Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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A Human I Should Turn To Be

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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 15 mardi 18 février 2014, 13:04:54

La haie d’honneur. Comme un Roi qui rentre au palais après une croisade difficile, un monarque qui rejoint son territoire avec assurance. Alors qu’elle ne l’a jamais vu comme ça. Etouffant un rire amusé de sa méprise, Andrea se souvient pourtant qu’il était maître incontesté dans ce casino, et dans l’ombre d’une grande partie de la ville tentaculaire. Alors qu’elle ne l’a jamais considéré que comme un aventurier un peu sauvage, un homme de la rue qui l’avait croisée par hasard, l’avait entraînée dans une bagarre puis dans la réalité du monde et de ses travers. Si seulement tous ces gens attroupés autour de lui pour lui marquer le respect qu’il avait gagné année après année savaient ce qu’elle pensait de lui. Un homme un peu étrange, agissant sur l’instant, prêt à se rouler dans la vermine humaine, épousseter son éternel manteau et aller faire des manières en société. Elle l’avait connu dans la rue, cette vieille amie qu’il ne semblait jamais quitter bien longtemps, reprenant ses droits sur ce qui l’avait vu naître. Andrea trouvait que le faste, les paillettes et les ronds de jambes ne lui allaient qu’épisodiquement.

Dès leur première rencontre, cela lui avait semblé évident que malgré son statut actuel, Law avait besoin d’action, de la plus simple qu’on ne trouve pas à l’abri derrière un bureau. Elle savait qu’il était homme à se battre pour une broutille qui tâcherait son honneur, à pas d’heure dans un quartier mal famé juste par faim d’adrénaline. Homme à prendre une femme sur l’instant, parce qu’il en avait besoin. Homme à se défouler, à expulser le feu qui semblait bouillir dans ses veines. C’est pourquoi elle avait du mal à rester sérieuse devant les marques de profond respect qu’on lui portait, et même si cela était nécessaire, la base de son empire. La jeune femme ne le verrait jamais que comme un bagarreur, un esprit totalement libre et déjanté qui se fondait dans le paysage jusqu’à vous surprendre. Le définir était presque difficile, tant les images venaient à elle sans que les mots ne parviennent à suivre sa pensée. Law, tout simplement.

« C’est ce que tu es, quelque part. Ne t’en excuse pas. »

En rentrant par la grande porte, Andrea fut comme agressée, une fois de plus. Ses sens développés depuis son arrivée ici furent assaillis d’informations. Les couleurs, chatoyantes, des tables de jeu, des verres qui volaient à travers la salle, des uniformes des serveuses. La lumière variait d’intensité selon les coins de la salle, qui était encore praticable. Le bruit, ensuite. Les conversations, les rires, les cris de victoire ou plus souvent de défaite. Les propositions de consommation, et parfois même les mots menaçants d’un homme qui raccompagnait un mauvais joueur à la sortie. Enfin, les odeurs. Se mêlaient sans distinction les vapeurs de l’alcool,  l’étouffante fumée des cigarettes et autres cigares composés de tabac… ou autres. La sueur prenait une place importante, dans le stress du jeu, et la chaleur générée par autant de monde. Elle était toutefois déviée par bon nombre de parfums, plus ou moins bon marché, artifices habiles qui ne faisaient que renforcer l’odeur imposante du lieu. Andrea sentait presque ce florilège d’essences dans sa gorge, mais elle savait que bientôt, ce serait comme un réconfort, l’impression de rentrer chez elle.

La serveuse la surprit, alors qu’elle était plongée dans ses réflexions. Comment voyait-elle ce lieu auparavant ? La petite Andrea avait ses idées préconçues et un regard bien différent, elle le savait. Sans doute s’était-elle permit de juger mentalement la moralité de cet endroit. De critiquer l’apparence très sexualisée et tournée vers l’argent et la débauche. Au jour d’aujourd’hui, cela la dérangeait nettement moins. Evidemment que le monde était dirigé par l’argent, monnayé par le sexe pour obtenir du pouvoir. La criminalité, la drogue, tout ça était le revers d’une pièce qu’elle avait pu observer auparavant. Le monde en plein soleil ne tourne que grâce aux rouages de l’ombre, aux défouloirs proposés en pleine nuit. Consciente à présent des dérives des Hommes, il était évident qu’un endroit comme celui-ci était nécessaire, indispensable au bon fonctionnement de la vie en communauté. Quitte à exister, autant le gérer. Cela ne la choquait plus, ne la questionnait plus. Il est toujours nécessaire à la Lune de se lever pour que le Soleil puisse éclairer tout le monde.

Rien n’avait changé ici, elle l’avait fait.

« Je préférerais éviter la partie viol et meurtre, en effet. Ne t’en fais pas, jouer restera un plaisir et si cela te rassure je ne le ferai qu’ici. Tout à l’heure, je ne craignais rien, et je ne suis pas assez bête pour me risquer à faire ça n’importe où.  Quant au travail, je chercherai quelque chose ailleurs. Je n’ai pas envie de totalement dépendre de toi. Je sais me servir de mes dix doigts, je pense trouver. Je me pencherai là-dessus dès demain. »

Andrea avait toujours été plutôt bonne en couture, obligée de reprendre les accrocs dans les vêtements de son père et de son demi-frère, sa mère n’étant plus là et sa belle-mère étant une incapable. La couture était auparavant une obligation, mais c’était devenu une activité qui ne la dérangeait plus vraiment. Venant de la Terre, elle pourrait apporter une vision différente de la mode, un regard neuf sur les habitudes vestimentaires. Trouver une place dans un atelier ou un magasin ne devrait pas lui poser de réels problèmes. Ça n’avait rien de bien excitant, mais en attendant elle s’en contenterait. Plus tard peut-être, elle parviendrait à trouver autre chose qui la séduise au point de s’y lancer, et de réussir par elle-même. Travailler sous les ordres de Law la dérangeait un peu, non par peur des traitements de faveur, mais plutôt de la trop grande liberté qu’il lui offrait. N’importe quel poste ? Il ne connaissait pas ses capacités, et Andrea ne comptait pas être une gêne pour lui. Et puis, cela voulait dire dépendre de lui. Toute sa vie ici le ramènerait à lui, et ça non plus elle n’en voulait pas, venant à Nexus pour se découvrir et asseoir sa condition d’être humain libre et indépendant.

« Travaille bien, et ne t’en fais pas pour moi. Je sais que tu es très occupé, je ne compte pas t’attendre désespérément à chaque heure du jour et de la nuit. »

Aurait-il été vexé s’il avait su que la jeune femme était presque heureuse de le quitter quelques instants ? Montant les marches sans hésiter le moins du monde, elle ne lança même pas un regard en arrière, impatiente de trouver ses marques ici. Elle avait bien changée, la petite fille timide. Parcourant les premiers couloirs qui s’offraient à elle, flanquée de son laisser-passer, Andrea découvrit d’autres salles de jeu, des salles de réunion, des bureaux, une salle où des filles en petite tenue attendaient… Elle referma soigneusement cette porte, avant de faire demi-tour une fois de plus et de tomber nez à nez avec un visage basané qu’elle reconnaissait bien.

Andy, un vrai sourire sur les lèvres, sauta au cou d’Isaac, heureuse de revoir le pilier qu’elle avait appris à connaître. Il avait mis du temps à comprendre qui elle était, et le calme de l’homme de main de Law lui avait manqué.

- Vous êtes donc revenue, je suppose que le boss est de retour également.
« Isaac, je t’ai déjà dit de me tutoyer ! Oui, il… eh bien, il fait ses affaires. Rien ne change. »
- Si. Votre retour va le rendre un peu plus gai.

Andrea rigola et suivit ce qui était probablement le seul homme ici auquel Law accordait son amitié. Il retourna dans son petit bureau, loin de toute l’agitation, où il revenait pour avancer un peu sur les comptes de la veille. Il manquait une recette et comptait bien trouver où, quand, comment. Andrea, soucieuse de ne pas le gêner dans son entreprise, s’installa près de lui et écouta son raisonnement, qu’il expliquait gentiment à voix haute à son attention. Elle le suivit sans aucun mal, alors qu’il expliquait les flux monétaires dans l’établissement, les pôles les plus avantageux, les marges indispensables à faire.

Et étonnamment, Andrea n’eut aucun mal à le comprendre. Ayant pris quelques cours de gestion et d’économie terrienne, habituée également à tenir les comptes d’une maison depuis toute jeune, tandis que sa mère était malade, la logique présentée par Isaac n’avait rien d’incompréhensible.

« Isaac, si tu te reposes aussi peu que le dit Law, je pense qu’il est grand temps que tu te fasses un peu aider. Si ça te convient, je postule ! Je compte chercher un travail en dehors d’ici, mais passer le reste du temps à t’aider me plairait. Je sais que Law sera occupé au moins vingt heure sur vingt-quarte, alors il faut bien que je m’occupe. Limite, ça me rendrait service que tu acceptes. »

Il fallut quelques supplications de la part d’Andrea pour que le gratte papier finisse par accepter, à la condition que son patron soit d’accord, ce qui allait de soi.

« Ah mais cette aide ne sera pas gratuite. En échange du temps que je compte te faire gagner, je veux que tu m’apprennes la vie ici. Je sais bien qu’il n’aura pas le temps de tout me faire découvrir et je refuse de rester l’étrangère, l’ignorante. Transforme-moi en nexusienne, tu veux ? »
- Vous ne me laissez pas vraiment le choix, répondit Isaac avec un sourire amusé avant de se permettre une question. Au fait, est-ce que son costume lui allait bien ?
« A la perfection. Si c’est ton idée, je te remercie. Je vais lui choisir autre chose pour ce soir, malgré tout. Enfin, s’il a le temps de sortir. Je sais bien que ce ne sera pas forcément le cas. Ou alors, exceptionnellement. »
- Il prendra le temps pour vous. Mais ne dormira sans doute pas de la nuit pour récupérer les heures passées à s’amuser.

Andrea rigola de bon cœur, c’était en effet probable. Et il reviendrait pour son réveil, juste pour lui dire bonjour ? Terminant la page de comptes avant de la passer à Isaac pour qu’il la vérifie d’un coup d’œil, la jeune femme s'inquiéta de  la suivante en continuant de discuter sans toutefois faire la moindre erreur, du moins Isaac ne lui en reprocha-t-il pas.

« Et après, il ira tirer son coup avec la première venue pour chasser la fatigue, je suppose. »
- Cela ne vous dérange pas ? Je veux dire… Il a toujours été comme ça. Ce n’est pas de l’amour, vous savez. Il a beaucoup de responsabilités et c’est juste un exutoire…

Andrea hocha la tête. Elle le savait parfaitement et l’acceptait. Bien sûr, le savoir en serrer une autre dans ses bras lui ferait toujours un pincement au cœur, mais jamais elle ne l’empêcherait d’avoir cette soupape de décompression. Elle n’avait aucune envie de le brider ou de le dominer par la force. De toute façon, Andrea ne resterait que jusqu’à ce qu’il ne veuille plus d’elle, qu’elle soit une contrainte pour lui. C’est aussi pour cela qu’elle voulait apprendre à faire partie de ce monde, pour le jour où elle serait livrée à elle-même. Aux côtés d’Isaac, elle comptait bien faire des efforts rapidement.

Une fois les comptes terminés, Isaac se proposa de l’accompagner jusqu’aux appartements de Law. Andrea accepta volontiers, certaine de se perdre dans ce labyrinthe sans fin. Alors qu’elle sortait de la pièce, un jeune esclave la bouscula, la faisant trébucher et se rattraper sur le mur de justesse. Andrea se redressa et, s’apprêtant à passer son chemin, elle croisa le regard imperturbable mais froid d’Isaac. Puis ses yeux se posèrent sur l’esclave qui attendait, tête baissée, murmurant des excuses à peine audible. Son attention repassa de l’un à l’autre, alors qu’elle hésitait. Elle savait ce qu’elle devait faire mais se refusait à exécuter le geste. L’esclavage était encore une notion trop fragile, elle ne pouvait pas frapper ce gosse, sans doute plus jeune qu’elle d’un ou deux ans. Et pourtant, sa main se leva et la gifle partit, retentissante. Le cœur serré, elle regarda la marque rouge, synonyme de douleur, s’étaler sur la joue du garçon. Mais elle vit surtout le soulagement dans son regard. Il était libéré de sa maladresse, puni et pouvait donc s’excuser réellement et repartir. Il n’était pas resté impuni, rongé par la culpabilité, et en plus cible de trop de pitié. Si elle ne l’avait pas frappé, il aurait sans doute été cent fois plus coupable. Il s’inclina et partit, alors qu’Isaac approuvait d’un signe de tête muet.

C’était difficile à accepter, et pourtant Andrea ne pouvait changer ce système. Il fallait donc qu’elle l’épouse. En punissant ce garçon, elle lui avait rendu plus service que si elle s’était inquiétée de son état. La gifle l’avait pardonné à juste titre, alors que sa seule gentillesse n’aurait été qu’un fardeau, une dette à ses yeux. Fonctionnement bien triste et compliqué moralement à gérer. Et pourtant nécessaire. C’est en silence, réfléchissant aux conséquences que sa mansuétude aurait pu avoir, qu’Andrea fut laissée à la porte de la chambre de Law par un Isaac qui retournait travailler. Entrant, elle prit quelques secondes pour se reprendre. Punir sauvagement, mais récompenser généreusement ; doser parfaitement entre le respect et la crainte, lui avait-il dit un jour.

« Challenge accepté » murmura-t-elle avant de chercher son armoire. Lui trouver de quoi s’habiller pour ce soir. Et chasser de son esprit le regard suppliant de l’esclave juste avant la claque.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 16 mardi 18 février 2014, 15:39:05

-Jouons.

Lorsqu'il arrivait, tous se figèrent. Le croupier savait qu'il se passait quelque chose, et c'est par prudence qu'il abandonnait tous les jeux, rendant leur mise de départ aux participants avant de leur signifier, avec un sourire et une politesse, qu'il vaudrait mieux les laisser.

-Seriez-vous...
-Le propriétaire, ouip.
-Oh, je vois. Vous soupçonnez donc que ma chance est artificielle et que j'userais de tricherie ?
-Je ne soupçonne pas, je sais. Vous puez la sorcellerie. Je vous félicite d'avoir réussi à déjouer nos systèmes de blocage, mais ça ne vaut rien contre moi. Poker, un contre un. Si je gagne, vous êtes à moi. Si je perd, je vous laisse partir avec vos gains.



Il s'amusait, comme d'habitude. Il jouait à ne pas regarder les cartes qu'on lui distribuait, à en rejeter une, ou deux, presque au hasard, qu'on lui changeait immédiatement. Mais il sentait une perturbation dans l'usage de ses tours : Il lui était parfois difficile de reconnaître mentalement les cartes, et il lui était parfois nécessaire d'en toucher le dos pour être sûr de leur identité. Il arrivait même (et c'était chose bien rare) qu'un neuf de trèfle devienne un cinq de trèfle en plein milieu d'une partie. Il était sûr que l'autre était responsable. Mais Law aussi avait de la ressource : Toutes ses cartes masquées se transformaient en rois et en as ; l'adversaire tentait de les transformer immédiatement, mais le boss faisait, semble-t-il, barrage. Nul ne savait ce qu'il se passait pendant les longues secondes où ils semblaient simplement se défier du regard, mais ça avait l'air vachement prenant, surtout pour cet adolescent blond, esclave depuis quelques années, naïf et un peu idiot, mais pourtant bien serviable, qui se disait que ce jeu était super sympa, et qu'il aimerait bien enfin apprendre à y jouer, un jour, quoi.

La partie suit son cours. Law domine presque chaque manche, avec une justesse impeccable.

-Full. Encore. 5 à 1. C'est fini.
-Ecoutez, Monsieur Raine... Entre nous, j'ai des choses à vous apprendre, vous savez ?
-Non. La triche n'est pas tolérée ici.


Le joueur sourit, en baroud d'honneur, avant de se lever de son siège pour espérer partir... Mais une carte le stoppe. Une simple carte qui apparaît de nulle part et vient se coller sur l'un de ses yeux, plof, comme un moustique sur un pare-brise. Il la retire patiemment, mais une autre vient le frappe, à l'autre œil. Une par une, trois par trois, dix par dix, les cartes s'envolent des paquets et le heurtent, se fixent sur son corps. Il a beau remuer, elles refusent de partir. Papillons enragés, une pleine nuée l'entoure, le recouvre, devenant rageurs, coupants : Certaines, en virevoltant autour de lui, tranche sa peau vivement ; une carte s'enfonce entre ses lèvres lorsqu'il grognait, suivies par d'autres qui s'enfonce jusqu'à sa gorge. Elles se succèdent et cherchent à l'étouffer, et peu importe qu'il se débat, rien n'y fait. Un million de rectangles en cartons fins le harcèlent, forment un brouillard autour de lui, tentant de l'assassiner. Il tombe au sol, asphyxié, faisant des grands gestes dans tous les sens.

Les spectateurs regardent, horrifié, cet homme se débattre avec le vide, comme pris d'une crise de folie, et suffoqué alors même que sa bouche est libre et grande ouverte. Sa défaite contre Law semble l'avoir fait sombrer dans un autre monde.

-Remettez-le aux autorités. Triche dans une maison de jeu, usage de la magie à des fins illégales et tout le bordel. Je ne veux plus jamais le revoir. Il est arrivé avec combien ?
-Quand j'ai pris la table, il était déjà installé depuis quelques minutes. Il cumulait un peu moins de mille, Maître.


Law prend une poignée de jetons d'une bonne valeur, les jaugeant vite fait. Il devait cumuler un peu plus de cent pièces d'or en tout.

-C'est toi qui a alerté le responsable de salle ?
-Oui, Maître.
-Cadeau. Prime de mérite. Ton service est terminé, va dépenser.


Il abandonne les jetons devant son croupier et s'éloigne d'un pas assuré. Quelle classe, quelle style, quelle générosité. Une opération de comm' parfaitement réussie, puisque tous s'émerveillent sur l'extravagant don fait à l'employé, qui représente pour beaucoup de Nexussien plusieurs mois de salaires, et parlent d'ô combien ce patron est trop bien, il mouille le maillot pour défendre son pré-carré, puni les tricheurs tel un justicier, mais il sait se faire magnanime et les remet aux autorités légitimes de la Nation, il récompense, et il est beau en plus !... Oui, bon, tout n'est que manœuvre et illusion. Oui, il agit dans ce qu'il estime bon, mais il y a toujours un but sous-jacent derrière, et c'est là que son génie s'exprime.

-Charly ! Content de te voir. Dis-moi ce que j'ai à faire.
-Une certaine comtesse demande à vous parler.
-De la Cour ou du pays ?
-Pays.
-Elle aussi, elle cherche à se prostituer anonymement ?
-Non, apparemment, ce serait quelque chose avec son amant, qui aurait des dettes, mais elle est restée vague.
-Très bien. Ensuite ?
-J'ai deux papiers à vous faire signer, venant de Monsieur Isaac, et nos espions nous rapportent que la princesse Tricia est mourrante et que son fils prépare sa succession. Il n'y aura normalement pas de problème quant à nos impôts là-bas.
-Isaac va bien ?
Demande-t-il alors qu'il s'arrête de marcher, en plein milieu des joueurs, pour lire les documents qu'il devait parapher.
-Entre nous... Il a l'air fatigué, Maître.
-Hm. Hm. Hmm hm. Oui. Hm. Normal... Oui.
Deux signatures, et il relève la tête. Vous ne faites plus remonter aucun rapport à son bureau. Quand il viendra les demander, vous lui direz de venir me voir personnellement. Transmettez aux autres Pairs. Où est la petite comtesse ?



La noble repartait, visiblement contentée. L'entrevue avait duré quelques minutes, pendant laquelle elle avait remboursé personnellement les dettes de son jeune amant, puis s'était assuré de garanties quant à lui, si il devait revenir. Un secrétaire avait tout pris par écrit, échange de politesses, et zou, au revoir. Congédié par Law, l'employé s'en allait, permettant au boss de s'allonger sur le canapé qui soutenait auparavant ses fesses. Long bâillement. Cette sensation de chaleur au visage, flottement désagréable, manifestation de la fatigue. Il s'accordera ainsi quelques minutes de rien, fixant le plafond. Il est exténué. Le sommeil tente de le saisir, mais il s'en extirpe de justesse en se redressant brusquement, et en se mettant en tête d'aller quérir quelque chose à manger.
… Mais non. À peine debout, il se rallonge, propulsé dans le fond du meuble rembourré, pris d'un léger vertige. Pression sanguine ou quelque chose du genre, peut-être. Il s'en fout, il ne sait même pas ce que c'est que la pression sanguine, et il n'a de toute façon jamais entendu ce terme. Bon, on va rester ici un peu.



Le sommeil fut court, mais suffisant. Il repartait au trot, montant dans les couloirs. On l'avait sollicité une nouvelle fois quant à une sanction pour un esclave voleur. Pas le cœur à être cruel, juste dix coups de cravache et privé de repas pour cinq jours, à part le pain et l'eau. Cheminant dans le dédale, il tombe sur son fidèle acolyte, raide et sobre dans sa tenue, se dressant devant lui.

-J'ai vu Mademoiselle.
-Pas mademoiselle. Majesté.


La correction péremptoire fait sourire Isaac.

-Comment va-t-elle ?
-Bien. Elle m'a aidé, pour ça,
dit-il en soulevant le dossier relié en cuir.
-Elle comprend ce que tu fais ?... Elle a un sérieux avantage sur moi.
-Elle veut être payée. M'aider contre salaire.
-Bonne idée.
-Je n'ai p..
-Écoute, elle est amenée à tout connaître de cet endroit. Autant qu'elle commence tôt. Si elle arrive à combler mes faiblesses, je ne vais pas m'en plaindre. Et toi, putain, toi... prend un congé. Laisse-lui de quoi travailler pendant trois jours et dégage d'ici.
-Si elle se trompe ? Je vais devoir corriger.
-Non, elle corrigera elle-même, elle est grande et responsable. Donne-lui ce que tu penses à sa portée, met le reste de côté, et prend un peu de temps pour toi, j'ai plus envie de voir ta gueule, mon beau.
-Tyler, entre nous... Tu lui fais vraiment confiance ?
-Entre nous ?... Elle me fait penser à un gosse que j'ai rencontré il y a quelques années, avec qui je plumais des pigeons dans la rue avec des mécanismes de taux de jeu truqués.


Deux employés passent, s'inclinent bassement en les contournant, les obligeant à mettre en pause la discussion.

-Bon... Je vais filer.
-Tyler ?
-Hm ?
-Les courtisanes... tu peux t'en passer en sa présence?
-Vous en avez parlé ?
-Non. C'est moi qui m'en inquiète.
-Ecoute... Je suis un homme changeant, je vole au gré du vent. Qui sait où celui-ci me portera demain.




-Mademoiselle Andrea ?

Une magnifique quarantenaire, probablement la plus bonnasse et la plus jolie de toutes les femmes de cet âge qu'Andrea ne verra jamais, s'approche d'elle avec un grand sourire. Belle robe bleue à larges volants, mais pas trop, décolleté très avantageux, haut chignon à deux étages d'où beaucoup de mèches pendaient, élégante couronne de fleur, nombreux bijoux, mais pas trop. Elle s'incline.

-Maître Raine m'envoie. Je suis Cécile. Il m'a demandé de vous montrer quelque chose.

Par prudence, elle taira son rôle dans les établissements de Law : Dans la maison de jeu de Law ainsi que dans ses bordels, elle était chargée de la tenue et du bien-être des esclaves. Une femme de goût, distinguée, qui savait ce que signifiait les mots « classe », « provocant » et « sage » lorsqu'on parlait vestimentaire. Et oui, il était déjà arrivé, à quelques reprises, qu'elle partage le lit du boss... Disons que ça lui changeait de se taper des esclaves qui, eux, manquent de passion, mais leur obéissance et l'endurance qui en découle compensaient pas mal cet état de fait.

Cécile la menait jusqu'à une aile où se trouvaient nombre de servantes et servants, la plupart avec des colliers de cuir ou de fer autour du cou. Derrière une porte, se trouvait le plus grande étalage de mode ancienne qu'Andrea n'aura jamais vu : Une salle dont les murs sont cachés par toutes les armoires qui s'y trouvent, les encerclant littéralement. Comme chez un apothicaire, l'endroit fait plusieurs étages, et il faut une échelle pour monter sur les mezzanines et accéder aux richesses supérieures. Chaque meuble est sans porte, possède un bon mètre de profondeur. Au total, des milliers de toilettes, allant du plus sévère au plus aguicheur, des robes, des sous-vêtements,, énormément, des corsets, des accessoires en tout genre, chaussures, bas, rubans de toutes les couleurs, chapeaux, gants en soie...

Ce sont nos "au cas où". On achète toutes les belles pièces trouvées sur le marché ou dans les échoppes et on les laisse ici, prêt à être portés quand une occasion vient. Les bijoux sont juste en face, mais il faut ma clé pour y entrer. Vous comprenez, pour éviter le vol... Il a dit que vous pouviez vous servir. Il m'a aussi dit... (Et elle semble s'étrangler en le disant, tant ça lui fait mal), que, si ça vous inquiète vraiment, la location sera retenue sur votre salaire. Je me dois d'être honnête envers vous : Il a aussi dit qu'il ne le ferait pas réellement. Je vous laisse vous servir... Et suis à votre disposition. Beaucoup de ces tissus n'ont jamais, jamais été portés. Pour les retouches, nous avons quelqu'un qui peut s'en occuper.

Quelques secondes plus tard arrive enfin l'incriminé, un genre de banane en main, mais un peu plus épaisse, et entièrement verte. Il la mâche sans trop de retenue, salue son employée, et se tourne vers Andrea.

Tu m'as trouvé quoi, au juste ?... À ce propos, j'ai dégoté une invitation chez un baron, tiens. Si ça t'intéresse d'aller là-bas plutôt que dans une fête un peu plus populaire, c'est toi qui voit. Franchement, les bringues chez les nobles de la Cour, y a pas plus Nexus.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 17 mardi 18 février 2014, 17:12:02

Quand on vint la déranger, Andrea était déjà allongée par terre. Oui oui, par terre. Elle eut bien aimé avoir une bonne raison, mais elle avait simplement trébuché après avoir choisi la tenue qu’elle donnerait à son partenaire du soir. Ses pieds s’étaient emmêlés et avaient décidé de se dire bonjour, la laissant s’étaler sur le sol de la chambre. Ayant gardé les vêtements serrés contre elle pour ne pas les abîmer, elle laissa un rire étouffé secouer sa poitrine, puis le fit exploser dans la chambre en s’essuyant ses yeux qui pleuraient de rire. Cela dura un bon moment, avant qu’elle ne se calme, posant les fripes sur son ventre en allongeant les bras. Andy fixa le plafond en prenant de grandes inspirations. Elle était enfin à Nexus, mais surtout elle était enfin libre. Seiji revint un moment hanter sa mémoire. Elle revoyait son corps se balancer au bout de la corde, puis tomber pour se briser sur le trottoir. Avait-il survécu ? Il était probable qu’il soit en réanimation, en train d’être maintenu en vie artificiellement pendant que son père pleurait à ses côtés. Si seulement c’était arrivé ici… Sa mort serait passée presqu’inaperçue. Impersonnelle. Et il n’aurait bénéficié d’aucun établissement de soin.

Andrea se demandait encore pourquoi Law lui avait épargné la première mort. Pour le faire souffrir encore plus, réfléchir à la haine de sa prétendue sœur à son égard ? Pour lui donner l’occasion de se donner la mort lui-même, pour expier ses fautes ? Ou bien le condamner à une existence qui n’était qu’à peine vivable. Levant les bras au-dessus d’elle, Andrea écarta les doigts, puis agrandit l’espace entre ses mains en descendant celles-ci progressivement vers le sol. Tout cela, tout ce qu’il y avait à perte de vue était à elle. Son monde n’avait plus d’autre limite que son champ de vision. Seiji était mort, ou pire. Elle ne craignait plus son influence comme la dernière fois où elle avait été incapable de s’en défaire réellement. La colère s’était tarie, aucune tristesse ne venait déranger ses traits. Comme si elle ne ressentait déjà plus rien. La jeune femme réalisait qu’elle avait réellement tout laissé derrière elle, jusqu’à ses peurs, ses doutes et ses attaches. Passer cette faille avait été un renouveau, comme un lavage de cerveau. Tout ce qui avait toujours eu tant d’importance n’en avait subitement plus aucune. Des futilités.

Maintenant elle avait une occupation conséquente, peut-être bientôt même deux travails pour occuper ses journées. Plus que tout ce qu’elle n’avait jamais fait. Elle pourrait être utile à Law, de surcroît, et rester à ses côtés jusqu’à ce qu’il se lasse. Alors elle tournerait la page de cette splendide parenthèse qu’elle savait ne pas être éternelle, et continuerait sur sa lancée, en solitaire.

A l’évocation de son prénom, Andrea se redressa, surprise, et rougit légèrement de confusion. Elle devait paraitre bien bête, allongée par terre, l’air épanoui. Une fois debout, elle salua la nouvelle venue sans pouvoir détacher son regard de son visage. Quel âge avait-elle ? Elle semblait ne pas en avoir. Particulièrement soignée, et étrangement Andy se sentit en confiance et apaisée dans l’instant. Y avait-il vraiment des gens qui endorment ainsi votre vigilance et en qui l’on ne peut que croire ? C’est l’effet qu’elle lui faisait, en tout cas. Elle la suivit presqu’aveuglément, certaine qu’ici il ne lui arriverait rien. Passant au milieu des serviteurs et autres esclaves, Andrea garda la tête droite, chassant les remarques qui lui venaient à l’esprit. Vivre avec, tu te souviens Andy ? Epouser ce monde. Serrant toujours les habits piochés dans l’armoire de Law, la jeune femme faillit les lâcher quand les portes de la plus énorme penderie qu’elle ait jamais vue s’ouvrirent. Etait-ce réellement possible de destiner autant de place à des habits ? Elle songea d’abord que la plupart des tenues osées qu’elle voyait devaient être portées par les jeunes femmes employées ici.

Et les autres aussi, d’ailleurs. Après tout, il était probable que certains hommes préfèrent l’austérité d’une tenue sur un corps bien fait que de tout voir, tout de suite. Timide, n’osant pas vraiment se servir, Andrea se contenta d’avancer dans la… pièce, dédiée à la mode, et de s’extasier. Des tissus qu’elle ne connaissait même pas, des tenues invraisemblables, des accessoires dont elle ne soupçonnait même pas la fonction…

« Je sais bien qu’il n’en fera rien. Merci, Cécile, j’aurais très certainement besoin d’aide. Et sérieusement, vous pourrez lui dire qu’il est totalement fou d’avoir accumulé autant de… »

Mais il arriva avant qu’elle ait eu le temps de finir sa phrase. Nonchalant, comme à son habitude. Elle lui sourit et termina.

« …Autant de vêtements. Comment veux-tu que je choisisse quelque chose là-dedans sans mettre cinq heures ? Ah oui, tiens »

Elle lui tendit son petit paquet. Pensant vraiment sortir seulement dans Nexus, Andrea s’était contentée de lui prendre une chemise d’un rouge très sombre, une nuance grenat qui lui allait au teint en plus de se marier parfaitement avec ses longs cheveux bruns. Le tissu au niveau des bras était assez large, resserré aux poignets et maintenu par des boutons de manchette. En bas, un simple pantalon noir, à la fois confortable et élégant. Une classe sobre, dans la retenue, mais elle était certaine que cela lui irait parfaitement. A elle maintenant…

Tout en plongeant dans quelques rangements, essayant de ne pas trop perdre de temps, elle écartait certaines tenues et hésitaient devant d’autres.

« Tu as le droit d’avoir une préférence aussi. Pour ma part, je préfère ta première proposition. Je ne connais pas encore les usages et je ne voudrais pas risquer ma tête parce que je n’aurais pas salué dans le bon ordre les hôtes. Ceci dit… » continua-t-elle en sortant la tête d’une penderie, un simple ruban de corps à la main, comme pour se mettre en papier cadeau, un sourcil levé d’un air sceptique et amusé « Ce doit être un lieu très amusant, pour quand je pourrais le décrypter. »

Trop de choiiiiix. N’importe quelle fille serait ravie, Andrea était perdue. Devait-elle essayer de lui plaire en portant quelque chose d’agréable à regarder, ou au contraire s’éloigner de toutes les représentations sexualisées de la femme qu’il avait devant les yeux à longueur de temps ? Privilégier le pratique, prête à toute éventualité, ou bien se ranger sous sa protection et se mettre à nu ? Le mal de tête pointait quand elle trouva enfin ce qu’elle cherchait. Un pantalon, heureusement il y en avait ! Un bon vieux pantalon noir, qui lui ferait comme une seconde peau vu son aspect moulant. Avec ça, elle pourrait bouger autant qu’elle le voulait. Rien de plus pratique qu’un bon vieux pantalon. Peu approprié pour une soirée à la Cour, mais parfait pour ce soir. Sans se soucier une seule seconde du caractère un peu étrange pour une femme de porter un pantalon ici, elle le posa sur son épaule, avant de fouiner encore un peu et de mettre la main sur un très beau corset. Il était souple, la laissant bien libre de ses mouvements. Noir également, des broderies d’un argent mat se baladaient sur le tissu. Pas trop décolleté, il remonterait haut sur sa poitrine, dégageant ses épaules et son cou sans être vulgaire. Suggestif, à peine. Andrea redescendit mécaniquement de son perchoir, amoureuse de cette pièce.

Récupérant au passage un ruban du même rouge que la chemise de Law, elle refit sa tresse en partant du haut de son crâne, la serrant davantage et y nouant le ruban qui retomba avec ses cheveux sur son épaule gauche. Une fois de plus, bien loin des notions de pudeur et d’intime, Andrea enleva son short, enfilant le pantalon avec un plaisir certain. Tellement confortable, épousant ses hanches et ses jambes sans le moindre mal. Pour le haut, elle réclama l’aide de Cécile après s’être tournée vers elle pour enlever t-shirt et soutien-gorge, la laissant placer le corset, puis se tournant pour qu’elle l’attache.

« Merci Cécile. Juste des boucles d’oreilles en argent suffiront. »

Enfilant des bottines à léger talons, Andrea prit grand soin d’attacher sa dague le long de son mollet. Fin prête, elle se tourna vers Law et s’adressa à lui sans même poser de questions, se contentant d’affirmer.

« Tu as vu Isaac je suppose. Il n’avait pas bonne mine. Il a dû te dire que je compte occuper une partie de mes journées à le soulager. »

Cécile s’occupa de resserrer l’habit, sans la faire étouffer, remontant un peu sa petite poitrine par la même occasion, lui apportant les bijoux demandés en refermant soigneusement derrière elle, et attendit d’autres ordres de son maître.

Au même moment, un des nombreux hommes de Law se permit d’entrer, et de venir chuchoter à son patron une information cruciale selon laquelle les forces de l’ordre venaient étonnamment de mettre la main sur une petite frappe du quartier ouest de Nexus. Cet insecte avait été pris en flagrant délit de meurtre, alors qu’il finissait d’égorger un homme pour le moment encore inconnu. Or, le meurtrier donnait son nom comme principal commanditaire et responsable de l’ordre de mort qu’il n’avait fait qu’exécuter.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 18 vendredi 21 février 2014, 13:38:10

Il se mettait immédiatement nu, là encore sans la moindre pudeur, avec une froideur loin d'être attirante,  et d'enfiler ce qu'elle lui donnait sans broncher, renfilant ses bottes en y donnant au passage un petit frottement de la paume au bout, de quoi en dégager un peu la poussière. Tourné vers Cécile, il prend son avis. Elle acquiesce. Il fait de même. Son col rajusté, elle retourne s'occuper d'Andrea lorsqu'il se voit sollicité.

Il avait déjà entendu ça auparavant. Il connaissait ce genre de problème. Et refusait généralement de soudoyer dans ces cas-là. Problème étant que cette fois, selon son homme, les autorités étaient intéressées. Law n'aime pas quand ils s'intéressent à quoi que ce soit qui le regarde : Pour lui, le rôle de l'Etat était de lui foutre la paix, et c'était pour cela qu'il les payait grassement. On lui parlait alentour, mais il n'écoutait pas, se contentant de fixer un mur avec insistance, comme si celui-ci avait un intérêt fou. Il n'était en réalité que du rien, et c'était en ça qu'il retenait l'attention de Law : Il lui permettait de réfléchir.

Andrea... Tu vas découvrir comment marche la politique à Nexus.



Les ors de Nexus n'avaient rien à envier à ceux de la terre. Le Palais d'Ivoire avait ce quelque chose de grandiose que le Pouvoir nécessitait : Il fallait en jeter un max pour que le peuple comprenne pourquoi il paie aussi cher ses impôts. L'armée, les services, la finance, la justice, tout cela était dérisoire : Il fallait du monument, et si possible fonctionnel, pour que la grouillante populace ait l'impression que le vol organisé par les taxes diverses et nombreuses ait du concret à se mettre sous la dent. C'est grand, c'est beau, c'est utile : C'est donc normal que les prélèvements obligatoires augmentent. Cette mécanique marche d'ailleurs pour tout ce que l'Etat décide.
Attention : Un certain niveau d'éducation permet de réfléchir en-dehors de ce cadre, ce qui peut être dangereux, ne le manipulez donc pas chez vous en l'absence d'un Officiel qui vous dira comment penser.

Elle ne verra pas la Reine, qui n'est apparemment pas là selon les avis de Law : Les membres de la garde impériale sont peu nombreux dans le coin, elle doit donc être ailleurs. De toute façon, il ne cherchait pas à la voir. Il voulait voir celui qu'il appelait le numéro deux, un grand chambellan ou quelque chose du genre, l'équivalent d'un premier ministre sur terre. Pas là non plus. Là, ça le contrariait. Au haut fonctionnaire qui le recevait, il demandait alors à voir le chef de la police. La police n'existe pas à Nexus : Ce terme est utilisé simplement comme « responsable de la sécurité intérieure ».
Et lui, il est là. Ben voyons.  « Le soleil va se coucher et il ce branleur est encore là. Ben voyons. » Tiens, mon personnage répète ce que je dis... intéressant. Peu importe qu'ils soient dans un couloir du palais, emmené par un officiel, quelques gardes parsemant leur chemin : Il parle à voix haute sans le moindre souci.

Si jamais tu t'inquiètes du protocole, retiens simplement le mien : Ici, aucune courbette. Tu gardes la tête haute, tu dis bonsoir si tu as envie, tu te sers allègrement si il y a à manger, et si tu as envie de casser un truc qui coûte cher, par maladresse bien sûr, j'en serais ravi.

Un jeu de pouvoir, donc. On ouvrait les grandes portes d'un bureau lambrissé, tenturé et tout ce qu'il faut de pompeux et d'outrageusement cher pour que ça donne une certaine classe à son locataire, qui pourtant ne semblait pas en manquer. Fier et visiblement hautain, ce grand homme fin, au nez haut, aux petits yeux perçant et aux manières lentes, attendait derrière son bureau. Law entré, il se levait pour le saluer, salutations non-rendues par l'esclavagiste qui ne s'inclinait pas en retour.

« -Certaines histoires viennent à mes oreilles. Des histoires qui ne me plaisent pas.
-Alors, ne laissez pas traîner vos oreilles, sire Raine.


Law se renfrogne un instant, puis reprend posément.

-L'on m'a dit que vous aviez entendu le malfrat pris.
-Il dit des choses intéressantes. J'ai le contenu de son entrevue ici.
-Les mensonges ne sont intéressants uniquement quand ils racontent de belles histoires.
-N'est-ce pas une belle histoire ? Il dit même que vous l'avez menacé lorsqu'il aurait refusé d'agir. J'en suis encore tout retourné.


Ne prenant même pas la peine de feindre ses paroles, il laissait s'installer sur son visage un sourire mauvais en dévisageant Law, puis Andrea, sur qui il ne posait pas de question, même s'il comptait bien l'utiliser à un moment ou à un autre.

-Je ne connais pas cet homme.
-Oh ? C'est sa parole contre la vôtre.
-Celle d'un criminel pris sur le fait contre un honnête homme qui n'a jamais été condamné.
-Celle d'un criminel contre un autre criminel, sire Raine, et d'une envergure autrement plus grande.


Law soupire. Exaspéré.

-Je ne paierais pas pour lui.
-Ah non ? Pourtant, d'habitude, cela ne vous gêne pas.
-Parce que d'habitude, soyons honnête, les personnes me sont liées. Ce n'est pas le cas ici.
-Alors ne payez pas.


S'il te plaît, Andrea, bouche-toi les oreilles, parce que le héros d'insoumission s'apprête à ployer devant la toute-puissance de l'Etat Nexussien et de ses petits fonctionnaires magouilleurs.

-Qu'est ce que vous voulez ?
-Pardon ?
-L'or ne vous intéresse pas... Je vous offre dix esclaves, parmi mes meilleures. Je vous offre la tête du Baron Susa, celle de ses deux fils bâtards avec, et de sa folle de sœur. Et je vous soutiendrais auprès du Conseil lorsque le chambellan calanchera.
-Non, merci.
-... Je ne peux pas faire plus.
-Mais je ne vous demande rien. Comprenez : J'ai déjà trois juges qui se battent pour vous avoir. Voyez comme ça va vite, avec vous : D'habitude, il me faut des semaines pour instruire un procès de ce genre. Demain, le premier à avoir dessaoulé vous aura dans son prétoire.
-Pourquoi... l'affaire est-elle déjà aux mains des juges alors même que le type a été capturé il y  a quelques heures.
-À client exceptionnel, traitement exceptionnel. Je vous l'ai dis : Avec vous, ça va vite.
-La satisfaction de mes partenaires est le premier de mes soucis. Rapidité et qualité sont deux de mes arguments de vente.
-A ce propos : Quand vous reviendrez, n'amenez pas vos putes avec vous. Vous n'obtiendrez rien de cette manière. »


Il se tourne vers Andrea, et quelque chose le frappe soudain. Il tourne le dos à son interlocuteur et emmène la jeune femme avant qu'elle n'ait pu répondre quoi que ce soit : Il n'était pas nécessaire d'en rajouter. Mieux : Il était nécessaire de ne pas en rajouter.

Étrangement, alors que les portes se sont refermés et qu'on les raccompagne vers la sortie du palais, il sourit. Il y avait de quoi se demander pourquoi.

C'est un complot. Il est dans le coup. Il n'a rien tenté pour aller dans mon sens. Ses intérêts sont supérieurs. Il veut que je tombe. Rien ne va aussi vite avec la bureaucratie Nexussienne. Et ce type est normalement corruptible... Tu as vu ce qu'il vient de se passer ? Ca veut dire que je n'ai rien vu arriver. Et tant mieux. Ils ont pris des précautions pour que je ne sache rien. Ce qui signifie...

L'aveu agrandit son sourire.

… Très honnêtement, j'aime penser qu'ils me craignent à ce point.

Il s'arrête un instant en faisant stopper l'obséquieux officiel qui leur servait de guide, faisant craquer ses doigts, puis le saisit pour le projeter avec violence contre une fenêtre, ne lâchant pas son col. Aucun carreau cassé : Il utilisera donc la tête de sa victime, en la prenant par les cheveux, pour briser le verre à l'arrière de sa tête, faisant s'écrouler le type au sol, qui glisse et atterrit mollement sur son cul. Deux soldats approchent, véhéments : Law leur fait un geste pour les stopper, puis porte une main à sa ceinture. Ils s'arrêtent effectivement, pensant croiser le fer. Point. Il se contente de jeter quelques pièces à leurs pieds.

Vous direz à votre supérieur de rajouter ça à mon procès. Violences, dégâts matériels sur des biens officiels, et corruption.

Il serre Andrea près de lui et les évite soigneusement. Il connaît le chemin.




Admettons-le : Ils faisaient tâche. Déjà, à l'entrée, devant les fiers majordomes qui faisaient le passage. Oui, il était sur la liste, il pouvait rentrer. Mais... Dans cette tenue ? Le crépuscule était déjà là, il y avait bien peu de monde, mais l'agitation battait son plein chez les serviteurs, ceux qui dans quelques dizaines de minutes deviendront des invisibles, transparents aux invités à qui ils rendront service avec diligence, et un zèle certain. Pour l'heure, les uns installaient des tables de banquets dans les grands jardins, tandis que d'autres arrangeaient les décorations et les autels sommaires consacrés au dieu de la nuit. Ben oui, il ne fallait pas oublier l'excuse qui justifie cette soirée.

Dans l'espèce de manoir où ils étaient entrés, quelques nobles s'y trouvaient déjà, en grande tenue, mesdames avec leurs robes compliquées et froufroutées, messieurs dans leurs tuniques de soirée. Il y avait un haut militaire en bel uniforme. C'est un grand type, un peu bedonnant, à l'air bonhomme et souriant, qui saluait Law, déposant son verre d'alcool sur le piédestal d'une statue qui traînait par-là pour se précipiter sur lui et le serrer dans ses bras, accolade rendue par l'homme d'affaires.

« -Racaille !

Et il riait, visiblement assez copain avec lui pour... le tutoyer. Oui oui.

-Tu vas me filer mauvaise réputation si tu restes ici. Et, oh... mademoiselle...

Il prenait la main d'Andrea et l'embrassait, avant d'incliner le corps entier, son buste presque à l'horizontale, parfaite révérence qui tranchait avec son aspect un peu bourrin. Un vile rustre avec une haute éducation.

-Andrea, je te présente le comte Loeis Cera Makhno. Comte, voici Andrea. Elle est... Disons... La femme qui partage ma vie. Jusqu'à ce qu'elle en ait marre de moi.

Le noble paraissait impressionné, sifflant longuement.

-Et bien, si l'on m'avait dit un jour que tu te pointerais avec autre chose qu'une femme que tu paies... Pas d'offense, mademoiselle, vous n'avez rien à leur envier. Au contraire. Savez-vous combien d'esclaves rêveraient d'être présentées comme madame Raine, hm ?

Gros coup de coude dans le bras de Law, qui levait les yeux au ciel avec amusement.

-Je suis content de te voir, grand, mais tu es là un peu tôt, tu vas te faire chier ici.
-Je ne viens pas pour faire la fête.
-Ah, c'est ta petite histoire qui te fait des ulcères, hein ?
-Pourquoi j'ai l'impression que ça pue, hein ?
-Entre nous ? Ils veulent ta tête. Je sais pas qui a décidé de ça mais je suis sûr qu'ils pensent être des purs génies pour leur plan, mais entre nous, ça casse pas des briques.
-Alors il y a un plan ?
-Bien sûr ! Comment t'expliques que le juge Briss et son ami le rigolo des procédures criminelles étaient déjà dans le bureau de l'autre enculé lorsque ton homme a été chopé ? … Pardonnez mon langage, damoiselle, je parle mieux en société, en général.


Parce qu'il estime des explications nécessaires, Law se tourne vers Andrea en posant sa main sur l'épaule du noble.

-Ici, le baronnat est offert aux officiers les plus méritants. Le sieur Makhno a gagné ses galons par la force, puis a brillé lors d'un coup d'éclat dont peu de gens auraient été capables. Je te raconterai ça une autre fois. Bref, on lui a donné un baronnat histoire que sa retraite soit tranquille. Après quoi son baronnat fut changé en comté, pour le remercier de ses services rendus.
-Il suffit de rendre service aux bonnes personnes.
-Tu le méritais. Bref, tout ça pour dire que, comme beaucoup, c'est un sacré bourrin qui porte des beaux habits pour faire croire que sa noblesse est naturelle, mais personne n'y croit.


Moment de flottement, pendant lequel le comte s'assombrit.

-Toi aussi, tu mérites ce qui t'arrive.
-Dis pas ça.
-Tyler, tu sais ce qu'il a, l'autre bâtard ? Il est dégoûté parce que tu l'as jamais arrosé. Que dalle. Je te l'ai dis y a quelques temps et tu m'as pas écouté : tu te comportes comme un prince. T'arrive chez les gens, t'exiges, tu soudoies ouvertement, tu le revendiques, et t'en rigoles. T'as humilié le trésor public l'autre fois, pendant une réception officiel. D'accord c'était marrant, mais tu dois te rappeler pourquoi tu fais ça : T'es un hors-la-loi. Y a ça, et y a la jalousie. Quand tu files des putes et de l'or à profusion à ces chiens des ministères et qu'ils s'en vantent parce que tu aimes qu'ils s'en vantent, y en a qui veulent leur part du gâteau.
-Tous des chiens, sans exception, je suis au courant. Mais je m'en fous de tout ça, je veux savoir comment me sortir de là.
-T'as pensé à la Reine ?
-Hors de question. J'aurais du mal à regarder de face quelqu'un que je passe mes journées à dénigrer. J'ai un peu d'honneur, tu sais, je travaille pas pour Nexus, moi, au moins.
-Y a que la Reine qui peut te sauver. De ce que je sais, elle n'est pas au courant de toutes les magouilles qui se trament derrière ton dos. Tu sais, elle est mieux que ses prédécesseurs. T'as pas connu ceux qu'il y avait avant...
-Si, j'étais jeune, mais je m'en souviens. Je me suis toujours juré que si un membre de la famille royale devait avoir un quelconque rapport avec moi, ce serait pour me sucer la queue. Pardon Andrea.
-Hm, c'est pas incompatible. T'es pas mal foutu, et ton charme rustre pourrait lui plaire, elle est en âge de se faire tringler tu sais... Pardon, damoiselle.
-Jamais je ne quémanderai au souverain de Nexus. Elle ou un autre. C'est un principe.


Silence.

-T'as pensé à éliminer ton témoin ?
-Ils ont tout ce qu'il leur faut déjà. Même si je le payais pour dire pendant le procès que tout était une machination, le juge prononcerait quand même ma sentence. Depuis quand les procès sont justes à Nexus ?
-Alors retourne à la criminalité. Terre-toi dans ton casino, mène une guerre civile. La révolution est sourde, mais elle est toujours présente... Il ne tient qu'à toi de la soulever de nouveau.
-Les terranides ont failli brûler mes commerces la dernière fois.
-Peu importe. Les révoltes, ça se manipule, et nous le savons tous les deux. Qui mieux que toi peut faire ça ?
-Je vais me retrouver avec quelque chose d'instable sur les bras alors que je suis sûr qu'il y a une faille dans le système. Il y a toujours une faille. Tout a une faille.


Au passage, il se tourne vers sa belle, avec une arrière-pensée fort négative. Il a une nouvelle faille, à cause d'elle. Il a diligemment couvert les autres, mais celle-ci est un peu trop affichée, il va devoir la masquer pour qu'elle évite de paraître sa faiblesse. Le comte réfléchit à ce que venait de dire Law, retraçant les rouages des procédures de justice à Nexus, des personnes impliquées, et d'un moyen définitif d'étouffer cette conspiration contre l'esclavagiste, pas seulement mettre un dôme dessus, mais l'anéantir pour de bon.

-Menace-les tous.
-Je dois avoir tous leurs noms, et espérer qu'ils tiennent tous, et si je me rate, je serais dans une position autrement pire.
-Fuis.
-C'est mon genre ? Et ils vont démonter tout mon commerce, c'est hors de question, je dois rester et faire front.


Il profite d'un nouveau moment de flottement pour prendre la main d'Andrea et la serrer contre sa chemise, la fixant. De toute ses forces, il prie pour que tu lui donnes l'inspiration. Il faut penser plus loin, voir au-delà des limites habituelles. Quelque chose avec l'amour, l'affection, l'attachement... ting, idée.

-Si je prouve que le mort a un lien avec le juge...
-Tu sais qui est le mort ?
-Peu importe ! Des preuves ça se fabrique. J'ai déjà trente témoins qui pourraient jurer sur l'honneur et les dieux qu'ils ont vu la victime rouler une pelle à la femme du juge, par exemple...
-Et ? Tu le fais changer ?
-Précisément. Ordre signé de la Reine, pour que le procès reste régulier. Je fais marcher le haut conseil pour qu'ils abondent dans mon sens. Parce que tout repose sur Briss, et le tuer ne me rendrai que plus coupable, et les autres magistrats ne me soutiendraient pas. Non, je me contente de l'écarter, et m'arrange pour avoir un juge qui est de mon côté. Cassède, par exemple. Et je l'arrose, et je prend mes garanties auprès de lui. Et je suis même capable de faire tourner le procès à mon avantage et de ridiculiser le pouvoir.
-Pas de vengeance. Essaie simplement de t'en tirer.
-La vengeance est mon motif. C'est ma façon de vivre. Je me venge de tout ce que l'on me fait, et c'est pour cela que l'on me craint. Et, entre nous... Le responsable de la police ne restera pas longtemps en vie.
-Tout le monde saura que tu es derrière.
-Tant mieux. Je le livrerai au baron Susa. Une fois que le procès est clos, je suis tranquille, je fais ce que je veux. Ma prudence s'oblige jusqu'à la fin des hostilités légales. Après, je suis libre. Ca rappellera à tous ces fils de pute de conspirateurs qu'on ne m'atteint pas impunément.
-Tu dois être sûr de ce que tu fais. Réfléchis-y.
-Promis.


Un serveur passe et leur propose des verres d'alcool, de différentes sortes. Law refusant de boire, il fera un signe poli pour l'écarter.

-Tu restes faire la fête avec les pétasses de la Cour ?
-Non, Loeis. Je vais dans la rue. Vous les nobles, vous ne savez pas célébrer la gloire des dieux.
-Nous célébrons uniquement notre propre gloire. Je me tiens au courant de tes petites affaires. Mademoiselle...
(il s'incline.) Permettez-moi de vous dire que votre simplicité vous rend somptueuse, et que, même s'il m'a habitué à avoir du goût en matière de femmes, il me montre qu'il sait encore m'étonner par sa clairvoyance. Si jamais il ne vous satisfait plus, sachez qu'aucune de mes amantes ne s'est jamais plainte.
-Elles ne se plaignent que lorsque tu oublies de les payer.»





Trop de problèmes.

Le poids de la fatigue se faisait réellement sentir. Il serrait les dents pour ne rien exprimer clairement de ce qui le tiraille. Il a tellement envie de se lâcher... physiquement. Taper quelqu'un. Lui distribuer tes pains jusqu'à ce que les débris d'os de crâne éparpillés sous la peau du visage lui coupent les phalanges. Torturer un noble, un responsable de ses tourments, le frapper et l'étrangler de ses propres mains, serrer, serrer, jusqu'à ce que les vaisseaux éclatent, que le sang abonde de tous les orifices de sa tête. Il se contentait de serrer ses poings entre eux, longtemps silencieux.

La musique s'élevait de la rue, et plus on s'éloignait vers la grande avenue de tout à l'heure, plus elle était claire. Les tambours battaient à un rythme vif, et de hautes torches étaient dressées. Le soleil était bientôt mort, la soirée est déjà sombre, et les civils ont déjà commencé à faire la fête.

La rue est pleine, noire de monde, mais aussi illuminée qu'en plein jour. Et bien plus chaude, plus vivante. Les nombreuses flammes, les chorégraphies chaotiques et l'alcool réchauffait plus sûrement que l'astre solaire le faisait lui-même. On hurlait pour entraîner les cœurs dans la fête. Sur les peaux de bête tendues, des batteurs frappaient de leurs matraques, marquant le rythme des musiques. On buvait à profusion, et ça coulait de partout. Danseurs – et danseuses, surtout – peu vêtus cheminaient dans les rues avec les sommaires musiciens. De grandes tables étaient dressées devant les commerçants de bouche, l'occasion pour eux de faire du chiffre supplémentaire. Les étals étaient d'ailleurs pour la plupart gardés par des soldats, ce qui n'était normalement pas nécessaire : Quand on célèbre les dieux, les délits sont rares. Et punis plus sévèrement, d'ailleurs, tant l'offense aux divinités est proscrits.

Un mendiant en guenilles porte sur ses épaules une lourde et grossière statue en bois de Dehma, le Nocturne, dont les gravures sur son corps évoquaient le caractère vaporeux de cette entité à forme humaine, accompagné d'un oiseau non-identifiable pour Andrea, et portant dans sa main ce qui semble être une grosse mèche de cheveux.

Au bord de l'avenue, à l'entrée d'une petite rue, sur un amas de tonneau, un couple baise. Les deux ne semblent pas spécialement alcoolisés. La femme assise et l'homme debout, on ne voit rien de leurs parties intimes, par le jeu des vêtements, mais l'action bestiale et les gémissements appuyés ne font aucun doute.

Ah, Nexus...

Hm. Nexus.

En guise de commentaire, il se contente de sourire.

C'est un endroit dix fois plus libre que le tien, tu sais. Enfin... Je ne devrais pas dire ça. Tu es d'ici. Théoriquement. Mais une place à Nexus, ça se gagne.

Sa voix calme était difficilement audible par-dessus la lourde musique. En l'honneur de Dehma, la cour d'une maison avait été couverte d'un drap, pour prévenir une éventuelle pluie, et, dessous, des jeux de foire étaient organisés. Ils débouchaient finalement sur une place, où s'arrêtaient la bruyante fanfare pour se mettre au centre, et redoubler d'effort. À une fenêtre entourant l'endroit, il y a encore un couple qui baise, mais la demoiselle, fort jeune et le cou encerclé, semble être une esclave. Sur une estrade, on avait attaché des condamnés par les mains, suspendus, faisant un numéro d'équilibriste sur leurs orteils. Ils tenaient difficilement debout. Quand ils cessaient de se mettre sur la pointe des pieds, leurs poignets devaient supporter tout leur poids, ce qui devenait tout aussi insupportable : Aussi, ils alternaient entre l'un et l'autre, systématiquement. Des enfants, plus ou moins vieux, leur lançait des petites balles de paille, faiblement lestée de grain gâté, qui éclataient parfois à l'impact. Un genre de tradition.

J'ai entendu dire que tu avais corrigé une esclave. C'est bien. Mais il faut généralement leur glisser un mot. Lui demander gentiment de faire attention la prochaine fois, par exemple. La douceur dans la voix rend tangible le pardon que tu lui accordes. Si la faute est plus dure, il faut au contraire hausser le ton, pour qu'il éprouve un peu plus longtemps sa culpabilité. Les esclaves sont mentalement formatés, vois-tu, et ils finissent par devenir... comment dire... obsédés ? Oui, dans le sens où une chose vient dans leur tête et y trotte pendant des jours jusqu'à avoir une certitude. Quand tu ne prononces aucune parole, l'esclave ne sait pas si tu l'as vraiment pardonné. Auquel cas il peut se monter les nerfs à se demander si tu ne lui en veux pas encore. Ca conduit à être distrait au travail. Et à refaire des erreurs.

Il s'arrête de marcher, entouré par une foule plus ou moins dansante.

Quand on célèbre les dieux, nous sommes libres des lois des hommes. Seuls les dieux te jugent. Et les dieux sont cléments. Éprouve ta liberté. Tu peux rire, jouer, baiser, boire si tu en as envie. Personne, pas même moi, ne t'en tiendra compte. Je te suggère de vivre cette liberté sans moi. Je suis un poids pour toi. Vis, Andrea !

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 19 vendredi 21 février 2014, 20:55:54

Le palais. Sérieusement, il l’emmenait là-bas dans cette tenue ? Certes il se fichait des convenances, mais allaient-ils seulement réussir à passer les portes de la cour extérieure, vu leur allure ? Andrea n’y croyait pas vraiment. Et vu l’expression sur les traits du garde qui leur ouvrit la porte, il semblait plutôt d’accord avec elle. La jeune femme fut même étonnée de pouvoir finalement entrer. Law devait avoir ses habitudes. Ils passèrent donc les lourdes portes, tandis qu’Andrea se sentait totalement nue sous les regards remplis de jugement qu’elle mit quelques minutes à ignorer avant de marcher la tête haute. Tant pis. C’était bien son style en plus, de se ramener en tenue très populaire au plus chic endroit de Nexus. Si elle avait eu une longue robe bouffante, elle aurait été parfaite dans le décor somptueux, fastueux du palais. Mais Andy se voulait loin d'être parfaite.

En entrant, elle entendit tout de suite la différence. Ses chaussures claquaient soudainement contre le marbre qui habillait le sol, dans des courbes artistiques et des dégradés de beige et marron clair, rendant l’immense pièce lumineuse. Les hautes fenêtres étaient larges, laissant entrer une clarté à toute heure du jour comme de la nuit, la Lune pouvant parfaitement exercer son influence jusque sur les colonnes des arches, elles aussi en marbre, encadrant la pièce. Ici, il était totalement illusoire d’espérer traverser le palais sans être vu. De plus, des gardes se tenaient de chaque côté de la porte et Andrea doutait que cette dernière soit à un moment ou à un autre laissée sans surveillance. Les fuyards, malfrats et autres esclaves rêvant de liberté ne prenaient certainement pas cette voie-là pour échapper en douce à l’emprise du palais. Il devait probablement y avoir des passages oubliés, portes dérobées et autres secrets comme au sein de tout château.

Sous les arches, des statues évoquaient plus encore le luxe de ce lieu par leur couleur dorée, alors qu’au plafond s’étalaient des gravures, elles aussi dans ce métal précieux. Andrea l’ignorait, mais le palais portait bien son nom puisque les fenêtres étaient faites de cristal avec, entre chacune, les armoiries de la famille royale sculptées dans des bustes d’ivoire représentant les différents monarques à travers les âges. Les fresques visibles lorsqu’elle leva les yeux lui enseignaient des images d’une histoire dont elle ne connaissait encore rien. Dans la salle suivante où ils furent conduits à travers des couloirs chargés de tableaux et de statues, laissant une atmosphère oppressante derrières elles, Andrea fut subjuguée par le nombre de chandeliers qui éclairaient la pièce et faisaient danser les ombres sur les murs. Des fauteuils plus esthétiquement élégants que confortables les attendaient, artistiquement disposés en fonction des lourds rideaux de la même couleur qui tombaient aux coins des fenêtres.

Jamais Andrea n’avait assisté à un aussi lourd déballage d’argent et de richesse. Cela en disait long sur les priorités de la couronne, et sur l’image qu’elle souhaitait renvoyer au reste du monde. Ne sachant pas combien Terra était étendue, la jeune femme ne savait pas si cette influence, cette publicité ostentatoire, touchait son but et aveuglait les esprits des contrées voisines. Fronçant les yeux devant la personne qui reçut Law, la jeune femme partit du principe qu’il avait l’air déjà décidé de la tournure que prendrait cet entretien. Elle resta silencieuse, observant le moindre de ses gestes pour y chercher un peu de surprise ou de nervosité. Elle n’en trouva pas. Cet homme savait pertinemment pourquoi ils venaient, et ce qu’il allait répondre à la défense de Law. Andrea n’intervint à aucun moment, et se contenta de grimacer quand il tenta de négocier. Il était acculé, et elle détestait cela pour lui. Imaginant parfaitement la situation où rien d’autre ne pouvait être tenté, échouer à cette ultime tentative était encore pire. Pourtant, quand on veut réellement mettre la main mise sur une ville comme Nexus, Andrea se doutait bien qu’il fallait parfois plier pour mordre encore plus fort.

Elle sourit dans un masque de cire parfait à celui qui l’avait insultée, heureuse de se faire passer pour une femme de petite vertu et non pour une amie de « sire Raine ». Moins elle se faisait remarquer, mieux c’était. Si on la prenait pour sa pute du jour, alors parfait. Elle s’en félicitait même.

« Il ne t’a pas accueilli pour négocier, en tout cas. Le fait qu’il ne veuille rien de toi, même des propositions généreuses montre bien qu’il compte avoir mieux. L’être humain va toujours là où son intérêt est le plus grand. »


Changement de décor, tenue toujours aussi inappropriée. Andrea commence à s’y faire, et s’amuse du regard choqué des dames sur son passage. Elle leur fait un clin d’œil, alors qu’elle sourit à leurs hommes qui suivent des yeux ses jambes totalement livrées à leurs regards. Envoyant même un baiser du bout des doigts à un jeune noble de son âge, elle eut le plaisir de le voir rougir tandis que sa mère le reprenait. Amusant spectacle. Une fois présentée, Andrea plia un instant les genoux en inclinant légèrement la tête en avant. Tout juste ce qu’il fallait de politesse pour rendre son salut à ce qui paraissait être un ami. Elle ne garda pas totalement son calme toutefois, rougissant légèrement aux paroles des deux hommes. Celle qui partageait sa vie ? C’était vrai, et pourtant cela lui faisait plaisir de l’entendre. Glissant son bras sous le sien, elle hocha la tête en souriant à la remarque de l’autre homme. Oui elle imaginait bien que ce n’était pas tous les jours que Law ramenait une femme qu’il considérait ainsi. Du moins l’espérait-elle.

« Je vous en prie. » répondit-elle en rigolant quand ils s’exprimèrent en des mots plus crus.

Amusée de voir que, soudainement, Law la ménageait, la jeune femme resserra sa main sur le tissu sombre de sa chemise, oubliant le reste en plongeant dans ses yeux. Le remerciant sans un mot de l’avoir emmenée, de prendre le temps de lui montrer son quotidien, son monde. Le regard des nobles l’amusait, l’éclat d’envie dans les pupilles de l’interlocuteur de Law la faisait sourire, le palais la fascinait, les questions sur la politique nexusienne affluaient alors qu’elle les notait dans un coin de sa tête pour questionner Isaac par la suite.

« Je vous promets de penser à vous ce jour-là. Mais je vous préviens, la comparaison risque d’être difficile à vivre. »

Prenant les compliments pour ce qu’ils étaient, à savoir de simples mots dont elle avait trop eu l’habitude et qu’elle ne retenait pas de la part d’un homme si prompt à tenter de charmer, Andrea ne fut pas un instant déstabilisée par son attitude très pompeuse et respectueuse à son égard. Et ils partirent, enfin, pour leur destination initiale. La rue, le domaine de Law, et là où elle se sentait le plus à l’aise. Ici, elle pouvait maintenant se couler dans le paysage, disparaître aux yeux de tous. Une parmi tant d’autres, sa peau blanche dénotait malgré tout parmi toutes ces personnes au teint hâlé, mais son allure n’avait rien d’étrange. La plupart des femmes étaient en jupes, mais certaines tenues étaient si extravagantes que son pantalon en devenait banal et son corset à la limite de l’habituel.

Un peu plus tôt dans la soirée, Andrea avait joué, s’était amusée des ronds de jambes, rebondissements et déroulements de ce qui n’était, elle le savait, qu’un ennui passager pour son compagnon. Mais ici, au contact de monsieur tout le monde et des citoyens de mauvaise fréquentation ou de petite vertu, elle savait que tout serait plus authentique, honnête dans le bon comme dans le mauvais. Quel meilleur endroit pour faire la fête ? Immédiatement, la musique envahit sa poitrine et ses pieds esquissèrent sans s’en rendre compte quelques pas de danse. Elle se heurta à un couple qui s’embrassait avant de filer en direction des places, réquisitionnées comme piste de danse pour l’occasion. Tous les âges étaient représentés dans cette foule hétéroclite qui venait célébrer la divinité et leur amour de la nuit. Par-là, des enfants jouaient avec des lanternes, par ici, un vieillard soutenu par son fils atteignait difficilement un coin plus tranquille pour participer au spectacle de loin.

« Sur Terre, c’est pareil sauf que c’est plus souvent dans un établissement à quatre murs. La présence d’autres personnes n’est un obstacle nulle part… »

La vision des pauvres bougres qui devaient alterner entre hisser leurs corps et trouver un juste milieu à la douleur ne lui serra même pas le cœur. Elle imagina un instant Seiji à leur place, et se dit qu’il manquait à la Terre une petite dimension de torture pour extérioriser les pulsions des humains. La catharsis, c’était bon pour l’équilibre. Trop de violence refoulée, de frustration amenait à davantage de comportements déviants et dangereux pour la société.

« Désolée, c’était la première fois. Déjà, si je ne l’avais pas fait, je pense qu’Isaac m’aurait fait la leçon en trois langues, au moins. Histoire que je retienne bien. Mais c’est compris, je le ferai à l’avenir. J’ai encore du mal avec ce genre de raisonnement mais je vais m’y faire. »

Elle l’imite dans son arrêt net, sans cesser d’ouvrir grand les yeux de tous les côtés pour ne jamais laisser son esprit se reposer. Et à ses mots, sa décision est prise. Claire. Le fixant en prenant sa main, elle hausse un peu la voix pour qu’il l’entende.

« Je crois surtout que ce soir tu n’as pas besoin de moi. Que tu as d’autres choses à faire. Et que tu préfères que je ne sois pas là. A plus tard, alors. »

Non, il n’était pas un poids pour elle. Mais s’il préférait le croire pour se sentir plus libre, ça ne la dérangeait pas. Andrea sentait qu’il bouillonnait. Homme à action, comment pouvait-il rester aussi impassible toute une journée ? Ne comptant pas le priver de ce qu’il voulait, que ce soit une bagarre, du sexe, une vengeance, elle préférait le laisser y aller. Non pas qu’elle ne puisse pas affronter cet homme-là, loin de là. Mais il se sentirait sûrement limité, entravé si elle était là. Il ne pourrait pas être libre. Et la jeune femme refusait par-dessus tout d’être les menottes de quelqu’un. Elle se hissa sur ses pieds pour embrasser sa joue, presser sa main une dernière fois et disparaître dans la foule. Il n’avait pas besoin d’elle, et Andrea se sentait parfaitement capable de survivre ici toute seule. C’était un test. Voir si elle se sentait chez elle, même sans sa présence à ses côtés.

Rapidement, elle s’éloigna de lui, se rendit sur la place la plus proche et se lança au son de la musique. Le feu autour duquel ils dansaient tous chauffait fort, la faisant transpirer alors qu’elle passait de bras en bras, apprenant les pas au fur et à mesure, imitant les autres filles et invitant certaines personnes du public à la rejoindre le temps d’un instant. Presque aveuglée par les flammes, la jeune femme n’était plus totalement maîtresse de son corps. Les percussions l’avait possédée et elle laissait les cris rythmer ses sauts autour du feu. Au bout de plusieurs heures, quand ses pieds crièrent grâce, elle se laissa tomber sur un banc en bordure d’une zone de jeux, enlevant ses chaussures et regardant autour d’elle. Le front perlé de gouttes de sueur, elle chassa ses cheveux qui retombaient devant ses yeux pour admirer une femme d’une cinquantaine d’année qui jouait à cherche la carte, lire l’avenir et tout autre tour d’une fausse magie de foire. Un des deux yeux était fixe, et Andrea comprit rapidement qu’elle n’en avait plus qu’un seul lorsque celui-ci se fixa sur elle et qu’elle l’invita à la rejoindre.

S’exécutant avec plaisir, la jeune femme regarda son manège un moment. Elle admirait son habileté et sa constance dans sa réussite. Ses clients ne misaient pas grand-chose, parfois même des petits objets insignifiants.

- C’est pour le plaisir de gagner, vois-tu. C’est le seul domaine où je peux encore soumettre un homme, si tu vois ce que je veux dire. Pas comme toi, avec un corps pareil tu dois en faire tourner des têtes.

Andrea l’ignora et sourit en se levant et en commençant à rabattre des clients. Les petites filles s’attroupaient autour d’elle, la suppliant de pouvoir jouer avec ses cheveux, tandis que les hommes s’arrêtaient et demandaient en gage de leur victoire un baiser d’Andrea. Celle-ci acceptait sans hésiter, convaincue de l’adresse de la vieille femme malgré la volonté accrue des adversaires de remporter leur prix.

- J’ai jamais eu autant de clients, ma fille. Le succès pourrait être dangereux.
« Je pars, si vous n’en voulez plus. »
- Oh que non. Et puis tu pourrais p’têtre bien t’trouver un homme, si l’un d’eux te plaît.
« Ne gâchez pas tout alors que je m’amuse. Pas besoin d’homme pour sublimer la femme. »
- En voilà de grandes idées. Oh, on dirait que celui-ci a gagné. Tu as le droit de fuir, si tu veux.

Andrea haussa les épaules, rigola expressément et se leva. Elle saisit le col de l’heureux gagnant, un maigrichon que la nature n’avait pas gâté. L’embrassant sans hésiter, sans aucun sentiment, elle acceptait sa part du marché et cela valait bien de l’amusement. Oui, comme ça elle avait l’impression de revivre ces années passées à faire plaisir aux hommes à leur demande. Sauf que là, c’était volontaire et elle n’utilisait que ce que la Vie lui avait donné pour tirer profit d’une situation. L’autre voulu porter sa main à ses fesses, elle cessa le baiser et lui administra une claque retentissante qui fit rigoler ses admiratrices miniatures, qui applaudirent son geste alors que le gagnant filait la queue entre les jambes.

« J’espère que vous avez conscience que c’est moi qui paye vos erreurs, là. »
- Et qu’est-ce que tu veux que tu n’as pas déjà, gamine ?
« Ton jeu de cartes, et la certitude que tu ne vas pas envoyer un de tes protégés m’égorger dans une ruelle pour mon argent. »

Elle resta interdite, fixant cette fille à peine entrée dans l’âge adulte qui venait de percer sa véritable activité de la soirée. En jouant, elle repérait ceux qui avaient la bourse bien remplie. Et depuis tout à l’heure, certains de ses gestes se répétaient, puis des hommes d’une bonne stature disparaissaient pour réapparaitre. Le reste n’était pas bien difficile à comprendre. Sous ses airs fragiles et de bonne vieille femme, elle se servait de la fête pour en tirer profit. Sûrement quelqu’un qui ne venait pas d’ici ou qui avait vécu toute sa vie dans l’illégalité, pour bafouer ainsi une fête dédiée aux dieux. Andrea restait de marbre, tendant la main, son regard glissant parfois sur les gardes non loin qu’elle aurait tôt fait de prévenir. Il ne fallut pas bien longtemps pour que, maugréant, la vieille femme lui donne son jeu, son moyen de subsistance, et fit un signe agacé à ses fils pour qu’ils se dispersent. Elle se leva, et Andrea n’aurait pas été surprise de la voir enlever son œil de verre. Mais elle s’éloigna tout simplement.

Andy, récupérant ses cheveux joliment coiffés après l’effort de la danse qui avait eu raison de sa tresse, remercia les enfants en leur donnant une pièce chacune, et reprit ses errances à travers la fête, toujours attentive aux dangers qu’elle ne soupçonnait pas encore.

Ce n’est qu’au petit matin, quand les rires s’éteignirent avec le lever du soleil, qu’elle quitta les festivités, abandonnant la statue du dieu derrière elle. Pieds nus, la peau marquée d’ampoules, Andrea retrouva son chemin après quelques hésitations. Epuisée, elle rentra dans le casino sans aucun problème. Law avait dû donner des ordres. Se dirigeant vers la seule chambre qu’elle connaissait, elle enleva ses vêtements un à un avant de se glisser sous les draps et de s’endormir sur l’instant. Demain était un autre jour. Un jour de travail. Il ne lui restait sans doute que deux ou trois heures de sommeil, mais tant pis. La soirée avait été bonne. C’est sur une dernière question qu’elle sombra dans l’inconscience : est-ce que Law avait pu faire ce qu’il voulait ?
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 20 samedi 22 février 2014, 21:39:38

Il l'avait regardé partir avec un certain regret, poussant un vague soupir que personne n'entendra. Puis il se retourne, fendant la foule, attrapant un homme par le col.

« -Tu réponds de sa vie. Tu surveilles le moindre de ses faits et gestes, et si quelque chose de louche lui arrive, tu mets les moyens pour t'assurer de sa sécurité.
-Oui, Maître. »


Il lâche une tape sur la joue de son employé, avec gentillesse, puis le serre contre lui un bref instant, avant de s'éloigner. Moui, il se sent d'humeur affectueuse.

Il ne savait pas si il avait encore une protection, du coup. Normalement, deux hommes séparés étaient après lui, mais dans la foule, il ne voyait pas le second, et peu lui importait. Il espérait presque le semer. La foule se faisait bien vite plus éparse, et les célébrations plus discrètes. Tout un quartier de Nexus s'était réunis autour d'une fontaine, quelques deux-cent personnes, chantant en choeur, plus conviviaux, plus civilisés. Law comptait les éviter aussi. Plus loin, plus loin. Il marchait sans but. Le soir s'assombrissait sérieusement. Il devenait difficile de se repérer. Les pavés étaient plus irréguliers. Une taverne aux portes grandes ouvertes, enfin. Au nom de l'établissement, il se savait revenu dans les bas-fonds. Personne derrière lui. On ne le suivait pas.

Certains types, profitant de la lumière de deux lampions, buvaient à une table au-dehors, ne craignant pas le froid. Law sentait la fatigue, l'exaspération. De nouveau cette chaleur dans les yeux et l'attention au ralenti. Il toussait en se rapprochant pour signaler sa présence aux alcoolisés, avant de poser les deux poings sur la table.

Salut, bâtards d'esclaves à Tekhans.

On se dressait sur son siège, fronçant les sourcils. Dans la taverne, certains penchaient la tête, intrigués.

J'ai envie de coller des pains. Et après, vos femmes me suceront la queue.

Il espérait les provoquer... Mais non. Les types pensaient sans doute à une blague, à un défi, ou à une quelconque célébration en rapport avec la fête de ce soir. Ce n'était pas le cas. Et l'esclavagiste n'avait pas envie de faire mumuse pendant dix ans, aussi, il saisit le rebord de la table et la balance contre le mur, puis s'écarte. Combat engagé. Les pains fusent, les esquives avec, un joyeux bordel où il se retrouve vite à 12 contre 1, le seul sobre, mais ça ne suffira pas pour vaincre facilement. Il veut du challenge, et il en aura : Certains sortent des lames, on lui envoie une carafe pleine vers la tronche, on utilisera même le mobilier comme arme improvisés. Il lui faut valser avec la gravité, jouer avec les corps, monter sur le dos de l'un pour frapper sa nuque avec puissance, briser le genou d'un autre qui tente de lui mettre un coup de chaise, et la chaise lui atteint la tête, mais il encaisse, roule, se redresse, essaie d'amortir un poing visant son bide, cajole le bras pour répliquer d'un direct du droit en pleine face, et hurle un « YIIIIHEE ! », grand sourire aux lèvres, se faisant ensuite prendre le bras d'un côté, les vêtements de l'autre, il tente de repousser, se prend des phalanges sur un côté de la face, riposte en amenant l'un contre l'autre les deux qui le tiennent, frappe à tout va pour les dégager, recommence avec celui qui l'avait frappé, sa botte heurtant les mols abdominaux d'un type particulièrement imbibé, le faisant décoller du sol sous la force du choc, et il le rattrape pour le jeter sur ses potes.

Il n'y aura pas de « dernier debout ». Une bonne moitié sera plus ou moins d'attaque quand il décidera finalement de grimper sur le toit avec une agilité déconcertante. Une larme sera jetée, qu'il esquivera tel un toréador. À la lumière du lampion, perché à ses pieds, il vérifie que sa chemise n'a rien, et la rajuste. C'est Andrea qui l'a choisie, se dit-il. Je suis immortel dedans. Et il plonge dans la fouille, donnant un coup de pied dans un poignet pour empêcher le couteau de transpercer, et s'écraser mollement sur eux. Choc à la hanche lors de la chute. Il se marre, se redresse, en saisit un tout sec, le traîne un peu à l'écart, et lui distribue mandale après mandale.

Criminels ! Tous !

On se jette sur lui, il n'évite pas, préférant foncer tête baissée pour heurter tel un rugbyman l'abdomen de l'agresseur, et l'emporter dans le sens inverse de sa course, jusqu'à le plaquer contre un mur. C'est seulement maintenant qu'il décide de partir en courant. Un sprint fou, jusqu'à ce qu'il soit hors de portée. Course à perdre haleine. Lorsqu'il s'arrête enfin, il est exténué, il a mal partout... Mais il se sent tellement mieux.



« -Ces chiennes de Nexus ne m'auront pas, Isaac. Tu m'entends ?
-Oui, Maître. Tempérez-vous.
-Attends... Rend-moi un service. Tu mets ces vêtements quelque part. À l'abri. Tu ne les laves pas. À un endroit où ils seront.. tiens, met-les dans un petit coffret, que tu planqueras dans la salle à reliques.
-Bien. Apportez-lui un thé.


Les deux jeunes esclaves – un terranide, une humaine – finissent de le déshabiller lorsqu'il s'écroule enfin sur un amas de coussin. Ses yeux sont clos. Il est complètement nu, affalé.

-Andrea n'est pas rentrée ?... Isaac ?
-Monsieur Isaac est partie ranger vos affaires, maître.
-Ah. Hm.


Ses membres étaient écartés. Armés de petits seaux d'eau chaude et d'un savon précieux, ses deux esclaves, diligents et soigneux, frottaient son corps, avec une patience qui trahissait une certaine affection pour le tyran qui leur avait personnellement mis ce collier de cuir autour du cou.

Le jeune garçon se risque à lui parler. Risque, car c'est une attention qu'il apprécie parfois, et récompense... sauf quand il est dans ses mauvais jours – auquel cas, il leur assène un sec « Ne parle qu'avec permission », et en vient parfois à sentence.

-Votre journée s'est bien passée, Maître ?
-Pas du tout. Mais... Les lendemains sont toujours plus beaux. Vous aimez quelqu'un ?


Les deux esclaves se regardent, perplexe.

-Nous n'avons pas le droit d'aimer, Maître. Vous nous l'interdisez.
-Je sais. Je sais aussi vos restrictions vestimentaires et alimentaires, et je sais que les employés réguliers vous aident à les transgresser quand même. Et je ne lutte pas activement contre, n'est-ce pas ?


Nouvel échange de regard, lavant toujours le pacha. Partout. Sans pudeur, ni hésitation, ni sous-entendu d'aucun genre. Décomplexés. C'est la demoiselle qui parlera, avec un léger accent roulant.

-Nous n'aimons que vous, Maître.
-Hmf... Je vois. Savez-vous pourquoi je vous interdit d'aimer ?
-... Au cas où l'un des deux est vendu ?
-Précisément. Si seulement les acheteurs avaient un cœur tendre, ils accepteraient de vous acheter en couple systématiquement, mais ils sont pragmatiques, ils savent que ça ne peut être qu'un nid à problèmes, et refusent... Et ils ont raison.
-Certainement, Maître.
-Vous l'avez vu ?
-Qui ça, Maître ?
-Andrea. La jolie fille qui m'accompagnait.
-Non. On nous en a parlé.
-Vous allez l'adorer. Elle est si...


Les mots lui manquent. Beaucoup de qualificatifs lui viennent, mais rien qui n'arrive à traduire exactement sa pensée. La fatigue, peut-être.

-Vous verrez ! Soyez bons avec elle. Elle le sera avec vous. Elle sait ce que c'est qu'être une esclave.
-C'était une esclave, Maître ?
-À mes yeux, oui... Mais pas comme vous. Elle était prisonnière d'elle-même. Un jour, elle a décidé que ça suffisait. Elle a entrevu la liberté et l'a saisie. … Dit comme ça, ça ressemble aux histoires qu'on raconte aux enfants pour les endormir. Tss.
-Qu'est ce que c'est, prisonnière d'elle-même ?
-C'est quand on s'oblige à faire ou à ne pas faire quelque chose soi-même, ou être, ou penser... Et qu'un jour, on découvre qu'on a été dans l'erreur.
-Maître ?
-Hmm ?
-Vous êtes amoureux d'une ancienne esclave ?


Aussitôt la question posée, le jeune homme s'attendait à une pluie de claques. Son geste de frottement de la jambe de Law se stoppe, en sentant ce dernier se tendre. Les doigts crispés sur sa douce serviette humide qui nettoie le big boss, il n'ose plus bouger. Le regard le foudroie un instant... Avant qu'il ne referme les yeux. Profond apaisement.

-Elle vaut mieux que moi, vous savez.

Le thé arrive, posé à ses côtés. Le terranide abandonne sa tâche, nettoie ses mains sur son pantalon, et lui remplis sa tasse pour lui tendre, que Law boit immédiatement. Il fait confiance à ses gens pour que le breuvage soit buvable sur l'instant. Pile à la bonne température. Grandiose. Quant à sa collègue, elle arrête de le laver à son tour, puis ouvre le petit nécessaire de soin pour étaler un peu d'onguent sur une belle plaie à sa mâchoire, avant d'y appliquer un peu de toile pour couvrir ce pansement généralement fort efficace sur lui, fixé avec quelques petites bandes collantes. Elle s'assure que ça ne bouge pas, puis lui sourit et baisse la tête.

-Maître ?

… Wo.

-Jana.
-Je me suis faite belle exprès pour vous.


Les Privées. La plupart servaient de rabatteuses. Elles étaient tout simplement les plus belles, et, souvent, les plus douées. À la différence des autres, personnes ne pouvait les toucher. Ce club très privé et très restreint était le buffet personnel du patron, qui en usait pourtant sans abus, avec une certaine raison. Ancienne esclave, Jana est vite montée dans la hiérarchie lorsque Law a remarqué cette beauté surnaturelle. Trois heures avec elle avait suffit à le convaincre qu'elle était exceptionnelle, en-dehors de toute considération humaine.

-Peut-être auriez-vous besoin d'un peu de réconfort, hmmm ?


Elle s'approche, roulant des hanches, aguicheuse, et soulève sa robe pour la faire s'abattre sur le corps nu de son idole (censément ; un culte de la personnalité ça ne marche pas à tous les coups), et pose ses fesses sur son bassin, en amazone, l'écrasant à peine. Elle tend sa main vers le pansement et fait une légère grimace.

-Vous avez dû avoir mal... Mais vous êtes le plus fort.
-Il y en a certains au Palais d'Ivoire à qui tu devrais l'apprendre...


Elle se penche, langoureuse et sensuelle, et embrasse son menton, puis son cou. Ses yeux brillent d'admiration, et les doux gémissements qui s'échappent de ses lèvres témoignent de son envie.

… Ah, oui : C'est aussi une merveilleuse actrice.

-Vous voulez que je sois la Reine, ce soir, Maître ? Vous pourriez me faire mal, très mal... Vous m'utiliseriez... M'humilierez... Ma royale déchéance entre vos mains... Vous seriez plus grand qu'un Roi... Mon Maître...

Il fond. Elle le connaît si bien. Tellement que la frontière entre son scepticisme et sa crédulité devient floue.

-Tu veux me rendre un service, Jana ?
-Je ne vis que pour ça, Maître.
-Dégage.


Elle se redresse, un peu surprise. Le mafieux n'avait pas l'air de mauvaise humeur : Il semblait disposé, et c'est pour cela qu'elle s'était permis d'attaquer. Elle signe ici son premier échec. Une humiliation profonde pour elle.

-M...
-Si tu as tant envie que ça, je te ferais tringler par Kaylan, voire même par Isaac... Enfin... Ce serait toi qui le violerai, pour le coup... Mais ce soir, je te prie, va voir ailleurs.


Elle ravale sa fierté, se relève, signe avec déférence, et disparaît. Law soupire. Trois esclaves se tiennent encore autour de lui : Deux accroupis qui l'entourent, une troisième, terranide aussi, debout, ayant apporté le thé.

-Vous... Vous allez vous attacher au service d'Andrea. Vous allez répartir votre temps entre moi et elle. Cécile arrangera ça, vous lui demanderez. Votre nouvelle maîtresse sera grandiose avec vous, sans aucun doute...  Et vous serez dévoués envers elle. Compris ? Dites aux cuisines que je vous accorde un repas supplémentaire. Mangez bien, dormez bien.
-Oui maître. »


Un choeur d'acquiescement, et ils disparaissent. Il s'endormira au bout de dix bonnes minutes, affalé sur le dos, comme si il venait tout juste de s'écrouler.



Le lendemain.

Le soleil était levé depuis plus de trois heures. Nous n'étions pas loin du milieu de journée, mais c'est un petit déjeuner qu'elle verrait apparaître. Quatre personnes autour : Deux à genoux, un troisième qui s'agenouillait après avoir posé le plateau aux côtés de l'endormie, et un debout. Ce dernier tournera la tête pour que son long bâillement reste discret, puis se retourne vers elle.

-Tirelle, Resed et Amara. Les trois sont désormais à vous. Tirelle excelle dans les massages, et elle connaît Nexus. Amara parle assez mal notre langue, il est conseillé de lui faire la conversation, même pour ne rien dire. Et elle connaît la cité aussi. Resed a longtemps servi d'esclave sexuel, il a donc certains talents dans ce domaine malgré son jeune âge. Vous pouvez leur demander absolument ce que tu veux. … Absolument tout. Ceci (il désigne trois gros dossiers de cuir) sont les comptes du mois. Rien de compliqué, il suffit d'ajouter tout ce qui vous parviendra, de recouper et de vérifier les chiffres entre eux pour contrôler que rien ne manque, quant aux analyses tendancielles, je le ferais moi-même à mon retour. Vous ne serez payée que deux heures par jour, veillez à ne pas dépasser ce seuil. Tous les dossiers doivent être rangés dans son bureau, c'est très important. Quant à ça (Il désigne une autre chemise bien plus fine), c'est tout ce que j'ai pu réunir d'instructions. Il y a les panneaux d'affichage de demandes de travail, les meilleurs endroits où se sustenter, acheter de quoi s'habiller, s'équiper en général. Vous n'êtes pas à l'abri de tomber sur un commerce que M. Raine finance en sous-main, mais peu importe, il a dit qu'il n'interférerait en rien. Pour finir, son procès est à 7 heures, ce soir. Il sera normalement expéditif. Nous ne savons pas si nos arrangements vont réussir, nous le découvrirons dans la journée. La Grande Cour de Justice a été réservée, non-loin du Palais. Une demande a été envoyée au comte Makhno, qui vous fera entrer et vous accompagnera si vous tenez à y assister. Il n'a pas encore répondu mais il acceptera sans doute. Je vous conseille de vous présenter près de chez lui. Pour finir, un peu d'or et d'argent pour vous aider dans vos frais de départ. Parce que je sais que vous n'allez pas l'accepter facilement, convenons quelque chose : C'est un prêt sans intérêt que vous font les finances de M. Raine, et que vous rembourserez en temps voulu.

Une pause. La tristesse s'installe sur l'habituellement inexpressif visage d'Isaac.

J'écoute vos éventuelles questions. Après quoi je partirai... en congés.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 21 dimanche 23 février 2014, 00:05:10

Sa première nuit à Nexus fut, malgré ses belles paroles et certitudes, agitée. Sans en avoir conscience, Andrea se débattit dans son sommeil, poussant contre un mur invisible, donnant des coups de pieds au fantôme de son demi-frère qui revenait la hanter. Cela faisait des années qu’elle n’avait pas eu sa visite impromptue en plein rêve. Habituée, acceptant sa situation, même son inconscient s’y était fait et ne la laissait plus revivre cet anniversaire où tout avait commencé. Et il avait fallu que ce soit ce soir-là, alors qu’elle goûtait à sa liberté, que le sourire et les ordres de Seiji la rattrapèrent. Il la fit se mettre à genoux, ignora ses pleurs, lui répétant que c’était de sa faute. Qu’elle était trop jolie et qu’elle lui donnait envie, jour après jour. Transpirant dans son sommeil, Andrea tentait de rejeter le cauchemar de toutes ses forces et pourtant, la torpeur ne voulait pas la lâcher, l’emprisonnant dans un miasme cotonneux dont elle ne pouvait se défaire. Sans doute cria-t-elle dans son sommeil, les yeux s’agitant derrière des paupières closes. Sourcils froncés, gémissements aux lèvres, elle réalisa en dormant ce qu’elle n’avait jamais eu le courage de faire avant son départ. Affronter Seiji, se débattre, dire non. Prendre sa liberté, ne pas plier devant l’esclavage moral auquel il l’avait condamnée. Rejeter de tout son être une soumission et un abandon qu’elle n’avait pas désirés.

Ce sont sûrement les odeurs qui la réveillèrent. Encore à moitié endormie, Andrea plissa le nez et reconnut l’odeur d’un sachet de thé qui infuse, du pain chaud et probablement encore craquant. La boulangerie envahissait ses narines, alors qu’elle poussait un long baillement avant d’enfin papillonner des yeux. Pour voir quatre personnes toutes dévouées à sa présence. Elle se redressa prestement, récupérant le drap au passage afin de couvrir sa poitrine. S’étant entièrement déshabillée la veille au soir, elle venait de se rappeler ce détail, juste à temps pour ne pas exposer sa nudité aux personnes qui attendaient sagement son réveil. Quand elle reconnut Isaac, Andrea rougit d’autant plus d’apparaître ainsi devant lui. Bien entraîné ou alors habitué à la présence de femmes dans le lit de Law, le fidèle bras droit du maître des lieux ne broncha pas et déballa son discours. La jeune femme se concentra pour suivre ses paroles, hochant la tête aux explications, en serrant davantage ses doigts sur le tissu, faisant blanchir ses phalanges.

Alors que la veille elle s’était dévêtue à plusieurs reprises devant le personnel ou Law sans rien avoir à cacher, la présence d’Isaac était suffisante à lui rendre un semblant de notion d’intimité. Elle l’estimait, l’appréciait, et retrouvait donc un comportement normal à son approche. C’est sans doute parce qu’elle n’avait pas croisé homme plus banal, plus ancré dans la réalité depuis longtemps. Les esclaves n’étaient qu’une figure abstraite pour elle, mais elle s’en faisait une idée précise : des êtres faits pour servir et ne pas réagir selon la logique des actions humaines. Isaac était différent, à son niveau, un ami malgré leurs fréquentations trop rares. Et il lui faisait retrouver un peu de retenue. Surtout qu’elle ne pensait pas qu’il allait la réveiller en personne.

Elle qui s’attendait à voir revenir l’esclavagiste au moins pour quelques heures de sommeil, voilà qu’elle était bien surprise. Il n’était pas rentré ? Andrea comptait sur lui pour la réveiller, histoire de ne pas trop dormir et de se mettre au travail sur le champ. Elle avait l’air de quoi, là, s’éveillant à une heure certainement bien trop avancée ? Ses pommettes déjà bien colorées rosirent d’une autre forme de honte, donc, dépitée de voir le soleil éclairer la chambre et la journée déjà bien entamée. Elle n’aurait pas dû rentrer si tôt ce matin et se montrer raisonnable. Mais la fête avait été une réussite même si, amère, Andrea aurait aimé découvrir ce nouveau visage, festif et joyeux, de la ville avec son bienfaiteur.

« Bonjour Isaac. Je te dirais bien de remercier Monsieur Raine pour moi, mais tu ne vas pas pouvoir avec tes vacances. C’est une excellente idée. Sans doute pas la tienne. Comme toujours, tu es d’une efficacité exemplaire et d’une précision rare. Mais il y a quelque chose qui ne va absolument pas. »
- Quoi donc ?
« Arrête de me vouvoyer je te prie. Ça en devient agaçant. »
- Impossible, c’est mon rang.

Andrea poussa un soupir à fendre l’âme, bien consciente qu’elle n’y arriverait probablement jamais et que la guerre à qui abandonnerait le premier était déclarée entre Isaac et elle. Se drapant dans le tissu pour ne pas avoir à le retenir, Andrea se saisit d’un des dossiers de compte et le parcourut rapidement pour déceler d’éventuelles questions qui lui viendraient à l’esprit. N’ayant pas envisagé l’éventualité d’être seule à ce poste aussi rapidement, elle angoissait un peu quant à ses soudaines responsabilités. Foutu réflexe de se sentir bonne à rien. La jeune femme n’en laissa pourtant rien paraître, puisqu’il était évident que si Isaac décelait de l’inquiétude, il ne la laisserait pas et resterait dans les parages. Après lui avoir posé deux trois questions sur la signification de certaines annotations et sur la valeur d’une pièce d’or comparée aux autres pièces, Andrea lui sourit et referma l’objet de son attention.

« Je vais bien m’occuper de tout cela, c’est promis. Repose-toi, on dirait un fantôme. A mon retour tu m’apprendras à en faire plus. Merci pour tout. »

Elle récupéra la clé du bureau de Law qu’il lui laissa après lui avoir expliqué son emplacement, et prit congé. Alors seulement, l’attention d’Andrea se reporta sur les trois personnes qui étaient manifestement là pour son service. Une première dans sa vie. Et pourtant, elle savait que leur dire qu’elle n’avait pas besoin d’eux serait une insulte empreinte de mépris envers eux. Prenant une grande inspiration, elle s’adressa donc à eux en buvant son thé et en grignotant quelques fruits.

« Vous pouvez utiliser mon prénom. Andrea. A partir de maintenant je vais souvent vous voir. Si vous obéissez comme vous le faites avec votre maître, alors tout ira bien. Travaillez correctement et je saurais me montrer généreuse. Tirelle, fais-moi couler un bain. Resed, tu vas aller me chercher de quoi m’habiller. Quelque chose d’approprié pour travailler, et pour me rendre à un rendez-vous important ce soir. Juge par toi-même ce que cette ville a l’habitude de voir. Amara, raconte-moi Nexus et parle-moi de la géographie de ce monde. »
- Bien, maîtresse Andrea, acquiescèrent-ils tous d’une même voix en s’exécutant sur l’instant.

Satisfaite, la jeune femme se délassa un instant dans son bain alors qu’on la lavait, chose dont elle était encore peu familière. Tendue et crispée, elle dut à plusieurs reprises les rassurer quant à leur travail, inquiets qu’ils étaient de la voir aussi peu disposée à la détente. Elle se familiarisait avec eux, apprenant à réagir comme ils l’attendaient de sa part. S’accordant à leurs faits et gestes, les félicitant quand ils répondaient à ses attentes. C’est ainsi, qu’un peu plus tard, elle était fin prête, et les congédia afin de se rendre jusqu’au bureau utilisé par Isaac afin de se plonger dans ses livres. Plus de deux heures. Bien plus que prévu. Mais les chiffres l’amusaient, et elle jonglait avec facilité. Isaac ne lui avait vraiment rien laissé de bien compliqué. Sur les coups de quinze heures environ, bien que ce soit une approximation au vu de la course du soleil, Andrea s’étira, rangea l’ensemble et sortit pour chercher un atelier de couture qui pourrait la prendre à l’essai.

Perdant beaucoup de temps à admirer, découvrir, visiter, se perdre, Andrea n’eut pas beaucoup de succès mais n’était pas pressée. Demain était un autre jour. Son argent, elle le garda soigneusement, en cas de réel besoin. Il était inutile et stupide de dépenser quelque chose qui n’était même pas encore vraiment à elle. C’est sans repasser par sa nouvelle demeure qu’Andrea changea de quartier pour retrouver tant bien que mal, selon les indications des passants, la demeure du comte. Il était encore bien tôt lorsqu’elle se présenta à sa porte, y voyant là l’occasion de converser avant de se rendre au lieu du jugement.


 « Comment les choses s’engagent-elles, réellement ? »
- Pas très bien, mademoiselle. Un homme frustré et blessé dans son ego n’abandonne pas facilement. Même la stratégie de prouver le coup monté n’a pas toutes ses chances. Notre ami commun est, disons… connu pour ses embrouilles avec la justice. Il flirte avec, la baise comme une catin un jour et lui promet la Lune le lendemain. Vous voyez, il refuse l’aide de qui pourrait l’aider.
« La Reine ? Je pensais que le système était pourri en son centre et qu’elle en était le ver malade. »
- Comme toujours, c’est sa vision des choses. Celle-ci n’est pas si mauvaise et attache de l’importance à la transparence de son gouvernement. Elle n’accepterait pas un procès bâclé et rempli de zones d’ombres.
« Mais comment prouver qu’il a donné un ordre ? C’est une parole contre une autre. Rien de valable. »
- Je ne sais pas d’où vous venez, mais ici, si un gars aussi haut placé décide d’avoir raison, alors il orientera la chose en sa faveur.

C’est donc malgré tout un peu inquiète qu’elle suivit son guide jusqu’à l’immense bâtiment, lui aussi plein de faste et de dorures montrant la puissance du pouvoir qui y siégeait. Elle aurait aimé pouvoir faire quelque chose, mais quoi ? Tuer de sang-froid cet homme si détestable alors que Law serait clairement vu et reconnu ailleurs ? Dangereux, et inefficace. On l’accuserait une fois de plus d’avoir commandité le geste. Tenter de corrompre ce même homme ? Elle n’avait pas suffisamment d’argent, et il n’en avait pas voulu. Il préférait sa vengeance aux cadeaux et aux présents pourtant alléchants. Elle devait se contenter de laisser Law mener à bien son plan de défense, probablement en prouvant que le meurtre ne lui était pas profitable à lui mais à d’autres. Une ébauche d’idée lui vint à l’esprit, mais elle ne pouvait la concrétiser. L’homme rencontré au palais l’avait vue, il la connaissait et cela lui enlevait tout effet de surprise sur un faux témoignage qui aurait pu être poignant. Elle devrait donc rester simple spectatrice et croire que Law était bien au-dessus des machinations qu’on lui prêtait.

- Regardez. De gauche à droite, le président du tribunal, ce qui sert d’avocat à la partie civile. Autrement dit, celui qui va essayer de le faire tomber. Le scribe, ensuite, qui va retranscrire chaque parole énoncée durant le procès. Vu l’accusé, je pense que ça ne manquera pas de piquant.
« Il va s’en sortir, ça ne fait aucun doute. Les autres ne le valent pas en matière de discours. »

Une pause, un sourire amusé de l’homme qui la couve du regard en regrettant qu’elle soit déjà prise. Froide, inaccessible et pourtant si attirante. Perle rare, sans doute, qui s’ignore alors que son détachement et sa naïveté font tout son charme.

- Que diriez-vous si nous allions plutôt fêter une victoire hypothétique autour d’un verre, vous et moi ? Vous ne pouvez pas être amoureuse d’une racaille pareille sans la moindre distinction.

Andrea plissa le nez dans une moue amusée, sans quitter la porte des yeux pour lui faire comprendre, quand il entrerait, qu’elle l’attendait.

« Pourquoi tout de suite employer de grands mots ? Je dirais plutôt qu’il n’y a qu’avec lui que je me sens entièrement libre. Là où l’amour attache, il me laisse sans aucune contrainte, confrontée à mes propres choix, maîtresse de mon monde. On ne peut faire de plus beau cadeau, ne croyez-vous pas ? Je ne pense pas que vous comptiez m’offrir autre chose qu’une aliénation, en passant par votre lit et pourquoi pas par votre bras comme un trophée que l’on expose. Alors ce verre, ce serait avec plaisir si j’appréciais de boire. Quel dommage, n'est-ce pas ? »

A ces mots, la jeune femme ne fit plus attention à l’homme qui l’accompagnait, et se recentra sur les préparations du procès. Quelque part, elle avait hâte d’y assister. Elle l’imaginait déjà, grandiose, se jouant des mots et des accusations pour ridiculiser tout le monde, s’en tirer haut la main et cracher sur leurs pieds avant de disparaitre en riant.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 22 dimanche 23 février 2014, 12:09:07

« -Appelons le prévenu, Tyler... …

L'assesseur, censé assister le président du tribunal, rajustait ses petites lunettes pour lire la note remise par la défense.

-Tyler Avicenni Pardès Marshak Dearborn Aix Aslan Raine-Cross. … Sieur Raine-Cross ?

Il se tournait vers les gardes. On n'avait personne à amener, aucun détenu enchaîné qui n'était censé se faire traîner jusqu'à la barre. Le juge commence à ouvrir son dossier, ayant dans l'idée de statuer en l'absence de l'accusé, visiblement absent.

… Mais ça bouge dans l'audience. Une main se pose sur l'épaule d'Andrea, et l'homme juste derrière elle s'enfuit en fendant la foule, s'avançant vers le prétoire. Il passe au-dessus d'un muret de séparation d'un petit saut, et ôte sa capuche.

-C'est moi. On est parti.
-Vous êtes sieur Raine-Cross ?
-Ouip. Tyler suffira.
-Prenez place, sieur Raine-Cross.
-Tyler, j'ai dit. Bon, Raine tout court, d'accord ? Je viens ici simplement, sans chichis, me défendre contre la haine.


Ceux qui le connaissent ne s'étonnent pas de ces manières dans une enceinte censément sacrée. Le président soupire, puis fait signe à tous de s'asseoir. Law saisit ce moment pour défaire l'attache au niveau de son cou, lui permettant d'enlever sa toge, découvrant son corps entièrement nu. Entièrement. Nu. Recouvert des pieds à la tête de peintures rituelles d'un bleu très foncé et d'un rouge tout aussi sombre, dessinant tantôt des entrelacs s'entrechoquant, graphant d'autres fois des glyphes dans une langue qui sera, là encore, inconnue à ses yeux. Si sa mémoire est bonne, elle aura des réminiscences des symboles gravées sur certaines statues divines. Il s'assied ensuite. Le juge se penche.

-Sieur Raine, veuillez vous rhabiller.
-La nudité n'est nullement interdite en ce tribunal. J'ai des précédents.


Il claque des doigts et un fonctionnaire approche, lui tendant un dossier de cuir qui fut précédemment examiné par la cour. Il l'ouvre, en compte les feuillets pour vérifier que rien ne manque, puis en sort deux.

-J'ai ici une liste de procès s'étant déroulé avec l'un des concernés nus. Invoquant des traditions religieuses, le plus souvent.
-Votre foi vous impose de venir nu ici ?
-Non... Mais j'ai dit « le plus souvent », ce qui implique que ce n'est pas la règle. Je tiens d'ailleurs à noter qu'il n'est en rien interdit aux esclaves de venir nus ici, la cour ayant déjà eu à statuer qu'elle ne s'immisçait pas dans la façon qu'ont les propriétaires de traiter leurs esclaves, et que, partant de ce principe, ceux-ci peuvent accomplir l'acte qu'ils veulent et venir dans la tenue qu'ils veulent tant que ni les lois ni le Maître ne l'interdit.
-Vous n'êtes pas esclave.
-Si c'est nécessaire, je peux déclarer ma possession envers quelqu'un. Lui, là, pourquoi pas.


Il désigne du doigt un employé du ministère public, celui-ci semblant plus qu'étonné. Il ne sait que dire. Le président coupe court à ce manège.

-Très bien, très bien, nous avons compris que vous étiez un excentrique... Pourriez-vous, s'il vous plaît, couvrir au moins vos parties génitales ?

Law semble contrarié, mais accepte... utilisant le dossier pour le poser sur son bassin. Lourd soupir du juge.

-Commençons.


Un grand homme, plutôt altier, d'un verbe haut, s'était levé, et, dressé devant le juge, expliquait à quel point l'autre homme, opposé à Law dans la salle, était la véritable victime : Oui, il avait tué un homme, mais nous n'étions pas à son procès, mais à celui de Law : Law, connu comme étant un honnête esclavagiste, mais déjà cité de nombreuses fois par des détenus comme commanditaire de leur crime ; Law, qui corrompt les hommes pour s'assurer des marchés ; Law et son armée dissidente, son économie dissidente, sa morale dissidente ; Law qui surpasse les lois parce que certaines autorités ont peur de lui, parce qu'il fuit, manipule les lois ; Mais aujourd'hui, c'est l'occasion, avec un grand O. Il est là, devant eux, et un courageux mercenaire, ayant commis un crime contre sa volonté mais uniquement par la nécessité, a enfin brisé l'omerta, et vient mettre un nom sur la plaie qui ronge Nexus. C'est lui, ce « Tyler Raine », qui a toujours échappé à la justice et peut enfin être condamné. Les preuves sont tangibles, les suspicions sont pleines, et l'homme est moqueur, hautain, comme si il était au-dessus de tout.

Trente ans demandés, rien que ça, et l'appropriation de ses biens illégalement acquis par l'Etat. Le juge sourit, puis l'invite à se rasseoir.

-Sieur Law. Vous n'avez personne pour votre défense ?
-Non. Et vous ?

Rires dans la salle.

-Vous souhaitez vous défendre vous-même ?
-Bien sûr. Permettez-moi une question d'abord... Pourquoi est-ce que ce n'est pas le juge Briss qui est assis à votre place ?
-Ce sont des questions de procédure qui n'ont pas leur place ici. Je suis le juge désigné pour ce procès, c'est tout ce qu'il y a à dire. Veuillez plaider ou vous taire.
-Hmmm... Bien.


Il se lève, jetant le dossier de cuir  sur la table devant lui, puis se met droit, debout devant le magistrat.

-Je demande solennellement la permission de prier.
-Faites vite.


Il s'accroupit, lève les paumes vers le ciel, baisse la tête et ferme les yeux. Quelques secondes où ses lèvres s'agitent, et où il sera le seul à entendre ses murmures.

Leur vengeance est illégitime. Je conduis la mienne en ton nom. Je te laisserais guider ma lame pour savoir si je dois leur rendre les coups portés. Ô Dieu, j'exécuterai ceux qui offensent ta justice, seule légitime en mon cœur. Je suis un acteur traîné de force sur scène. Si, en ce jour, tu choisis de m'exécuter, sacrifie ma dévotion pour protéger ceux que j'aime.

Il finira par ses mots rituels, et se redresse, queue à l'air, tout sourire.

Je dédie ces mots à toutes les femmes présentes dans la salle. Sauf une, qui mérite mieux que ça.

Balayant l'assistance, il se retourne ensuite vers le boss du prétoire.

Je n'ai pas grand-chose à vous dire, en vérité. Relevons d'abord les arguments relevés par mon adversaire : Des prétendus citations de mon nom par des détenus qui n'ont jamais été poursuivis. Ma façon d'éviter les tribunaux et de rire des lois alors même que je suis toujours venu ici avec le plus grand respect pour cette cour, me défendre des fallacieuses accusations et en est toujours été blanchi. Invoquer cela ne relève donc d'aucun fondement recevable.

Il se penche ensuite sur ses documents. Il cherche. Cherche. Puis...

Putain... C'est chiant, le droit, hm ?

Il envoie chier son dossier, littéralement : Le prenant, il le balance dans l'air, les papiers s'envolant et retombant dans une jolie pluie blanche.

Non non, on va faire autrement. On va plutôt parler de corruption. Combien le juge Briss a-t-il reçu du Sieur Utsaah, responsable de la police, pour me déclarer coupable avant même que le procès ne commence ? Combien fut payé le seul tueur de cette cour, celui qui m'accuse d'être son commanditaire, lui, là, pour prétendre qu'il me connaissait, alors même qu'il n'a aucune preuve, absolument AUCUNE ! Qui le relie à moi. Mes employés, tous mes employés, ont un papier signé de l'un de mes assistants pour certifier qu'il travaille pour moi. 4 500 personnes à Nexus environ. Un marché totalement transparent. Et de ces 4 500, tous pourront jurer sous serment qu'ils ne connaissent pas cet homme non plus. Continuons. Combien monsieur l'avocat machin a-t-il reçu pour faire exprès de perdre ses trois derniers procès, dans l'unique but de faire condamner des criminels que certains fonctionnaires voulaient voir en prison ? Combien le duc Hamada a-t-il payé pour que nos autorités législatives offrent à lui et sa famille une exception dans les restrictions de construction autour du palais ? Combien avez-vous reçu l'année dernière, monsieur l'assesseur ? Et toi, petit enculé qui défend l'Etat de Nexus, elle s'élève à combien ta prime pour venir raconter des conneries contre moi ?

Notons que sa nudité n'enlève rien à sa verve. Il se calme, se rapproche du juge.

-Je n'accuse pas Nexus. J'accuse certaines autorités qui sont en son sein. Rappelons que la corruption est d'abord possible parce que des gens acceptent les subsides qui leur sont offert. Attention, je ne dis pas que j'ai donné : Je réfute toutes les accusations portées contre mon honnête personne. Je dis simplement qu'il y a largement plus pourri que moi ici. Il suffit que chaque personne regarde à sa gauche, et à sa droite ensuite. Les coupables sont partout. Et honnêtement, je m'en fous. Je ne jette la pierre à personne, tant que personne ne vient me casser les burnes. Je suis un commerçant honnête. Par mes mains transitent 13 % de l'économie de Nexus... Et... Euh... J'avais la preuve dans le tas de feuilles qui est maintenant par terre. C'tait ptet pas une si bonne idée de tout jeter... Bref.
-Sieur Law, simplement... 13 % ?
-Oh, oui. En comptant large, avec ce qui passe par mes bateaux, l'utilisation faite de mes employés, les marchés dont je suis l'intermédiaire... J'vous ferais parvenir ça. Je peux finir ?
-Je... vous en prie.
-Bon. J'en étais à... Oui. Les choses sont ce qu'elles sont. La personne qui a été tuée est reliée au juge Briss, pas à moi. Je ne connais ni le tueur, ni le tué. Une justice impartiale reconnaîtra sans mal que tout n'est que, au mieux, un égarement de certaines personnes, au pire, une grosse machination d'une belle bande de fils de putains des bas-fonds.
-Votre langage ! Je suis déjà fort clément de tolérer votre tenue pire qu'indécente...
-Pardonnez-moi.
-Finissez.
-Bof, vous m'avez coupé dans mon élan. J'suis triste. J'ai fini.
-... Bien. Un mot de la Reine ?


Celui qui fut précédemment traité de petit enculé se dresse.

-La Reine s'associe aux conclusions de l'accusation et demande la condamnation du Sieur Raine.
-Je demande la parole.
-Je vous en prie.
-Est-ce vraiment la Reine qui vous a dit ça ? J'ai cru comprendre que la Reine était introuvable depuis deux jours par les autorités, elle semble s'être absentée. Or, le crime eut lieu hier. Notons la rapidité de la justice, au passage.
-J'agis au nom de la Reine.
-Je demande qui a signé la délégation qui justifie vos conclusions d'aujourd'hui.


Silence.

-J'aimerais savoir de même.
-Nous n'avons rien de cette sorte à justifier. J'agis au nom de la Reine, ainsi est mon sacerdoce.

-Parce que nous savons tous que c'est le responsable de la police, messire Utsaah, le même qui a une dent personnelle contre moi, qui vous mandate, et qui est derrière tout ce procès.
-Plus une accusation, Sieur Raine, je considèrerais toute parole supplémentaire de ce genre comme de la calomnie et rajouterai cela à votre charge.
-Vous me semblez si tolérant et juste, je me permet, excellence. »



La cour a remis le délibéré au lendemain, ayant provoqué une réaction des deux opposants de Law, ceux-ci s'étant précipités pour demander un rendu express. Il convient pour cela de demander l'accord de toutes les parties, accord que l'esclavagiste a donné sans mal, d'un geste désinvolte. Il ira donc se rasseoir et patientera.

Quinze longues minutes. Il ne se tourne pas, se contentant de fixer le mur devant lui.

Ce serait mentir que de prétendre qu'il n'appréhende pas la chose. Cette attente fait partie des rares moments dans sa vie où il a vraiment, vraiment peur. Pas la douce et délicate petite frousse qui saisit les vies chaque jour, mais le frisson glaçant, paralysant, qui menace de faire s'arrêter les cœurs. Il a foi en lui, et à tout ce qu'il a fait de sa journée. Un employé du tribunal a ramassé les papiers pour les donner aux magistrats. Il ne prend donc pas la peine de se couvrir, pas même avec sa toge.

Le juge rentre, suivi d'un assesseur et de ses assistants. On se lève. On se rassied.


« -La Cour a statué. Ce fut un avis unanime d'admettre que les soupçons pesant sur le dénommé Tyler Raine-Cross, commerçant de son état et déjà maintes fois impliqués de près ou de loin dans des affaires de justice, pèsent lourdement sur son cas. Néanmoins... Malgré sa tenue déplorable dans ce procès, qui confirment son mépris de nos procédures, il ne saurait lui être tenu grief de soupçons extérieur à ce procès en particulier. Concernant, donc, les faits reprochés en particulier, rien ne permet de relier sieur Raine-Cross à l'assassinat qui eut lieu la veille. Celui qui est accusé et a reconnu avoir commis ce crime ne saurait être déchargé de sa responsabilité à ce titre ; Son procès aura donc lieu dans, précisément, vingt-quatre jours. Quant au sieur Raine-Cross, la Cour s'étant réuni et ayant statué dans un délai beaucoup trop court, elle invite les parties demandeuses à former de nouveau un recours devant le tribunal avec de nouvelles pièces permettant d'étayer leurs accusations. Le dénommé Tyler Raine-Cross est donc libre, sous réserve d'une procédure future. Au nom de la Reine et de Nexus. »





« -Makhno... Fils de pute.

Law crachait le sang à terre, s'en mettant partout sur le torse. Pas pratique d'être attaché à un gros X en bois, un peu en biais à l'arrière.

-Depuis le temps que je rêve de te baiser, Tyler...

Andrea ne se souviendra que d'une carriole qu'avait fait venir le Comte, où Andrea était monté le temps que Law ne s'en vienne. Sa libération demandait quelques formalités administratives, et un siège confortable était bien venu. Makhno lui avait d'ailleurs proposé un verre d'une boisson typiquement Nexussienne – pas de l'alcool, un simple breuvage très sucré, essence d'une haute herbe sèche poussant en masse dans les terres à l'est. Il était ensuite parti dans une explication de la justice du pays, particulièrement les rapports de connivence entre les pouvoirs judiciaires et ceux de l'administration, par des placements hiérarchiques confus.

Et Andrea s'était sentie fatiguée. Rude journée, n'est-ce pas ?

Elle ne se souvenait pas avoir vécu un réveil. Elle a juste ouvert les yeux. Elle était déjà debout, tenue par le bras par un molosse. En se débattant un peu, il la lâchait sans problème.

Petite salle, genre cellule. Plusieurs hommes, visiblement la sécurité du comte. Quelques instruments de torture sur une table. Tout ceci était très... très Law. Sauf que, malheureusement, c'était lui le supplicié. Il s'était pris des coups dans le ventre, et dans la gueule. Sale ambiance. Makhno se salissait les mains lui-même, et c'était une force brute, le garçon.

-Dire que t'as réussi à t'en sortir... Putain... Je t'aurais éliminé définitivement, et proprement. T'aurais rien soupçonné, hein ? Mais non, tu n'as pas abandonné ! Je n'en attendais pas moins de toi, cela dit.

Un violent direct du droit dans la gueule de Law, sa tête partant sur le côté, manquant de s'arracher. Il retient un hurlement sur le coup, mais ne peux s'empêcher de grogner.

-Mais y a pas que toi que je rêve de baiser. Ta p'tite donzelle là... Tu l'as ramassée sur Terre, pas vrai ? Ouai ouai... Des jolies comme ça, on en trouve plus sans collier à Nexus... Dis-moi, toi, t'as la mâchoire endurante ?... C'est pas si important cela dit, je me rattraperai en te démontant le cul quand t'en pourras plus.
-Tu la touches, je t'éclates les couilles... Je te rends eunuque et te crucifies dans une chambre où toutes mes meilleures putes se feront tringler devant toi toute la journée...
-En attendant, c'est l'inverse qui va se passer. Toi, petite, tu vas être gentille et mettre ma queue dans ta belle petite gueule, ou je lui arrache un membre.»
« Modifié: dimanche 23 février 2014, 12:35:22 par Law »

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 23 dimanche 23 février 2014, 15:27:00

Ce n’était pas de gaieté de cœur qu’Andrea était montée dans la voiture affrétée par le comte. Elle ne comprenait pas son insistance de la maintenir à distance du tribunal, de Law. Il lui avait expliqué que la libération demanderait quelques formalités qui traînaient souvent en longueur. Andrea était prête à attendre et à partager son soulagement avec le principal intéressé, mais Makhno eut raison de sa résistance quand il lui suggéra que partir était plus prudent. Ce n’était pas la peine de montrer à toute l’assistance, et surtout à ceux qui voulaient la fin de Tyler Raine, qu’il avait quelqu’un de proche qui se souciait de lui. Offrir un moyen de pression à un ennemi, dévoiler une faiblesse et une relation si précieuse n’était pas une bonne idée. Le comte avait insisté durant de longues minutes, arguant qu’il était plus prudent qu’elle rentre seule, et qu’elle soit vue comme son accompagnante à lui et non celle de Law. Personne ne s’en prendrait à elle, ni même ne soupçonnerait son attachement à l’accusé. Trouvant le raisonnement logique, Andrea sentait pourtant un détail qui la chiffonnait. Comme si l’évidence était sous ses yeux mais qu’elle ne pouvait la voir. Qu’avait-il dit qui devrait retenir son attention ?

Incapable de s’en souvenir, la jeune femme se laissa porter par les sursauts de la voiture sur la route pavée et inégale. Plongeant son regard par la fenêtre, elle souriait, soulagée. Law était libre, alors même que c’était manifestement loin d’être évident. Aller le chercher en prison aurait été un détour des plus incommodants. Il aurait sûrement réussi à s’enfuir, et elle l’aurait bien évidemment aidé, mais les choses auraient alors été nettement plus compliquées. Il était important qu’il soit publiquement reconnu comme innocent, pour conserver son empire, ses privilèges, sa liberté d’aller, venir, réussir à Nexus. Une vie de fugitif n’était pas le meilleur moyen de faire prospérer un commerce aux mille facettes. Bon, peut-être aurait-il pu mettre encore plus de chances de son côté en se montrant respectueux, presque soumis à la cour. Mais comment imaginer un instant cet homme faire profil bas, ramper devant une autorité qu’il ne reconnaissait qu’à peine tant elle était corrompue ? Il leur faisait déjà l’honneur de se montrer devant eux, c’était plus qu’ils ne méritaient.

Evidemment, il avait dû se mettre nu et faire preuve d’un étalage consciencieux de son insolence. Andrea s’était retenue d’applaudir tout le long du procès, toujours admirative de ses pulsions les plus folles. Tout était dans le spectacle, pour rester fidèle à lui-même mais surtout pour bousculer les prévisions et habitudes du tribunal, les laissant face à l’improvisation et à l’imprévu. Il les obligeait à réagir sur l’instant à ses plus folles requêtes et apparitions, leur coupant l’herbe sous le pied, empêchant toute réflexion et anticipation. Un n’importe quoi parfaitement calculé, donc.

Elle n’écoutait déjà plus Makhno que d’une oreille. Pourtant, ses paroles étaient chargées d’intérêt. Mais Andrea sentait son esprit comme embrumé. Sa tête était soudainement lourde, et elle la laissa reposer contre la porte branlante de leur carrosse improvisé. Ses yeux se fermaient, et c’est sur une seule pensée qu’elle sombra dans un sommeil sans rêve. L’idée que celui qui avait dit que la savoir proche de Law était un atout précieux pour un potentiel ennemi était le comte lui-même. Et qui mieux que lui connaissait leur relation, l’avait devinée en un regard ?

Droguée.
Quelle idiote d’avoir accepté un rafraichissement. Mais la journée passée sous le soleil de Nexus, en plus de la confiance qu’elle avait en lui, avaient suffi à endormir sa vigilance. Ne jamais donner sa confiance, Andrea. Elle le savait pourtant. Grossière erreur.

Qu’elle constata d’autant plus à son réveil, retenue par un homme de main, ses yeux s’ouvrant sur la vision d’un comte très satisfait de lui-même et de la vision d’un Law attaché, sanguinolent et manifestement en train de passer un sale moment. Gardant autant que possible son calme, la jeune femme regarda autour d’elle. En plus du comte, trois hommes. Un qui la tenait, et deux autres encadraient la porte du minuscule sous-sol qui avait dû faire office de cave avant de se transformer en chambre des tortures. Regarder autour d’elle lui permit de remettre ses idées en place, toute confuse qu’elle était après la boisson qui l’avait assommée un peu plus tôt. Décidément, on ne pouvait faire confiance à personne. Grossier personnage.

Les pierres recouvrant les murs étaient lisses et l’humidité ne parvenait pas à y accrocher ses gouttes, laissant des flaques d’eau croupie au sol. Le plafond était bas, à peine assez haut pour laisser Makhno se tenir debout. Au mur et sur la table non loin d’elle, des instruments divers et variés dont Andrea ne souhaitait pas connaître l’usage. Ici une pince à métaux, là des épingles qui ne devaient pas servir à l’acupuncture, une espèce de marteau… Et bien d’autres choses dont l’utilisation lui était inconnue. Mais cela ne lui disait rien qui vaille. Sur sa gauche, une cage de fer qui montait jusqu’en haut de la salle, enfonçant ses barreaux épais dans la terre du sol et la roche du plafond. Trois murs inviolables, donc, et seul un des pans créé par l’homme. Pas évident de s’en libérer. Et juste à côté de la cage, Law était comme écartelé, en train de recevoir des coups d’une précision et d’une violence qui relevaient de la haine.

La voyant réveillée, Makhno s’intéressa soudainement à elle et lui ordonna de le satisfaire. Le cerveau d’Andrea tournait à plein régime, alors qu’elle n’avait qu’une envie : vomir de dégoût, et jurer aux grands dieux que jamais elle ne ferait une telle chose. Admettons. Elle lui crache à la gueule.

Un rire éclate.
Un craquement sinistre retentit. Fracture ouverte du radius. Infection. Probabilité de décès : 76%.
Un premier cri. Torsion de l’épaule, qui cède sous la tension. Compression des vaisseaux sanguins, irrigation des tissus du bras quasiment réduite à néant. Nécrose. Probabilité de décès augmentée à 91%.
Un second cri. Refus, encore. Probable démonstration de puissance avec de multiples blessures faites avec une lame sale traînant sur la table. Espérance de vie réduite au miracle.

Andrea afficha donc son plus beau sourire.

« Mais avec plaisir. C’est pas comme si je lui étais exclusive, et vu son état il ne me sert plus à grand-chose. Les hommes à pouvoir m’ont toujours excitée. Vous en avez bien plus que je ne pensais. »
- Voilà qui est bien parlé. Viens là ma belle petite chienne.

La jeune femme reprit son bras de force, se libérant de l’homme de main qui la retenait. Frottant son poignet endolori par la pression du colosse, elle s’approcha de Makhno et vint caresser d’une main qui se voulait envieuse le torse du bonhomme. C’était la seule solution à envisager. Il ne la connaissait pas, ne pouvait pas savoir qu’il était absolument hors de question qu’elle se soumette de nouveau un jour à un homme. Leur faire plaisir en oubliant de penser à elle, c’était une époque totalement révolue. Et elle lui ferait payer l’idée même d’avoir essayé.

« Il ne m’a encore jamais touchée, j’espère que vous ferez mieux que lui »
- Allez, à genoux. Qu’il nous voie bien. T’es vraiment sa pute, alors, pour espérer le sauver comme ça. Je vais le finir de toute façon. Si t’es bonne, je le ferai peut être plus rapidement. Regarde Tyler comme elle se donne à moi sans hésiter. Tu les dresses mal.

Classique. Tellement d’ego, tellement de satisfaction et de pouvoir qu’il en oubliant qu’Andrea était spéciale. Qu’elle n’était justement pas ce qu’il prétendait. Elle s’agenouilla pourtant, le laissant défaire la boucle épaisse de sa ceinture et faire choir son pantalon bien taillé sur ses chevilles. Il révéla un sexe à moitié dur, un peu excité par la situation sans qu’Andrea ne puisse dire si c’était la fellation ou sa domination sur Law qui lui plaisait autant. Le comte glissa une main dans les cheveux blonds, refermant ses doigts dessus et lui collant le visage contre un bas-ventre impatient. Andrea déglutit, gardant son sourire pour empêcher à son estomac de rendre le contenu de son dernier repas. Elle posa les mains sur le ventre trop développé de l’homme, ouvrit la bouche et vint envelopper le membre palpitant qui se durcit à son contact. La gorge d’Andrea se serra instinctivement alors qu’elle retenait un haut le cœur tandis qu’il enfonçait en elle un sexe enfin soulagé.

Evitant soigneusement le regard de Law, la jeune femme laissa son cœur se calmer, et bougea légèrement le pied pour constater l’absence de sa lame dans sa botte. Il avait dû lui enlever un peu plus tôt. Tant pis. D’un coup et sans prévenir, elle mordit de toute ses forces dans la chair. Un hurlement lui répondit, alors que le comte resserrait sa main sur ses cheveux et tentait de la tirer en arrière, lui arrachant quelques mèches blondes au passage. Andrea tint bon, les dents fichées dans la peau, sentant le sang se répandre dans sa bouche. Elle allongea la jambe, pour venir rapprocher une pince à métaux qui traînait comme instrument de torture. L’attrapant du bout des doigts sans lâcher sa proie, comme un chien enragé, Andrea la plaça maladroitement à la base du sexe de l’homme pour la refermer sans la moindre hésitation. Le hurlement s’amplifia, alors qu’elle retirait sa bouche, se relevait pour attraper une lame sur la table et venir trancher, enfin, la queue qui avait osé vouloir la soumettre. Morceau de chair en main, Andrea se releva instantanément pour placer la dague sur la carotide de l’homme qui pleurait, hurlait, se débattait en essayant d’éviter l’arme.

« Vous bougez, je le tue. » lança-t-elle à l’intention des hommes qui venaient de dégainer leurs armes. « Et maintenant, gros porc, tu vas bouffer ton ego par la racine. Tu sais que sans ça, tu seras nettement moins imposant ? »

Elle agita ce qui se trouvait dans sa main, lui mettant sous le nez puis l’enfonçant dans sa bouche, ouverte sur un long cri de douleur et de peur.

« Maintenant, à ton tour de la bouffer. Estime-toi heureux que je ne la mette pas dans ton cul. Tu as voulu me la faire avaler, eh bien je t’en laisse l’honneur. Tu l’aimes tellement, alors savoure, enfoiré ! »

Attendant sagement qu’il s’exécute, elle continuait à maintenir les gorilles à distance de par sa simple lame appuyée contre la peau fragile. Une entaille à cet endroit, et le comte ne serait pas seulement émasculé mais mort. Ils comprenaient ce simple message. Makhno n’eut d’autre choix que d’avaler sa propre chair pour ne pas s’étouffer, malgré la douleur qui l’évanouissait. Andrea le giflait pour le réveiller, le gardant conscient pour qu’il finisse son œuvre. Après seulement, elle le laissa sombrer dans l’inconscience. Tout de suite, elle libéra Law tandis que les hommes de main du comte se jetaient sur eux. Elle s’occupa de son geôlier de tout à l’heure, dansant autour de l’arme qu’il agitait dans tous les sens, esquivant les attaques malgré quelques estafilades qui fleurirent sur ses flancs. Elle réussit à l’amener jusque dans la cage de métal, la refermant derrière elle avant de se faufiler jusqu’à la sortie. Vérifiant que Law était juste derrière, encore debout malgré ses blessures, elle s’élança et referma la porte.

Ils remontèrent jusque dans la demeure du comte, tournèrent à droite vers la sortie, et Andrea s’arrêta de justesse avant de renverser une femme se tenant devant elle. Une femme richement vêtue, et dont la couronne ne laissait aucun doute quant à sa situation. La Reine, rien que ça. Elle avait failli renverser la Reine. Sentant encore le sang couler de son menton et goutter sur sa poitrine, Andrea pencha très légèrement la tête en avant.

« Majesté, je suis navrée mais je pense que le comte n’est pas en état de vous recevoir. Il est légèrement abîmé. Au plaisir de vous revoir. »

Et elle repartit, avant de s’arrêter de nouveau. Faire demi-tour, tirer sur la cape faite de velours et de broderies de la souveraine de Nexus. La récupérer, essuyer son visage et sa bouche emplie du goût métallique du sang. S’en draper, et reprendre sa route. Un bon torchon, et une parure agréable pour cacher les dégâts sur ses vêtements.


Une bonne heure plus tard, Andrea se cachait avec Law dans une petite ruelle, toujours dans le même quartier. Presqu’invisible, cette sortie n’avait pourtant aucune issue. Les soldats qui passaient sans interruption devant leur cachette les empêchaient d’esquisser le moindre mouvement. La Reine avait en effet été fort peu satisfaite de perdre un tel atour, et attirée par les cris elle avait découvert un sous-sol, et surtout le spectacle de ce qu’Andrea avait laissé derrière elle. Ses hommes avaient été prompts à réagir, et étaient à présent à leurs trousses. Serrée contre Law, la jeune femme ne bougeait pas et attendait qu’on les trouve ou qu’ils se fatiguent.

« Une journée normale à tes côtés, je suppose. Il faudra revenir pour accomplir ta promesse. Il n’est qu’eunuque, tu lui as fait voir bien d’autres finalités, il me semble. Tu vas bien ? »

Finalement, et sans prévenir, le passage des gardes s’atténua et disparut. A la place des soldats qu’Andrea s’attendait à voir, apparut au bout de la ruelle une vieille femme avec un œil de verre qu’elle connaissait bien.

- Je les ai orientés sur une mauvaise piste mais ils ne vont pas tarder à revenir. Il vaudrait mieux attendre à l’abri qu’ils se fatiguent. Allez dépêche-toi, idiote. Vous n’avez pas beaucoup de temps.

Andrea la suivit avec peu d’hésitations, bien consciente qu’un jour ou l’autre un des gardes trouverait la ruelle et leur tomberait dessus. Elle suivit donc la vieille femme jusque chez elle, la laissant fermer à clé derrière eux.

- Tu l’avais déjà trouvé alors, ton prince, sale gamine. Vous êtes tranquilles ici jusqu’à ce qu’ils se calment et arrêtent les poursuites. Notre hystérique de Reine va bien finir par rappeler ses chiens et oublier sa cape. D’ailleurs, ce sera mon moyen de paiement.
« Heureusement que je l’ai volée, sinon tu ne nous aurais pas aidé, je me trompe ? »
- Evidemment. Tu crois quand même pas que je l’ai fait pour tes beaux yeux. Allez, envoie le pactole. Restez ici tant que vous voulez.

S’exécutant, la jeune femme tendit le tissu à présent tâché de sang à la maîtresse des lieux, certaine qu’elle les abriterait. Le jeu en valait bien la chandelle, la cape de la Reine, tout de même.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Law

E.S.P.er

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 24 dimanche 23 février 2014, 16:55:20

Law restait étonnamment passif, se contentant de suivre sa sauveuse, un peu hagard. Une détermination braisait encore au fond de ses yeux, mais si faiblement qu'on n'aurait pu croire à un avatar du passé, présent encore pour la forme, faire bonne figure et basta. Traîné par une femme qui fait la moitié de son gabarit, l'esclavagiste n'avait d'autre choix que de suivre, comme prisonnier de sa volonté infiniment supérieur en cet instant.

« Qu'est ce que tu vois ? »

La parole s'envole, brumeuse et lointaine, puis s'échoue, sans réponse. La Reine. Mignonne. Pas le temps de lui parler. Ils fuient la soldatesque. Andrea vole sa cape... Bon sang, c'est tellement lui. Cette façon dont il déteint sur elle lui déplaît et l'enchante en même temps. Le paradoxe arrache un sourire à son calme visage, secoué par le voyage.

Une vieille. Il ne la connaît pas, bien qu'elle lui dise quelque chose. Elles parlementent. Vénale... C'est bien. La recherche du profit ne fait parfois pas de mal.

« Non, Andrea. Un tel objet... rejoindrait ma collection. »

Aussitôt, Law se redresse, soudain d'aplomb. Il saisit sans grande résistance l'arme qu'Andrea porte encore sur elle et se précipite sur l'ancêtre pour l'égorger net. Une large incision sans aucune bavure, et la victime, ayant poussé un petit cri qui fut coupé net, comme ses cordes vocales, s'écroule à terre. Elle ne bougera plus du tout dans trois secondes.

Elle l'a sauvé. Elle a manqué de crever... et de le tuer, aussi, mais elle fut héroïque. Au mépris de toute considération de prudence et de sécurité. Elle a été merveilleuse. Elle a été comme il pensait qu'elle serait. Il n'est pas déçu du voyage. Il lui faut prendre une grande inspiration pour pouvoir continuer calmement.

Le temps de cligner des yeux, le cadavre de la vieille a disparu. Law fixe Andrea avec gravité. Il a l'impression de n'avoir jamais été aussi sérieux de sa vie. Il est sûr de ce qu'il va dire. Sûr de ses pensées et de ses émotions. Il a fallu que tout cela arrive, que toute sa vie le mène à cet instant précis. Un moment qu'il lui faut savourer.

« Je vais te le dire ici. Parce que plus je vieillis et plus ça devient dur de rester moi dans la vie. Je t'aime. Je ne comprends pas pourquoi. Je suis... un adepte du rationnel. Et tout cela n'a rien de rationnel pour moi. Oh, tu peux me parler de mes dieux mais... c'est plus rationnel que les sentiments. Sparshong peut me parler et venir me voir. Mais l'amour... C'est...

Il fait une pause, s'apercevant que ses blessures ont toutes disparues, sinon celle sur sa mâchoire, résultat d'un coup porté la veille. Comment le voyait-il, sans miroir ? Mystère, mais il le savait. Il se penchait pour récupérer la cape. Elle aussi est devenue propre. Il lui tend les deux objets, lame et tissu.

Je voudrais te garder pour l'éternité près de moi mais c'est impossible. Parce que je suis invivable, d'abord, et parce que je serais sans doute bientôt mort. J'ai fait mon rôle ici, j'ai servi mes principes. Un jour, j'abolirai l'esclavage, et la monarchie devra plier face au pouvoir du peuple. Peut-être serais-je déjà dans l'autre monde quand mon dessein s'accomplira, mais c'est moi qui l'aurait fait. Je ne veux pas que tu luttes pour mon œuvre. Je veux que tu luttes pour toi. Gagne ton immortalité. Gagnes ta vie. Quand tu voudras, quitte-moi sans regret. En attendant, je veux que tous les deux, nous profitions du peu de temps qu'il nous reste.

Encore un arrêt. Andrea peut bien avoir envie de répondre, quelque chose l'en empêche pour l'instant. Il paraît tout penaud, le grand patron du crime. Faible comme un gosse.

Tu es la première femme que j'estime comme moi-même. Tu es la seule déesse en qui je crois. Et c'est grâce à toi que je m'en suis sorti aujourd'hui. J'espère que tu m'acceptes dans ta vie. Enfin... Disons qu'on s'est déjà accepté tacitement... Mais j'en fais le serment aujourd'hui : Mon cœur, si tant est qu'un criminel esclavagiste tel que moi puisse en avoir un, t'es offert à jamais. Et quand je mourrais, ce sera ton nom que je prononcerais en dernier. »

Il ouvre ses bras et avance vers elle.



« -Tu vois quoi ?
-Tu n'aimerais pas savoir.
-Racaille. Dire que je vous transporte. Tu sais ce que je risque, à ce qu'on me voit avec toi ?
-Je ne vois pas le rapport.


Il ouvre les yeux vers lui.

-Merci.
-De ? Vous transporter ?
-De t'être arrangé avant le procès avec le juge.
-Je l'ai fait pour elle. Pas pour toi.
-Tu sais que si tu m'avais éliminé, elle se serait jeté dans tes bras ?
-... Vraiment ?
-Non. Mais je te laisse penser à cette éventualité histoire que tu puisses regretter toute ta vie de m'avoir sorti de cette merde. »


Il referme les yeux pour retourner parler à Andrea.




Quelques minutes plus tard, dans la réalité, elle sent la main de Law quitter son front, sur lequel celle-ci se reposait depuis le début du voyage. Son réveil est instantané. Elle est allongée dans la large carriole, la tête posée sur l'un des genoux de celui qui lui parlait, sa toge négligemment ouverte sur son corps nu et recouvert de ses dessins rituels. Makhno écarte les rideaux d'une portière.

-Voilà ta ratière.
-Ce casino est le plus respectable de tout Nexus, monsieur le comte suceur de boules.
-Suce les miennes.
-... Très honnêtement, non merci. Et évite de lui demander à elle, t'aurais une mauvaise surprise. Viens, Andy.


Il la fait se relever lentement et sort de la voiture en lui tendant la main. Le crépuscule s'étend sur Nexus, couchant ses couleurs pastels sur le ciel d'une Cité-Etat dont l'éclat n'avait rien à envier à l'astre solaire lui-même.

-Avant que tu ne demandes : Oui, j'étais là. J'avais besoin de m'assurer de quelque chose. Un dernier détail. Maintenant, je suis sûr … J'ai adoré ce que j'ai vu, tu sais. »



Il remontait dans ses quartiers, ordonnait qu'on lui prépare un bain dans l'immense ouvrage de marbre qui lui servait de baignoire, celle-ci, au rez-de-chaussée, engoncée dans le sol, dans une large pièce assez sombre où étaient disposée de nombreuses bougies sur des petites étagères fixées çà et là contre les murs. Il s'asseyait tandis que les esclaves se succédaient pour remplir d'eau brûlante le réceptacle, eau ponctionnée dans un large bassin chauffé au charbon dans une pièce plus souterraine. Le bain de Law coûte... immensément cher.

Demain, je bosse. Après-demain aussi. Et après-après-demain, quand Isaac reviendra, aussi. Si tu veux économiser un peu, profites de ce temps-là. Après, je t'emmène dans des contrées plus lointaines. Sans mes soldats, sans protection, et sans mon nom comme laisser-passer. Je te montrerai ce que je fais de mes vacances. Ce ne sera pas de tout repos, tu sais.


Il ôte son unique vêtement lorsqu'une esclave approche avec un linge et un plus petit seau. Elle le frotte diligemment, pas pour le laver, mais uniquement pour enlever les peintures fixées sur son corps.

Sauf si tu préfères rester à Nexus. Oh, au fait.

Il retire de son doigt une bague en bronze, avec des petites pierres fixées dessus. Des pierres genre... cailloux, gravillon. Un objet qui manque sérieusement de classe en société.

Ca te permet de manipuler les rêves des gens. D'en être un acteur, même. Utilise-le sur moi un de ces quatre si tu en as envie, ce ne serait que justice. La question va te sembler idiote mais... j'aimerais bien qu'on dorme ensemble, ce soir.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



Je suis pour la réhabilitation des Userbars.
Les userbars sont VOS amies. Elles sont gentilles.
Utilisez des userbars. <3

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 25 dimanche 23 février 2014, 18:45:26

Une gerbe de sang jaillit de l’artère tranchée. Andrea se mordit la lèvre, aurait voulu intervenir, le retenir. Comprendre pourquoi il faisait cela. Elle n’en fait rien pourtant, incapable de bouger, étonnamment prise par le décor dont elle ne peut se défaire. Ses yeux fixent le corps à terre. Elle voit l’expression résignée de la vieille, son œil de verre encore ouvert sur son meurtrier. Son esprit se tourmente, Andrea ne sait pas ce qu’il vient de se passer. Pourquoi la tuer ? Elle n’était rien de plus qu’une saltimbanque un peu portée sur le crime. Ils n’étaient pas en danger. C’était presqu’une bonne connaissance, maintenant. Pas dangereuse, pas contre eux. Andrea est absorbée par la gorge ouverte, le spectacle de ce corps abandonné sur le tapis qui s’imbibe de sang. Le corps comme désarticulé, tombé au hasard sans soigner sa dernière révérence. Et puis soudain, plus rien. Le tapis est impeccable, sans la moindre marque de souillure. La cape aussi. Law n’est plus blessé.

La jeune femme a envie de crier d’incompréhension. De se révolter, de se débattre. Quelqu’un manipule les faits, le temps ou son esprit. Des choses impossibles se produisent. Elle ne comprend pas, et pourtant tout à coup, sa peur se calme et son cœur stoppe son emballée. Il n’est pas nécessaire de s’affoler. Cela ne fera que la desservir. Mais c’est surtout comme si une main d’une douceur infinie venait de s’infiltrer dans sa poitrine pour caresser son palpitant et le forcer à cesser sa course folle. Murmurant des mots doux à son esprit, quelque chose la calmait alors qu’elle avait des raisons de s’affoler. Andrea resta immobile, incapable de bouger, de parler, alors que Law se fichait bien des altérations de la réalité.


Elle se réveilla alors que son monde s’écroulait, s’étiolait comme une photo que l’on brûle. Ayant l’impression de mourir quelque part, quelque part qui n’était pas ici, Andrea se redressa et tomba nez à nez, avant Law, avec Makhno. Elle laissa échapper un petit cri de surprise, avant de le saisir par le col et de murmurer tout bas à son intention.

« Je pensais t’avoir laissé pour mort ! Ne t’avise pas de croiser ma route ! »

Encore sous le coup de son expérience, elle aurait presque pu l’égorger sur place si l’étrangeté de la situation ne lui avait pas sauté aux yeux. Reprenant peu à peu ses esprits, elle fit le lien avec sa position dans la voiture. Un rêve. Ce n’était qu’un rêve. Law lui confirma qu’il en avait bel et bien fait partie. Mais dans la tête d’Andrea, tout ce qui tournait en boucle était qu’elle avait rêvé. Ne pas lui envoyer une claque magistrale se joua à presque rien. Aveuglée par la luminosité, épuisée de ce qu’elle venait pourtant de vivre, la jeune femme le laissa la reconduire chez lui, chez elle. Elle n’était pas énervée qu’il ait manipulé son sommeil, non. Ça, elle le lui pardonnait. Il avait ses raisons. Même si, soit dit en passant, elle avait eu horriblement peur et avait dû sucer la queue de…

Yeurk. Rien que d’y penser elle eut un haut le cœur. Elle aurait dû lui en vouloir horriblement pour l’avoir fait rêver de ça, et pourtant non. Parce que quelque part, elle était fière de ce qu’elle avait fait dans ce rêve. Fière d’avoir réussi à désamorcer la situation. Fière de lui prouver, aussi, qu’elle valait quelque chose. Mais surtout de se prouver à elle-même qu’on ne jouait plus d’elle aussi facilement. Mais elle lui en voulait sans aucun doute pour lui avoir dit ces choses dans un satané rêve ! Bouillonnant intérieurement, Andrea prit sur elle et patienta. Elle attendit d’entrer dans le casino, puis de se rendre dans la pièce où il allait se faire laver. Elle attendit même que la porte soit refermée derrière eux. Avant de le fusiller du regard.

« Tu voulais vérifier quoi, au juste ? Et avant que tu le demandes, oui je suis en colère. Tu as intérêt à me répéter ça dans un autre contexte qu’un rêve où tout n’est qu’illusion, mensonge et mise en scène. Je ne pouvais même pas te répondre. »

Pourtant, elle n’était pas vraiment en colère. Notant dans un coin de sa tête qu’il lui faudrait aller s’excuser auprès du comte malgré le dégoût qu’il ne manquerait pas de lui inspirer, par simple réflexe d’une expérience beaucoup trop réaliste pour elle, Andrea saisit la bague qu’il lui tendait. Elle l’observa un instant, avant de la passer à son doigt. Juste pour être sûre qu’il ne lui referait pas le coup. Elle se calma par la suite, essayant d’oublier ce qui s’était passé de manière si réelle, pour elle. Andrea enleva également ses vêtements et entra la première dans la baignoire, avant lui qui finissait de se faire enlever ses peintures rituelles. Elle sentait encore le sang dans sa bouche, sur son cou, et se mit à le frictionner comme un réflexe, pour essayer de s’en nettoyer.

« C’est un oui. Débrouille-toi pour savoir à quelle question je te réponds. »

S’immergeant entièrement dans le bain aussi longtemps que sa respiration le lui permettait, comme elle le faisait si souvent sur Terre ces derniers temps, Andrea finit par remonter et accepta qu’un esclave détache et lave ses cheveux, consciencieusement. Les doigts sur son crâne l’apaisaient peu à peu, alors qu’elle essayait de penser à autre chose. Vacances. Le mot la fit sourire malgré sa résolution de paraitre fâchée. Cela voudrait dire qu’elle pourrait le voir plus régulièrement. Qu’il allait lui faire découvrir un peu plus que simplement Nexus. Ce serait sûrement fait d’explorations, de fuite, de bagarres… Bref, le paradis. Elle y voyait en plus une excellente occasion de se perfectionner, autant dans ses connaissances de Terra que dans sa maîtrise de la dague et son agilité. Elle partait de si bas qu’elle ne pouvait que progresser, et à ses côtés elle savait qu’elle ne risquait rien.

« Et que ce soit bien clair. Je ne compte pas te laisser agir tout seul en héros, tu m’entends ? Abolir l’esclavage, l’histoire de ma vie. Alors ne dis pas qu’il ne nous reste que peu de temps. Dire que c’est moi qui pensais que tu te lasserais de moi en premier, que je n’étais qu’un divertissement. Il semblerait que je ne dois plus y croire. Enfin, si je peux croire ce que j’entends dans un rêve. Et si tu attends une réponse à ton discours, eh bien tu peux toujours l’espérer. Je ne réponds pas à un fruit de mon imagination. »

Elle cherchait surtout à cacher ce que ces paroles avaient eu comme effet sur elle. Andrea était partie du principe qu’elle ne resterait pas ici indéfiniment, parce qu’il en aurait marre de se traîner une gamine ne connaissant rien à la vie. Qu’il se lasserait d’elle. Après une telle déclaration, elle ne pouvait être que rassurée, même si cela continuait d’être anxiogène de ne l’avoir entendu que pendant son sommeil. Elle savait ce qu’il allait lui répondre, mais l’onirisme est trompeur, se cache, se transforme. Toutefois… Savoir qu’il pensait qu’elle allait le quitter un jour lui serrait le cœur, autant de plaisir que de tristesse. Ne comprenait-il pas que, malgré sa liberté retrouvée, et son profond attachement envers elle-même, il restait la personne la plus importante dans sa vie ? Bien sûr, personne ne peut promettre l’éternel. Pourtant, Andrea était certaine que c’était ce qui s’en rapprochait le plus. Et savoir qu’elle était ce reflet à ses yeux la rassurait.

« En plus, j’ai déjà volé le manteau de la Reine. C’est un bon début pour la renvoyer dans les bas-fonds, non ? »

L’adrénaline de toute sa journée, de ses deux journées même, retombait doucement. Fermant les yeux, Andrea faisait le point de tout ce qui venait de chambouler sa vie en si peu de temps. De ses progrès, de ses expériences. Deuxième jour à Nexus, et elle arrachait une verge avec les dents avant de se voir dire par l’homme le moins romantique qu’elle connaissait qu’il l’aimait. Le constat était plutôt amusant, et elle étouffa un rire alors que l’éponge glissait sur son corps. Law venait de la rejoindre, et elle se tourna vers lui avant d’arrêter la main de l’esclave pour lui prendre le savon qu’elle s’apprêtait à poser sur le corps de son maître.

« Je vais m’en occuper, Amara. Tu comprends ? Bien. Je te remercie. Tu peux porter ces vêtements à laver, maintenant. »

Et c’est aussi dépourvue de la moindre connotation que l’aurait fait l’esclave qu’Andrea prit le temps de laver presque religieusement le corps de Law, encore étonnée de ne pas voir la marque des blessures auxquelles elle était sûre d’avoir assistée. Pour lesquelles elle avait eu peur, et mal avec lui.
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Law

E.S.P.er

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 26 vendredi 28 février 2014, 10:51:13

La culpabilité. Quelque chose qu'il ressentait assez peu. Après tout, on ne se sent coupable que d'un acte qui n'est pas justifié par un code, un principe. Si possible les deux. C'est ainsi que quand il fait tuer, il assume totalement sans trop de remords. Il supporte la responsabilité du fait sans problème ; néanmoins, il sait agir pour le bon, pour le bien. Parce que l'activité commerciale de Nexus nécessite ses petites opérations. La vie dans les bas-fonds s'est améliorée depuis qu'il est là, c'est un fait indéniable. En tranchant la gorge d'un adversaire et de ses sbires, il rend la Justice. C'est elle, celle de Sparshong et celle, quand elles n'entrent pas en conflit, de Nexus, qui lui permet de bien dormir la nuit sans trop de cauchemars.

Et il ne ressent pas plus de culpabilité envers Andrea. À défaut d'agir comme bras armé de son Dieu, il a agit pour son propre intérêt, pour la sauvegarde de sa petite personne. Cet égoïsme rationnel lui donne une certaine légitimité à se comporter comme un vil bâtard.

… Mais il se sent coupable de ne pas se sentir coupable. Il baisse les yeux à de nombreuses reprises, un peu dans son monde, se demandant si il devrait se forcer à se penser mauvais, et de demander pardon solennellement. Parce que ce n'est pas n'importe qui qu'il semble avoir blessé, pour le coup. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Arrive donc un moment où il plonge dans ses souvenirs : A-t-il déjà dénaturé ses principes avec Isaac ?

Cependant, quelque chose le heurte : Ce n'est pas ses principes qu'il dénature, c'est son personnage. Il oublie régulièrement qu'il joue un personnage. Qu'il n'est pas comme ça en réalité. Qu'il est plus calme, moins sauvage, plus vertueux. C'est un acteur qui est allé trop loin dans son rôle, à tel point qu'il en a oublié ses frontières originelles. Alors, dénaturer son personnage ou pas ? Ça le taraude sérieusement. Plongeant dans l'eau après elle une fois débarrassé de ses peintures, il s'appuie contre le marbre et l'observe.

Tu peux être en colère. Je ne m'excuserai pas. J'ai fait ce qui était nécessaire, et ce sans te mettre en danger. Par ailleurs, concernant l'esclavage, je ne t'impliquerai que si je suis sûr qu'il ne puisse rien t'arriver. Je serais un héros tout seul si il le faut, et t'écarterai soigneusement. Je refuse que tu finisses dans une cellule, torturée, violée pour finir démembrée. Les crimes de lèse-majesté sont généralement punis de la pire des façons. Et si tu te fais attraper, c'est probablement que j'aurais échoué d'une manière ou d'une autre, et qu'ainsi je serais incapable de te sortir de là.

Elle s'approche, repousse l'esclave. Il admire la façon qu'elle a de, déjà, comprendre comment ils marchaient. Tant mieux... C'était le genre de choses nécessaires en ce monde.

Et je n'arrache pas une nana à son monde après avoir bouleversé sa vie il y a plusieurs années pour la traîner ici et la dégager au bout de deux semaines juste parce que je me lasse d'elle. Je te fais confiance pour que jamais je ne sois lassé, déjà.

Il n'avait pas eu à mentir, où à se forcer. C'est donc sereinement qu'il se laissait se faire laver par elle, tandis que l'esclave s'était reculée pour exécuter les ordres de Drea. Et... c'est bien moins plaisant quand c'est elle. Dur aveu. Non pas qu'elle s'en sortait particulièrement mal, mais moralement, il ne voyait pas pourquoi elle exécutait la tâche habituellement dévolue à un esclave ; mais ce n'était pas si dérangeant que ça. Non, la vraie gêne, c'est qu'elle le faisait elle-même.

Raaah ! Ma belle, on a un sérieux problème.

Il lui arrache le savon des mains et le jette à l'eau, celui-ci remontant bien vite pour flotter à la surface, comme désirant être témoin de cette scène.

Au début j'ai refusé de te faire des avances simplement pour, d'une part, te montrer à toi que je n'étais pas comme les autres, et d'autre part, pour me montrer personnellement que je ne te considérais pas comme les autres. Il faudrait qu'on sache se comporter un peu normalement... De base, nous n'sommes pas normaux, c'est entendu. Mais... mais merde, quoi !

Ca devient sérieux. Il écarte ses bras pour l'empêcher de le repousser, se colle à elle et la prend par la taille, afin de la pousser contre l'une des parois, les jambes de la demoiselle par-dessus les siennes, lui-même accroupi sur ses propres genoux. Bras dans le dos, prise par la nuque.

Et l'embrasse. Pour de vrai. Peut-être pour la première fois pour de vrai. Avec affection, envie, passion. Un employé arrive et dépose derrière eux une lettre qui fut déjà ouverte. Ah, oui... Il avait oublié... Bref regard sur l'objet, avant de séparer ses lèvres de celle d'Andrea.

Des nouvelles de Seiji. Désolé de briser le moment. Tu n'es pas obligée de lire.

La lettre était en deux pages, rédigées sur du papier au format terrien. Dans un japonais plutôt correct, la personne parlait de soins intensifs, de multiples fractures, de troubles intellectuels, de pronostic vital engagé et d'optimisme du médecin, dans des mots peut-être un peu moins clairs. On parlait aussi de recherche d'Andrea. On parlait d'absence de soupçon quant à un meurtre, et que la tentative de suicide semblait tant acceptée que tous étaient dévastés. Il n'avait pas parlé, avait passé une bonne partie de son temps dans un genre de coma, finissait le mot.



Justement, à son chevet, à Seikusu, arrivait un visiteur. Ce dernier savait qu'il s'engageait dans une discussion unilatérale, puisqu'avec son tuyau dans la bouche, il serait difficile au blessé de parler normalement. Peu importe : Il lui suffira de poser une question pour que la réponse, même mentale, soit entendue.

-Je viens ici pour savoir si tu te sens coupable.

Sa voix était rauque, mais douce. Il sourit. Deux crocs très pointus apparaissent de ses lèvres lorsqu'il recommence à parler.

-Et pour savoir si tu souhaites mourir. Pense, je t'écoute.

Il abandonne la capuche de sa toge et se penche sur lui. Ici, le temps s'est arrêté. Il n'y a qu'eux dans un monde en-dehors de toute autre dimension. Il lui fait d'ailleurs savoir en posant sa main froide et écailleuse sur celle du patient.

-Prend ton temps.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

Humain(e)

Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 27 dimanche 02 mars 2014, 01:16:14

Une machine sonne, un cri strident à trois heures du matin. Une infirmière s’est renversée sa tasse de café sur la blouse, elle jure mais s’en moque et attrape le bras de sa collègue. Elles se précipitent dans la chambre quatre. Le scope a montré que le cœur s’emballe. Fibrillation ventriculaire. Le médecin arrive, attache son masque, lance déjà des ordres. Choquer à 200. Reculer. Choquer. Pas de réaction. L’infirmière change le tube du respirateur artificiel, tandis que l’autre prépare de l’adrénaline. Injecte. Noradrénaline. Injecte. Le massage reprend, tandis que le médecin réanimateur jette un coup d’œil aux derniers relevés sanguins du patient. La CRP crève le plafond, la troponine est en augmentation depuis les cinq dernières heures. Le cœur est en souffrance. Un coup d’œil à la fonction rénale, fichue. Il hésite, doit prendre une décision tandis que son équipe s’affaire, ne pense qu’à la vie. Que faire ? Quelle décision prendre ? Il regarde ses deux infirmières, sait qu’elles seront chamboulées par ses paroles cette nuit. C’était une mauvaise nuit pour mourir. Une bien triste nuit pour s’éteindre. Et pourtant…

- On arrête. Heure du décès, trois heures douze.

Les mains cessent de s’activer, les respirations haletantes des infirmières se calment. Celle qui est en charge du patient reste pour éteindre une à une les machines, finissant par le scope qui hurle, affichant sa ligne droite comme la preuve de leur échec. La seconde va prévenir l’aide-soignante pour préparer la toilette mortuaire, puis va appeler la famille. Leur annoncer, toujours le plus difficile. Ce jeune homme ne méritait pas de mourir. Il était bien trop jeune pour laisser la vie quitter ses veines. Et pourtant. Le médecin réanimateur écrit un mot dans le dossier, pour les archives, et va se resservir une tasse de café tandis que les soignantes s’activent pour nettoyer le corps vide et bientôt rigide de leur patient. Ex patient. Ce n’est plus qu’un tas de viande, et il le sait. Sans doute abandonné par son âme depuis bien longtemps, maintenu en vie par des machines, des tuyaux et des fils. C’est à chaque fois une torture et un soulagement, pour lui. Encore une vie qu’il n’a pas pu sauver, une âme qui a préféré s’en aller. Serrant le poing, il exauce une prière rapide avant d’aller voir un autre patient.

Dans la chambre d’à côté, quelque part, Seiji a assisté à la mort de ce jeune homme, la trentaine. Accident de deltaplane. Enfermé dans son corps qui ne fait que dormir, Seiji ne ressentait même pas la douleur de ses jambes brisées. Il ne ressentait plus grand-chose de physique. Pas même la raideur de ses membres, le pansement autour de son crâne. N’ayant aucune idée de son état, son esprit s’était recroquevillé loin, très loin dans sa conscience. Pour ne pas avoir à vivre cela. Pour s’échapper de la peur, de la souffrance. Et pourtant, quelqu’un était venu l’en déloger. Une silhouette incertaine que son esprit ne voulait pas matérialiser. Une voix profonde, rocailleuse et pourtant chantante. Un accent étranger qui lui parlait avec les mêmes intonations que sa propre mère. Quelqu’un qui lui paraissait familier, et pourtant si différent.

Quelle question ! Evidemment qu’il avait envie de vivre. Hors de question de faire plaisir à Andrea alors qu’elle lui avait menti. Elle lui avait promis une mort confortable contre son silence. Il n’était pas mort, pas encore. Et refusait de prendre une telle décision sans la contrainte de sa sœur. Maintenant que le destin l’avait épargné, il devait se servir de cette situation. En pensant à sa situation actuelle, Seiji rassembla ses quelques forces et imagina sa demi-sœur comme il l’avait vue juste avant de tomber. Belle, forte, intraitable. Il briserait cet air fermé et sûre d’elle. Il casserait cette arrogance sur son visage. Elle était à lui, à personne d’autre, et il ne la laisserait pas s’en tirer aussi facilement. Elle l’avait fait vivre ? Soit. Elle le regretterait. Andrea allait payer pour ce qu’elle avait fait. Il suffisait qu’il la trouve, libre de cet espèce de fou qui la protégeait, et alors il reprendrait l’ascendant sur elle. Andrea était une chose qu’il avait exigé obtenir, qu’il avait eue, et qu’il posséderait à nouveau. Il s’en faisait la promesse.

Le jeune homme sentait la colère bouillir dans ses veines, accélérant son pouls et laissant la machine rythmer un peu plus fort son cœur. Des bip qui lui parvenaient à présent qu’il avait doucement conscience de son environnement, sans pour autant se réveiller. Cette voix, en boucle, qui lui demandait s’il regrettait ou s’il voulait mourir. Seiji aurait aimé pouvoir lui rire au nez, mais tout ce qu’il put faire c’est songer de toutes ses forces à sa motivation. Vivre et faire regretter sa très chère sœur de lui avoir laissé une chance de s’en sortir. Il allait s’en saisir.

Le Dieu secoua doucement la tête, atterré de constater la stupidité humaine. Ce cercle vicieux n’en finirait donc jamais. Il ne laisserait pas cet impudent agir en son nom, trahissant les principes sacrés de la Vengeance. Il ne lui donnerait pas l’occasion de gâcher la vie de celle qui l’avait prié quelques heures auparavant. Il aurait pourtant pu se repentir et chercher la rédemption. Il aurait pu vivre heureux, malgré ses jambes brisées. Aimé et entouré, Seiji aurait été diminué mais néanmoins satisfait de sa condition. La petite blonde, amie d’un certain fidèle qu’il suivait avec attention et dont les prières étaient toujours entendues et considérées, ne méritait pas qu’un idiot lui gâche l’existence. Et puis, c’était une question de fierté personnelle. Il n’allait pas le laisser cracher sur son nom et ce qu’il représentait.

Un souffle plus tard, les machines reliées au corps de Seiji se calmèrent, témoignant du repos de son activité cérébrale. Le Dieu venait de lui retirer ses fonctions cognitives. Ce corps ne renfermait plus qu’un légume, à peine capable de parole, mais pas de pensées. Il bégaierait baverait plus qu’il ne parlerait. Un enfant de trois mois ferait mieux.

- Tu auras à peine conscience de ton état. Regrette éternellement d’avoir voulu souiller mon nom avec ta quête sans fin. Je te condamne au repos forcé. Et sache qu’elle est heureuse, et que tu aurais pu l’être.




Andrea ne le repoussa pas. De surprise, d’abord. Laissant ses bras l’accueillir, ses jambes se plier à sa volonté. Le contact de son corps contre le sien, tout aussi nue que lui, la fit enfin rougir. Parce que jusqu’ici, elle ne considérait plus ce corps comme un objet de désirs, un moyen de transporter des envies. Elle le réalisait maintenant, alors que Law l’embrassait. L’instant ne dura pas, pourtant Andrea eut l’impression que des heures passèrent. Elle sentait son torse écraser sa maigre poitrine, ses bras faisant sans mal le tour de sa taille trop fine. Sa main dans son cou pourrait la briser d’une simple torsion, alors que ses cuisses accueillirent un corps trop peu familier. Mais surtout, leurs lèvres se soudèrent comme jamais. Elle lui répondit comme elle put, déjà haletante du manque d’air, ne sachant comment réagir. Elle avait envie de ne jamais cesser de l’embrasser, et pourtant son corps repoussait cette intrusion honnie, inattendue. Tendue et raide dans ses bras, son recul fut vécu comme un soulagement.

Pas qu’elle n’apprécie pas son contact. Mais elle ne savait pas quoi en faire, était terrifiée à l’idée de ne pas lui convenir, qu’il en attende trop. Qu’il remarque qu’elle n’avait rien de spécial, en fin de compte. Elle restait spéciale justement parce que, comme il le disait, ils n’étaient l’un pour l’autre pas comme les autres. Si elle le devenait… Rien que l’idée la terrifiait. Le toucher lui faisait du bien, l’embrasser emplissait son corps d’une chaleur agréable et peu commune. Mais aller plus loin, c’était… dangereux. Risqué. Et beaucoup trop précoce. Elle ne voulait pas. Elle se releva d’ailleurs, après s’être vaguement savonnée et rincée dans une certaine hâte.

« Je nous enlève la tentation alors. Désolée. »

Les pommettes un peu rouges, les cheveux défaits et collés dans son dos et sur son front, Andrea sortit de la baignoire et attendit qu’un esclave vienne enrouler une serviette autour de son corps. Elle l’attacha, tandis qu’elle en saisissait une autre pour éponger sa crinière blonde. S’occuper les mains lui permettait de ne pas songer au malaise qu’avait provoqué son corps contre le sien, alors même que ce premier vrai baiser était si agréable. Etait-elle condamnée à ressentir ces deux sentiments si contradictoires à l’avenir ? Law avait peut-être finalement envie de plus. Et elle ne savait plus vraiment quoi en penser. Se forcer était totalement inenvisageable. Malgré cela, Andrea espérait de toutes ses forces qu’il n’attende pas ce genre de choses de sa part. Pas maintenant.

« Oh, lui. Je m’en fiche. Ce n’est plus mon problème maintenant. Je sais qu’il a été puni. Peu m’importent les détails. »

A ces mots, elle prit la lettre et fit quelques pas pour aller la jeter dans la cheminée dont les flammes réchauffaient son corps, cette fois caché dans le tissu éponge. Elle resta là un moment, interdite. Caressant la bague nouvellement acquise, y voyant une possibilité d’échapper, peut-être, à l’embarras de tout à l’heure. Manipuler les rêves, hein ?

« Rêver que je te sauvais la vie m’a épuisée. J’espère que tu n’as pas prévu un autre procès surprise, ou une embuscade avant la chambre. Parce que je compte bien égorger la moindre personne qui m’empêchera de te traîner au lit. »

La jeune femme s’empara des vêtements ramenés par Amara, et enfila la longue robe qu’elle lui avait ramenée. Un habit de nuit qui aurait pu paraître tenue de soirée avec quelques accessoires, et Andrea soupira. Elle allait devoir lui expliciter les significations des mots « simples » et « pratiques », qu’elle affectionnait dans sa garde-robe. Elle laissa finalement l’esclave reprendre le travail initié par Amara, puisqu’une autre de ses tentatives réveillerait de nouveau Law. Elle ne tenait pas à le provoquer. Même si elle donnerait cher pour l’embrasser à nouveau comme cela. Lui jetant un regard en coin alors qu’il se faisait laver et qu’elle finissait d’égoutter ses cheveux, elle s’approcha et s’amusa, assise sur le bord de la baignoire, à l’éclabousser de quelques gouttes sur le haut du torse et le bas du menton.

« Allez. Ça va probablement être la seule nuit où je t’aurais avec moi jusqu’à ces fameuses vacances, je me trompe ? »
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Law

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Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 28 dimanche 02 mars 2014, 12:27:52

Il y avait un courant philosophico-religieux, appelé « l'utilitarisme », dont les partisans pensaient que les dieux, en tant qu'entités à la fois concrètes et abstraites, étaient en réalité dépersonnalisés ; que seul le culte donnait une identité à ce Dieu, ou, à défaut du culte, des traits de caractère et d'affectation qui font sa personne. De ces théories découlaient un principe plus général : Il n'y a pas tant de dieux que ça ; en vérité, les gens priaient souvent les mêmes personnes, mais sous des aspects différents.
Comme toutes les théories, celles-ci furent d'abord moquées, avant que des gens y adhèrent par un certain aspect pratique qu'ils y trouvaient, notamment pour éviter d'avoir à prier souvent. Ainsi, il n'y avait pas, comme le prétendaient les cultes, d'une déesse de l'érotisme, d'un dieu de l'orgasme masculin, d'une déesse de la fécondation : Le tout pouvait être plus ou moins assimilé à Aphrodite, et puis basta, on n'en parle plus.

Les plus extrémistes de ce mouvement en ont d'ailleurs conclus que, d'assimilation en assimilation, on pouvait réunir tous les dieux en un seul ; d'où il suit que ceux-là ont rejoint l'ordre immaculé, où ils se sont fait proprement massacrer pour hérétisme, puisqu'ils priaient les dieux en un dieu, un genre de concept selon lequel le Seigneur serait à la fois unique et pluriel. Les fous.

En publiant son « Catalogue Général des Divinités », fascicule qui a beaucoup tourné sous le manteau pendant un temps à Nexus, Simon de Barrière, depuis sept ans prêtre au Grand Temple Oriental de Nexus, espérait que les gens renoncent à leurs trop nombreuses célébrations et reviennent à une foi plus épurée. Dans ce livre imprimé clandestinement, il publie une liste de dieux « réels », qui, eux, sont censés vraiment exister ; en-dessous de chacun se trouvent les dieux « conceptuels », ceux qui ne sont en fait que des avatars des premiers, et dont le nom doit être oublié au profit des seuls vrais dieux.

Le courant utilitariste a échoué dans son entreprise. Néanmoins, les dieux n'ont pu que se pencher dessus, et pendant un certain hiver, l'on trouvait autant de fascicules de Barrière sur l'Olympe et ses environs que dans les cheminées de Nexus.

Lured, Dieu reptilien des phobies, de la sournoiserie et de la mauvaise foi, nain filiforme, à la peau d'écailles et à la voix insupportablement aiguë, a très mal supporté ce livre. En effet, dans celui-ci, il était réuni avec d'autres sous la bannière de Sparshong, non seulement en tant que divinité aux traits de serpents, mais aussi à cause de ses traits divins, qui sont plutôt négatifs. Lorsqu'il en a parlé à son homologue de la Juste Violence, celui-ci lui a répondu, plein de son habituel orgueil : « Tu ne sers à rien, de toute façon, et les hommes auraient raison de te supprimer ». Lured en a gardé une rancune sans bornes, et il passe la plupart de ses journées à espionner Sparshong, à guetter une erreur fatale de celui-ci.

C'est donc un Lured excité et gai qui courait vers Zeus. Se plantant à ses pieds, il lui annonca qu'il avait surpris le Vengeur en train d'interférer sérieusement dans la vie des hommes, à la fois sur terre et sur Nexus. Le Roi n'avait pas envie d'intenter une quelconque représailles envers Sparshong, dont les colères paralysaient les cœurs et faisait s'écrouler les édifices. Perplexe, il lui demande donc d'expliquer l'affaire dans le détail, ce que fait le Sournois. Zeus réfléchit, et s'en sortira par un simple pirouette.

« Et ben ? C'est le Dieu de la Vengeance, non ? Il est dans son rôle, voilà, fous-moi la paix maintenant. »

Hop, de quoi éviter de déclencher un conflit inter-divin, que le Souverain de l'Olympe voulait éviter à tout prix, d'autant plus que le concerné était un caractériel et qu'il valait mieux le laisser faire ses p'tites affaires dans son coin.


Sparshong était le Law des cieux.


Et, de la même façon que Law laissait toujours un banc de frustrés derrière lui qui rêveraient de le voir mort lorsqu'il réussit à se tirer de ses mauvaises passes, Lured s'éloigne en pestant, jurant qu'il allait bien trouver un moyen de se venger du Vengeur. Et ça fait tilt. Lui aussi va descendre parmi les humains, tiens.




La gêne d'Andrea aurait pu le vexer. Pour commencer, il détestait naturellement que l'on se refuse à lui : Il a tout gagné, tout pris à la sueur de son front, en étant plus malin que les petits malins, plus dur que les gros durs, et en restant droit et carré dans sa vie. Il a travaillé plus que certains ne bosseront jamais dans leurs misérables vies, parce que le travail est la vertu cardinale de l'homme libre, et il estime donc que tout lui est dû, justification à ses crimes réguliers, perpétrés personnellement ou par délégation.

Mais non. S'il se crispe un peu, au début, mêlé entre la tristesse et la déception, il se contenta finalement... de rire. Oui, ça l'amuse beaucoup, de la voir ainsi, telle une pucelle pas sûre d'elle, est-ce que c'est le bon, est-ce que ça va faire mal, est-ce que je vais aimer ça ? Presque hilare dans son coin de la baignoire, ayant fait signe à un esclave pour qu'il revienne le frotter.

Andrea, tu n'as pas à avoir peur de moi, tu es au courant ?

Il laissait tomber sa tête en arrière et souriait lorsque l'esclave s'attardait sur son buste. Celle-ci se penche à son oreille et lui glisse quelque chose, ce à quoi Law rit de nouveau, de son rire si masculin, dont il force un peu la virilité.

Il profite avec bonheur, et réagit à peine quand elle l'éclabousse. Fais donc, il est déjà trempé de toute façon. Le serviteur lui demande d'ailleurs de plonger sa tête dans l'eau pour mouiller ses cheveux, qu'il lavera avec le même savon, avant de sortir une lame pour le raser. Certes, nous sommes le soir, mais le matin il n'a généralement pas le temps, et de toute façon, il se fout des conventions.

Tu tiens donc tant que ça à utiliser ton nouveau jouet ? Fais gaffe, And – aie ! – Pardon, c'est moi qui ait bougé, j'avais oublié que j'étais blessé ici... Fais gaffe, l'utilisation d'un objet magique pour un novice ne coule pas de source. Il faut de la concentration, et une certaine maîtrise de ses propres sentiments. De mon côté j'en ai fini avec les péripéties : Je vais aplanir toute ma vie pendant les jours à venir, en espérant que tout ne s'effondre pas pendant mon absence, et nous partirons l'esprit tranquille. J'espère que Terra te plaira. C'est un monde magnifique, qui cache... tellement de surprises.

Le serviteur lui tend un petit miroir finement poli, dans lequel Law regarde sa face, particulièrement là où la plaie peine à se refermer.

Cataplasme ?

L'esclave se retourne vers un petit coffret, qu'il apporte près de lui. Il sèche son visage avec une serviette, délicatement, s'assurant du revers de la main que celui-ci ne soit plus trop humide, il lui applique avec l'index une fine pâte verte, qu'il recouvrira d'une petite bande de tissu qui restera collée à sa peau. Nouveau coup dans le miroir.

Parfait. Merci beaucoup, mon garçon.

Il lui fait pencher la tête pour embrasser sa chevelure, puis sortira de l'eau, attrapant une serviette pour se sécher sommairement, sortant ensuite dans les couloirs entièrement nu, en train de frotter ses cheveux qui commencent à se faire sérieusement trop long.

Je tiens à signaler que, malgré Sieg et Law, je n'ai aucune tendance exhibitionniste IRL. Je comprends que ça puisse être douteux, cependant.


Sa chambre. Il y fait un peu frais : Une main passée devant le régulateur de chaleur rendra celui-ci un peu plus rouge, et la pièce mettra quelques minutes à se réchauffer. Il n'y a plus qu'Amara avec eux. Il s'assied sur le lit, tandis que sa sub-sub-subordonnée (elle est très bas dans la hiérarchie...) fini de lui sécher les cheveux. S'engage une courte discussion sans une langue qu'Andrea ne connaît pas. Amara semble plus à l'aise pour parler. L'esclavagiste fini par regarder Andrea.

-Amara, est-ce que tu ne trouves pas ta maîtresse ravissante ?
-Qu'est ce « Ravissante » ?
-« Lecan'ta ».
-Oh. Si, Maîtresse ravissante.


Sa naïveté rend le compliment à la fois plus beau... et plus froid. Instant réflexion.

-Je n'ai pas dormi dans un lit depuis... Je ne sais plus. Une semaine, peut-être.
-Avez-vous encore besoin de moi, Maîtres ?
-Non, tu peux y aller. Dane, Amara, si me latle sui, mes lare partio.
-Dane, Maître. Au revoir, Maître. Au revoir, Maîtresse.


Elle plie la serviette, l'abandonne sur la commode, au cas où Law en aurait de nouveau besoin, et disparaît. L'esclavagiste tend la main à sa belle pour la faire s'asseoir près de lui, puis l'allonge brusquement sur le lit, la chevauche, ses deux poignets coincés par ses mains au-dessus de sa tête.

Et l'embrasse de nouveau. Ses doigts coulent, se mêlent aux siens. L'entrave devient plus douce. Sa tête se relève, et il se rend compte qu'il lui met sa chevelure mouillée sur le visage... Aussitôt, il remue vivement de droite à gauche, de quoi éclabousser sa face. Sourire.

C'est normal que tu ne sois pas à l'aise. Je m'en fous, j'ai le temps. Sache que tout cela n'a rien d'absolu pour moi. Ce n'est pas un but. Détend-toi, hm ? Je n'attend rien des femmes libres.

Il roule sur le côté, s'allonge en travers du lit, dans le sens où... où il n'est pas normal de s'allonger, en fait. Mais ça lui ressemble plutôt. Il arrache l'un des oreillers du bout du lit, où il avait été soigneusement placé, pour le mettre sous sa tête, restant sur le dos.

En mettant cette bague sur ma tête, tu risques de me faire m'endormir. Je ne me souviendrais même pas que tu l'as fait : la bague fait oublier les moments précédant son utilisation. Le reste appartient à ta volonté. Lutte contre le monde qui t'entoure et centre-toi sur ta vision. L'exercice est difficile mais la mécanique s'acquiert vite. Si ça se trouve, mes souvenirs se sont déjà stoppés, et je ne me souviendrais pas de ce que je suis en train de raconter.

Petite pause, et il tourne son regard vers le plafond.

Autant que je te le dise maintenant alors, il est possible que nous dormions ensemble ces prochains jours. Mais dix minutes, pas plus, le temps pour moi de t'utiliser comme objet sexuel par surprise dans ton sommeil, puis de récupérer un peu à tes côtés avant de repartir. Oui, je suis un rapide. Et un salaud. Et un étalon, d'ailleurs : Cela risque d'arriver plusieurs fois par nuit.

Ancien Despote, admirateur de Moumou la Reine des Mouettes, président/trésorier/unique membre de l'association des cultistes de Frig, directeur du club des Persos Vitrines, Roi des Bas-Fonds de Nexus, grand-maître de l'ordre du caca masqué, membre des Jmeféchié, médaille triple platine de l'utilisation du Manuel des Castors Juniors, premier gérant de l'association "Cthulhu est votre ami", vénérateur de la cafetière, seigneur de la barbe et des cheveux, chevalier servant de ces dames, Anarchiste révolutionnaire, extrémiste de la Loi.



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Andrea Leevi

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Re : A Human I Should Turn To Be

Réponse 29 dimanche 02 mars 2014, 14:31:17

Peut-être qu’elle se trompe, mais elle sent le rire un peu forcé. Comme s’il se sentait obligé de s’amuser de la situation, de se moquer de sa retenue. Une fine carapace qui recouvre sans doute autre chose. Andrea grimace alors qu’elle lui tourne le dos, s’en veut un peu. En même temps elle ne s’y attendait pas. Il ne l’a jamais embrassée ni tenue de cette manière. Les choses ont changées, et il lui faut le temps de l’intégrer. Elle n’était juste pas prête à réagir comme il l’entendait. Mais elle comprend parfaitement qu’il puisse s’en offusquer. Et ce rire est sûrement la preuve qu’il est, quelque part, un peu blessé. Est-ce son orgueil ou ses sentiments qui sont le plus atteints ? Andrea hésite, mais ne relève pas vraiment sa remarque. Bien sûr que non elle n’a pas peur, pas de lui. Elle est plutôt terrifiée d’elle-même. De ses réactions, de son vécu de la chose. Est-ce qu’elle sera capable de réagir convenablement ? Est-elle encore en capacité de pouvoir faire l’amour, plutôt que de forniquer en attendant que cela se termine ? Elle n’en est pas sûre, loin de là. Elle doute de son corps et de ses réactions. Et c’est bien évidemment cela qui l’enferme encore plus, qui la restreint et l’attache d’elle-même à ses doutes.

La jeune femme soupira, déçue de constater qu’elle se dessine encore des limites, qu’elle se découvre des hésitations là où elle clamait être libre et forte. Ce n’était pas si simple, évidemment. Elle aurait dû le savoir, pourtant, que l’amour ce n’était pas seulement se regarder dans le blanc des yeux et se dire que l’on s’aime. Le comprendre, voir en lui ce qui subsistait de bon, de fragile même, ne suffirait pas. Epouser son mode de vie, se révéler à ses côtés, tout ça une camarade pourrait le faire. Andrea savait qu’elle n’était pas là pour imiter Isaac et être un compagnon agréable et apprécié. L’amour n’est pas seulement platonique. Et elle s’était voilée la face, avait reporté ça à plus tard. Si elle n’était pas capable de surmonter ce détail, elle n’aurait pas dû revenir. Au moment où il lui avait proposé de ne pas le suivre, de rester sur Terre, Andy aurait pu sauter sur l’occasion et se cacher bien à l’abri.

Parce qu’à présent, elle allait le blesser. Peut-être l’avait-elle déjà fait.

En se mettant à sa place, c’était d’ailleurs évident. Law, toujours froid, méthodique, solitaire et égoïste qui tombait amoureux. Qui le lui avouait. Qui jurait que sa vie ne se conjuguait plus seulement au singulier. Qui l’élevait au rang de déesse de son monde. Avait-elle le droit de le décevoir ainsi ? Il lui dirait sûrement qu’il n’attendait rien en retour, pourtant Andrea eut été prête à lui confier l’entièreté de sa vie, de ses sentiments. Bien sûr qu’il attendait, au fond. Si c’était la première fois, il avait sûrement envie de le lui montrer, de l’étreindre. La jeune femme avait été bien naïve de penser que le laisser soulager ses envies avec des esclaves ou des filles de petite (ou grande, d’ailleurs) vertu lui suffirait. Law avait probablement changé, ses besoins aussi. Elle le frustrait sans doute, et venait en plus de le blesser en le repoussant. Elle qui n’avait même pas répondu à ses mots, qui à présent le rejetait. Il n’était pas bien difficile de deviner ce qu’il pouvait penser, même inconsciemment.

C’était vraiment dégueulasse de sa part. Andrea regrettait d’autant plus qu’elle avait pensé à le faire rêver de cela. Elle lui en voulait d’avoir parlé de ses sentiments dans un rêve, et elle voulait le contenter oniriquement pour fuir l’idée de devoir le faire dans la réalité ? C’était stupide et insultant. Elle rougit à cette idée, honteuse d’avoir pu penser à une telle éventualité. Depuis quand se montrait-elle si détestable et horrible envers lui ? Lui donner un os à ronger, comme à un chien impatient et fougueux, le privant d’un véritable repas. C’était totalement hors de question. Andrea serra ses poings, laissant des marques rouges dans ses paumes, griffées par des ongles un peu trop invasifs. Elle se serait bien collé deux tartes pour son manque de tact, ses idées plus stupides les unes que les autres, et le mal qu’elle avait dû lui faire.

« J’ai pu discuter un peu avant de me rendre à ton procès. Je suis tombé sur un musicien itinérant qui voyage souvent dans tout Terra. C’est bien un artiste, il m’a parlé d’une cascade qui faisait trois fois la hauteur du Palais d’Ivoire, des landes dévastées, et de tellement de lacs, de paysages, de villages insolites que je ne me souviens qu’à peine de leurs noms. Il paraît que rien n’est comme Nexus, cependant. Je sens le dépaysement. »

Changement de sujet. Gênée par la présence des esclaves, Andrea ne veut pas revenir là-dessus maintenant. Elle ne va pas laisser passer, cependant. Hors de question de le laisser dans une fausse croyance selon laquelle elle n’aurait pas envie de lui, jamais. La subtilité sera peut être difficile à lui expliquer, mais après tout, elle a toute la vie pour la lui montrer. Andrea le suivit donc, amusée des regards habitués de son personnel qui, contrairement à elle, ne cherchait pas à où regarder, où ne pas regarder. La jeune femme le laissa discuter avec Amara, tandis qu’elle brossait sa tignasse avec un peigne que l’esclave qui avait lavé Law avait laissé à son intention. Grimaçant sous les nœuds qu’elle tirait sans pitié, elle s’arrêta un instant pour poser sa main sur l’épaule de la jeune femme présente avec eux.

« Merci, Amara. Tu sais merci. Je suis contente de toi, que tu sois à mon service. »

Elle la gratifia d’un sourire avant de la laisser partir, saisissant la main de Law sans trembler, cette fois. Elle s’y attendait et avait prévu sa réaction, à présent. Elle se laissa donc tomber sur le matelas avec lui, lui laissa ses mains. Son regard ne cilla pas et se planta dans le sien, avant de se fermer le temps du baiser. Ses lèvres s’entrouvrirent volontiers, pour laisser sa langue venir, sans plus de timidité, rencontrer la sienne. Elle referma ses doigts sur les siens, les serrant fortement. Son corps était maîtrisé cette fois, et aucun signe de rejet ne transparaissait. Au contraire, elle se pressa contre lui, incapable de faire un tout autre mouvement. Quand il mit fin au baiser, Andrea accompagna sa bouche pour se séparer le plus tardivement possible.

Un rire amusé franchit ses lèvres, rougies par l’étreinte, alors que des gouttes tombaient sur son visage et qu’elle fermait les yeux un instant pour les éviter. Elle les rouvrit sur son sourire, dégageant une main pour la poser sur sa joue et la caresser un instant. Jusqu’à ce qu’il s’éloigne.

Andrea se redressa, ses jambes laissées sur le côté alors qu’elle l’observait. Reportant son attention sur la bague, elle secoua la tête et la retira avant d’aller la poser à côté du lit, cachée dans le petit coffre qui y reposait. Elle ne voulait pas qu’il croie qu’elle allait l’utiliser sur lui.

« Je ne vais pas m’en servir pour ce genre de choses. »

Elle n’eut le temps de répondre que cela avant qu’il ne reprenne la parole. Andrea haussa un sourcil et se rapprocha un peu plus de lui, avant de grimper à son tour sur lui. Ses cuisses enserraient son bassin, limitant ses mouvements. Elle se pencha, ses cheveux passés sur son épaule retombaient, frôlant la poitrine de Law. Sa voix se fit très basse et elle murmura, ses yeux perdus dans les siens.

« Parce que tu crois vraiment que je vais te laisser faire ça ? Que si jamais tu dérives je vais accepter cela de toi ? Tu n’es pas cet homme-là, Law. Et il est hors de question que j’accepte que tu le deviennes. Je ne te laisserai pas la moindre chance. »

Et à ces mots, elle releva sa robe et tira sa dague de la protection de cuir qu’elle avait attachée à la jambe. Elle l’avait cousue elle-même et enfilée grâce à Amara, à qui elle avait donné consigne de ne jamais l’en séparer. Quand Law se faisait laver les cheveux, elle l’avait enfilée et le tissu était si fin qu’il ne se sentait pas. L’arme, tournée à l’intérieur de sa cuisse, était invisible d’un œil extérieur. Elle vint poser la lame contre le cou de Law. Son regard était déterminé mais son attitude pas menaçante.

« Je vis, je dors avec. Alors essaye toujours de devenir un salaud. Tes chances sont faibles. »

Elle ne retirait pas l’arme, profitant de ce moment pour mettre un détail au clair. Un détail des plus importants. Du genre d’informations qu’elle préférait qu’il n’oublie pas. Et là, il avait toute son attention.

« Je suis désolée d’avoir mal réagi tout à l’heure. J’étais simplement surprise. Je sais que tu ne me feras rien que je ne veuille pas. Détail important, je le veux. Laisse-moi juste un peu de temps. Et arrête-moi si j’en fais trop pour toi. Ou pas, au choix. Je t’ai déjà dit que tu serais le seul à qui je donnerai ce corps. Pas parce que tu le mérites, que tu l’attends ou que mes sentiments m’obligent à le faire. Parce que j’en ai envie et que ton contact m’électrise. Et oui je suis pire qu’une petite vierge innocente à prendre mon temps, à sacraliser le truc. Je m’en fous. Ça prendra le temps que ça prendra, parce qu’il est hors de question que ça arrive trop tôt et que des putains de souvenirs viennent tout foutre en l’air. »

Andrea se pencha, sa main libre passant dans les cheveux humides de Law pour tenir son visage et l’embrasser d’elle-même cette fois, retrouvant le contact avec plaisir. Elle voulait être sûre d’avoir toute son attention. Il allait lui falloir jongler entre son état d’esprit propre, et la frustration de Law. Mais surtout, elle refusait de lui faire croire qu’elle le rejetait d’une quelconque manière. Enfin, elle retira l’arme doucement et la rangea le long de sa cuisse, sa main à présent libre venant chercher une de celles de l’esclavagiste pour la porter à sa taille.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]



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