« On est un peu comme de très vieux amis, en fait... Même après plusieurs mois de silence radio, quand on se retrouve, on se rend compte que rien n'a changé, hein ? » lança Peter d'une voix suintante de moquerie. Au vu de la haine qu'éprouvait son adversaire à son égard, Spiderman préférait cultiver sa colère. C'est en général ainsi qu'il parvenait à le vaincre, en le mettant hors de lui, ce qui le poussait à faire des erreurs. Sans doute aurait-il mieux fallut corriger le tir et adopter une autre technique pour le coup. Son ennemi portait aujourd'hui une nouvelle combinaison, qui en plus de décupler ses pouvoirs lui donnait la possibilité d'être diablement plus précis. Ainsi l'agilité du Tisseur suffisait à peine à le tirer des attaques de son adversaire, et son fil, bien qu'utile en général, suffisait à peine à le gêner un peu. Et à ce train, les réserves de ses lanceurs tomberaient en rade avant que son adversaire ne soit mis au tapis. Bondissant, cabriolant, roulant tel un bouffon rouge et bleu, l'Araignée parvint à éloigner la Bête de la zone d'affrontement principale, dans un endroit relativement paisible où quelques bennes à ordure et une carcasse de vieille voiture cohabitaient harmonieusement dans la crasse et les vieux cartons. Ici au moins, le cinglé fou furieux qui fouettait l'air de sa queue ne pouvait pas tuer qui que ce soit – sauf Spiderman, en fait.
« Nous y voilà... »La place étant plus apte à affronter le Scorpion furibond, l'Araignée cessa un peu ses bouffonneries, et se mit en tête de l'attaquer pour de bon. Une esquive aérienne pour esquiver le tranchant du dard qui cherchait à le couper en deux. Quelques jets de toiles pour bloquer l'appendice ne seraient-ce que quelques dixièmes de secondes, ainsi fut-il en mesure de se rapprocher au corps à corps. Esquiver les bras puissants du Monstre est relativement aisé, quelques nouveaux jets de toiles pour lui cacher les yeux, et une petite glissade sous les jambes pour lui passer dans le dos. Spiderman tenta alors une sorte de couronnée de Gymnastique, tournant au sol en envoyant sa jambe aussi fortement que possible dans l'arrière des mollets de son adversaire. Un coup de pied fouetté extrêmement violent qui se conclut par un...
Bong !
Bong ? Pourquoi Bong ?
Le Scorpion était toujours debout. Et à dire vrai, c'est à peine si le coup l'avait fait bouger. Son genou était tout juste vaguement plié, par la force de frappe du Tisseur qui n'en revenait pas de inefficacité de son attaque. Il est indéniable qu'habituellement, il portait des combinaisons résistantes et conçues pour affronter un bon nombre de menaces. Cependant, jamais il n'avait porté d'attirail aussi solide.
Le temps pour Spiderman de ramener sa jambe – un peu endolorie suite à ce coup – le Scorpion contre-attaquait déjà. Une sorte de talonnade de footballeur. Il envoya sa semelle droit dans le thorax de Peter, qui fut projeté à une dizaine de mètres plus loin, est arrêté net par le mur couvert de poussière de pollution. Il secoua la tête pour se remettre les idées en place, et chasser les trente-six chandelles qui tournoyaient.
Son adversaire avait déjà relancé une nouvelle attaque, sautant pour attaquer Spidy en retombant. Mais quand le dard frappa, seules quelques briques éclatèrent. Parker avait déjà mis les voiles. En se retournant, le véhément arachnide vert trouva le Tisseur suspendu à l'un de ses fils, la tête vers le bas, le tout en agitant la main comme si de rien était.
« Ben alors, je croyais qu'on devait se battre moi... je commence à me lasser. » Rugissant de colère, son adversaire lance un jet d'acide dans sa direction, mais Peter avait prévu le coup. D'une cabriole aérienne il évite et envoie un fil sur la queue de son adversaire, afin de la faire bouger, déviant le jet d'acide qui se projette sur le mur, et vient éclabousser l'armure verte au niveau de la cuisse, et sur le côté de l'abdomen du Scorpion, armure qui commençait à fumer, signe que l'acide rongeait un peu le métal... à moins que ce ne soit uniquement la peinture chromée ?
Qui vit par l'épée, périt par l'épée... ou un truc du genre, songe le Tisseur qui s'éloigne rapidos en comprenant qu'il va payer pour ce qu'il vient de faire.
Loin de faire dans la dentelle, voila le Scorpion qui arrache la carcasse de voiture du sol avec une facilité déconcertante, et qui la lance. Non pas en direction de Spiderman, non. Mais droit vers les Yakuzas et les Hommes en Noir occupés à s'affronter. Le Tisseur est obligé d'intervenir, balançant des fils de toiles dans tous les sens, entre la voiture et ses cibles, afin de faire ralentir la carcasse qui se stoppe finalement, coincée dans les filaments solides de l'Homme Araignée. Le problème c'est que ce sauvetage avait monopolisé toute son attention, et que le Scorpion n'était pas resté oisif. Loin de là. Sitôt la carcasse fut-elle immobilisée qu'il envoya un nouveau coup de queue. Lequel percutant le tisseur avec une violence inouïe, le catapultant dans les airs.
Il se rattrapa de nouveau à l'aide de ses fils, un dans la chaque main. L'élasticité des filaments qui se tendent renvoie alors le tisseur d'où il était venu, à la manière d'un carreau d'arbalète. Droit comme un I, il fut projeté droit vers son ennemi, qu'il percuta de plein fouet et en plein visage. Cette fois, armure ou pas, le Scorpion tomba à la renverse, sonné mais loin d'être vaincu.
Et le problème c'est qu'il ne tarde pas à se relever, et que lorsqu'il attaque, il fait mouche, balançant Peter dans le camion des Yakuza. Le dos de l'homme-Araignée déformant même l'acier de la remorque tant le lancer avait été puissant. Inutile de dire que ce fut aussi très douloureux pour lui. Il retomba lourdement au sol, sous les yeux des quelques Yakuzas qui avaient observé les scènes, les autres étant en train de se faire casser minutieusement la tronche par...
« Félicia ? » Sous son masque, il arqua un sourcil, déformant ainsi les grands yeux blancs de son costume, signalant clairement la surprise et l'incompréhension complète dont il était la victime. Et il serait bien resté pour tailler un peu une bavette, mais ce maudit sens de l'Araignée l'alerta de nouveau, l'obligeant à rouler sur le côté pour éviter de finir embroché. Décidément, Gargan était très en forme. Et le Tisseur perché à présent sur la remorque s'adressa à lui avec son timbre badin habituel.
« L'air du Japon te réussit plutôt bien. Mais entre nous, les scorpions sont plus adaptés au désert sablonneux. Mais c'est que mon avis, hein... » « Je vais te broyer, vermine ! Viens te b... » Un jet de toile pile dans la zone laissée à l'air libre dans son masque suffit à le faire taire – et à le faire enrager un peu plus. Il n'avait forcément pas aimé qu'une boule de toile collante vienne lui obstruer la bouche.
« Pourquoi le Japon ? Sérieusement... t'as mieux à faire, non ? » Pas de réponse, si ce n'est un nouveau jet d'acide. Juste retour des choses. Spiderman lui aurait bien expliqué que ce n'était pas sportif de balancer des trucs verts visqueux et dangereux sur les gens mais avouons-le... vu l'état du Scorpion il serait difficile de lui faire entendre raison. Et même si Peter est un fervent défenseur des causes perdues, essayer de faire comprendre de choses à un psychopathe colérique en armure verte ne le tente absolument pas.
Bref, il fallait tout de même aviser, se débarrasser de lui, et faire en sorte que cette fusillade s'arrête au plus vite. Pourquoi pas en trouvant un moyen de dégager le camion. Si les Hommes en Noir avaient une solution d'évasion, peut-être qu'ils en profiteraient pour mettre les voiles.
« Le camion ! » lance-t-il d'une voix un peu plus forte pour être sûr que Félicia pourrait l'entendre. Elle comprendrait l'idée, songeait-il. Qu'importe ce que pouvait contenir ce convoi. Même s'il s'agissait d'une nouvelle drogue à la mode. D'abord éviter le bain de sang, ensuite se pencher sur la nature de la cargaison.
La mission d'abord, les discussions ensuite.
Cependant, cette saleté de Vilain n'avait visiblement aucunement envie de lui laisser du répit. Nouvelles attaques, et Peter doit faire des efforts considérables pour éviter de finir tailladé, broyé, ou fondu. Il avise, un peu plus loin, un relais électrique qui devait alimenter la téléphonie et les télévisions du quartier ainsi que l'alimentation électrique d'un des bâtiments. En quelques pirouettes, et tirs de toiles, il se retrouve sur le toit, suivi de prés par son adversaire qui ne se laisse pas distancer.
« Ou t'as trouvé cette nouvelle armure, Scorpion ? » Devant sa solidité, Spiderman fit aisément un parallèle avec les armures de Stark. Tout aussi solides. Bien que le Stark qu'il connaissait ne se risquerait pas à fabriquer ce genre d'engin adapté à un cinglé comme le Scorpion. À moins qu'ici, Ironman ne soit pas du côté des gentils ? Manquerait plus que ça, tient.
Bref, le voilà à se battre avec le Scorpion. Cette fois, une tactique bien moins basée sur l'esquive. Du corps à corps, qui sert de poudre aux yeux. De quoi rendre le Scorpion dingue. Même s'il ne souffre pas vraiment des coups infligés par l'Araignée, sa colère grandit avec sa frustration. Se faire taper dessus sans être capable de mettre la main sur le nuisible qui esquive tout... forcément. Finalement, Peter recula par un joli saut, et quelques vrilles pour esquiver la queue de son adversaire. Hélas, la rapidité de son adversaire le surprend une fois de plus, et il se retrouve coincé entre les anneaux métalliques de l'appendice tranchant qui se ressert doucement autour de sa taille à la manière d'un boa.
« Fallait le dire si tu voulais un câlin » trouve-t-il le moyen de grogner en essayant de se dégager. Chose impossible. Alors, renonçant à sa règle numéro un : essayer d'éviter de faire des trucs complètement débiles, il envoie un fil de toile afin de se tirer le plus possible vers le boîtier électrique, qu'il perfore d'un coup de poing
« Le coup de foudre, hein ? » lance-t-il en plongeant plus généreusement sa main dans le boîtier pour saisir les câbles. La suite et bien... Des arcs électriques, de la fumée, beaucoup de fumée, et finalement quand les plombs, ils ne le font pas qu'à moitié, projetant les deux mutants du toit. Par chance... c'est le Scorpion qui est visiblement le plus secoué. Après tout, il était le seul à avoir les pieds sur terre. Peter lui, n'a servi que de conducteur, même s'il est sacrément secoué. Les voilà à retomber dans la ruelle. Le Scorpion lui, s'écrase lourdement sur le toit d'une des voitures. L'Araignée, moins touchée, parvint à retomber sur ses pattes, mais avec un petit grognement douloureux. Peter doit d'ailleurs se tenir au mur pour ne pas vaciller, tandis qu'il cherche une couverture pour éviter de se faire mitrailler.