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La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

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Zuë Quinn

Humain(e)

« T’as toujours eu tort d’être née »


Cette phrase tournait dans la tête de Zuë depuis… depuis combien de temps était-elle ici ? Des heures ? Des jours ? Il faisait sombre mais pas tout à fait noir.
Elle pouvait sentir de la poussière, la terre battue légèrement humide sous sa peau. La pierre lourde et polie du mur plaqué contre son dos. L’air été plutôt rare et vicié, ça lui faisait mal à la gorge.
Des odeurs de vin également s’échappaient de l’autre bout de la pièce.

On l’avait « stocké » là comme une vulgaire marchandise, et on lui avait dit d’attendre. Attendre quoi ? Encore un nouveau lieu, des nouvelles voix au loin qu’elle ne connaissait pas. Elle devait être dans une cave.

Elle n’avait pas été attachée cette fois-ci. Seulement bousculée dans un coin où on lui avait demandé de s’assoir à même le sol, humide de poisse. Elle sentait que ses jambes étaient déjà boueuses. Ses fripes sentaient la moisissure et avait en arrière-gout de champignon.

Zuë avait le souffle saccadé. Tenter de respirer de l’air frais lui était difficile. Si on la laissait encore trop longtemps là-dedans, elle allait perdre connaissance.
Elle replia ses jambes contre sa poitrine et posa sa joue sur un de ses genoux. Hier encore elle était dans une grande maison qui sentait l’argent et la luxure. Elle se rappelait encore la caresse du marbre lisse sous ses pieds et des odeurs de cuisines gastronomiques à l’autre bout de la maison. Surement un riche marchand ou une personne d’une quelconque importance en ville. I l’avait gardé près de lui presque une journée entière. Il ne l’avait pas touché, ne lui avait pas fait l’amour mais l’avait laissée nue au milieu d’une chambre pendant des heures. Zuë pouvait sentir ses yeux posés sur elle, l’excitation de l’homme, son souffle rauque et la friction de sa main sur son membre, de plus en plus insistant. De temps en temps il lui faisait prendre d’étrange position. Mais Zuë était là pour obéir et non pas se poser des questions.

Mais aujourd’hui c’était une tout autre ambiance. Elle avait de nouveau changé de propriétaire. Ou alors elle avait été gracieusement prêtée à un « ami ». Elle avait l’habitude mais était toujours inquiète. Il y avait des jours où elle avait de la chance, comme la veille, et d’autres ou elle mettait plusieurs jours à se remettre devant la violence de certains hommes ou des travaux qu’on lui faisait faire. Et puis elle avait souvent été battue et devenait un peu plus faible chaque jour, n’ayant pas pu prendre de repos…

Zuë eut un long soupire. Une larme coula sur sa joue gauche lorsqu’elle entendit des pas se rapprocher.


« Tiens bon Zuë, ça va vite passer… »

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Re : La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

Réponse 1 mardi 10 mars 2015, 15:45:33


- ♫♪♫♪-

Elle n'avait pas été prêtée, cette fois. Elle avait été donnée, comme ça. Le bourgeois qui s'était branlé en l'admirant et en dévorant des yeux ses courbes et savourant sa docilité contrainte avait fini par la trouver un peu trop famélique. Jolie, la petite aveugle l'était. Bonne à fourrer aussi, incontestablement. Mais par trop mal nourrie, au physique un peu trop frêle et aux seins pas assez tombants. Une masturbation effrénée plus tard et le gros bourgeois l'avait regrettée, s'en débarrassant sans heurts ni explications. Il l'avait refilé à un marchand de basse qualité en échange d'une créature plus commune mais davantage charnelle et l'affaire avait été conclue sans que le temps soit perdu. L'esclavagiste l'avait collé dans la cave de son repaire et la chose sans yeux avait été si discrète qu'il avait presque fini par l'oublier, ne se remémorant sa présence que lorsque le plus singulier de ses clients habituels vint toquer à sa porte. "toc toc toc". Trois coups secs, toujours délivré sur le même rythme, souvent du pommeau de la canne que le client ne quittait que rarement. Le négrier le reconnu sans peine grâce à ce rythme redondant et il fut bientôt à ouvrir la porte pour faire passer l'homme.
L'être, plutôt. Enfin, l'esclavagiste n'en savait foutrement rien.


Comme toujours, "Il" était vêtu de noir des pieds à la tête. Parfois, il ne s'agissait que de fripes déchirées et cousues les unes aux autres pour constituer une tenue anarchique et effrayante, parfois il se vêtissait d'un élégant manteau mangé par son habituelle nuit, dénotant un certain sens du style. Toujours à sa ceinture pendaient de vieilles seringues remplies de liquides épais aux couleurs diverses mais souvent maladives. Parfois se trouvait là une épée ordinaire. On pensait pouvoir deviner ce que faisait cet homme, avant de s'arrêter à son visage sur lequel reposait toujours un masque aux ronds de verre cachant les yeux, au long bec aviaire. Le masque n'était pas toujours le même -le marchand de chair lui en connaissait au moins trois- mais ne variait que rarement. Et toujours revenait cette apparence dérangeante, malsaine. L'esclavagiste le salua et Tête de Corbeau le lui rendit en penchant un peu sa tête sur le côté. Il ne parla pas le premier. C'était rarement le cas, en vérité.

- J'ai pas grand-chose en ce moment, Docteur. Un chef de clan barbare m'a raflé mes plus belles pièces, me reste plus qu'un petit bout de viande. Aveugle mais mignonne. J'vous la fais à un bon prix.
- Aveugle, tu dis ? Mignonne, tu dis ? Bien bien bien. Montre la moi, Basile. Prestement !

La voix de Tête de Corbeau était étouffée par le masque et sonnait toujours curieusement. Peut-être l'effet de ce ridicule bec qui concluait la chose ? Le timbre n'évoquait jamais rien de chaleureux, sans être pour autant toujours menaçant. Il donnait à celui que Basile l'esclavagiste nommait Docteur une intonation aléatoire et caverneuse qui pourtant avait quelques fois des accents enfantins. Surtout quand le présumé docteur était joyeux.
Basile lui fit signe d'attendre et descendit à la cave chercher la petite éclopée, la tirant sans ménagement par le bras pour la faire remonter. En temps normal, il se payait le luxe de tripoter ses produits avant de les refiler à ses clients, mais pas aujourd'hui. Le Docteur lui déplaisait tellement qu'il en avait l'impression que sa queue se rétractait pour s'enfouir dans son scrotum. Il le détestait pour ça, putain ! D'autant que cette petite salope malingre devait un minimum savoir sucer, après être passée par autant de maîtres !
Toujours est-il que Basile ramena le bout de viande dans son salon, l'envoyant vers le Docteur qui était resté debout, sa tête aux petits mouvements épisodiques d'oiseau semblant chercher quelque chose dans l'air. Quand la jeune femme fut là, les verrières teintées du masque aviaire se focalisèrent sur elle et on put comprendre que le Docteur l'observait avec attention.


- Elle n'est pas fameuse, mais....
- Fais silence, silence ! Je juge, moi seul.

Basile se tut dans un grognement tandis que le Docteur approchait de l'esclave. Il tourna lentement autour d'elle sans mot dire, les mains croisées derrière le dos, le pan de son long manteau noir frémissant à ses pas lents. Il revint finalement pour faire face à la marchandise.

- Déshabille toi, je dis.
- T'entends le Docteur, l'aveugle ! A poil, bordel ! Montre ta chatte et tes nichons, plus vite que ça !

L'esclavagiste entreprit de saisir les fripes sales et déchirées pour les arracher lui-même afin de plaire à son client, mais un bruit de claquement provint du masque de ce dernier. Probablement une langue butant sciemment contre un palais, mais qui pouvait le certifier ? Terriblement, le son évoquait le bec d'un gros vautour qui se refermait durement en guise de menace. Basile arrêta son geste sans chercher à discuter et le Docteur patienta. Une fois l'esclave dévêtue, il la manipula un peu. Un bras levé, la bouche à ouvrir, la langue tirée, les dents vérifiées, quelques plaies anciennes rapidement examinées. Vinrent ses seins, qu'il palpa avec expertise mais sans aucune malice sexuelle : cela ressemblait fortement à un examen purement médical et formel. Comme le fut son inspection vaginale d'un doigté forcé et sec de ses doigts gantés de cuir, en fait. Le sexe de l'aveugle rapidement exploré et ses doigts portés à la zone du masque qui lui permettait visiblement de renifler, le Docteur les essuya sur le veston sale de Basile; puis il se baissa pour ramasser les vêtements de l'esclave et lui donner.

- Tu te rhabilles ! Le Docteur te prend. Prestement. A moi !

Fouillant à sa ceinture, Tête d'Oiseau en tirant quelques pièces d'une bourse de cuir cachée sous les plis du vêtement. Ceci fait, il les donna à l'esclavagie qui s'empressa de les empocher en le remerciant. Vu l'état de la marchandise, la somme qu'il venait de se faire était un véritable trésor qu'il n'allait certainement pas chercher à contester. Quelques amabilités creuses plus tard et le Docteur sortait de l'antre du marchand, son bras passé autour des épaules frêles de la jolie créature énucléée. Des frottements d'ailes se firent entendre et deux corbeaux se mirent à voler autour des deux personnages, l'un d'eux venant se percher sur l'épaule du Docteur tandis que l'autre le faisait sur l'épaule de son acquisition. Les serres lui labourèrent un peu la peau, mais il semblait que c'était inévitable - et anodin, dans le cas présent. Le Docteur menait sa troupe à travers la ruelle en direction de son attelage, une cariole vieillissante tirée par un bel étalon noir.

- Ton nom, donner ! Docteur Pestilence, je suis. Maître si tu veux. Docteur, toujours, toujours ! Tes yeux, morts comment ?

Il ne se montrait pas spécialement protecteur avec elle, bien que ses gestes étaient emprunts d'une douceur qu'on pouvait difficilement attendre d'un homme qui venait d'acheter une autre personne. Le Docteur prenait soin de son acquisition sans chercher à la rassurer outre mesure; il n'était jamais plus que lui-même et semblait pour l'heure décidé à en savoir plus. Tandis qu'elle lui répondait, Tête de Corbeau la fit grimper dans la carriole avant d'en prendre les rênes, les deux oiseaux les ayant quittés pour se mettre à voler au-dessus d'eux.

- Questionner, tu peux. Mentir, jamais, jamais ! Le Docteur le saurait. Et je n'aime pas qu'on use de mensonge. C'est mal, c'est mal !

Zuë Quinn

Humain(e)

Re : La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

Réponse 2 mardi 10 mars 2015, 16:51:20



Zuë redressa la tête lorsque les pas se rapprochèrent. La porte s’ouvrit brutalement, faisant légèrement sursauter la jeune femme, recroquevillée sur elle-même, tous ses sens en éveil. Elle reconnut l’odeur de la personne faisant irruption dans la pièce. Un homme qui avait dû oublier de se laver depuis déjà plusieurs jours. Celui qui l’avait enfermé ici depuis un temps indéterminé.
Il avança sur elle, l’attrapa par le bras et la tira sans ménag
ement hors de la pièce. Zuë perdit l’équilibre, un peu étourdie et ayant perdue beaucoup de force ces derniers jours. Cela devait faire au moins 3 jours qu’elle n’avait rien avalé. Elle avait hésité en entendant les rats gratter la terre non loin d’elle. Elle aurait pu en attraper un, lui arracher la tête et le dévorer… mais elle se disait ne pas encore en être arrivé là. Elle espérait encore qu’on lui apporte un morceau de pain…
Lorsqu’elle perdit l’équilibre, l’homme grogna et attrapa une touffe de ses cheveux pour l’obliger à se redresser. Zuë siffla sous la douleur mais se redressa aussi vite qu’elle put. Elle suivit tant bien que mal l’homme, tout en sentant qu’ils se dirigeaient vers une autre présence dans la pièce à l’étage. Elle sentit la transpiration et l’agacement de l’homme qui l’accompagnait. Il était à la fois énervé et légèrement effrayé. Une personne imposante devait les attendre.

Aucun son ne sortit de sa bouche alors qu’elle fut présentée au deuxième homme présent dans la pièce. Zuë sentit  du respect. Quelque chose de sombre et mystérieux chez cette personne. Lorsqu’elle entendit sa voix, elle redressa légèrement la tête, surprise. Etais-ce un homme ? Sa voix était étrange comme… modifiée et étouffée. Il devait porter un masque dans un matériau lourd. Et il s’exprimait d’une bien étrange façon.

Zuë devina rapidement qu’elle était présentée comme marchandise à la vente. Encore une fois. Ce n’était pas nouveau pour elle alors, comme d’habitude, elle ne bougea pas et attendit les instructions. On lui demanda de se déshabiller et eu un mouvement de recul lorsque l’homme voulut lui arracher ses vêtements. Il fut arrêté et Zuë eut un temps d’hésitation avant de laisser tomber ses fripes sur le sol, les bras le long du corps et la tête haute, comme on le lui avait appris. Elle avait vite compris qu’elle se faisait moins tabasser en obéissant sagement. C’était une règle de survie.

Elle laissa l’étrange personnage tourner autour d’elle et la manipuler. Il palpa sa poitrine et glissa un doigt en elle mais Zuë ne moufta même pas et resta digne et bien droite. Au moins il ne lui avait pas tiré les cheveux, mit une fessé et enfoncé son membre en elle avec violence dès la première minute.
Lorsqu’il eut terminé il parla de sa drôle de voix camouflée, et exprima son choix de la prendre. Elle avait dû lui plaire. Elle changeait encore de lieu et de propriétaire. Serait-ce pire ou plus vivable cette fois-ci ?

Les deux hommes échangèrent quelques politesses inutiles puis Zuë sentit un bras se poser sur ses épaules. Un tissus étrange et assez ample. Il n’y eu aucune violence tandis qu’elle était accompagnée vers l’extérieur. Mais lorsqu’elle entendit des corbeaux voleter autour d’elle dont un se poser sur son épaule, elle eut un sursaut et un frisson parcourut son échine. C’était désagréable et elle sentit les griffes du volatile s’enfoncer dans sa chaire. Cet homme était décidément surprenant et bien étrange. C’était surement un grand malade mental complètement sadique. Bonne chance Zuë.
Elle garda la tête baissée, toujours en signe de soumission et fut très surprise lorsque l’homme s’adressa à elle. En général on ne trouvait pas utile de lui poser des questions.

« Ton nom, donner ! Docteur Pestilence, je suis. Maître si tu veux. Docteur, toujours, toujours ! Tes yeux, morts comment ? »

Il s’exprimait de façon bizarre mais Zuë compris qu’il prenait le temps de se présenter et lui demanda son nom et comment elle avait perdu ses yeux. La jeune femme nota qu’il désirait être appelé d’une certaine façon. Important.
La jeune femme hésita, puis, tandis qu’il la faisait monter dans une carriole elle lui répondit d’une voix à peine audible. Le corbeau s’était envolé.

« Zuë. On m’a crevé les yeux avec un pieu quand j’étais petite. »

Phrase succincte mais on lui avait appris à la fermer et à ne répondre que brièvement aux questions qu’on lui posait, sous peine d’être durement battue. Elle s’installa, ses sens toujours en éveil. Elle entendait du monde autour d’elle qui murmuraient, chacun donnant leur lot d’anecdotes sur la scène qui se présentait mais surtout sur l’étrange personnage qui prenait les rênes de la carriole. Zuë avait sentis et entendu un cheval. Un petit sourire naquit sur ses lèvres. Elle aimait bien les chevaux. C’était presque rassurant.
Elle osa se pencher un peu en dehors de la carriole. Le vent s’était levé et amenait avec lui son lot de senteurs. Son odorat sur développé les tria pour ne garder et ne reconnaître que celles qu’elle appréciait. Le pain du boulanger qui cuit, la robe de l’étalon, un parfum de femme fleuris et plus discret, les pins de la forêt au loin…

«  Questionner, tu peux. Mentir, jamais, jamais ! Le Docteur le saurait. Et je n'aime pas qu'on use de mensonge. C'est mal, c'est mal ! »

Zuë pencha la tête sur le côté et fronça les sourcils. Cet homme était décidément très étrange. C’était comme s’il tentait de sympathiser avec elle. Mais la jeune femme comprenait bien qu’il ne fallait pas non plus prendre ses aises. Elle connaîtrait probablement rapidement les attentes du personnage.

Le mensonge. Elle en avait souvent usé pour sauver sa peau ou diminuer les coups. Elle était une des meilleures simulatrices du pays probablement lorsque cela semblait utile. Il fallait bien contenter certains hommes ou bien ils s’énervaient. Zuë mentait souvent. Elle se félicita de ne pas l’avoir fait tout à l’heure. Il semblait ne pas plaisanter avec ça visiblement.
La jeune femme hocha la tête. Elle ne savait pas trop si elle pouvait réellement poser des questions. Elle n’avait pas l’habitude non plus. Mais elle mourrait d’envie d’en savoir plus sur lui. Il l’intriguait beaucoup.

« Je ne vous dirais que la vérité, Docteur… »

La carriole se mis en route. Zuë se demandait bien où ils pouvaient bien se rendre. A son domicile probablement. Serait-ce un long voyage ? Zuë aurait tant aimé voyager un jour. Dans d’autres circonstances bien sûr. Le vent soufflait et elle s’entoura de ses bras. Le froid la fit frissonner mais elle avait l’habitude. Elle laissa passer de longues minutes, ses sens en éveil afin de deviner son environnement. Puis elle osa prendre la parole.

« Où allons-nous Docteur ? Est-ce loin d’ici ? »

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Re : La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

Réponse 3 mardi 10 mars 2015, 17:27:31

- Je ne vous dirais que la vérité, Docteur…
- Cela est bon, bon ! Jamais mentir, même lorsque ça te semblera nécessaire. Pas à moi. Le Docteur te dira à qui mentir, oh oui ! Elle sait mentir ?


Tête d'Oiseau n'avait pas omit l'information sur les yeux. Il l'avait simplement enregistrée et, n'ayant à rajouter là-dessus, ne s'y était pas attardé plus que de raison. Comme prise d'un léger tic nerveux qui lui était propre, sa tête masquée et béquée pencha sèchement sur le côté avant de revenir à une assiette plus ordinaire. Le maître-cocher n'eut qu'à donner un léger coup sur les rênes pour que l'étalon ne commence à avancer, tirant son équipage à travers les rues de Nexus qui regardaient filer l'étrange attelage. De toutes les bizarreries que comptait Terra, Le Docteur Pestilence n'était pas la plus étrange mais faisait tout de même son petit effet. Les gens étaient aussi curieux que prudents à son égard et évitaient généralement de s'adresser à lui directement, chose dont le phénomène drapé de déchirures semblait tout à fait s’accommoder. A la vérité, il préférait les choses ainsi. Un succès l'aurait mis en lumière et de tout ce qui pouvait arriver au Docteur, c'était selon lui la pire. Que les autres se disputent l'originalité et l'insanité, lui s'en moquait. Pour autant, il aurait eu la couverture à tirer tant il était singulier.
La carriole du Docteur prit de la vitesse quand elle arriva sur un axe moins étroit et moins peuplé qui menait vers la sortie de la cité dont l'équipée n'était pas très éloignée. Pour rien au monde -ou tout au moins pour peu de choses- le Docteur se serait enfoncé dans les boyaux de Nexus ou d'une autre cité équivalente : la foule et le brouhaha l'auraient rapidement incommodé. Aussi faisait-il ses emplettes dans les niveaux populaires de la ville, dans des quartiers où ne se massaient pas quantité de badauds. Rapidement entré et vite ressorti, aujourd'hui accompagné d'une nouvelle acquisition.
Un des corbeaux vint se poser sur la petite barre d'étain qui soulignait la bordure du chariot, claquant du bec avec insistance auprès de Zuë.


- Derrière toi, seau de viande. Donner morceau, donner ! L'oiseau tu te dois d'apprivoiser. Plus tard, tu comprendras. Plus tard !

Sentant ses tremblements, le Docteur ouvrit son large manteau et le fit voler sur les épaules de Züe pour l'en couvrir tout en lui disant, avec sa si curieuse diction, de se rapprocher de lui. Elle en profita pour enfin le questionner. Pas si étrange que cela qu'elle ne s'y fut pas résolue jusque là, considérant qu'elle connaissait nombre des règles tacites qui liaient un esclave à son maître et certains comportements chez ces derniers. Le voyage lui paraissait-il long ? Il le serait davantage si elle devait s'obstiner à se taire. Le Docteur décida pour l'heure de ne pas lui en tenir rigueur et se mit à lui répondre après un curieux bruit, probablement provoqué par un mouvement de langue dans sa gorge.

- Pas loin, pas loin ! Moins de trente minutes. Zuë, pressée ? Patience, patience ! Zuë, inquiète ? Je sens ça. Le Docteur va te donner les règles. Prête, prête ? Ecouter !

Il voulu dresser les doigts pour illustrer chaque numéro des règles à énoncer mais se ravisa en tournant la tête vers les yeux crevés. L'agaçement pointa cette fois de la même façon sèche que lorsque Basile avait voulu arracher les vêtements de l'esclave, mais il ne le tourna pas contre elle. Sa tête aux tics resta figée sur la route de campagne qu'avait docilement empruntée le cheval, mené d'une main distraite. Il connaissait la route, de toute façon, et se rendait chez le Docteur par un chemin pédestre agréable, qui remontait le long de petits bourgs disséminés tout autour de la périphérie directe de Nexus. Pendant ce temps, Tête de Corbeau commença son exposé.

- Jamais mentir. Zuë garder à l'esprit que Docteur Pestilence ne ment pas, lui. Non non non ! Jamais ! Jamais voler. Toujours obéïr. Je dis, tu  fais. Point, point, point ! Bien traiter les corbeaux. Jamais faire honte au Docteur.

Simple. Élémentaire. Le Docteur avait eu ses raisons de l'acquérir en dépit de son handicap et de son état de faiblesse et comptait sur la docilité qui lui avait sembler déceler chez elle. Nul doute qu'il en viendrait à la punir si elle le décevait. Et nul doute que les punitions du Docteur seraient parfaitement inédites. Zuë s'imaginait sûrement déjà les traitements potentiels que Tête de Corbeau pourrait lui infliger, mais il était presque sûr qu'elle faisait fausse route.
Car il était ardu d'imaginer ce qui se passait derrière le crâne capuché à la face masqué. Si elle venait à désobéir, et bien... Elle goûterait aux bons soins de ce Docteur des plus particuliers.


- Zuë aura de la liberté, le Docteur promet ! Je récompense, je récompense, je récompense bien ! Le Docteur dit de sucer, Zuë le fait même si elle doit finir écœurée. Le Docteur dit de sauter, Zuë demande la hauteur. En contrepartie, Zuë pourra demander au Docteur. Petit au début, plus gros plus tard, plus gros ! Clair, clair pour Zuë ?

Zuë Quinn

Humain(e)

Re : La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

Réponse 4 mardi 10 mars 2015, 18:16:25

" Cela est bon, bon ! Jamais mentir, même lorsque ça te semblera nécessaire. Pas à moi. Le Docteur te dira à qui mentir, oh oui ! Elle sait mentir ?"

Zuë hocha la tête. Mais resta silencieuse. Autant ne pas trop en rajouter et expliquer à quel point elle le savait. D’autant qu’auprès de son acquisiteur, elle se sentait plutôt mal à l’aise. Il n’avait pas l’air violent, du moins au premier abord. Mais elle sentait en lui quelque chose de dangereux. Comme si la limite n’existait pas chez lui et que son côté sombre était un des plus machiavéliques. Oui, la demoiselle restait sur ses gardes. Même si elle était assez excitée du fait de pouvoir converser avec quelqu’un. Comme échanger des sortes de banalités.
Elle comptait bien profiter de ce moment presque futile. Elle s’enroula dans le manteau qui se déposa sur ses épaules et sentit son corps se réchauffer peu à peu. Elle tourna ensuite la tête vers l’homme, comme pour tenter de discerner quelque chose d’autre. Tout le monde avait une sorte emprunte qu’elle pouvait distinguer plus ou moins. Chez lui, elle sentait qu’il était impressionnant et dangereux mais cela restait assez flou. En tout cas, hors de question qu’il lui fasse confiance. En plus elle le prenait pour un fou. Sa manière de parler était vraiment étrange et Zuë trouvait ça presque ridicule et inquiétant. Jouait-il à un jeu ? Tordu à ce point tout de même…

"Derrière toi, seau de viande. Donner morceau, donner ! L'oiseau tu te dois d'apprivoiser. Plus tard, tu comprendras. Plus tard !"

La jeune femme eut un air d’interrogation, hésita longuement puis huma l’air afin de déterminer l’endroit exact de ce seau de viande. Elle pivota et tandis la main, tâtonnant quelques secondes avant de sentir le récipient en question. Elle plongea la main à l’intérieur et en sortit ce qui semblait bien être de la viande. Elle la toucha un instant, perplexe. Il était tout de même étonnant de penser qu’un oiseau puisse aimer manger de la viande…
A peine s’était-elle dit cela qu’un bruissement d’aile se fit entendre et que la pièce de viande lui soit arrachée des mains, avant de s’éloigner. Zuë eu peur et cria, se protégeant le visage de ses bras. Ces satanés corbeaux étaient complètement timbrés ! Autant que leur maître visiblement…
Apprivoiser un oiseau, voilà autre chose… que voulait-il dire par là. Plus tard, plus tard. Il l’inquiétait un peu. Est-ce qu’il était sérieux au moins ? Il commençait à l’effrayer…

"   Ils sont… un peu effrayants vos amis à plume…"

Elle se dandina sur son siège, ses fesses commençaient à être un peu endolories. Elles n’avaient pas l’habitude d’une telle assise et de ce moyen de transport. Il lui indiqua 30 minutes de voyage ce qui ravit la jeune fille. Ils s’éloignaient de Nexus. Une nouvelle ère s’annonçait.

"Le Docteur va te donner les règles. Prête, prête ? Ecouter !"

Zuë tendis l’oreille, attentive.

"Jamais mentir. Zuë garder à l'esprit que Docteur Pestilence ne ment pas, lui. Non non non ! Jamais ! Jamais voler. Toujours obéïr. Je dis, tu  fais. Point, point, point ! Bien traiter les corbeaux. Jamais faire honte au Docteur."

Si Zuë avait encore ses yeux, elle les aurait écarquillés comme deux grosses billes. Ne pas mentir et ne pas voler. Bon ça elle aurait pu le deviner toute seule. Pigé. Mais qu’est-ce que c’était encore que ces histoires de corbeaux ? Que représentaient-ils pour lui exactement ? Des sortes de compagnon fidèles peut-être… Il devait vraiment y tenir pour que la jeune femme soit sommée d’être agréable envers des piafs… enfin bon.

"J’obéirais, docteur."

Elle se promit de lui poser plus de question sur les corbeaux. Devrait-elle vivre avec chaque jour que dieu fait ? Cela semblait difficile à accepter.

" Zuë aura de la liberté, le Docteur promet ! Je récompense, je récompense, je récompense bien ! Le Docteur dit de sucer, Zuë le fait même si elle doit finir écœurée. Le Docteur dit de sauter, Zuë demande la hauteur. En contrepartie, Zuë pourra demander au Docteur. Petit au début, plus gros plus tard, plus gros ! Clair, clair pour Zuë ?"

La jeune humaine écouta attentivement, sans broncher. Des ordres qu’elle connaissait. Le classique. Mais si un jour elle devait être punit, elle se demandait bien à quel point il pouvait se montrer persuasif. Pour autant, il lui était inconnu qu’on lui indique qu’elle pourrait avoir une sorte de liberté. C’était même complètement extravagant. Comme de dire à une souris qu’elle aurait le droit à tout le fromage qu’elle souhaite tant qu’elle ne titille pas le gros matou qui sommeil…

Zuë était éberluée. Elle se demanda s’il ne se fichait pas d’elle, tout simplement. Elle décida de le tester. Il fallait bien qu’elle sache exactement à qui elle avait affaire.

"Vous mentez."

Se contenta-t-elle de dire d’un ton cinglant.

"Je sais ce que c’est. On vous fait miroiter une certaine liberté même infime et on vous la fait bouffer par tous les trous. Un coup de queue bien placé voilà tout ce que l’on récolte. Et le loisir de crier si on  a de la chance… Alors n’essayer pas de m’endormir avec de faux espoirs… DOCTEUR."

Elle continua de garder son visage bien droit, comme si elle admirait le sentier qui défilait sous les roues de la carriole.

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Re : La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

Réponse 5 mardi 10 mars 2015, 20:21:24

Le Docteur ne riait pas. Jamais. Impossible de dire si il ne trouvait jamais l'occasion ou si il n'en était simplement pas capable mais le fait était que cet hurluberlu fantasque ne se fendait jamais d'un rictus. Et, si il souriait seulement, le masque aviaire le cachait tout le temps. Quand Zuë entama sa petite rebellion orale, Tête de Corbeau ne partit pas dans un grand éclat de rire qui devait se conclure sur une baffe magistrale, non. Sa tête se contenta de s'agiter un peu plus nerveusement, ce qui fit réagir les corbeaux qui coâssèrent violemment au-dessus de leurs têtes. Tenant les rênes d'une main, le Docteur caressa l'une des seringues qui se balançaient à sa ceinture avant de se raviser. Opter pour une autre voie que celle qu'il hésitait à arpenter à cet instant lui paru de bien meilleur aloi et il récupéra le cuir qui tirait sur le mors de l'étalon, préférant marquer sa désapprobation par un claquement de langue tout à fait menaçant que le bec du masque rendit un peu plus sinistre encore. Si l'homme n'avait pas emprunté la voie de la punition, c'est parce que Zuë avait eu à cette minute une chose pour elle : elle n'avait menti. Au contraire, d'ailleurs.

- Que t'as dis le Docteur ? Le Docteur ne mens jamais, jamais, jamais ! Perte de temps, le mensonge. Oh oui, perte ! Le temps flétrit les corps et ronge la chair. Le Docteur n'aime pas perdre le temps, oh non !

Le soir tombait et l'attelage continuait à évoluer le long des routes du royaume, l'assombrissement de la nuit annoncée donnant à la carriole un étrange cachet fantasque et inquiétant. Drôle d'attelage qui passait là, dépassant paysans et voyageurs ! Devant eux, un petit bois s'annonçait en dressant au loin les premiers troncs serrés, aux branchages dénudés par cet automne frais. Avec une bonne vue, on aurait vu danser au fond du bois les lueurs du village qui se trouvait au-delà, prouvant que la forêt était très modeste et bien peu profonde. Le cheval y fonça pourtant, Le Docteur continuant de parler.

- Je suis le maître et Zuë l'esclave. Pas besoin de mentir pour prendre une esclave, pas besoin de mentir ! L'esclave est obligée et sera forcée. Telle est la réalité de la condition de Zuë, oui ? Pourquoi-oi-oi devrait mentir le Docteur, alors, alors ? Le Docteur récompense, oui. Petit au départ et gros ensuite, j'ai dis. Zuë n'a qu'à essayer de demander, plutôt que de rebeller. Rebellion, perte de temps, perte de temps !

Voilà qu'ils se trouvaient dans les bois, à présent. L'allure avait été un peu réduite pour que l'attelage puisse évoluer sans danger sur le chemin tracé par d'innombrables allées et venues. Tout autour, la nature s'endormait et quelques animaux effrayés par le tapage des sabots et des grincements de la carriole fuyaient à travers les bosquets disséminés ça et là. Les corbeaux de Tête de Piaf avaient, eux, pris de l'altitude.

- Le Docteur n'a pas dit que Zuë sera libre, non non non ! Il a dit qu'elle aurait de la liberté, pas pareil, pas pareil ! Une laisse, Zuë en aura une. Pour sûr, pour sûr ! La queue bien placée aussi, pour sûr ! Mais la vie de Zuë pas la pire. Non non non, pas la pire ! Zuë le comprendra si elle n'est pas trop bête. Sinon, Zuë regrettera. Le Docteur promet, oui !

Le hameau qu'ils traversèrent se trouvait niché au creux des bois. Simple et tranquille, c'était visiblement un endroit sans histoire. Ici, personne ne s'étonna de voir passer la voiture du Docteur Pestilence et certains même le saluèrent, bien que la plupart préférèrent rentrer dans leurs chaumières. Le village fut très tôt dépassé -il ne devait pas compter plus d'une dizaine de maisons paysannes- et la carriole continua sa course vers les collines que l'on aperçevait en fond. En avançant au fil de la cavalcade de l'étalon noir, on découvrait un manoir ancien et mal entretenu qui se terrait dans une petite vallée à l'écart, qui dans la nuit tombante n'en semblait plus que sinistre. Le cheval s'engagea dans l'allée principale en dépassant des barrières aussi tordues que rouillées et depuis longtemps inutiles, ne s'arrêtant qu'à côté d'une aile de la demeure qui semblait constituer son box. Le Docteur descendit et aida sa nouvelle esclave à faire de même, la gardant sous son manteau pour qu'elle ne souffre pas du froid de plus en plus mordant.

- Plus tard, tu t'occuperas de Scalpel. Quand tu connaîtras la maison du Docteur, mieux, mieux ! Ce soir, le Docteur s'occupera. Maintenant, viens.

Le Docteur Pestilence ouvrit l'une des portes du manoir, qui exhalant une forte odeur de renfermé et de pourriture. Cela sentait également la chimie par de très nombreux produits qui flottaient dans l'air, se mêlant à une curieuse senteur de vieux. L'endroit, pour autant, n'était pas sale. Mal entretenu c'était certain, mais si Zuë avait put, elle aurait vu un habitat bien ordonné même si la poussière régnait ici en maîtresse. Quelques restes de guanos se trouvaient éparpillés sur quelques meubles, preuve que les fidèles volatiles du maître avaient aussi leurs habitudes à l'intérieur. Le vestibule dépassé et le manteau rapiécé du Docteur déposé, les deux acolytes passèrent à ce que Tête de Corbeau désigna comme étant la pièce de vie principale du manoir : une grande salle à manger qui abritait une longue table de bois et une dizaine de chaises, ainsi que plus loin de moelleux fauteuils qui dormaient devant une cheminée. Du côté opposé on accédait à la cuisine, là où le Docteur entraîna Zuë.

- Légumes, viande, pain, céréales. Il inventoria en s'assurant de marquer les déplacements afin que l'aveugle puisse se retrouver, même sommairement. Zuë peut se servir, doit se servir. Oui, oui ! Manger lui fera du bien. Trop maigre, trop trop trop. Manger !

Et il tourna les talons, la laissant seule dans la pièce pour disparaître dans une autre, vraisemblablement pour aller s'occuper de Scalpel, le cheval noir que l'on entendait un peu au loin.

Zuë Quinn

Humain(e)

Re : La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

Réponse 6 mardi 10 mars 2015, 21:06:04

Elle s’attendait vraiment à recevoir la raclée de sa vie. Elle attendait que la baffe pleuve sur son visage, la faisant valdinguer par-dessus bord et tomber dans la poussière, se brisant une ou deux côtes. Mais ce ne fut pas le cas. Un silence tout d’abord. Zuë entendit un claquement inquiétant et l’homme bouger mais rien ne se passa.
Il se contenta de la réprimander, lui rappelant ce qu’il attendait d’elle et ce à quoi elle devait s’attendre elle-même. Elle était prévenue.
La température prise, Zuë compris qu’il pouvait être patient mais qu’il ne fallait pas non plus pousser le bouchon et se foutre de lui. Autrement dit, il fallait marcher sur des œufs. Ne pas jouer les guerrières.

Elle laissa le silence s’installer entre eux, tandis qu’ils continuaient d’avancer. La jeune femme profita de toutes les bonnes odeurs environnantes, celles de la nature. Les arbres, les animaux, les cheminées au loin, l’herbe et le sol qu’elle aimerait tant fouler.
Souvent, elle se sentait bien triste de ne pouvoir observer la beauté du monde qui l’entourait. Il était certainement magnifique. En tout cas ses odeurs l’étaient. Délicieux.
Quelques minutes plus tard, la carriole ralentit puis marcha l’arrêt. La jeune femme frissonna. Elle sentait qu’elle devait se trouver près de bâtiments imposants, chargés d’histoires et qui n’inspiraient pas forcément très chaleureux.
Elle descendit à la suite de son nouveau maître, ses sens toujours en éveil. Elle se permit de caresser les flancs de l’animal qui les avait guidés jusqu’ici.

« Plus tard, tu t'occuperas de Scalpel. Quand tu connaîtras la maison du Docteur, mieux, mieux ! Ce soir, le Docteur s'occupera. Maintenant, viens. »

Scalpel… drôle de nom pour un cheval. Elle entendit les corbeaux suivre leur sillage tandis qu’ils se rapprochaient de la maison. Lorsqu’elle franchit le seuil, Zuë se sentit toute drôle. A la fois mal à l’aise et plutôt agréablement surprise. D’étranges odeurs flottaient, certaines plus dérangeantes que d’autres. Mais en soit la bâtisse avait l’air plutôt bien tenue quoiqu’un peu vieillotte. La jeune femme sentait un air de Grandeur. Le bâtiment devait être spacieux.
Elle suivit le Docteur dans une cuisine. Elle sentit immédiatement les odeurs de nourriture qui s’en échappaient. Elle avait déjà l’eau à la bouche. Elle resta attentive aux mots de son maître qui semblait lui indiquer de se servir à manger. Zuë tenta d’enregistrer du mieux possible la disposition de la pièce et ses instruments.

« Zuë peut se servir, doit se servir. Oui, oui ! Manger lui fera du bien. Trop maigre, trop trop trop. Manger ! »

La jeune femme l’entendit ensuite s’éloigner, la laissant seule. Elle resta un instant debout au milieu de la pièce, sans trop savoir si elle devait vraiment manger ou pas. Elle passa ensuite ses mains sur son corps afin d’auto évaluer ce qu’il voulait dire par « trop maigre ». Elle n’eut pas le choix que d’être d’accord avec lui. Chacune de ses cotes étaient bien dessinées.

Elle s’avança et attrapa ce qui sembla être un morceau de pain quelle fourra dans sa bouche et avala quasiment sans mâcher. Elle trouva ensuite la boîte de céréale, fourra sa main à l’intérieure et balança la tête en arrière afin de laisser les biscuits dans sa gorge. Cette fois-ci elle mâcha.
Après avoir mangé toutes ces cochonneries, elle eut soif. Elle tâtonna pendant quelques minutes et tomba sur ce qui semblait être une carafe. Mais elle avait une odeur de vin et Zuë ne buvait pas d’alcool. Elle finit par trouver de l’eau et du boire un demi-litre sans reprendre sa respiration.

Lorsque son ventre fut plein, elle se retrouva un peu démunie. Elle ne savait pas vraiment où aller maintenant. Elle allait appeler lorsqu’elle entendit un croassement au-dessus de sa tête. Un des corbeaux devait probablement la surveiller. Elle se retourna et attrapa un morceau de viande qu’elle tendit vers le plafond.

« Viens mon grand, viens manger la vian-viande. »

Sans se faire prier, le volatile attrapa le morceau avec ses griffes et commença à arracher des lambeaux de chair.

« Brave bête… Tu ne saurais pas où je pourrais… faire pipi ? Par hasard… Oh grand dieu, je parle à un oiseau maintenant… me voilà folle… »

Pourtant, elle entendit le volatile croasser de nouveau comme pour lui répondre, puis s’envoler dans une direction. Zuë sourit. C’était bien pratique en fait ces corbeaux. Avec le bruit de leurs ailes elle pouvait facilement connaître les chemins à prendre. Elle suivit donc l’oiseau, tendant l’oreille. Celui-ci lui fit traverser un couloir puis finit par se poser quelque part. Zuë avança et put sentir un obstacle devant elle. Une porte. Elle la poussa, entra à l’intérieure et ferma derrière elle.
Les odeurs parvinrent à ses narines très rapidement. Du bois, des livres, mais surtout des odeurs chimiques très fortes. Une sorte de… laboratoire ? Un entrepôt ? Un bureau ?

Elle continua d’avancer doucement, se dirigeant vers un très léger souffle d’air. Surement une fenêtre. Mais elle buta contre quelque chose et perdit l’équilibre. Elle jeta ses bras en avant, tentant d’agripper quelque chose pour se retenir mais un grand fracas se fit entendre. Des éclats de verres et de lourds objets se renversèrent tandis qu’un liquide étrange se rependait sur tout le corps de la jeune esclave.

« Oh noooon… oh mon dieu ! Il faut que je sorte d’ici… »

Le Conteur

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Re : La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

Réponse 7 mercredi 11 mars 2015, 09:22:18

Le corbeau était perché sur le haut d'une armoire et coâssait joyeusement devant les malheurs de Zuë, agitant les ailes et claquant du bec. Bien sûr, qu'il avait mené l'esclave dans ce piège ! Eduqué par le Docteur Pestilence, son animal de compagnie était une bestiole perverse qui s'amusait beaucoup du malheur des autres. Si son petit tour n'aurait pu fonctionner avec une personne valide, l'infliger à Zuë avait été particulièrement facile - et jouissif à sa façon. Le volatile d'un noir profond profitait d'une redoutable intelligence, qui l'avait amené à conduire l'aveugle dans l'un des laboratoires du Docteur. Là, elle avait buté contre des tubes à essais et des alambics de verre qui se trouvaient sur une longue et large table, mais ce qu'elle avait fait tomber était un peu plus critique : des bocaux emplis d'un liquide verdâtre qui maintenant la cohérence de vieux animaux arrachés au ventre de leur génitrice alors qu'ils étaient encore en gestation. Le formol s'était répandu sur le sol et sur Zuë après la casse, sa très puissante odeur caractéristique empuantissant violemment l'air de relents âcres et puissants qui évoquaient certains acides. Seuls des nez excercés pouvaient faire la différence entre les deux, mais cela ne comptait plus dans le laboratoire ainsi embaumé.

La porte s'ouvrit à la volée, son encadrement laissant paraître le Docteur. Son arrivée fit taire d'un coup le corbeau, tandis que Tête de Piaf secouait sèchement la tête à sa curieuse manière pour contempler l'étendue des dégâts. Son claquement de langue devint presque compulsif avant qu'il ne se décide à bouger et à se rendre vers Zuë pour l'attraper d'une main très vigoureuse avant de la saisir de façon à la porter. Sous ses pieds cassaient les éclats de métal qui restaient des bocaux et la vision de ses précieux bébés animaux morts et formolés qui à présent gisaient mollement à terre fit naître en lui une terrible colère qu'il n'exprima pas clairement. Son claquement revint, toujours compulsif. Il tourna les talons et fit voler son manteau derrière lui en quittant la pièce, se dirigeant vers un escalier qu'il emprunta tout en tenant son esclave à bras le corps. Son bec caressait les seins fermes de Zuë sans que cela fut volontaire. Le Docteur monta d'un étage, tourna à droite et avança d'un pas lourd avant d'ouvrir une nouvelle porte qui laissa filer, par dessus l'odeur habituellement poussièreuse, d'anciens reliquats de parfums et de savon. Tête de Piaf déposa enfin Zuë contre le froid de l'émail d'une baignoire avant d'en ouvrir les robinets, qui protestèrent en grinçant.
Tout le long du chemin avait suivi le corbeau et ce fut à lui que le Docteur s'en prit, bien que cela pouvait ne pas paraître évident au premier abord.


- Imbécile, tu es ! Tu dois rester à ta place, tu dois, tu dois ! N'outrepasse jamais les ordres du Docteur, jamais ! Tu seras puni, oh oui ! Du grain pendant une semaine, du grain !

Le volatile noir tenta bien de protester, mais le Docteur le chassa. Il fila par la porte ouverte, laissant le maître avec l'esclave.

- Produit, formol ! Pas de danger pour Zuë, non non ! Apprendre les pièces par coeur il te faudra, et vite, vite ! Le Docteur pardonne ta maladresse pour cette fois. Mauvais tour de Tumeur, mauvais ! Zuë se frotter et se laver, maintenant. Le Docteur va rester. Allez !

Ce n'était pas par vice qu'il avait choisi de l'accompagner dans la salle de bains, bien qu'il aurait put se délecter de la voir se baigner ou qu'il aurait put choisir de la monter là, dans la baignoire. Cela finirait bientôt par venir, c'était une chose absolument certaine, mais au moins le Docteur prenait son temps. Sur le bord de la baignoire il déposa de nombreux produits -sels parfumés, divers huiles, des savons aux senteurs passées depuis longtemps mais qui pointaient toujours un peu vaillamment- et il resta finalement debout au centre de la pièce, à observer Zuë.

- Yeux morts utiles pour le Docteur, mais pas pratique, non, non ! Je vais m'adapter, oui ! Zuë n'aura pas le droit d'aller dans des pièces que le Docteur ne lui a pas montrées avant, oui ? Interdit ! Mieux pour Zuë. Zuë devra apprendre à se répérer, vite ! Si Zuë a besoin, toujours demander jusqu'à ce qu'elle connaisse, oui ?

Il porta ses mains gantées de noir à son manteau et commença à l'ouvrir pour s'en délester, révélant une tenue ordinaire si ce n'était sa couleur -noire, forcément. Il abaissa sa capuche et révéla que le masque englobait l'ensemble de sa tête, ne laissant passer qu'une longue chevelure couleur corbeau. Jetant le manteau dans un coin, le Docteur sembla se mettre à l'aise -ce qui restait somme toutes assez relatif.

- Si Zuë a envie de coucher maintenant, Le Docteur la prendra. Sinon, attendre le lit, oui, oui ! Docteur pas pressé.

Zuë Quinn

Humain(e)

Re : La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

Réponse 8 mercredi 11 mars 2015, 16:06:20

Zuë était persuadée qu’elle allait prendre la raclée da sa vie. Mais il n’en fut rien. Lorsque le docteur entra dans la pièce et la releva non sans manque de délicatesse, la jeune esclave tenta de s’échapper de ses serres en agitant ses bras et ses jambes. Comme une forcenée. Mais son maître avait une poigne de fer. Inutile de se fatiguer. Elle entendit ces fameux claquements de bec étranges à plusieurs reprises. Elle avait remarqué que c’était un signe d’agacement chez lui. Elle ne pouvait pas voir l’expression de son visage, mais ce signe auditif était tout aussi clair pour la petite aveugle.

Elle se sentit trimbaler hors de la pièce et cessa de gigoter. Pendant le trajet elle tenta d’analyser le chemin. C’est vrai que si elle devait rester ici un long moment, autant connaitre la disposition des pièces. Au moins il était clair que ce n’est plus ce chemin là qu’elle emprunterait. Ce n’était visiblement pas un lieu pour elle.
Le liquide qui s’était déversé sur son corps rendait sa peau huileuse et malodorante. Elle se demanda ce que pouvait bien contenir ces bocaux. Quoi qu’il en soit ils étaient fichus. Et l’homme l’emmenait surement dans un endroit clos sans aucune lumière où la punir pour son faux pas.
Elle pouvait sentir les murs autour d’eux, le volatile voler au-dessus de leur tête ainsi que les pas de son maître retentir sur les marches d’un escalier qu’ils gravirent. Il la menait à l’étage. Les odeurs n’étaient pas beaucoup plus différentes. Le renfermé et la poussière : le vieux. Son maître était-il très âgé ? Il ne lui semblait pas tant que, ça vu la poigne et l’énergie qu’il détenait en la portant ainsi.

Mais le plus dérangeant pour elle s’était de sentir sur sa peau et sa poitrine, un genre de métal froid. Elle pouvait deviner que c’était le genre de masque qui voilait la face de l’homme et lui donnant cette voix si singulière. Un masque de fer en forme de pointe… de bec ? Elle fit le lien avec ces corbeaux qui l’accompagnait. C’était donc cela. Un masque de fer en forme de bec d’oiseau. Y avait-il un visage humain caché derrière celui-ci ?
Ils entrèrent, sur la droite, dans une pièce qui sentait bien meilleure, et plus humide. Une salle de bain ? Elle allait avoir le droit à une toilette donc. Ou bien elle allait être noyée dans un fond de bassine ou une baignoire… Son cœur s’accélérât à cette idée.

Elle fut pourtant déposée dans ce qui était certainement une baignoire en effet. La jeune femme frissonna au contact de l’émail froid et sursauta lorsqu’elle entendit le bruit de la tuyauterie et sentit l’eau couler. Un bain ? Elle allait prendre un bain ?
Les claquements de son maître retentirent de nouveau avant qu’il ne se décide à parler. Il semblait vraiment mécontent. Pourtant la jeune femme fut presque certaine qu’il ne s’adressait pas à elle. A qui donc parlait-il ? La réponse fut plus claire lorsqu’il parla de grain et entendit le fameux corbeau qui les avait suivis croasser de nouveau avant de quitter la pièce dans un battement d’aile furieux.
La jeune esclave resta sans bouger. L’eau commençait à monter et à recouvrir ses cuisses. Elle pouvait sentir un drôle de parfum ainsi que le savon. Rien que cette odeur la détendit. Cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas fait une véritable toilette et s’était savonnée. En général on lui laissait juste une bassine remplit d’eau froide et un torchon pour se rafraichir et garder un minimum d’hygiène.

« Produit, formol ! Pas de danger pour Zuë, non non ! Apprendre les pièces par cœur il te faudra, et vite, vite ! Le Docteur pardonne ta maladresse pour cette fois. Mauvais tour de Tumeur, mauvais ! Zuë se frotter et se laver, maintenant. Le Docteur va rester. Allez ! »

Cette fois, c’était bien à elle qu’il parlait. La jeune femme redressa donc la tête qu’elle tourna vers son maître. Du formol… elle n’avait absolument aucune idée de ce que ça pouvait être. Mais elle s’en fichait. L’important c’est que ce  ne soit pas dangereux pour elle. Mais ça sentait vraiment très mauvais. Zuë en avait eu des hauts le cœur. La suite était moins claire. Tumeur… l’oiseau ? Décidément il donnait de bien étranges sobriquets à ses amis animaux… Et visiblement ces derniers étaient assez taquins. On lui avait fait une sale blague. Suffisait maintenant de se méfier. Il lui ordonna de se laver et la prévint qu’il comptait rester.
Zuë tandis les bras et attrapa un objet de taille ovale qui sentait bon la lavande. Du savon. L’eau atteignait maintenant presque sa poitrine. Elle pivota et stoppa le robinet. Sous les yeux de son maître, elle entreprit de passer la savonnette sur ses épaules et ses bras.

« Yeux morts utiles pour le Docteur, mais pas pratique, non, non ! Je vais m'adapter, oui ! Zuë n'aura pas le droit d'aller dans des pièces que le Docteur ne lui a pas montrées avant, oui ? Interdit ! Mieux pour Zuë. Zuë devra apprendre à se repérer, vite ! Si Zuë a besoin, toujours demander jusqu'à ce qu'elle connaisse, oui ? »

« Oui maître. Zuë a compris. Et si vos oiseaux promettent d’éviter ce genre de blague à l’avenir, je promets d’être plus attentive. »

Répondit-elle d’un air évasif en continuant sa toilette minutieusement. Que voulait-il dire par utiles ? En quoi ses yeux morts l’intéressaient-ils ? Elle termina de passer la savonnette entre ses cuisses et le long de ses jambes en tentant de réfléchir à la question. Question qu’elle lui posera bien le jour venu. Elle l’entendit ôter son vêtement. Enlèverait-il son masque à un moment donné ?

« Si Zuë a envie de coucher maintenant, Le Docteur la prendra. Sinon, attendre le lit, oui, oui ! Docteur pas pressé. »

Zuë stoppa sa toilette. Avait-elle bien entendu ? Elle posa la savonnette sur le rebord de la baignoire et garda le visage droit, sans répondre. Elle haussa alors les épaules pour ensuite se laisser tomber en arrière et immerger doucement ses cheveux en faisant bien attention de ne pas mouiller le bandeau qu’elle portait sur les yeux. Elle lava minutieusement sa chevelure puis se redressa en position assise avant de se mettre debout dans la baignoire. Elle fit face à son maître, l’eau savonneuse dégoulinant lentement sur son corps trop maigre mais néanmoins harmonieux.

« Pourquoi avez-vous besoin de mes yeux vides, maître ? Est-ce que c’est cela qui vous a donné envie de m’acquérir ? Pourquoi ? »

Elle avait bien entendue et comprise ce que venait de lui dire son maître mais fit mine du contraire. Elle se disait que de toute manière, il fallait bien y passer. Que ce soit maintenant ou plus tard n’avait aucune importance. Elle espérait seulement qu’il ne soit pas trop… violent. Peut-être avait-il des envies bien particulières ? Ôterait-il son masque effrayant pour cela ?
En attendant il avait bien spécifié qu’elle pouvait poser des questions. Alors autant en profiter pour éclaircir un peu la situation. Elle s’en autorisa une dernière avant de le laisser répondre.

« Vivez-vous seul ici ? »

Le Conteur

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Re : La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

Réponse 9 jeudi 12 mars 2015, 09:39:44

- Voir entraîne la peur, oui, oui ! La peur change la chimie du corps est cela est mauvais, je dis ! Si Zuë ne peut pas voir ce que lui fait le Docteur, elle n'aura pas peur, non ! Zuë comprendra quand le Docteur commencera. Peut-être.

Qu'elle ne semble pas vouloir réagir à l'évocation des envies masculines ne sembla pas déranger le Docteur. Comme il l'avait déjà dit, l'esclave était tenu d'obéïr de lui même ou il y finirait forcé. De là, pourquoi s’époumoner à se répéter et à demander son avis à la jeune aveugle ? Tout comme elle, Tête de Piaf laissa le sujet de côté, se disant qu'il n'y reviendrait finalement que quand l'heure serait venue de passer à l'action. En attendant, Zuë osait enfin le questionner et le Docteur s'en félicita. Sa tête s'agita de satisfaction -bien que l'esclave ne put le voir, les tics de son maître servaient à décrypter son état d'esprit et ses mouvements lents évoquaient incontestablement le contentement ou tout au moins la tranquillité- et il avanca vers elle, saisissant sur le bord du lavabo qui se trouvait là une grosse éponge de lavage qu'il gorgea d'eau. Méticuleusement, l'être commença à la passer sur le corps malingre mais agréable de son acquisition, entreprenant ainsi de la rincer. Ses gestes étaient délicats, presque respectueux et ce même lorsqu'il en vint à passer sur ses seins, ses fesses ou le delta de son sexe. Le bec de son masque frôlait parfois le corps de sa compagne forcée, surtout quand il se penchait pour imbiber l'éponge.

- Vivez-vous seul ici ?
- Pas seul, pas seul ! Tumeur est là, Gangrène aussi ! Scalpel n'est pas loin du Docteur non plus, non ! J'aime mes animaux, oui, oui ! Zuë devra les aimer aussi. N'étant assurément pas assez stupide pour ne pas comprendre le vrai sens de la question, il continua après un mouvement de langue qui évoqua le caquètement. Parfois, des esclaves. Partis, partis, partis ! Pris la liberté donnée par le Docteur et terminé. Ingra-a-a-a-a-ats ! Morts maintenant, oui.

Ayant observé le comportement de Zuë jusque là, le Docteur prit un soin particulier à ne pas mouiller son bandeau, comme elle avait évité soigneusement de le faire. Il ne nettoya donc que le bas de son visage, avec qu'un claquement de satisfaction ne vienne fuser dans l'air. L'esclave était propre et lui assez content de cet état de fait. Tête de corbeau couvrit la jeune femme d'une serviette grande et rêche avant de l'aider à sortir de la baignoire, la tenant par le poignet pour qu'elle le suive hors de la salle de bains. D'un pas volontairement long, le Docteur suivit un couloir et lui fit compter les portes jusqu'à la troisième après celle de la salle de bain. C'est là qu'il s'arrêta.

- Ici, chambre du Docteur et de Zuë. Deux lits, oui ! Zuë avec le Docteur pour se donner. Dormir dans l'autre lit après ! Ou avec le Docteur si elle veut, oui, oui ! Zuë peut choisir, le Docteur s'en moque. Zuë peut aller et venir dans la chambre comme elle veut, oui, oui ! Fouiller, jamais. Jamais, non non !

Des pièces traversées par l'esclave, la chambre était à la fois la plus glauque et pourtant la plus propre. La poussière n'avait pas de prise dans ce nid douillet aux murs ornés de chaudes tapisseries aux motifs étranges et malsain, qui encadraient un immense lit à la baldaquin tendu de toiles d'un mauve si foncé qu'il en paraissait facilement noir. Quatre personnes pouvaient s'étaler dans la couche moelleuse, cernée de deux tables de chevets bardées de livres empilés ou ouverts. Le Docteur fit en sorte que Zuë découvre l'agencement de ces meubles comme des autres, de la petite table basse sur laquelle ne se trouvait qu'un vase de roses séchées et un nouveau bocal de formol assurément décoratif, le foetus à l'intérieur ayant quelque chose de normal dans cette pièce à l'atmosphère si singulière. Le lit destiné à Zuë se trouvait juste derrière. Un lit d'une place au confort indéniable que le Docteur lui fit tâter, avant de lui montrer une armoire, petite et en retrait.

- Ici, vêtements de femmes, oui, oui ! Zuë peut se servir à sa guise. Vieux vêtements, pas très jolis. Mais du choix, du choix ! Autre armoire celle du Docteur. Ne jamais toucher, oui ?

Sur le plus large des murs étaient exposés de très nombreux masques, tous différents mais avec la même particularités : ils évoquaient la tête d'oiseau qui semblait si chère au Docteur. Celui çi abandonna l'esclave pour aller fouiller dans le beau bureau de bois vernis qu'il restait à présenter dans l'antre, n'en retirant qu'une seringue avec laquelle il revint vers Zuë. Quand il saisit son poignet pour lui faire tendre le bras et lui piqua l'intérieur du coude afin d'y verser le liquide par l'aiguille, l'étrange personnage expliqua.

- Ça, maladie ! Infection mortelle. Bubons et atroces douleurs, oh oui, oui ! Si Zuë ne s'enfuit pas, rien à craindre ! Le Docteur toujours donner le vaccin avant les premiers symptômes, toujours ! Zuë, se rappeler ? Utile au Docteur, oui, oui ! Je ne veux pas que tu souffres, non, non !

Une version complètement barrée du collier et de la laisse, en somme. Il reposa la seringue et proposa à Zuë de prendre ses marques, pendant que lui la laissa. Quelques minutes plus tard, l'aveugle put entendre jouer les canalisations du manoir, qui aidèrent à faire couler la douche sous laquelle le singulier maladiste se réfugia.

Zuë Quinn

Humain(e)

Re : La vie coule comme de l'eau entre nos doigts [PV]

Réponse 10 jeudi 12 mars 2015, 13:26:05

Son nouveau maître entreprit de la rincer à l’aide d’une éponge. La jeune esclave ne put s’empêcher de tendre ses muscles. A chaque fois qu’on la touchait c’était ainsi. Elle avait bien trop souffert des coups et des sales blagues de ses anciens propriétaires. Elle était devenue bien plus attentive à leurs gestes. Et elle devrait apprendre ceux du Docteur également. Ce la viendrait avec le temps. Pourtant il ne semblait pas dégager une colère ou une violence particulière à cet instant. Ni une sorte d’excitation morbide qu’elle pouvait ressentir lorsqu’elle était sur le point d’être violée. Visiblement, il se contentait de rester méticuleux dans chacun de ses gestes, nettoyant son corps avec soin. Zuë se laissa faire sans bouger.
Il lui avait alors expliqué pourquoi ses yeux l’intéressaient. Une histoire de peur que la jeune esclave ne comprit pas trop sur le moment.

«  Si Zuë ne peut pas voir ce que lui fait le Docteur, elle n'aura pas peur, non ! »

La jeune femme n’était pas vraiment de cet avis. Certes, elle ne voyait rien mais, lors d’acte pareil, ce n’était pas forcément un avantage. Du moins pour elle. L’acte sexuel était trop complexe pour qu’elle puisse deviner ce qui se tramait dans la cervelle des hommes ou des femmes qui profitaient d’elle. Ils réagissaient à des impulsions parfois animales qu’elle ne pouvait anticiper… des impulsions parfois très violentes d’ailleurs…

La réponse à sa seconde question, Zuë l’écouta attentivement. En dehors de ses oiseaux et de son cheval, le Docteur vivait seul ici. La suite l’intrigua bien plus. Elle n’était pas sa première esclave. Ce n’était pas étonnant en soit mais, ce qu’il l’était, c’était qu’il tienne à lui faire savoir que de trahison, ces esclaves étaient morts après avoir obtenue la liberté. Est-ce que son maître s’étonnait qu’un esclave, même plus ou moins bien traité, ne fuie à la première occasion ?
Lorsque sa toilette fut terminée, Zuë se laissa entourée de la serviette qui lui fut proposée. Elle sortit de la baignoire et quitta la pièce avec l’aide de son maître. Elle commençait à se sentir moins mal à l’aise dans cet environnement. Pour le moment, cet homme ne lui faisait aucun mal et prenait soin d’elle, comme à une personne que l’on apprécie. Mais n’y avait-il pas du sadisme derrière tout ça. Peut-être endormait-il ses futures victimes ainsi… Zuë avait déjà vu ça…

La petite esclave fut très attentive aux indications de son maître et à l’organisation des pièces. 1.2.3. Il ouvrit la troisième et entra, Zuë à sa suite. La pièce devait être assez grande. Une odeur de lessive propre planait, ce qui rendait la pièce un peu plus respirable que les autres. Mais sans savoir pourquoi, Zuë eut du mal à se sentir à l’aise. Surement à cause de ce que pouvait représenter une chambre à ses yeux…

« Ici, chambre du Docteur et de Zuë. Deux lits, oui ! Zuë avec le Docteur pour se donner. Dormir dans l'autre lit après ! Ou avec le Docteur si elle veut, oui, oui ! Zuë peut choisir, le Docteur s'en moque. Zuë peut aller et venir dans la chambre comme elle veut, oui, oui ! Fouiller, jamais. Jamais, non non ! »

La jeune femme hocha la tête, signe qu’elle avait compris. Ce qui la troubla ne fut pas d’entendre qu’elle devrait se donner, ça elle l’avait bien compris. C’était son devoir d’esclave après tout. Ce ne fut pas le fait non plus qu’on lui offre un lit. Certains maîtres aimaient faire illusion d’un certain confort auprès de leurs esclaves, comme on peut en donner à un animal avant de le mener à l’abattoir. Non ce n’était rien de cela. Mais seulement le fait qu’on lui laisse le choix. Cela lui était encore inconnu jusqu’ici. Sous condition de ne pas fouiller et reverser n’importe quoi. Dommage pour Zuë qui était de nature plutôt curieuse…

Elle fut attentive à toucher tout le mobilier autour d’elle que lui présenta le Docteur. Elle devait prendre ses marques et cela était apparemment très important pour son nouveau maître. Il lui indique ensuite une armoire où étaient mis quelques vêtements à sa disposition. Encore une nouveauté. Elle était l’impression d’être choyée, comme si elle était une simple invitée. Mais elle ne l’était pas. Elle nota bien l’interdiction d’ouvrir la seconde armoire. Elle se demanda bien pourquoi. N’avait-il pas l’intention de lui faire faire sa lessive ? Dans ce cas comment pourrait-elle ne pas avoir accès à ses vêtements ? Une autre question à poser peut être… Mais il ne tarderait pas à lui faire savoir ce qu’il attendait exactement d’elle dans cette maison. Peut-être simplement occuper ses nuits…

Elle le sentit ensuite s’éloigner à l’autre bout de la pièce. Il prit quelque chose et se dirigea de nouveau vers elle. Il attrapa son bras qu’il tendit et Zuë sentit une aiguille s’enfoncer dans son bras. Elle laissa échapper un sifflement, l’aiguille n’était pas bien fine. Lorsqu’il eut terminé, elle replia son bras contre elle et se massa l’intérieure du coude. L'explication de Docteur ne tarda pas...

Quoi ? Il venait de lui injecter une sorte de virus potentiellement mortel ?! Il était complètement fou. Zuë détestait les piqures et frémit à l’idée qu’elle devrait en subir quotidiennement afin de ne pas souffrir de cette fameuse maladie. C’était malin. Surement un moyen pour lui de s’assurer qu’elle ne s’échapperait pas, tout en lui laissant la possibilité d’une certaine liberté dans ces lieux…
Elle était sur le point de lui demander s’il était bien sûr de lui, s’il n’y avait pas de risque qu’elle en meurt dans les prochaines minutes, mais le Docteur quitta la pièce.  Quelques minutes plus tard, elle entendit l’eau couler dans la salle de bain.

Retrouvée seule dans la grande chambre elle se rapprocha du grand lit à baldaquin de son maître et passa la main sur les draps. Ils n’étaient pas tous neufs mais propres et parfaitement tirés, bordant le lit avec une certaine méticulosité. Zuë se demanda s’il l’avait fait lui-même ou bien si s’était l’œuvre de son ancienne esclave. Qu’avaient-ils puent subir dans cette pièce avant elle ?
Zuë se rendit ensuite vers sa petite armoire. Elle était encore simplement enveloppée dans une serviette de bain et il ne lui avait pas interdit de se rhabiller. Elle ouvrit la porte et une odeur d’humidité mélangée à celle, plus douce, d’un produit nettoyant s’en échappa. Elle balaya les tissus d’une main. Les précédentes esclaves les avaient-elles portées ? Elle sortit quelques vêtements étendus sur des cintres afin de définir ce qu’ils étaient. Des robes en majorité plutôt légère et qui n’étaient visiblement pas neuves. Quelques rares sous-vêtements également et une ou deux tenues de nuit. Elle ne s’attarda pas longuement et attrapa ce qui lui semblait être une culotte qu’elle enfila. Elle choisit ensuite au hasard une robe dont elle appréciait le tissu et se décida à la porter également.

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Elle fouilla encore un instant et se décida à prendre également ce qui ressemblait à un foulard.
 Ceci fait elle se rapprocha de son petit lit où elle s’assit. Elle profita alors de l’absence de son maître, toujours dans la salle de bain, pour détacher avec précaution le bandage autour de ses yeux. Elle le posa délicatement sur ses genoux puis du bout des doigts, frôla les cicatrices toujours présentes autour de ses yeux vides et boursoufflés. Rien ne semblait s’être infecté mais rien ne semblait guérir non plus.
Elle était désormais l’esclave d’un Docteur certes complètement tordu et légèrement effrayant, mais elle avait noté que ce devait être également une sorte de chimiste. Il détenait de nombreux liquides aux odeurs plus étranges les unes que les autres. Restait à savoir si ce fameux Docteur avait réellement des connaissances en médecine… Peut-être pourrait-il alors remédié au côté le plus disgracieux de Zuë. L’aider à retrouver un vrai visage. Même aveugle elle tentait de faire attention à son apparence. Et était incapable de dire si elle était jolie ou non.
Elle Attrapa ensuite le fameux foulard qu’elle avait trouvé dans son armoire et le mesura à l’aide de ses doigts. Il était de bonne taille. Elle entreprit donc de l’entourer autour de sa tête, se confectionnant ainsi un nouveau bandeau plus propre, faisant le tour de sa tête et attaché d’un petit nœud caché sous ses cheveux. Elle était ainsi bien plus présentable.

Alors qu’elle écoutait à nouveau le bruit de la tuyauterie de la salle de bain, elle se surprit à s’imaginer ce drôle de spécimen sous sa douche. Se posa alors la question s’il gardait son masque même à cet instant ou pas. Zuë fut déçu de ne pas pouvoir avoir l’usage de ses yeux à cet instant pour aller espionner le physique de son maître. Etait-il laid ou pas ? En tout cas il était de grande taille, elle en était certaine, et n’était pas gros non plus. C’était déjà cela…
Elle respira l’air ambiant à la recherche d’air un peu plus frais. Elle visualisa donc la position d’une fenêtre et s’en approcha. Elle l’ouvrit, elle n’était pas condamnée ou verrouillée. Elle passa la tête à l’extérieure et profita du vent frais qui fouettait son visage. Ici, les senteurs de la nature étaient bien plus fortes qu’à Nexus. Un véritable régal pour ses sens. Un sourire naquit sur ses lèvres. Elle avait enfin quitté cette satanée cité qui l’empêchait de respirer.
Soudain un croassement retentit au-dessus de sa tête. Zuë soupira. Encore un de ces foutus corbeaux. Lequel étais-ce, celui-ci ? Tumeur le blagueur ou bien l’autre…. Commet se nommait-il déjà… ah oui. Gangrène. Son maître lui avait dit qu’elle devrait finir par les apprécier elle aussi. Cela n’allait pas être facile.
Le volatile, dans un battement d’aile vint se poser près de la fenêtre ou s’était accoudée la jeune esclave. Il claque son bec à plusieurs reprises et laissa échapper d’autres croassements.

« Désolé tête de piaf, je n’ai pas de chair fraiche pour toi. Et quand j’en ai donné à ton copain la dernière fois, il m’a fait un sale coup. Alors fiche le camp tu veux ? »

Elle tenta de l’éloigner à l’aide de « psssst, pssst » et de grand mouvement de bras mais le corbeau ne bougea pas d’un iota. Il sautait en claquant du bec, comme amusé par la situation. Zuë soupira. Elle recula dans l’idée de lui fermer la fenêtre au bec mais il fut bien plus rapide qu’elle et s’envola dans la pièce avant de se poser sur ce qui devait être l’armoire du Docteur. Zuë se retourna et se rapprocha.

« Oh non certainement pas, tu ne m’auras pas comme ça. Je ne suis pas aussi idiote. Va-t’en donc ! »

Elle ne comprenait pas pourquoi ces satanés oiseaux tenaient tant à la faire tourner en bourrique et lui faire des blagues pareilles. Et pourtant sa curiosité était trop grande. Elle hésita puis dans un soupire s’approcha de la grande armoire. Elle s’arrêta devant et posa la main sur le vieux bois vernis. Ses doigts effleurèrent les poignées mais elle finit par se reprendre et recula. Hors de question de s’attirer des problèmes à cause d’oiseaux moqueurs.
Elle décida donc d’attendre patiemment le retour du Docteur. Si seulement elle avait pu voir, nul doute qu’elle aurait été risquer un œil dans la salle de bain… Mais en attendant, elle décida plutôt d’aller s’allonger sur son nouveau lit, ignorant l’oiseau qui croassait de plus belle.

« Oh ferme là, tu veux ? Ou je te transforme en cuisses de poulet grillées ! »

Le corbeau se tu, puis s’envola et se posa sur la petite armoire de Zuë. Tandis que la jeune esclave commençait à s’endormir, épuisée, l’oiseau, lui, guettait sagement…


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