Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Silent Actor

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Silent Actor

1937 3

Lyan Rose

Terranide

Silent Actor

dimanche 14 décembre 2014, 16:51:46

« Since the Dawn of Times, all being bears darkness within their heart. [...] But you are not so chosen. [...] If you wish to defy this fact, the demon inside, then come and state your name, Seed of Man. »

"Depuis l'Aube des Temps, chaque être porte une certaine part de ténèbres en son cœur. Mais tu n'es pas si choisi. Si tu souhaites défier ce fait, le démon en toi, alors approche et prononce ton nom, Graine de l'Homme."

NOTE : Il s'agit de la suite d'un autre écrit datant de l'année dernière nommé Depuis les Ombres, à travers le Temps. Il est fortement conseillé de lire (ou relire) cet écrit avant de lire celui-ci.

Tu seras accordée d'un an. Fais de cette année le changement de toute une vie, de toute une existence. Tu n'auras qu'un an pour changer la face de ce monde, qu'il s'agisse de le détruire ou de le sauver. Change ta vie, et change ce monde. Toi, l'actrice silencieuse, toi qui ne regardais le monde qu'au travers d'un kaléidoscope. Depuis les ombres, à travers le temps, tu as toujours agi sans savoir quoi faire.

Silent Actor
Titre alternatif : Depuis les fins, à travers la vie.


Partie 1 : Another Code


13 Novembre 2011 – 15:45


- J'ai fait un rêve. Je revoyais ma terre d'origine, celle d'où je viens. Elle était en ruines. La fin du monde était là, et elle me tendait les bras. Et je ne pouvais rien y faire. Seules deux personnes continuaient à lutter pour survivre. Non pas pour sauver le monde, ils n'étaient pas aussi idiots que ça. Ils savaient que c'était peine perdue. Non, ils voulaient simplement survivre. Ces deux personnes fuyaient, se retournaient, avaient confié leur vie à l'autre. Tout ce qu'ils voulaient faire était vivre... qui sait s'ils ont réussi, au final ? Qui sait ce qui s'est passé ? Je n'en sais rien moi-même... Je n'ai pu que me réveiller, en larmes.
- Votre terre d'origine ?
- Je ne veux pas trop en parler... Vous ne me croiriez pas de toute façon.
- Nous sommes ici pour vous aider, mademoiselle. Vous le savez, pas vrai ? Vous traversez une passe difficile, on le sait. Si nous, et ce médecin, ne vous avions pas retrouvé... Qui sait ce qui se serait passé ?
- Je ne veux pas de votre aide. Vous le savez aussi bien que moi.
- Vous avez besoin de notre aide. Vous vous êtes terrée dans la solitude pendant un an après la perte d'un proche. Tout cela ne peut être que négatif pour vous. Alors maintenant, expliquez-moi toute cette histoire. Nous avons recherché dans les papiers officiels, et nous ne trouvons rien à votre sujet. Votre passé est un mystère. Vous êtes un mystère, mademoiselle. Rien ni personne au monde n'a entendu parler de vous avant ces deux dernières années. Je ne voudrais pas jouer un rôle qui ne m'appartient pas, mais tout cela est par définition... louche.
- Vous ne comptez pas abandonner, pas vrai ?
- Je n'abandonnerai pas, en effet. Pas avant de savoir ce qu'il en est de vous.
- Vous allez m'interner.
- On ne fera rien du tout.
- Oh que si, je vous connais. Vous allez m'interner.
- Enfin, arrêtez de perdre du temps ! Nous ne vous relâcherons pas avant de savoir, de toute manière.
- Bien... Quitte à finir entre quatre murs toute ma vie...

Alors elle prend son souffle, Mila Morgana. Elle respire. Le deuxième procès de sa vie, même si celui-ci est d'ordre médical. Elle va raconter à quelqu'un son passé. Pour la première fois depuis la mort de celui qu'elle considérait comme ce qu'elle aurait été si le sort avait fait d'elle un homme, et non pas une femme. Elle va raconter à cette bonne femme qui la harcèle tout ce qu'elle contient en elle. Non pas par choix, non. Elle veut juste partir – quitter cet endroit qui lui inspire si peu confiance. L'air empli de désinfectant, cette odeur de mort que l'on essaie de camoufler. Tout ce qui lui donne la nausée, et ce qui lui inspire un sentiment de rage. Elle n'a été que peu de fois dans un hôpital. Et cette fois, elle a été traînée ici de force. La douce joie des hommes zélés, toujours en quête de personnes à sauver. Le complexe du sauveur, cette foi en la douce hypocrisie qu'est rendre service pour obtenir remerciement. Petit sourire amer : s'ils veulent tant de merci, ils n'auront que des crachats dans leur paume grande ouverte.

Elle se met à tout dire à propos d'elle. Son passé. Sa provenance réelle. Mila Morgana, dix-neuf ans, née en 2495. La dernière de la lignée des Morgana, une expérience à l'échelle mondiale ayant pour but de créer l'humain parfait. Quelle ironie, lorsque cette théorie de l'humain parfait fut jugée en 2510 parce que le plus humain des humains s'avère être un potentiel danger envers l'humanité ! Depuis toujours, elle n'avait vu que des dos tournés et des formes de rejet. Alors le procureur qui l'a jugée, elle et personne d'autre, celui qui lui a tendu la première main, est devenu son sauveur. Elle a échappé à la mort pour la première fois grâce à cet homme. Elle est arrivée en ce monde, à cette époque, le 27 Novembre 2007. C'est là qu'elle a rencontré son frère d'une autre temporalité. Lui aussi un Morgana, lui aussi exilé. Seiker de son prénom. Aveugle. Et elle, la muette. Une rencontre qui n'était pas supposée se produire un jour.

Il lui avait parlé de leur mission en cette époque. Découvrir « la vérité » disait-il. Encore à cette époque, elle ne savait pas ce qu'il voulait dire par là. Il lui avait parlé de la boîte de Pandore. Eux deux étaient la première clé à la boîte. Le but était ici de refermer la mythique boîte de Pandore, la source de tous les maux dans ce monde. Ils étaient les humains les plus parfaits au monde. Ils étaient donc les mieux qualifiés pour cette tâche. A eux deux, ils allaient refermer cette boîte à jamais. Et pour ce faire, ils allaient devoir se battre. Il existe des mondes parallèles, Venari strigas, contenus à l'intérieur de créatures semblant humaines au premier abord. On les nomme Corrompus. Détruire leur apparence extérieure permet d'entrer dans ces mondes et en détruire l'intérieur également.

Tout se passait si bien.

Jusqu'à ce que Seiker décède lors d'un assaut dans un Venari strigas. Se battre n'était bien évidemment pas sans dangers : et la mort en était un. Elle avait traîné le corps de Seiker jusqu'à l'hôpital. C'est la première fois qu'elle allait dans cet endroit. Bien évidemment, le médecin ne pouvait plus rien pour Seiker, qui était déjà froid. Elle était repartie, avait enterré Seiker elle-même et avait gardé son arme. Elle ne voulait pas que quelqu'un d'autre la trouve par hasard. Depuis ce jour, elle avait retrouvé sa voix. C'est pourquoi elle était devenue artiste de rue, et ne vivait que de ses performances. Chasseuse de sorcières le jour, chanteuse dans les rues la nuit. Une vie monotone et solitaire.

Jusqu'à ce qu'un détective vienne mettre son nez dans ses affaires. Le médecin n'était pas resté les bras croisés lorsqu'il a vu une jeune fille porter un cadavre sur ses épaules. De plus, elle n'était pas difficile à retrouver. Avec ses yeux rouges, et sa chevelure de neige. Bien vite un homme était venu enquêter. Et c'est ainsi qu'elle se retrouvait ici, un peu moins d'un an après la mort de Seiker, devant une psychologue et un inspecteur de police, dans une chambre d'hôpital.


- Et voilà, voici toute mon histoire. Vous êtes satisfaits maintenant ? Qu'est-ce que vous allez faire ? M'interner ?

Elle ne croyait pas si bien dire. Le lendemain, les formulaires étaient prêts et elle se retrouvait dans une cellule spéciale. Capitonnée. Sans camisole de force, à la grande détresse des aides-soignants. Une élégie pour les détenus et les caméras de surveillance. Une élégie pour la jeune femme qui pleure, recroquevillée dans un coin de la cellule. Sortez les violons, faites pleurer les choeurs, chantez et dansez à la gloire de la jeune femme qui, pour avoir été trop honnête, s'est retrouvée prisonnière de son propre passé.

Chaque jour sonnait la même rengaine. Matin : médicaments. Midi : psychologue. Après-midi : confinement. Soir : médicaments. Et pour la nuit... le traitement l'abrutissait tellement qu'elle ne pouvait rien faire d'autre que dormir. Loin de son arme, Existence. Loin de celle de Seiker, Déchéance. Ce qu'elle ne voulait pas savoir, c'est ce qui allait se passer après. Que lui réservait demain ? Elle ne voulait pas y penser. Elle ne voulait pas l'admettre – mais la réponse la plus probable était claire et nette.

Elle ne sortirait jamais d'ici vivante, que ce soit demain ou dans cent ans.



11 Mars 2515 – 18:33

C'était un jour tout à fait normal, sans aucun obstacle dans ma vie. Un jour où j'étais dans un profond ennui. Je marchais dans la rue, sans prêter attention aux écrans autour de moi. Tous montraient un homme ventripotent, une mine d'enterrement. Qui ne savait pas qui était cet homme ? De nos jours, il n'existe plus que deux grands empires. La Néo-Brittanie, l'empire fondé sur les bases de l'ancienne Europe, étendu jusqu'à l'ancienne Asie, et les Nations d'Outremer, couvrant ce qui était autrefois l'Amérique toute entière et une multitude de continents. Celui qui parlait aujourd'hui n'était que l'Empereur Brittanien, Harper Morgana. Mes oreilles sont couvertes par mes écouteurs, je ne veux pas écouter cet homme. Je ne veux rien savoir, rien entendre, je ne veux pas communiquer avec le monde extérieur. C'est tout.

Écoute-le.

Me dit mon instinct.

Au même moment, la batterie décide de me lâcher. Adieu musique, bonjour le monde. Puisque je n'ai rien à faire, autant écouter ce vieux bonhomme. S'il est montré sur tous les écrans, c'est qu'il y a une raison. Je le regarde. Des larmes se forment dans le coin de ses yeux. Il a cette voix pitoyable, qui fait tout ce qu'il est. Un régent pitoyable, qui n'a fait que séparer de plus en plus la Néo-Brittanie. Un homme mou, sans volonté. Un type qui n'a accédé au pouvoir que par la succession. Sommes-nous toujours dans une démocratie ? Bien sûr, vous dira le citoyen modèle. Mais au fond, tout le monde sait ce qui se passe. Nous sommes entrés dans une ère de tyrannie. Non pas une dictature, non. Nous avons choisi notre destin, pas vrai ?


« Il est très malheureux que j'aie à dire cela, mais la fin du monde est aujourd'hui. »

Oh, attends. Pas possible. Vous devez être en train de vous foutre de moi. Il n'a pas dit ce que je pense avoir entendu, pas vrai ? Tout le monde a tourné la tête au même moment. Le premier coup de feu a résonné dans la rue. Les cris, la terreur. Tout s'installe en même temps. Mon premier réflexe a été de courir dans la direction du coup de feu. Si quelqu'un peut faire la différence, c'est moi. Je ne comprends plus ce qui se passe. C'est le chaos total. J'esquive toutes les personnes qui courent dans la direction opposée. Je suis le seul à aller dans cette direction. Tous les autres fuient. Ici et là, je vois des hommes en blouse blanche se frotter les mains.

« Merveilleux » disent-ils en murmurant, un grand sourire sur les lèvres.

Doute.

La musique revient dans mes oreilles. Ce n'était donc pas la batterie, tout a été fait pour qu'on entende très bien ce message. La fin du monde. Je ne sais pas encore comment, ni pourquoi. Mais mes yeux consultent tout. Je vois. Je vois tout. Le choeur des cris et des pleurs, les bâtiments qui semblent trembler. Un prêtre à genoux, en train de prier. Des hommes en uniforme, arme à la main, tirant dans la foule. Dans mes oreilles résonne une musique que je n'ai jamais entendu auparavant. Qui me fait passer un message.


« Tu veux survivre, n'est-ce pas ? »

Encore quelques mètres. Il est là, je le vois. Le premier d'entre eux. Je ne ferai pas usage de mon don tout de suite. Je me contente de courir vers lui. Il m'a vu, il me vise. Trop tard, mon ami. Je l'attrape par la gorge et je le plaque au sol dans le même élan, avant de lui prendre son arme. Ca ne vaut pas mes gantelets, mais on va faire avec. Il est temps de commencer la rébellion. Je tire sur tout ce qui porte un uniforme, j'essaie de gagner du temps pour laisser les civils s'échapper. Ils sont trop nombreux. Je ne vais pas tenir très longtemps...

« Tu veux survivre, n'est-ce pas ? »

Ne me dis pas quoi faire. Je sais très bien que si je continue ainsi, je suis condamné. Il est temps de se replier. Je me cache dans un bâtiment, en attendant que les forces se dispersent. Tout se déroule trop vite pour moi. Je n'arrive plus à suivre. Un de ces hommes en uniforme entre dans le bâtiment. Je le vois, il ne me voit pas. Je lui couvre la bouche, je lui plante le canon sous la gorge et j'appuie sur la gâchette. Je ne pensais pas que je tuerais un jour, ni que cela ne me procurerait aucune émotion forte. Je monte à un étage. Le son se coupe une nouvelle fois dans mes oreilles. Une voix que je connais bien prend la place de ma musique, à mon mécontentement.

- Cender ? Cender. Cender !
- Ca va, je suis encore en vie. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ah... Rejoins-moi au bureau de la Justice, Cender. Il n'y a pas de temps à perdre. Fais aussi vite que possible.
- Bien, bien... J'arrive.

Le bureau de la Justice, hein... Ce n'est pas loin. A vrai dire, c'est juste à côté. J'ai de la chance. Je sors une petite capsule de ma poche. Elle contient ce qu'il y a de plus précieux à mes yeux. Mes armes. Deux gantelets des plus résistants, auxquels on a incorporé une multitude de fonctions, et deux bottes en métal très léger, elles aussi bourrées de fonctions très pratiques. J'active la capsule, et tout cela tombe devant mes pieds dans un bruit, il faut le dire, assez peu discret. Je n'ai pas beaucoup de temps devant moi, je dois les enfiler tout de suite et filer. J'entends des bruits de pas. On court vers moi. Je serai prêt à temps. Je frappe trois fois mon talon par terre. La première charge de vitesse s'active dans mes bottes. Le type en uniforme ne s'attendait sans doute pas à me voir partir comme une flèche devant lui. Son dernier souvenir sera sans doute la douleur d'un poing d'acier dans son estomac. Il s'écroule à mes pieds, les yeux révulsés. Bien... On peut continuer.

Je profite tant que la charge de vitesse est encore active pour descendre les escaliers en trombe, sortir dehors et affronter la masse d'uniformes devant moi. Qui sont-ils exactement ? Ce n'est pas l'uniforme de la milice, maintenant que je regarde... Je les vois. Ils me voient. Ils ouvrent le feu, alors que je les contourne. Le plus proche d'entre eux se prend mon tibia dans le bassin à pleine vitesse, et vole sur quelques mètres avant de s'enfoncer dans un mur. Ils ont eu la mauvaise idée de se regrouper. Maintenant que je suis en plein milieu, ils ne peuvent pas tirer sans se toucher entre eux. Personne ne m'arrêtera. Garder mes amis près de moi, et mes ennemis encore plus près. La base de ma vie et de mes pensées, en quelque sorte... Un de ces types a sorti un couteau et essaie de me planter avec, mais il est trop lent. Je dévie la lame avec mon gantelet, et je lui donne un bon coup de poing dans les côtes. Il me servira de bouclier humain, et aussi d'arme. Sa jambe est disponible, alors je l'attrape et je le fais décoller pour que son corps frappe tous ses camarades. Ils sont tous à terre : c'est le moment.

J'active une deuxième charge de vitesse. Il est temps de partir d'ici. Le bureau de la Justice se trouve à quelques centaines de mètres : avec une charge de vitesse, il s'agit d'une trentaine de secondes. Tout au plus une minute. Cours, cours. Je ne combattrai pas plus, mon corps commence à atteindre ses limites. Je vois le bureau. Personne devant, personne autour. Je peux entrer sans problèmes.

A l'intérieur m'attend un homme aux cheveux entre le gris et le brun, un type sans âge qui me regarde d'un air dur mais aussi soulagé. Le procureur connu pour avoir maintenu l'accusation face au procès du siècle, celui de Mila Morgana, l'humaine parfaite. Evan Rose, dans toute sa splendeur. Et aussi celui que l'on pourrait appeler mon père spirituel. L'atmosphère s'alourdit d'un coup. Des bruits de pas. Autour de nous. Ce n'est pas vraiment humain. C'est... des chiens ? Aboiements. Des chiens. Pourquoi maintenant ? Ca ne pouvait pas attendre, non, il fallait que ce soit des chiens. Petite explication : les chiens ne sont plus utilisés comme animaux domestiques depuis un décret datant de l'année 2334. Ce sont maintenant presque tous des chiens utilisés par la milice ou les services de dépistage. Et croyez-moi, vous ne voulez pas vous retrouver face à un de ces clébards.


- Bordel Evan, ils ont amené des chiens. On fait quoi, maintenant ?
- On fonce.

Il se dirige vers l'ascenseur, en me faisant signe de le suivre rapidement. Les portes se referment juste à temps, j'entends les chiens entrer dans le bâtiment. Aboiements, toujours. Les étages se succèdent, et je peux enfin reprendre mon souffle. J'en profite pour questionner Evan Rose, qui devrait en savoir plus que moi sur le sujet...

- Tu m'expliques, maintenant ? Pourquoi la ville est dans cet état ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi le vieux Morgana a déclaré la fin du monde ? On va tous mourir, c'est ça ?
- Une chose à la fois, Cender. La fin du monde, c'est quelque chose qui se trame depuis cinq ans. Vois-tu, les Morgana n'ont pas été très heureux de l'exécution de Mila Morgana, le résultat de siècles d'expériences. Ils ont donc passé cinq longues années d'études pour leurs représailles. Tu as dû remarquer les scientifiques qui se réjouissaient. Cette fin du monde est la fin de leur expérience. Nous n'étions qu'une expérience depuis le début, Cender.
- Tu le savais... et tu n'as prévenu personne ?!
- Calme-toi. M'aurais-tu pris au sérieux si je t'avais dit qu'un jour ou l'autre, les Morgana allaient lancer leurs forces spéciales et une myriade de bombes sur nous parce que leur précieux projet a été mis à mal ?

Il marque un point, ici. Jamais je n'aurais pris au sérieux un type qui se serait pris pour un prophète, procureur de génie ou non. La fin du monde, si je ne voyais pas une force armée tirer ouvertement sur des civils, je n'y croirais pas. Mais là...

- Bon, alors. C'est quoi ton plan, maintenant ? Je suppose que tu as quelque chose de prévu, après cinq ans à connaître leur plan oh si machiavélique...
- Bien vu, gamin. Et si je te disais que Mila Morgana n'est pas morte, et qu'elle travaille dur pour servir les intérêts de l'humanité ?
- Vu l'état des choses, je te croirais... Et donc, qu'est-ce que Mila Morgana a à voir avec tout ça ?
- Facile. Tu vas aller la rejoindre et l'aider.

L'aider ? La rejoindre ? Mais où elle est, alors ? Vu l'influence des Morgana, ils l'auraient retrouvée si elle était toujours en vie à notre époque...

Attends...
…. A notre époque ?


- Evan, ne me dis pas que...
- Cender. Ta prochaine destination est l'année 2011. Tu vas être l'élément clé. Tu vas être celui qui va sauver le monde. J'ai toujours su que tu aurais un destin de justicier quelconque, mais je ne pensais pas que je t'enverrai sauver l'humanité un jour.
- Tu es un grand malade.
- Je sais.

Je savais que ce type était louche, mais jamais, au grand jamais, je n'aurais pensé qu'il aurait pu faire ça. Cet homme devant moi a prédit tout ce qui allait se passer. Absolument tout. Il a envoyé Mila Morgana dans le passé, pour une raison qui m'échappe... Soit. Mais comment ? Les machines temporelles se font rares de nos jours, depuis l'abolition du voyage dans le temps. Les seules personnes qui les utilisent encore sont les historiens confirmés... Alors comment ? Pourquoi en a-t-il une ? Et comment a-t-il pu la dissimuler dans son bureau ? Car l'endroit où nous nous rendons, le dix-huitième étage du bureau de la Justice, est bel et bien le bureau du procureur Evan Rose.

Les portes s'ouvrent, et elle se tient devant moi. Je réalise enfin. La machine à remonter le temps n'est pas dans son bureau – son bureau est la machine. J'ai passé quelques temps dedans, et je savais que certaines choses n'étaient pas censées être dans un bureau de fonctionnaire. Et cette salle en était remplie. Il s'assoit à son bureau, tranquillement. Il sait que les chiens ne viendront pas ici. Il tape des choses à son clavier. Des mécanismes se mettent en place. J'entends le bruit de la technologie.


- Bien, c'est prêt. Va t'asseoir sur le siège, là-bas.

Il relève la tête avec un sourire. Je vais donc m'asseoir sur un siège des plus banals, au fond de la pièce. Je ferme les yeux, tandis qu'il me parle. De ce que je dois faire là-bas. Ce que je dois accomplir. Ma mission, là où personne ne pourra m'atteindre. Son sourire ne meurt pas. Et pourtant, lui mourra bientôt. Comme si j'étais la certitude que le monde n'allait pas être détruit, au final. Il finit de me donner ses instructions.

Il baisse un levier.

Le reste n'est que vide dans mon esprit, tandis que je remonte les époques.




22 Novembre 2011 – 15:45

Combien de temps s'était écoulé depuis son internement ? Jours sans fin, nuits si longues. Si pénibles. Cette fatigue, qui la détruisait intérieurement. Pourquoi elle ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Le monde peut bien finir, ce ne sont pas eux qui bougeront. Une illusion. Tout est une illusion. Elle a si peur, si froid. Mais le traitement lui ordonne de rester calme. Alors elle reste calme. La peur de rester ici à tout jamais est devenue une légère inquiétude. Elle est devenue si passive. Comme un jouet que l'on aurait cassé. Et qui ne serait jamais réparé, toujours abandonné. Ses forces l'ont abandonnée. Plus aucun espoir de sortie, ni aucune volonté. Elle n'est plus qu'une poupée de chair, dorénavant. Tout est fantaisie, illusion. Elle ne peut pas être coincée là à jamais, pas vrai ?

La porte s'ouvre. Elle daigne à peine lever les yeux. Un infirmier qui la regarde, prend des notes, et referme la porte. Elle n'a même pas de lit sur lequel s'installer. A même le sol capitonné. Avec en tout et pour tout un oreiller, un matelas, une couverture si mince. Elle est enroulée dans la couverture, assise sur le matelas. Ses yeux contemplent le vide. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Alors elle regarde le ciel. Ce qu'elle reconnaît maintenant comme le seul ciel qu'elle verra dans sa vie. Ce plafond. Capitonné. Elle n'a même plus la rage de se rebeller, plus aucune vie dans ses yeux. Tout est illusion. Tout est fantaisie. Pourquoi fait-il si froid ? Oh, elle a encore dû oublier de payer le chauffage. C'est ça. Elle est chez elle, en train de délirer. Alors Existence et Déchéance ne doivent pas être loin. Et sa guitare non plus. Elle se met à tâtonner, dans la chambre. Elle rampe aux quatre coins, son regard vide parcourant le sol. Pourquoi il n'y a rien ? Pourquoi le sol est-il si mou ?

Si ironique, l'état de Mila Morgana. L'humaine la plus parfaite, en proie à une détresse qui la fait délirer. Qui sait encore ce qui est vrai ou faux pour elle ? Dieu se moque bien de ce qu'il regarde, il n'est que spectateur. Les imperfections, il les a créées de toutes pièces pour son propre divertissement. Petit à petit, elle commence à réaliser. Ce n'est pas un rêve ni une hallucination. Elle a bel et bien tout perdu, jusqu'à sa liberté. La porte s'ouvre de nouveau. Bruits de pas. Elle reconnaît la démarche. Elle ne tente pas de fuir, ni de s'approcher. Elle reste stoïque. On lui parle, à elle. Mais elle n'écoute pas.


- Mademoiselle Morgana. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?

Pas de réponse. Un long silence qui s'installe. Elle regarde à peine cet homme en blouse blanche, un carnet à la main. Il est patient, il attend. Elle ne fait que le regarder de biais, sans ouvrir la bouche. Dans ses yeux à lui, on peut voir comme un semblant de compassion. Un médecin tombe toujours sous le charme de son métier d'une façon ou d'une autre. Certains sont fascinés par la maladie. Les autres sont fascinés par leurs patients. Lui faisait partie de la catégorie du milieu. Les maladies mentales étaient la raison pour laquelle il a commencé à étudier. Puis la singularité de chaque patient, dans toute sa généralité, l'avait plus intéressé. Illusion, encore une fois. Il n'y a ni bien, ni mal. Ni blanc, ni noir. Juste une palette de gris plus ou moins clairs, plus ou moins foncés. Et Mila le savait : celui-ci n'était ni clair, ni foncé. Un salaud ordinaire.

Accessoirement psychiatre.

Il ne faisait plus son métier pour soigner, non. Il le faisait pour observer, prendre des notes, découvrir. Quand bien même son patient ne soignerait pas, peu lui importait. Au contraire, s'il pouvait avoir plus de renseignements... Semblant de compassion, donc. Une illusion, encore une fois. Tout est illusion, tout est fantaisie. Tout devrait mourir un jour, et tout s'accroche à la vie comme si elle était éternelle.

Personne n'est exception.


- Mademoiselle Morgana ? Toujours votre traitement qui vous affecte, n'est-ce pas ?

Étancher sa curiosité, encore et toujours. Sous son air concerné se cache la délectation d'un patient unique en son genre. Et pourtant si commun. On n'imagine pas le nombre de personnes ayant des difficultés à se faire soigner dans ces cas-là. Elle se disait, au fond ils n'ont peut-être pas tort. Peut-être que j'ai été affectée, peut-être que je ne suis pas là par hasard. Mais là n'est pas sa place. On la suspecte de plus en plus d'avoir tué Seiker. De ses propres mains. Tout ce qui manque, ce sont des preuves. Elle n'est pas là pour une quelconque dépression ou autre irrégularité mentale. Non. Elle est maintenue hors du reste du monde. Amèrement, elle pense. C'est comme à son époque, lorsqu'elle n'était pas Mila, mais la dernière des Morgana. Elle avait perdu toute individualité. Elle était devenue un suspect instable, pas Mila Morgana.

- Bon. Si vous ne voulez pas parler, je vais vous laisser. Bonne journée, mademoiselle Morgana.

Alors il se retourne et ferme la porte derrière lui. Illusions, fantaisies, tout devrait avoir un début et une fin. Elle avait l'impression de n'être qu'une fin, sans avoir eu de commencement. Un monde qui n'a jamais existé. Un point vide de couleur dans une phrase qui ne fait aucun sens. Pourquoi ? Comment ? Pourquoi elle ? Le soleil se couchera de nouveau, et se relèvera demain matin. Et elle ne le verra toujours pas. Elle est bloquée ici, à jamais. Une nuit de plus à ne pas pouvoir lutter.

Raconte-moi ce conte de la princesse qui passa cent ans à dormir, avant de se réveiller. D'un baiser du prince charmant, l'homme de tous les rêves. La dernière illusion. Raconte-moi la suite de ce conte. Ils vécurent heureux, eurent beaucoup d'enfants. Baignés dans la dernière illusion au monde, la plus tenace de toutes. Attendre, attendre, attendre. Pourquoi devoir attendre le bonheur, quand on peut aller le chercher soi-même ? Voilà cette dernière illusion. Le destin, l'amour, tout ce que l'on croit acquis depuis tant de temps. Rien ni personne n'est parfait. Vivre heureux jusqu'à la fin de ses jours ? Voici bien la dernière illusion. L'illusion que le monde est un endroit où nous avons un rôle, que nous avons une place prédéfinie. Un monde où si on fait ce que l'on veut, on sera heureux. Illusion, fantaisies. Attends donc de voir la fin de l'acte avant de juger la fin d'une pièce. La vie n'est ni comédie, ni tragédie.


Non, la vie n'est pas plus qu'une pièce monotone et répétitive. Alors elle commence à chanter, Mila Morgana. Seule dans sa chambre, le dernier endroit où elle peut encore exister désormais.



C'est toi qui pleures,
C'est toi qui te sens seul,
Tu as raison ;
Tu ne fais qu'être humain...


On frappe à la porte. Elle arrête de chanter, elle se lève doucement. Ses jambes tremblent. Qui pourrait bien vouloir la voir, elle ? A part tous ces gens en blouse blanche. Qui ne frappent pas, eux. Ils entrent. Ses yeux se tournent vers la porte, porte qui s'ouvre doucement. Elle entend des voix assez jeunes derrière la porte. La porte s'ouvre. Devant elle se trouve un groupe de quatre enfants, entre dix et quinze ans environ. Tous vêtus d'une veste, une capuche sur la tête. Et tous ayant un léger sourire sur les lèvres. Tout autour d'elle. Attendant, attendant.

Attendant.

L'un d'entre eux, le plus vieux, tend la main vers elle, la paume vers le ciel. Son sourire ne dépérit pas.


- Mila Morgana ?
- Qui êtes-vous ?

Au fond, elle savait qu'ils ne lui voulaient pas de mal. Ils étaient là pour elle, pas pour quelqu'un d'autre. Elle et personne d'autre. Elle prit le temps de les regarder, les uns après les autres. Ils avaient tous déjà des cernes, et leurs yeux reflétaient une certaine maturité qu'elle n'attendait pas de la part d'une bande d'enfants comme eux. Elle n'aurait jamais rêvé de sortir d'ici un jour, mais quelque chose lui disait que ces jeunes étaient là pour la délivrer de son donjon si solitaire. Et l'emmener dans la ville où son existence perpétuait malgré elle.

Le jeune qui s'était adressé à elle avait baissé le bras, et souriait encore. Une main sur la hanche, l'autre faisant un grand mouvement enveloppant le reste de ces jeunes. Comme pour les présenter.


- Je suis Kido. Nous sommes les Enfants des Rues. Nous sommes cinq en tout : la cinquième monte la garde en ce moment.

Puis, relevant sa main vers elle :

- Tu veux t'enfuir ? Nous sommes là pour te libérer de tes chaînes.

Sans hésiter, elle donna sa main à Kido et sortit de la chambre, sans même se demander pourquoi ou comment ils étaient venus la chercher. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'ils allaient lui permettre de sortir d'ici.



Spoiler: INTERLUDE  #1 (cliquer pour montrer/cacher)



« A picture says with sight what we can't say with words. But you've been walking eyes-to-feet and blindfolded. A picture will survive, so smile and look alive. The camera's lens is opening, the wider angle is yours. »

"Une image dit avec la vue ce qu'on ne peut dire avec des mots. Mais tu marches les yeux rivés au sol et les yeux bandés. Une image survivra, alors souris et aies l'air vivant. L'objectif de l'appareil s'ouvre, l'angle le plus vaste est le tien."



Partie 2 : Heat-Haze Daze


23 Novembre 2011 – 13:43

Ah, où te trouver maintenant ? J'étais enfin arrivé à ton époque. Là où on voyait encore le ciel. Cette époque où le grand Dôme n'existait pas encore. Les lumières artificielles, la lumière des lampadaires la nuit. Un monde où la nuit est encore noire. Je ne m'y attendais pas vraiment. Alors j'ai glané quelques informations sur l'époque quand je suis arrivé. Sur ton époque. L'année 2011. La Néo-Brittanie n'existait évidemment pas encore. Les Nations d'Outremer se nommaient encore les Etats-Unis d'Amérique, et n'étaient pas aussi étendus qu'à mon époque. La langue la plus parlée en terme de langue natale était encore le chinois mandarin, et la langue internationale n'était pas encore l’espéranto mais l'anglais. Quelle époque.

Je suis tombé en pleine Révolution Technologique. Encore quelques dizaines d'années et la téléportation serait aboutie. Les premiers androïdes aussi. Bah, le début de la robotisation des humains se faisait déjà : les prothèses mécaniques se font de plus en plus abouties. Encore trois ans, et une main capable de recréer le sens du toucher serait finalement faite. Sept ans pour qu'elle ressemble à une main humaine. Dix ans pour le premier cœur artificiel opérationnel. Ah, le monde de la médecine avait bien évolué. Je hais ce monde autant que je l'aime. L'armement avancé n'existait pas encore, et encore heureux ! Nous serions en pleine guerre sinon. J'ai aussi compris pourquoi Evan m'a envoyé en 2011. Le projet Morgana allait commencer un an plus tard.


« Ton but est d'empêcher toute cette calamité d'exister. Pour cela, il faut empêcher tout ce qui a inspiré le projet Morgana d'exister. Détruire la toile de cette araignée. C'est une tâche dangereuse, mais je suis sûr qu'avec l'aide de Mila Morgana tu peux y arriver. »

Encore fallait-il te trouver, avant de commencer à travailler avec toi, pas vrai ? Alors je me suis renseigné partout où je pouvais. A ton époque, la milice... enfin, la police, était encore assez coopérative sur ce point de vue. Je me suis adressé à eux. Ils n'avaient jamais entendu parler de toi. Le nom « Morgana » leur était totalement étranger. Te voilà dotée d'un an pour détruire tous tes liens et être enfin libre. Mais pour cela, il va falloir passer par certaines étapes... Oh, comme tu vas sans doute me haïr pour cela. Tu es l'humaine la plus humaine. Sans aucun doute, tu vas me haïr de tout ton cœur. Mais il est nécessaire que l'on passe par là. Pour ton bien, pour le mien, pour le bien du monde entier.

J'ai enfin trouvé une piste au hasard. Tu étais une artiste de rue qui se produisait dans un grand boulevard. Nombre de boites ont tenté de t'acheter, tout autant ont vu leurs espoirs de nouvel espoir réduits à néant. Ainsi j'ai pu remonter parmi tes fans, ceux qui venaient te voir chaque soir. Tous disaient la même chose : après le 13 Novembre, plus jamais tu n'es apparue devant ton public. Je savais en quelque sorte que tu fais quelque chose de dangereux, sans que l'on m'ait expliqué ce que c'était exactement. On m'a parlé de ces Venari strigas. Tu aurais très bien pu périr dans l'un d'entre eux que je ne le saurais pas.

C'est ainsi que j'ai commencé à arrêter de te chercher. En me disant que si le Destin nous voulait réunis, on se retrouverait. Connerie de ma part, non ? Croire au Destin, le grand Destin, quand j'ai failli crever dans la fin du monde. La manière du Ô si valeureux Destin de me chier sur les pompes, non ? Nous vivons tous les deux une double vie. Si je voulais te retrouver, il allait falloir assurer les deux au maximum. Je n'allais pas me risquer à recréer l'effet papillon en remontant encore le temps. Je pourrais ceci dit. En cas de nécessité, il me restait un moyen de changer d'époque encore une fois. Une seule fois, je ne pouvais pas me permettre de gâcher cette chance.

Certes, j'aurais pu remonter au 12 Novembre, pour être sûr de te voir, te parler de ce que nous avons à faire. Mais m'aurais-tu écouté ? Donc je vais commencer le travail tout seul. Puis je te retrouverai, et on en finira ensemble. Et si je ne te retrouve pas, alors peu importe. Je finirai le travail tout seul.

C'est comme ça que je me suis dirigé vers le premier objectif. Une bande de gosses. J'avais abandonné mon armement habituel là où tu habites. J'avais retrouvé l'adresse, et pour être honnête, il était assez simple de rentrer à l'intérieur. J'avais donc déposé mes gantelets dans un coin, près de mes bottes. La présence de cette faux rouge m'avait confirmé que tu étais encore en vie, ou du moins que tu n'étais pas morte dans un Venari strigas. Quel genre d'idiot va sur le champ de bataille sans arme ? A la place, j'avais pris deux couteaux, et un pistolet à silencieux. On n'est jamais trop prudent. Mon état du monde.

Jusqu'au bout du monde je chercherai, s'il le faut. Combats, si le cœur t'en dit ! Combats ton destin, comme je suis en train de me battre contre le mien. Écoute moi bien, je te trouverai quoi qu'il m'en coûte. Même si je dois modifier l'Histoire pour toujours, j'empêcherai mon monde de se finir. Qui sait, je pourrais peut-être même empêcher la mort de plus de gens que ce que je pensais...

… Même si je dois tuer pour sauver.

Alors à ce moment, alors à ce moment, on me verra comme la figure du Mal. Tu me verras comme le Diable en personne. Mais au fond, je serai un Sauveur que personne n'aura remercié. Mais tu sais, je m'en fous. L'important est de sauver ce monde, même si je ne vis pas pour le voir de mes propres yeux. Je dois te retrouver pour que toi seule soit juge de mes actions. Je suis prêt à tuer pour te sauver, toi, et sauver le monde entier. Et toi, es-tu prête à tuer pour changer la face du monde ?

Suis-je bête. Tu tues déjà. Ce n'est pas humain, mais tu tues déjà.

Tu n'es pas différente de moi.

Je te retrouverai, Mila Morgana. Parce que c'est ma mission, parce que je le veux, parce que je veux te connaître, parce qu'il faut que nous nous retrouvions pour sauver ce monde.

Mais pour le moment, je n'ai pas besoin de toi.

Alors ma marche vers mon objectif reprend. Le chemin ne se montre qu'à ceux qui regardent devant eux, pas à ceux qui regardent le sol. Nous avons un an. Un an pour changer la face du monde, empêcher le projet Morgana. Un monde pour leur montrer ce que nous sommes vraiment. Alors, chasseuse de sorcières ? Seras-tu alors prête à prendre un dernier risque pour sauver des gens que tu ne connaîtras jamais ? Seras-tu prête à tout faire pour sauver ceux qui t'ont forcée à vivre ici, en cette époque ?

Ah, je suis bien aimé de l'irréalité. Me voilà en mission pour empêcher quelque chose que nombre de gens considèrent irréel, en utilisant un moyen qu'autant d'entre eux penseraient irréalisable, en quête de choses impensables. Tout en étant une personne que peu de gens trouveraient réelle.

Ce serait presque un problème, si l'irréel n'était que mensonge.

Ce n'est pas la meilleure manière de procéder, tu ne penses pas ? On finira par se lasser un jour d'être des héros, et on regrettera d'avoir sauvé un monde qui ne sera même pas reconnaissant pour tous nos efforts. On se dira un jour, « Pourquoi avoir usé de tant d'énergie pour que le monde ne se rende pas compte de ce que l'on a fait ? »

Mais on ne cherchera pas à détruire le monde. On s'est donné tant de mal pour le sauver, après tout. Nous ne serons que des acteurs silencieux dans un monde si passif. Peut-être un auteur un jour pensera que nos aventures ne sont que fictions, produites par son imaginaire si fertile. Et il nous prendra pour des produits de son esprit. Il nous donnera des noms, un corps, une personnalité. Et nommera son grand projet comme l'ironique que j'ai en tête. Silent Actor. L'acteur silencieux. Ah, ce serait le comble, tu ne crois pas ?

Peu importe... je dois me rendre là-bas, pour achever la première partie du travail. Mais tu t'en fous, pas vrai ? Tu es retenue autre part. Dieu sait où. Tuer, tuer, et encore tuer. Un jour, ma sœur de destin, je te rencontrerai.



Elle était assise sur un banc, les mains entre les cuisses. Son expression, si interrogative. Elle essayait de comprendre qui ils étaient, eux. Ce jeune homme, aux yeux si fatigués. Cette jeune femme, aux regard si sérieux. Et les trois autres, plus enfantins. Mais aux expressions si matures, si adultes. Elle se sentait comme une gamine par rapport à eux, et pourtant elle semblait plus âgée. Seule l'expression de sagesse du jeune homme le faisait paraître plus que les quinze ou seize ans qu'elle lui donnait autrement. Elle répétait après eux, petit à petit.

- Kido... et Tsubaki ?
- C'est ça. Je suis Kido, et elle Tsubaki. Bienvenue chez les Enfants des Rues, Mila.

Il esquissait un sourire, aussi fatigué que ses yeux. La jeune fille à côté de lui restait impassible, silencieuse. Comme si tout cela ne la concernait pas. Mais au fond, Mila pouvait sentir quelque chose, une lueur d'intérêt chez elle. Elle était juste d'un naturel sérieux. Mila, elle, ne savait plus trop où regarder. On lui avait donné une veste à elle aussi, veste dont elle avait bien besoin. Novembre était là. Le froid aussi. Une veste blanche, dont elle avait rabattu la capuche sur sa tête. Elle se sentait le besoin de mettre cette capuche : tous les autres l'avaient.

Elle finit par porter son attention sur Kido. Il y avait quelque chose qu'elle ne comprenait pas. Elle avait beau chercher des raisons, elle n'en trouvait pas. Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Comment savaient-ils où elle se trouvait ? N'allait-elle pas avoir quelques problèmes dorénavant ?


- Mila ?

Elle sursauta. Tsubaki avait cessé de la dévisager, mais elle était la seule personne de sexe féminin. Et la voix, bien que grave, était la voix d'une femme. Elle entreprit donc de répondre.

- Oui... Tsubaki ?
- Seiker n'était pas avec toi... pourquoi ?

Une nouvelle fois, elle sursauta au nom de Seiker. Comment connaissaient-ils Seiker ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe avec ces enfants ? Qui sont-ils au juste ? Toute une foule de questions qui entraient dans son esprit et forçaient à travers son cerveau, comme un millier d'aiguilles tentant de percer à travers sa matière grise. Tout ce qu'elle put répondre, fut d'une voix désolée.

- Seiker n'est... plus de ce monde.
- Mort ? Comment ça ? Il est...

Tsubaki ne put finir. Kido avait placé sa main devant sa bouche avec un air réprobateur. Mila commençait à trouver ces enfants louches. Elle ne savait dire s'ils en savaient trop, ou pas assez. Non. Ils en savaient définitivement trop. Son existence était inconnue de tous, celle de Seiker d'autant plus. Elle se demandait combien ils savaient exactement de Seiker et d'elle, sans pour autant oser demander. Elle avait peur de poser une mauvaise question. Et aussi, elle avait peur de la réponse. S'il s'avérait qu'ils savaient tout d'eux deux ? Leur passé, leur double vie, leurs motivations... tout ? Alors quoi ? Elle décida de poser une question qui pourrait répondre à quelques unes de ses interrogations à la fois.

- Pourquoi vous m'avez faite sortir de cet hôpital ?

Ce fut Kido qui répondit, avec un petit sourire. Mila pouvait sentir qu'il était heureux qu'elle change de sujet.

- Tu es notre seul espoir de délivrance. Alors nous t'avons délivrée pour que tu nous délivres.
- Délivrance... ?

Kido ferma les yeux, et inspira longuement. Son sourire ne dépérissait pas, mais Mila sentait une légère pointe d'amertume dans celui-ci désormais. Il ouvrit grand les bras, et posa une question qui eut pour effet de retourner tous les Enfants des Rues à la fois.

- Dis-moi, Mila. Que sais-tu des points Akashiques ?

Tsubaki se retourna vivement, en même temps que les trois autres enfants. Ses yeux étaient grands ouverts, et elle était désormais sur ses gardes. Elle ne put se retenir de crier, avec une pointe de surprise dans la voix.

- Kido !
- Calme-toi, Tsubaki. Alors, Mila ?

Mila secoua la tête. Points Akashiques ? Elle n'en savait pas plus que lorsque Seiker lui avait parlé des Venari strigas. Elle se sentait tout aussi perdue, mais elle avait envie de savoir. Quelque chose se tramait, et elle ne savait pas quoi. Quelque chose qui semblait la concerner, puisqu'elle avait été libérée à propos de ces points Akashiques. Elle mit donc ses coudes sur ses genoux, entrelaça ses doigts et posa son menton sur ce repose-tête de fortune.

- Je ne sais rien, Kido. Explique-moi.

Il sortit alors un livre de sa poche, et entreprit de l'ouvrir à une page vers le milieu du livre. Le vent faisait bouger les feuilles, mais Kido ne regardait pas le livre. Il la regardait, elle.

- Bien... Comment expliquer le principe des points Akashiques clairement ? Je vais commencer par la définition de Pierre Riffard sur les annales Akashiques, d'où découlent les points. Il s'agirait donc de ceci : un espace symbolique d'éther, situé macroscopiquement dans les hautes sphères et microcosmiquement dans le ventricule gauche du cœur, espace où s'inscrivent toutes les paroles, actions, pensées de l'homme, tous les êtres et événements du monde. Cet espace, ce miroir magique est lu des initiés.

Mila secoua la tête. Elle était déjà perdue. Kido en prit conscience, et eut un petit sourire précédé d'un rire compatissant.

- Oui, c'est assez confus. Pour faire clair, les annales Akashiques sont en quelque sorte un énorme bouquin sur lequel est écrit le passé, le présent et l'avenir de toute personne et du monde lui-même. Il se trouve en chaque être humain, et certaines personnes sont capables de le décoder. Prophètes, médiums, oracles... autant de personnes qui seraient capables de lire les annales Akashiques. C'est assez clair ?

C'était désormais plus clair pour Mila, qui hocha la tête. Kido reprit donc sa petite leçon, toujours sans regarder son livre.

- Bien. Venons-en donc aux points Akashiques. Mettons que les annales Akashiques soient une rivière ou autre flux continu : un point Akashique est exactement ce qu'il laisse paraître. Un point infime. C'est comme si tu lançais un caillou dans une rivière. Les ondes qui en émergent sont une sorte de point Akashique. Un point Akashique, c'est quelque chose d'anormal créé par une source extérieure à l'Akasha. Il peut s'agir d'un lieu, d'une personne, d'un groupe de personnes... ou même d'une période temporelle. Les points Akashiques sont souvent liés au surnaturel, non sans raison. Ce qui fait qu'un point Akashique est forcément surnaturel mais que le surnaturel n'est pas forcément un point Akashique, c'est que le point Akashique est forcément quelque chose qui ne devrait pas exister.

Mila commençait petit à petit à comprendre. Elle voulait comprendre plus en détail cependant : en quoi les Enfants des Rues étaient liés à ces points Akashiques ? En quoi elle-même était liée à ces points Akashiques ? Pourquoi avaient-ils besoin d'elle pour leur délivrance ?

- Tu dois te poser plusieurs questions, maintenant. Pourquoi ai-je évoqué les points Akashiques, par exemple ? Je vais te répondre. Les Enfants des Rues en eux-mêmes constituent un point Akashique.

Kido prit longuement son souffle, ferma les yeux, et les rouvrit. C'est comme si un autre homme se tenait devant Mila dorénavant. Des cernes encore plus grandes s'étaient formées sous ses yeux, et son sourire avait disparu. Il lui semblait même avoir quelques rides d'expression sur le visage. Il semblait si grave... Mila avait peine à comprendre ce qui se passait.


- Mila Morgana. Les Enfants des Rues sont des enfants de moins de dix-huit ans physiquement seulement. Nous avons tous ici vécu plus de vingt ans dans ce monde. Nous sommes tous ici censés être morts. Nous ne sommes vivants que parce que le monde lui-même a décidé de nous maintenir en vie éternellement. Par exemple, j'aurais dû mourir il y a six ans dans un accident de voiture. Depuis, j'erre dans cette ville. Sans but.

Mila mit un certain temps avant de comprendre ce que Kido disait. Elle resta un certain temps à regarder dans le vide, comme dépassée par la situation. Elle n'était qu'une chasseuse de sorcières, rien de plus... peut-être une artiste de rue, aussi... mais qu'est-ce qui se passait désormais dans sa vie ? Tout lui semblait si irréel. Des enfants, supposés être morts... et encore en vie ? Mais alors, que voulaient-ils que Mila y fasse ? Il lui fallut un temps ici aussi pour réaliser.

- Non, vous ne voulez quand même pas...
- Mila Morgana. Abrège nos souffrances, maintenant. Nous avons vécu trop longtemps ici, nous sommes fatigués de vivre.

Kido attrapa la main de Mila et la posa sur son torse. Son expression n'avait jamais été aussi grave. Son ton sonnait comme un grondement de tonnerre désormais.

- Mila. Tue-nous.
- Je ne peux pas... Pourquoi moi ?


Oh, il n'aura pas eu le temps de répondre. Un homme habillé en rouge surgit de derrière Kido. Ses yeux dorés perçaient à travers l'âme de Mila, tandis que ses cheveux noirs virevoltaient dans le vent. Seuls deux étranges tubes dorés pendaient à ses tempes, laissant une partie de cheveux s'échapper de ces tubes. Mila reconnaissait cette coiffure. C'était la coiffure typique de la milice à son époque d'origine. Ils l'avaient retrouvée ? C'était la fin, maintenant ? Tout était fini ?

L'homme articula quelques mots, sans sourire. Sans aucune expression, si ce n'est qu'une sorte de solennité alors qu'il abattait son bras dans le dos de Kido, dans un éclair argenté.


- Si elle ne le fera pas, alors j'exaucerai ton vœu.

La pointe du couteau ressortit par le torse de Kido, à quelques centimètres de la main de Mila. Il ne saignait pas. Alors, était-il réellement un mort vivant ? Un simple sourire enveloppa la face du jeune homme, alors qu'il s'écroulait à terre. Il semblait enfin réellement heureux, comparé à ce sourire forcé qu'il avait durant tout ce temps. Alors était-ce réellement son vœu ? Celui de mourir ? Sans regarder autre part, l'homme en rouge sortit un pistolet  de sa veste et entreprit de tirer dans le corps des autres Enfants des Rues. Le temps que Mila tombe à genoux, tous les autres s'étaient écroulés à terre, tous un sourire sur les lèvres. Comme si ils n'avaient ressenti aucune douleur. Comme si seule la joie de partir de ce monde importait.

L'homme en rouge s'approcha d'elle. Elle ne fit rien pour reculer. Elle se contenta de le fixer, en tentant de se redresser. L'homme lui tendit une main, qu'elle prit pour se relever. Ses jambes tremblaient. Elle ne put que regarder et écouter l'homme qui se présentait devant elle.


- Mila Morgana... je ne pensais pas te retrouver aussi tôt. Mon nom est Cender Velvet Aries vel Veridi.

Silence de Mila. Silence général. Un pas de recul de Mila. Un petit sourire de Cender, qui avait retrouvé celle qu'il cherchait tout en accomplissant son objectif. Enfin, il reprit la parole.

- Evan Rose m'envoie pour te prêter main forte. A nous deux, nous pouvons en finir avec la tâche que tu es venue accomplir.

Un pas en avant de Mila. Cender eut un petit sourire, en voyant celle-ci avancer. Il tendit la main, comme pour signer un accord, et attendit. Mila fit un deuxième pas en avant. Le sourire du jeune homme en rouge se figea le temps de quelques instants. Juste le temps de prendre le poing de Mila en plein estomac, avant qu'elle tourne les talons. Seule une voix froide répondit à son geste.

- Écoute, Red... la seule raison pour laquelle je vais bosser avec toi est parce que M. Rose t'envoie. Je n'ai vraiment pas envie de bosser avec un type qui peut tuer les autres aussi froidement.


( Fin de partie. Interlude 2 dans le post suivant, faute de place.)
« Modifié: dimanche 14 décembre 2014, 17:34:18 par Lyan Rose »

Nouvelle fiche - Suivi RP/Trames

Thème [Standard] - Thème [Alternatif]

Ça se prononce "Layanne" fils de pute.

Oh, et ce kit génial a été fait par Connor. o/

Lyan Rose

Terranide

Re : Silent Actor

Réponse 1 dimanche 14 décembre 2014, 16:51:59

Spoiler: INTERLUDE #2 (cliquer pour montrer/cacher)




« His body is made out of swords. His blood is of iron and his heart of glass. He survived through countless battles. Not even once retreating, not even once being understood. He was always alone, intoxicated with victory on a hill of swords. Thus, this life has no meaning. That body was certainly made out of swords. »

"Son corps est fait d'épées. Son sang est de fer et son cœur est de verre. Il a survécu à d'innombrables combats. Sans jamais battre en retraite, sans jamais être compris. Il a toujours été seul, intoxiqué par la victoire, sur une colline d'épées. Alors, cette vie n'a aucun sens. Ce corps était certainement fait d'épées."



Partie 3 : Non-World Harmonize


17 Janvier 2012 – 15:55


- Tu m'expliques ce qu'on va aller faire dans une déchetterie maintenant ?
- Je te l'ai déjà expliqué, Mila. C'est ici que l'on va trouver notre prochain point Akashique.

Tu secouais la tête. Ce n'était plus ton problème désormais, n'est-ce pas ? Tu n'as jamais digéré le fait que j'aie achevé les Enfants des Rues. Tu as gardé leur veste tout ce temps, comme un hommage. Alors jouons au jeu de celui qui ne pardonnera pas à l'autre : si tu ne peux pas me pardonner pour avoir donné à un humain ce qu'il voulait au plus profond de son être, alors comment pourrais-je t'excuser pour avoir détruit mon monde ? Bien sûr, ce n'est pas ta faute. Tu allais de toute façon mourir, si Evan Rose ne t'avait pas sauvée. Tout se serait passé comme le monde l'avait choisi. La théorie du bonheur est une connerie. Quoi qu'une personne fasse, il y aura toujours quelqu'un pour désapprouver. Si je n'avais pas tué les Enfants des Rues, ils m'en auraient voulu tout autant qu'à toi. Je les ai tués, c'est à ton tour de m'en vouloir.

Enfin, je ne te demande pas de comprendre. Bien sûr que tu ne me fais pas confiance. J'ai les ornements de la milice de la Néo-Brittanie dans les cheveux. Je ne compte pas les retirer pour ton confort personnel, crois-moi. Si j'avais voulu te tuer, je l'aurais fait dès le départ. Tu devrais le savoir, maintenant que ça fait deux mois qu'on vit ensemble. Je sais, je sais, tu n'as jamais vraiment accepté ma présence à tes côtés. Mais tu le sais aussi bien que moi. On doit bosser ensemble, et pour cela on doit pouvoir cohabiter. Soyons honnêtes deux minutes : moi non plus, je ne t'apprécie pas. Je t'imaginais un peu plus combattante, quand on me disait que tu étais devenue une chasseuse de sorcières. Et je me retrouve face à une sorte de larve inactive, qui passe ses journées à jouer avec sa faux et retirer et remettre ta capuche.

Tu n'en as plus rien à faire, pas vrai ? Ça se sent dans tes yeux. Ca se sent dans ton attitude. Ca se sent quoi que tu fasses, vivre est devenu pour toi la même corvée que pour moi. Alors pourquoi tu me suis encore ? Pour vérifier que je ne vais pas faire d'autres morts ? Tu es naïve. Naïve, à un tel point que ça me rend malade. Bien entendu que je vais faire d'autres morts. Tu n'as pas entendu ce que Kido t'a dit ? Les points Akashiques sont des choses qui ne sont pas censées exister. Alors si ils ne doivent pas exister, je me dois de les éradiquer. A moins que tu n'aies une meilleure méthode, Mila Morgana ? Peut-être as-tu un autre plan d'action ? Soyons honnêtes deux secondes ! Tu n'as pas la moindre idée de ce que tu fais.

Tu as arrêté de chasser les Corrompus, comme tu les appelles, juste pour me surveiller. Le monde pourrit jour après jour parce que tu négliges ton boulot. Et ta quête de la « vérité » ? Qu'est-ce qu'elle est devenue ? Tu dois tout sacrifier juste pour quelques âmes perdues ? C'est ça, ta théorie du bonheur ? Laisser le monde entier crever pour quelques inconnus... même les héros les plus abrutis ont compris qu'il fallait sacrifier quelque chose pour obtenir autre chose. Sacrifier le moins possible pour sauver le plus possible, c'est ce qu'on fait en ce moment même. Tu n'avais pas peur de regarder la mort en face dans tes Venari strigas. Tu es le genre de personne que je méprise. Aucun respect pour sa propre vie, capable de la sacrifier pour des inconnus.
Tu n'as jamais pensé aux conséquences de tes actes. Si tu meurs, c'est le monde entier qui va en subir les conséquences.

Mais tu ne t'en rends pas compte, pas vrai ?

Tu ne te rends compte de rien. Tu as été envoyée pour découvrir la vérité. La vérité sur quoi ? Laisse-moi te le dire, puisque  j'ai un peu plus d'informations et de matière grise que toi. La vérité sur la création du projet Morgana. La vérité sur tes origines. Et moi, j'ai été envoyé pour t'aider à découvrir cette vérité, et à en faire un joli conte de fées. Le projet Morgana n'a jamais rien apporté de bon à ce monde. Son résultat a failli se faire tuer par sa propre nation, et maintenant qu'il a été retiré d'entre les mains de ses créateurs c'est au monde entier d'en subir les conséquences.

Je suis là pour détruire le projet Morgana.

Ce sont les instructions qui m'ont été données.

Bon. On arrive à destination. Si mes informations sont exactes, c'est à dire si Syriana et Althea ne se sont pas trompées, nous sommes au bon endroit. Le deuxième point Akashique, où résident nos intéressés. A vrai dire, celui-ci est un point Akashique un peu spécial. Toute cette déchetterie est un point Akashique qu'il va nous falloir désamorcer.

Et crois-moi, s'il le faut...

Je tuerai encore.




Quelque chose qui ne peut être aimé par quiconque, qu'est-ce donc ?
Ne pouvant être aimée par quiconque, je suis toute seule.


Laissant des empreintes dans un monde devenu complètement froid,
J'ai prétendu que mon cœur n'était pas sur le point de pleurer.
Comment devrais-je te faire face ?
Es-tu sûr que tu ne briseras pas d'humains ?
Cette couronne, ce trésor est, la la la, un rythme gai.

Quand je laisse mon corps dans la cadence de la lumière,
C'est comme si j'étais une princesse de sépia
Toi, qui marchais légèrement devant moi,
Poussant de côté la foule de spirales,
Semblait si gentil, si gentil avec moi.

La pluie de rouille maladroite
Lave le champ des déchets de tout rêve.
Ahh, si seulement elle pouvait aussi laver
Les bleus et la douleur de mon corps,
Le ciel déprimant et les nuits effrayantes, si effrayantes.
Même ce sentiment si déplaisant dans mon cœur...

ICQ CQ, ne me regarde pas,
Ces larmes excessives, elles vont couler.
I seek you seek you, peux-tu entendre ?
Cette mélodie, la mélodie de mon cœur ?

Peu importe à quel point le chemin est cabossé, ça ira
Du moment que tu es près de moi.
Même si les « humains » et les « machines » se battent
Et finissent par finir en déchets froids,
Cette couronne, ce trésor est, la la la, un rythme gai.

Tes bras de rouages, si gelés, réchauffent mon cœur.
Ahh, si seulement ils pouvaient aussi réchauffer
Ces réminiscences et ces souvenirs que l'on a jeté,
Tes grandes mains et les nuits froides, si froides
Même ce monde devenu complètement froid.

ICQ CQ, ne me regarde pas,
Ces larmes excessives, elles vont couler.
I seek you seek you, ton signal, ta voix, est
La mélodie d'un cœur si doux.

ICQ CQ, si seulement des jours comme celui-ci
Pouvaient continuer pour toujours.
I seek you seek you, peux-tu entendre ?
Cette mélodie, la mélodie de mon cœur ?


ICQ CQ, le sang coule trop,
Il lave toutes ces larmes excessives .
I seek you seek you, je ne peux plus entendre
La mélodie d'un cœur si doux.

 ICQ CQ, ne me regarde pas,
Ces larmes, ces larmes, elles vont couler.
I seek you seek you, peux-tu entendre ?
La mélodie de mon cœur ?

ICQ CQ, le sang coule trop,
Je ne te vois pas, tu es devenu flou.
I seek you seek you, peux-tu entendre ?
La mélodie de mon cœur ?

La mélodie de mon cœur...



Une voix... une voix d'enfant. Une petite fille qui chante. Et si elle non plus n'était pas censée exister ? Mila ne voulait pas savoir. Elle ne voulait plus rien entendre, plus rien voir. Si elle pouvait retourner à sa vie d'avant. Elle ne voulait pas vivre avec Red. Elle ne supportait pas cet homme. Pourtant, à force de le côtoyer elle savait. Qu'il n'avait pas tué par plaisir, ni par nécessité. Qu'il avait tué par simple pitié. Mais elle ne pouvait pas lui pardonner. Mais qu'aurait-elle fait à sa place ? Elle se serait enfuie. Et rien ne serait arrivé. Elle aurait déçu les espoirs de Kido, de Tsubaki. Et des trois autres enfants, aussi.

Alors quoi ? Et si elle n'avait pas pu ? Et si elle n'avait pas été digne de leurs idéaux, qu'est-ce qui se serait passé ? Elle ne savait pas et ne voulait pas savoir. Plus jamais dans sa vie, elle ne voulait avoir le sort d'une personne entre ses mains.


« Tu préfères rester spectateur. »

Les mots de Red transpercent son cœur. Il ne faisait qu'avoir raison, et quelle rancœur elle avait envers lui pour avoir tant raison ! Bruits de pas. Elle relève la tête. Ce ne sont pas des bruits de pas humains. Un robot ? Les automates ne sont pas censés exister avant au moins un siècle ! Devant elle se trouve un énorme tas de ferraille auquel on aurait greffé deux bras et deux pieds. A ses pieds se trouve une petite fille aux longs cheveux gris, portant une couronne sur la tête.

- Ah, je savais que j'avais entendu des gens ! Bienvenue !

La même voix que celle qui chantait. Cette petite fille était celle qui chantait dans cette déchetterie. Elle est nu-pieds, ne portant qu'une vague robe en cette froide période qu'est l'hiver. Elle ne semble pourtant pas avoir froid. Alors pourquoi, comment ?

- Quel est ton nom, petite ?

Red avait parlé, avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche. Elle ne voulait pas lui laisser la parole pour toujours, mais il l'avait devancée. Du coin de l’œil, il lui souriait. Comme pour lui dire : « Laisse-moi faire, et personne ne sera blessé. »

- Je n'ai pas de nom. Mais lui, c'est Apostrophe !

Elle pointait la machine géante près d'elle, qui semblait baisser la tête. Pouvait-on vraiment savoir ce que cette machine faisait ? La petite fille était si énergique, elle. Comme si le froid ne l'affectait pas.

- Cette couronne... Tu es une princesse ?
- Je ne sais pas... Elle est jolie, non ? C'est Apostrophe qui l'a trouvée.

La princesse de la déchetterie et Apostrophe. Mila avait le sentiment qu'ils n'allaient pas survivre très longtemps, pour une raison ou une autre. Peut-être cette chanson qu'elle chantait ?

- Dites, vous vous appelez comment ?
- Je suis Mila. Et lui, c'est Red.
- Hey !

Il protestait, comme à chaque fois. Mais le monde le connaissait plus comme Red que Cender désormais. Plus qu'une boutade, c'était une provocation que Mila faisait à chaque fois qu'elle les présentait. Comme pour lui demander à quel point elle pourrait empiéter sur son identité avant qu'il ne se défende. Mais les autres ne connaissaient pas son nom. Cender vel Veridi... pourquoi ce nom lui disait quelque chose ?

- Grande sœur Mila et grand frère Red, donc !
- Grande sœur ?

Tu avais réagi étrangement. Tu avais l'air heureuse qu'elle te nomme ainsi... mais en même temps, ton expression s'était assombrie d'un coup. C'était un sourire douloureux que tu avais sur le visage, même si la petite princesse ne l'avait pas vu. Tu sais déjà ce qu'il va se passer, pas vrai ? Tu le sais, parce que tout arrive de la même manière à mes côtés. Les bonnes personnes meurent, et les méchants restent en vie. Tu connais déjà le destin de la princesse et d'Apostrophe.

La petite fille avait recommencé à chanter doucement. Son expression n'était plus la même. Ses yeux n'avaient plus la vivacité qu'ils avaient eu quelques secondes auparavant. J'avais autour de moi deux personnes au regard si éteint, et au sourire si terne.


ICQ CQ, si seulement des jours comme celui-ci
Pouvaient continuer pour toujours...


- Dis, princesse. C'est de toi, cette chanson ?
- Oui. Elle m'est venue après qu'Apostrophe m'ait trouvée.

Son sourire si pâle trahissait ce que j'imaginais bien. Il y avait plus dans cette chanson que ce qu'elle allait nous en dire. Les derniers rappels du refrain m'alarmaient un peu. « Le sang coule trop, je ne te vois pas, tu es devenu flou »... C'est comme si...

- Oui.

Murmure-t-elle, comme si elle lisait dans mes pensées. Ses yeux s'étaient agrandis, ses pupilles s'étaient rétrécies. Un sourire étrange planait sur ses lèvres, un sourire lunatique. Presque rêveur. Soyons honnêtes un instant... elle me faisait vraiment peine à voir, tout en me donnant des raisons de me soucier d'elle.

- Oui... Je sais déjà.

Bruit de ferraille derrière moi... derrière moi. Il ne devrait rien y avoir derrière moi. Pourquoi j'entends du bruit ? Pourquoi ? Je n'ose pas me retourner. Je peux juste poser une simple question. La petite princesse et moi, on se comprend très bien. On sait de quoi on parle. On ne veut pas trop en parler, et surtout pas en parler à celle qui se tient à côté de nous, l'air interrogatif. Parce qu'on comprend trop bien comment elle réagirait. N'est-ce pas, Mila ?

- C'est prévu pour quand ?

Elle ferme les yeux, et me fait signe de la main. Sur le côté. Elle nous dit de partir, tant qu'on peut encore. J'ai juste hoché la tête, avant de te faire signe à toi de partir. Mes pas se sont arrêtés à la voix de la petite princesse de la déchetterie.

- Les points Akashiques ne sont pas censés exister. Cette déchetterie toute entière est l'un d'entre eux. A ma mort, elle disparaîtra. Merci de m'avoir écoutée, grand frère Red... toi aussi, grande sœur Mila.
- Bon voyage... petite princesse.

Est-ce que je dois vraiment l'abandonner là ? Est-ce que je peux ne serait-ce que la sauver ? Bien sûr que non. Je l'ai compris quand je l'ai vue faire cette tête. Elle sait qu'elle va mourir mieux que quiconque. Et cette mort est prévue pour dans très peu de temps. J'ai juste pris ta main et j'ai commencé à courir. Je t'entendais protester, évidemment. Tu étais bien obligée de suivre le rythme. Je regardais vers toi, mais je ne te regardais pas toi. Non, je regardais les multiples machines sortir des décombres. Encercler la princesse et Apostrophe. La princesse qui s'était mise devant son robot, les bras écartés en signe de barrage. Plus on avançait et plus elle me paraissait lointaine. Plus la machine s'approchait.

J'ai encore le moyen de la sauver, si jamais je retirais ces accessoires stupides de mes cheveux. Mais je ne peux pas. Je dois m'économiser pour ce qui nous attend par la suite. Je suis désolé, Mila. Encore une fois, je n'ai pu sauver personne. Je ne suis qu'un spectateur, comme toi. Un spectateur qui fuit. Un robot s'approche de la princesse... un bras, comme une lance, s'abat dans sa tête. La couronne tombe. Elle non, elle est retenue au bras de ce robot.

Apostrophe... son bras a bougé. Je n'avais pas vu Apostrophe bouger depuis que nous avons rencontré la princesse. Son bras s'est abattu sur le robot. Puis de multiples coups de feu. Apostrophe lui aussi tombe, et tu te retournes. Tu vois la scène. Tu te retournes vers moi, les yeux emplis de rage. Le désespoir. Tout se trouve dans tes yeux. Tu m'arrêtes de force, tandis que tout devient flou à nos côtés. Alors quoi, maintenant ? Alors quoi ? Je vais juste chanter un dernier hommage à la princesse de la déchetterie et Apostrophe.

C'est tout ce que je peux faire.


ICQ CQ, le sang coule trop,
Il lave toutes ces larmes excessives .
I seek you seek you, je ne peux plus entendre
La mélodie d'un cœur si doux.

 ICQ CQ, ne me regarde pas,
Ces larmes, ces larmes, elles vont couler.
I seek you seek you, peux-tu entendre ?
La mélodie de mon cœur…


Son poing partit tout seul rencontrer la joue du jeune homme. Celui-ci ne chercha même pas à se défendre tandis que son deuxième poing allait rencontrer l'autre joue. Elle ne voyait pas ses yeux. Elle ne voyait que des endroits où elle pouvait le frapper, pour expulser toute sa rage et sa rancœur envers Red. Elle hurlait, pendant que ses poings martelaient le corps du jeune homme avec rage. Lui se laissait faire, pendant qu'elle se défoulait sur lui.

- Et tu les as laissés mourir ! Ordure !

Elle frappait de plus en plus fort, au point que Red reculait sous l'impact des coups. Chaque pas en arrière qu'il faisait, elle refaisait un pas en avant. Son poing s'écrasait contre son torse, ses bras, ses joues... ses joues. Mouillées. Mouillées ? Il ne saignait pas. Enfin elle prit le temps de regarder les yeux de l'homme en face d'elle. Ils étaient fermés, et deux gouttes perlaient à ses yeux. Sous le choc, elle arrêta de le battre juste un instant, le temps de se prendre un genou dans l'estomac.

- Tu crois peut-être que j'avais le choix, madame Je-sais-tout ?! Tu crois peut-être que j'allais pouvoir les empêcher de mourir ?!

Ouais... Tu avais vraiment commencé à me taper sur les nerfs. Mon genou était parti tout seul, et la seule chose que je savais c'est que je t'avais ensuite décollé du sol en te tenant par la gorge. Tes mains s'étaient agrippées à la mienne, tes pieds battaient l'air. Tu essayais de me griffer. J'avais fini par te reposer. Pourquoi tu t'étais arrêtée ? Pourquoi étais-je en train de pleurer ? Pourquoi nous étions encore vivants, si c'est pour se battre ?

- Combien de personnes devra-t-on voir mourir avant d'en finir avec ce boulot... ?
- En logique, ce sont les dernières...

Nous nous étions assis, tous les deux, en regardant le soleil se coucher. La journée avait été pleine d'émotions. Nous ne pouvions juste plus supporter notre propre poids. Alors nous n'allions pas bouger tout de suite. Le reste de la soirée, nous allions la passer en souvenir de la princesse aux déchets et Apostrophe.

ICQ CQ, ne me regarde pas,
Ces larmes, ces larmes, elles vont couler.
I seek you seek you, peux-tu entendre ?
La mélodie de mon cœur ?

ICQ CQ, le sang coule trop,
Je ne te vois pas, tu es devenu flou.
I seek you seek you, peux-tu entendre ?
La mélodie de mon cœur ?

La mélodie de mon cœur...





Spoiler:  INTERLUDE #3 (cliquer pour montrer/cacher)


« Chaos is what we've lost touch with. This is why it is given a bad name. It is feared by the dominant archetype of our world, which is Ego, which clenches because its existence is defined in terms of control. »

"Le chaos est tout ce avec quoi on a perdu toute emprise. C'est pourquoi on le méprend autant. Le chaos est craint par l'archétype dominant de notre monde, qui est l'Ego, qui se resserre car son existence est définie dans des notions de contrôle."



Partie 4 : Chaos Theory


8 Février 2012 – 14:12


- J'aimerais savoir, tout de même, pourquoi on doit passer par cet endroit.
- On a pas le choix. C'est le seul endroit par lequel on peut passer. Allez. Elles nous attendent.

Il est vrai que nous aurions pu nous passer d'un voyage dans les égouts, certes. Surtout par ce froid. Mais tu comprendras bien assez vite pourquoi même si j'avais voulu sauver la princesse et Apostrophe, je ne l'aurais pas fait. Il y a deux raisons. La première, c'est que je ne t'ai pas révélé mon don, ni ses possibilités, ni son coût. Et son coût est trop élevé pour le gaspiller ainsi. La seconde... tu verras bien assez tôt. Car si nous sommes forcés de passer par ces égouts, ce n'est pas pour rien. Si on pouvait accéder à ces deux-là plus facilement, je l'aurais fait bien plus tôt.

Ces deux-là... Syriana et Althea. Comme je te l'ai déjà expliqué, Syriana et Althea sont mes deux indicateurs quand il s'agit des points Akashiques. J'ai été les voir pour Kido et sa bande, pour la princesse des déchets et Apostrophe, et tant d'autres choses dont je me suis chargé moi-même. Chaque fois, ce fut une galère incroyable pour atteindre les lieux. Ce sont des anges dans leurs paroles, mais de vraies sorcières dans leurs actes. Elles incarnent la sagesse lorsqu'elles parlent, et la démence lorsqu'elles agissent. Si je devais donner un nom au chaos, ce serait l'un de leurs noms. Ou mieux, leurs deux noms combinés.

Donc, on marche dans les égouts parce qu'on n'a pas trop le choix. D'ailleurs, on ne devrait pas tarder à entrer dans la zone dangereuse de cet endroit. Heureusement que tous les effets négatifs de ton passage à l'hôpital se sont dissipés maintenant : tu vas avoir grand besoin de ta Faucheuse Existence et de tes réflexes. Quant à moi... et bien, je compte sur toi pour ne pas me faire utiliser mon don. Il me serait coûteux de l'utiliser trop longtemps.


Depuis le temps, elle a appris à lui pardonner. Entretenir une rancœur envers quelqu'un est comme boire du poison et espérer la personne visée d'en mourir. Disait quelqu'un qui ne lui revenait pas à l'esprit. Après l'avoir vu pleurer la mort de ceux qu'il n'avait pas pu sauver, elle avait compris. Il n'est pas le monstre sans sentiments qu'elle pensait devoir avoir à supporter. Non, il n'était pas un type sans cœur qui distribuait la mort sans regarder derrière lui. Sans doute personne d'autre que lui ne porte autant le poids du regret et de la culpabilité.

Toujours seul, sur une colline de lames.
Jamais compris, jamais victorieux.

Elle voulait en savoir plus sur lui, tout en ne voulant pas savoir. Elle pouvait le sentir – il ne la portait pas vraiment dans son cœur. Elle s'était promise de changer, après lui avoir demandé ce qui n'allait pas dans son comportement. Mais jamais n'avait-il voulu répondre quand elle lui avait demandé.


- Red !

Sans plus tarder, elle arrêta avec le manche de sa faux un projectile qui venait de foncer vers eux. Était-ce pour cela que Red lui avait dit d'emmener sa faucheuse ? Elle prit un petit temps pour regarder de quoi il s'agissait... et elle ne reconnut pas l'objet, qu'il s'agisse d'un objet du présent ou du futur. Il s'agissait d'une petite arme de jet, entre le couteau et le trident. Elle entendit siffler deux autres projectiles et poussa Red en arrière pour parer les deux.

- Parfait. On court maintenant !

Tous deux se mirent à courir aussi vite qu'ils pouvaient. Derrière eux, ils pouvaient entendre le bruit du métal contre la pierre. Les armes de jet les suivaient, sans pouvoir les toucher. Le passage était une longue ligne droite dont elle ne voyait pas la fin. Il lui suffisait donc de courir jusqu'au bout, sans s'arrêter. Ce n'était pas un problème pour elle, qui avait une endurance quasi-infinie à force de combattre des heures dans les Venari strigas. Mais pour Red ? Elle regarda derrière elle. Red suivait pour le moment sans peine, et semblait remettre quelque chose dans ses cheveux... Avait-il retiré ses ornements dans ses cheveux ? Les ornements de la milice, qu'elle méprise tant ?

Non... il semblait les retirer en ce moment même.


- Ne te retourne pas, et cours ! Ne te retourne surtout pas.

Elle regarda une dernière fois Red. Ses yeux brillaient dans l'obscurité des égouts. D'une lumière bleutée. Elle ne voulait pas savoir ce qui se passait – mais ce n'avait pas l'air d'être très humain. Cender vel Veridi... Où avait-elle déjà entendu ce nom ? Pourquoi cela ne lui revient pas ? D'où vient ce nom ? Pourquoi ce vel Veridi lui semble si familier ? Elle continue à courir, mais plus aucun bruit venant des armes se fait entendre.

- A terre ! Maintenant !

Sans réfléchir, elle exécute les ordres de Red. Aussitôt, une énorme machine vient s'écraser à quelques mètres devant elle, passant au ras de sa tête. Elle semblait dégager une énergie bleutée, mais était définitivement brisée. Elle se risqua à un coup d’œil vers Red, pour voir ce qu'il faisait. Elle ne vit qu'une paire d'yeux bleus brillant dans le noir, et des symboles de la même couleur bleutée émettant une lumière douce partout sur son corps. C'est alors qu'elle se souvient.

Vel Veridi. La deuxième famille artificielle de Néo-Brittanie. Là où les Morgana recherchaient la perfection humaine, les vel Veridi ne cherchaient qu'à s'éloigner des humains. Devenir une nouvelle race inhumaine, dotée de plus de capacités. Alors Red serait l'un des descendants de cette famille... ?


- Tu... m'as vu.
- Red... tu es...
- Oui. Je suis un monstre. L'humain le moins proche de l'humanité. Créé à partir de tous les médiums, télékinésistes et autres porteurs de dons occultes. Réduit à être la descendance finale des vel Veridi. Tout comme tu es la descendance finale des Morgana, et rien d'autre aux yeux de notre époque.

Il relève la tête. Deux de ces machines comme celle qui s'était écrasée devant elle se trouvent en l'air, bourdonnant.

- Écoute, on n'a pas de temps à perdre. On en reparlera plus tard, OK ?

Les lumières sur son corps s'allument de plus belle alors qu'il lève le bras. L'une des machines se mit à luire de cette même lumière bleue, avant de s'écraser violemment contre un mur. Je dois être utile aussi, se dit-elle. Aussi elle appuya sur la gâchette de sa faux, avant de s'élever dans les airs. Un tir plus tard, elle enfonçait la lame d'Existence profondément dans la machine. Elle se mit à tourner sur elle-même pour amortir sa chute sur la machine, puis retira sa lame du robot. Tous deux se remirent à courir, mais Mila n'avait plus la tête à la mission du jour. Alors ainsi, Red n'était pas quelqu'un de la milice. Il utilisait juste les Limitateurs, leurs ornements qui leur permettaient de sceller une grande partie de leurs capacités physiques.

Alors maintenant... il était en pleine possession de ses capacités. Il leur fallait avancer au plus vite, elle le savait. Elle commença à courir de plus en plus vite, au point où elle ne pouvait plus accélérer. Red, lui, la suivait sans problèmes. Il avait raison sur ce point, il était devenu un monstre au fil des années. Elle était censée être plus puissante que n'importe quel humain, et il la surpassait pourtant encore. Sans même retirer ses ornements, il avait encaissé les coups qu'elle lui avait donné sans broncher. Alors maintenant qu'il les avait retirés, que pouvait-elle faire contre lui ?

Son corps lui-même était inhumain. Ces symboles sur son corps n'étaient pas humains. La lignée des vel Veridi avaient réussi là où les Morgana avaient échoué. Elle n'était pas l'humaine parfaite. Mais lui, Red, n'était clairement plus un humain normal.

La fin du passage approchait. Elle pouvait voir une porte au loin, ce qui la motiva à franchir les derniers mètres qui la séparaient de cet endroit. Elle ne savait pas ce que Red comptait faire ici, ni même ce qui s'y trouvait. Mais s'il avait pris la peine de retirer les ornements dans ses cheveux, qu'il n'avait jamais retiré, c'est qu'il y avait un enjeu plus que sérieux.


- On y est, on dirait...

Oui, on y est. On va pouvoir rencontrer Althea et Syriana. Ces deux-là ne se sont pas retenues pour nous intercepter cette fois-ci. J'ai été obligé de retirer les Limitateurs, ce qui m'ennuie profondément. Je ne voulais pas que tu me voies ainsi. Je suis un monstre. L'ombre d'un humain. Durant toute ma vie, j'ai réussi à le cacher aux autres grâce à ces Limitateurs. Sans Evan Rose, j'aurais sans doute été condamné comme toi pour un crime contre l'humanité que je n'ai pas commis. Mais il a réussi à me retrouver quand j'étais encore jeune. Puis il m'a donné les Limitateurs. Tout le monde a fini par penser que je n'étais qu'une expérience ratée, et s'est désintéressé de moi. J'ai donc pu vivre ma vie comme je le voulais.

Ah, Mila. Il faut que je te dise une chose : tu n'es pas la seule que Evan Rose a sauvé dans ce monde. Nous sommes en tout une bonne dizaine qu'il a sauvés de la peine de mort, pour des crimes que nous n'avons jamais commis. Les Morgana et les vel Veridi ne sont pas les seules familles qui ont poussé l'expérimentation sur les naissances d'élites à leur paroxysme. Tous ont tenté des choses différentes, tous ont plus ou moins réussi. Quasiment tout le monde a été sauvé par Evan Rose. Et nous sommes devenus ses pions, en quelque sorte. Quoi, tu pensais vraiment qu'il t'avait sauvé juste parce que ce n'était pas juste ? Enfin. Personne n'est innocent, c'est monnaie courante dans notre monde, et même dans ce présent si lointain du nôtre, que d'utiliser les autres sous le prétexte d'une faveur à rendre.

Et quelle faveur : il nous a sauvé la vie. En retour, nous allons avoir à sauver la sienne, ainsi que celle du reste du monde. C'est pourquoi nous sommes ici. Il avait tout prévu à l'avance. Ton exécution, les conséquences que celle-ci aurait. La fin du monde, en gros. Et la solution ici n'était pas compliquée. Détruire le problème à la source. Détruire la famille Morgana dans l’œuf, empêcher ce projet de voir le jour. Quel rapport avec les points Akashiques que l'on recherche ? Althea et Syriana te répondront avec joie. Elles ont tellement aimé mon regard incrédule lorsqu'elles m'ont appris la vérité !

Bon. Il est temps d'ouvrir la porte et d'avoir une loooongue discussion avec elles.

J'ouvre donc la porte, en remettant mes Limitateurs. J'ai déjà consommé trop d'énergie. Je suis à ma limite.

Et on entre. Là-bas, les bras croisés, adossées à une énorme machine, se trouvent nos deux cibles du jour. Syriana, celle qui se trouve à gauche. Les cheveux blancs coiffés en deux couettes, les yeux bleus, avec la veste aux manches trop longues pour elle, le col remontant jusqu'à la moitié de son visage. Et Althea, celle de droite. Les cheveux noirs, les yeux rouges, habillée d'une robe blanche sans manches. Mes deux informatrices si bien placées pour parler. Soyons honnêtes : leurs informations sont si justes qu'elles m'effraient un peu. Comment peuvent-elles savoir tout cela ? Enfin. J'ai ma petite idée sur ce côté-là.

Et c'est aujourd'hui qu'elles ont prévu de faire toutes les dernières révélations qu'il nous manque pour pouvoir en finir avec cette mission.

Nous avions un an, nous l'aurons fait en quatre mois.

N'est-ce pas pratique ?


- Tiens donc, Cender vel Veridi et Mila Morgana.
- On vous attendait... de pied ferme.

Oui. On avait remarqué. Le nombre de machines que j'ai dû écraser sans que tu ne t'en rendes compte était assez impressionnant. Je n'ai même pas pu les compter. Je peux comprendre pourquoi elles se défendraient contre des intrus, ou autres. Mais pourquoi nous attaquer nous ?

- Conneries. Pourquoi tant de machines pour nous deux ? Les premières fois que je suis venu, il y en avait  deux. Là, il y en avait au bas mot une cinquantaine.
- Du calme, vel Veridi. On voulait juste voir ce que tu pouvais faire avec tes pouvoirs à toi. Et comme on savait que Morgana n'avait rien vu jusqu'ici, on s'est dit qu'il était temps qu'elle apprenne la vérité sur toi.
- Et puis, c'était divertissant de vous voir courir pour vos vies.

Des sorcières, je te dis. De véritables sorcières dans leurs actions.

- Bien. On s'en est sortis, c'est génial. Maintenant...
- On sait. On y vient.
- Concernant le dernier point Akashique, n'est-ce pas ?
- Exactement.

Mila ne comprenait pas. Il se passait ici des choses qu'elle ne comprenait pas du tout. Ces deux personnes étaient celles qui avaient lancé les robots à leurs trousses ? Alors pourquoi ne pas attaquer maintenant ? Elles voulaient les tester, ou quelque chose comme ça ? Red les connaissait assez bien, pourtant. Il lui avait parlé de temps en temps de ces deux personnes, Syriana et Althea. Ses informatrices. Alors c'étaient elles ? Mila pouvait le ressentir, elles n'étaient... pas humaines. Étaient-elles aussi des points Akashiques ?

- Oh, la petite Morgana a de la suite dans les idées.

Elle se raidit directement. Comment Syriana avait-elle pu deviner ce à quoi elle pensait ? Pouvait-elle lire dans les pensées ? Contrôler les gens, sans rien avoir à faire d'autre que claquer des doigts ?

- Nous ne sommes pas les derniers points Akashiques. A vrai dire, nous sommes les tout premiers que vel Veridi a découvert. Il reste une différence entre nous et les points Akashiques, cependant. Nous sommes plus proches d'être les véritables annales Akashiques que de simple points. Si les annales Akashiques étaient une rivière, et les points Akashiques des cailloux tombés dedans, nous serions un petit ruisseau.

Mila ne comprenait pas très bien. Mais en sachant que les annales Akashiques sont les traces du passé, du présent et du futur, de chaque pensée et chaque être, alors elles sont au courant de tout ce qui se passe dans tous les mondes, à chaque moment ?

- Choix intéressant de mots, Mila. Dans tous les mondes... C'est comme si tu savais ce qu'était un point Akashique en détail. Un point Akashique est une porte vers un monde parallèle, inscrit lui aussi dans les annales Akashiques. Étant un fragment d'un autre monde, il n'est pas censé exister dans le monde tel qu'il est pour les résidents du monde-mère. Il existe une infinité de mondes, une infinité de théories. Et une infinité de combinaisons possibles, rendant la magie, le surnaturel et tout le reste très probable selon le monde.
- Chaque point Akashique n'est pas forcément quelque chose qui n'est pas le bienvenu. Morgana, tu as dû en avoir la preuve avec les Enfants des Rues. Ils étaient quelque chose qui n'était pas censé exister, mais ils vivaient sans problèmes dans notre monde. En l'occurrence, pour te répondre, nous ne sommes qu'un ruisseau de la rivière constituée par les annales Akashiques. Nous ne sommes pas humaines, tu l'as bien compris. Nous sommes les annales Akashiques de ce monde, personnifiées. Nous ne voyons pas ce qui se passe dans les autres mondes, mais nous avons connaissance de tout ce qui se trouve dans ce monde. Passé, présent, futur, chaque pensée et chaque être.

Les annales Akashiques personnifiées. Pas étonnant alors que Red eut les informations qu'il demandait, et encore moins étonnant soit le fait qu'elles n'attaquent pas maintenant, pensait Mila. Elles savaient très bien ce qui allait arriver en attaquant avec les machines, et ce n'était qu'un simple test pour voir si eux deux étaient aptes à les rencontrer. Au fond, se faire sonder comme ça n'était pas quelque chose d'incroyable si elles n'étaient pas humaines.

- Bien vu, Mila. Je me permets quand même de rajouter quelque chose. Les annales Akashiques peuvent changer selon les actions prises par les autres. Le destin n'est pas quelque chose d'écrit dans le marbre. Tout au mieux, il est écrit dans un énorme programme modifiable à souhait. C'est d'ailleurs pour cela que votre entreprise de revenir sur les actes du futur est possible. Il aurait été vain de revenir dans le passé pour tout changer, si le destin était immuable, pas vrai ?

Tout changer ? Revenir dans le futur ? De quoi parlait-elle, Althea ? Pourquoi changer le futur ? Elle est ici pour découvrir la vérité, pas changer le futur... De quoi était-il question ?!

- Ah... Cender ne t'a rien dit ? Sur la vérité que tu dois découvrir ?

Non, bien sûr que non. Red a toujours été distant avec elle, pour une raison ou une autre.

- Ma pauvre, tu agissais depuis le départ sans savoir ce que tu faisais. Tout ce que tu as accompli jusqu'ici ne servait qu'à une seule chose : empêcher la famille Morgana d'exister dans ce monde, ainsi empêchant la fin de ce monde en 2515. Tu es la raison pour laquelle ce monde va prendre fin, il était donc à toi de tout changer.
- Une petite seconde... Si la famille Morgana est détruite avant de pouvoir exister... Je ne vais pas survivre, pas vrai ? Je ne suis pas censée pouvoir exister sinon, cela créerait un paradoxe temporel !

Sourire de Syriana et d'Althea.

- Justement, Mila. Nous allions vous parler de vous deux, Cender, Mila. Vous êtes des paradoxes temporels ici. Vous êtes mêmes des paradoxes pour votre propre quête.
- Des paradoxes dans notre quête... ?
- Tu ne t'en es pas rendu compte, vel Veridi ?

Silence pendant quelques instants, avant que Red ne fasse un pas de recul, puis un autre. Ses yeux étaient écarquillés. Il ne voulait simplement pas croire à ce qu'il venait de réaliser, sans doute...

- Non, c'est juste... impossible...
- Mila Morgana, Cender vel Veridi. Vous n'êtes pas censés exister dans ce monde. Vous deux, êtes les derniers points Akashiques de ce monde.


Spoiler: INTERLUDE #4 (cliquer pour montrer/cacher)
« Modifié: dimanche 14 décembre 2014, 17:54:01 par Lyan Rose »

Nouvelle fiche - Suivi RP/Trames

Thème [Standard] - Thème [Alternatif]

Ça se prononce "Layanne" fils de pute.

Oh, et ce kit génial a été fait par Connor. o/

Lyan Rose

Terranide

Re : Silent Actor

Réponse 2 dimanche 14 décembre 2014, 16:52:11

« This is not the best solution and I know you know that. At the end of it, you know you'll find an endless feeling of isolation. As you repeat your days in a room without light, my noise resounds, as I begin to crumble away. »

"Ce n'est pas la meilleure solution, et je sais que tu le sais aussi. A la fin, tu sais que tu y trouveras un sentiment d'isolement sans fin... Alors que tes jours se répètent dans une pièce sans lumière, mon bruit résonne alors que je commence à m'effondrer."



Partie 5 : Ending, Beginning


12 Février 2012 – 13:35


- Laisse-moi résumer. Alors si les points Akashiques continuent à exister, la « famille Morgana » prendra appui dessus après avoir appris leur existence...
- Oui...
- Puis elle se mettra en tête de créer un point Akashique artificiel, en tant que humain parfait.
- C'est ça.
- La suite, c'est que d'autres personnes vont apprendre la vérité depuis les Morgana, et tenteront eux de créer un point Akashique artificiel, en tant que humain inhumain. Ils deviendront ensuite la famille vel Veridi.
- Exact.
- Simple question... Ils étaient stupides ?
- Probablement.

Oui, c'était sans doute une belle bande d'abrutis. On ne peut pas créer de point Akashique artificiel, la nature d'un point Akashique étant justement le fait de ne pas pouvoir exister dans le monde dans lequel il arrive. Nous sommes de véritables points Akashiques car nous sommes arrivés dans un monde auquel nous n'appartenons pas. Nous sommes des choses impensables à cette époque, mais nous sommes une réalité, et une réalité possible, dans une époque qui nous appartient.  Nous sommes le produit de choses réelles et possibles, nous ne sommes pas des choses qui ne sont pas censées exister. Au contraire, nous sommes un résultat logique.

A moins que le résultat de leur petite expérience était justement de nous envoyer dans le passé, auquel cas ils ont totalement réussi ce qu'ils voulaient accomplir, et nous sommes alors de véritables points Akashiques artificiels. Amenés dans un monde dans lequel nous ne sommes pas censés exister, via le portail de l'espace-temps. Mais il m'étonnerait grandement de savoir qu'ils avaient même prévu le fait que quelques siècles plus tard, le voyage temporel serait possible et donc que nous serions exilés parce que l'époque ne nous faisait pas confiance. Et même comme ça, il fallait prévoir la réaction d'un Etat entier cinq cent ans plus tard.

Non, soit il s'agissait de génies dix fois supérieurs aux plus grands savants de l'Histoire, soit il s'agissait de débiles profonds. Dans tous les cas, il va falloir régler la situation.


- Et pour Syriana et Althea ? Ce sont des points Akashiques, même sur-évolués, non ?
- Ne t'en fais pas pour elles. Tu te souviens à quel point on a dû lutter pour les rejoindre. Ce n'est pas tout de suite que quelqu'un arrivera à rencontrer ces deux-là...
- Vraiment...
- Retour au début, donc... Comment faire pour se débarrasser de nous-mêmes ?

Pour moi, la solution était facile, j'avais juste à retourner à mon époque et la situation serait régularisée. J'aurai sauvé le monde, personne n'en aura connaissance, jamais, mais je l'aurai fait. Peut-être que je deviendrai un point Akashique là-bas, puisque l'inexistence des vel Veridi fait que je n'aurais pas de famille dans laquelle exister. Mais ce sera suffisant pour sauver le monde, donc tout ira bien.

Pour toi, c'était... plus compliqué. Je ne pouvais pas te ramener à mon époque, et tu ne l'aurais sans doute pas voulu. La seule terre qui t'a vraiment accueillie est celle des années 2000. Ton procès a eu lieu en 2510, si je m'y rends en 2515 tu ne voudras probablement pas me suivre. Il allait falloir penser à un moyen de conserver ton existence tout en réglant le problème du point Akashique. Bien sûr, j'aurais pu te descendre, tout simplement. Avec ta mort, le paradoxe se serait estompé. Mais non seulement c'était trop facile, mais je ne voulais surtout pas te voir mourir. Pas toi.

J'avais déjà assez de mal à accepter la mort de la petite princesse.

Réfléchis, Cender. Il doit bien y avoir un moyen de changer tout ça. Tout changer, sans qu'elle ait à se terrer pour vivre. Un simple moyen. Si seulement nous savions de qui vient le projet de la famille Morgana, nous aurions pu le prévenir. Et dans le cas échéant, c'est à dire s'il refusait de nous écouter, en finir avec lui. Un moyen, aussi compliqué soit-il...

Il doit bien y avoir quelque chose, quelque part, qui peut changer la donne. Qui sait si le nom « Morgana » ne viendra pas justement de Mila, la personne dont le point Akashique a été découvert par le fondateur des Morgana ? Rien n'est impossible en ce bas monde, les Enfants des Rues, la princesse et Apostrophe, Syriana et Althea... ils me l'ont tous prouvé.


- Laisse, Red. J'ai trouvé quoi faire.
- Hm ? Je t'écoute.
- Je vais aller rejoindre Syriana et Althea. Je vais garder l'endroit avec eux. Tant que je serai en vie, personne ne découvrira la vérité sur elles.

Mauvaise idée sur tellement de points.

- Non, pas possible. Tu dois aussi t'occuper des Corrompus, des Venari strigas et autres.
- Pourquoi m'en occuper encore ?
- La vraie question est, pourquoi Evan Rose t'a fait combattre les Sorcières. Et je crois que j'ai ma réponse, maintenant que j'y pense.

Il avait tout prévu depuis le début, pas vrai ? Notre quête, la fin du monde, le résultat que tout cela aurait, même notre problème Akashique. Tout. S'il y a bien un génie que je reconnaîtrai sur cette terre, c'est bien lui. Résumons les faits tels qu'ils le sont. 2008 : Mila et sa contrepartie d'un autre monde Seiker, arrivent dans cette époque pour chasser les Sorcières. Raison ? Inconnue. « Découvrir la vérité ». Sans plus. Un discours bateau foireux, du style « Il faut refermer la boite de Pandore. » Depuis, le nombre de Corrompus descend. Maintenant, pourquoi chasser les Corrompus ? Cela ne changerait pas grand chose, puisqu'ils ne diffèrent pas tant des humains normaux.

Cependant, ils sont quelque chose dont on ne veut pas sur Terre. Je ne sais pas comment exprimer ça... comme si eux aussi étaient des points Akashiques.

Il est bien possible qu'Evan Rose connaisse toute l'histoire des points Akashiques pour une raison ou une autre, et ait décidé d'envoyer Mila s'occuper du plus difficile à gérer. Puis il m'a envoyé moi, pour m'occuper des autres moins importants. Alors dans ce cas, il n'y a pas à trop réfléchir. Il est aisé de savoir quoi faire.

Vraiment, pourquoi je n'y ai pas pensé avant ? La réponse était sous mes yeux.


- Mila. Tu dois rester à cette époque, ne rien changer à ta vie. Tant que tu combats les Sorcières, tout ira bien. Ce sont les Corrompus qu'on t'a envoyé chasser, c'est pour une raison. Les Venari strigas sont sans doute ce qui va créer la famille Morgana si on les laisse se répandre.
- Et toi, Red ?
- Quoi, moi... ?
- Que vas-tu faire ?
- Je vais retourner en 2515. Ce collier porte un petit mécanisme qui permet de faire un voyage dans le temps qui a déjà été fait. Le voyage retour, en gros. Mais je ne peux emmener personne avec moi.
- Alors... tu vas me laisser seule ?

… !

- Je...
- Je ne veux plus être seule. Même si je dois vivre à te supporter toi, Red, je préférerais ça plutôt que de me retrouver seule à nouveau.
- Arrête tes conneries. Tu vas retrouver de nouvelles personnes, et...
- Et quoi ? Je vais trouver des personnes qui accepteront le fait que je suis une chasseuse de sorcières ? Je vais trouver des personnes qui peuvent remplacer tout ce que j'ai vécu avec toi, et avec Seiker ?!
- Si tu as de la chance, oui...
- Tu crois vraiment que je vais avaler ça ?!

Désolé... Mila. Je ne peux pas t'emmener avec moi. Je ne peux pas rester là non plus. Ma place n'est pas dans ce monde.  J'ai toujours vécu dans les années 2500, pas dans les années 2000. Cela peut paraître stupide, comme je le dis... Mais toi, tu peux comprendre non ? Le monde de 2500 t'a rejetée de tout ton être. Ton monde, c'est celui des années 2000.  Moi non plus, je ne veux pas te perdre. On a passé quatre mois ensemble, dans la même baraque. Quatre mois qui ont commencé difficilement, soit. Mais au fond, on n'était pas si mal.

Mais ça, je ne peux pas te le dire. Parce qu'il faut que je parte. Tu es ma sœur de destin, mais c'est mon père spirituel qui m'attend là-bas. Il ne saura peut-être pas qui je suis. Il ne me reconnaîtra sans doute pas. Parce que je ne suis pas censé exister maintenant que les Morgana ont pris fin. Mais je ferai tout pour qu'il se souvienne, par n'importe quel miracle.

Mais tout ça, évidemment, si je le laissais paraître, je ne partirais pas comme le Red que tu connais, pas vrai ? Tu ne m'as jamais entendu me plaindre, ou craindre quoi que ce soit.  Alors je dois sembler être dur jusqu'au bout.


- Ne sois pas stupide. Tu crois vraiment que tu seras la seule à ne plus avoir quiconque après tout ça ?
-
- Je ne suis plus censé exister, dans le futur. Personne ne me reconnaîtra. Personne ne me connaîtra. Je vivrai comme si je n'avais jamais existé jusqu'à ce jour.
- Alors pourquoi tu ne restes pas là où tu as encore du monde qui te connaît ?
- Parce que je n'ai pas ma place ici.

Ce rêve a dû exister, quelque part. N'est-ce pas ? Et ce rêve devra exister, quelque part ailleurs. Nous sommes les deux dernières personnes au courant de ce qui s'est passé dans ce monde. La famille Morgana, la famille vel Veridi. Tout ça. Nous sommes les deux derniers humains à savoir la vérité.

Je sais très bien qu'au fond, j'ai ma place ici. Mais je ne peux pas faire face au monde, moi. Un monstre au visage humain. J'irai me rendre utile plus tard dans le futur : ce monde n'a pas besoin de moi. Pas encore. Je n'abandonnerai pas tout ce que j'ai entrepris. La fin du monde, j'ai tant cherché à l'éviter...

Et puis... Je veux confirmer de mes propres yeux que nous avons sauvé le monde. Si nous avons échoué, alors je mourrai. Mais je ne sais pas pourquoi on aurait échoué.
Un sourire fatigué sur tes lèvres. Deux larmes, qui perlent à tes yeux.


- Ce n'est pas la meilleure solution, tu sais ?
- Je sais... malheureusement.

Je ne peux que te rendre ce sourire triste. La première fois que tu me vois sourire, sans doute. En quatre mois. Notre temps ensemble n'a pas été forcément heureux. Mais je ne le regrette pas. J'ai pu te rencontrer, tu as pu me ramener à moi-même. Nous avons pu travailler ensemble.

- Je ne partirai que demain. Il me faut un peu de temps pour préparer mon départ.

Alors tu hoches la tête, un peu rassurée.


- Ca marche, Red.

Nous avions alors passé la soirée à reparler de tout ce que nous avions fait durant quatre mois. De tout et de rien. Tu me parlais alors des premières impressions. Tous ces mois où tu m'avais pris pour un monstre au cœur plus froid que de la glace. Tous ces mois où je t'avais pris pour une idiote sans détermination. On rit. Tant qu'on peut encore.

On parle, de choses et d'autres. Tu me parles de Seiker. Tu me racontes comment tu étais muette avant, et lui aveugle. Comment il t'a guidé dans ce monde, un peu comme tu m'as guidé lors des premiers jours. Comment il t'a appris à te battre.

Oui, définitivement... cette soirée n'était que la fin du commencement.



13 Février 2012 – 10:17


- Alors c'est décidé ? Tu pars ?
- C'est décidé, oui. Tu vas t'en sortir sans moi, hein ?
- Qui sait... Peut-être. Peut-être pas.

Sourire pour sourire. Le temps des adieux est toujours un peu difficile. Elle ne fait que le regarder, lui. Celui qui a partagé sa vie avec elle durant quatre mois. Quatre longs mois durant lesquels elle s'était tant méprise sur lui. Elle l'avait vu comme le Diable lui-même, alors qu'il ne s'agissait là que du premier de ces martyrs. Elle l'avait rejeté, quand lui n'avait fait qu'encaisser et accepter. Au fond, elle avait eu peur de lui. Rien de plus, rien de moins. Le manque d'émotions lorsqu'il avait abattu Kido, Tsubaki et les trois autres enfants, elle l'avait compris au cours du temps. Son visage se fige lorsqu'il ressent de la peine. Il ne montre plus la moindre expression.

Et là, son visage était neutre. Sans nul doute qu'il ressentait de la peine. Elle savait, au fond, qu'il gardait cette apparence dure juste pour qu'elle ne dévie pas de son propre chemin. Elle savait qu'il ne faisait pas ça pour le plaisir. Elle savait qu'il n'avait pas envie de partir, aussi. Qu'il aurait préféré rester plus longtemps. Mais qu'il ne pouvait pas faire attendre le monde qu'il a sauvé plus longtemps.


- Bon... alors j'y vais.
- Hmhm. Va donc, alors...
- Adieu, Mila Morgana.
- Adieu... Cender.

Petit rire de sa part à lui. Puis, alors qu'il appuie au centre de son collier...

- Je préférerais que tu m'appelles Red, quand même.

Lumière bleue. Puis plus rien. Il était parti pour de bon, cette fois. Ce n'était pas le meilleur plan d'action, c'est vrai. Mais c'était le seul disponible pour lui, qui voulait revoir son monde, un monde qui ne le reconnaissait plus, et pour elle, qui voulait le voir lui, et que son monde reconnaissait à peine. Elle ne voulait pas rentrer à son époque d'origine. C'était une époque qui l'avait rejetée.

Et puis elle était comme lui, maintenant. Un paradoxe temporel. Un point Akashique.

Un point Akashique...

Cela lui faisait penser à ce moment précis, qu'elle avait encore deux personnes à aller voir, leur parler de Red, des points Akashiques. De sa mission renouvelée, de sa crainte que les services hospitaliers la retrouvent de nouveau. De la peine qu'elle ressent, des larmes qu'elle n'arrive pas à verser. Tout ça, elle sentait qu'elle pouvait le confier à deux personnes qui, comme elle, étaient des points Akashiques.

Trois, en fait.

Syriana.

Althea.


Et Seiker.






Fin.

Spoiler: INTERLUDE #5 (cliquer pour montrer/cacher)





« There is nothing that cannot be loved by anyone. There was me, loved by you, by you. »

"Il n'y a rien qui ne puisse être aimé par qui que ce soit. Il y avait moi, aimé(e) par toi, par toi."


Epilogue : Fragments of Memories

Cher Red. Ou plutôt, Cender. Enfin... Red, ça te convient, non ?

Si tu arrives à lire ceci, c'est que personne n'a réussi à trouver cet endroit dont nous avions parlé avant de partir. Cela fait maintenant un an que tu es reparti de notre époque. Comme tu l'avais prédit, j'ai pu trouver des gens qui pouvaient m'accepter comme chasseuse de sorcières. Il s'agit de Syriana et Althea. Peu après que tu sois parti, j'ai été les voir pour me trouver un peu de compagnie.

Elles n'ont même pas cherché à me barrer le passage lorsque j'ai été jusqu'à leur machine étrange. Au contraire, elles m'attendaient devant le pas de la porte. Depuis, j'y vais assez régulièrement. Tu ne les as jamais considérées comme autre chose que des informatrices, pas vrai ? Sache alors qu'elles sont en réalité très gentilles.

Pas du tout comme je les imaginais après notre visite commune. Peut-être étaient-elles plus amères parce que l'heure était grave. Maintenant que nous n'avons plus de problèmes, nous ne faisons que discuter. On parle de la vie qui passe. Des Sorcières que j'ai abattu. De la monotonie d'une vie où on sait déjà tout ce qui va se passer.

Je n'ai plus eu de grands problèmes avec l'hôpital après toute cette histoire. Syriana et Althea ont réussi à fabriquer quelque chose comme une sorte de document officiel. Il y a des fois où je me demande ce qu'elles sont vraiment... Elles me disent qu'elles sont des programmes informatiques qu'on aurait personnifié, et dans lequel on aurait entré les annales Akashiques. Mais au fond, je ne sais pas. Un programme qui ressent des émotions ? Ce serait plus étonnant que de te voir toi sourire !

J'espère que la vie pour toi se passe bien, en 2515. Que tu te trouveras de nouvelles personnes avec qui être dur, d'autres personnes à protéger. Et surtout, des personnes pour te protéger toi.

Avec affection,

               16 Février 2013,         Mila.





Mila,

Si tu lis ça, c'est que notre théorie sur l'envoi d'objets inanimés à travers les époques à des endroits précis est un succès. Je n'ai pas encore été voir à l'endroit que tu m'as dit. J'attendrai demain, puisque demain scelle le jour où nous devons tenter de nous joindre, pas vrai ? Ca fait donc un an que je suis rentré à mon époque. Notre petite expérience temporelle m'a donné envie de travailler sur les recherches menées sur l'espace-temps.

Il a été déclaré récemment l'officialité de la théorie selon laquelle il y aurait plusieurs univers. Comme le disait notre chef avec son humour si particulier, « Selon notre théorie des multivers, il existe un de ces univers où cette théorie est fausse. Et il serait dommage que cet univers soit le nôtre. » Les points Akashiques sont donc officiels.

Multiples expériences sont en train d'être réalisées en ce moment par les chercheurs, sur la possibilité d'accéder à certains multivers d'une certaine manière. J'en profiterai peut-être un jour pour venir te voir, qui sait ? 2013 semble être un terrain d'essai amusant pour une expérience.

J'ai retrouvé Evan Rose dans notre époque. Il ne m'a pas reconnu, bien évidemment. Mais on recommence à tisser des liens comme on peut... Sache-le, tout a changé dans ce monde ! La Néo-Brittanie et les Nations d'Outremer n'existent pas, par exemple. La géographie est la même qu'il y a cinq cent ans, à l'exceptions de certaines choses. Personne n'a jamais entendu quiconque nommé Morgana ou vel Veridi devenir célèbre. Je ne reconnais plus ce monde, mais je m'y reconnais bien mieux. Ce monde est devenu le mien, en quelque sorte...

En espérant que tout va bien dans ton monde.

                  14 Février 2516,      Red.
« Modifié: dimanche 14 décembre 2014, 18:08:05 par Lyan Rose »

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Ça se prononce "Layanne" fils de pute.

Oh, et ce kit génial a été fait par Connor. o/

Lyan Rose

Terranide

Re : Silent Actor

Réponse 3 dimanche 14 décembre 2014, 18:08:58

Un dernier petit post, pour quand j'aurai fini les illustrations de tous les personnages.

Voilà !

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Ça se prononce "Layanne" fils de pute.

Oh, et ce kit génial a été fait par Connor. o/


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