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Tout prince, tout homme [Solo-UC]

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Amser

Terranide

Tout prince, tout homme [Solo-UC]

dimanche 15 décembre 2013, 23:32:53

Comme chacun, Amser eut un jour une enfance et un jour, en perdit l'innocence.

Le jeune homme, bien que destiné à devenir forgeron un jour ou l'autre à l'image de son mentor, savait également qu'un habitant de l'Olympe allait requérir son aide pour une quelconque quête et que cela allait redessiner ses projets d'avenir. Aurait-il le choix ? Qu'allait-il devenir ? Un pantin ? Celui qui était aujourd'hui prêtre de Lanos s'était promis gamin qu'aucune divinité n'allait prendre son âme. Il ne voulait pas forcément être humain ou être un monstre, il voulait juste être lui et lui seulement, c'était pour cela que son libre arbitre raisonnait comme le seul trésor qu'il possédait encore. Se battre pour sa liberté ? N'était-ce pas là un combat noble que nombre d'homme menait ? Amser se revendiquait de ceux-là et l'erreur se situait à ce niveau, le temps s'écoulait sans demander son envie et le terranide était bien incapable de maîtriser le monde pour qu'il aille dans son sens alors à aucun moment il pouvait se vanter de contrôler son destin. Il le subirait, de gré ou de force.

Déjà désireux de fuir celui-ci, l'enfant cherchait une source de pouvoir différente que celle présente son sang car malgré son jeune âge, sa compréhension était avancée, encore un 'don' de son métissage étrange. Comment pouvait-il maîtriser l'univers l'entourant à sa guise ? La réponse était toute proche et il n'y avait même pas à chercher car celle-ci était dans son enseignement même. Forgenoire, un nain aux proportions impressionnantes, maîtrisait une étrange magie qui utilisait les runes comme catalyseurs et là était la base de son pouvoir, celui-là même qu'il désirait léguer à son fils d'adoption mais pour cela, il lui fallait comprendre et écouter. Utiliser des mots de pouvoir juste dans une envie de conquête rendait fou, puissant et pourtant, terriblement faible. Là était la comédie magique que des peuples subissaient sans même le voire et là était le sort que le nain se refusait d'offrir à Amser qui avait l'esprit suffisamment alerte pour saisir l'ampleur de ces propos malgré son identité encore infantile cette année-là.

« - Dis-moi, Fiston, as-tu entendu parler d'autres dieux que ceux que le Grand Prêtre t'a présenté en contes dans le Temple, il y a de ça quelques années ? »

La question était rhétorique, Amser ne sortait jamais de la forge sans autorisation et ne s'éloignait jamais du bois qui la protégeait. Avec sa mémoire d'éléphant, il ne pouvait pas non plus avoir oublier le prêtre évoqué car en plus de ça, il s'agissait d'une figure importante du pays. Ce clerc à l'apparence un peu allumé, haut de trois mètres et fin, vieillard puissant grâce à une magie étrange que le terranide soupçonnait comme appartenant à un autre dieu que celui qu'il était censé servir. Il s'agissait d'un homme bon qui prenait sous son aile toutes les âmes égarées et raconter des histoires aux gosses affamés et pauvres, tribu à laquelle Amser appartenait par moment. Grâce à son enseignement, il connaissait tous les dieux de l'Olympe et leurs histoires, faisant de lui un érudit avant même qu'il n'ait atteint la première décennie de sa vie. Comment oublier tous ces textes et surtout, comment croire à d'autres légendes alors qu'à force de les entendre, la religion du pays était devenue une vérité vraie pour tout le monde, comme celle qui avait poussé les humains de la Terre à croire que leur planète était plate pendant des siècles. C'était certes une ignorance, mais une ignorance rassurante, plaçant des limites là où les cœurs craignaient instinctivement l'infini.

Cette fameuse nuit, Forgenoire commettait une hérésie, présentant à son élève d'autres bibles que les siennes. L'histoire parlait de terres froides, de mondes qui se renouvellent et d'un paysage divin différent, expliquant d'où venaient les runes alors que Zeus et ses frères n'avaient apportés jusque là aucun indice satisfaisant à la faim du petit monstre. Que fallait-il faire ? Croire à ces nouvelles et renier les dieux ? Ou bien les protéger et chercher à ramener ce faux père à la raison ? Amser, maudissant en cette fameuse nuit sa curiosité maladive, se redressait sur sa couche, profitant de la chaleur tamisée de sa chambre improvisée pour voire dans les ombres les échos de la voix de son maître et écoutait, se régalant avec honte de ces nouveaux acquis.

Búri était la première des légendes, le premier homme et son nom signifiait en quelque sorte le 'Créateur'. A la manière des dieux primordiaux, il était le premier et était décrit comme un être grand, beau et fort. Cette image était plaisante car les gens d'Ispolin correspondaient un peu à celle-ci, ils étaient effectivement plus grands que les humains en général bien qu'ils appartenaient à la race, étaient ainsi dotés d'une force colossal proportionnée à leurs corps pour pouvoir se protéger des entités géantes des environs et s'ils étaient beaux... C'était une histoire de goût mais l'eau était pure et la viande délicieuse, l'herbe verte. S'ils mangeaient bien, ils grandissaient bien et c'était une généralité dans le pays, donc du point de vue d'Amser, tout ses 'frères' étaient des êtres magnifiques, comme ce fameux Búri. Comme les habitants des lieux, cet ancêtre commun à tous les dieux pouvait avoir des enfants et en effet, il en avait un, le seigneur des temps anciens, le second dieu, Bur.

« - Mais comment les autres dieux sont-ils arrivés... ? »

La question était stupide car la réponse allait de toute manière venir selon un plan logique mais le nain souriait, attendri et rassuré de voire Amser s'intéresser à ce qu'il disait sans s'allonger pour s'endormir comme s'il ne s'agissait là qu'une histoire pour enfant ayant du mal à s'endormir. Le gamin voulait dormir, c'était vrai car il s'était fait réveillé en plein milieu de son sommeil mais à présent, il était le premier à combattre cette sensation et il était récompensé en apprenant quelque chose qui le troublait dans un premier temps : avant la création du monde vivaient les géants et d'un côté, cela correspondait aux Titans des légendes olympiennes. C'était avec un de ces monstres que Bur avait le dieu le plus intéressant du récit, quelqu'un qui n'avait pas d'égal et que l'on connaissait le mieux à travers l'univers pour cette religion, en étant devenu le maître en quelque sorte, Odin !

Ici, l'histoire prenait un tournant délicieux et significatif. Odin n'était pas qu'un dieu, il était également le prince des Runes et c'était le point que le maître voulait atteindre, il voulait expliquer d'où venaient ses pouvoirs si magnifiques et en quoi ils étaient compliqués en revenant à leurs origines. 'Rune' signifiait 'Secret' et c'était vrai, elles renfermaient les mystères des éléments et du Tout alors l'aveu ne surprenait pas tellement mais comment ce dieu borgne était-il parvenu à les faire sortir de leurs cachettes ? Cette écriture était liée à neuf mondes dont l'explication échappait un peu à Amser, trop absorbé par les méthodes utilisées par Odin... Il s'était donc transpercé lui-même et était resté seul contre le tronc d'un arbre symbolique durant plus d'une semaine pour saisir le sens de tous ces secrets, c'était une initiative osée mais qui avait de toute manière fonctionner.

« - ... Havamal ?
- Laisse moi te raconter... »


Forgenoire faisant de la poésie, lui qui haïssait tous les arts hormis celui des forges. Amser était bouche bée, se retenant même de respirer lorsque les vers sortaient naturellement de la barbe de son père qui racontait ainsi des histoires de tous les jours qui reflétaient des jeux d'esprit et des vérités cachées, un peu à la manière des secrets d'Odin sûrement et le but des poèmes étaient simples, ouvrir spirituellement l'esprit du terranide qui sentait au centre de son front comme un point de glace, un nouvel air entrant dans son esprit embrumé pour repousser les frontières. L'enfant était quelque fois effrayé de cette vaste plaine sans fin, il ne voulait pas y entrer de peur de s'y perdre et ses yeux se fermaient sur ce qu'il établissait comme un mirage, rangeant les mots divins dans un coin de son esprit en tentant de les ignorer car après tout, ce n'était qu'une hérésie d'un peuple étranger auquel Forgenoire était lié d'une manière ou d'une autre. Ce n'était pas une trahison, juste de la folie pure et simple, voilà ce qu'Amser en pensait à l'instant où il redevenait un homme d'Ispolin, fort de corps et d'esprit, assez pour refouler ces envies de connaissance qui devenaient perverses, sombres.


« - Strophe 139... Tu as été porté par un élan que je n'explique pas et tu es parvenu à t'arrêter à ce moment précis... C'est un drôle de choix mais peut-être commences-tu à lire dans ma tête, Fiston ? Juste une question, tête de nœud... As-tu... ?
- ... Peur ? »


Pourquoi ? Forgenoire connaissait déjà la réponse et Amser avait fini la question car c'était la chose la plus évidente, le sentiment conquérant effectivement ses cœurs serrés. Ils étaient arrivés au moment où le texte devenait plus difficile à comprendre, beaucoup plus imagé et surtout, plus important. L'enseignement des runes était caché à l'intérieur des mots que le nain allait dire mais son fils d'adoption refusait de les entendre, comme s'il refusait d'ouvrir la boite de Pandore. Il était simple de se dire qu'à ce moment, le terranide n'était pas près mais ce n'était pas l'impression du nain qui troublait ainsi le gamin près de lui, ce dernier sentant bien qu'on ne lui disait pas tout. Peut-être que tout cela n'était qu'un jeu d'esprit pour stimuler sa curiosité et son imagination ? Qui sait ? Les dieux qui étaient penchés sur le duo à ce moment, lors de cette fameuse nuit ?

...

Le bois magique où un père et un fils habitait semblait mourir d'un mal étrange qu'aucun des deux ne connaissait. Le père, un nain grand et fort, préférait laisser son destin aux mains des dieux en répétant que le phénomène était pareil à l'hiver et qu'un jour, la maladie partirait d'elle-même comme la chaleur qui revient sur le monde. Le fils, un géant petit et frêle, s'en était allé dans la forêt à la recherche d'animaux ou d'elfes pouvant l'aider mais n'y trouvait rien, comme si les habitants avaient fuit le lieu saint en voyant un danger trop grand et au centre de la forêt explorée, une rencontre inattendue, au-delà des frontières établies par le maître nain. Père et fils du monde, un arbre immense et minuscule à la fois, qui restait sur sa place en patientant, attendant une mort promise qui dévorait déjà ses racines. L'ancien végétal ne voulait pas mourir, cette envie de fuir le destin traversait les cœurs de l'enfant terranide lorsque celui-ci effleurait l'écorce en partie moisie.

Pourquoi ce frêne majestueux était-il au cœur même de l'épidémie ? Amser ne connaissait pas ces maux et ne parvenait pas à les comprendre lorsque les premiers signes apparaissaient. A quelques mètres de son pieds, une branche de l'arbre avait fuie avant d'être atteinte et l'enfant débarrassait le reste d'un geste de la main qui virait les pourritures tentant de l'investir. Pourquoi sa maison était-elle attaquée ? Forgenoire avait la capacité de défendre de larges lieux avec sa magie mais visiblement, quelqu'un ou quelque chose était parvenu à contourner les lignes de défense au point que même les sylvestres, si fiers d'habitude, s'étaient vu exilés de chez eux.  Si au moins l'Arbre parlait, Amser pourrait l'aider mais si les murmures étaient présents, l'enfant refusait de les croire et voyait juste sur le bout de son bâton quelques symboles, signe que même le fuyant allait être tué. Un présage pour la faune maintenant loin d'ici ? Il espérait se tromper mais comprenait par la même occasion que cette chose pouvait atteindre les différents règnes donc lui aussi.

Il ne lui fallut qu'une dizaine de minutes pour tailler la branche en lance à l'aide de ses dents solides. Ainsi, il allait être protégé de l'envahisseur probable et d'un autre côté, il pouvait faire confiance à son corps résistant pour subir les maux des bois sans en mourir. Il espérait ne pas se tromper.

« - Où êtes-vous, lâches qui attaquaient mes innocents amis ?! »

Toujours plus proche des autres espèces que les humains, Amser prenait l'affaire à cœur surtout lorsqu'il réalisait que l'invité était déjà présent sur place. Sûrement des chasseurs qui organisaient une battue ou qui désirait une des reliques contenues dans le sous-espace où le terranide habitait avec son maître.

...


Je sais que je pendis
A l'arbre battu des vents
Neufs nuits pleines,
Blessé d'une lance, et offert à Odin
Moi-même à moi-même offert.
A l'Arbre dont nul
Ne sait d'où proviennent les racines.

Amser découvrait une particularité de son corps ce jour là, un second cœur battant dans sa poitrine qui venait de le sauver car sans aucun doute possible, le premier s'était vu transpercé par sa lance improvisée. Quelle ironie. Trop profondément enfoncée, elle ne bougeait pas d'un pouce et quelque part, ce n'était pas vraiment une mauvaise chose, c'était ce que l'enfant se disait lorsqu'il se rendait enfin compte d'où il était. Sous ses pieds, un immense vide laissant planer des reflets sombres, comme un puits sans fond où différentes essences se mélangeaient librement comme si rien d'autre n'y existait.

Le bord du monde... Au moins, ça apportait une réponse au terranide qui ne savait cependant pas comment il était arrivé jusqu'ici. Trop loin par rapport au bord pour pouvoir se rattraper, il lui semblait bien compter une centaine de mètre en levant les yeux et la nouvelle ne l'enchantait guère, le laissait même dans une profonde inquiétude parfaitement justifier. Oui, il avait subit l'expérience d'être enfermé et privé d'eaux et de nourritures durant plusieurs jours mais la punition de son maître lui semblait léger par rapport à ce qui l'attendait car effectivement, ça n'allait pas être juste plusieurs jours mais peut-être une éternité. Tout dépendrait de la chance de notre ami qui remuait un peu comme dans l'espoir de sentir une prise avec ses talons ou ses doigts qui tapotaient des surfaces lisses pendant des heures et des jours dans cet endroit où même la nuit et le jour ne parvenait pas à l'atteindre.

Pas de pain ne me donnèrent,
Ni de coupe d'hydromel
Je scrutais en bas ;
Hurlant
Ramassais les runes ;
De l'arbre je retombais.

Le condamné avait innocemment cru qu'il pouvait apporter la maladie à la forge et qu'il aurait pu s'y soigner, quitte à tromper les clercs pour qu'ils lui expliquent ce qu'il se passait mais non, les maux se faisaient sentir sans qu'aucune aide ne vienne. Le jeune homme ne pensait pas en mourir mais le supplice vécu n'en était que plus long, au point que sa dignité le quitte par moment pour quelques appels désespérés qui ne menèrent à rien.

Dans son cœur, une drôle de malice, la maladie qui le tuait était transportée par le sang qui tentait de reconstruire la pompe blessée sans grande efficacité. Le bois ancré en lui frissonnait, profitant de cet afflux d'hémoglobine du monstre pour se guérir et ce frisson parcourait des kilomètres, si ce n'est plus, pour que des branches d'un vieil arbre ne viennent à remuer, prouvant qu'un éclat de vie subsistait. Béni soit sa grande taille qui rendait la contamination plus lente, rendant l'opération plus lente comme le feu tentant de brûler la pierre alors que la forêt avait brûlée en une semaine à peine.

L'Arbre appelait ses dernières forces pour faire à son tour frémir le cœur de roche d'un certain nain qui comprenait où était son fils. En quelque sorte, le Seigneur de la Forêt était un relais entre les deux êtres qui parvenaient à se rassurer sans parler, les sentiments s'évaporant dans les airs étant portés par les vents de telle manière qu'aucun obstacle ne semblait pouvoir les arrêter.

« - Vous allez bien, Ancêtre ? »

Le monde astral était étrange et complexe mais le gamin avait un esprit capable de supporter l'épreuve et était par la même occasion capable d'apercevoir cette forme qu'il savait correspondre à l'Arbre dont il avait volé la branche. Inutile de mentir ou d'être surpris, dans un univers semblable, les paroles étaient pensées et les pensées étaient énoncées à autre voie, voilà pourquoi les hommes s'y perdant en rêve avaient bien souvent des propos confus mais ce n'était pas le cas d'Amser qui parvenait même à se stabiliser pour soutenir l'esprit souffrant de ce esprit fait de sagesse et d'écorce.

« - Mon temps est venu, fils d'Odin, et tous mes hériters ont fuis la forêt. Je n'ai plus de digne successeur, mon cœur se fane bien que ta présence a quelque chose de rassurante. »

C'était surprenant de pouvoir soutenir ainsi un frêne si vieux et si immense mais ici, il ne s'agissait que d'un vieillard qui avait besoin d'aide, abandonné de tous. Amser avait subit le même sort, il avait été laissé seul et probablement que son envie de fuir l'abandon l'avait porté auprès de la dernière personne à laquelle il était relié par une brindille imposante dans le torse. Avec ce contact spirituel, l'histoire de l'un passait dans les yeux de l'autre et ils se comprenaient, apprenant ce qui les intéressait et de la sorte, Amser trouvait le remède qui ne l'attirait plus vraiment, sachant que même s'il venait à être libéré, rien ne pouvait lui permettre de rejoindre le bercail à temps. Toute une éternité devant lui, voilà ce qu'il avait de plus précieux et ce temps, il voulait le partager avec celui qui avait protégé sa maison et celle de tellement d'autres durant un long moment. Sur Terra, on voyait quelques feuilles vertes apparaître sur le bout de bois apparemment mort qui était en réalité revigoré par un sacrifice qui paraissait trop faible aux yeux d'un enfant qui était réconforté de pouvoir participer à un effort commun.

Neuf chants de pouvoir me furent inspirés
Par Bolthor, père de Bestla :
De lui j'obtins une corne d'hydromel,
Recueilli d'Othrörir

L'Arbre était sage et ses racines semblaient avoir poussées partout sur Terra. Ses souvenirs, le terranide en héritait lors de leurs échanges dans ce sous-monde qu'était le domaine des astraux. Il y avait dans ce monde découvert bien des excuses pour être curieux et pour être réconforté, sans pour autant être effrayé par les frontières passées qui aidaient Amser à penser que quelque chose existait par delà les cieux et par delà le cœur des montagnes. Malgré son immense mémoire et tous ses efforts, il ne gardait que l'impression que tout cela était réel et un monde lui plaisait particulièrement, celui où il vivait. Dans ce dernier, le nain si froid qui s'affolait à ne pas retrouver l'élève qu'il avait par le passé maltraité, des animaux revenant dans un geste solidaire pour ralentir la maladie sur les écorces en les léchant, des sacrifices héroïques bien qu'étranges et leurs essences partaient vers Amser qui voyait ainsi leurs peines et leurs craintes.

Leurs vies en lui, Amser les régénérait grâce à ses dons avant de renvoyer le tout grâce à son lien privilégié avec le Grand Arbre. Le spectacle était étrange, une biche s'effondrant et se faisandant légèrement avant que les plaies ne se referment, que les mouches partent et on voyait comme ça l'animal sur pieds après quelques jours de faux décès. C'était certes une drôle de léthargie mais accueillir d'autres âmes dans le monde astral avait quelque chose de magique et bien entendu, certaines s'y perdaient, provoquant une mort définitive chez la victime mais le sacrifice était nécessaire et inévitable par moment. C'est à cette occasion, à l'aide du Seigneur Sylvain, qu'Amser apprenait le langage de la flore et de la faune, pour les apaiser et les comprendre comme il aurait voulu le faire la première fois qu'il s'était retrouvé face à la maladie. Le travail était long mais mené à bien par un enfant qui en gagnait en maturité, peut-être que son instinct monstrueux y était pour quelque chose.

« - Mon temps est venu, fils d'Odin, et tous mes héritiers sont revenus dans la forêt. J'ai enfin un digne successeur, mon cœur s'émeut et ton souvenir a quelque chose de rassurant là où je vais. »

Alors je me mis à germer,
A croître et à me corriger
De mot en mot, mes mots me menèrent
D'actes en actes, mes actes me menèrent.

Afin de comprendre une étrange malédiction qui le dépassait, l'enfant acceptait enfin cette excroissance de son corps qu'était devenue la lance de frêne. Elle lui était au final bien utile et pour une fois, il n'était pas considérer comme un monstre, il n'avait plus besoin de se cacher et comprenait enfin ce qu'on lui cachait par moment mais là, une chose qu'il ne saisissait par totalement : comment prouvait-il se synchroniser avec un être végétal aussi loin de lui ? Loin ? Cette vérité allait bientôt changer car on venait enfin le décrocher de sa pendaison particulière et sous le visage du gamin, un visage rassurant... Depuis combien de temps son père n'était-il pas parti aussi loin ? Ça avait du être un voyage intéressant et Amser en riait, se disant qu'enfin l'excuse s'était présentée à l'artisan et que voire un peu le monde avait du lui faire du bien tout comme ça lui avait fait du bien de le percevoir grâce aux racines du grand Arbre dont il ne ressentait plus la présence près de lui alors que la lumière du jour, le surprenant, parvenait à le plonger dans un profond sommeil sans aucun doute mérité.

D'un bout du monde, un ancêtre s'écroulait et de l'autre côté du plateau terrestre, un gamin germait. Dans sa chair, du bois qui mûrissait comme ayant trouvé enfin un sol propice à son évolution et on ne cherchait même pas à sortir la lance qui agissait comme un parasite une fois que l'enfant était réhydraté et exposé aux jours comme au nuit. Peu envieux de devenir un habitant des forêts de manière définitive, l'intrus dans le corps d'Amser décidait d'adopter une nouvelle apparence qui se voulait plus discrète. Corrigeant son tir, il n'en restait plus qu'un ensemble de cercle brun sur le pectoraux enfantin, comme le pied d'un arbre que l'on venait de couper proprement à la hache, pareil pour l'endroit de l'omoplate où la lance était passée. Aucune gêne dans ses gestes sauf peut-être au début, l'apprenti forgeron se sentait de nouveau en vie bien que ce reste de l'Arbre dans sa poitrine l'intriguait un peu... Non, le seigneur n'était pas vraiment mort, pas totalement du moins, comme déphasé entre deux existences.

« - Vivrez à travers moi, Ancêtre Bois-mort... »

Et c'est qu'il faisait par la suite, d'une certaine façon. Présent sur Terra par l'intermédiaire du terranide, le cœur de la forêt raisonnait avec celui qu'il avait transpercé avant contre son gré à cause d'un ennemi commun. Mais quel ennemi ? En aidant la faune et la flore avec ce qu'il avait apprit, Amser récoltait les informations tout en profitant de certains acquis des elfes qu'il trouvait tout d'un coup plus sage que ce à quoi il s'attendait. C'était peut-être un stéréotype mais Forgenoire, nain têtu qu'il était, avait toujours dépeint la noble race de manière à les faire passer pour des idiots bouffeurs de feuilles arrogants et faiblards... Leurs corps fins et agiles étaient à des années-lumières de celui du forgeron mais la force qu'ils n'avaient pas était compensée avec la vitesse et la précision et ainsi, une race ne valait pas mieux qu'une autre. Comme preuve, Amser avait appris des deux côtés, bien qu'ils soient intimement ennemis, c'était sûrement le plus grand avantage à être neutre dans une bataille bien que cela se traduisait par le fait de n'appartenir à aucun camp, à d'être seul, mais certains hommes ne se portaient que mieux dans une solitude presque choisie.

Tu apprendras les runes et tu les traduiras,
Créées par les puissantes divinités,
Enrichies par Odin,
Les runes de puissance, les runes de pouvoir
Gravées par le souverain borgne.

Ispolin pouvait être considérer comme un petit pays et pourtant, nombre de cultures y cohabitaient, dès fois pacifiquement, dès fois tout au contraire, elles se faisaient la guerre sans répits. Le monde était lui-même divisé même lorsqu'il n'était pas belliqueux et les gens ne se mettaient que rarement d'accord sur de réelles conventions, rendant dès fois les discussions compliquées. Fort de ses nouvelles connaissance, Amser tentait d'ajouter sa pierre à l'édifice en établissant, aussi jeune qu'il était, une sorte d'encyclopédie où les races intelligentes trouveraient leurs comptes, se limitant aux petits savoirs de tous les jours et à certains points comme les religions afin que personne ne se retrouve outré par la manœuvre de cet enfant de rien.

L'influence des essaies était bien vite à ce qui était espéré et des elfes étaient invités au Conseil de la capitale afin de créer un commerce ou du moins des relations diplomatiques, une chose qui était bonne car deux hommes ne se comprenant pas avaient tendance à se méfier l'un de l'autre, voyant dans son homologue une sorte de sauvage. Les langues étrangères étaient destinées aux nobles ou personnes de haut rang et ainsi, le terranide rencontrait le Conseiller du roi, Ikk'sadod, qui malgré qu'il haïssait le gamin car il était un voyou, un moins que rien, acceptait de recevoir l'enseignement de ce dernier ainsi que de quelques oreilles pointues là pour rectifier le tir si jamais l'enfant se trompait, chose qui ne se produisait que rarement, à la surprise de presque tout le monde, surtout du second royal qui rappelait bien assez souvent qu'Amser ne devait pas devenir arrogant, se rappeler de sa place dans la hiérarchie établie par les dieux qui avantageait Ikk'sadod sur un peu près tout ce qui existait, à l'exception du monarque et de sa famille.

Le fils de personne était donc peint dans le contexte comme un être féerique, un intellect inconnu n'appartenant à aucun groupe qui harmonisait ceux présents. Une belle place pour un homme n'ayant pas quinze ans, n'est-ce pas ? Mais comme on dit, la vérité sort de la bouche des enfants. C'étaient aussi des fils d'Ispolin, peu importe leurs natures, qui signaient des pactes et unifiait une région qui s'en réclamait depuis des années sans vraiment l'être. Le contrat non-agression portait le nom d'une personne qui devenait légendaire à partir de ce moment et qui en même temps perdait son existence matériel pour devenir une personne morale, un concept qui servirait à éduquer les apprentis de tout un pays. Le nom ? Le Pacte du Gris qui établissait une paix officielle et le premier chemin d'entente entre deux clans qui s'ignoraient et se regardaient en chien de faïence auparavant, attendant une guerre qui aurait due être inévitable.

Odin pour les Ases, Daïn pour les Elfes.
Dvalin pour les nains
Alsvid pour les géants, mais pour les Hommes,
J'en gravais moi-même plusieurs.

A un enfant de huit ans qui combattait des démons trop grands, il fallait une aide. Mis sous un instructeur de l'armée et éloigné volontairement de la forêt qu'il devait protéger en tant que nouveau seigneur, Amser parvenait tout de même à fuir les humains en se réfugiant quelques fois près des rats ou dans les coins fleuris de la grande cité. Là-bas, on le retrouvait facilement à cause d'une série de soin qu'il prodiguait à tout ce qui passait. Un vieillard malade ou souffrant ? Avec une connaissance héritée des elfes, l'enfant semblait reculer le temps pour offrir dix ans de plus à l'homme mûr qui partait raconter l'histoire à un voisin qui lui-même venait. La publicité n'était pas une chose qui attirait forcément l'apprenti forgeron mais soigner, ça, c'était tout à fait dans ses cordes et tout ce qu'il avait saisi au fil des époques, il l'appliquait pour guérir tout ce qui était vivant et blessé sous sa main, même certaines plantes. Ainsi, Amser était le petit enfant couvert de couverture qui ne pouvait pas se soigner lui-même mais qui pouvait par contre tout faire pour les autres, sauf pour le militaire chargé de son occupation qui passait le plus clair de son temps à chercher cette boule de nerf à travers les ruelles assez bien connues du garnement, Forgenoire l'ayant emmené pour des histoires de commerce, cela ayant débuté lorsque Amser commençait à peine à marcher. Pourquoi l'avoir envoyé chez les humains ? La question restait en suspens car la réponse avait déjà été donnée mais ne voulant pas réfléchir à l'interrogation du 'Pourquoi de cette manière', l'enfant restait sur son premier mystère à résoudre, la voix de son faux paternel lui vrillant les oreilles par moment tellement que ce pouvoir semblait important.

« - Tu dois mener l'enquête seul, Fiston, je ne peux pas abandonner ainsi notre maison sur des doutes. Tu m'as raconté ce que tu avais vu et j'ai vu dans tes songes les couleurs de notre pays comme bouclier à nos ennemis. Cherche et détruis, après tout c'est ton devoir en tant que monstre. »

Aucune raison d'être vexé, il n'y avait que la vérité dans les mots du nain. Grâce aux racines du Grand Arbre, Amser avait aperçu effectivement les envahisseurs et surtout celui qui se résumait à être son principal ennemi, un homme gigantesque vêtu du noir ispolin. C'était lui qu'il fallait trouver et c'était un militaire, probablement un traître ou bien un membre d'une police secrète car qui d'autres pouvaient vouloir défaire les maîtres de cette partie du monde n'appartenant pas encore à leur roi si sage ? Aucune rumeur sur cette attaque, juste une connaissance trop approximative sur la maladie pour être honnête et au final, on mettait les accusations de l'enfant sur le dos de son imagination alimentée par les récits épiques de dragons et de chevaliers mais la réponse était là, toute proche.

Les elfes questionnés avaient eu écho de tout cela, avaient nommés le traître dans leurs langues, les animaux avaient fait de même et même les monstres, habituels ennemis, avaient baissés les armes pour aider le gamin dans son enquête. Huit ans, était-ce trop tôt ? Pour un humain sûrement, mais Amser ressemblait déjà un jeune adolescent à cause de sa musculature et sa connaissance, récompense pour son dur labeur d'apprenti et son titre d'héritier d'un frêne géant. Personne ne savait qui était l'adversaire mais on parvenait à décompter ses sbires, bien souvent des soldats avides de gloire et d'argent, bien souvent des hommes mauvais et le regard inquiet de l'instructeur indiquait au fils de Forgenoire une chose, il avait raison. Inutile de savoir lire dans les esprits pour deviner que la tension dans l'air n'était pas due qu'aux péripéties du petit guérisseur.

Amser ne savait pas où était ce monstre partiellement semblable à lui et à ses frères, il sentait juste à travers les visions passées que cet homme était également une âme mauvaise, au même titre que celles qui le servaient. En secret, on maudissait l'enquêteur, devinant par la même occasion qu'il ne pouvait pas être humain déjà à cause de ses exploits car les Hauts avaient encore souvenir du Gris qui était bel et bien devenu un élément du folklore, ce reste d'éclat qu'était Amser avait encore la possibilité de se confondre avec le reflet sublimé qu'on lui avait construit et l'influence en découlant était périodique mais dérangeante. Il n'était pas puissant, ce n'était pas non plus quelqu'un d'ambitieux mais ses mots étaient déjà raisonnés et ses envies claires, les paysans l'écoutaient et s'apaisaient ou s'énervaient selon la condition dans laquelle le fils de nain se retrouvait.

Quelqu'un à effacer ou à protéger ? Les avis étaient partagés déjà à l'époque, la crainte qu'il ne devienne quelqu'un y jouant sûrement la plus grosse partie... Nul n'est prophète dans son pays et avec l'âge, soit il serait oublié, soit il allait causer des catastrophes. Enfant d'une légende, homme généreux bien que peureux, on ne voulait pas savoir qui il était et encore moins ce qu'il pourrait devenir.

Sais-tu comment les graver, Sais-tu comment les interpréter
Sais-tu comment les colorer, Sais-tu comment les éprouver
Sais-tu comment les implorer, Sais-tu comment les sacrifier
Sais-tu comment les montrer, Sais-tu comment les verser ?

Après avoir imaginé milles hommes mauvais et avoir fait de tout être vivant un suspect potentiel, l'enfant était placé sous la garde des prêtres de Lanos car là-bas, son talent de guérison pouvait être utile et mieux encore, il serait moins gênant en plus d'être protégé de tout et même de lui-même dans ce Temple neutre. Ce n'était pas la première fois qu'il venait mais c'était une première le fait d'être tabassé par son père à ce point avant d'arriver devant des clients... Des clients, Amser n'avait pas trop compris, à croire que dans son esprit difforme il restait encore des traces de naïveté qui caractérisaient les enfants de son âge. Est-ce qu'ironiquement, ses années en tant qu'écuyer avaient faits de lui ce qu'il aurait dû être depuis le début ? Non, sinon on ne l'aurait pas envoyé ici.

Son instructeur, à la surprise d'Amser, n'était pas une âme corrompue bien qu'il était en partie complice de cet ennemi toujours invisible et c'était ce dernier qui l'avait expédié dans cette prison de pierre avec une lettre mais à ce moment là, Amser en avait deux... De qui était la deuxième ? De Forgenoire qui avait écrit avec colère qu'il était d'accord avec ce qui se passait, avouant qu'une fois cette période de trouble passée, l'enfant reviendrait chez lui pour poursuivre son œuvre d'apprenti bien qu'aux yeux de bien des gens, il était déjà complet à ce niveau-là. Le petit Gris souriait en lisant les lettres, il ne savait pas vraiment bien lire sa langue mais il comprenait qu'on tenait à lui, qu'il n'était pas aussi monstrueux que ce qu'il pensait ou plutôt, que des personnes étaient prêtes à oublier cet élément de sa personnalité. Ce jour-là, on pensait qu'il pleurait parce qu'on l'avait une nouvelle fois frapper mais si son écharpe était pleine de larmes, c'était juste que se sentir humain était magnifique et ça, les clercs ne s'en rendaient pas comptes en accueillant ce nouveau résident en riant un peu de son état lamentable. Ce n'était pas des moqueries vilaines, juste de la tendresse face à une situation cocasse et cet acte détendait le terranide qui se surprenait à sourire à cause de la bonne humeur générale qui régnait en ces lieux.

« - Voilà tout ce que j'ai pour vous remercier de m’accueillir et je sais que c'est peu. Mon maître n'a pas pu se libérer pour venir, je suis sincèrement désolé.
- Ton maître ? Tu veux parler de ton papa, Forgenoire ? »


Une moquerie plus méchante ? Non, malgré un regard embué de larmes à cause de ce qu'il venait d'entendre, Amser voyait que c'était ainsi qu'on le considérait. Ce n'était pas juste un apprenti et le fait que ce nain distant et méchant l'ait adopté en faisait son fils aux yeux du peuple. Amser, fils de Forgenoire ? En essuyant son visage larmoyant de la main, l'enfant avouait que ça sonnait plutôt bien mais que ce n'était pas vrai, chose à quoi on lui répondait avec des rires et des preuves du contraire où on omettait certains détails pour rendre l'aspect plus évident. S'il avait accepté d'être considéré comme ça, Amser ne savait plus s'expliquer le pourquoi, voulait-il juste qu'ils arrêtent de rire et de le contrarier ? Ou bien tout simplement s'était-il mis d'accord avec les religieux sur la définition de ce qu'il était ? Probablement un peu des deux et même très probablement, ce n'était pas une chose qui faisait du bien à son âme d'enfant, en apparence tout du moins.

Les couinements alliés aux gestes défensifs du gamin montraient assez bien qu'il craignait les coups à cause des larmes qui ne voulaient pas finir de couler. Peut-être pour la première fois de sa vie, on le laissait extérioriser sans lui dire que c'était une honte et il se souvenait encore de son fameux père le trouvant peu importe où il était pour le corriger lorsqu'il voulait être triste et seul, cela ne rendait ses plaintes que plus graves et ses cœurs se libéraient d'une peine infinie grâce à des gens qu'il ne connaissait pas et qu'il ne voulait même plus voire, déjà gêné à l'idée des regards.

« - Voilà voilà, c'est bien. Laisse-toi aller... »

Quelle drôle de sensation ? Tout comme lorsque Amser ne savait pas calmer ses crises, son maître le soulevait pour lui offrir un câlin, le grand prête, presque deux fois plus grand que Forgenoire, faisait de même. Élevé à presque trois mètres du sol, l'enfant ne parvenait pas à avoir peur, le faible frisson naissant disparaissant juste au moment où il sentait les doigts longs et fins du vieillard qui recommençait à rire. C'était gênant mais mieux encore, cela forçait le monstre à plier à l'invitation et à se laisser aller, un ronronnement lui échappant plutôt qu'un pleur lorsqu'on explorait sa chevelure grise. Le second professeur du gamin était aussi gentil que le premier bien qu'il le montrait d'avantage et d'une certaine manière, on pouvait facilement comprendre que le terranide n'allait pas être une gêne dans le Temple. On venait juste de l'adopter comme un chien qui s'était perdu trop longtemps sous la pluie et aussi stupide que cela pouvait paraître, il fallait deux êtres pour éduquer correctement le bambin qu'était ce monstre bâtard. Forgenoire était le père, maladroit et fort, le clerc devenait une sorte de mère toute douce et aimante qui allait apporter les enseignements manquant à son nouvel enfant, sage et patiente, comme elle avait pu le faire avec tous les autres encore instruis dans le Temple.

Mieux vaut ne pas trop les implorer que de trop sacrifier ;
La générosité est toujours récompensée.
Mieux vaut ne pas offrir que de le faire chichement !
Thund les grava bien avant les origines des Tempes
Il ressuscita quand il revint de sa petite mort.

Une erreur commune chez les mortels était de penser qu'il y avait quelque chose de mystique et secret dans les runes, comme supposé le nom lui-même de cet art puissant mais c'était dans ce Temple sans rapport direct avec le sujet qu'Amser comprenait pourquoi Forgenoire n'avait pas pu lui enseigner les mots de pouvoir tout le long des années de cohabitation. Lire et relire des livres, apprendre à lire, à écrire et à vivre, pour remarquer ensuite que les histoires étaient toutes les mêmes. Le seul miracle que le lieu saint apportait à l'enfant était de ne pas être blasé après tout cela, le laissant juste satisfait de cette situation qui aurait pu être frustrante pour un autre. Des années à chercher, se sentir si près du but et pourtant, toujours le frôler sans même le voire. Le secret que les mortels cherchaient était là, à attendre juste une main tendue mais personne ne le voyait, aussi évident soit-il.

En posant la question, le Grand Prêtre répétait les mêmes choses abstraites qui lui paraissaient pourtant limpides à en croire son visage et au final, ce n'était qu'une rhétorique. Les runes ? Comment ne pas les voire ? Elles étaient l'essence de toutes choses et pour dire vrai, elles étaient ces choses tout simplement. Lorsqu'enfin Amser le réalisait, on lui confiait une comparaison plus claire que ceux qui avaient ouvert les yeux se partageaient.

« - Comme l'air que l'on respire jusqu'à l'oublier, comme l'eau dans laquelle le poisson nage sans se soucier, comme le soleil que nous ignorons par habitude. »

La citation était belle et claire pour ceux qui savaient. Les runes étaient là, il était stupide de les appeler comme le faisait certains car comme des personnes généreuses, elles venaient lorsque la situation le demandait. Il n'y avait pas de grande cérémonie pour acquérir un pouvoir surprenant car comme l'air qui flottait sur Terra, elles appartenaient à tout le monde et au fond, les utiliser revenait à comprendre la réalité qu'on avait tendance à mépriser, toujours par habitude et ennui, sans chercher à la comprendre.

Non cachées, il suffisait de les trouver et les comprendre, là était le réel défi car comme dans la vie, il y avait des millions d'inconnus et il fallait en faire des amis ou bien des ennemis pour pouvoir interagir avec, Amser en avait fait l'expérience avec l'Arbre et maintenant avec le Grand Prêtre qui comprenait l'existence même sans chercher à la manipuler, la trouvant belle au naturel. Est-ce que ça voulait dire que le père du terranide la changeait ? Non, il l'aidait, adorant pareillement le monde que le clerc. Un maître runique ne pouvait d'ailleurs rien changer car il était nécessaire d'être en accord avec les concepts qu'il voulait user et c'était juste pour ça qu'une âme mauvaise et ambitieuse perdait de sa force à vouloir faire plier des idées, un esclave travaille toujours moins bien qu'un ami.

« - L'air me porte, l'eau me berce et le soleil chauffe ma peau. Ces miracles me suffisent pour être fort... »

Tout comme disait le Grand Prêtre, il n'y avait pas à forcer et après tout, la force brute suffisait à un vrai forgeron pour se défendre lorsqu'il le voulait et pour maîtriser les aspects du monde qui l'intéressait. Le métal pliait sous ses coups, c'était déjà en soi de la magie et le feu ne le brûlait plus après quelques jours dans son atelier, pourquoi en demander plus ? La vie était déjà faite d'assez de miracle pour qu'Amser se retienne d'en demander davantage et tout se passait bien, les différents règnes du vivant le répondant lorsqu'il se sentait seul. Les runes étaient là pour rendre le temps moins long, plus agréable. Elles apprenaient parfaitement au gamin à savourer des petites choses et le rendait moins turbulent, certainement bien moins voyou.

Je connais ces charmes,
Qu'ignore la femme de prince, ou le fils d'homme
Il t'aidera
Dans les procès et les chagrins.
« Modifié: mardi 17 décembre 2013, 16:38:30 par Amser »


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