Genosha [Iron Girl]

RACHEL HAWKES

Madame Hydra s’adressait désormais à Logan, laissant à Rachel le temps de se remettre de ses émotions. Ce n’était maintenant plus qu’une question de temps avant que les renforts n’arrivent. Iron Girl ne croyait pas que Magnéto puisse collaborer avec eux. Pas avec des humains. Pas avec l’HYDRA. Il était probablement captif, ou en fuite. Ses pouvoirs sur le métal étaient forts, faisant de lui l’un des plus puissants mutants de la planète, mais il n’était pas invincible... Et l’HYDRA avait une sorte de talent inné pour débusquer les faiblesses des autres, et s’en servir. Ce complexe semblait faire partie d’un plan longuement travaillé, et Rachel n’avait même pas à se demander leur objectif final. Conquérir le monde. Au moins, avec l’HYDRA, on savait à quoi s’en tenir. Ils étaient prêts à tout pour accomplir leurs plans.

À travers la conversation qu’elle avait avec Logan, Rachel comprit qu’on voulait l’utiliser pour accomplir des « tests ». De quels genres de tests ? Elle repensa à ces mutants à Seikusu... Et à ceux qui les avaient attaqués à l’entrée de la base. Était-ce là le sort qu’on lui réservait ? Faire d’elle une expérience de laboratoire ? La torturer tellement qu’elle serait incapable de réfléchir consciemment, et obéirait aux ordres de l’HYDRA sans réfléchir ? C’en était effrayant ! L’HYDRA était une organisation nimbée d’ombres, sur laquelle on ne savait rien. Était-elle aux abois ? Toujours aussi puissante qu’auparavant ? Bon nombre de bases de l’HYDRA avaient été détruites par le SHIELD, mais, à chaque fois, l’organisation revenait, toujours plus forte, en développant toujours plus de plans tortueux pour conquérir le monde. Elle avait déjà infiltré le SHIELD jusqu’à la moelle, et, maintenant, elle l’avait capturé. Elle semblait en savoir beaucoup sur eux. Elle connaissait les points faibles de Kara, et, face à la kryptonite, cette dernière ne pouvait rien faire. Ils savaient même que sa vision spéciale ne permettait pas de voir à travers le plomb.

*C’est clairement une erreur de les sous-estimer...*

Ils avaient recruté des mercenaires particulièrement dangereux, comme Metallo. Les pensées de Rachel étaient confuses, embrumées. Il lui fallait un plan. Elle devait récupérer son armure. Ou alors, elle pouvait attendre que la cavalerie arrive... Mais ce n’était pas vraiment le tempérament d’une Hawkes. Elle n’allait pas attendre des renforts providentiels si elle avait l’opportunité d’agir ici.

La porte s’ouvrit soudain, deux lampes-torches lui éclairant le visage. Rachel mit une main en visière devant ses yeux, fronçant les sourcils. Elle vit trois paires de jambes. Elle était toujours assise, prostrée dans un coin, et n’avait aucun moyen de se défendre. Aucune arme. Rien d’autre que ses poings. Un homme, et deux autres hommes. Des gardes. Ils portaient des combinaisons noirâtres avec des motifs verdâtres, des casques couvrant leurs visages. Entre les deux, il y avait un homme chauve, qui semblait assez âgé, quoique corpulent, et qui balança sur le sol une blouse d’hôpital, en lui ordonnant de s’habiller.

« Et... Et si je vous disais d’aller vous faire foutre, connard ?! » rétorqua Rachel en grinçant des dents.

Elle vit l’homme sourire.

« L’arrogance de ces Américains... »

Il avait un accent russe, que Rachel parvint à identifier. L’homme n’eut pas besoin de faire quoi que ce soit. L’énorme lampe qui avait attaqué Rachel tantôt s’illumina à nouveau, avec ce grondement sinistre. Le générateur alimentant la lampe devait se trouver à côté, et ce fut tout ce que Rachel parvint à penser avant que la douleur n’explose en elle. Elle hurla en se crispant contre le mur, fermant les yeux, en sentant cette lampe lui mordre le corps, brûlant sa peau. L’homme qui lui avait parlé ne dit rien pendant une bonne minute, avant que le projecteur ne s’éteigne à nouveau.

Rachel s’effondra sur le sol, le corps en sueur, peinant à retrouver son souffle.

« Comprenez-moi bien, Mademoiselle Hawkes, poursuivit l’homme. Vous n’êtes pas en position de négocier. Vous pouvez accepter de nous suivre gentiment... Ou nous pouvons employer la manière forte... Ce qui, en réalité, ne pourra que me faire plaisir.
 -  Sa... Salopard...
 -  J’adorerais avoir une discussion avec les Américains sur la conception du Bien et du Mal, mais le temps presse. Messieurs, voulez-vous... ? »

Les gardes agirent rapidement. Rachel sentit une main gantée et ferme tirer sur ses cheveux. Elle hurla, essaya de se débattre, et un tazer vint lui mordre la nuque. Le hurlement de Rachel mourut dans sa gorge, et on lui passa de force la blouse, avant de la balancer hors de la cellule. Rachel heurta un mur, atterrissant dans un couloir.

« C’est d’un pathétique... Je croyais que les Hawkes étaient capables d’endurer plus que ça.
 -  Les... Les Hawkes t’emmerdent, connard ! »

Rachel entendit un garde se rapprocher d’elle, probablement pour la taser à nouveau. Elle secoua alors la tête, et tendit la main vers lui, comme pour le repousser. Avec son autre main, elle souleva son corps endolori, et parvint à se mettre debout. Elle était trop faible pour se battre, et, sans son armure, tenter de s’enfuir serait une peine perdue. Ces types étaient entraînés, et prudents. Quant à elle, sa tête bourdonnait, et elle avait du mal à maintenir son équilibre.

« Dépêchons, nous avons déjà perdu trop de temps... »

Une main ferme la poussa. Elle s’appuya contre le mur. C’était un couloir blanc, carrelé, froid et impersonnel, faisant presque penser à un couloir d’hôpital, si ce n’est qu’il n’y avait pas de fenêtres aux murs menant dans les chambres. L’homme passa devant elle, mains croisées dans le dos.

« Qu’est-ce... Qu’est-ce que vous me... ?! »

*SCHTAC !*

Rachel se reçut un coup de crosse à l’arrière du crâne, et tomba sur le sol, sonnée, gémissant, en sentant une douleur diffuse exploser dans son crâne.

« Vous parlez trop. »

Rachel sentit des bras la tirer. Elle était proche de l’inconscience.

Et elle ignorait où on la conduisait.

NATALIA ROMANOV

Animura était perturbé, et les spores d’Ivy l’aidaient à se maintenir. Natalia se méfiait toujours un peu de Poison Ivy, au regard de son passé. Elle avait été une éco-terroriste, et Natalia savait qu’elle pouvait sécréter, avec sa salive, une toxine mortelle. Ses baisers pouvaient ôter la vie, et, même si elle prétendait s’être rangée, Natalia avait toujours un peu de mal à la croire. Cependant, elle devait bien admettre que, pour l’heure, la mutante était plutôt pratique. Elle avait été efficace contre la Sentinelle, et, maintenant, elle avait réussi à rassurer Animura. Le scientifique était ébranlé, mais ses capacités de réflexion se réveillèrent plutôt vite. Il leur montra un passe, un moyen d’accéder au quartier des officiers. Nightcrawler suggéra cependant qu’il les guide. Animura cligna des yeux, sa nervosité revenant rapidement.

« Je... Mais... »

Comprenant qu’elle devait encore agir, Ivy fléchit les genoux, et son regard engloba celui d’Animura. Chacune de ses mains vint se poser sur ses joues, et elle se rapprocha de plus en plus de lui, si tant est qu’on aurait pu croire qu’elle allait l’embrasser. Elle souffla contre ses lèvres en fermant les yeux, le laissant inhaler ses phéromones, puis lui sourit délicatement.

« Nous avons besoin de vous, Docteur Animura. J’ai besoin de vous », précisa-t-elle.

Eiki hocha lentement la tête.

« Oui... Oui, bien sûr, mais... C’est... C’est dangereux, et... Je... Je ne pense pas vous...
 -  Vous avez fait du mal, Docteur Animura. Vos recherches ont été utilisées à votre insu pour aider des terroristes. Vous trouvez cela regrettable, non ? Je suis sûre que vous vous sentez coupable... »

Le scientifique déglutit à nouveau.

« Vous devez racheter vos erreurs, Docteur. Vous le devez. »

Ses mots étaient comme du velours, et Animura hocha lentement la tête. Pamela se releva ensuite, et Eiki en fit de même.

« O-Oui... Je... Très bien, très bien. Les officiers attendent sûrement mon rapport après... Enfin... Vous voyez. »

Natalia voyait, oui. Après avoir tenté de les tuer. Elle laissa deux de ses hommes ici, pour surveiller ceux qui étaient blessés.

« Vous avez une infirmerie ?
 -  Oui... Sur la gauche... Vos hommes vont bien, j’espère ? Enfin... Ils ne risquent pas de...
 -  Nous sommes formés pour ce genre de situations, Docteur », le coupa Widow.

Les hommes qu’elle laissait là iraient vers l’infirmerie. Natalia ne voulait pas envoyer tous ses hommes. S’il y avait un piège, elle voulait qu’il reste des agents en retrait pour leur offrir un soutien.

« Méfiez-vous des caméras de sécurité. Il y a aussi des détecteurs de mouvement. »

Eiki connaissait bien la sécurité de la base, et savait comment la contourner. Il s’arrêtait parfois près de panneaux de sécurité, et les ouvrait à l’aide de son passé, piratant pendant quelques secondes les dispositifs de sécurité. Natalia, elle, était étonnée de n’avoir vu encore aucun soldat. Leur entrée n’avait pas été spécialement discrète... Il était possible qu’ils soient occupés avec l’équipe d’Iron Girl.

« Voici l’escalier... »

Il leur expliqua que le quartier des officiers était au bout. L’escalier menait directement à une porte.

« Il y a des protocoles de sécurité, expliqua-t-il alors. Vous pouvez vous téléporter, n’est-ce pas ? demanda-t-il à Nightcrawler, sans vraiment attendre de réponses. La porte est verrouillée de l’intérieur. Ce passe sert à prouver votre identité, mais c’est de l’intérieur que la porte s’ouvre. Si nous venons trop nombreux devant la porte... »

Il y avait une caméra de sécurité qui filmerait ce qui se passerait dans le couloir. Autrement dit, il fallait qu’Animura y aille seul.

« Il n’y a pas de gardes dans ce secteur ? demanda Widow, surprise de n’avoir vu encore aucun agent de sécurité.
 -  Pourquoi y en aurait-il ? demanda le docteur, surpris. Nous pensons travailler pour l’armée... Pas pour des terroristes.
 -  Ah... Bien sûr !
 -  Je pensais vous dire de vous faire passer pour un scientifique, mais... Enfin, je peux vous donner une blouse, si vous voulez, et...
 -  Allez-y, Animura. »

Le ton de Natalia était sec, presque fatigué. Le scientifique déglutit, puis grimpa l’escalier rapidement, et appuya sur un bouton, glissant son passe. Natalia et ses coéquipiers restèrent dissimulés à gauche et à droite du couloir, Natalia à côté de Kurt. Elle avait joint sa main dans celle de l’homme.

« Vous allez nous téléporter à l’intérieur, Kurt... Les autres nous rejoindront tout de suite. »

La porte s’ouvrit alors, et Natalia avait vérifié ses chargeurs.

Elle était prête à l’action.

Le docteur Kapov connaissait probablement mieux que personnes le sinueux labyrinthe métallique à travers lequel ses hommes traînaient Rachel Hawkes, sans ménagement aucun. Depuis le début, il faisait partie de l'opération Copycat, initié par Madame Hydra, recruté pour son implication dans le projet X-23, du nom du dernier cobaye opérationnel. Parvenir à cloner l'ADN de Wolverine n'avait pas été une sinécure, mais de longs mois de promiscuité et de nuits sans sommeil avaient été récompensée. Néanmoins, créer Laura Kinney avait été un processus particulièrement coûteux pour l'HYDRA, fragilisée depuis quelques années par la lutte sans merci que le SHIELD menait contre elle . Aussi Kapov avait-il été chargé, avec de nombreux scientifiques de renom, d'établir une nouvelle manière de s'approprier les habilités exceptionnelles de certains mutants, en se servant cette fois directement de cobayes humains. Le sérum, trop instable, avait d'abord été injecté à d'anciens détenus, afin de ne pas éveiller l'attention. Néanmoins, le scientifique avait annoncé à Madame Hydra qu'il avait radicalement augmenté la fiabilité de son produit ; le projet pouvait entrer dans sa seconde phase : le début des tests sur des individus avec des prédispositions satisfaisantes. Aussi l'HYDRA avait-il fait en sorte de semer des indices pour attirer sur Genosha le gratin du SHIELD. Sans surprise, celui-ci avait mordu à l'hameçon et Kapov disposait-il, pour mener ses expériences, de trois mutants parmi les plus dangereux.

« Installez-la sur le fauteuil, messieurs », lâcha-il à son escorte.

La rouquine inconsciente fut étendue sur un siège chirurgical en cuir blanc immaculé, et ses poignets furent immédiatement entravés, de même que ses chevilles ; la jeune femme avait de la ressource, et Kapov ne voulait prendre aucun risque. Il était hors de question de travailler avec l'ADN de la kriptonienne, ni même de Miss Marvel ; leurs propriétés demanderait probablement de longues semaines d'étude. La solution la plus satisfaisante lui semblait être de mêler son sérum avec l'ADN de Wolverine, qu'il connaissait si bien. La plupart des sujets sur lesquels il avait expérimenté cette formule étaient tous décédés ou fous à lier, mais Kapov avait bon espoir en ce nouveau cobaye. Dénudant sèchement sa poitrine à laquelle il n'accorde pas un regard, il y apposa de nombreuses électrodes, de même que sur ses tempes.

« Soyez bien sage, mademoiselle Hawkes, et tout se passera bien. », murmura-il, en levant les yeux vers l'écran de l'ordinateur qui indiquait l'activité cardiaque et cérébrale de la jeune femme. Cob et Takagi reviendraient bientôt avec les échantillons de l'arme X dont il avait besoin. Alors les choses sérieuses pourraient commencer.

WOLVERINE

Incapable de prendre son mal en patience, Logan tournait dans sa cellule comme un fauve en cage. Si Ophélia était la responsable du complexe, la situation était encore plus catastrophique que ce qu'il pensait. La haine de la jeune femme envers le mutant n'avait à proprement parler aucune limite et il s'attendait au pire. Soudain un déclic retint son attention et, contre toute attente, la porte de sa cellule s'entrouvrit, un léger courant d'air pénétrant dans la salle. Logan ne prit pas la peine de réfléchir ; c'était probablement sa seule chance. Bondissant vers l'avant les griffes au clair, il agrippa le battant, qui s'ouvrait vers l'intérieur, et le tira brutalement vers lui, dévoilant plusieurs soldats armés. Cependant, alors qu'il allait éventrer le premier, une force irrésistible le retint, l'attirant en arrière. Se retenant à la tranche de la porte, Logan écarquilla les yeux. Magneto ? Il comprit néanmoins bien vite qu'Erik n'était pour rien dans cette attraction ; c'était la salle elle-même qui était aimantée. Serrant les dents, le mutant s'efforçait de gagner de la distance à la simple force de ses biceps, mais sa résistance fut futile ; une partie de la porte lui resta entre les doigts, et il alla heurter brutalement le fond de la pièce, les membres en croix. L'attraction était si forte que c'en était douloureux ; Logan avait l'impression que son squelette allait être éjecté de sa chair.

« Allons Logan, tu ne pensais tout de même pas que nous allions te laisser nous échapper aussi facilement ? » le sourire au lèvres, Madame Hydra avait investi sa cellule, son escorte sur ses talons. « Takagi ici présent va simplement te préserver un peu de sang, nous avons épuisé les quantités disponibles ». S'approchant du mutant, elle fit la moue à la vue de son épais membre et le flatta superficiellement du plat de la main. « Je tenais néanmoins à te rendre une petite visite. »

« Va te faire foutre Ophélia », grogna Logan s'efforçant de remuer sur le côté pour mettre sa virilité à l'abri, « trouve-toi un autre jouet. »

Il était de notoriété publique que Madame Hydra avait un appétit sexuel plutôt développé ; elle prenait maint amants, mais néanmoins ceux-ci ne se bousculaient pas au portillons, puisqu'elle avait pris l'habitude de torturer ceux qu'elle ne trouvaient pas suffisamment performants. Pour avoir consommé son mariage avec Ophélia, Logan savait ce que la jeune femme entendait par performante, et cela était hors de portée de la plupart des mâles.

« Je devrais te broyer les testicules, misérable », cracha-elle, en s'emparant desdites parties génitales, alors que Takagi procédait placidement à une prise de sang en règle. « Crois-tu qu'elle guériraient ? », ajouta-elle, faussement interrogative, en refermant progressivement ses phalanges. Logan ne voulait pas avoir à le vérifier. Mais pour l'heure, il semblait qu'il n'avait aucun moyen d'échapper à cette folle furieuse.

« Probablement », la défia-il, la mort dans l'âme. moi et ma grande gueule.

NIGHTCRAWLER

Les bras croisés, Kurt observait Ivy avec un sourire amusé. La jeune femme usait de ses pouvoirs avec une indolence érotique qui focalisait l'entière attention de tous les individus du sexe masculin dans la pièce y compris lui-même, qui avait le plus grand mal à détacher son regard du postérieur bombé de la belle empoisonneuse. Lorsqu'elle lui eût redonné le courage qui semblait lui faire défaut, le curieux bonhomme se redressa, et ouvrit la marche. Laissant passer le reste des agents valides devant lui, Kurt quitta la pièce en dernier, avec un léger signe de tête pour les hommes qui se dirigeraient vers l'infirmerie.

Sans Eiki, il est probable que le commando n'eût jamais atteint le quartier des officiers ; le jeune homme arrêta bien vite d'essayer de mémoriser les embranchements qu'ils prenaient, les portes qu'ils ouvraient, les salles désertes qu'ils contournaient, le pire étant que le complexe avait l'air absolument désert. Lorsque la procession s'arrêta, Kurt fronça les sourcils ; devant eux, une volée de marché, au fond, une double porte blindée. Se frayant un chemin au milieu des soldats, il rejoignit Natalia, Ivy et Eiki.

« Ça devrait pouvoir se faire, Docteur », concéda-il au scientifique à brûle-pourpoint. Cette longue marche l'avait ragaillardi, et il se sentait capable d'utilisation à nouveau ses pouvoirs. Il acquiesça ensuite aux propos de Widow ; il valait mieux qu'il puisse visualiser l'endroit où il se téléporterait, surtout s'il prenait une passagère ; L'ouverture de la porte par Eiki remplirait cet office. Resserrant ses doigts autour de la mains de Natalia, il referma sa main libre sur la garde de sa dague.

« Pourvu qu'il ne nous trahisse pas », murmura-il, au moins autant pour Natalia que pour lui-même.

Néanmoins, le scientifique s'était éloigné d'un pas décidé, son passe autour de son cou. La porte n'était qu'à une douzaine de mètres, Kurt et ses compagnons purent-ils entendre assez distinctement le bref échange qui s'ensuivit.

« Ce... C'est moi, je viens faire mon rapport à Krugmann. », lança-il, après avoir apposé sa carte contre un lecteur électrinique.
« Animura ? La sentinelle a-elle validé la mission ? Tous les intrus ont-ils été... effacés ? »
« A...Affirmatif monsieur, ils n'avaient aucune chance ! »

La réponse d'Eiki lui sembla peu naturelle, mais ce fut suffisant pour son interlocuteur. La porte s'ouvrit avec un bref chuintement, dévoilant une grande salle rectangulaire.

« On y va », prévint-il simplement, avant de disparaître dans un nuage de souffre.

Kurt et Natalia se matérialisèrent au beau milieu de la pièce, dans le dos du portier. Sans perdre un instant, Kurt lâcha la main de Natalia et attrapa le militaire par la nuque, pour envoyer son visage s'écraser contre la console de sécurité. Eiki surpris, étouffa un cri, et recula de quelques pas, Kurt lui ayant fait signe de se mettre à l'abri, récupérant le revolver de sa victime, alors que le reste de l'équipe arrivait au pas de course. Faisant volte-face, le mutant s'aperçut que la salle ressemblait à un salon des années soixante, avec fauteuils en cuir, meubles de choix, coin fumoir et bibliothèque. La pièce, d'une cinquantaine de mètre carrée était occupée par une bonne dizaines d'hommes en bottes et uniformes qui mirent de longues secondes avant de remarquer l'intrusion, trop occupés à vaquer à leurs activités.

« Intrusion ! activez-moi cette putain d'alarme », hurla l'un d'eux, sans lâcher son énorme cigare. Mais Kurt fut plus rapide que le jeune homme qui s'élança pour atteindre une second console, sur le mur du fond ; jetant son poignard à travers la pièce, l'arme traversa les cervicales de l'infortuné, ressortant par le devant de sa gorge ; le jeune s'effondra aussitôt, s’étouffant dans son propre sang. Ce fut à ce moment que les officiers se mirent à tirer, laissant simplement le temps à Kurt de se jeter derrière un canapé d'époque.

RACHEL HAWKES

« Dommage qu’on ne puisse pas profiter d’elle... J’ai toujours aimé les rousses !
 -  Le Docteur la veut en pleine forme pour l’opération.
 -  Quel gâchis... Tous les précédents cobayes étaient tellement moches... C’est ça, le pire, dans ce boulot... Sur une île abandonnée, il n’y a pas de belles touristes à séduire à la plage.
 -  Tâche de rester concentré, okay ?! »

Rachel planait, mais entendait de plus en plus distinctement les gardes parler. Ses poignets et ses chevilles étaient entravés par des cingles, et elle était sur un fauteuil, en ayant l’impression d’être dans l’un de ces films où des patients souffrant de graves problèmes psychiatriques se faisaient lobotomiser. Elle portait toujours sa chemise d’hôpital, et des étoiles dansaient devant ses yeux. La vision lui revenait peu à peu. On l’avait traîné hors de sa cellule, et branché des électrodes sur son torse, ainsi que sur son front. Elle essaya de se débattre, mais sans réel succès, si ce n’est de s’écorcher la peau contre les sangles solidement serrées. Rachel grogna lentement, attirant l’attention des gardes.

Ils se positionnèrent devant elle.

« Restez calme !
 -  Que… Que me voulez-vous ? »

Les gardes ne répondirent pas.

« Écoutez... Vous avez encore une chance de vous en sortir... Libérez-moi... »

Il y eut un léger flottement dans l’air, comme si les gardes étaient dubitatifs... Puis ils se mirent à rire.

« Ah, ces agents du SHIELD... Même vaincus, vous vous croyez toujours gagnants !
 -  Ferme-là, salope ! »

Rachel entendit une alarme résonner violemment, et les gardes s’écartèrent. Elle nota alors qu’il y avait, en hauteur, des vitres sans teint, délimitant un petit bureau. Elle regarda autour d’elle. Les murs étaient gris, métalliques, et il y avait plusieurs placards. Les électrodes la reliaient à de multiples appareils, comme un électroencéphalogramme, et à des câbles filant dans le sol. La jeune femme cligna lentement des yeux. Aucune faille, et elle était fermement harnachée. La situation était catastrophique, mais pas désespérée. Il restait encore une autre équipe, et Hawkes avait confiance en Romanov. De plus, si Romanov avait été capturée, elle était sûre que l’HYDRA le lui aurait dit, ne serait-ce que pour achever de briser ses espoirs.

La porte ne tarda pas à s’ouvrir à nouveau, et elle vit l’individu qui l’avait sorti de sa cellule. Il portait désormais une blouse, et était accompagnée par d’autres scientifiques, et par des gardes.

« Mademoiselle Hawkes ! Navré de vous avoir fait patienter, il me fallait... Finir quelques détails. Navré aussi pour l’inconfort de cette chaise, mais ce n’est que temporaire. »

L’homme se rapprocha rapidement. Il comptait probablement insérer son funeste produit dans l’organisme de Rachel par le biais d’une intraveineuse.

« Je vous conseille de ne pas faire ça, gronda Rachel. Je ne suis pas un putain de cobaye ! »

NATALIA ROMANOV

Natalia atterrit au milieu d’une grande pièce confortable, qui lui rappela brièvement la décoration intérieure des bunkers antiatomiques construits par les Américains en pleine apogée dela guerre froide. La comparaison s’arrêta là, et elle brandit ses deux pistolets. Les agents de l’HYDRA, surpris, ne tardèrent pas à s’abriter derrière leurs fauteuils, et à prendre leurs armes à feu. Les balles fusèrent rapidement, précises, mortelles, terriblement efficaces. Natalia se mit à courir, et bondit vers les ennemis, agglutinés autour du salon. Elle fit un prodigieux bond, et son pied se logea dans le torse d’un des tueurs, l’envoyant s’écraser contre la bibliothèque, renversant un tas de livres. Un agent de l’HYDRA à proximité opta pour le combat au corps-à-corps. Natalia l’esquiva, et son pied partit en hauteur. Un élégant coup de pied retourné qui balança l’homme par-dessus le comptoir de leur bar intégré. Dans son dos, un agent la frappa avec une matraque télescopique. Natalia tituba sur place, sonnée, et vit des renforts ennemis débarquer depuis un escalier. Elle profita du coup avec la matraque, et bondit sur le sol, s’abritant derrière un fauteuil, et elle ouvrit le feu sur eux. Elle atteignit un ennemi à la jambe. Il trébucha le long de l’escalier, mais les autres ouvrirent le feu, visant aussi bien Natalia que Kurt.

Des tentacules jaillirent alors, et frappèrent les agents ennemis, les envoyant s’écraser contre l’escalier, évitant une issue tragique pour Natalia. Le fauteuil à côté d’elle se cribla de balles, et elle entendit le tueur avec la matraque s’élancer dans son dos. Utilisant ses jambes, Natalia le faucha sur place en se retournant, puis leva bien haut sa jambe, et abattit son talon sur le corps de l’homme, le neutralisant sur le coup. Widow se releva ensuite rapidement, et vit ses hommes arriver, ouvrant le feu sur les agents de l’HYDRA cherchant encore à se révolter, avant que les survivants ne finissent prudemment par se rendre.

« Neutralisez-les vite ! » ordonna Natalia à ses hommes.

Elle avait mal au dos, mais la douleur était acceptable, supportable, et il fallait agir rapidement. Un de ses agents était déjà sur l’ordinateur, tandis que les tentacules d’Ivy ligotaient les ennemis contre le mur.

« Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! hurlait Animura. Ils... Ils sont morts ?! Oh, oh, Seigneur ! »

Ses joues étaient pâles, et même les baisers d’Ivy ne l’aideraient pas à aller mieux. Eiki se releva, et ouvrit une porte latérale, menant à des toilettes, et vomit dans une cuve. Natalia, de son côté, se dirigea vers l’ordinateur de la salle.

« Essayez de trouver un plan du complexe... Et de contacter l’extérieur.
 -  Pour les communications, c’est mort depuis ce poste... Tout est sécurisé ici. Il faut rejoindre l’antenne des communications. Pour le plan, en revanche... »

Natalia le laissa faire, reprenant tranquillement son souffle.

« Regarde-moi ces bouteilles, lâchait un agent du SHIELD.
 -  Et ces cigares... Des saloperies de cigares cubains ! Ces salopards se la coulaient douce ! »

Natalia allait encore devoir séparer ses troupes, afin d’en laisser ici pendant que le reste irait plus profondément dans le complexe. Pour Widow, la suite était claire : elle n’avait pas les moyens matériels nécessaires pour prendre cette base, mais elle pouvait toujours appeler les renforts, et affaiblir l’ennemi de l’intérieur, afin de faciliter la prise de ce complexe.

NIGHTCRAWLER

Fort heureusement, les feux croisés n'avaient atteint ni Kurt, ni Natalia ; jetant un coup d’œil alentour, le jeune homme fit jouer les muscles de ses épaules ; les corps des agents de l'HYDRA qui ne s'étaient pas rendus jonchaient le sol. La plupart d'entre eux était simplement inconscient, mais certain d'entre eux avaient visiblement rendu l'âme. Leur escouade avait solidement ligoté la demi-douzaine de survivants entre eux après les avoir débarrassé de toute arme dissimulée, ou autre moyen de communication. Laissant le Pauvre Eiki rendre son repas, Nightcrawler enjamba un cadavre pour rejoindre Natalia et l'agent qui avait pris le contrôle du poste informatique. Après quelques manipulations, l'homme parvint à afficher un plan du secteur de l'île dans lequel il se trouvaient.

« Attendez ! » Kurt avait posé sa main sur l'épaule de l'agent qui, par réflexe s'était vivement reculé. Le jeune homme ne s'en formalisa pas, et pointa du doigt une pièce d'une cinquantaine de mètres carrés, vraisemblablement juste au-dessous de la salle des officiers. S'il n'était pas aussi intelligent que Kitty Pride, Kurt n'était pas un imbécile, et savait reconnaître un poste d'alimentation électrique, lorsqu'il en voyait un. Avec un peu de chance, la pièce contenait également un générateur de tension. L'agent fronça les sourcils, avant de hocher la tête. Kurt se retourna vers Widow, que son grade plaçait naturellement à la tête de ce qui restait de l'opération.

« A mon avis, dès qu'on sera parvenu à envoyer un message à l'extérieur, on ferait mieux de foutre en l'air leur système électrique... »

« ...en augmentant brutalement la tension du courant ! » compléta l'agent, le sourire aux lèvres, visiblement du jeune mutant l'idée semblait le séduire. En effet, pour l'heure, le terrain était complètement à leur désavantage et désorienter l'ennemi était probablement la meilleure chose à faire. 

« Ouais... On a pris ces mecs là par surprise, mais on ne sait pas combien ils sont, et cet endroit pourrait être truffé de caméras... Et de portes sécurisée auxquelles notre nouvel ami n'a pas accès. Si on met un peu la pagaille, ça devrait augmenter nos chances de nous en sortir... Légèrement » 

L'agent du SHIELD avait chaussé ses lunettes carrées, et pianotait furieusement sur la console ; de toute évidence, il devait s'agir d'un informaticien chevronné, ce qui n'avait rien d'étonnant étant donné le soin avec lequel l'organisation choisissait, puis formait ses recrues. Il ne lui fallu que quelques instants pour pirater le mot de passe du réseau de télésurveillance, protégé par un simple mot de passe unique ; probablement afin que les officiers puissent y avoir facilement accès depuis cette même salle. Il y avait à proprement parler des centaines de caméra, et Kurt s'éloigna pour ramasser un automatique, débarrasser le cadavre de son holster, et suspendre le tout sous son aine.

« Putain de merde, venez voir ça ! »

L'agent était si surpris qu'il en avait oublié la politesse qu'il devait à sa hiérarchie. Il avait affiché sous forme de vignette l'intérieur de ce qui semblait être des cellules. Dans deux d'entre elles, on pouvait reconnaître Miss Marvel et SuperGirl, réduites à l'impuissance. Dans une autre Wolverine, les dents serrées, semblait écrasé contre un mur magnétique, les membres en croix. Enfin la dernière était vide. Ils tenaient probablement la raison pour laquelle l'ennemi ne semblait pas se soucier d'eux ; il avait autre chose à faire. Peut-être même qu'avec un peu de chance, leur effraction était à peu près passée inaperçue... En tout cas jusqu'à ce que l'alarme ne retentisse. Désormais, ce n'était plus qu'une question de temps avant que l'HYDRA ne remédie à la situation.

« Tu peux les libérer ?! » s'écria le jeune homme en se rapprochant d'un pas souple. Logan était une figure paternelle très importante pour le jeune mutant et il ne comptait plus le nombre de fois où l'immortel lui avait sauvé la vie ; il lui était impossible de s'échapper sans lui, et il se doutait que Natalia ne réagirait pas autrement s'agissant de ses collègues.

« De là où nous sommes, la seule chose qu'on peut faire, c'est de les regarder. Mais si on suit votre plan... On pourrait tout du moins couper l'alimentation des cellules... Ou cages, peu importe comment vous appelez ces trucs. »

« Et ce message, ça avance ? »

« C'est fait. Ça n'a pas été très compliqué, il m'a suffit d'utiliser l'une des nombreuses antennes de cette île. L'agent Llloyd ne devrait pas tarder à recevoir un email. »

WOLVERINE

Ophélia avait décidé de ne pas priver Logan de sa virilité, et s'en était allée avec ce foutu Takagi. Ce connard avait au moins prélevé une dizaine d'éprouvette de son sang, et l'immortel avait les pires craintes quant à l'usage que Madame Hydra pouvait en faire. Mais le plus frustrant était qu'il était à présent littéralement cloué au mur ; le moindre de ses mouvement lui demandait un effort considérable. Bordel, pourquoi elle désactive pas ce truc ? Finalement une délivrance tardive survint, et l'homme chuta simplement en avant, se réceptionnant sur les coudes et les genoux. Sa colonne vertébrale était terriblement douloureuse, comme si elle avait été criblée d'épingles. Se redressant péniblement le mutant fronça les sourcils alors que la lumière artificielle qui éclairait le cube métallique s'affaiblit, avant de s'éteindre complètement. Par réflexe, Logan sortit ses griffes dans l'obscurité et fléchit les jambes, s'attendant à n'importe quelle éventualité. Au bout de quelques secondes, un simplement cliquetis se fit entendre, et la porte par laquelle Ophélia s'était ouverte s'entrouvrit très légèrement.

« Sans déconner... »

L'homme foulait prudemment le sol métallique de ses pieds nus, s'attendant à chaque instant à ce que la force magnétique de l'aimant dissimulé dans les parois de sa prison ne l'attire à nouveau en arrière. Mais au contraire, il parvint glisses des doigts dans l'ouverture et à lentement tirer le battant vers l'intérieur. Des pas précipités et des éclats de voix l'informèrent que quelque chose se passait dans le complexe. Le bruit d'une cavalcade sur sa gauche le força à rentrer la tête à l'intérieur de sa geôle, mais lorsque l'homme passa à sa portée, il le saisit sans effort par le col, pour le projeter à l'intérieur de la pièce sombre. L'homme poussa un cri étranglé, avant de se réfugier dans un coin de la pièce. La vision de Logan s'était habitué à l'obscurité, aussi vit-il relativement distinctement l'agent de l'HYDRA palper sa hanche à la recherche de son arme.

« N'y pense même pas. »

« Attendez je... Je suis pas quelqu'un d'important ! Je devais juste délivrer un message au professeur Kapov, je suis juste les ordres ! »

« Quel message ? » Logan n'avait pas bougé de l'encadrure de la porte ; si l'homme savait qui il était, il n'avait pas besoin de le menacer physiquement pour obtenir les informations dont il avait besoin. Sans surprise, l'homme se mit à table.

« D'interrompre la procédure sur Rachel Hawkes... Nous avons une intrusion dans l'aile ouest qui pourrait menacer l'ensemble du complexe. »

Logan fronça les sourcils. Était-ce à Rachel qu'Ophélia souhaitait administrer des échantillons de son sang ? Si tel était le cas, elle risquait probablement d'en mourir. Et puis pourquoi elle ? Logan s'avança de quelques pas dans la pièce, alors que son interlocuteur se pressait conte le mur du fond, comme s'il pouvait s'y enfoncer.

« Écoute-moi mon vieux, tu vas me dire ou je peux trouver ce... Kapov. Et tu vas aussi me filer tes fringues »

NATALIA ROMANOV

La situation devenait de plus en plus compliquée. L’équipe d’Iron Girl avait été neutralisée, et leur libération devenait prioritaire. S’ils appelaient les renforts avant de les libérer, la situation se compliquerait, et leurs camarades risquaient de mourir. Natalia opta donc pour le plan de Kurt, et divisa l’équipe en deux. Elle laissa ses agents dans la salle des officiers, afin de pouvoir neutraliser d’éventuels renforts, puis ordonna à Nightcrawler et à Poison Ivy d’aller désactiver le système électrique.

« Mes tentacules seront utiles pour les désactiver, approuva Ivy, et le beau diable bleu pourra neutraliser les éventuels agents.
 -  Précisément, acquiesça Natalia. De mon côté, j’irais me charger des communications. »

Certains agents se regardèrent entre eux. Elle comptait y aller toute seule, ce qui les surprenait... Mais c’était Black Widow. Elle se rapprocha des écrans, et observa le plan, mémorisant le chemin menant à l’antenne des communications. Ensuite, elle s’écarta rapidement, et fila dans les couloirs. Ils avaient réussi à s’infiltrer dans le complexe sans se faire repérer, ce qui, pour l’heure, tenait d’un véritable exploit. Cependant, tôt ou tard, ils se feraient repérer. Natalia devait agir rapidement. Elle s’avança le long du couloir, trouvant un escalier, et y grimpa. Elle s’arrêta en atteignant l’étage menant à la salle des communications, entendant des gardes en train de marcher. Elle laissa passer les deux hommes, et s’avança lentement, le long de couloirs métalliques lui donnant l’impression d’être dans un film de science-fiction.

Elle approcha d’une énorme pièce bourdonnante, ressemblant à une sphère, avec une rangée de multiples ordinateurs. Au fond de la salle, il y avait une représentation tridimensionnelle de la Terre, qui tournoyait lentement. Elle observa un peu la scène, restant dans l’embrasure de la porte. D’énormes écrans se trouvaient en hauteur, et elle put voir des caméras de sécurité montrer Genosha.

*Le centre de contrôle...*

C’était le centre de contrôle de toute l’installation. La pièce principale ? Peut-être. Natalia étudia rapidement ses chances, et comprit qu’un assaut direct serait un échec flagrant. Trop de gardes, trop de tourelles de défense.

« Aucune trace d’une autre équipe du SHIELD, ou des Marines.
 -  Vérifiez mieux ! Madame Hydra ne veut aucune faille de sécurité ! Est-ce qu’on a des nouvelles sur l’autre groupe mené par Black Widow ?
 -  Ils sont tombés sur la Sentinelle, exactement comme prévu. Nous avons reçu le rapport du poste local, nous assurant qu’ils sont morts.
 -  Alors, où sont les corps ? demanda l’un des hommes. Dois-je me contenter d’un simple rapport pour Madame Hydra ? Envoyez une équipe sur place. »

Natalia se pinça les lèvres. Il n’y avait plus qu’à espérer que son équipe saurait s’en sortir. Continuant à regarder autour d’elle, elle vit plusieurs trappes de maintenance dans les angles, et entra dans la pièce, s’abritant derrière une rangée d’ordinateurs au dernier étage, longeant lentement le rebord. Il y avait des gardes partout, ainsi que de multiples caméras de sécurité, et elle attendit prudemment, passant dans l’angle mort des caméras pour pénétrer dans le conduit. Des diodes rouges éclairaient faiblement le conduit, et elle rampa un peu, au milieu de tuyaux de canalisation bouillonnant, se méfiant des jets de vapeur brûlant qui jaillissaient des tubes.

Il y avait un autre chemin pour rejoindre la tour, mais celui-là était le plus discret. Elle continua à grimper, jusqu’à atteindre une échelle de maintenance, voyant les pales d’un ventilateur tournoyer au-dessus d’elle, et commença à grimper, la sueur plaquant ses mèches de cheveux.

Le ventilateur s’arrêta brusquement, et toutes les lumières s’éteignirent pendant quelques secondes.

*Je crois qu’Ivy et Kurt ont du agir...*

RACHEL HAWKES

« Vous êtes une Hawkes, une femme puissante, la porteuse d’Iron Girl. Nous connaissons votre dossier, nous connaissons l’entraînement que vous avez subi, nous connaissons votre volonté de fer. Vous êtes le parfait cobaye pour cette petite expérience. »

Rachel essayait de se débattre, tirant sur ses sangles, mais il n’y avait rien à faire. Les liens étaient tout simplement trop solides. Comment ce Kapov savait-il autant de choses sur elle ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Est-ce qu’on l’avait capturé pour s’emparer de son armure ? Ou est-ce que c’était elle qui les intéressait ? Rachel n’avait cependant rien de particulier. Elle n’était qu’une femme normale, une simple soldate. L’homme était en train d’appliquer une sorte de désinfectant sur son bras, probablement là où il voulait la piquer. Elle regardait, de plus en plus apeurée, le contenu de cette seringue.

L’homme déplaça lentement sa chaise, sans rien dire, et allait la piquer... Quand toutes les lumières s’éteignirent brusquement.

« Qu’est-ce que... ?! »

Il redressa la tête, sans rien dire, et patienta plusieurs secondes... Les lumières se remirent lentement en place. Des diodes rouges, puis une alarme se mit à vrombir.

« ALERTE !! ALERTE !! BRÈCHE DANS L’INSTALLATION ÉLECTRIQUE DU COMPLEXE !! MISE EN QUARANTAINE DU COMPLEXE IMMÉDIATE !! CECI N’EST PAS UN EXERCIC !! JE RÉPÈTE... »

Kapov grommela lentement, puis se retourna vers la femme.

« J’ai toujours aimé les rousses, pardi...
 -  Libérez-moi, espèce de vieux pervers ! Je vous jure que...
 -  Notre solution, voyez-vous, n’a fonctionné sur aucun de nos cobayes... Ils étaient trop malléables, trop... Trop faibles. Oh, bien sûr, nous pourrions essayer sur de vrais mutants, mais... Ça n’aurait pas d’intérêt. Et, quant aux agents de l’HYDRA... Ce sont des moutons, sans envergure. Vous, vous appartenez à une prestigieuse famille militaire, et, mieux que ça, vous êtes une femme forte. Vous êtes donc le parfait prototype. »

Il enfonça alors la seringue, et la solution se déversa dans ses veines. Kapov se releva ensuite rapidement en entendant des coups de feu et des hurlements... Ainsi que des explosions dehors.

« Oh, je crois que vos amis sont déjà là... J’aurais aimé voir en direct les résultats de cette transformation, mais, malheureusement, je vais devoir vous laisser. Bonne journée, M^lle Hawkes. »

Kapov se retira alors, tandis que Rachel se sentait... Complètement ailleurs. Il y eut une ultime explosion, et Supergirl apparut, toute nue, mais avec la rage aux dents, délaissant derrière lui un chaos de tourelles lasers pulvérisées, de portes blindés défoncées comme du beurre, et de tueurs neutralisés, gisant mollement au sol.

« Rachel ! Rachel !! hurla-t-elle en se précipitant vers elle.
 -  Grrraaaaahhh... »

Rachel aurait voulu lui dire de partir, mais son esprit ne répondait plus. Kara semit à tirer sur ses liens, et, soudain, la masse corporelle de Rachel se mit à grossir. Ses ongles poussèrent, devenant d’épaisses griffes, et elle poussa un grognement animal. Ses yeux rougeoyèrent alors, et des ondes laser frappèrent Kara de plein fouet, l’envoyant valdinguer contre le mur dans un hurlement. Rachel déchira alors les sangles la retenant comme du papier, et tituba lentement, s’appuyant contre le mur, défonçant ce dernier. Tout son corps était recouvert d’une épaisse fourrure, et elle sentit une pointe fulgurante de douleur la traverser, si forte qu’elle tituba, et tomba sur le sol, avant de hurler. Un hurlement suraigu qui fit saigner les oreilles de Kara, envoyant des ondes ultrasonores qui fêlèrent les vitres à proximité. Le hurlement de Black Canary. Rachel poussa un nouvel hurlement, et abattit sa lourde main sur le sol, défonçant ce dernier. Une force surnaturelle s’emparait d’elle, et, quand elle releva la tête, une lueur meurtrière brûlait dans son regard.

La femme devant elle essayait de lui parler. Elle avait l’impression de la connaître... Un sentiment qui disparut rapidement. Rachel, ou ce qu’il en restait, bondit sur elle, mais la femme réussit à se dérober, tentant à nouveau de lui parler... Et, pour toute réponse, Rachel la frappa sur le flanc, l’envoyant heurter violemment un mur.

Sa longue chevelure avait poussé, devenant brune, et ses yeux étaient devenus jaunes, ses ongles transformés en redoutables griffes. C’était comme si toute sa pilosité corporelle avait subitement cru pour recouvrir tout son corps.