Le pacte (PV Sha)

Carmillia, Mère Supérieure du Couvent Sainte-Marie. Quel titre pompeux, mais qui lui offrait néanmoins une réelle protection contre l'inquisition, contre les chasses aux sorcières qui plus que jamais revenaient au goût du jour. La guerre, la famine, les mauvaises récoltes, à chaque évènement tragique les sorcières servaient de bouc émissaire, et l'Ordre était plus qu'heureux de s'en servir allègrement. Une sorcière ayant d'aussi grands pouvoirs qu'elle n'avait que peu de chances de vraiment pouvoir exister, dans de telles conditions, si elle avait pu affiner ses dons pour la magie primaire de la sorcellerie, c'était grâce à cette couverture qu'elle avait eu l'intelligence de mettre en place, ainsi que le talent de rendre crédible.
Elle était officiellement une nonne, une dévouée et chaste servante de l'Ordre, dont la réputation n'était à ce stade même plus à remettre en cause aux yeux des inquisiteurs, qui la laissaient elle et son couvent de Sœurs guérisseuses en paix, ce qui lui donnait ainsi le calme et la sérénité que beaucoup de ses congénères ne pouvaient pas avoir. Au sein de ce gigantesque couvent, Carmillia avait une zone à elle, une cellule en apparence semblable aux autres, mais qui possédait un passage secret, un petit portail magique la conduisant dans des sous-sols aménagés spécialement par elle, et qui n'avaient rien de sacrés. Grimoires, tables de dissection, herbes et plantes, pierres chargées d'énergie magique, et un grand sceau gravé à même le sol au centre, elle était en ce lieu elle même, une sorcière, et pour la première fois depuis longtemps une lueur d'espoir avait ranimé sa flamme depuis longtemps éteinte.

Des rumeurs étaient parvenues à ses oreilles quelques jours auparavant, provenant de voyageurs, des pèlerins qui venaient de lointaines contrées au nord. Le couvent étant placé au croisement de nombreuses grandes routes, ces rumeurs du monde étaient nombreuses et porteuses de bien des informations, mais pour la sorcière qu'était Carmilia, celle là avait une importance toute particulière.
Au nord, le très ancien culte de Sha, l'Ombre, et déesse protectrice des sorcières, aurait prit un nouvel envol, dans des terres inaccessibles par l'Ordre, et gagnait peu à peu en adeptes et en puissance. Carmillia avait feint le désintérêt pour cette rumeur, mais intérieurement, l'urgence de constater par elle même le retour de sa déesse protectrice était bien présente. Elle se tenait donc debout, intégralement nue au centre de ce sceau magique tracé au sol. La magnifique femme aux cheveux noirs se piqua le bout du doigt à l'aide d'un couteau, et laissa tomber quelques gouttes de son sang sur le sol, et après quelques incantations, les tracés du sceau magique se mirent à briller d'une intense lueur. Elle allait invoquer sa déesse.
Elle avait appris cette longue litanie comme toutes les sorcières, même si cette tradition avait du mal à se perpétuer à cause des persécutions dont les sorcières faisaient l'objet, elle faisait partie d'une ancienne génération, elle avait plus de deux cent ans, et avait eu tout le temps d'apprendre ces mots qu'elle n'aurait pas pensée pouvoir utiliser un jour.

Oh Sha, toi l'Ombre, Déesse protectrice des Sorcières, moi ton enfant j'implore ta présence. Par ce sang que je fais couler en ton nom je t'appelle, daigne me répondre je t'en conjure, car j'ai besoin de ta présence.

Il était inhabituel pour Carmillia d'utiliser ce genre de langage, de supplication, car elle était une personne fière, comme beaucoup de sorcières. Mais même une femme comme elle savait courber l'échine face à une déesse, dont les pouvoirs dépassaient de loin les siens. Alors qu'elle récitait ces mots, tout ce qu'elle espérait, probablement un peu follement, c'était que sa déesse qui était censée avoir été terrassée depuis des siècles était bel et bien de retour.

« Alastar, ouais... Mais on m’appelle aussi Le Diablotin...  Et aussi d’autres trucs, mais j’peux pas les dire devant une femme, surtout une Déesse, ce serait... Euh... Pas galant. »

Sha fronça lentement les sourcils, le visage impassible, en observant l’apparition rougeâtre qui se dressait devant elle. Alastar Magoa, dit « Le Diablotin », était un bel incube, il fallait bien le reconnaître. Il avait été invoqué par plusieurs sorcières, et avait été surpris en train de les culbuter dans leur chambre. Il se retrouvait maintenant devant l’Ombre en personne, la Déesse des Sorcières, la redoutable Sha. Cette dernière était sous sa forme humaine, avec un manteau entrouvert révélant l’ourlet de ses seins, ainsi que son intimité, finement épilée. Le Diablotin avait encore le sexe en érection.

« Je vois... Magoa, dis-tu ? Je connais ton clan...
 -  Et on vous connaît aussi ! Enfin, ma sœur, surtout... »

Onyxian Magoa était la grande sœur d’Alastar. Elle méprisait aimablement son petit-frère, passant son temps à le violer en le sodomisant, et à se moquer de lui, ou, pire, à l’épuiser sexuellement. Sha avait déjà fait à de nombreuses reprises l’amour avec Onyxian, et savait donc qu’elle était très endurante... Mais aussi moins bruyante que le Diablotin.

« Vous... Euh... Pourquoi vous m’avez dérangé pendant mon office, en fait ? J’étais gentiment en train de culbuter vos sorcières, et... Enfin, peut-être que vous avez envie de... Euh... Vous comprenez, quoi ! »

Sha soupira lentement. Les Incubes... Pire que des hommes en rut ! Elle se pinça brièvement les lèvres.

« J’étais en train de méditer, Alastar, et les cris hystériques de mes sorcières m’ont... Perturbé.
 -  Oh... C’est ça, l’odeur que je ressens, alors ? La mouille d’une Déesse... »

Visiblement, Alastar ne semblait nullement perturbé d’avoir dérangé la concentration de l’Ombre, et semblait plutôt se dire qu’elle l’avait fait sortir de cette chambre pour s’occuper de son petit cul à elle. Or, avec les femmes, le Diablotin était un grand galant : il ne se refuserait jamais à une femme qui voulait de son corps. Une question de principes, tout simplement ! Sha hésitait... Quand elle entendit une voix, un appel lointain, comme un écho distant. Surprise, elle en oublia de regarder l’Incube, et ferma les yeux, s’absorbant dans le monde de la magie. Sa forme divine, astrale, quitta son corps, pour voyager dans le monde de la magie. Une femme, puissante, était en train de la prier, d’appeler l’Ombre, et cet appel avait parcouru les limbes du temps et de l’espace pour arriver jusqu’à chez elle.

Dans l’antre de la sorcière, il y eut comme un brusque courant de vent, faisant virevolter les flammes des bougies allumées dans les coins, ainsi que les pages des grimoires. Le cercle d’invocation magique se mit à luire d’une intense lueur, et une fumée noire commença à apparaître, s’échappant du cercle. La fumée se concentra peu à peu, formant une espèce de nuage en suspension, qui s’épaissit, s’allongea, s’étira, jusqu’à former une élégante silhouette féminine noirâtre.

Deux intenses yeux blancs sans pupille ornèrent alors le corps divin de Sha, avec une chevelure interminable.

« Tu m’as appelé, Sorcière, et j’ai répondu à ton appel. »

Une femme nue se tenait devant elle, ce qui aiguisa immédiatement l’appétit sexuel de la femme. C’était une sorcière, puissante, ancienne. Sha le sentait. Elle était dans son laboratoire, et elle pouvait sentir l’écho d’autres individus en hauteur... Des individus à l’âme pure et noble. Un monastère ? Non... Un couvent !

Nouvelle dose d’excitation supplémentaire pour Sha, qui n’en laissa physiquement rien paraître. Aussi nue que la femme, elle se tenait devant elle.

« Je suis Sha. Je suis l’Ombre. Déesse des Sorcières. Déesse de la Malédiction. Déesse de la Corruption. Déesse de la Souffrance. Parle, Sorcière. Décline ton identité, et pourquoi tu as estimé nécessaire de demander l’assistance de ta gardienne naturelle et divine. »

Sha ne le disait pas, bien entendu, mais elle salivait volontiers sur ce corps magnifique, et rudement bien proportionné.