Alliance explosive || PV James Raynor

Billie glissa la clé anglaise entre ses dents et entreprit d'ouvrir le capot de son Aero-X pour jeter un coup d'œil au moteur. Faut dire qu'elle avait du un peu forcer dessus lors de sa dernière sortie et que ce grand benêt de Deacon avait préféré ronfler toute la matinée plutôt que de vérifier les transferts comme elle lui avait demandé. Autant se mettre au boulot dès maintenant, parce que ça risquait d'être sacrément long à remplacer tout ça.
Billie n'était pas la meilleure quand il s'agissait de mécanique, non ça, c'était réservé à Deacon. Il était le meilleur de la galaxie quand il s'agissait de réparer ou de bricoler un engin comme ça ou un vaisseau entier. Très doué aussi pour les piloter, c'est vrai, mais pas autant qu'elle. Tout en desserrant quelques boulons, elle se rappela de la fois où elle l'avait rencontré. Il était sur la base spatiale depuis plus longtemps qu'elle lorsqu'elle était venue s'installer ici il y avait un peu plus d'un an. Il était pilote, et surtout mécano évidemment. Très vite passionnée par ces engins, Billie était tombé sur lui et ils avaient papoté. Il lui avait raconté son histoire et elle la sienne, le courant était bien passé. Enfin tout du moins, à partir du moment où elle lui avait clairement fait comprendre qu'elle ne coucherait pas avec lui avant le prochain Big Bang. Depuis, ils étaient copains comme cochons et elle avait tout de suite pensé à lui lorsqu'elle avait monté sa petite équipe.

D'ailleurs, Deacon venait de débarquer et l'observait à son insu, adossé contre le mur d'en face, à quelques mètres. Faut dire que la combinaison en nylon de la jeune femme était légèrement trop ouverte sur le devant et il avait une vue sublime sur sa poitrine. Faut dire qu'il avait toujours un peu fantasmé sur elle depuis qu'ils se connaissaient et il ne connaissait pas plus excitant que de voir une femme avec les mains dans le cambouis comme on dit. Après s'être rincé l'œil quelques petites minutes, il finit par s'approcher.

- Alors ma vieille, qu'est-ce qui lui arrive à ton bébé ?
- Il a que tu t'es pas occupé de lui hier, résultat il a surchauffé et regarde... le moteur est sûrement mort !

Deacon fit la moue et jeta un œil avant de brasser l'air d'un mouvement de main qui signifiait que c'était pas bien grave. Mais il préféra rapidement changer de sujet avant de faire sermonner.

- Au fait, t'a reçu une réponse des rebelles ?
- Ouais, hier soir. D'ailleurs, tu ferais mieux de te préparer, on décolle dans deux heures.
- Hein ?! Et tu me dis ça maintenant, au dernier moment ?
- Je te ferais remarquer que ce matin, tu dormais comme une souche, et si tu avais consulté ta messagerie – ce que tu ne fais jamais – tu aurais pu écouter mon message. Allez, magne-toi le cul, Deacon.

Le jeune homme grommela et s'exécuta pour aller rassembler ses affaires et checker le vaisseau avant leur départ. Billie, quant à elle, alla embrasser son père avant son départ et en profita pour signaler leur départ à Red, le robot pourvu d'une IA qui l'accompagnait partout. Un cadeau de son père. Mais Red n'était pas juste une boite de conserve intelligente, c'était aussi un compagnon. Il avait beau ne pas avoir réellement de sentiments ou d'émotions, il savait pertinemment les exprimer. On aurait presque pu croire qu'il y avait vraiment quelqu'un à l'intérieur.

Tous deux rejoignirent Deacon dans leur vaisseau, direction Terra, et plus précisément le territoire de de Tekhos. Deacon détestait cet endroit et pour cause, ça lui rappelait son douloureux passé ou, en tant qu'homme, il était traité comme de la merde par les femmes et avait du se faire passer pour mort pour fuir leur dictature. Heureusement, il n'était pas le seul dans ce cas là. Les rebelles qu'ils allaient rencontrer, par exemple, comptaient quelques uns des ces hommes, et il cachait tant bien que mal son excitation à l'idée de les rencontrer.

- Pourquoi tu ne les as pas rejoints après ta fuite ? Lui demanda soudain Billie qui terminait d'enfiler son armure de combat.
- Bah ! Je pouvais plus encadrer ce pays de merde. J'ai préféré me faire la malle dans les étoiles.

La jeune femme ricana. Voilà qu'il faisait de la poésie maintenant. Grimpant dans une petite navette, beaucoup plus petite et discrète que leur vaisseau, ils ne tardèrent pas à atterrir non loin de la base des rebelles, ayant bien sûr consulté les radars pour être certain de ne pas avoir été suivis ou observés. Billie sauta au sol et entendit la voix robotique de Red lancer :

- Petit groupe en approche, Rocket.
- C'est sûrement eux. Deacon, passe-moi mes flingues.

Le jeune homme lui lança deux de ses joujoux favoris. Un Phaeston, une mitraillette automatique assez légère, et un pistolet scorpion.
Elle accrocha le premier à son armure, dans son dos, et attacha l'autre à sa taille tandis que les rebelles approchaient et que Deacon descendait de la navette.

Spoiler (cliquer pour montrer/cacher)

[iframe=420,315]https://www.youtube.com/embed/g_1U7L_uDA4[/iframe]

- Qu'est-ce qu'on sait de ces gars-là Matt, tu me rappelle ? Demande-je à mon second, Mattew Horner en m,'avançant à la rencontre de la navette qui vient d’atterrir à quelques dizaines de mètres des baraquements en .

- Pour autant que je puisse en juger, ils m'ont l'air clean, me répond Matt en me suivant, sanglé dans son uniforme d'officier.

Pour ma part, je porte l'amure de marines que je revêt à chaque fois qu'une opération un peu dangereuse se présente, ce qui veux dire presque à chaque fois. Autours de moi, les autres rebelles du camp sont sur le pied de guerre, et pour cause, on se retrouve une fois de plus à rattraper les merdes de l'armée.

Quelques heures auparavant, nous avons reçu un appel de détresse lancé par le docteur Hanson. Celle-ci avait expliqué à Matt que sa colonie minière avait détecté de fort signes d'activité Formiens en approche et qu'ils n'auraient jamais le temps d'évacuer dans les temps. Il lui avait conseillé d'appeler l'armée, non pas nous qui n'avions rien d'une force gouvernementale. Mais elle avait rétorqué que la raison pour laquelle elle nous appelait était justement qu'en apprenant la nouvelle, la république de Tekhos avait rappelé ses troupes, jugeant la colonie impossible à défendre, laissant les civils livrés à aux-même puisque les réguliers s'étaient barrés avec leurs transports, forçant la colonie à retaper des vieux clous pour pouvoir tenter de transporter tout le monde dans d'anciens transports de minerai reconvertis.

Matt m'avait apporté cette nouvelle en soupirant. Nous avions déjà une opération de prévue pour aller récupérer du matériel dans une usine de GeoWeapon Corp. et une grande partie de nos moyens étaient déjà dispatchés sur cette mission. Mais il me connaissait trop bien. Il savait que je ne pouvais juste pas tolérer de rester les bras croisés alors que les Formiens allaient fondre sur la colonie, massacrer les hommes et violer les femelles à répétitions pour les transformer en couveuses organique pour les portées insectoïdes comme ils le faisaient à chaque fois.

- Matt, on y va, avais-je dit d'un ton catégorique

- Commandant, nous sommes trop serrés en hommes, m'avait contré Matt de son habituel ton calme. Aussi grande soit notre volonté de réussir, je crains bien que cette fois nous manquions de troupes pour repousser un assaut de cette envergure. Les relevés du docteur Hanson sont catégoriques, ce n'est pas une meute de chasse en maraude, c'est tout un essaim Formien qui est en route, probablement avec une mère des couvées à leur tête. Ils seront des centaines, et nous n'avons dans cette base qu'une cinquantaine de combattants en état.

- Alors mobilise-les quand même Matt. Je vais lancer une annonce pour proposer une prime à qui nous aidera, avais-je soupiré en regrettant une fois encore qu'il faille mettre la main au porte-monnaie à chaque fois que je tentais de faire ce qui était juste.

Mon second n'avait pas répondu, mais une demi.heure plus tard nous décollions avec les cinquante hommes valides de notre cachette à proximité pendant que le reste de notre personnel finirait de remplir les navettes médivacs pour une évacuation étant donné que notre repaire était aussi sur le couloir d'invasion Formien.

Nous étions arrivés sur place avec nos Marines, nos Maraudeurs, nos flammeurs et nos médics, parquant nos navettes en périphérie de la colonie pour éviter un esclandre. Malgré que nous soyons parmi les seuls à répondre à ce genre d'appel de détresse, la population a souvent un mouvement de recul en nous voyant venir. Heureusement, le docteur Hanson les avait vite rassurés et nous avions pu nous déployer et commencer à créer des fortifications en attendant que les transports soient remis en état.

J'ai été parmi les plus surpris avec Matt quand notre demande d'aide contre prime avait été acceptée par des indépendants venant d'une station spatiale. Bon, ils ne venaient qu'à trois, mais c'était toujours ça de pris.

C'est pourquoi je m'avance maintenant en direction de leur vaisseau, pour les accueillir et être sûr qu'il n'y a pas d'embrouille.

Approchant du vaisseau, je repère le commandant très facilement car c'est la seule fille du tas. Je me dirige droit vers elle et lui tends le gantelet de mon armure tout en relevant la visière sur laquelle est peinte la tête de mort emblême de notre rébellion contre Tekhos.

- Enchanté m'dame. Merci d'avoir répondu si vite. J'suis James Raynor, commandant les forces présentes ici. J'espère qu'ça vous dérange pas d'tourner avec un homme aux commandes parce que ça risquerais d'être problématique pour trouver une fille pour m'remplacer...

Je m'interromps en voyant son pilote sortir et ouvre des yeux énormes en le reconnaissant.

- Mais... Que j'sois pendu ! C'est toi p'tit ? On m'avait pourtant dit qu't'avais cassé ta pipe dans l'explosion d'ton usine ? Tu m'reconnais ? Jim ! Tu réparais ma bécane à l'époque où j'faisais des p'tis boulot avec Tychus !

Billie observait attentivement les hommes qui s'avançaient dans leur direction. Ils étaient plutôt bien équipés pour des rebelles, mieux que ce qu'elle n'avait imaginé de primes abords. C'était une bonne chose, la mission n'en serait que facilitée. Cette mission tenait à cœur à la jeune femme, car s'il y avait bien une chose qu'elle méprisait par-dessus tout, c'était ceux qui s'en prenaient à des civils innocents. Et le fait que les nanas de Tekhos laissent ces pauvres bougres sans défense aucune contre les formiens lui donnait des envies de meurtre. A défaut de pouvoir apaiser ce besoin brûlant, elle allait se faire la main sur ces êtres dégueulasses et violents assoiffés de territoire.

Red a ses côtés, qui mesuraient bien 2m de haut, analysait lui aussi les individus à l'aide de ses capteurs. La jeune femme ignorait ce qu'il calculait exactement, mais son IA était assez évoluée pour qu'elle lui fasse confiance aveuglément. En réalité, elle ne le voyait pas seulement comme une machine intelligente, mais comme un véritable compagnon de bataille. Elle tenait à lui, parce qu'il était une création de son père. Un moyen pour lui, sans doute, de s'assurer qu'elle était toujours en sécurité.

Une fois à leur hauteur, l'un des gars commença par la saluer en lui tendant la main. Billie la serra avec assurance, un sourire poli aux lèvres tandis qu'il se présentait. Puis l'étonnement se peignit sur son visage alors qu'il s'inquiétait du fait qu'elle puisse être dérangée par le fait qu'il n'était pas une femme. Elle haussa les sourcils et s'apprêta à ouvrir la bouche pour répliquer lorsque soudain, le dénommé Raynor posa ses yeux sur Deacon et commença à s'exclamer. Apparemment... ils se connaissaient.
Le jeune pilote, tout d'abord surpris, dévisagea le rebelle, puis esquissa un large sourire.

- James Raynor ! Ce bon vieux Jim ! Ça alors, j'aurais dû m'y attendre ! Toi, un rebelle, c'était évident !

Il lui serra à son tour la main avec enthousiasme. Billie les observait simplement avec un petit sourire en coin. Elle n'était pas vraiment étonnée que Deacon croise quelqu'un de sa connaissance. Après tout, ces rebelles étaient de Tekhos. Ou du moins en majorité.

- Putain t'as pas changé ! A part quelques rides supplémentaires en fait, tu te fait vieux mon pote !

Billie s'éclaircit la voix et Deacon se reprit un peu, passant une main nerveusement dans ses cheveux avant de reprendre :

- Ah heu... oui. Je te présente Billie Miles, mais tout le monde l'appelle Rocket. C'est elle qui commande. Et à ses côtés, c'est... Red. Un robot doté d'une Intelligence Artificielle créé par son père. Un gros bourrin.
- Enchantée de vous rencontrer, Commandant Raynor. Mais rassurez-vous, je ne vois pas en quoi le fait que vous soyez un homme pourrait m'incommoder...
- Tekhos est avant tout une société basée sur le matriarcat. Les femmes ont été établies scientifiquement comme une race supérieure et considèrent les hommes comme des êtres inférieurs. Ils n'ont qu'un rôle très limité dans la société, intervint Red.
- Je vois. Alors que ce soit clair entre nous, Commandant, nous nous traiterons d'égal à égal, chez nous hommes et femmes sont sur le même pied d'égalité. Puis-je savoir qui vous accompagne ?

Elle posa son regard sur l'homme qui accompagnait le Commandant. Il était, après tout, important de savoir à qui elle avait affaire avant de se lancer dans l'aventure.

- Rocket, hein ? Demande-je en regardant la jeune femme avec un sourire appréciateur. Ça fait plaisir d'vous rencontrer m'dame. Et c't'encore plus un plaisir de vous entendre parler d'égalité.

Je me tourne ensuite vers le robot et lui tends la pogne.

- Toi aussi c't'un plaisir de t'rencontrer Red. Tu m'as l'air bien costaud dans ton genre et ça m'fait plaisir de pouvoir compter sur des camardes costauds quand les choses commencent à aller mal.

Matt s’éclaircit la gorge discrètement dans mon dos, ce qui me rappelle à son bon souvenir.

- Oh, s'cusez-moi m'dame. Voici Matthew Horner, mon commandant en second, dis-je en me tournant pour le désigner.

- Les gens m'appellent Matt, la plupart du temps, c'est plus court et plus facile à retenir, précise-t-il en tendant la main à la demoiselle.

Juste derrière lui, le docteur hanson arrive avec sa blouse blanche.

- Arielle Hanson, se présente-t-elle avec un sourire amène tout en tendant les bras pour proposer la bise à la jeune roquette. Je ne puis exprimer à quel point mes concitoyens et moi vous sommes reconnaissant d'avoir pris le risque de vous déplacer sur l'appel d'un fugitif pour nous aider. Et je m'excuse encore de la petitesse du montant de la prime que nous pouvons proposer, mais nous ne sommes pas très riches.

Pendant que Matt et Hanson distraient la petite Roquette, je met une claque dans le dos du jeune Deacon avec un clin d’œil entendu.

- Félicitation p'tit, t'es devenu un grand garçon à c'que j'constate, dis-je en indiquant sa partenaire avec un sourire.

Le jeune mécano me dément alors fortement qu'il se soit passé quoi que ce soit de l'ordre du non-professionnel entre lui et la demoiselle, ce qui me fait ouvrir de grands yeux surpris.

- Hé béh... Vous avez réussi à faire tenir tranquille ce séducteur invétéré ? Vous nous l'avez castré ou quoi ? M'étonne-je tout haut. Vous savez qu'une fois je l'ai surpris à essayer de séduire ma femme avant qu'elle nous quitte ?

Je rigole en entendant Deacon jurer ses grands dieux qu'il ignorait qu'elle était en couple avec moi, me rappelant que nous n'avions jamais été marié et qu'il pensait que notre fillette qui courait partout dans l'atelier ce jours-là était celle d'un collègue.

- Commandant, je ne doute pas que vous ayez envie de ressasser le bon vieux temps avec votre amis, mais nous avons des défenses à inspecter et un briefing à faire à nos renforts. Alors si nous y allions ? Insiste mon second d'un air digne.

- T'as raison Matt, comme toujours ! Approuve-je en me tournant vers la jeune femme. Si m'dame veut bien s'donner la peine. Dis-je en lui faisant un salut classique Tekhan ce qui, malgré mon armure me grandissant largement, m’amène quand même à pencher le buste suffisamment pour que ma tête soit sous le niveau de la sienne.

À mon grand étonnement, le robot intervient pur nous révéler que le salut militaire est différent pour les hommes et les femmes dans l'armée Tekhane, les hommes devant traditionnellement baisser la tête pour montrer leur soumission aux femmes et que celles-ci puissent plus aisément les abattre en cas de manquement à la discipline là ou elles restent droites en se saluant entre elles.

- Ha bon ?M'étonne-je surpris. C'est marrant, j'me suis jamais posé la question. Mais d'un coup ça explique pas mal d'choses... Dis-je songeur.

Ce James Raynor avait l'air d'un gars sympathique, pas aussi ennuyeux que tous ces commandants auxquels elle avait affaire en général. Faut dire que dans l'armée spatiale comme dans toutes les autres, on rigolait pas beaucoup. C'était sans doute assez normal vu le nombre d'horreurs qu'on croisait dans une carrière, et il fallait savoir se faire respecter, voir craindre, si on voulait avoir un minimum d'autorité pour maintenir l'ordre.
Billie était très sérieuse dans son genre également, et pouvait paraître froide quand on ne la connaissait pas bien. Heureusement, lorsqu'elle était en confiance, elle était capable de se détendre un peu. Deacon le savait bien, même si ces moments là étaient trop rares à son goût.
Le commandant Raynor la salua donc de nouveau, avant de serrer la main mécanique de Red. Il ne devait pas être bon de se trouver être la poigne de ces deux là.

- Très honoré, Commandant. Vous pourrez en effet comptez sur moi, mes capacités défensives sont optimales.

Puis, on leur présenta le second homme, un dénommé Matthew Horner, Commandant en second. Billie lui sourit et lui serra chaleureusement la main. Si elle avait été un tant soit peu honnête et attentive avec elle-même, elle aurait avoué le trouver fort bel homme.
Puis, le Docteur Hanson se présenta à son tour. La jeune femme se rappela que c'était elle qui avait avant tout fait appel à eux pour agir. Elle s'excusa cependant du faible montant de la prime. Billie hocha les épaules après l'avoir saluée.

- Nous nous contenteront parfaitement de ce que vous pourrez nous proposer, Docteur.

Deacon eut un sourire en coin. Il savait pertinemment que Billie se fichait complètement du fric. Ce qui motivait avant tout ses actions, c'était le bien fondé de ses missions. En l’occurrence aujourd'hui : sauver des vies innocentes. Elle était une justicière dans l'âme.
Raynor profita de ce petit moment pour s'approcher de lui et le taquiner au sujet de la jeune femme. Le pilote jeta un regard un peu nerveux du commandant rebelle à sa patronne et rougit légèrement avant de répliquer :

- Ahah non, non... c'est pas c'que tu crois James. Elle et moi... c'est purement professionnel. 'me viendrait jamais à l'idée d'avoir des pensées pas nettes envers elle !

Il ricana nerveusement. D'accord, c'était faux. Travailler avec une femme aussi canon, ça devrait pas être autorisé !
James, qui le connaissait plutôt bien, s'étonna d'ailleurs qu'ils se soit montré aussi « sage », et balança même l'histoire de la fois où il avait fait du charme à sa femme. Deacon blêmit puis lança :

- James, mon ami, enfin ! Jamais je n'aurais fait une chose pareille si j'avais su ! Grands Dieux, non ! Je savais pas pour vous deux, 'pis ta gamine je croyais que c'était le rejeton d'un collègue, je te jure !

Le mensonge était si gros que Billie leva les yeux au ciel. Heureusement que le Commandant prenait cela avec humour. Le plus malheureux dans tous ça, c'était que cette femme n'était apparemment plus de ce monde.

- Toutes mes condoléances, Commandant, annonça Billie avec douceur.

Elle avait elle-même perdu sa mère et savait ce que c'était que de perdre un proche. Matthew finit cependant par leur rappeler où se trouvait leurs priorités et la jeune femme approuva d'un signe de tête. Il était temps de se préparer un peu, le temps était compté pour ces pauvres gens.
James l'invita à passer devant en la saluant bien bas, ce qui la surpris un peu. Red intervint de nouveau :

- Si j'en crois mes fichiers neurologiques, ce salut Tekhan est typiquement réservé aux hommes. C'est une démonstration de soumission face à la supériorité des femmes. On dit aussi que c'est un moyen aisé de pouvoir corriger l'individu plus facilement en cas de manque de respect.

Billie ouvrit de grands yeux étonnés et se tourna vers le Commandant, qui, visiblement, c'était pas au courant. La jeune femme sourit et posa une main délicate sur l'épaule solide de individu pour l'apaiser.

- Allons James - je peux vous appeler James ? - il est inutile de nous montrer aussi protocolaires. Je ne suis qu'une simple femme après tout. Et appelez-moi Rocket, j'insiste. Vous aussi Commandant en Second Horner et Docteur Hanson.

Deacon souffla discrètement. Une « simple » femme ? Bordel elle dégageait tellement de sex-appeal que s'en était indécent !
Finalement, le petit groupe suivit le pas des rebelles pour se rendre au lieu du briefing.

- Allons James - je peux vous appeler James ? - il est inutile de nous montrer aussi protocolaires. Je ne suis qu'une simple femme après tout. Et appelez-moi Rocket, j'insiste. Vous aussi Commandant en Second Horner et Docteur Hanson.

- Bien r'çu Rocket, acquiesce-je en souriant.

- Ça devrait pourvoir être envisagé, admet Matt que son balais dans le cul a tendance à empêcher d'appeler les femmes autrement que "madame" ou "mademoiselle".

- Ce sera un plaisir mademoiselle Rocket, sourit Hanson en rajustant ses lunettes.

- Bon, et ce breifing Matt ? Réclame-je en m'éloignant de Deacon.

- Si on pouvais attendre d'être autour de ma table d'affichage holographique, ça m'arrangerais commandant. Je ne suis pas encore assez doué en mime pour vous imiter une vague de Zerglings.Répond-t-il pince-sans-rire.

- Ça peut être pratique, admet le docteur Hanson en gloussant d'amusement.

Matt emmène tout notre petit monde dans le bâtiment communal que nous avons momentanément transformé en le Q.G. de campagne de Matt. À l'intérieur, mes chefs d'escouades sont déjà assis sur tout ce qu'ils ont pu trouver et je les rejoins, serrant le poing de mon armure pour en donner un coup contre le poing fermé de celle du sergent Avery Jonhson, l'un de mes meilleurs sous-officier qui me suit depuis le début de ma rébellion.

- C'est qui la jolie brune commandant ? Demande Jonhson en mâchonnant un bout de cigare éteint.

- C'est les renforts mon pote, ris-je en m'asseyant.

- Tant mieux, sourit-il à son tour. Si elle tire le même calibre qu'elle est canon, on aura rien besoin de faire alors.

- Hé ! J'en veux ma part espèce d'égoïste ! Plaisante-je d'un faux ton de reproche. La dernière fois t'en a gardé plus pour toi !

- Z'avez aucune preuve commandant, me rappela le sergent en allumant son cigare au moment où Matt baissa les lumière et que la projection s'allumait.

- Et les cadavres ? Ils se sont empilés tous seuls à tes pieds salopard ? Raille-je à voix basse.

- Chut ! L'capitaine Horner vous fais les gros yeux, me signale Jonhson pour changer de conversation.

Mais Matt m'ayant effectivement lancé ce regard de "j'aimerais bien commencer si ça ne dérange personne", je ne pipe pas mot pendant qu'il prend la parole.

- Comme vous le savez tous, la colonie du docteur Hanson est menaçée d'une attaque Formienne imminente, entamme-t-il en affichant un plan des lieux.

Une douzaine d'habs en préfabriqués vaguement répartis autour d'un grande cour devant l'entrée du puits de mine à ciel ouvert apparaissent. Le terrain aux alentours est légèrement valloneux, ce qui va jouer en faveur des Zerglings étant donné qu'ils ont un profil très bas même en pleine course.

- Comme vous pouvez le voir, la situation est loin d'être idéale pour repousser des vagues de Zerglings. Les collines vont couper nos angles de tir sur de grosses zones. Pour pallier ce problème, la république a construit des miradors aux alentours de la colonie, mais ils ne sont pas assez gros pour contenir plus de deux Marines et sont trop peu nombreux pour faire une grosse différence. Le but avéré de ces miradors était de servir à la surveillance du périmètre, pas d'apporter un réel soutien au feu. Cependant, ça en fait des positions intéressante pour des tireurs peur armurés. Docteur Hanson, vous m'avez dit que certains de vos concitoyens avaient des armes je crois ?

- Oui, j'ai une douzaine de volontaires disposant de fusil de chasse qui sont prêts à donner un coup de main. Mais ils n'ont pas de protection à proprement parler. La république a même emporté les gilets par-balle du poste de police avant de partir.

- On pourra distribuer quelques gilets de nos stocks, mais on en aura pas autant, acquiesce Matt avant de poursuivre. Le vrai dispositif défensif de la colonie est constitué à la base de quatre bunkers donnant dans les quatre "routes" d'accès principale. Les escouades Thêta, Zêta et Roméo vont les garnirs en marines, en maraudeurs et avec un flammeur par bunker si les formiens s'approchent de trop près.

- On va leur donner chaud aux fesses ! S'exclame un homme en armure orange depuis le fond de la salle, provoquant de légers rires.

- Le fait est que ce dispositif est insuffisant, continue Matt sans prendre en compte la coupure. Les bunkers n'auront qu'une puissance de feu limitée et même s'ils nous protègent efficacement, ils finiront par se briser sous les griffes, l'acide ou le bio-plasma des Formiens. Ils nous servirons seulement en début d'offensive pour enrayer les premières vagues de Zerglings. Si cette mère des couvées suit le schéma classique, elle enverra ses zerglings en avant pour servir de chair à canon et affaiblir nos défenses pour que la deuxième ou la troisième vague disposant d'unités plus spécialisées puissent approcher plus près. Nous devrions pouvoir tenir un petit quart d'heure, le temps que les techniciens de la colonie terminent de modifier leur transport Heracles pour pouvoir ensuite évacuer. Les autres escouades resteront mobiles afin d'apporter leur soutien-feu aux bunkers.

- Et il se passe quoi si le transport est pas près au bout d'un quart d'heure ? Demande Jonhson d'un ton posé.

- On devra tenir plus longtemps, mais je doute que les bunkers seront encore en état. Il faudra se replier en ville et dégommer tout ce qui n'est pas humain. Explique horner en faisant changer la projection. J'espère vraiment que nous en arriverons pas là car ça deviendra vraiment difficile d'évacuer les civils au milieu des aiguilles d'hydralisks avec en plus des cafards qui vomiront leur bile acide un peu partout. Au moins, aucun Ultralisk ou Colosse n'a été apperçu par les vols de reconnaissance pour le moment.

Ce disant Matt se tourne vers Rocket.

- Avez-vous déjà affronté des Formiens et connaissez-vous les précautions à prendre contre eux ?

Face à la réponse négative de la demoiselle, Matt affiche un hydralisk sur la table.

- Tous sont létaux, mais contrairement aux griffes, aux acides et au bio-plasma de la plupart des Formiens, il faut craindre le plus le venin dont sont enduit les dards en chitine dure que projettent les hydralisks. Ce venin leur sert surtout à capturer leurs proies. Pour les hommes, trois fois sur quatre, la contamination est mortelle et le virus contenu à l'intérieur du venin mute trop vite pour que nous puissions le contrer. Dans un cas sur quatre, la victime survit, mais développe une sorte de tumeur dans le cerveau qui le connecte à l'esprit de la ruche et le soumet avant de continuer à faire muter son corps pour le transformer en guère mieux qu'un zombie. Pour les femmes c'est différent. Le venin ne tue pas les femelles de notre espèce, mais il les paralyse en relâchant leurs muscles, ce qui les rends aussi plus apte à... Une "reproduction facilitée"., continue Matt en grimaçant. Ça met aussi votre système hormonal s'en dessus-dessous pour sur-stimuler votre libido. Si vous êtes touchées par ces aiguilles et qu'elles traversent votre cuirasse, évacuez immédiatement et appelez un médic. Ou si vous n'avez pas de médic sous la main et des stimulants de combat de catégorie quatre ou plus, injectez-les vous sur une grosse artère le plus vite possible pour obtenir le temps d'évacuer vers votre transport avant que le virus ne vous paralyse complètement. Je suis bien conscient que ça vous prendra des mois pour vous en remettre, mais c'est toujours mieux que de finir en mère-pondeuse pour ces Formiens. Les effets du virus sur les femmes s'estompent au bout de quelques jours de toute façon, mais je vous conseille de rester cloitrée loin de tout contact humain pendant cette période pour éviter des... Accidents dû à...

- ...Tous les feux de l'enfer qu'elle aura au cul si elle se fait piquer, termina Jonhson en soufflant un nuage de fumée. Dans cet état, on a même vu des mères tenter de violer leurs mômes pour essayer de faire descendre la tension sexuelle que cette merde entraîne.

- Bon r'marquez, j'en vois un à qui l'idée à pas l'air de déplaire, rit-je en voyant Deacon loucher sur sa partenaire et sur l'hydralisk en projection.

Tandis que celui-ci se défend de telles pensées, le robot affirme qu'en cas de problème il prendra parfaitement bien soins de sa proprio, ce qui a quand même l'air de décevoir un peu Deacon.

- Bon, en selle bande de tire-au-flanc ! J'offre une bouteille de Jack Daniels au premier qui descendra une bestiole !

- Je vais me coordonner avec les renforts de mademoiselle Rocket pour décider de comment les dispatcher parmi nos forces commandant, m'informe Matt.

- Parfait, trouve-leur le poste où ils seront le plus efficace et ensuite on ira inspecter les défenses.

- À vos ordres.

Ils semblaient tous plutôt d'accord pour l'appeler par son pseudo : Rocket. C'était ainsi que Deacon et Red l'appelaient également. La seule et unique personne au monde à l'appeler par son prénom était son père. La jeune femme avait tendance à se montrer trop sérieuse. Et à l'instar de ce Matthew, elle avait également un balai dans le cul comme on disait. Absorbée dans son boulot, elle s'accordait rarement des moments de détente et ne fréquentait personne. Au grand damne de Deacon, bien évidemment.
James demanda alors de débuter le briefing, et son commandant en second proposa de se rendre plutôt au QG , histoire d'avoir un support pour expliquer plus précisément de quoi il en retournait. Billie sourit, amusée, et suivit le petit groupe. Trouvant l'endroit assez exotique, comparé à ce qu'on pouvait trouver sur terre, elle observait le paysage alentours en silence. Un manière à elle, également, de repérer un peu le terrain, il fallait l'avouer.

Ils pénétrèrent dans un bâtiment où se trouvaient le reste de la troupe de rebelle réunie pour cette mission. Billie savait que leur nombre serait certainement insuffisant contre les formiens, mais c'était mieux que rien. Et en cas de gros souci, elle pourrait toujours envoyer un signal de détresse au major dans l'espoir qu'il envoie des renforts d'urgence. La jeune femme se trouva un place parmi eux,

Matthew attendit que le commandant et l'un de ses collègues cessent de palabrer avant de commencer. La projection débuta et l'homme débuta ses explications. Attentives, Billie observait le plan affiché tout en écoutant. Et en effet, la mission n'allait pas être de tout repos. Le terrain et le peu de défense disponible ne leur facilitait pas la tâche. Ouais... ils risquaient de salement dérouiller. Surtout vu la tronche des bestioles qu'ils allaient devoir affronter. Bon sang, ces formiens étaient vraiment dégueulasses. Et encore, elle avait pas tout entendu. En effet, Matthew lui demanda soudain si elle avait déjà affronté ce genre de créature et connaissait les précautions à prendre.

- Négatif, Monsieur Horner.

L'homme entreprit alors de lui expliquer. Et plus il lui annonçait la chose, plus la jeune femme se sentait un peu... comment dire... nerveuse. Il plaisantait, n'est-ce pas ? Ces trucs étaient réellement capable de faire cet effet là ? Bon sang, elle n'avait jamais eu autant envie de porter une paire de couilles qu'aujourd'hui. Et ce qu'ajouta le collègue aux côtés de Raynor ne la rassura pas davantage, loin de là. Elle allait devoir faire gaffe à ses fesses, une fois sur le terrain.
Elle ne vit pas le regard de Deacon sur elle, mais cela n'échappa pas au Commandant qui ne se pria pas pour faire une remarque. De nouveau, le pilote pâlit et tenta de se défendre :

- Hein ?! Que... quoi ?! Certainement pas !
- N'aies crainte, Rocket, fit Red près d'elle. Je ne laisserais pas un seul de ces formiens t'approcher.
- Merci, Red.

Billie n'avait pas vraiment fait attention à Deacon et à son comportement. Elle était bien trop occupée à fixer la tête de ces bestioles, un peu préoccupée. Elle tentait de deviner leur faiblesse, mais le meilleur moyen de savoir ce qui était efficace sur elles, c'était d'en zigouiller quelques unes. Le commandant annonça finalement le début des préparatifs. Il ne fallait pas perdre de temps. Matthew se proposa pour les guider jusqu'à un poste où ils pourraient être utiles. Billie s'approcha donc de lui avec un sourire.

- Je suis toute à vous, mon cher.

Deacon fronça les sourcils et lança un regard bizarrement jaloux au commandant en chef, avant que Red, qui gardait un œil sur lui, ne lui écrase le pied. Il poussa un hurlement, et la jeune femme se tourna vers lui.

- Deacon, enfin, qu'est-ce qui te prend ?
- Aïeuuuuh... heu... rien. Je... j'ai... c'est sortit tout seul.

Il afficha un sourire exagéré, et Billie haussa les épaules, préférant ignorer l'exentricité de son pilote pour se concentrer sur les directives de Horner.

Je sors en compagnie de Jonhson, rejoignant ses hommes avec lui. Les Marines sont nerveux, mais confiants. Je discute un peu avec eux pendant que nous transportons les caisses de munitions dans le bunker qu'ils vont défendre. Nous parlons un peu de la pluie et du beau temps, des dernières nouvelles que nous avons de la situation politique de Tekhos, de mécanique sur vautour, bref, tout sauf de ce qui concerne la merde à venir. C'est une sorte de tradition entre lui et moi. Pour éviter que les hommes ressassent le combat à venir, ils peuvent nous écouter et intervenir s'ils en ressentent l'envie.

Bref, malgré qu'on soit en train de monter des barricades et y ajuster des mitrailleuses rotatives, on donne un peu l'impression d'être une bande de pote en virée à bécane. La seule chose qui nous manque ce sont les bières. Même si certains fument en bossant, je ne tolère pas qu'on boive en opération, et japplique aussi cette règle dans mon cas, même si j'ai probablement les plus gros problèmes d’alcoolémie de tous les rebelles.

Je ne suis pas fier d'être aussi dépendant de la dive bouteille, mais là où je suis fier c'est que je ne l'ai jamais laissée me diriger. Les rares fois où j’étais trop bourré pour assurer mon commandement, j'ai toujours pu m'en remettre à Matt pour assurer l'intérim. Lui ne boit qu'aux grand occasions et fume uniquement à ces moments-là. C'est tout con, en-dehors de son jeu d'intello, le "Go", et ses livres, je ne l'ai presque jamais vu s'amuser sauf quand on avait des sacrés truc à fêter. Même son mariage avec Mira Han était d'un sérieux mortel. Bon, faut aussi admettre que Matthew avait gagné ce mariage au poker sans avoir bien compris ce qu'étais le premier prix. Quand Mira avait dit "c'est moi", il avait compris son groupe de mercenaire. Pas elle-même en tant que prix. Et puis, franchement, qui aurait résisté à Mira pendue aux bras de Matt en train de roucouler qu'elle lui appartenait désormais corps et âme ? On avait réussi à lui trouver un prêtre Nexusien pour les marier et Matt m'avait traité de "traître" à ce moment-là, mais j'ai gardé l'enregistrement où devant l'autel, il a dit "oui".

Ces souvenirs me font sourire et c'est avec eux en tête que je retrouve mon commandant en second devant son PC.

- Alors Matt, ces nouveaux, ça avance ?

- Ils ont l'air plutôt doués en intervention de force, commente Horner d'un ton songeur. Je les ai stationnés à la défense du groupe de civils armés que nous aurons en soutien sur les toits. Leur mécano sera plus utile à aider ceux qui modifient le transport minier.

- Bonne idée Matt, quoique j'aurais bien vu le robot en défense dans les rues avec nous. Il m'a l'air solide, il doit pouvoir encaisser bonbon et abattre son content de formien avant d'avoir à battre en retraite.

- Commandant, ce robot n'est pas à nous et il constitue visiblement la principale défense de cette jeune femme, je ne vais lui dire de nous le laisser dans un nid d'armes pour optimiser ses capacité et dégarnir sa vraie priorité, ce serait aller contre son programme à mon avis.

- C'est vrai, admet-je en regrettant déjà qu'il soit cantonné à un rôle défensif. Bon, que disent les rapports des éclaireurs ?

- Ça va de mal en pis, me dit sombrement Matt en baissant la voix malgré qu'il n'ait rien changé à son langage corporel. Les derniers rapports indiquent que la colonie formienne a forcé le rythme. Probablement que leurs propres unité avancées ont vu que nous nous préparions à partir. Ils veulent arriver avant que toutes les femmes ne soient loin.

- Salopes de bestioles... Grogne-je en approuvant. Ta stratégie tiens toujours ?

- Avec aussi peu de forces, je n'ai rien de mieux à proposer, mais ça devrait nous faciliter un peu les choses, commente Matt en me ressortant sa projection. Ses unités rapides demeurent les zerglings et en les poussant à avancer plus vite, cette mère des couvées est en train de créer un écart entre eux et ses unités de soutiens. Je ne sais pas qui est cette cérébrate, mais elle ne voit qu'un besoin de récolter des femelles sans se soucier de ses pertes. En faisant ainsi, on aura dans un premier temps uniquement affaire à de bonnes vieilles croquettes faciles à nettoyer. Il faudra juste le volume de plomb adéquat.

- Du plomb on en aura, garantis-je d'un ton lugubre. Des crache-plombs, c'est pas un soucis, le gros soucis c'est le nombre de personnes pour en manier.

- J'admets qu'on sera au four et au moulin quand les premières vagues vont nous tomber dessus. Mais vous êtes là pour ça, commente Matt en se tournant vers moi.

Je sais de quoi Matt veut parler. Lui est un stratège, il voit les cartes et les choses avec une vision d'ensemble, il coordonne l’interarmes et gère le soutiens sur des distances se mesurant en dizaines de kilomètres. Ses plans sont des esquisses et des ébauches de mouvements de troupe qui, sur le papier, sont d'excellentes solutions.

Mais moi je suis un tacticien. Moi je vois les mouvements à l'échelle des escouades, je suis des déploiements tactique sur des dizaines de groupes de combat différent à travers tout un secteur d'opération sans bien savoir ce qu'il y'a au-delà. Moi je suis sur le terrain, je sais ce qu'il est possible de faire ou pas pour correspondre à la stratégie et en dernier lieu, c'est moi qui donne les ordres suicidaires ou l'ordre de repli d'urgence si tout s'effondre.

Dans ce sens, je suis un mauvais commandant car normalement je devrais être à l'arrière à coordonner tout le monde avec Matt, mais je suis avant tout un homme de terrain. C'est au milieu de mes marines que je suis le plus efficace et c'est la raison pour laquelle mes hommes me font confiance et se fient à mon jugement. Ils savent que je sais dans quelle merde ils croupissent et ce qu'ils ont à affronter ainsi que les sacrifices qu'ils consentent. Je ne suis pas en train de gueuler depuis le fond d'un siège en cuir, je suis en train de patauger dans la merde et le sang avec eux, occupé à sauver ma peau, un œil sur ma carte tactique, l'autre sur mon compteur de cartouches. Et c'est la raison pour laquelle mes instructrices ont toujours dit que j’étais un soldat doué en tactique. Pas un tacticien, d'après elles. Mais bon, je m'en fiche un peu, je ne leur obéis plus de toute façon.

- On a encore combien de temps avant les premiers contacts ? Demande-je en désignant la carte de Matt d'un geste du menton.

- Les premiers rangs seront sur nous dans une dizaine de minutes, répond Matt en haussant les épaules.

- C'est bon, on sera prêts... Commente-je. Bonne chance mon pote, oublie pas de décarrer quand ça commencera à devenir trop chaud.

- Vous non plus commandant, me dit Horner en me tendant la main un sourire en coin aux lèvres.

- J'vais faire de mon mieux, lui promets-je en rigolant tout en lui serrant la pogne.

Matt n'a pas menti, on a à peine attendu dix minutes.

- CONTACTS ! NOMBREUX CONTACTS EN APPROCHE RAPIDE ! CIBLES FORMIENNES IDENTIFIÉES COMME TYPE "ZERGLINGS" !

- OKAY LES FILLES ! Gueule-je sur le canal général. C'EST ICI QU'ON VA MONTRER À CES SALOPERIES D’INSECTES QU'ILS AURAIENT DÛ RÉFLÉCHIR AVANT DE S'ATTAQUER À L’ESPÈCE HUMAINE ! ON VA FAIRE DE LA BOUILLIE DE CES ÉPOUVANTAILS D'OPÉRETTE, JUSQU'À CE QU'ON AIE PLUS UNE SEULE CARTOUCHE ! ET ENSUITE ON LES ÉTRANGLERA AVEC LEUR PROPRES BOYAUX !

- HU-HA ! Acquiescent férocement mes marines sur le même canal.

À peine ais-je fini mon petit discours que les premiers rangs de Zerglings apparaissent, chargeant à travers le terrain vallonné comme une marée de sauterelles.

Aussitôt, les mitrailleuses entrent en action, leurs opérateurs faisant pleuvoir une grêle de balles de gros calibre sur leurs carapaces de chitine. Les rangs adversent se retrouvnet balayés sur de larges zones tandis que les marines dans les bunkers et derrière les barricades ouvrent le feu à leur tour.

Très vite, les collines se couvrent de cadavres, des boyaux, d'éclat d'os et de sang violet. Les zerglings continuent malgré tout à nous charger, se contentant d'enjamber leurs pertes sans la moindre hésitation, progressant malgré le tir de barrage auquel ils sont confrontés. Les insectes tombent par centaines sous nos coups, mais ils sont des milliers. Les marines tirent sans interruption, les maraudeurs vident leurs roquettes dans les groupes d'adversaires aussi vite qu'ils peuvent les recharger, les flammeurs arrosent les survivants qui se sont trainés jusqu'à nos barricades de carburant hautement volatil enflammé. Malgré tout, il faut moins de cinq minutes aux zerglings pour arriver à portée de contacts avec mes marines les plus avancés.

Je suis moi-même occupé à ajuster mes tirs tout en donnant mes ordres, sentant tressauter mon fusil gauss comme un marteau-piqueur entre les mains de mon exo-armure en titane-tungstène. Pour le moment les lignes tiennent, même si mes hommes se retrouvent à devoir parfois donner des baffes pour écarter quelques zerglings qui ont quand même réussi à s'approcher de trop près. Pas encore de pertes, juste les annonce des premiers blessés qui tombent.

Pour combien de temps encore ? Me demande-je.