[FINI] Encore une mission pour Tek_Neko ! [Tek_Neko]

Il fait noir. Il fait froid. Je me sens oppressé, retenu, comme un prisonnier en cage. J'essaie de me libérer, mais rien n'y fait. Quelque chose m'empêche de m'échapper. Autour de moi, je ne vois rien. En revanche, j'entends. J'entends leurs voix.

« Nous pouvons commencer l'expérience. »   « Envoyez les nanites. »

Soudain, je me sens comme si des millions de clous me traversaient les veines. C'est une douleur insupportable. Je hurle à la mort, en leur suppliant d'arrêter, mais ils ne m'écoutent pas. Ils font comme si je ne disais rien.

« Signes vitaux normaux. Aucune activité anormale détectée. »   « Alors augmentez la dose de nanites. Qu'on en finisse vite. »

Sur ces mots, la douleur se fait encore plus intense. Je ne crois pas trop m'avancer si je dis que c'est la pire douleur que j'ai jamais ressenti. J'ai l'impression que mon corps peut exploser d'une seconde à l'autre. La souffrance est telle que je tombe dans les pommes.

Quand je me réveille, je suis sur une planète inconnue. Devant moi, un désert rocailleux à perte de vue. Une terre morte dans laquelle rien ne peut vivre, rien ne peut exister, à part la poussière. J'avance au milieu du paysage, sans comprendre comment j'ai pu arriver ici. Je ne reconnais rien, et je n'ai aucun souvenir d'un quelconque voyage. Remarque, ne pas avoir de souvenirs, c'est monnaie courante chez moi. Je vois une fleur, je veux aller la sentir, mais elle disparaît quand je m'approche d'elle. Je continue à marcher, sans même savoir où je vais, quand tout à coup, je sens quelque chose sur mon pied. Je baisse la tête, et là, je vois du sang. Une rivière de sang, de la largeur de ma chaussure, qui dégouline depuis une petite montagne plus loin au nord. Je me sens comme attiré par cette montagne, alors je cours dans sa direction. Plus j'avance, plus la rivière de sang s'élargit. Il y en a même d'autres qui apparaissent. Mais je n'y prête pas attention, pas plus qu'au sang suintant par tous les trous du flanc de la montagne quand je l'escalade. Finalement j'arrive au sommet. Et la vue me fait dire que j'aurais mieux fait de rester en bas. La montagne est en fait un volcan, transformé en fosse commune, et à l'intérieur se trouve des milliers de cadavres encore saignants, ce qui explique les rivières sortant par la roche. En voyant cet amoncellement de corps, je commence à paniquer. C'est là que l'un d'entre eux se met à bouger légèrement sa tête et à lever les yeux pour me regarder et me parler.

« C'est... de ta... faute... »

Pendant qu'il répète cette phrase, un autre cadavre commence à bouger pour répéter la même phrase. Puis un autre, et un autre, et encore un autre... Très vite, toute la fosse commune répète les mêmes mots. Tous m'accusent d'être responsables de leur mort. Leurs voix sont insupportables, elles me font mal à la tête, j'ai du mal à garder les yeux ouverts. Il faut que je m'éloigne d'ici. Mais comme je ne regarde pas où je vais, je glisse sur un pierre et je tombe dans la fosse commune. C'est la fin...

« AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHH ! »

Je me réveille en criant. Je suis en sueur, le cœur qui palpite et la respiration bruyante. Bon sang, ce cauchemar est sans doute le plus effrayant que j'ai jamais fait. Il s'appuie sur deux de mes plus grandes angoisses : ce qui se serait passé si je m'étais réveillé pendant le transfert des nanites dans mon corps, et ce qui se serait passé si j'étais resté entre les mains de mes créateurs. Ils m'ont fait toutes ces choses pour me transformer en arme, pour faire de moi un destructeur à grande échelle. Et si je ne leur avait pas échappé, des millions d'individus auraient perdu la vie par ma main. D'un coup, je me dis que j'ai eu de la chance que la fosse commune ne contienne que quelques milliers de cadavres, cela aurait pu être bien pire.

Je retourne à la réalité, et je balade mon regard autour de moi. Je suis dans une cage, à peine assez grande pour moi, dont les barreaux brillent d'une lumière électrique. Dehors, il y a des ordinateurs, d'autres cages semblables à la mienne, et au moins une quinzaine de robots de sécurité, dont au moins cinq d'entre eux ont des fusils IEM. Une sacré force de sécurité. Je suis sûrement dans le bloc cellulaire du laboratoire.
J'essaie d'appeler mes nanites pour me libérer, mais ils ne répondent pas. C'est là que je percute quelque chose : où est Matt ? Nous avons été capturés ensemble, mais je ne le vois dans aucune des cages autour de moi. Pourquoi ne l'ont-ils pas amené ici ? Se pourrait-il qu'il soit... Non, non, c'est impossible ! Je refuse de croire une chose pareille. Il est en vie... Je le sens au fond de moi. Pourtant, l'inquiétude m'envahit. Je sens mon cœur devenir lourd rein qu'à l'idée qu'il ait pu lui arriver quelque chose. Mais je ne dois pas pleurer. Ce serait donner l'avantage à mes ennemis.

Pendant que je cherche un moyen de sortir, un homme entre dans le bloc cellulaire. Il a les cheveux couleur cuivre, qui lui arrivent aux épaules, les yeux verts, porte des lunettes de vue qui lui donnent un côté intellectuel, et son corps est celui d'un homme en pleine forme. Sur son visage se trouve une expression de sadique, doublé d'un sourire satisfait. Sa simple vue me fait frémir, et en même temps, me met en colère.

« Enfin. Après des mois et des mois de recherche, d'argent dépensé et de pièges tendus, j'ai enfin réussi. Tu es finalement revenu à moi. »

Il me parle comme si on était censé se connaître. Pourtant, son visage ne me dit absolument rien.

« Tu ne te souviens pas de moi ? Alors les rumeurs étaient vraies. Ta mémoire a été altérée. C'est sans doute du au fait que tu t'es réveillé pendant le transfert. »

Le transfert ? Une minute...

« Dire que sans cette simple erreur d'estimation, l'expérience se serait déroulée sans le moindre problème. »

L'expérience ? Le transfert ? Le fait qu'il semble me connaître ? Il n'y a qu'une seule explication logique à tout ça. Et elle n'est pas du tout rassurante. Je me jette contre les barreaux pour me rapprocher de lui.

« C'est vous qui m'avez fait ça ! C'est vous... »

« Ah, tu commences à t'en souvenir. »

Son sourire devient plus large.

« Dis moi... te souviens-tu d'autre chose ? »

« Je me souviens que vous et d'autres scientifiques avaient essayé de me transformer en monstre. Vous m'avez volé ma vie pour faire de moi une arme. »

« Volé ta vie ? C'est comme ça que tu le vois ? »

On dirait qu'il sait des choses que j'ignore.

« Nous avons fait de toi quelque chose de bien plus grand que ce que tu étais quand nous t'avons trouvé. »

« Où ça ? Où m'avez vous trouvé ? »

« Tu aimerais bien le savoir, hein ? Mais je ne vais pas tout te dire maintenant. Ce ne serait pas amusant. »

Amusant ? Il voit ça comme un jeu ? Lui et ses cinglés de collègues ont anéanti mon existence, et c'est tout ce que ça lui fait ?

« Je pourrais te révéler des choses... mais pas sans une contrepartie. »

« Quelle genre de contrepartie ? »

« C'est simple : nous t'avons conçu pour être une arme, alors tu vas me servir en tant que tel. Et si tu es sage, je te dirai ce que tu veux entendre. »

Je tremble sur place en l'écoutant. Mon cauchemar devient réalité devant moi : ma puissance utilisée pour détruire des mondes entiers. Je préfère mourir plutôt que d'accepter de servir d'arme.

« Va te faire voir ! Jamais je ne serai à ton service ! »

« Oh que si, tu vas m'obéir. Car si tu ne le fais pas pour moi, tu le feras pour ton ami. »

Il claque des doigts. Deux robots sortent d'un coin de la pièce. Ils tiennent Matt, menotté et bailloné.

« MATT ! »

Il se débat pour essayer de se libérer, mais l'étreinte des robots est trop forte. Un autre robot apporte un revolver à mon geôlier, qui va le pointer sur la tempe de Matt. Je me colle contre les barreaux, en retenant ma respiration.

« Soit tu te soumets, soit je le tue. »

Il enclenche le détendeur de l'arme. Matt sent que la fin approche pour lui. J'enrage d'être aussi impuissant, piégé comme un lion en cage, obligé de regarder une personne à laquelle je tiens se faire menacer de mort. Je ne peux pas retenir une larme, que l'humain remarque.

« Si ce n'est pas mignon : notre arme vivante croit qu'elle peut éprouver des émotions. »

Les robots lâchent Matt, puis il l'amène vers moi, l'arme toujours posé sur sa tête.

« Tu dois comprendre quelque chose : nous t'avons crée uniquement pour détruire. Les émotions te sont interdites car elles te détournent de tes objectifs de mission. Et même si tu crois pouvoir ressentir quelque chose, ce n'est qu'une illusion. Tu ne seras jamais rien d'autre qu'un objet entre mes mains. »

Son discours me déchire le cœur en deux, et on dirait que ça lui fait plaisir.
Bizarrement, c'est en le voyant agir que je prends conscience de quelque chose qui aurait du me sauter aux yeux depuis longtemps : un système de sécurité capable de reconnaître mes nanites, des armes IEM, le fait que chacun de ses actes ait un impact sur moi... toute cette opération était un piège mortel à mon attention. Il voulait m'amener jusqu'à lui.

« Dépêche toi de décider. Dans 10 secondes, je lui explose la tête. »

Je sens la panique monter en moi : si j'accepte son offre, toute la galaxie sera en danger. Mais si je refuse, Matt va mourir. Il n'y a aucune option positive. Fou de rage, je me jette contre les barreaux pour le regarder droit dans les yeux.

« Quand je sortirai d'ici, je te ferai regretter de ne pas m'avoir tué plus tôt. »

« Il n'y a aucune chance que tu t'échappes. Cette cellule est entourée par un champ IEM qui neutralise tes nanites, et tes camarades rebelles sont isolés de cet endroit. Tu es tout seul. »

C'est quand il finit sa phrase que la porte explose, et qu'une déferlante de balles surgit de la fumée. Tous les robots de sécurité sont désossés. L'homme se retourne, utilisant Matt comme bouclier. Je vois Jim et ses hommes sortir de la fumée. Timing parfait.
Quand il voit l'homme retenant Matt, il braque son fusil sur lui.

« Jim ! Ne tirez pas ! »

Il est étonné de m'entendre dire ça.

« Cet homme sait des choses sur mon passé. Il me le faut vivant. »

Je dis ça, mais ce même homme menace Matt. Et il ne faudra pas longtemps avant que Jim ne se décide à descendre l'inconnu pour sauver son second. Si seulement il pouvait me faire sortir de cette cage...

- T'avais raison Johnson, lâche-je tout doucement dans le communicateur. Le comité d’accueil n'a rien à voir avec ce qu'on lâcherait vraiment contre des marines.

- J'vous avais dit commandant, me glisse Johnson à voix basse par le même biais. Ça sent mauvais toute c't'histoire.

- Ils n'ont que des fusils électrique/IEM. Ce sont des armes incapacitantes, pas létales. Nous fais signaler Tiffany. En agissant vite on peut s'en tirer sans casse.

- J'allais le dire, ricane le sergent Johnson en sortant une grenade IEM sur laquelle je remarque qu'il a tracé les mots "Bonne journée !" suivit d'un petit cœur.

- Jonhson, t'a vraiment un humour de merde, sourit-je plus amusé que je veux bien l'admettre en abaissant la visière de mon armure.

Le sergent referme ses dent sur la goupille et la tire d'un coup sec avant de la lancer dans le couloir. Les robots tournent leurs armes vers elle sans parvenir à l’identifier jusqu'à ce qu'elle éclate, les paralysant brièvement. Jonhson et moi bondissons alors de nos positions et arrosons sans cérémonie les trois robots gardant une porte non indiquée sur les plans d'origine du bâtiment et que nous n'aurions probablement jamais trouvée si une petite trainée sanglante n'avait pas été brutalement interrompue par un faux mur que Titus a fait sauter d'un coup de lance-roquette. Leur adressant une tempête de projectile, nous les démantelons dans les deux secondes qui suivent tandis que Titus, moins maniable que nous dans sa carapace renforcée, se met enfin en position et largue une paire de roquettes à la porte lourdement blindée que nos sentinelles robotiques ne sont plus en état de garder.

Jonhson et moi chargeons dans la pièce, alignant tout ce qui bouge sans présenter de signes de vie organique, faisant tomber une grêle de projectiles de gros calibre sur nos opposant dont les quelques rares qui parviennent à nous réaligner gaspillent leurs coups de fusils électrique contre nos carapaces en titane-tungstène, leurs mains ou armes étant déjà à l'origine braqués sur une cage dans laquelle je distingue finallement le gosse. L'instant d'après, je repère Matt ligoté et un homme qui le tient en joue entre lui et moi.

Je lève mon fusil, mais la voix du gamin retenti à ce moment-là.

« Jim ! Ne tirez pas ! »

Je rouvre ma visière, adressant au gosse un air surpris.

« Cet homme sait des choses sur mon passé. Il me le faut vivant. »

- Plus facile à dire qu'à faire P'tit... Gromelle-je en me demandant pourquoi le nuage métallique du gosse n'est plus là.

Johnson ne perds pas de vue le preneur d'otage qui recule en direction d'une autre porte et prend la parole.

- Toi la rouquine, encore un pas et tu va comprendre que la douleur c'est pas juste une information, gronde-t-il en insérant un chargeur neuf dans son fusil avant de faire aller la culasse avec un claquement sec et menaçant.

« Vous n'oserez pas ! J'ai un otage ! » Lui rappelle l'homme en blouse blanche en pressant plus fort le canon de son arme sur la tempe à Matt le forçant à pencher la tête de manière inconfortable.

- T'as mes fesses ! Rétorque Jonhson tandis que la silhouette massive de Titus passe la porte, ses lance-roquettes montés au bout de ses poings venant naturellement se braquer dans la direction du preneur d'otage.

Cherchant une échappatoire, je réalise qu'une grosse cuve se trouve à proximité garnie de champs EM, remplie d'une sorte de mercure... D'une sorte qui semble capable de bouger tout seul.

Pendant que Jonhson fait de l'esprit avec le type en blouse blanche, je vois le tube d'alimentation et le suit du regard ainsi qu du canon de mon arme jusqu'à un générateur secondaire. Générateur qui semble aussi branché aux cages locales.

Le type en blouse blanche semble avoir répéré mon geste et semble soudain pâlir un peu. Ce qui en retour me fait sourire.

- NE FAITES PAS ÇA PAUVRE MALADE ! IL VA TOUS NOUS TUER !

- Merci de me confirmer que j'ai touché le jackpot connard, souris-je en enfonçant la gâchette de mon fusil, vidant ce qu'il restait du chargeur et fourrant près d'une livre de plomb dans le générateur d'énergie qui lâche dans la seconde.

Les lumières s'éteignent dans la pièce, les éclairages de secours s'allument une seconde après, et les champs EM autour des cages et du mercure vivant tombent.

- ROCK'N'ROLL P'TIT ! M'écris-je en rechargeant mon arme tandis que la tête d'oeuf semble se liquéfier sur place en tremblant comme une feuille.

- J'AI UN OTAGE !Couine-t-il d'un ton désemparé.

À ma grande surprise, Matt profite de cet instant pour lui enfoncer une botte dans un tibia.

- MATT NON !

La tête d'oeuf rousse presse la détente et Matt tombe à genoux, une plaie sanglante au niveau du crâne.

Je sens mon coeur d'arrêter tandis que je charge l'homme en blouse blanche qui a l'air aussi surpris que moi d'avoir tiré. Celui-ci essaie alors de s'enfuir, mais Jonshon détruit d'une balle le méacnisme d'ouverture de la porte derrière lui, l'enfermant avec nous tandis que je me précipite sur Matt.

- MÉDIC ! HOMME À TERRE ! Hurle-je à l'intention de Tiffany.

Le scientifique continue de tenir Matt, son arme plaquée sur sa tampe, tout en menaçant Jim et ses hommes de ne pas avancer, sous peine de voir leur acolyte se faire exploser la cervelle. Je n'en peux plus de rester derrière ces maudits barreaux et de me sentir aussi impuissant qu'un animal en cage. Si je ne sors pas d'ici très vite, je sais que la situation va dégénérer. Les Rebelles sont à cran, et le roux est de plus en plus nerveux, en sentant que son plan se désagrège autour de lui et que ses options de fuite se réduisent un peu plus chaque seconde. Tout ce qui lui reste, c'est Matt. Et s'il ne se calme pas très vite, on va le perdre.

J'observe tout les individus de la pièce : le scientifique est sur les nerfs, Matt guette une occasion de se libérer, Jim cherche un moyen de désamorcer la prise d'otage, l'autre marine insulte copieusement l'homme en blouse blanche, le maraudeur braque ses lance-roquettes sur lui, et le médic à l'arrière se tient prête à intervenir au cas où. Le seul qui ne fait rien, c'est moi. Et ça me met en rogne. A tel point qu'il me faut un bon moment avant de réaliser que Jim est en train de parcourir un tracé avec le canon de son arme, jusqu'à s'arrêter au-dessus de ma cage. Le scientifique pâlit et se fige en voyant où Jim vise.

« NE FAITES PAS ÇA PAUVRE MALADE ! IL VA TOUS NOUS TUER ! »

« Merci de me confirmer que j'ai touché le jackpot connard »

Jim enfonce la détente de son fusil et vide son chargeur sur sa cible. Je regarde les balles fuser et j'entends le plomb s'éclater contre un objet métallique, tandis que des étincelles tombent en cascade sur le toit de ma cage. Une seconde après que le dernier tir soit parti, l'éclairage principal s'éteint pour laisser la place à l'éclairage de secours, et les champs EM de toute la pièce se désactivent. Libre, enfin...

Je peux à nouveau sentir mes nanites, à quelques mètres de moi. Je rétablis le contact télépathique avec eux et je les ramène jusqu'à moi. Il me faut quelques secondes pour les réintégrer dans mon corps, mais ce sont quelques secondes de trop. Matt met un coup de botte dans la jambe du scientifique, pour tenter de se faire la belle, mais le rouquin, sur le coup, appuie sur la détente.
A cet instant, j'ai l'impression que le temps s'arrête autour de moi. Paralysé, je regarde Matt tomber au sol, très lentement, avec une plaie par balle sur le crâne.

« MATT ! NON ! »

Paniqué après avoir tiré, le scientifique essaie de s'enfuir, mais le marine détruit le mécanisme d'ouverture de la porte pour lui barrer la route. Immédiatement après, j'envoie un flot pour le plaquer au sol, mais sans le tuer. Je me précipite ensuite vers Matt, tout comme Jim, qui hurle vers le médic derrière lui.

« MÉDIC ! HOMME À TERRE ! »

« Il a pris une balle dans la tête. Un médic ne peut rien pour lui. Mais moi, je peux tenter quelque chose. »

Sur ces mots, je pose la tête de Matt sur mes genoux et j'envoie un petit flot de nanites dans la plaie. Je concentre toutes mes pensées sur cette opération plus que délicate. Je sens le regard de Jim sur moi, mais j'essaie d'en faire abstraction. Après environ trente secondes, j'arrête le flot, je ferme les yeux et je me concentre. Quand Jim s'apprête à me demander ce que je fais, je lève l'index pour l'arrêter avant qu'il n'ouvre la bouche. J'ai besoin de ma concentration à 100%. Puis, après encore trente secondes, j'ouvre les yeux, je regarde Matt... et je prie. Jusqu'à ce que ce soit lui qui les ouvre, et se relève doucement. Fou de joie, je le serre dans mes bras et je laisse même couler quelques larmes.

« Matt ! Dieu merci, tu es vivant. »

Je le lâche au bout de quelques secondes d'étreinte. Jim est complètement déboussolé, il essaie de comprendre comment j'ai réussi un tel miracle.

« C'est un peu compliqué, mais je peux essayer de l'expliquer.
A la base, mes nanites sont conçus pour agir au niveau nanoscopique, et les cellules sont au-dessus de ce niveau. J'ai envoyé mes petits robots dans la tête de Matt pour copier son profil génétique, puis, en assimilant d'autres cellules comme modèles, j'ai pu transmuter mes nanites pour créer de parfaites copies de ces cellules. Ensuite, j'ai remplacé tout ce que la balle avait détruit dans sa tête. Et enfin, j'ai ordonné aux nanites, avant de se transmuter, d'envoyer de légers électrochocs au cerveau de Matt, jusqu'à ce que son cerveau ne reparte. Et voilà. »

Je me souviens alors de la première fois où j'ai utilisé ce processus. Durant un de mes passages sur Ashnard, un homme avait tenté de me capturer pour me vendre comme esclave. Je l'ai éliminé, mais il avait eu le temps de me tirer dans l'estomac. Je perdais beaucoup de sang, sans compter la perforation gastrique, alors je me suis concentré pour appeler mes nanites, et c'est là qu'ils m'ont soigné en se transmutant en cellules pour réparer les dégats. J'avais perdu entre quatre et cinq millions de nanites ce jour-là, et je viens d'en perdre presque cent fois plus pour reconstruire le cerveau de Matt. Mais je n'ai aucun regret : sur les milliards de milliards qui vivent dans mon corps, cette perte n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan.

Jim et Matt me félicitent pour mon coup de maître, puis mon attention se redirige vers le scientifique. J'avance vers lui, lentement, imaginant toutes les façons dont je pourrais me venger de lui pour ce qu'il a fait aujourd'hui et dans le passé. Mais un message dans le communicateur de Jim m'arrache à ma rêverie vengeresse. Apparemment, l'armée commence à débarquer autour du labo, ce qui veut dire que notre fenêtre de manœuvre se referme.

« On a pas fait tout ça pour partir bredouille, bordel ! Jim, prenez le scientifique et sortez le d'ici. »

Je libère le flot qui maintient le rouquin au sol et je le ramène vers moi. Sur mon ordre, il se réduit, puis se transforme en clé USB solide. Je la donne à Matt.

« Matt, va brancher ça sur l'un des ports USB du serveur. Je le sentirai, et je pourrai lancer le piratage. »

Jim et Matt me font remarquer que le générateur secondaire protège toujours le serveur.

« Je me charge du générateur. Vous, faîtes moi confiance. »

Je quitte la pièce au pas de course pour me diriger vers le générateur. C'est maintenant que tout va se jouer.

Je suis complètement soufflé par les capacités du gamin. Une balle dans la tête, on peut y survivre. Difficilement et ça laisse des séquelles la plupart du temps. Mais, en-dehors d'un bon mal de crâne, Matt semble indemne, ce qui me troue le derche.

- Ça roule mon pote ? M'étonne-je à l'intention de Matt.

- On fait aller commandant... Commente Matt en se frottant le crâne. J'ai l'impression qu'un nain est occupé à piocher dans mon cerveau, mais sinon il n'y a pas l'air d'avoir de casse...

Tiffany le prend en charge pour lui poser des questions bateau comme le nombre de doigts qu'elle montre avec son gantelet et regarder la dilatation des pupilles avec sa lampe-torche.

- Alors là petit, je t'en doit une de la taille de l'égo d'une sénatrice ! Dis-je vraiment impressionné.

Mon canal vox commence alors à clignoter et je suis obligé de prendre l'appel en réalisant que ça vient des grandes portes.

- Ici Raynor.

- Contact avec des éléments avancés de l'armée. Le temps de prendre la porte de derrière est venu commandant. m'informe le chef des défenseurs de la porte.

- Okay, décarrez de là en bon ordre et sabotez les véhicules, ordonne-je evant de me tourner vers la compagnie. Il faut qu'on se magne, les régulières sont en train de rappliquer.

« On a pas fait tout ça pour partir bredouille, bordel ! Jim, prenez le scientifique et sortez le d'ici. » rétorque le gamin.

J'hoche la tête, faisant signe à Jonhson de ramasser la blouse blanche au sol.

- Viens par ici la rouquine, grogne le sergent en utilisant des attaches colson pour le menotter avant de le balancer sur son épaulière comme un vieux sac.

« Matt, va brancher ça sur l'un des ports USB du serveur. Je le sentirai, et je pourrai lancer le piratage. » reprend le gamin en tendant une clé USB à Matt.

- Sans vouloir te vexer p'tit, le bouclier nous empêche toujours d'accéder aux serveurs. Fais-je remarquer.

« Je me charge du générateur. Vous, faites-moi confiance. »

- Ok, dis-je en désignant la clé USB que tient Matt. Par contre j'te préviens que si t'essaie de rester en arrière pour nous protéger ou une connerie du genre, j'te fais sortir d'ici personnellement en te trainant par la peau des fesses petit, t'es prévenu !

Nous tournons ensuite les talons Matt et moi. Je remarque le regard qu'il lance au gamin quand celui-ci part en courant.

- Matt, si tu continues comme ça, je vais finir par croire que tu as envie de passer prêtre.

- Pardon ? S'étonne Matt en se tournant vers moi d'un air d'incompréhension.

- À force de regarder le gamin comme si t'avais envie de lui courir après, je vais finir par me poser des questions... Je te rappelle que t'es un type marié mon pote. Précise-je amusé.

- Commandant ce n'est pas ce que vous...

- Écoute, on se fou bien de savoir ce que je pense là ! Normalement c'est toi qui me remet dans mes pompes quand je me perds un peu en chemin, alors j'ai pas trop envie que les rôles s'inversent. Alors arrête de penser au p'tit cul du gamin quand il était en fille et remet-toi à la mission.

- Oui commandant... Acquiesce Matt après quelques secondes d'hésitation avant de partir au pas de course dans les couloir, serrant la clé USB contre lui.

Nous le suivons en quatrième vitesse et arrivons juste à temps dans la salle principale pour voir les pilotes des blindés à l'extérieur décarrer par la voie de sortie, la salle étant désormais vide de tout esclave. Certians hommes ont commencé à retourner les barricades vers l'entrée et un cordon de sécurité a été formé pour couvrir l'endroit par lequel vont sûrement débouler les tekhanes.

- Bon, c'est pas le moment de flancher. Faut tenir cette position jusqu’à ce que le gam...

Une explosion m'interromps et une volée de tirs s'abat sur nos défenses tandis que les armures des militaires tekhanes font l'apparition à l'autre bout du couloir.

- ENNEMIs EN APPROCHE ! Hurle bien inutilement l'un de mes hommes dans son communicateur avant de se relever pour riposter.

- Bordel, jamais un instant de paix ! Jure-je en contrôlant mon arme avant de joindre mon feu à celui de mes hommes.

- Commandant, le bouclier s'affaisse ! INtervient alors Matt en me montrant le champ d'énergie en train de disparaître.

- BRAVO P'TIT ! T'ES L'MEILLEUR ! Hurle-je de joie dans le communicateur. POUR LE GAMIN, HIP, HIP, HIP !

- HOURRA ! HOURRA ! HOURRA ! Scandent les marines en sifflant ou en riant eux aussi.

- AVEC UN COUP PAREIL, SI TU ME DEMANDES DE TE LIVRER MATT À POIL ET TOUT SAUCISSONNÉ, C'EST ACCORDÉ D'AVANCE !

- COMMANDANT ! S'exclame Matt sans parvenir à couvrir les rires et les acclamations du reste de la troupe.

- ASSEZ RI ! ESCOUADE RAVENOS, EN RANG SUR TROIS, FEUX ROULANT ALTERNÉ ! ESCOUADE DAMOCLÈS, SUR MOI, PROGRESSION TACTIQUE À SIX-ZÉRO-SIX. ALPHA ET BÊTA, PRENEZ-MOI CETTE SALLE SERVEUR QU'ON EN FINISSE !

- HU-HA ! S'exclament mes marines en obéissant aux ordres.

Je cours vers le générateur. Pas le temps de penser au scientifique, pas le temps de douter du plan de Jim. Si je ne coupe pas le courant rapidement, l'armée nous réduira en pièces avant qu'on puisse atteindre les données qui nous intéresse. De ma réussite dépend notre mission. Pourtant, sur le chemin, je ne pense qu'à une chose : Matt. La façon dont il a failli mourir, comment je lui ai sauvé la vie en intégrant une partie de moi à son corps, ainsi que tout un tas de fantasmes, du plus chaste au plus inavouable. J'essaie de les oublier, mais mon corps me rappelle que je ne peux pas échapper à mes propres pensées, quand je me rend compte que je suis en train, à mon insu, de me transformer en fille.
Mes nanites sont liés à mon cerveau. Et chacune de mes pensées peut avoir un impact sur leur contrôle. Et comme, en ce moment, mon esprit est obnubilé par Matt, mes petits robots réagissent en conséquence, en me donnant l'aspect qui m'apporte l'intérêt de ce cher soldat. Une sorte de pensée parasite, en somme.

Non, non, non, c'est pas le moment.

Je dois me faire une raison : je ne peux pas faire abstraction de mes pensées, même si elles sont contre-productives. En revanche, je peux les utiliser à bon escient. Je m'arrête un instant, je ferme les yeux, et je redirige mon esprit. J'imagine ce qui arrivera à Matt si jamais j'échoue à désactiver le générateur à temps. Je le vois capturé, torturé, puis exécuté par le gouvernement tekhan... et quand je rouvre les yeux, j'ai retrouvé mon corps ''normal''. Je suis à nouveau concentré sur l'essentiel : ma mission. Je repars au pas de course, en espérant ne pas arriver trop tard.

J'arrive finalement dans la salle du générateur. Pas de robots de sécurité ou de soldats de l'armée, donc Jim et ses rebelles tiennent toujours la position. Je regarde le générateur, en sachant très bien ce qui va se passer, mais je suis quand même un peu nerveux. Puisque ce générateur est capable de se défendre contre mes attaques informatiques, alors il ne me reste que la force brute comme option. Je sais que débrancher un générateur de cette taille est un processus ardu et dangereux, mais je n'ai pas le choix. C'est le seul moyen.
Je sors presque tous mes nanites de mon corps, puis je les transforme afin de créer deux énormes mains. Puis j'enclenche le mode plasmatique : mes nanites se mettent à vibrer à toute vitesse, jusqu'à ce que mes ''mains'' s'enflamment. J'envoie ces mains attraper les câbles géants qui plongent dans le sol et alimentent le générateur en énergie géothermique. Je commence à tirer dessus de toutes mes forces. Et finalement, après presque trois minutes d'insistance, j'arrache les câbles du générateur et je les envoie s'écraser au centre de la Terre. A partir de maintenant, le temps nous est compté. Quand les câbles tomberont au plus profond, une réaction très instable va s'enclencher, et croître jusqu'à ce qu'une énorme explosion ne vienne enterrer ce complexe et tous ceux qui sont à l'intérieur. Donc, plus de temps à perdre. J'attrape mon communicateur pour prévenir Jim que le champ de force va s'estomper, mais apparemment, les actes ont été plus rapides que mes paroles : le champ est déjà tombé, et les rebelles investissent la salle des serveurs.

AVEC UN COUP PAREIL, SI TU ME DEMANDES DE TE LIVRER MATT À POIL ET TOUT SAUCISSONNÉ, C'EST ACCORDÉ D'AVANCE !

Évidemment, je ne peux pas m'empêcher d'imaginer le tableau... et je sens mon entrejambe se redresser. Mais je suis vite ramené à la réalité, quand je sens que la clé USB que j'ai donné à Matt est connecté. J'établis le contact avec les nanites qui composent cette clé. Sur mon ordre, elle se décompose et mes petits robots s'infiltrent dans le serveur. Celui-là n'est pas protégé contre mes assauts informatiques. Il faut croire que le roux n'avait pas prévu que je me libère et que j'atteigne finalement les ordinateurs. Je copie chaque dossier qui me tombe sous la main, comme c'était prévu dans le plan, et je reste à l'affût des données prioritaires recherchées par les rebelles. Finalement, à force de patience, je finis par le trouver : le dossier « Hypérion ». Il est bien protégé, mais face à tous mes nanites à la fois, il ne peut que céder et me donner ce que je cherche. Je copie toutes les informations du dossier, puis je fais sortir mes nanites, je reforme la clé USB et je l'envoie dans les mains de Matt. La mission est accomplie.
Je prends le temps de souffler, de savourer ma réussite. Mais ce n'est que de courte durée : tout le complexe tremble à cause d'une secousse soudaine. Je me rappelle alors ce que j'ai fait pour éteindre le générateur. Jim m'appelle pour me demander ce qui se passe.

« Euh... Il est possible que cette secousse soit due au fait que, quand j'ai éteint le générateur, j'ai déclenché une réaction thermique instable qui va provoquer l'effondrement du laboratoire. »

Jim se met à paniquer. Il veut savoir combien de temps il nous reste.

« Vue la force de la secousse, on doit bien avoir cinq minutes devant nous. Je suis à trois minutes du point d'extraction. Je vous retrouve là-bas. »

« Euh... Il est possible que cette secousse soit due au fait que, quand j'ai éteint le générateur, j'ai déclenché une réaction thermique instable qui va provoquer l'effondrement du laboratoire. »

- Attends, tu a fais QUOI ? M'exclame-je surpris.

« Vue la force de la secousse, on doit bien avoir cinq minutes devant nous. Je suis à trois minutes du point d'extraction. Je vous retrouve là-bas. »

- Ho bordel ! ON SE BOUGE MARINES, REPLIS IMMÉDIAT SUR LE POINT D'EXTRACTION ! ESCOUADE RAVENOS, REPLIS TACTIQUE ! ESCOUADE DAMOCLÈS, ON COUVRE LES RAVENOS ! ALPHA, SÉCURISEZ LA SORTIE ! BÊTA, EXTRAYEZ LE COMMANDANT EN SECOND DE LÀ !

Je me lance dans un long tir de couverture tandis que le minuteur de mon armure a commencé à décompter les secondes. Mes marines décarrent en vitesse avant de reprendre position derrière nous puis de nous appuyer à notre tour pour qu'on puisse reculer en bon ordre. La retraite se déroule mieux que je ne l'espérais et nous n'avons au final que deux blessés à trainer hors de là, mais au fur et à mesure que le temps passe et que je ne vois pas revenir le gamin, je commence à m'inquiéter. Puis, jaillissant comme un diable de sa boîte, le petit sort d'un couloir, courant ventre à terre en direction de la sortie de la station.

- L'GAMIN EST LÀ ! TIR DE COUVERTURE LES MECS !

Comme un seul homme, moi et les six marines restant sortons de derrière nos couverts et envoyons une grêle de balles plus épaisse qu'un blizzard sibérien sur nos poursuivant pour les forcer à baisser la tête et ne pas pouvoir cible notre petit bonhomme. On vide nos chargeurs au moment où il saute derrière nos couverts.

- PLUS QU'UNE MINUTE PETIT ! C'EST PAS LE MOMENT DE RONQUER ! Dis-je en le prenant pour le mettre sur mon épaule et partir en courant le long du tunnel menant au réseau des égouts de la ville.

Il reste moins de douze seconde quand nous débaroulons dans les puits nauséabonds dont plusieurs hommes tiennent la porte blindées ouverte.

- CONDAMNEZ-MOI ÇA ! Ordonne-je sans hésiter en constatant la présence de Matt et du reste de notre groupe d'assaut.

Aussitôt, les saboteurs referment la porte et font sauter les charges de l'autres côté, faisant s'effondrer une partie du tunnel par lequel nous sommes venus.

- Bon, ça va les retenir un moment, dit Matt en sortant son plan de sa poche. On rentre au bercail commandant. On va marcher à peu près trois heures avant de ressortir à l'air libre. Des transports nous attendrons pour nous amener au camp de base dans les badlands.

- Okay, on se rentre les filles, hoche-je la tête avant de me tourner vers mes hommes.

Au moment où je prend la tête de la colonne, je saisi juste Matt adresser un sourir au gamin et lui tapoter sur l'épaule.

- Beau boulot petit. On aurait pas pu réussir sans toi.

Je souris de mon côté et les laisse roucouler en paix tous les deux. Après tout, j'ai passé l'âge de jouer les amoureux transi.

Je cours à toute vitesse, puisant dans mes dernières réserves d'énergie. Je sais que, dans moins de trois minutes, la réaction en chaîne que j'ai déclenché va atteindre son point critique, et que le laboratoire va imploser et s'enterrer lui-même. Tous ceux qui resteront à l'intérieur du complexe à ce moment-là auront moins de 0,0000001% de chances de s'en sortir, d'après le calcul de mes nanites. Autrement dit, je n'ai pas de temps à perdre. Mais je suis aussi complètement épuisé après tout ce qui m'est arrivé, et je rêve de pouvoir m'étaler sur le sol pour souffler. Cependant, chaque secousse sismique me ramène à la réalité. Si je ne me dépêche pas, Jim est capable de venir me récupérer lui même, se mettant en danger par la même occasion. D'un coup, je double ma vitesse de course.

Alors que je m'engage dans le dernier couloir avant la salle des serveurs, j'entends des voix derrière moi. Et vu leur intonation, elles ne sont pas amicales.

« Ennemi repéré ! Engagez le combat ! »

J'essuie un tir nourri. Pas le temps de me retourner pour contre-attaquer, alors j'utilise un flot de nanites ultra-condensé comme bouclier arrière. De cette façon, je peux continuer à courir sans risquer de me prendre une balle. Je fonce à toute allure, utilisant une partie de mes nanites pour renforcer les muscles de mes jambes et de mes poumons afin de pouvoir avancer plus vite et tenir plus longtemps. Finalement, mes efforts finissent par payer : au bout du couloir, je peux voir la salle des serveurs, et les rebelles en train de se replier. Il reste environ une minute avant le feu d'artifice, et je ne tiens pas à y assister.

Quand ils me voient arriver, les rebelles déchaînent un tir de couverture dévastateur pour me permettre d'approcher sans risque. Je baisse la tête pour ne pas me faire allumer, je prends le peu d'énergie qu'il me reste pour me jeter derrière la ligne de couverture des marines. Je suis à terre, j'essaie de me relever, mais je n'ai plus de forces dans le corps et je reste cloué au sol.
Jim est tellement pressé de sortir qu'il me prend sur son épaule et part en courant le long du tunnel de sortie. Quand on atteint finalement les égouts, il reste dix secondes. Sur un ordre du commandant, les hommes du groupe d'assaut condamnent la sortie au tunnel, et activent les charges explosives placés au milieu de ce dernier pour en bloquer l'accès. Tous ceux qui sont restés dans le laboratoire sont maintenant condamnés à mort. Et je suis ravi de voir qu'aucun d'entre nous ne fait partie de ceux-là.
Il ne reste plus beaucoup de temps. J'entame le décompte.

« 3... 2... 1... 0 »

A zéro, un bruit sourd et une forte secousse se font percevoir. La réaction a atteint son seuil maximum, le labo s'effondre sur lui même. Dans moins d'une minute, il y aura un gros trou à la place de ce complexe de mort. Je ne peux retenir un sourire. Décidément, il y a vraiment quelque chose chez moi qui me fait aimer la destruction. Il faudra que je me penche sérieusement sur la question une fois qu'on sera à l'abri.

Une longue marche nous attend. D'après Matt, il nous faudra trois heures avant d'atteindre les transports qui nous attendent à l'air libre. Pour l'heure, nous avançons dans les égouts. Même si le rythme de marche est beaucoup plus soutenu, je suis toujours aussi fatigué après toutes ces épreuves. Par chance, je peux compter sur le soutien de mon militaire préféré. Quand il me voit faiblir, il m'appuie sur son épaule pour que je puisse me redresser. Il me motive à avancer, sa seule présence me rend plus énergique. Mais je n'en n'oublie pas pour autant le danger. Même une fois sortis du laboratoire, nous sommes toujours recherchés par l'armée, peut-être même encore plus après l'explosion géothermique. Il faut que je reste sur mes gardes.

Après près d'une heure de marche, je commence vraiment à me sentir affaibli. Mon taux d'adrénaline retombe, mes forces m'abandonnent. Mais je ne flanche pas pour autant : pas question d'être un poids mort pour l'équipe. Soudain, je crois entendre un bruit derrière moi. Je me retourne rapidement... mais il n'y a rien. C'était sûrement un rat d'égout. Pourtant, j'ai le sentiment désagréable d'être observé. Par mesure de précaution, j'envoie un très fin nuage de nanites au-dessus du groupe, afin d'avoir un angle de vue total sur ce qui nous entoure.

Une question me brûle les lèvres. Je vais la poser à Matt.

« Matt, où sont passés les terranides que nous avons sauvés ? Et où est le scientifique roux ? J'ai des questions à lui poser. »

J'entends le petit poser une question à Matt pendant que nous progressons dans les tunnels des égouts.

- Ne t'inquiète pas, répond mon commandant en second d'un ton rassurant. Notre médic lui a injecté un calmant, il va dormir au moins jusqu'à demain. Les Terranides ont été envoyés en avant en avance avec le gros de nos forces. Nous allons les ramener au camp de base et on les soignera trois ou quatre jours avant de leur faire quitter le pays. Nous avons des accords secrets avec certains états pour les accueillir ailleurs et leur donner une nouvelle vie. Les trop vieux ou trop malades reçoivent le choix d'être confiés à des survivants de leurs tribus, si on peut les trouver, ou rester chez nous pour donner des petits coups de mains dans des cachettes secondaires. Ceux qui veulent partir sont libre de le faire, mais on insiste un brin pour les libérer loin du pays afin qu'ils ne grillent pas nos planques par erreur. Souvent on les drope dans les Terres du Chaos avec un sac d'affaires de rechange, de la nourriture pour une semaine et quelques outils.

Pendant que Matt et le petit parlent ensemble, je continue à marcher en tête, mais une impression étrange a commencé à poindre chez moi. Je sens comme un picotement dans ma nuque, comme si nous étions suivis.

Johnson monte à mon niveau, l'air de rien, en mâchonnant un mégot de cigare éteint.

- Chef, y'a un truc qui cloche... Me glisse-t-il l'air de rien, ses yeux parcourant pourtant les tunnels mal éclairés.

- On est pas seuls dans le coin, c'est ça ton soucis ? Demande-je en faisant semblant de rien.

- Ouais, j'aime pas les invités-surprise. On ne sait jamais ce qu'ils cherchent.

- S'ils nous trouvent, ce sera des ennuis qu'ils auront... Réponds-je. Fais réammunitionner les hommes et dit-leur de changer leurs chargeurs.

- Reçu, acquiesce Jonhson en retournant dans le rang.

je change mon chargeur sur mon arme d'un aire que je veux détendu, comme si je me livrais à une procédure de routine. Derrière moi, j'entends de nombreux claquements quand mes hommes contrôlent eux aussi leurs équipements. Matt n'a pas tiré un coup de feu, alors ça ne sert à rien de lui dire, il va remarquer tout seul que l'ambiance à changé. Quant au gamin, je lui fais assez confiance pour se rendre compte si un truc cloche.

- Balayez les angles de vue sans avoir trop l'air d'y toucher les gars. Si ça bouge sans avoir l'air hostile, signalez-le tout de suite. Si ça bouge en mode hostile, tirez. Dis-je sur le communicateur.

Je reçois les diverses confirmations de réception dans mon ATH et continue, attendant de voir si ça va péter ou pas.

Matt me dit ce qu'il est advenu du scientifique roux, mais pas où il se trouve actuellement. Il s'attarde beaucoup sur la prise en charge des esclaves terranides libérés : leurs soins, leur transfert vers des états d'accueils ou vers leurs anciennes tribus, parfois même comment ils rejoignaient les rebelles pour accomplir des tâches secondaires. Son étalement sur le sujet me laisse penser qu'il ne veut pas me donner beaucoup d'informations sur ce qu'il est advenu de cet homme. Je ne sais pas ce qu'il cherche à me cacher, mais je finirai bien par le savoir. De toute façon, une fois que nous serons sortis de ces égouts et que nous aurons rejoint le repaire des rebelles, je compte bien interroger ce type jusqu'à ce qu'il me dise tout ce que je veux entendre. Et quand il aura fini de parler... je le tuerai.

Notre groupe continue son avancée dans les égouts. A l'avant, je vois Jim et ses marines en train de recharger leurs armes et de se mettre à scruter discrètement les différents angles de vue aux alentours. A côté de moi, Matt se met aussi à observer attentivement, la main près de l'étui de son arme. Tout ça me laisse penser qu'ils ont senti la même chose que moi : nous ne sommes pas seuls dans ces égouts.

Je me concentre pour me connecter au nuage de nanites au-dessus du groupe. Grâce à lui, j'ai un angle de vue à 360° et rien ne peut m'échapper. Dans toutes les galeries, je ne vois que de l'eau sale, quelques rats et quelques cafards. Rien d'étonnant vu que nous sommes dans des égouts. Mais quelque chose me dérange : de temps en temps, j'aperçois des ombres mouvantes dans les coins, qui semblent disparaître juste quand je les regarde. Coïncidence ? Je ne pense pas. Par mesure de sécurité, je préfère le dire à Matt.

« Matt, je crois que nous sommes suivis. Je ne peux pas dire exactement ce que c'est, mais c'est tout proche, et il y en a sûrement plusieurs. »

Je n'ai pas assez d'informations. Dans le but d'en récolter, j'envoie des groupes de nanites fouiller dans les galeries. L'un d'entre eux me permet de voir une ombre au coin d'un tunnel. J'envoie ce groupe à toute vitesse pour attraper le porteur de cette ombre... mais je perds le contact une fois l'angle du tunnel passé. Je tremble en le sentant, et Matt le remarque.

« J'ai perdu le contact avec un groupe de nanites. C'est inquiétant. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais mieux vaut être prudent à partir de maintenant. »

Matt fait passer le mot à Jim par son communicateur. De mon côté, je rappelle les groupes que j'ai envoyé en éclaireur, je garde un œil aux alentours avec le nuage au-dessus de nos têtes et j'essaie de rétablir le contact avec le groupe que j'ai perdu.

Notre avancée est soudainement interrompu : le passage est obstrué par un effondrement du plafond. Il ne bloque pas notre avancée, mais il nous oblige à passer un par un. Nous sommes dans une position fortement contraignante et propice à une embuscade. Je remarque que les marines se mettent en position de combat près de l'ouverture, tandis que le premier membre du groupe passe.
C'est là que j'arrive à rétablir le contact avec le groupe que j'avais perdu il y a quelques minutes. Je le rappelle en urgence vers moi, et j'aperçois quelque chose qui bouge sur mon chemin. Je m'en approche un peu... et en voyant ce que c'est, je rappelle mes nanites deux fois plus vite.

« Jim, on s'est fait piéger ! Que tout le monde se tienne prêt à combattre ! »

Avant même que quelqu'un ne me demande ce qu'il se passe, nous nous faisons encercler. Ils sortent de l'eau et des angles des galeries. Des robots tueurs tekhans. Des machines auto-régénératrices conçues pour tuer, comme mes nanites. Elles sont équipées avec des lasers et des lames en tout genre, et sont extrêmement dangereuses. Même moi je redoute ces machines.

Une dizaine d'entre elles nous encerclent. Je sors mes nanites de mon corps, prêt au combat.

« Écoutez moi tous. Ces machines sont auto-régénératrices. Le seul moyen de les anéantir, c'est de détruire leur cerveau moteur, et je suis le seul à pouvoir le faire. Alors vous les criblez de plomb pour les faire reculer, moi je me charge du reste. »

Pour détruire ces machines, je dois envoyer un groupe de nanites en mode plasmatique directement dans leur cerveau moteur.

Jim et ses marines engagent le combat.

- Commandant, le petit vient de perdre un de ses groupes de nanites partis en éclairage. M'appelle soudain Matt.

- Perdu comment ?Grogne-je en m'arrêtant, faisant stopper tout le groupe. Du genre détruits ?

- Il dit qu'il a perdu le contact. Il ne sait pas comment.

Je grommelle et appelle Jonhson.

- T'as entendu ?

- Ouais. J'aime pas ça commandant. On devrait sortir d'ici et tenter notre chance à l'air libre. J'aime pas les p'tits couloirs trop étroits. Me répond le sergent d'un ton laconique.

- Trop risqué, on va pas flipper pour un truc qu'on a même pas vu... Dis-je avant de m'interrompre en voyant un bout de passage effondré.

Je jure en constatant que non seulement c'est notre sortie, mais qu'en plus c'est récent, on sent encore les effluves de l'explosif utilisé pour le faire s'effondrer. On peut toujours passer, mais ce sera super serré, surtout avec nos armures de marines.

- Jonhson...

- Vous fatiguez pas, j'ai compris. Je passe en premier.

J'hoche la tête pour le remercier tandis que le sergent passe devant moi pour commencer à se glisser dans le trou étroit.

- Les autres, en formations défensive, dis-je en essayant de paraître serein, ce que je suis loin d'être.

Les hommes se déploient autour de l'entrée quand soudain la voix du gamin retenti.

« Jim, on s'est fait piéger ! Que tout le monde se tienne prêt à combattre ! » Hurle soudain le gosse.

Ça c'est pas le genre de consigne qu'il y a besoin de me dire deux fois. Ni à mes hommes d'ailleurs. L'avertissement est à peine tombé que les premiers rangs ont posé un genoux à terre en formant un cercle de fusils tandis que les seconds rangs ont également levé leurs armes.

Dans la seconde qui suit, nous nous retrouvons encerclés par des sortes de robots-méduse. Ceux-ci agitent une collection de lames de tout genres et des embouts de canons qui ne me disent rien qui vaille.

« Écoutez moi tous. Ces machines sont auto-régénératrices. Le seul moyen de les anéantir, c'est de détruire leur cerveau moteur, et je suis le seul à pouvoir le faire. Alors vous les criblez de plomb pour les faire reculer, moi je me charge du reste. »

- PARFAIT ! ÇA ON PEUT FAIRE MARINES ! VOUS AVEZ ENTENDU LE P'TIT ? FAITES-LEUR DIGÉRER DU PLOMB !

- HU-HA ! Hurlent les Marines à l'unisson en ouvrant le feu, déchaînant une tempête de métal surchauffé sur nos adversaires.

Les robots ne sont pas bien grand et nous le réalisons très vite, sont sacrément agiles. Malgré le barrage de mes marines, et les roquettes de nos maraudeurs, ceux-ci évitent la majorité des projectiles. Le seul avantage c'est que nous parvenons à les garder à distance sous nos tirs croisés.

- ON AVANCE PAS MARINES ! DAMOCLÈS, CONCENTREZ-VOUS SUR LA CIBLE DÉSIGNÉE PRIMAIRE ! FEU ROULANT DÉFENSIF POUR LES AUTRES !

À peine ais-je terminé de donner mes ordres que la marines situé à ma droite hurle quand un laser transperce sa carapace à l'épaule et le traverse comme s'il n'existait pas, faisant sursauter son confrère derrière lui quand le rayon ardent de lumière blanc-bleu brûle brièvement la hanche de son armure.

Je pousse un juron avant d'appeler le médic à l'aide. Dans un second temps, je lève mon flingue et arrose copieusement le tas de ferraille qui a mis mon homme à terre. Mais autour de nous, les robots ont l'air d'avoir réalisé que ne pouvant s'approcher avec leurs lames, il ne leur reste que leur puissants lasers de découpe industrielle.

Très vite le tunnel se transforme en discothèque de lumière, rythmée par les détonations presque continues de nos fusils gauss, les temps marqués par les lasers bleus des robots-tueurs, et le gamin qui nous fait un solo de boules de plasma en sol majeur.

Les cris et les hurlements de mes hommes se mêlent à la cacophonies et me font grimacer tandis que l'un après l'autre ils tombent en avant, les plaques de leurs armures se transformant soudain en prisons face aux armes à haute pénétrations des robots-tueurs. L'un des maraudeurs, malgré son blindage épais, perds ses deux bras dans l'engagement et un autre coup de laser fait rouler son casque à mes pieds, avec sa tête encore dedans. Six autres marines se font transpercer le casque et tombent pour cesser de bouger à jamais. Un deuxième maraudeurs s'effondre quand les machines finissent par mettre un coup direct dans sa réserve de munitions, les micro-roquettes explosant à l'intérieur, le déchiquetant en un instant, à peine a-t-il le temps de commencer à hurler que son armure s'effondre avec lui, de la fumée s'élevant par les jointures de celle-ci. L'une de nos médics se fait découper la jambe sous le genoux et beugle comme un porc qu'on égorge avant qu'une autre ne la prenne en charge.

Quand le dernier robot s'effondre, il ne reste que trois marines debout, deux de nos trois médics, Matt qui a réussi a rester indemne avec le gamin, un seul maraudeur. Tous les autres sont blessés ou mort.

- Faut qu'on sorte d'ici... Halète-je en me retournant.

Matt pâli alors visiblement en me regardant.

- Commandant... Dit-il en levant une main dans ma direction.

Je baisse les yeux et constate au moins deux trous brûlés dans ma plaque de torse par lequel s'échappent des petits filets de sang.

- Ha merde... Dis-je en sentant la fatigue m'envahir comme un voile.

J'ai vaguement conscience de tomber à genoux et de m'effondrer dans l'eau des égouts tandis que Matt hurle quelque chose. Sauf que je n'ai même plus la force de tenir mes yeux ouverts.

Boaf... il me pardonnera bien une petite sieste... Songe-je en m'évanouissant.

Les robots tueurs nous ont pris en tenaille. Sortant de tous les côtés, ils tirent sans sommation avec leurs lasers, des lasers de découpe industrielle recyclés pour en faire des armes mortelles, équipés sur des robots tout aussi mortels. Ils ne sont programmés que pour détruire, ils ne connaissent ni fatigue, ni pitié, et, si par miracle leurs ennemis parviennent à les endommager, ils se réparent au bout d'un certain temps. Pour faire court, ces robots sont des versions géants de mes nanites. Ce qui est une chance pour moi, parce que, grâce à ça, je sais exactement comment les détruire.

Grâce aux nuages de nanites au-dessus de ma tête, j'ai une vue globale sur la situation. Et à chaque fois que l'un des marines de Jim fait un trou dans la carlingue des robots, je saute sur l'occasion et j'envoie un flot en forme de boule à l'intérieur du robot en question. Une fois le cerveau moteur atteint, j'enroule mes nanites autour, j'active le mode plasmatique... et le tas de ferraille s'effondre. Le problème, c'est que cette technique d'attaque me demande une concentration maximale, et que je ne peux pas utiliser mes petits robots pour défendre les rebelles. Le mieux que j'ai pu faire, c'est dresser un mur autour de moi pour me couvrir des tirs de lasers et pour découper les robots tueurs qui s'approchent d'un peu trop près. Le seul avantage de ce mur pour le reste de l'équipe, c'est qu'il protège aussi Matt, qui parvient à placer quelques jolis tirs dans la tête des robots, pour que je puisse ensuite les achever de l'intérieur.

Même si les hommes de Jim font de leur mieux, j'assiste, avec tristesse, à leur massacre par les machines des tekhans. Comme ils ne peuvent pas les approcher, ils sont obligés de les attaquer avec leurs lasers, qui transpercent leurs armures comme un couteau transperce du beurre. Ce spectacle me déchire le cœur, mais je sais que la seule chose que je puisse faire pour eux, c'est mon boulot. J'envoie mes nanites dans tous les coins, profitant de la moindre ouverture et réagissant à la seconde près. Pour chaque robot détruit, deux des nôtres se font tuer. Heureusement, avec un peu d'acharnement, nous finissons par venir à bout des derniers robots.

Je peux enfin relâcher un peu la pression. Avec les robots hors d'état, nous avons un bref moment de répit. Je me tourne vers Jim pour voir comment il va... et je vois qu'il à deux plaies à l'estomac, sûrement provoquées par des tirs de laser. Avant que Matt ou moi puissions prononcer un mot, le commandant s’effondre sur le sol, lâchant un dernier juron avant de perdre connaissance. Évidemment, nous nous ruons tous les deux vers lui pour nous assurer qu'il va bien.

« Médic ! Le commandant est à terre ! »

La médic lâche tout de suite le marine dont elle s'occupe pour venir voir Jim. J'en profite pour jeter un bref coup d'œil à sa blessure. Elle est superficielle. Une chance pour lui, le robot a du se prendre une balle au moment où il calibrait sa visée. La médic l'examine, et en arrive aux mêmes conclusions que moi.

« Il a eu de la chance. Deux centimètres plus profondément, et l'estomac était percé. »

« Le commandant a toujours eu une chance incroyable. »

« Pas tant que ça... Il a croisé ma route. »

J’exagère un peu, mais il est vrai que les personnes qui me côtoient d'un peu trop près ont une fâcheuse tendance à être blessés, ou pire... Mais dans le cas de Jim, je crois que je n'y suis que pour une petite partie. Le plus gros de ses ennuis, c'est lui qui est allé le chercher.

Toutes les personnes encore entières vont aider les blessés. Seul le commandant reste dans le coma. Je commence à stresser.

« On a pas le temps d'attendre qu'il se réveille. On va le transporter tout en avançant. »

Tout le monde me demande comment. Et comme d'habitude, je laisse mes actes parler à ma place. J'utilise une partie de mes nanites pour créer un brancard volant, sur lequel je pose la carcasse de Jim. Grâce à ce brancard improvisé, je peux non seulement le déplacer, mais aussi garder un œil sur ses signes vitaux.

« Et voilà. Maintenant, passons aux débris. »

L'effondrement du tunnel bloque toujours le passage, alors je décide d'employer la manière forte : avec mes ''mains'', je dégage le passage. C'est là que je me dis que j'aurais peut être du commencer par là quand les robots nous ont attaqués. Mais ce n'est pas le moment de se sentir coupable. La seule chose qui compte maintenant, c'est de sortir vivants de cet endroit.

« Une dernière vérification avant qu'on reparte. »

J'envoie tous mes nanites se répandre dans les égouts, dans chaque recoin puant de cette fosse géante. Une fois que je suis sure de ne rien avoir oublié...

« Imagerie sonar : activée. »

A ce moment, tous mes petits robots envoient, en même temps, une onde ultrasonique qui résonne dans toutes les galeries. Grâce à l'écho de ces ondes en cascade, je dresse un plan précis des égouts, et je m'assure qu'il ne reste personne d'autre que nous à l'intérieur. Ce qui, apparemment, semble être le cas. Je rappelle mes nanites, soulagé.

« Parfait. On peut avancer. Au fait, qui commande en l'absence de Jim ? »

- C'est moi, intervint Matt avec un grognement alors qu'il se relevait. Pourquoi tu crois que je suis commandant en second petit ?

Le trentenaire s'approcha du corps inanimé du commandant, l'air grave. Puis il secoua la tête et se tourna vers les survivants du groupe d'assaut.

- La pause est terminée. Chargés les blessés sur vos épaules. Je veux deux hommes en couvertures à l'arrière et deux autres en couverture en l'avant. Jonhson, tu reprends le commandement tactique du centre, je veux que le commandant sorte d'ici aussi intact que possible à partir de là.

- R'çu Capt'ain ! Salua sèchement Jonshon avant de se tourner pour distribuer ses instructions afin de former un cordon de sécurité autour de Raynor.

Matt hocha la tête dans sa direction. Jim était quelqu'un de très familier avec ses hommes. Ont pourrait même dire qu'il les connaissait tous et que tous le connaissaient ou avaient au moins partagé un verre une fois avec lui. Matt n'avait pas ce loisir. Il était le stratège des rebelles et passait son temps à échafauder des manœuvres, contacter des personnalités d'importances pour proposer des accords, négocier pour le matériel et la logistique, alimenter un réseau de contacts et d'espions pour les rebelles, bref, si Raynor était le cœur des rebelles, Matt était la tête. Et il avait bien l'intention de la garder sur les épaules afin de faire en sorte que le "cœur" s'en sorte.

Il s'avança ensuite vers le gamin et lui posa doucement la main sur l'épaule.

- Hé, entama-t-il d'une voix rassurante. Ormis le petit accrochage dans le labo, crois-moi ce n'est pas ta faute. Le commandant était recherché bien avant que tu n'apparaisse dans le secteur et ce n'est pas demain que ses ennemis cesseront de vouloir sa peau. Je pense plutôt que c'est une chance de t'avoir dans le secteur. Sans toi on aurait été tous découpés par ces horreurs. Alors oui, on a eu une chance monstrueuse de t'avoir avec nous. Et je ne parles même pas du trou dans la tête que tu m'as refermé, glissa Matt d'un ton léger, un petit sourire en coin.

Il retira ensuite sa main et vint se pencher dos à lui avant de lui faire signe de grimper.

- Puisque tu portes le commandant, je vais t'aider un peu aussi. Tu m'a pas l'air trop remis depuis ta course folle pour sortir du labo.

Voyant l'hésitation du petit, le sergent Johnson vint lui mettre une petite tape amicale dans le dos. Du moins aussi amicale que pouvait l'être un coup, même léger, de gantelet de combat hydraulique.

- Allez grimpe, de toute façon on t'en dois tous une. Et t'inquiète pas pour l'capitaine, il est aussi solide que nous sans armure. Au fait, moi c'est Jonhson. Si y'a un plouc qui t'fais chier, tu m'appelles et j'lui expliquerai calmement qu'mes amis c'est sacré et qu'ceux qui y touchent font pas d'vieux os.

- Moi c'est Tiffany,lui sourit une médic en s'approchant. Si t'as des questions à n'importe quel sujet médical, je t'expliquerai sans soucis.

Elle se pencha ensuite pour lui souffler à l'oreille.

- Et si tu veux t'amuser avec le vice-commandant, je peux aussi te filer des conseils,lui dit-elle avait un clin d'oeil conspirateur.

- Bienvenue chez les rebelles de Raynor petit, sourit Matt avec un air engageant en lui refaisant signe de la tête de grimper sur son dos. C'est pas grave si tu trébuche ou que tu tombes, on sera là pour t'aider à te relever.

En l'absence de Jim, c'est Matt qui commande, ce qui n'est pas pour me déplaire. En une seconde, il remet l'équipe en place. Puis il vient vers moi, pose une main sur mon épaule et me dit que ce qui est arrivé au commandant n'est pas de ma faute, que ses ennemis le traquaient bien avant que je n'arrive, que c'est même une chance que je sois à leurs côtés, vue le nombre de fois que je leur ai sauvé la mise.

« Tu as peut-être raison. Mais si je n'avais pas été là, il n'y aurait pas eu de robots tueurs, et Jim ne serait pas inconscient sur un brancard de nanites. Peut-être même que tu n'aurais pas eu de trou dans la tête à reboucher. »

Je me suis toujours senti responsable de ce qui arrivait aux gens trop proches de moi. En grande partie parce que la majorité d'entre eux finissent blessés ou tués. Cependant, personne dans le groupe ne semble me tenir rigueur de ce qui arrive. On dirait qu'ils sont habitués aux fusillades et au danger. D'un coup, je me sens moins coupable.

Matt me fait signe de grimper sur son dos pour que je récupère mes forces. C'est vrai que je ne me suis pas encore tout à fait remis de ma course folle dans le labo. Il n'empêche que j'hésite à le faire. Qui sait ce qu'un contact physique trop proche pourrait déclencher comme automatisme corporel chez moi. Voyant mon hésitation, le sergent Johnson et la médic Tiffany viennent me calmer. Johnson me met une tape amicale, bien qu'un peu forte, dans le dos et Tiffany me murmure qu'elle peut me filer des conseils pour m'amuser avec Matt. Avec le commentaire rassurant de ce dernier, je me calme enfin et je monte sur son dos.

« OK, on est partis. »

Le groupe se met en route. Deux marines assurent la couverture avant, deux autres assurent la couverture arrière. Au milieu, Johnson, Tiffany, Matt, Jim et moi. Tout le monde est en alerte maximum, prêt à dégainer au moindre individu louche qui ne se fait pas clairement annoncé. Par sécurité, je garde quand même un flot de nanites au-dessus de nos têtes, qui envoient des ondes sonar sur un périmètre de huit mètres tout autour de nous, histoire qu'on ne se fasse pas prendre par surprise à nouveau. En même temps, je garde un œil sur le brancard de Jim. Ses signes vitaux sont stables, il est juste inconscient.

Nous avançons dans les égouts sans croiser personne. J'en profite pour me détendre un peu. Je pose délicatement ma tête sur le dos de Matt, tendant l'oreille pour essayer d'entendre les battements de son cœur. Mais je n'entends rien car mon oreille est trop éloignée. Néanmoins, être ainsi collé contre le commandant en second me fait très plaisir, à tel point que je préfère transformer mon entrejambe pour avoir celui d'une fille. Juste au cas où... J'ai un sourire idiot et le visage détendu, comme un enfant en train de rêver. D'ailleurs, mon état ne passe pas inaperçu auprès de Tiffany, qui vient chuchoter près de mon oreille avec un ton amusé.

« Hé, attention mon petit. Il est encore trop tôt pour jouer. »

Un frisson me traverse le corps. Je ne peux pas nier que l'envie de faire des choses avec Matt me passe par la tête environ dix fois par minute depuis que nous sommes sortis du repaire caché dans le bar. Mais la médic a raison, il est trop tôt pour se détendre. Nous ne sommes pas encore sortis d'affaire. En plus, sous le coup de la gêne de m'être fait prendre la main dans le sac, je me concentre à nouveau sur le nuage de surveillance. D'après les images sonar, il n'y a rien aux alentours. Mais qui sait ce qui peut arriver d'ici notre sortie.

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Matt était sur ses gardes, surtout parce que ses deux bras étaient déjà occupés à retenir le petit Neko sur son dos. Malgré qu'il soit sur le qui-vive, la présence chaude et réconfortante qu'il sentait entre ses omoplates le troublait aussi énormément.

Dieu seul savait ce que le petit avait dû endurer, outre la perte de sa mémoire, pour devenir aussi redoutable à l'heure actuelle. Il se félicita que le commandant l'aie trouvé et l'ai invité à se joindre à la rébellion.

A un moment donné, il marqua une hésitation en sentant la tête du petit Neko se poser sur son dos et il tourna la tête pour s'assurer qu'il allait bien. Il fut rassurer de le voir respirer normalement, même s'il fut encore plus troublé par le sourire béat qu'il arborait.

Ressaisit-toi Matt ! Nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge !

Horner remarqua la médic Tiffany se pencher sur son dos et murmurer quelque chose au petit, mais il ne put saisir ce qui s'était dit. Il senti juste le petit Neko frisonner sur son dos.

- Aie pas peur, le rassura-t-il. Si tu es fatigué c'est normal. On a tous couru partout depuis le début de la nuit. Et d'après ce que j'ai compris, tu en avais même fais des belles avant avec le commandant. Mais on devrait plus en avoir pour très long. Alors tiens bon encore un peu, je te promet que tu pourra dormir dans une navette d'ici quelques dizaines de minutes.

Matt continua à marcher, suant à grosses gouttes dans son gilet de protection. Mais il était de loin préférable que ce soit lui qui ait le petit sur le dos. Déjà car les marines seraient les premiers à s'interposer si jamais il y avait du grabuge et avoir le petit Neko sur l'un de leurs dos serait le ramener sur la ligne de front. En plus, il maintenait le brancard de nanites sur lequel le commandant était étendu, donc le garder le plus proche possible devait, dans l'esprit à Matt en tout cas, faciliter le maintient.

Les rebelles progressèrent en silence, presque une heure durant. S'arrêtant dès qu'un bruit suspect se faisait entendre, mais heureusement ils ne croisèrent que des animaux d'égouts. Enfin, Johnson atteignit une lourd porte blindée qu'il ouvrit au moyen du digicode sur le flanc de la paroi. Quand la masse d'acier se déplaça, un courant d'air frais fut salué par l'ensemble des hommes et femmes présents d'un soupir.

Il se hissèrent péniblement vers le bord et virent de nombreuses silhouettes les attendre : les hommes que Raynor avait envoyé en avant ainsi que les Terranides libérés.

Des mains se tendirent vers eux pour les aider à sortir des égouts puants, des rires et des plaisanteries commencèrent à résonner autour d'eux. Les médics furent appelés en renfort et avec l'aide d'un VCS, prirent en charge le commandant qui fut amené à une navette médivac proche.

Matt reposa Tek_Neko au sol et se laissa lourdement tomber sur une caisse qui trainait à proximité.

Ils étaient dans canal artificiel, servant normalement à déverser les trop-plein d'eau de pluie qui envahissaient parfois les égouts de Tehkos City, à plusieurs kilomètres du bâtiment qu'ils avaient attaqué, évitant les pâtés de maisons et les quartiers bouclés grâces aux tunnels. Ce n'était rien de moins qu'une grande zone dégagée recouverte de béton en ligne droite. L'endroit idéal pour un point de rassemblement. Surtout que l'intervention des militaires du côté de l'usine avait remplis le ciel d'autres navettes d'urgence médivac et les contrôleurs aériens ne verraient pas la différence si quelques navettes de plus se glissaient dans le traffic de l'armée. Surtout si les contrôleurs en question avaient été soudoyés au préalable.

- Ça roule capitaine Horner ? Vint lui demander un des sous-officiers venu avec les médivacs.

- Ça ira... Commenta Matt. On a mis la mains sur type roux en blouse blanche, je le vois pas. Où est-il ?

- Vous êtes assis dessus, capitaine lui répondit l'homme en lui désignant la caisse.

Matt se releva et réalisa qu'en fait de caisson, c'était un sarcophage cryogénique et que le scientifique était bien en stase dedans pour son transport.

- Bon... Ben alors plus rien à dire lieutenant... Que donne l'évacuation ? Demanda Matt en voyant un autre VCS venir prendre le sarcophage en charge pour le monter dans une navette.

- On charge les derniers marines et Terranides dans les navettes et on va pouvoir partir d'ici cinq deux minutes. Répondit le sous-officier.

- La navette du commandant ?

- Il est à bord et, comme demandé, on a laissé deux places assises dedans.

- Parfait ! Quittons cet endroit lugubre lieutenant ! Ordonna Matt en faisant aller ses épaules

- À vos ordres !

Matt se tourna pour faire signe à Tek_Neko de le suivre et monta dans la navette où le commandant se trouvait sur un brancard pour armure.

- Tu as déjà vu la neige petit ? Parce que là où on va, y en a beaucoup, Dit Matt tandis que la passerelle se refermait sur eux.

Il aida le jeune Neko a prendre place et a se sangler dans son harnais avant de s'installer sur celui juste à côté. Peu après la navette décolla et les emmena loin de la cité, montant au-dessus des nuages pour saluer le soleil levant et laisser défiler une mer de coton blanc sous eux à travers les hublots.

- Maintenant tu peux dormir... Soupira Matt en s'appuyant contre son siège tout en fermant les yeux. À partir de là, nous sommes hors couverture radar grâce à nos générateurs de camouflage banshee.

Il n'était d'ailleurs pas le seul. Jonhson s'était aussi appuyé pour dormir et Tiffany s'était penchée sur l'épaule de son armure pour faire de même. Les autres marines de l'escortes dodelinaient aussi gentiment de la tête et finirent rapidement par s'assoupir.

Matt passa son bras autour des épaules du petit Neko pour qu'il puisse appuyer sa tête contre son torse et son souffle se ralenti gentiment avant de se stabiliser tandis qu'il entrait en phase de sommeil. Dans l’habitacle, seul les bip régulier des systèmes de surveillance vitale du commandant venaient troubler le calme.

Les rebelles rentraient au bercail. Et tous songeaient qu'ils avaient bien mérité une pause. Et les cieux clément semblaient la leur avoir accordée.

Notre groupe avance dans les égouts sans rien rencontrer d'autre en chemin que des rats et de la vermine. C'est à peine si j'arrive à garder les yeux ouverts : entre la fatigue et ma tête contre le dos de Matt, j'ai très envie de m'endormir. Mais à chaque fois que je sens que le lien psychique avec mes nanites est sur le point de céder, ça me fait comme un électrochoc qui me maintient éveillé. Matt me dit que, bientôt, je pourrais dormir dans une navette, ce qui n'est pas pour me déplaire. En attendant, j'utilise le peu de forces qu'il me reste, ainsi que mes petits robots, pour me garder conscient.

Une heure plus tard, notre groupe arrive à une lourde porte blindée, que le sergent Johnson ouvre grâce à un digicode. Je sens le vent frais qui vient de l'autre côté. Une fois dehors, je vois les hommes que Jim avait laissé garder l'entrée du complexe, ainsi que les terranides libérés. Maintenant que nous sommes enfin à l'air libre et en sécurité, Matt me repose par terre et va se reposer. Il l'a bien mérité.

Nous sommes dans un canal artificiel, servant à gérer les débordements d'eau des égouts. Un point de ralliement large et discret, à plusieurs kilomètres du complexe. Un endroit à peu près sur. Les militaires gèrent le départ des navettes transportant les réfugiés terranides. De mon côté, je cherche un visage bien précis : le maudit scientifique roux qui m'a enfermé, qui a tiré dans la tête du vice-commandant et qui semble avoir participé au programme « Weapon Nano ». Mais je ne le vois nulle part. J'interroge les marines, ils me disent tous que l'homme a été mis en stase dans un container cryogénique et embarqué à bord d'une navette, et qu'ils ont reçu l'ordre de tout faire pour que je ne m'approche pas de lui. C'est compréhensible, même si ça me vexe un peu. Jim a sans doute eu peur que, à la seconde où j'aurais ce type entre les mains, je le torture pour avoir des réponses et qu'ensuite je le tue d'une manière tellement atroce que personne ne pourrait en supporter la vue. De toute façon, je suis trop fatigué pour l'interroger. Je le ferais à la base des rebelles, après une bonne nuit de sommeil.

J'aperçois Matt qui me fait signe de venir. Nous embarquons tous les deux à l'intérieur d'une navette, avec quelques marines, dont Johnson et Tiffany, avec Jim sur un brancard. Le vice-commandant m'aide à m'attacher sur mon siège, puis la navette décolle. En très peu de temps, nous quittons l'espace aérien de Tekhos et nous finissons au-dessus des nuages. A bord, tout le monde s'assoupit. Matt passe son bras autour de mes épaules pour que je puisse poser ma tête contre son torse. Dans cette position, il ne me faut que quelques minutes pour m'endormir profondément, bercé par le bip régulier du système de surveillance vitale du commandant et les battements de cœur du vice-commandant.

Je refais le même rêve que celui que j'avais fait quand j'étais en cage, à la merci du scientifique. A la seule différence que, quand je tombe dans la fosse commune, une main me rattrape dans ma chute. Je lève les yeux et je vois Matt, qui me remonte à bout de bras. Une fois remonté au bord du volcan, je vois Jim, Johnson et Tiffany, ainsi que d'autres marines, qui me sourient et me disent que tout va bien. Ensuite, je regarde Matt, et je ne peux pas me retenir de le serrer dans mes bras. Autour de moi, le désert se change en prairie verdoyante. Les voix des cadavres se font de plus en plus silencieuses. Il n'y a plus de regrets, plus de haine, plus de peur... Juste le calme. Je me sens enfin en paix.

Je suis réveillé par la voix de Matt tout près de mon oreille. Il me dit qu'on est arrivés. J'ouvre les yeux, et je vois que, à part Jim qui est toujours inconscient, tout le monde a quitté la navette. Dehors, le vent et la neige hurlent. Pour me protéger du froid, j'utilise mes nanites pour augmenter ma température corporelle et pour épaissir ma peau. Je sors dehors et je regarde autour de moi. De la neige, de la glace et du blanc à perte de vue.

« Où sommes nous, Matt ? »