bien. Laisse moi te les représenter. »

La mercenaire refit sa présentation sur ses inventions. Son amie semblait intéressée, mais impossible de dire par quelle invention.

« Tu voudrais les essayer ? »

Cette question allait dissiper ses doutes. Mais elle ne put contrôler ses pensées.

Elle est déjà télépathe, et mon lecteur de livres n'a pas beaucoup d'intérêt. Il ne reste que le robot. Mais elle ne voudra jamais se laisser scanner...

J'aimerais bien les essayer toutes... Enfin sauf celui pour lire les pensées, tu le sais bien.

Elle laissa échapper un petit ricanement, c'était idiot mais ça l'amusait de l'entendre penser comme ça. Lucia a toujours été curieuse et touche à tout et elle laissera volontiers faire la machine.

« Toutes ? Vraiment ? Si tu y tiens... »

Mira se demandait pourquoi Lucia tenait tant à passer par toutes ses inventions. Le lecteur rapide, passe encore, mais le robot détecteur de fantasmes... Quelque chose paraissait bizarre. Elle allait exposer ses désirs les plus secrets devant une fille qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures, et elle le savait très bien. Elle manigançait forcément quelque chose. Mais plutôt que de penser au mal, la mercenaire préférait se concentrer sur le bien.

« Va chercher un livre. On va tester le lecteur rapide. »

Lucia alla chercher un livre et le donna à Mira. Cette dernière le plaça ouvert dans la cloche de verre du lecteur. Elle mit ensuite le casque sur la tête de son amie.

« Bien. Ferme les yeux, tu vas voir le livre défiler dans ta tête à toute vitesse. Pour te parler un peu du fonctionnement, la machine va prendre plusieurs dizaines photos des pages à chaque seconde, tout en faisant défiler les pages, et ces photos vont être converties en signaux électriques qui seront envoyés dans les régions mémorielles de ton cerveau, encore et encore, jusqu'à ce que tout le livre ait été envoyé dans ta tête. »

Sur ces mots, Mira activa la machine.

« Si quelque chose ne va pas, surtout dis le moi. »

En réalité, Lucia voulait juste rester le plus longtemps possible avec Mira, pour ne pas être seule ce soir, mais il est vrai qu'elle était aussi curieuse de savoir comment fonctionnait la machine. De toutes manières, elle avait confiance en Mira, c'était son amie. Cette dernière lui demanda d'aller chercher un livre. La jeune fille parti dans sa chambre, prit Phèdre (une pièce de théâtre célèbre racontant la vie de Phèdre, la seconde femme de Thésée, éprouvant un amour pour Hippolyte, son beau fils ayant le même âge qu'elle) et revint avec Mira, en lui tendant le livre La mercenaire mit le livre sous la cloche de la machine et posa le casque sur la tête de Lucia, elle n'était pas très rassurée à ce moment, mais elle voulait essayer. Suite à la demande de son amie, elle ferma les yeux.

D'accord.

Et la machine se mit en marche, les pages du livre défilant dans sa tête à toute vitesse.

Lucia ferma les yeux, et les pages de Phèdre, le livre qu'elle avait choisi, défilèrent dans sa tête à une vitesse équivalente à celle d'un message nerveux, soit entre 1 et 100 m/s. Ainsi, les cinq actes de la pièce passèrent dans son esprit en moins de dix minutes. Une fois le livre terminée, la mercenaire retira le casque de la tête de son amie.

« Comment tu te sens ? Pas de maux de tête, de vertiges, de troubles de la vision ? »

Lucia lui assura qu'elle ne souffrait de rien de tel.

« Tant mieux. J'espère que cette expérience t'a plu. »

La jeune fille semblait être contente de ce qui s'était passé, même si c'était un peu étrange de voir ainsi les images des pages flotter dans son cerveau. La bonne nouvelle, c'est qu'elle n'avait pas d'effet indésirable, ce qui rassura la mercenaire, qui ignorait comment un esprit humain allait réagir à cette machine.

« Maintenant, on passe à l'invention suivante... le robot. »

Mira alluma le robot détecteur de fantasmes, mais laissa la sécurité enclenchée.

« Tu es sûre et certaine de vouloir faire ça ? Il va exposer tes secrets les plus intimes. Tu n'es pas obligée de le faire si tu n'en as pas envie. »

Oui, ça m'a plu, mais ça fait bizarre, j'avais tout le livre dans la tête...

Ce n'était pas si bizarre, en fait, c'était juste qu'elle n'avait pas l'habitude de ressentir ce genre de choses. Les pensées résonnent dans sa tête comme des sons, et non comme des lettres.

Mira passa au robot, mais avant toute chose, elle demanda à Lucia si elle était sûre de vouloir dévoiler ses secrets les plus intimes. La jeune fille fit un petit sourire.

De toutes façons tu connais déjà mon fantasme, non ?

En effet, Lucia s'était mise au courant pendant qu'elles mangeaient, elle ne s'était bel et bien pas rendue compte de ce qu'avait fait la machine, mais elle savait qu'elle avait décelé son fantasme.

Lucia répondit avec humour que, de toute façon, Mira connaissait déjà son fantasme. La mercenaire se sentit comme prise en faute. Et même si elle ne dit rien, ses pensées parlèrent pour elle.

Zut, j'avais oublié qu'on ne pouvait rien te cacher.

Elle se mit ensuite à rire doucement. C'était bien vrai qu'elle connaissait déjà le fantasme de Lucia, la pratique du bondage. C'est là que ses hormones prirent, pendant un court instant, le contrôle de son esprit. Elle se perdit à imaginer son amie attachée par des cordes de telle façon que son corps se plie en différentes formes mettant en valeur ses jolies courbes, aisément distinguables sous ses vêtements. Des pensées peu perverses, mais suffisantes pour qu'elle se sente coupable après les avoir eues. Elle tenta de les chasser, mais il était trop tard. Si son amie avait lu ses pensées, il était déjà trop tard pour revenir en arrière. Mais elle essaya quand même de le faire en changeant de sujet.

« Tu as raison, c'est complètement idiot. De toute façon, cette invention n'est pas intéressante. J'en ai des bien meilleures à te présenter. Ça t'intéresse ? »

Il ne fallait pas être télépathe pour voir que Mira cherchait seulement à détourner la conversation pour que Lucia ne se concentre pas sur les pensées coquines de son amie.

Ce n'est pas grave, c'est très dur de me cacher un secret, tu as dû le remarquer.

Lucia était amusée par tout ça, mais elle ne le montrait pas, elle avait la même expression neutre que d'habitude, pour elle, sourire relevait de l'effort, et elle n'est pas très douée en efforts, comme le savait son amie. Lucia écoutait les pensées de Mira, ou plutôt de ses hormones. Il était effectivement trop tard pour retourner en arrière, maintenant. La mercenaire tentait de détourner la discussion.

J'aimerais bien. Mais comme tu te l'es dit, c'est trop tard pour changer de sujet.

Elle tira la langue, elle était assez curieuse de voir jusqu'où tout cela pouvait aller. Pour l'instant, le bondage n'était vraiment qu'un fantasme, elle ne l'avait jamais pratiqué, mais il fallait avouer qu'elle avait déjà regardé quelques vidéos et lu quelques textes à ce propos et qu'elle avait vraiment été excitée. Elle ne s'était par contre jamais masturbée de sa vie, même si là aussi, elle savait comment s'y prendre. Lucia était une vraie mine de savoir, et là elle avait une idée.

J'ai une idée.
Qu'est ce que je disais ?
Tu pourrais te servir de ta machine pour lire les pensées, on serait à armes égales comme ça.