Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Coup de chance [PV:Salomée]

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Vaelh

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Coup de chance [PV:Salomée]

samedi 12 juillet 2014, 12:25:22

Lorsque vous avez vécu si longtemps que vous en êtes parvenu à dénombrer la quantité d'années qui compose l'éternité, on peut grossièrement avancer que vous vous êtes livrés à tous les jeux possible. Dans une telle optique, si votre quête n'est qu'hédonisme, il convient alors de se creuser la tête pour dénicher de nouvelles attractions.
C'est sur cette base de réflexion que Vaelh, Odieuse Créature à laquelle les éternité n'avait en rien enseigné la sagesse, avait eu l'audace de s'incarner dans l'univers des mortels. Ici, rien n'était pareil : l'eau clair aux reflets de diamant qui s'écoulaient sinueusement dans les fleuves supplantait aux mer de flammes des Enfers ; la pierre remplaçait la chair pour les gros édifices ; le vert de la vie végétale brillait paisiblement au soleil là où les bosquets vermeils du plan démoniaque se jetait sur quoi qui puisse leur passer sous la branche. Un tout nouveau monde, de tous nouveau jeux. Et de nouvelles choses à dévorer.
Statuer que l'appétit du monstre était démesuré tenait de l’euphémisme. En fait, il était au concept même de faim insatiable ce que la montagne est au misérable gravillon. Nombreuses étaient celles à être passées entre ses crocs acérés ; il y avait même eu une déesse. Mais il en avait fallu plus.
Plus.
Toujours plus.
Plus intense.
Rattrapé par sa faim monstrueuse, la créature s'était mise à réfléchir à un nouveau moyen de l'épancher. Quelque chose qu'il n'avait encore pas fait dans ce plan de la réalité. Il se délecta des images qui lui revinrent en tête et, après avoir dressé un petit bilan, il se rendit compte qu'il manquait quelque chose, un jeux auquel il ne s'était pas encore livré.
Alors, personnification même du caractère impulsif, Vaelh avait orienté toute sa réflexion à la réalisation de son nouveau petit loisir qui, il en était sûr, allait le rassasier quelques instants au moins.

La première étape de son entreprise fut de rallier l'une des grandes villes de la Dictature d'Ashnard. Le chemin lui avait rappelé sont chez lui dans toute sa glorieuse horreur. Le danger était partout, sur terre, dans l'air. De sombres choses rôdaient dans ces environs qu'elles semblaient garder plutôt que considérer comme un terrain de chasse. Y progresser à découvert aurait été un suicide. Payer un guide aurait été honteusement trop facile et dégradant. Restait l'option de... "Convaincre" l'une des créatures de lui indiquer une route sûre.
Le Démon avait alors rôdé des heures durant, en quête d'une entités gardienne intelligente qu'il pourrait cuisiner. Ses recherches ne furent guère fructueuses au début puisqu'il ne dénicha que des choses à intelligence animale ; mais à force d'efforts, il finit par mettre la main sur une maîtresse de meute, une noire entité à la silhouette humaine dont seuls les yeux aussi sombres que la nuit et sa peau couleur granite trahissaient la nature malveillante.
Passé maître dans le domptage de la vie sous toutes ses formes, Vaelh parvint à déjouer toute la violence de la femme en un très court instant pour en venir au corps à corps. Le combat fut long, entretenu par un tourmenteur qui se refusait à donner le coup de grâce malgré que sa victime gisait au bord de la démence, le corps vibrant. Elle lui avait livré le secret d'une route qui pourrait être temporairement sûre d'ici quelques minutes, alors le Démon patientait en frappant, encore et encore, réduisant l'âme de sa captive en une pâte d'instincts débridés, sans une once de raison.
Quand il fut temps, Vaelh la laissa là, à même le sol, sont corps recroquevillé encore parcouru de spasmes.
En s'éloignant, il lui promit de revenir la voir. Elle en gémit de satisfaction.

Enfin en ville, Vaelh se sentait déjà irrité de ne pouvoir progresser à son aise dans ce flot d'âmes insignifiantes et fades que constituait la populace. Que ces crétins de manants puissent s'approcher de lui sans même se douter de sa majesté, qu'ils n'aient pas la présence d'esprit de se jeter hors de sa route pour ne pas l'encombrer... Pénible. La marche était pénible. Il aurait pu quitter le couvert de son immense manteau gris graphite qui masquait tout son corps pour qu'éclate au grand jour toute sa superbe, pour que tous en viennent à s'écarter de terreur à l'idée d'irrité un si merveilleuse créature que lui. Seulement, dans un royaume comme celui-ci, mieux valait ne pas faire de vague. Les autorités n'étaient pas tendres, et aussi puissant qu'il l'était, Vaelh ne pouvait certainement pas rivaliser avec toutes les forces de milice d'une ville. Et se retrouver prisonnier n'aurait pas aidé à l'avancement de ses desseins.
C'est donc en serrant les poings qu'il se rendit jusqu'au marché au esclave, s'efforçant de ne rager contre aucun insecte qui manquait de frôler son auguste personne. Il s'était mis à chercher avec beaucoup d'application un commerçant plutôt aisé, mais pas riche non plus.
Pourquoi ? Parce que l'Incube avait décidé de s'amuser à se constituer lui même marchandise. Qu'importe ce qu'il pourrait lui arriver, il aurait au bout. Il vivrait l'angoisse de se dire qu'il pourrait être acheté par quelque chose d'immonde. Il vivrait la peur de se dire qu'il pourrait se retrouver piégé dans une spirale de servitude. Il vibrerait d'impatience de savoir ce qu'on attendait de lui. Il hurlerait silencieusement de rage de se voir donner des consignes... Et par tous les Diables, que ces émotions allaient être intenses.
Il ne voulait pas être vendu parmi des esclaves crasseux, mais l'idée de frustrer certains vendeurs "d'esclaves de luxe" en allant s'offrir à un commerçant plus modeste le faisait jubiler. C'est sur ces critères qu'il parvint à trouver une vendeuse avec laquelle il exigea un entretient qui, sans surprise, se déroula selon ses plans.
Il n'y avait plus qu'à attendre.

La soirée venue, la vendeuse d'esclave fit avancer ses premières marchandises sur l'estrades avec une fébrilité à la limite de la crise de nerf. Prise d'une improbable impatience, elle cassa les prix, quitte à vendre à perte, pour pouvoir présenter au plus vite sa toute dernière acquisition. Mais plutôt que d'aller chercher le dernier esclave pour le pousser sur l'estrade par la force, elle l'invita à l'y rejoindre sans parvenir à masquer la servilité dans sa voix, ni le tremblement de ses jambes. Vaelh entra sur scène. Il se tenait immobile, une cuisante aura royale, impériale, irradiant de tout son être. Il était toujours drapé de son large manteau, mais sa seule présence écrasante suffisait à rappeler à quiconque qu'il s'agissait là d'un fantastique prince exilé de son lointain royaume. Sous l'ombre de son capuchon, la foule pu voir lentement s'ouvrir deux orbes d'or lumineux qui, comme des phares dans la nuit noire, sondaient les environs. Dans ce regard sans âge, on le sentait en le croisant, rayonnait une malice terrifiante, une puissance surprenante... Et un amusement non feint. Un silence nuancé de murmures intrigués s'installa, et alors que la vendeuse s'apprêtait à prendre la parole, la silhouette tourna son visage droit vers elle, lui intimant silencieusement quelque chose. La pauvre femme fut alors contrainte de se concentrer d'avantage sur les secousses de ses jambes mal assurées avant de préciser :
- Voici mon dernier lot. Je p-précise avant tout q-qu'il n'est pas à vendre, mais à louer pour... Une... Durée indéterminée, fit-elle sans parvenir à masquer sa propre perplexité. C'est lui même qui choisira quand il sera temps de partir.
Dans, la foule, des mécontents soulevèrent d'entrée de jeu qu'une telle vente n'avait absolument aucun sens. Rires et sifflements fusaient à l'encontre de cette vendeuse d'esclave visiblement bien incapable de dresser sa marchandise.
C'est au moment précis où les critiques furent les plus vives que le manteau de l'être sur l'estrade se volatilisa en une merveilleuse brume éthérée pourpre, dévoilant... Quelque chose d'impossible à tout à fait appréhender. Se tenait à présent sur l'estrade un mâle rayonnant. Son visage était d'un ivoire poli qui captait la pauvre luminosité de la scène pour la muer en une lueur douce. Même d'où ils étaient, les spectateurs pouvaient avoir la certitude que la peau qui se tendait sur le divin faciès qui leur faisant face ne devait rien à avoir à envier à la douceur de la soie. Une brise de vent vint agiter une coiffure bicolore élaborée chargée d'un arôme d'outre-monde indéfinissable, mais pas moins jouissif à humer. Et ses yeux, deux puits d'ombres couronnés d'iris d'or en fusion, portait sur la foule un regard délicieusement hautain.
Mais personne n'avait encore tout à fait réagi. La foule était engourdie, paralysée, les sens déréglés par quelque chose que personne ne parvenait à comprendre. Alors, après ce qui sembla être une éternité, ce fut comme si les perceptions des âmes ci-bas parvinrent à se reconnecter avec leurs corps respectifs. Ce qu'ils virent alors fut douloureux.
Le visage qui les fixait était impossible. Purement incohérent dans l'éclatement de son indéfinissable perfection. Le moindre grain de peau du mâle semblait se consumer sous la chaleur de son propre sang-magmatique, irradiait une atmosphère de concupiscence sans borne. Les lèvres du bellâtre, même dans leur flagrante immobilité, semblait à elle seule inciter à quiconque en aurait le courage de venir les goûter. Et ses yeux... Les inconscients qui les fixaient se retrouvait instantanément face à eux même, à constater leurs envies les plus profondes, à se rendre compte à quel point il pouvait avoir envie de s'approprier l'homme devant eux.
Bientôt, les plus forts parvinrent, non sans s’écorcher l'âme sous un effort terrible, laisser leurs yeux suivre la lignes des runes tracées sous l’œil du Démon pour en suivre l'écoulement jusqu'à sa poitrine à demi nue, dont le seul pectoral visible n'avait pu être dessiné par le Charme en personne. Une musculature finement ouvragée, soignée et solide comme un métal précieux sous laquelle on devinait en train de palpiter un puissant coeur. A mesure que le regard descendait, à l'image d'un esprit qui sombre dans une abîme colorée faites de visions inavouables, le spectateur pouvait voir la peau du mâle se tendre avec une élégance incompréhensible sur une ceinture abdominale qui, à n'en pas douter, avait été cultivée dans le but de rendre fou furieux d'envie quiconque y posait les yeux. Certes, on s'imaginait une telle chair capable de démonstration de force... Mais il était étrangement plus facile et plaisant de fantasmer à l'idée de l'approcher.
L'effleurer.
La toucher.
Y glisser.
S'y abandonner.
Enfin, en un ultime plongeon libidineux, le regard pouvait dégringoler du nombril du mâle jusqu'à la ceinture de son vêtement princier tissé d'or et d'argent. Cruel tourmenteur qu'il était, il avait su opter pour cette maudite ceinture qui dessinait un V très subtil, de sorte à ce qu'il n'aurait fallu qu'elle tombe de quelques misérables foutus centimètres pour que l’œil puisse se régaler de la vision d'une évidente virilité ! Mais elle restait obstinément en place, même quand Vaelh y glissa nonchalamment un pouce, l'air de patienter le temps qu'il se produise une réaction dans la foule.
En somme, ce fut comme si les spectateurs, leur vie durant, avait été contraint de voir le monde au travers d'une sale palette de gris. Du gris, rien que du gris. Et aujourd'hui, un Hérault luxurieux leur apportait les couleurs. L'orange de l'envie. Le rouge de la passion. Le pourpre du désir fou. Le bordeaux du fantasme inassouvi. Et l'or de l'extase à condition de parvenir à posséder le mâle.
Il n'y eut qu'une seconde de flottement.
Et les enchères débutèrent dans un chaos de fin du monde, quand bien même personne ne savait si le mâle pouvait faire autre chose qu'un divin amant. La cacophonie de voix était principalement féminine.
Vaelh fut satisfait.
"Et puisse vos fantasmes devenir réalité. Grâce à moi."

Je reste dispo en MP pour vos questions/idées de trame.

Salomée

Créature

Re : Coup de chance [PV:Salomée]

Réponse 1 mardi 15 juillet 2014, 11:09:12

Les jours pluvieux se succédaient à la Forteresse abandonnée, plus communément appelée par ses rares habitantes : le palais des courants d'air. Inscrite à flanc de montagne, la citadelle tombait en ruine et la communauté d'ensorceleuses qui y avait établi son nid ne trouvait pas nécessaire d'entreprendre des travaux d'envergure. De toute manière, aucun ouvrier sensé ne viendrait se perdre dans les landes dévastées. La route pour accéder à ce mont déchiqueté était semée d'embûches et de mort. En attendant l'eau s'infiltrait par les fêlures courant le long des murs et des plafonds. La vieille Rose avait placé ci et là quelques seaux, sans grand succès.

Délaissant cette ambiance morose, Salomée était étendue parmi les draps soyeux de sa couche à baldaquins. Enrobée d'une paresse élégante, la demoiselle plongeait à intervalle régulier ses doigts fins dans un petit bol de céramique rempli de baies rouges. Et elle les gobait, une par une, entre ses lèvres pulpeuses. La chambre était plongée dans une pénombre silencieuse. Même la pluie dehors semblait avoir été réduite au silence. Quelques meubles luxueux agrémentaient cette pièce aux splendeurs révolues : une coiffeuse surplombée d'un miroir au cadre doré, une grande armoire au bois sculpté et enfin ce lit qui trônait au milieu de tout. Dans chaque recoin, des chandeliers cuivrés et à leurs pieds, les coins d'un gigantesque tapis aux couleurs ternes.

Qu'il était bon de ne rien faire, songeait-elle en savourant ses fruits. D'oublier Vivec, les Enfers, le Plan de la Bête. D'être à l'instar d'une princesse : rêveuse et gâtée.

Hélas son répit fut de courte durée, car Rose jaillit soudainement dans les appartements, furieuse :

« Salomée, mon enfant ! Encore au lit ?! Il est midi passé ! Tu as de nombreuses choses à accomplir aujourd'hui, en commençant par la vaisselle »

Un grognement de protestation s'était élevé depuis le grand lit. La belle brune serrait des dents pour ne pas éclater d'une colère ardente. Elle ? Faire la vaisselle, jamais de la vie. Se redressant sur un coude, elle fustigea la vieille Rose à son tour, le ton aussi acerbe que celui d'une vipère :

« Pourquoi n'avons-nous pas de servante ? Suis-je aussi souillon pour abîmer mes mains dans l'eau bouillante ? Et pourquoi pas le linge, le sol et les poussières ?! »

« Parce que, chacune d'entre nous participe à l'effort collectif ma petite poule »,se radoucit la vieillarde en ouvrant sèchement les tentures de la couche, souriant de sa bouche à moitié édentée. « Moi, je fais le linge. Fiona s'occupe des sols, et Cassandre des poussières. Toi, la vaisselle. Si tu veux une servante, va t'acheter une esclave. Tu es assez riche pour, nous le sommes toutes. Et cesse d'employer ce ton amer, ma fille, il va abîmer ta si belle voix.»

Et sur ce, la matrone quitta en tornade comme elle était venue, dans un ricanement hystérique. Salomée sauta au hors du lit. Drapée d'une courte chemise de nuit, elle se hâta vers la penderie pour sélectionner une robe sobre à  la blancheur d'une colombe, parcourue de motifs géométriques gris. Le tissu était satinée, fin, et venait coller ses courbes dans une pudeur irritante. Tandis qu'elle se vêtait, la sorcière repensait à cette histoire d'esclave. Oui, ce ne serait pas de trop. Un homme ferait parfaitement l'affaire. Pourquoi condamner le sexe féminin à ces éternelles corvées? En effet, était-elle persuadée désormais, un homme ferait l'affaire Passant devant la coiffeuse, l'enchanteresse soigna le fard pourpre qui traçait ses lèvres désirables : car si autrui devait être charmé par ses mots, autant qu'il le soit avant tout par la bouche qui les produit. Concernant sa coiffure, elle la laissa libre d'aller dans son dos et sur ses épaules, mais cintra son front d'un diadème d'or aux motifs de lauriers.

« Yavana, » appela-t-elle d'une voix très douce. « Escorte-moi jusqu'à Ashnard. »

* *
*

La route avait duré longtemps en compagnie de l'animal-démon. Les landes dévastées furent une partie de plaisir, une promenade. Et arrivés à la frontière avec Ashnard, Salomée dut se séparer de sa louve noire, contrainte de continuer seule dans ces contrées qu'elle redoutait pour leur imprévisibilité. Tant de factions combattaient pour le pouvoir à Ashnard : de nombreuses armées, plusieurs milices, des créatures indépendantes, des animaux à l'instinct chaotique. Paraîtrait-il qu'un Roi existait pour tout ce monde, mais il était difficile de le concevoir dans un tel capharnaüm géopolitique.

La belle emprunta les routes marchandes et se lia au trajet d'une caravane commerciale. L'or comptait plus que tout à Ashnard, aussi ces chemins d'enrichissement étaient jalousement gardés par les milices de puissantes confréries marchandes. Elle fit halte à la première grande ville venue, remerciant son taxi improvisé par le tintement de quelques piécettes.

Un soleil de plomb surchauffait la cité déjà en ébullition. La population hétéroclite était vomie dans les artères principales. On injuriait, on bousculait. Toute cette vie dégoûtait franchement la sorcière qui n'appréciait rien de plus qu'un ordre donné. Une dame accepta de lui indiquer le chemin vers le marché aux esclaves qu'elle allait arpenter une heure durant, mal à l'aise. Il allait sans dire qu'elle était peu habituée à cette position de domina.

Heureusement, parmi la foule, elle passait presque inaperçue. Discrète, elle filait le long des étales, devant les vitrines des boutiques ne jetant qu'un oeil semi-concerné à la marchandise. Il lui fallait un homme jeune mais pas trop, capable d'endurance. Sans doute muet, mais loin d'être sourd, pour éviter tout désagrément et qui savait ? Faire baisser le prix pour infirmité. Voilà de quoi étaient faites ses pensées lorsqu'elle atteignit les enchères d'une marchande insignifiante. Le brouhaha l'avait immédiatement interpellé. Et elle se frayait un chemin laborieux parmi cette masse compacte pour atteindre les premiers rangs et apercevoir, en contre-plongée, l'objet dont il était question.

« Impossible... » souffla-t-elle en admirant les traits surréalistes du bel esclave. A ses oreilles, les femmes hurlaient des prix ; les hommes eux, sifflaient leur jalousie. Quoiqu'il en était, cet individu ne laissait pas indifférent, mais possédait quelque chose de troublant. Ses grandes prunelles chatoyantes contemplaient l'auguste silhouette.

« 1000 pièces d'or ! »

Retour à la réalité. Salomée cilla plusieurs fois, bousculée par les mouvements de foule; de ces dames qui arrachaient déjà pour moitié leur corsage. Pour sa part, elle demeurait impassible au milieu de ce flot furieux.

« 10 000 pièces d'or.... » articula-t-elle enfin, bien fort, sans savoir pourquoi elle venait de se jeter dans la fosse aux lions. La marchande pointa l'index vers elle, retenant son offre : les prunelles embrasés par l'avidité.

« 10 000 une fois....deux fois... »

« 20 000 ! » hurla une vieille noble au maquillage prononcé, en sueur.

La contre-offre avait irrité passablement la sorcière qui, sitôt l'objet de sa contrariété repéré, y mit le feu d'un claquement de doigt. Ce fut d'abord la perruque poudrée qui s'enflamma, victime du don de pyrokinésie si bien maîtrisé par Salomée, puis le reste : obligeant la  brûlée à fuir dans des hurlements de douleur.

« 10 000 » répéta-t-elle enfin, dans un sourire charmant.

« Il est à vous Madame ! »

La transaction s'était effectuée à l'arrière-boutique : un débarras miteux où la commerçante reçu son dû entre deux palabres fiévreux. La brune lui confia quatre bourses remplies d'or. L'autre s'y cassa les dents pour vérifier l'authenticité du métal avant de s'empresser de lui rappeler que c'était là une location. Quand toute méfiance fut levée, Salomée put repartir avec son lot chèrement payé. Mais la belle n'était pas avare et n'avait pas de conscience pécuniaire. L'argent se gagnait pour elle, aussi facilement qu'il se dépensait. Sur la place, les gardes finissaient de disperser les dernières femmes hystériques qui dispensaient à l'égard de la nouvelle maîtresse maintes malédictions et réservaient à son passage plusieurs crachats.

Le couple regagna bientôt une auberge à l'écart du tumulte. La sorcière ne comptait prendre la route qu'à la nuit tombée, voire avant les petites heures du jour. Pour le moment, elle loua une chambre sous les combles, charmant au passage le tenancier.  Durant cette demi-heure de transition, elle n'avait pas adressé un seul mot à l'esclave. Le port altier et l'allure impérieuse, elle ne lui sacrifia une ou deux paroles qu'une fois le seuil de la chambre franchi. Le tout était rustique, le lit ne comportait qu'une place mais n'ayant pas l'ambition d'y dormir, voilà qui indifféra la brunette.

« Prends place. » ordonna-t-elle d'un ton sucré tout en s'asseyant au bord du lit. Elle lui aurait désigné une chaise plus loin, ou simplement un côté du lit – à sa guise. Incertaine quant au déroulement de cette curieuse affaire, elle s'humectait longuement les lèvres et massait nerveusement son cou, en pleine réflexion.

«Toutes ces femmes qui.... »

Elle s'interrompit, lui jeta une œillade qu'elle regretta aussitôt et poursuivit : « Elles étaient si folles. Enfin peu importe maintenant. Je ne suis pas aussi faible. J'ai besoin d'un nouveau valet de chambre. Tu feras l'affaire, je suppose...»
« Modifié: mardi 15 juillet 2014, 23:32:34 par Salomée »

Vaelh

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Re : Coup de chance [PV:Salomée]

Réponse 2 mardi 15 juillet 2014, 14:44:13

Partant du principe que même un nantis serait frappé d'hésitation à l'idée de débourser la très belle somme de 10 000 pièce d'or, surtout pour une transaction aussi singulière et éphémère que celle-ci, Vaelh ne put contenir tout à fait cette subtile étincelle qui vint enorgueillir l'or de ses prunelles. La montée des enchères jusqu'à un tel prix s'était faite dans un gracieux chaos où la foule ci-bas n'était devenue plus qu'une masse émotive de laquelle exsudait les arômes de l'envie, de la jalousie... Un excellent cocktail de ressentis, pour ainsi dire, agrémenté d'une piquante note d'irritation qui précéda un petit départ de feu tout à fait amusant. L'attention de Vaelh s'était rapidement focalisée sur la responsable du phénomène qui s'avéra être, quelques instants plus tard, sa... "Propriétaire". Même mentalement, Vaelh avait un mal fou à se prononcer un tel terme dans un tel contexte. Ainsi, par le simple échange de monnaie d'une personne à l'autre, il était devenu un bien ? Une chose ? C'est ce que l'on ressentait quand on était soit même la marchandise ? Sous le coup de telles réalisation, sa psyché devint une nova d'incertitude, d'incompréhension et, paradoxalement, de délice. Sa petite odyssée égoïste n'avait commencé que depuis quelques instants, et voilà qu'il goûtait déjà à de nouvelles sensations, si vives, si pures que ses pupilles se dilatèrent comme s'il expérimentait les effets de quelque puissante drogue.

Quant à son acheteuse, il dut bien l'admettre, Vaelh était... Vaguement satisfait. Il s'était un peu douté du fait que ce serait une femme, mais la colossale appréhension qu'entretenait son esprit hypersensible l'avait fait se l'imaginer laide. Un coup de chance ; et peut être pas le premier.
L'officialisation de la transaction fut en revanche un épisode tout à fait pénible que le monarque d'un lointain royaume endura en laissant filtrer un soupir long, discret. Sans surprise, qu'une présence si imposante que la sienne se retrouve cloîtré entre quatre misérables murs avait rendu l'atmosphère capiteuse, peut être même assez pour que la marchande fasse une ou deux petites erreurs dans ses calculs qui nécessitèrent qu'elle s'y reprenne.
La pauvre.

Maintenant qu'ils étaient dans un lieu plus fermé, il devenait plus simple de d'avantage s'intéresser à ce que l'homme portait, quoi qu'un tel verbe était vecteur d'une connotation encore trop "lourde". C'était bien simple : les atours du mâle semblaient avoir été conçus pour être arrachés le plus vite et simplement possible d'une peau si délicieuse que la garder couverte, même en de si faibles proportions, était un crime. Il ne portait qu'une très large robe qui semblait tissée d'or blanc et décorée à l'encre noire, qui venait presque jusqu'au sol pour couvrir un pantalon tissé du même fabuleux matériau et une paire de bottes sombres faite du cuir de quelque lointaine créature. Son ventre était nu et sa poitrine uniquement couverte sur la droite par une fine pièce de tissu décorée de renforts d'acier précieux qui s'agençaient comme une armure de plates Romaine. De cette même épaule jusqu'à son poignet, tout son bras était couvert d'une ample manche rouge profond à la surface de laquelle s'écoulaient comme de l'eau des ruisseaux de petits symboles complexes. En somme, on pouvait facilement s'accorder sur le fait que ce mâle était un amant surnaturellement appétissant, exotique, quoi qu'excentrique.

C'est sur un arrière goût de lassitude dû à ce confinement passé dans cette arrière boutique que l'Apollon se retrouva à suivre la jeune femme qui, peut être parce qu'elle n'était guère bavarde ou parce qu'il lui plaisait de clairement délimiter un fossé entre elle et lui, ne le gratifia pas d'un mot. Pour le Démon, le simple fait de se sentir ainsi ignoré fit enfler en son puissant coeur noir une haine aussi absolue que soudaine, et l'ardent désir de surprendre cette pauvre mortelle en lui plongeant une lame gelée entre les côtes le fit ciller. Chaque nouveau pas que faisait l'humaine sans daigner accorder son attention, sa vie, à l'infinie perfection que représentait celui qui daignait jouer le jeu n'était qu'une insulte supplémentaire, plongeant le mâle dans un tourbillon émotionnel rouge profond qui lui arracha un soupir de... Contentement ? Mais, d'une nature extrêmement lunatique, le mâle sentit toute cette tempête de haine brûlante se tourner en une délicate brise de réjouissance tout à fait rafraîchissante lorsque sa "propriétaire", avec des compétences que ne pouvaient qu'être le fruit d'une certaine habitude, s'employa à mettre le tenancier de l'établissement insignifiant dans lequel ils étaient entré dans sa poche. Une manoeuvre délicate et efficace que l'Incube jugea menée pour la simple satisfaction de plaire sans rien rendre en retour, puisque s'attirer les faveurs d'un tel type sans la moindre envergure ne présentait que peu d’intérêt.
Il n'en doutait plus : Vaelh n'était pas tombé sur cette femme là par hasard.

Mais, tandis qu'il picorait encore lascivement dans ce banquet d'émotions douces et plaisantes que lui avait proposé Salomée par son petit jeu de séduction dont il s'était fait le spectateur, ce fut comme si on lui retira ses assiettes de sous le nez en les lui renversant sur les genoux lorsqu'il dut pénétrer dans ce qui ne pouvait être qu'un local à balais. Non, sérieusement, il s'agissait là vraiment d'une chambre ? Admettons. Mais venait-on réellement de l'y faire entrer ? La conscience même de l'hédoniste avait reflué comme la mer lorsqu'elle annonce l'arrivée d'un terrible tsunami tandis qu'il avait rapidement jeter un coup d’œil à ce nouvel environnement. Tout était si... Bah, si terne, dénué d'âme, indigne de sa suprême prestance qu'il crut qu'on lui avait fait une farce. Mais non. L'écume manqua d'un cheveux de lui monter aux coins des lèvres alors que ses pupilles n'étaient devenues plus que deux minuscules points cruels, à l'image de ceux d'un requin affamé et furieux s'apprêtant à déchiqueter une proie.
Supposer qu'on allait faire de lui un valet n'arrangea rien du tout.
L’exiguïté de l'endroit rendait presque les martèlements coléreux de son coeur audible, et alors qu'il serait les poings pour les abattre sur quoi que ce soit qui lui passe sous la main jusqu'à s'en briser les os, un colossal déclic se fit dans son esprit ; il se mit à engloutir voracement, à se gaver à mort toutes ces trombes d'émotions flamboyantes devenues... "Mentalement comestibles", s'asseyant sur la chaise miteuse avec la grâce d'un Dieu ivre sans demander son reste. Il n'y voyait même plus clair et un ennuyeux sifflement l'empêcha de saisir immédiatement les mots qu'on daigna -enfin !- lui servir.

Lorsqu'il se sentit un peu plus maître de sa propre personne, l'Incube daigna faire carillonner sa voix en une série de notes parfaitement claires, retentissante et lascive où chaque syllabe était si lourdement chargée de quelque double-sens langoureux que la pièce semblait sur le point d'éclater comme un ballon trop plein d'air :
- Et quelle folie fût-ce. Un peu plus et les couteaux étaient tirés, et il aurait fallu me gagner par la force. En aurais-tu brûlé beaucoup pour moi ? Il leva les yeux pour visser son regard dans celui de sa propriétaire -décidément, étrange mot !- sans ciller. Ce simple regard le fit paraître plus proche que jamais de la jeune femme. Pas physiquement, mais plutôt comme si on lui livrait quelques clefs pour mieux comprendre l'idéal esthétique que représentait sa perfection. Il semblait être tout, le commencement et la fin, éclipsant la Création dans son intégralité juste par orgueil, par simple envie. Et tandis que la jeune femme prolongeait la contemplation du trésor de ses yeux, les charmes du maudit Démon rampèrent hors de sa peau impie pour glisser dans la réalité avec une grâce affreusement serpentine, venant effleurer, caresser, lécher la peau de Salomée en lui murmurant dans un parfait silence que l'être face à elle pouvait bien être tout ce qu'elle avait toujours désiré et jamais obtenu. Et comme si ça ne suffisait pas, ces même reptiles éthérées incitèrent leur douce proie à la détente, au relâchement, à libérer ses pensées pour les laisser voguer sur des eaux qui, si elle n'y prenait pas garde, pourraient bien se colorer du rouge d'une trop grande passion.
- Quant à cette faiblesse que tu évoque, commença-t-il avec un soupçon de force et d'assurance supplémentaire dans la voix, je constate que... Il mit soudainement un terme à son petit exposé, avant de laisser germer un sourire des reflets étincelant duquel le soleil devait être envieux.
- Oh. Une "chose" ne parle pas vraiment à moins que ne le lui demande, hm ? Il frappa avec délicatesse ses paumes l'une contre l'autre, jubilant de devoir faire attention à bien jouer son nouveau rôle. Comme je suis navré. Mes excuses les plus sincères. Mais peut être que Madame veut formuler quelque requête que ce soit ?
Ses sourcils s'était froncé sous un soucis joué à la perfection. Entre ses coups de colères, l'Incube trouvait le temps de s'amuser comme un petit fou ; parce que pour lui, tout ceci ne se résumait qu'à un jeu. Que des malheureux aient pu souffrir de tels conditions de servitude, que l'esclavage soit l'antithèse de l'humanité... Tout ça lui passait par dessus la tête.
Pour l'heure, il jouait et s'en trouvait heureux.
"Et puisse vos fantasmes devenir réalité. Grâce à moi."

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Salomée

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Re : Coup de chance [PV:Salomée]

Réponse 3 lundi 21 juillet 2014, 11:10:02

Elle l'avait observé parlé – ne pouvant s'empêcher de lui trouver une beauté dérangeante. Et il osait la mirer droit dans les yeux, supportant la clarté de son regard aux origines métissées. Mais le plus frappant était la voix du bel esclave : aux intonations limpides et musicales. L'entendre, le voir dans cette pièce exiguë donna
10 un franc coup aux émois de la brune qui s'empressa de passer une main délicate à sa gorge pâle pour la masser nerveusement – geste typiquement féminin.

« J'aurais brûlé toute cette ville. Je déteste être contrariée. Rien ne me va plus loin que la contrariété. » répliqua-t-elle dans un souffle fugace et léger.

C'était son petit côté « princesse gâtée », sans vraiment l'être. Si sa prime jeunesse avait été marquée de moqueries, de persécutions et de pauvreté – son adolescence avait été semblable à un conte de fée. Entourée de marraines puissantes aux aboies concernant son moindre désir, elle n'avait jamais rencontré d'oppositions et si elles existaient, ces dernières n'avaient jamais fait long feu face aux caprices exécrables de Salomée. En témoignait cette situation, où elle avait brûlé une innocente et déboursé des milliers de pièces d'or simplement parce qu'un beau matin elle avait refusé de plonger ses mains dans la vaisselle sale.

Et cette contrariété qu'elle évoquait s'apprêtait à surgir au moment où il souhaitait aborder le sujet de la faiblesse. Toutefois, il s'était repris in extremis : assez tôt pour ne pas éveiller la curiosité de sa maîtresse chèrement acquise.
Cet inconnu recelait décidément de bien belles manières en présentant ses excuses avant même qu'elle ne l'exige.


« J'aimerais que tu me donnes ton nom. Nous allons nous encombrer de cela. Mais je me réserve le droit de te nommer comme il me sied. »

Elle décroisa ses jambes galbées dont le tracé était révélé par sa robe moulante et se dirigea d'un pas leste vers la modeste coiffeuse. En silence, elle s'y installa – les épaules droites et le front haut afin d'admirer son reflet blême dans le miroir. De cet angle, elle apercevait l'incube en arrière-plan sur sa chaise inconfortable. Un sourire délicat fendit son minois.

« J'ai une première requête. L'attitude du tenancier ne t'a certainement pas échappé. » débuta-t-elle, amusée, en repassant sensuellement la pulpe de son index le long de ses lèvres pulpeuses pour répartir le fard vermeille. Sa langue ne tarda pas à se subtiliser à son doigt, appliquant une finition langoureuse aux contours affolant de ses lippes. « Je lui ai suggéré de passer me voir, ici, dans cette chambre. »

La chandelle n'était pas à portée de main. D'un simple tour du poignet, agrémenté d'une fine pensée : la distance fut abolie. En effet, la bougie s'était mise à flotter vers celle qui l'appelait en silence et lévitant à hauteur de sa joue éclairait ses traits de poupée.

« J'apprécierai que tu m'aides à l'achever. Seigneur....je déteste passer par ces méthodes, mais ce sont les plus efficaces. Il te faudrait me présenter de nombreuses attentions, de quoi éveiller plus que de raison la virilité de ce pauvre bougre. »

Et pendant qu'elle parlait, ses doigts agiles dispersaient sur la commode plusieurs ingrédients. Ne manquait plus que le chaudron à l'inventaire. Dans une petite cage , deux souris s'agitaient avec nervosité tandis qu'au-delà de leur barreau, la belle sorcière triait plusieurs flacons aux côtés d'une aiguille, d'une pièce de tissu et d'un peu de coton. Ses gestes étaient d'une précision millimétrée, traitant le moindre objet avec égard et patience. Cependant, ses prunelles lumineuses s'arrogeaient franchement le reflet du démon. Elle hésitait sur la nature de cet homme en apparence.

« Ce que je fais ne t'ait sûrement pas étranger. » poursuivit-elle en acte et en parole, un brin distraite. « C'est de la sorcellerie. Tu l'as vu avec le feu, tu l'as vu avec l'esprit, mais tu le verras avec la noirceur.»

Progressivement, le lin et l'ouate avaient muté en forme humanoïde grossière : une tête, un torse et des membres trivialement cousus entre eux. Elle n'avait pas pris la peine de refermer le ventre qui vomissait encore du coton. Soudainement, elle reposa son nécessaire à rituel et prit le temps de fixer le magnifique reflet du mâle, le coeur battant.

« Toutes ces femmes que tu as enflammé de l'intérieur par ta simple présence. Même avec tout mon pouvoir je n'aurais pu faire cela à tant d'hommes à la fois. » remarqua-t-elle doucement.

En se redressant, habillée de ce vêtement blanc pour moitié et auréolée de sa chevelure soyeuse, elle possédait une prestance angélique qui jurait terriblement avec ses activités et ses mots. Deux enjambées suffirent à rejoindre son nouveau valet qu'elle toisa de manière hautaine. Sans un mot de plus, elle détacha les cordages qui scellaient sa robe – parfaitement maîtresse d'elle-même. Bientôt, le vêtement échoua lourdement à ses pieds dans un froissement subtil. Elle n'en devint pas nue pour autant, toujours valorisée par l'écrin d'une lingerie fine à la teinte pourpre.

Si les préliminaires planifiés n'étaient qu'un simulacre pour piéger la pauvre âme du tenancier, Salomée n'aurait pas à se forcer pour donner la réplique à Vaehl au cours de cet étrange spectacle. Sensible au charisme qu'il dégageait, elle répondrait volontiers à son charme inégalé jusqu'à présent.

« Commençons. » ordonna-t-elle, un sourire perché au bout de ses lèvres colorées.

Combattant bravement leur ombre, la faible lumière des chandelles trépignaient sur le chevet et la coiffeuse.

Et pendant ce temps, la victime déléguait sa tâche à une serveuse opulente. Il l'avait averti qu'il revenait d'ici une petite heure ou deux. L'homme n'était pas laid, encore dans la fleur de l'âge : il avait repris l'entreprise familiale car il ne savait rien faire d'autre. Couvert de la sueur d'une longue journée de labeur, il grimpait les escaliers, passant les étages avec indifférence pour se diriger fébrilement vers les combles où il espérait retrouver cette femme aux allures suggestives.

Vaelh

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Re : Coup de chance [PV:Salomée]

Réponse 4 mardi 22 juillet 2014, 20:57:45

Depuis longtemps passé maître dans l'art des petits jeux de séduction, Vaelh savait parfaitement interpréter le langage du corps. Il le sentait d'ici : la peau de Madame s'embrasait lentement mais surement. Et ça n'était évidemment pas pour lui déplaire.
C'est dans un silence absolu que le Démon l'avait écouté. Pas un son ; pas même le moindre mouvement, du moins jusqu'à ce qu'elle s'installe devant sa coiffeuse. Habile, il parvint à rapidement exploiter l'angle du miroir pour anticiper ce coup d’œil que la jeune femme lui jeta. Il fit mine de ne rien voir à ce moment là pour ne pas la déranger dans son observation, se laissant volontiers dévorer du regard. Après tout, ça n'était pas comme s'il avait quelque chose à cacher. Si ?

Toujours en silence, il patienta le temps qu'elle rende ses plans plus explicites, frémissant d'inpatience lorsqu'il fut témoins des noirs préparatifs que la sorcière déployait devant elle. Il n'était pas bien sûr de ce qu'elle avait voulu dire par "achever" le tenancier... Réduire son corps en miette ? Son âme en lambeaux ? Servirait-il de sacrifice pour commander à de grandes puissances ? Cela semblait logique puisque ça constituait le "retour sur investissement" qu'avait été le petit numéro de charme au rez-de-chaussé...
Ou peut être qu'elle s'apprêtait simplement à donner à cet homme un coup de grâce d'une nature bien plus langoureuse ? Hautement improbable, mais sait-on jamais.
Quoi qu'il en fut Vaelh trépignait comme un jeune diablotin, persuadé que cette attraction qui allait suivre vaudrait la peine qu'il s'y intéresse. Il échafaudait déjà des théorie fabuleuses qui lui obnubilèrent tant l'esprit que lorsqu'il fut de nouveau attentif, il perçut un vague "commençons", avant de profiter de la silhouette dénudée de Salomée.
Du point de vu de Vaelh, la pudeur n'avait pas le moindre sens. La nudité intégrale d'une personne n'avait jamais affecté le Démon. Il avait vu nombre d'entités dans leur plus simple appareil et tout ce qu'il en avait conclu, c'était que les êtres conscient qui s'enorgueillissaient à trop se couvrir le faisait par désir de marquer une pseudo supériorité. Et quand ces mêmes êtres était mis à nu, ils devenaient les plus misérables des vermisseaux transis de honte.
Mais il arrivait que certaines créatures, grâces à leur charmes naturels, leur majesté, leur prestance, parvenaient à être d'autant plus royales à mesure qu'elles se délestaient de leurs atours. C'était rare mais  saisissant, et coup de chance pour l'Incube, il profitait d'un tel spectacle rendu d'autant plus intéressant par le fait que l'attraction principale n'était pourtant qu'une humaine -c'est dire à quel point elle ne partait pas gagnante-.
Un trop vaste sourire satisfait et appréciatifs étira les lèvres du Démon, ouvrant toute la beauté de son visage comme les pétales d'une fleur s'épanouissant dans une lumière chiche pour révéler toute l'intensité de leur couleurs. Il se leva avec légèreté, n'essayant ni de toiser la jeune sorcière, ni d'afficher une attitude soumise, affirmant ainsi inconsciemment qu'il se tenait bien au delà d'un tel petit jeu ; ou qu'il avait la conviction que rien ne serait jamais au dessus de lui.
Alors souffla-t-il, ses murmures chargés d'une sincérité touchante et d'une note d'appétit :
- C'est très bien.
Il sembla alors vaciller sur la gauche, son corps menaçant de s’effondrer sur lui même, avant de se déporter sur la droite et de profiter de son élan pour se mettre à décrire une lente valse à la grâce aquatique autour de Madame. L'aisance désinvolte avec laquelle il évoluait autour de la sorcière chatouillait l'air comme une caresse franchement indecente et éhontée, chargeant l'atmosphère du timbre de l'Incube ; ainsi, il semblait murmurer à l'oreille de la jeune femme depuis toutes les directions possibles :
- Mais que peut bien attendre exactement Madame ? Peut être...
Faudrait-il que mon souffle filtre au travers de ta crinière
Devrais-je laisser planer ma paume
Écartant sur sa route ses pans de ténèbres
Vais-je me voir ordonner de te gratifier de
Pour s'échouer contre sa nuque ?
Toute ma présence en veillant à ce que mon corps épouse l'arrière du tiens ?
En une frustrante presque-caresse contre
L'étreinte de mes bras pour
Ton cou palpitant qui n'attend que mes lèvres ?
Souhaites-tu que je me montre plus vigoureux

Que je monte à l'assaut de

Qui jamais ne se concrétiserait ?
Brûles-tu d'éprouver la vigueur de ma

Ta poitrine frémissante ?
Pries-tu pour que mes doigts se laissent couler
Poigne autour de ces deux monts de chair qui se raidissent déjà des régals à venir ?
A la surface de tes cuisses pour en suivre
Le galbe élégant ?

La sensation d'entendre la voix chargée d'envie du mâle venir de partout avait quelques chose de déstabilisant, d'étourdissant, mais d’infiniment délicieux tandis qu'il exposait, superposait tous ces tourments qu'il pourrait bien faire subir à Madame.
Mais son petit manège n'était pas fini.
La chaleur magmatique de la peau de Démon vint flatter l’épiderme éprouvé de la jeune sorcière en une caresse éthérée tandis qu'il s'était mis à rôder au plus près d'elle. Seul l'épaisseur d'un cheveux séparait encore le couple. En expert, le mâle exploita cette proximité intime pour que ses murmures se fassent plus intenses, plus lourds de sens, passant parfois directement les tympans de la sorcière pour s'incruster dans son âme comme une idée qui y aurait germé :
- Mais je sens bien que Madame en voudrait bien plus que ça. Sans doute...
Meurs-tu d'envie que se dessine contre ton fessier
Préfères-tu que je souligne que derrière tes airs de grande de ce monde
Le profil d'une évidente virilité qu'il te plairait
Tandis que je serais dans ton dos
Nourris-tu l'espoir que la légèreté de cette lingerie fasse écho à
La violence que je pourrais déployer pour t'en déposséder ?
De prendre en bouche ?
Te faire prendre par un mâle qui aurait le dessus sur toi ne te laisse pas indifférente ?
Tu me possèdes.
Réclames-tu la présence de mes lèvres contre les tiennes

Et tu le sais.
Exiges-tu que je t'attaque sur deux front
Une paume palpant ton sein gauche
Vaelh, se présenta-t-il un peu plus bas, malicieux
Toute ma personne t'appartient.
Espères-tu que je te fasse face pour mieux laisser glisser mes lèvres
Tu n'as qu'a te pencher et prendre ce que tu veux
T'impatientes-tu tandis que je me demande si je vais finir par m'agenouiller

En un étourdissant baiser qui ne prendrais fin que quand
Prendre ma chair.
De ta bouche à ta poitrine, la bombardant de baisers, de sucions ?
Rêves-tu de ma bouche toute entière occupée

Prendre ma vie.
A baiser ton étroitesse trempée ?
Et éprouver ta sensibilité du bout de ma langue ?
Attends-tu que je prenne les devant
Que je te fasse t'agenouiller pour remplir ta bouche de mon large pieux ?
Prendre ma raison.
L'autre fouillant cette fournaise qui te consumes déjà ci-bas ?
Devrais-je attraper cette crinière pour t'empêcher toute fuite lorsque

Prendre mon âme.
Le plaisir te secoue ?
Prendre mon membre à pleine main.
Je me défoulerait contre ton palais et ta langue comme s'il avait s'agit de ton sexe ?
Tout est à toi.
Tu n'as qu'a te pencher et le dévorer.
T'allonger et m'implorer.
Te faire plus étroite sous mes assauts
Abandonne toi.
Abandonne toi.
Abandonne toi.


Abandonne toi, Salomée.



*
**


Et tout cessa brusquement. A présent, la jeune sorcière pouvait se contempler devant le miroir de sa coiffeuse, sa chair vibrante, une grande main pâle immobile écrasée sur sa poitrine, l'autre sur sa cuisse tirant vers le bas sa lingerie fine. Il n'aurait fallu qu'un millimètre de plus vers le bas pour que son petit bouton de plaisir soit visible. Il n'aurait fallu qu'une once de pression supplémentaire pour que les doigts sur ses seins percent son coeur.
Et dans son dos, tout contre elle, se tenait le beau mâle poitrine nue, ses lèvres jouant avec l'un des lobes de la jeune femme.
Ses yeux d'or rayonnant fixaient le reflet de sa victime dans le miroir. Ou peut être qu'il fixait son âme meurtrie aux désirs mis à nu ? Non, il entrait lentement en elle, il marchait d'un pas lourd jusqu'à son âme pour s'arrêter aux portes de sa raisons et de sa pudeur. La sorcière pouvait le sentir : elle seule pouvait décider de s'ouvrir corps et âme au Démon.
Mais si elle s'y employait, elle pouvait être persuadée que ce dernier allait retourner sauvagement sa raison, pulvériser son âme jeter ses fragment haut dans le ciel pour qu'un soleil rouge passion viennent mettre en lumières ses fantasmes les plus inavouée, pour les assouvir.
D'un autre côté si elle refusait... Une telle chance se présenterait-elle à nouveau ?
"Et puisse vos fantasmes devenir réalité. Grâce à moi."

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Salomée

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Re : Coup de chance [PV:Salomée]

Réponse 5 samedi 02 août 2014, 20:09:59

Un petit froncement de sourcils avait accompagné le ballet sensuel de l'Incube. Elle n'avait désormais plus aucun doute sur la nature démoniaque de son esclave. Il s'avérait être un enchanteur aussi redoutable qu'elle. Et face au miroir, elle subissait ses suggestions chuchotées ; les yeux mi-clos, les lèvres entrouvertes à l'image d'un félin que l'on caressait dans le sens du poil. Elle était prête à répliquer à ces litanies licencieuses, mais les mots souffraient de franchir le barrage de sa gorge. Ce fut à peine si ses cordes vocales vibrèrent, dénuée de volonté – la belle sorcière préféra offrir le premier rôle à ses oreilles.

Le retour à la réalité, devant la glace, s'avéra frustrant et horrifiant. Elle n'avait pas senti les mains du Prince s'évertuer à prendre possession d'une partie de son corps. Elle ravala discrètement sa salive, conservant le front haut et le regard hautain. Dans son reflet, elle remarqua sa lèvre inférieure trembler. Trembler de quoi ? De peur, de désir, de colère. Elle n'était plus certaine.

« Ce n'est pas correct... » parvint-elle à articuler en baissant les yeux vers la surface de la commode où dormaient encore les préparatifs de son rituel noir.

Néanmoins, ses pensées commençaient à tourner comme du vin mûr. Elle voulait s'abandonner à lui. Penchée sur la commode, allongée sur le lit : se sacrifier au vice et au péché. Bien qu'elle n'était pas assurée quant aux intentions de cet étrange esclave, elle lui aurait volontiers tout donné si la porte ne s'était pas ouverte à ce moment-là pour introduire le tenancier aux airs livides. Il admira longuement leur position : troisième et lointain reflet dans le miroir poussiéreux. Il capta les doigts du mâle presser la chair d'un sein. Son érection soudaine le surprit. Il s'était échauffé en passant les étages à imaginer cette inconnue sous toutes les coutures, mais l'idée de la partager avec son valet venait d'achever ce qui demeurait de raison chez lui.

Son intrusion irrita grandement Salomée. Le temps d'un battement de cil, elle avait déjà ordonné à la porte de se clore au nez de l'aubergiste. Le verrou grinça tant elle consomma d'énergie mentale pour l'actionner. Ils étaient de nouveau seuls désormais, et l'un comme l'autre : ils étaient perdus.

L'ensorceleuse tourna le dos à leur image afin de contempler les nobles traits de sa location. Elle initia ensuite un baiser aux teintes sanguines : maculant les lippes de Vaehl d'un rouge profond. Elle se plaisait à égarer sa bouche à la commissure et souiller ainsi la peau blême de l'esclave. Ce contact velouté cessa bientôt. Son index remplaça ses lèvres dans une injonction autoritaire :

«Je  ne sais pas qui tu es, à vrai dire. Je préfère l'ignorer, parce que j'aime le défi. Tu invoques un jeu dangereux. Si tu perds, je te tuerai. »

La voix toujours douce, le visage toujours angélique : elle narrait ses promesses avec un calme olympien. Elle accepterait qu'ils se livrent sous les combles à des mouvements interdits. Toutefois, rien était gratuit : et en ce début de soirée paisible, il mettait en gage sa vie. Et derrière la porte de leur chambre, le tenancier était agenouillé : son pieu brandi, son poignet agité. Il haletait en souffrant du plaisir intimiste. Les charmes jetés sur lui le dévoraient comme un poison lent et inexorable. Bientôt, il irait rejoindre les étages inférieurs. A l'aide de son passe-partout, il introduirait son ombre dans une chambre, perturberait le sommeil d'une cliente. Après avoir établi un premier méfait, il irait salir de sa semence d'autres dormeuses et quand l'Auberge manquera de femmes ; il aura encore faim et errera parmi les immondices de la rue, cherchant désespérément à assouvir ses instincts. Les petites gens feront justice eux-mêmes : voulant venger une fille, une sœur, une épouse. Il sera pendu ou exécuté.

Une âme de plus sacrifiée. C'était le plus plaisant. Au final, Salomée ne tâchait jamais ses mains de sang. Elle s'appliquaient à dresser les perfides contre les innocents.

« Vaelh... » souffla-t-elle « Tu sembles bon aède, mais es-tu un acteur doué ? »

Du bout de son doigt, elle essuyait tendrement les traces de rouge à lèvres qui persistaient sur lui.

«Quelle comédie que celle où l'esclave engrosse sa maîtresse. Quelle piètre maîtresse, ferai-je d'ailleurs : si je te laissais gagner ce petit jeu. »

Et sans prévenir, elle lui envoya une gifle sonore et puissante, du revers de la main. Elle se hâta ensuite d'ordonner en lui indiquant la porte d'un geste plutôt méprisant.

« Trouve-nous du vin, ou de l'alcool. »

Encore une fois, la serrure se défit par enchantement : invitant l'esclave à obéir. Le refus était une option envisageable mais terriblement dangereuse. Salomée voulait la brûlure de l'alcool. Ce serait fâcheux qu'il prétende se substituer à ce manque grandissant. Peut-être que beurrée, dans un état second : elle ne penserait plus qu'à se livrer aux crocs et aux serres de ce prétendu esclave. Elle ne savait plus. Elle battit des cils plusieurs fois, accusant le choc d'une relative prise de conscience. Elle venait d'envoyer un nouveau type à la mort. Un inconnu, sans doute un père aimant : un homme bien. C'était le but. Il fallait qu'elle oublie, qu'on lui rappelle qu'elle était faite pour le vice, que ces sacrifices augureraient un règne de bonheur la concernant.

Vaelh

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Re : Coup de chance [PV:Salomée]

Réponse 6 dimanche 10 août 2014, 09:46:31

L'Incube s'était bien gardé de donner le meilleur de lui même durant ce baiser lourd de sens. Quand bien même, ce bref instant avait peut être pu s'avérer étourdissant pour la sorcière qui s'était surprise à savourer le discret arôme de folie furieuse qu'avaient les lèvres du mâle. Lèvres qui, lorsqu'il fut question de le tuer, s'étirèrent en un bien trop grand sourire.
Parce que Vaelh ne mourrait jamais. Jamais.
L'on pourrait bien détruire sa chair, ses os, son essence, son esprit... Il subsisterait quand même une part de lui dans le coeur de chaque être sexué que toutes les réalités pouvaient porter. Et il sommeillerait, sombre petite graine de malice n'attendant que de germer. Et, à nouveau, viendrait le jour où les désirs interdits des vivants lui redonnerait sa forme originelle, quoi qu'avec quelques petites différences. Un nouveau lui qui ne serait plus tout à fait l'ancien.
Son sourire se fanant lentement tandis que son amusement passait, l'Incube laissa sa détentrice passer un index sur ses lèvres impies pour en chasser la trace de leur baiser, comme si elle ne voulait laisser aucun indice derrière elle. Une attitude si prudente semblait être tout à fait son style : la preuve avec ce tavernier à présent sous l'emprise de quelque odieuse magie... Vaelh ne voyait pas encore l'utilité d'un tel manège, mais il ne doutait pas qu'il devait servir quelque noirs desseins.
Il fixa la jeune femme un bref moment, se disant que s'il avait été mortel, il aurait été plus sage de ne pas se mettre sur son chemin. C'est qu'elle aurait presque mérité un titre aux Enfers.
Et tandis qu'il songeait à une telle possibilité, l'odieuse catin le gratifia d'une gifle parfaitement inattendue. L'impacte de sa petite main contre la peau blanche du Démon fit résonner un claquement puissant qui alla se répercuter jusqu'au palais du Démon, où ses serviteurs se recroquevillèrent d'instinct et gémirent de terreur en comprenant que leur maître serait très, très en colère le jour où il rentrerait se reposer.
Avec le bruit vint le choc, qui fit partir la tête du mâle sur le côté. Se produisit alors un phénomène tout à fait singulier : comme si le mâle avait depuis le début été drapé d'un fin voile de magie lumineuse, tous les traits de son visages entrèrent en résonance pour s'effondrer de son faciès, s'arrachant comme un masque en ruine pour révéler... Sa vraie nature.
Une gueule béante garnies de longues dents cruelles qui s'ouvrait jusque sous ses oreilles en un beuglement enragé silencieux.
Trois affreuses longues langues serpentines.
Une peau où chaque grain n'était qu'un symbole microscopique monstrueux qui s’enchevêtrait avec ses proches voisins pour former prophéties et versets sur la fin des temps.
Des yeux d'un noir luisant malsain, parsemés de dizaines de minuscules iris de platine, d'or et de bronze virevoltaient à leurs surface comme un essaim de moustiques affamés.
Une forêt de cornes d'ébène en guise de chevelure.
Et malgré tout ces monstrueux attributs, une beauté aussi incompréhensible que terrifiante qui éclipsait complètement celle de son apparence humaine.
Une telle apparition ne dura qu'une petite fraction de seconde, juste assez pour que Salomée voit s'allumer dans les yeux de l'Incube le flagrant désir de tuer par vengeance. Même lorsque son masque "humain" revint rapidement en place sur sa face, le meurtre continuait d'irradier de tout son être. L'objet de sa colère était là, à moins de deux pas. Sa vitesse était telle qu'il pouvait lui sauter dessus pour l'étrangler avant même qu'elle n'esquisse une incantation. Il aurait pu lui ouvrir la gorge avec ses dents. Briser son visage de ses poings. Rompre ses os fragiles. Trancher sa chair avec quelque lame.
Mais à la seconde même où il s'apprêtait à basculer dans la folie meurtrière, un souffle frais vint l'apaiser lorsqu'il confia :
- Personne ne m'avait plus frappé après mon ascension.
Son timbre était faible, si faible qu'il était impossible de savoir s'il était plutôt chargé de surprise, de rage, de... Contentement ? Salomée pouvait au moins être sûre d'une chose : elle n'aurait pas dû aller jusqu'à un tel extrémité, parce que Vaelh était une créature foncièrement rancunière. En même temps, elle venait de lui offrir un moment rare qu'il n'oublierait pas et qui à lui seul justifiait toute cette escapade... Impossible de savoir à quoi s'en tenir, pour le coup.
En silence, Vaelh recula lentement sans jamais cesser de faire face à la sorcière. Aucune émotion ne transparaissait sur son visage, même lorsqu'il referma doucement la porte derrière lui dans un grincement tout à fait perturbant.

*
**

Cinq longues minutes passèrent, durant lesquelles aucun bruit n'avait filtré sous la porte. Au terme d'un tel délais, celle-ci s'ouvrit pour laisser entrer Vaelh. Il tenait un plateau en bois en équilibre sur la tranche au bout de son index et de son pouce. Egalement en équilibre mais sur le plateau vacillait élégamment un pichet en terre cuite de quelque alcool bon marché trouvé au rez-de-chaussé. Dans son autre main, Vaelh tenait simplement deux coupe du même matériaux. S'écoula un instant, puis les doigts de l'Incube s'ouvrir pour laisser tomber les deux verres qui éclatèrent au sol. Son visage se tordit alors en une parodies de désarrois que l'on devinait nuancée d'arrières pensées :
- Quelle maladresse, glissa-t-il malgré qu'il tenait toujours aussi habilement le pichet et le plateau en équilibre. Il laissa finalement tomber ce dernier mais rattrapa le récipient plein de l'alcool tant désiré. Il tacha de prendre son temps pour s'approcher de la sorcière, avant de tendre sans se hâter une main vers sa gorge pour y enrouler tendrement ses doigts, la couvant d'un regard hypnotique. Toute la silhouette du mâle sembla s'embraser de rancune tandis qu'il tenait ainsi la jeune femme : il n'aurait fallu que faire pression sur sa gorge pour passer d'amant à meurtrier, mais il n'en fit rien. Sans cesser de la fixer, il lui fit lever le menton en lui soufflant sur le ton d'une chaude confidence :
- Je n'oublierais pas ce que tu m'a fait. Tu paieras, un jour ou l'autre. Peu m'importe quand, mais a arrivera. En même temps... Quel bref moment m'as-tu offert. Hmm... Je devrais te récompenser pour ça, je suppose. En revanche... Sa prise se durcit autour de la gorge palpitante de la mortelle. Ne recommence jamais plus, parce que ça ne m'amusera pas une seconde fois.
Il souleva alors le pichet sans cesser de fixer sa maîtresse, lui intimant d'ouvrir les lèvres alors qu'il basculait le récipient pour laisser couler un mince filet vermeille jusqu'à sa gorge offerte.
"Et puisse vos fantasmes devenir réalité. Grâce à moi."

Je reste dispo en MP pour vos questions/idées de trame.


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