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Des rêves pour vivre ou du poison pour mourir. [PV]

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Mélisandre Cairn

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Forêt nexusienne. Matinée.

En pleine ébullition, la meute s'impatientait, affairée à relever une piste. Leurs jappements fébriles se communiquaient à certaines montures, encapuchonnées par la main ferme des cavaliers. Les sabots martelaient le limon du sous-bois et les brides carillonnaient alors que les ordres surgissaient, vomis par les maître-chiens. C'était un froid vif et mouillé qui s'insinuait sous les lainages pour mordre la chair et cloquer sa surface de chair de poule. Des perles de rosée endiamantaient la texture luisante des frondaisons au-dessus des têtes coiffées de feutre, de coton ou de fourrure pour les mieux lotis. Mais si les frimas du bois engourdissaient les articulations, ils excitaient au contraire les chevaux -naseaux vrombissants et nerveux, on les entendait ruminer leur fougue en mâchonnant les mords.

Comme toujours dans les hautes sphères, la chasse ressemblait à un prétexte pour tisser des relations et en entrevoir de nouvelles. Aussi nerveux que sa cohorte de chiens, Julius distribuait des sourires crispés d'inexpérience tandis que le monde s'embourbait dans l'ennui de l'attente sous un ciel de plomb et une bruine glacée. Si bien que le sieur Cambel finit par échouer sur les rivages qui lui paraissaient le moins hostiles au sein de cette mer houleuse d'exaspération. Les convives de marque butinaient généralement le miel de la compagnie féminine avec autant de satisfaction qu'il était possible d'avoir chez cette espèce d'hommes bouffie de vanité et de privilèges, chose que Julius Cambel, jeune hobereau nexusien en manque de reconnaissance, émetteur de l'invitation, avait bien assimilé en sollicitant Mélisandre.

Le palefroi monté par la jeune femme arborait une robe charbonneuse et uniforme, à l'exemple de la crinière de la cavalière. Lâchés sur ses épaules en un ruissellement sombre et chatoyant, ses cheveux ondulaient, souples comme des serpents de jais. Elle avait opté pour la monte traditionnelle, plus adaptée aux tribulations de la chasse et pour une tenue sobre de circonstance : un pantalon en daim surmonté de jambières lacées jusqu'aux cuisses moulait agréablement ses fesses, alors qu'une blouse à jabots cintré à la taille et une veste de velours doublée de fourrure s'ouvraient subtilement sur la naissance de sa gorge. Parachevant le tout, une cape de coton maintenue par une broche en filigrane d'argent s'épanouissait en plis et en ourlets marrons sur la croupe de l'étalon.

" On dirait que j'ai autant manqué de flair que mes chiens, aujourd'hui, déplora le jeune homme.
- Pas autant que moi en acceptant de venir, intervînt d'un ton bourru le châtelain le plus proche, juste après avoir fait volter sa monture à leur niveau. Vos chiots sont à votre image, parfaitement inutiles. "

Juché sur l'étalon avec la prestance et la rigidité qui seyaient à un homme de sa trempe, il toisa Jibius de sa face ronde et mafflue, aussi patibulaire que celle d'un dogue, le faisant se ratatiner sur sa selle. Mélisandre le considéra de ses prunelles sombres, imperméable à l'hostilité dégagée.

" Je jurerais qu'ils n'ont pas autant de mordant que vous. Sieur... ? "

L'intéressé renifla, à peine amadoué par le ravissant minois, jaugeant le degré d'effronterie de la réplique d'un air aigre et supérieur, irrité de voir son renom ainsi méconnu.

" Sieur Edouard, Seigneur du plus étendu fief de l'Ouest, au service de la Reine et de ses intérêts. Il referma ses doigts boudinés autour des rênes. Une chevalière garrotait le majeur du poing gauche. Chaque émeraude qui la sertissait figurait les écailles somptueuses d'un serpent enroulé sur lui-même. Je me flatte de connaître les plus nobles dames du royaume et je crois pouvoir dire sans me tromper que vous n'en faîtes pas partie. Dame ? "

La remarque sonnait comme un reproche acerbe. Le Seigneur Edouard dénudait doucement les crocs, l'humeur aussi lugubre que le temps.

" Belmont, " se contenta-t-elle de rétorquer, la bouche fendue d'un léger sourire.

Dressant un sourcil circonspect au-dessus des paupières adipeuses, le noble émit un son rauque et persifleur auquel succéda une expression graveleuse, examinant son interlocutrice d'un intérêt renouvelé. 

" A ce qui se dit, le Duc raffole des catins et de leur compagnie. Son domaine en regorgerait davantage même que de pièces. Est-ce vrai ? "

Un frisson d'indignation secoua Jibius. Toutefois, si intentions chevaleresques il y avait, elles se révélèrent rapidement bridées par un puissant sentiment de subordination. A juste titre, sans doute, car Edouard détenait les terres et les titres dont il ne pourrait jamais se targuer de posséder. Plus déliée que la sienne, la langue de Mélisandre riposta paisiblement.
 
" Vous devriez venir voir par vous même, Sieur Edouard. Les charmes des filles du Lord Belmont sont ineffables et méritent leur notoriété, tout comme l'ivresse de leur passion. "

Un engouement obscène étira la lippe grasse comme la démone le régalait d'un sourire imperceptiblement esquissé en guise de prélude.

***

Manoir Belmont. Soirée.

Une ambiance feutrée et lénifiante régnait au sein du salon Belmont. Comme souvent lorsque les résidents désertaient le manoir, une ombre féline investissait les lieux. Jetant sur les murs des ombres vacillantes, le crépitement des flammes berçait la diablesse. Son corps somnolent se déployait sur le canapé, spécialement orienté vers le foyer pour saluer sa léthargie. Léchée par les reflets tremblotants de l'âtre, sa silhouette s'ébauchait clandestinement sur les coussins de velours, toute en courbes féminines et furtives, dérobées au scandale de l'indécence par le tissu soyeux et froissé d'une chemise suffisamment ample pour conserver le secret de sa maternité, laquelle arrondissait déjà légèrement l'orbe de son ventre. En passant par la chambre principale, elle avait relevé les traces d'une nouvelle conquête. Des affaires éparses. Un parfum particulier, féminin, différent de celui de Shad ou d'Arashi. Elle ne s'y était attardée que le temps de dénicher une chemise propre. Un bras couvrait le regard de la Marquise tandis que l'autre pendait indolemment dans le vide, un verre de lait suspendu à l'extrémité de ses doigts.

Derrière le grésillement des flammes et dans un bourdonnement ouaté, on entendait s'affairer les premiers charognards. Un petit essaim de mouches s'agglomérait déjà à la base déchiquetée du trophée de chasse. Exsangue, un segment glacé de bras humain s'érigeait sur la table basse comme l'épilogue de sa journée. Seul le majeur, élégamment orné d'une chevalière, émergeait du poing fermé. La demeure n'a jamais accueilli de pourceaux aussi replets que vous et je ne suis pas certaine que votre dodue personne soit capable d'en dépasser le seuil en un seul et unique morceau
Du drame diplomatique cependant, rien ne permettrait de l'impliquer.

Quelques semaines la séparaient des évènements survenus aux Enfers. Depuis, son attitude vis-à-vis du Duc avait connu un revirement sec. Les provocations flirtaient plus rarement avec les limites qu'elle avait appris à connaître. Sans avoir un comportement exemplaire, la garce observait désormais quelques règles élémentaires afin de s'épargner un scénario analogue. Ne pas nuire. Ne pas défier. Ne plus disparaître (même si elle ne participait en rien à la vie de maison et que les nuits la voyaient rarement revenir, elle savait où et quand se manifester). En outre respect et discipline avaient depuis peu assoupli son caractère. Et pour ne pas avoir à s'infliger ces deux derniers états trop souvent, la présence de l'Indocile auprès de son maître se réduisait la plupart du temps à de brèves entrevues.

Pour la jeune femme, la démarche du maître de maison était reconnaissable entre toutes. Avant même qu'elle ne résonne dans le vestibule, Mélisandre avait ouvert les yeux. Une poignée de secondes s'écoula et puis il fut là, troublant le repos et les pensées de la Marquise qui ne daigna cependant pas bouger. Son bras se leva le temps de prendre une gorgée de lait.

" Bonsoir. L'étalon a déferré aujourd'hui, pensez à faire mander le maréchal. "

Depuis la disparition de sa propre monture, elle avait pris la fâcheuse habitude d'emprunter celle de Connor. La belle se redressa sur un coude, auréolée d'une crinière d'ébène. Elle récolta le nuage de lait sur ses lèvres d'un coup de langue.

" Maître ", rajouta-t-elle doucement derrière. Précaution.

Surprenant un regard vers le macabre butin de la table basse, elle eut un geste engageant vers ce dernier. Les gemmes de la bague paraissaient liquides à la lueur du feu, comme gorgées de venin. Un œil avisé distinguerait les ondulations fascinantes esquissées par le serpent d'émeraudes, doué de vie sur son support d'argent.

" Un présent. Pour vous. "

Avec son nouveau statut aux Enfers étaient venues de nouvelles dispositions. Si la magie n'était décidément pas son point fort, la brunette se révélait capable de quelques enchantement simplistes. Comme poser un traqueur sur une chevalière, par exemple.

" Quand une entité démoniaque différente de celle du porteur se manifeste, le motif s'anime " spécifia-t-elle non sans une pointe de satisfaction personnelle, agrémenté d'un sourire dérobé.

De quoi justifier les traces de magie qu'il relèverait sans doute. Sans cesser de contempler son petit seigneur, la diablesse acheva paisiblement son verre, alanguie sur le canapé à l'image d'un fauve imprévisible.   
« Modifié: lundi 02 juin 2014, 18:59:52 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Des rêves pour vivre ou du poison pour mourir. [PV]

Réponse 1 mercredi 04 juin 2014, 22:34:26

Craquant dans une gerbe de braises, le feu éclaira les traits mâles. A la faveur du rougeoiement des flammes, l'espace d'un instant, les prunelles de Mélisandre se dilatèrent sur la vision terrorisante d'un écho de sa mémoire. Elle se rappela la chair qui craquèle et le sang traçant des sillons sombres et infects sur une pelisse humaine prête à se déchirer et à accoucher de la fureur d'un démon sous sa forme originelle, le reflet d'une âme dépouillée de son humanité. Le reflet de son maître qui se tenait là. Pourtant, ce ne fut pas d'une voix d'outre-tombe qu'il la salua. Cette voix là possédait le timbre chaud et affectueux d'une tendresse inattendue de sa part. L'Indocile dressa un sourcil un rien déconcerté, sans rien laisser paraître de sa confusion ni de l'appréhension qui avait si fort étreint ses tripes, cueillant la réflexion de Connor d'un sourire discret. Trop troublée pour répliquer dans la seconde. A la place de quoi son bras s'étira pour déposer le verre sur le support de la table-basse, se débarrassant dans un même temps de ses doutes et de ses démons.
Lorsqu'elle leva les yeux sur le grand Duc, celui-ci se perdait cependant en conclusions hâtives.

" N'avez-vous donc jamais croisé de manchots ? L'homme dont vous parlez l'est à présent, faute d'être mort."

Alors que le butin s'évanouissait entre les mains du diable, une certaine contrariété se manifesta au fin fond du regard miroitant et sombre. J'appartenais à un mort et pourtant vous m'avez ravie, susurra une conscience lointaine, vieille de plusieurs siècles. L'orgueilleuse créature esquissa un geste pour se redresser comme l'ombre de Connor menaçait de s'étendre au-dessus d'elle, hégémonique. Mais plutôt que d'agir en terrain conquis et de s'emparer de ce qu'elle avait si souvent rechigné à offrir, le Prince sembla agir en tant que tel, faisant preuve d'une tendresse inhabituelle. Laissant finalement sa tête reposer en arrière au cœur de l'onde ténébreuse de sa chevelure, Mélisandre contempla la figure pleine d'autorité, concédant au maître le droit de la surplomber, trop consciente du genou glissé entre ses cuisses et de la prison de ses bras de part et d'autre. Il lui fallut modérer ses tendances insurrectionnelles pour finalement s'attarder sur la tentation de sa bouche, considérant l'attrait des lèvres planant au-dessus des siennes avec défiance. Est-ce un piège ? Son corps à elle était chaud et réceptif sous la masse virile. Le sang affluait dans ses veines pour la faire doucement vibrer, comme un appel. Mais acculée par l'aura dominatrice contre laquelle elle avait renoncé à lutter, elle ne prit pas d'initiative. Pourtant son regard soutenait les prunelles ambrées avec la dissidence qu'on lui connaissait. Une dissidence teintée de prudence farouche. 

" Mmmh... "

Le contact des lèvres pleines contre sa peau l'électrisa autant qu'il la dérouta. La Marquise glissa furtivement ses doigts dans la tignasse châtain, portée par une vague fiévreuse. Sans chercher à retenir l'amant, elle l'observa glisser à côté d'elle, pinçant sa lèvre d'une canine féline. Intriguée. Tout cela relevait-il d'une nouvelle stratégie ou était-il simplement d'humeur accommodante ?

" Je l'ai passée à servir vos intérêts ", précisa-t-elle, à son tour caressante.   

Demi-mensonge. Après tout, elle portait la graine qu'il avait ensemencée, chaque jour. D'un élan fluide, Mélisandre retira ses jambes pour venir se jucher à califourchon sur les genoux de son voisin. Les pans froncés de la chemise remontèrent sur ses cuisses, les exposant à la chaleur timorée des flammes et à leurs reflets virevoltants. Malgré l'assurance arborée, l'échine de l'entreprenante se hérissa d'un imperceptible frisson d'angoisse. Combien de leçons as-tu apprises sur ses genoux ? Elle cueillit délicatement le menton du Duc entre ses doigts, impériale et mutine dans sa manière de le dévisager, se plaisant à l'emprisonner à son tour.

" Est-ce votre nouveau jouet qui vous a mis dans de si bonnes dispositions ? "

Si elle paraissait moqueuse, elle n'en demeurait pas moins franchement curieuse. Son museau redessina la forme de sa mâchoire, se délectant du parfum familier, puis un baiser atterrit sur sa gorge, très léger, humidifié. 

" Est-elle bien soumise, comme il vous plaît qu'elles le soient ? Elle retraça la courbe de sa nuque pour murmurer à son oreille. A-t-elle tété votre gros chibre ? soupira-t-elle chaudement, pressée contre lui, cuisses largement écartées. Je parie que vous l'avez prise comme une chienne, à quatre pattes. Qu'elle a gémi, suppliant pour que vous continuiez à la démonter comme une petite salope. Mmmh... Sa main libre se faufila et défit adroitement la boucle de sa ceinture. Elle en redemandait encore, n'est-ce pas ? "

L'intrépide pressa la pulpe de son pouce sur la bouche du maître tandis qu'elle rencontrait son regard. Elle força délicatement le barrage des lèvres pour l'inciter à le suçoter. Ses tétons pointaient orgueilleusement.

" J'ai mouillé votre pantalon, je pense, confessa-t-elle, l'air terriblement confuse, entrouvrant sa propre chemise. Voulez-vous bien me punir ? Maître. "

Un trémolo implorant déforma sa voix. Juste avant qu'un demi-sourire ne s'épanouisse. Traître. Charmante actrice que voilà. Il ne lui fallut pas plus d'une seconde pour bondir sur le dossier du canapé sous sa forme la plus féline, délaissant sur les genoux du Duc son vêtement encore tiède, ainsi qu'une tâche luisante de cyprine. La petite chatte sauta rapidement à terre, là où la garce retrouva ses contours humains, sa peau cuivrée parcourue d'ombres dansantes. Contournant la table basse d'une démarche déliée, elle s'adjugea le confort d'un siège face à Connor -hors de portée et croisa les jambes. Ses doigts cajolèrent insidieusement les accoudoirs. Joueuse. 

" Je ne fais que supposer. J'aimerais également que vous me racontiez votre journée. A part refuser mon généreux présent, qu'avez-vous fait ? "

Mélisandre pencha la tête vers son épaule, résolue à étancher sa curiosité. Qu'il fasse mine de se lever seulement, et elle changerait de nouveau de forme. Il avait bien fallu qu'il s'acquitte d'une petite vindicte pour la chevalière et la contrariété qui en avait découlé. Pour l'heure elle l'étudiait et manipulait ses désirs pour se forger, en quelque sorte, une monnaie d'échange. Fidèle à elle-même.
« Modifié: mardi 24 juin 2014, 22:27:24 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Des rêves pour vivre ou du poison pour mourir. [PV]

Réponse 2 vendredi 27 juin 2014, 19:10:06

Le velours du siège épousait confortablement la ligne de son dos. Ses doigts interrogèrent le bombé de son ventre et son regard flotta un instant vers le ballet des flammes pour y contempler les vestiges d'un autrefois tapissé de cendre. Subitement le salon Belmont parut vide et glacé et angoissant, aussi funeste que la gueule d'un prédateur. Son air absent ne s'installa pas cependant. Mélisandre reposa la tête en arrière, les prunelles peuplées de chatoiements sombres. Elle toisa son seigneur et maître, à l'autre extrémité de la table-basse, alanguie par les flammes qui étaient revenues pulser contre sa peau ambrée. Sa caresse chaude suffisait à habiller ses courbes, tout comme l'intensité de son regard suffisait à la caparaçonner d'une morgue altière. La lassitude manifeste du mâle arracha l'ombre d'un sourire à sa malice. 

" Je puis me comporter comme il m'agrée de le faire, répliqua doucement l'Indocile, la pulpe des doigts éprouvant la texture duveteuse des accoudoirs. Si cela déplaît à mon maître, il n'a qu'un mot à dire pour me voir disposer. "

A travers la figure du Duc, la diablesse contemplait les épreuves et les leçons cuisantes, son propre corps brûlant et assujetti. Un délicat frisson la surprit tandis que le crépitement des flammes embrasait le contenu de ses pensées. Elle savait ce qu'il attendait d'elle, aussi clairement qu'il connaissait son propre goût pour la provocation séditieuse. Elle aurait pu simplement se livrer à ses appétences pour lui complaire. Elle aurait du. Récolter entre ses mains arbitraires le fruit de son salut. L'inciter à gâter ses progrès plutôt qu'à la contraindre. Conquérir une place de Reine à ses côtés, en somme. Elle aurait pu tenter de s'emparer de lui. Même si elle savait ces choses d'une évidence flagrante, son péché d'orgueil prévalait, empoisonnait sa langue aussi bien que ses agissements et l'empêchait de procéder comme elle l'aurait du. Dans ces conditions, difficile pour Mélisandre d'entrevoir autre chose qu'un rapport de force, l'option la plus soutenable au regard de son arrogante petite personne. Tu ne vas faire que susciter sa colère. Allait-elle agir par crainte, alors ?
Assez.

" N'ayez crainte pour votre héritier. "

Brève et concise, la réponse jaillit avec fermeté. Le fœtus n'était pas encore suffisamment développé pour se manifester en son sein. La raison pour laquelle elle continuait à monter à cheval, malgré les règles élémentaires de prudence. La maternité lui seyait bien, du reste. Elle exacerbait sa féminité. Ses seins plantureux arboraient deux mamelons fleuris et érigés, surplombant l'orbe tiède de son ventre maternel.

La liqueur clapota entre les doigts recourbés du diable. Son odeur embauma la pièce, chassant les effluves de mort.

" Je ne l'ai pas rencontrée encore... glissa le fauve à voix basse, non sans discrètement s'humecter les lèvres. Toutes vos conquêtes sont dignes d'intérêt, m'est avis. "

Mélisandre ne s'avança pas davantage. Elle n'en avait pas besoin. Elle l'écouta plutôt, attentive au sommaire servi. Il ne lui faisait pas pleinement confiance pour se répandre en détails. Ou alors jugea-t-il cela superflu. Son petit seigneur semblait rassasié de ses tribulations, flegmatique. Alors qu'il aurait pu déterrer des trésors de plénitude auprès de ses charmantes petites hôtesses, Connor paraissait pour une fois aspirer à un moment de calme, lequel pouvait très certainement se dispenser de la présence de l'Indocile. Celle-ci hésita à se retirer. Son regard louvoya vers la gueule sombre du couloir, cependant que le maître relançait l'échange.

" J'ai chassé en bonne compagnie, avança-t-elle sans préciser qui de l'animal ou de l'homme. Je pensais qu'il n'y aurait pas de gibier jusqu'à ce qu'il se présente tout seul, sans même avoir à le débusquer. "

La jeune femme décroisa les jambes et se leva. Sa bouche allait prononcer une formule quelconque pour prendre congé quand elle se ravisa. En dépit de la chaleur dégagée par l'âtre, elle sentit son corps frémir. Ses jambes la portèrent à la hauteur du Duc qu'elle surplomba le temps de s'emparer doucement de son verre. Le liquide scintillait à la lueur des flammes, aussi miroitant que les prunelles de Connor. Elle le posa sur un coin de table puis s'adjugea la place sur ses genoux, étendant ses jambes en travers de ses cuisses, le creux du dos au contact du moelleux de l'accoudoir, le menton redressé vers les traits familiers de l'infernal. Rien ne sortit de sa gorge, pas un son ni un souffle, même ténu. Son épiderme se granula de chair de poule, assailli de petits frissons. Son pied tâtonna doucement pour rencontrer l'étoffe de la chemise qu'elle harponna à l'aide de ses orteils afin de s'en couvrir. Puis la damnée se contenta de l'instant, immobile, le silence meublé des craquements du bois dévoré par les flammes. 
« Modifié: vendredi 27 juin 2014, 19:28:23 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Des rêves pour vivre ou du poison pour mourir. [PV]

Réponse 3 jeudi 10 juillet 2014, 14:58:04

La mère d'un empire. Sans aucun doute, la formule alléchait son orgueil. Et orgueil, elle incarnait. Mais l'abîme des prunelles noires s'avérait suffisamment vaste pour abriter plus que ça. Une parcelle plus sobre et plus dérobée. Quelque chose qu'elle a été et qu'elle ne serait plus, ni dans ce monde là, ni dans aucun autre. Des spectres, des souvenirs effilochés qui campaient la carcasse de sa mémoire sans accepter de se laisser déglutir par l'oubli et qui valsaient, fébriles, vacillant sans jamais tout à fait s'éteindre et se consumant d'une lueur pâle sans jamais rien ranimer d'autre qu'une lancinante poignée de regrets au relent de cendre.

Ses paumes sont chaudes constata un pan d'elle-même tandis qu'elle glissait doucement, charriée par l'éruption de tendresse du démon. Elle voulu épingler l'éclat d'ambre flamboyant qu'elle vit grésiller dans l'œil d'Helel, prétendant ravir l'étincelle avant d'être étendue, mais elle ne fit rien de plus que chavirer davantage sans savoir tout à fait s'il la berçait ou l'écrouait comme une ancre au fond de l'eau. La ligne de ses sourcils se froissa légèrement, tiraillée entre le doute et la méfiance. D'en dessous la belle ne pouvait que spéculer sur l'expression arborée par le grand mâle. Si je voulais quitter ses bras maintenant, le pourrais-je ? Devinant l'émoi de son corps frémissant cependant le Duc renforça son emprise pour l'attirer à lui, la pressant au contact musculeux de son torse épais, ne laissant d'autre choix à son visage que de se lover pour inhaler le parfum familier. La chemise qu'elle tira à elle n'était rien de plus que la voile qu'il lui manquait pour prendre le large dans l'écrin de ses bras. S'assoupir peut-être, si elle l'osait, tout en sachant pertinemment que sa lucidité lui interdirait, contrairement à son instinct qui soufflait qu'elle ne craignait rien, que s'il était permis de le croire, le maître qui la surplombait à présent n'était pas celui qui s'appliquait à l'éduquer d'ordinaire. Quel était-il alors ?

Le début de la réponse échoua doucement à son oreille, chatouillant les rivages engourdis de sa conscience. Elle connaissait ce timbre. Elle eut soudain l'impression d'être une funambule et de marcher sur l'eau. Sa surface ondoyante n'était rien de plus qu'une toile lisse menaçant de se déchirer au moindre courant d'air, saisit-elle. Son miroitement limpide lui renvoyait l'image fugitive de son propre reflet. Durant un instant, l'espace d'une palpitation, elle crut distinguer sous la surface une figure noyée, confuse mais pas suffisamment pour lui être inconnue. La damnée ferma les yeux pour s'y soustraire, laissant dès lors le soin aux spectres de peupler le naufrage de ses ténèbres. 

Humides mais guère salés, les baisers tissèrent un environnement autrement plus plaisant dans lequel son corps puisa réconfort et transport. La belle Indocile s'arqua gracieusement, jouissant des caresses de son maître comme d'une bénédiction. Elle s'épanouit sous ses doigts chevronnés, des soupirs lascifs au bord des lèvres, la peau enflammée, les sens aussi émotifs que ceux d'une vierge. La sève chaude et vive au creux de ses veines. Ses propres lèvres épousèrent une parcelle de peau nue du diable, près de la clavicule, tandis que la pulpe de ses doigts étudiait précautionneusement le menton, la mâchoire et la bouche de son souverain, sans faire davantage que de l'effleurer pendant que son corps de femme se repaissait de sa tendre dévotion. Cette dernière ne tarda pas à se muer en un élan plus vorace et des mains impérieuses s'ancrèrent sur ses épaules, la faisant basculer sur le canapé.

Lorsque la Marquise leva finalement le voile sur son regard, il s'avérait sombre et inextricable, aussi féroce que celui d'un fauve et semblable à une fournaise noire. Ses doigts s'immiscèrent dans la tignasse brune et s'y refermèrent, y assurant une emprise solide afin de prolonger le contact de leurs lèvres scellées en un ardent baiser. Sa langue agaça la sienne aussi longtemps qu'il lui plût de le faire puis, à bout de souffle mais guère de passion, l'insolente créature inclina la tête du démon de façon à lui faire une confidence :

" Je vous hais encore et toujours. "

L'affolante brunette crispa le poing pour lui faire doucement infléchir la nuque, là où elle inspira à plein poumons l'effluve mâle et musquée. Elle abandonna un fervent baiser dans son cou avant de daigner relâcher sa prise, ses courbes voluptueuses ondulant sous la solide musculature, pourvues d'une sensualité propre aux diablesses de son acabit. D'un claquement de doigts, le feu dans l'âtre se mit à rugir, abritant dorénavant des flammes démesurées qui se mirent à lécher le marbre avec l'appétit charnel emprunté aux amants. Des ombres immodérées se voyaient projetées contre les murs, entamant un ballet fiévreux auquel les deux infernaux participeraient d'une manière ou d'une autre.


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