Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Esquisse volée ... [Pv Melisandre]

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Kelsier

Humain(e)

Esquisse volée ... [Pv Melisandre]

vendredi 06 décembre 2013, 16:39:07

Une odeur de poisson, voilà ce qui ressortait de prime abord de ce gigantesque capharnaüm a ciel ouvert. Comme chaque premier jour du mois, les marchands de Nexus et des alentours - voir même un peu plus - venaient exposer leurs biens afin de réaliser des ventes fructueuses. Pourquoi le poisson alors ? Parce que c'était ce qui sentait le plus fort, voilà pourquoi ! Certains coins du marché étaient épargnés, notamment ceux où l'on vendait des épices, qui embaumaient les travées et montaient à la tête des passants. De toute façon, où que l'on soit, c'était une multitude de senteurs qui effleuraient les narines. Non, senteur n'était pas le mot juste. Tout empestait. Toutes les odeurs étaient trop fortes, entre la nourriture, le cuir fraichement tanné ou encore les esclaves entassés dans des cages et proposés au regard des acheteurs. Le seul point positif que l'on pouvait trouver en cette saison était que la relative fraîcheur atténuait l'odeur des passants. Venir sur ce marché en plein été revenait à un suicide olfactif.

Pourtant, à bien y regarder, les gens ne semblaient pas y faire attention. Habitués qu'ils étaient à vivre là dedans, bien peu se souciaient de sentir la crasse ou la viande avariée d'un boucher peu scrupuleux. Non ici tout le monde savait à quoi s'attendre et personne ne se plaignait de ce remugle, mis à part quelques étrangers non adaptés. Kelsier faisait partie de la première catégorie. Habitant de longue date de la cité, il n'était pas un habitué du marché, mais il y était venu plusieurs fois tout de même. Cette fois, la raison était des plus simples : deux fois l'an, un marchand nommé Meri passait par Nexus afin d'y rapporter ce qu'il avait collecté lors de son périple. C'était presque toujours la même chose, mais qu'importe tant que cela convenait au peintre ?

Ce Meri donc avait installé son stand sur la partie ouest du marché. Ici chacun prenait la place qu'il voulait, bien que certains emplacements soient prisés et plus ou moins réservés par de puissants marchands. Loin de chercher le conflit, Meri avait installé ses roches, ses pierreries et ses pigments sur plusieurs tréteaux. Si Kelsier n'avait que faire des cailloux - et même ceux qui brillaient -, les pigments l'intéressaient au contraire au plus haut point. Ce marchand était une sorte de ... Comment dire ? Excavateur ? Fouineur ? Mineur ? Bref, il creusait un peu partout là où il passait et en extrayait toujours ce qu'il cherchait. Si bien sûr l'or et les pierres précieuses non travaillées s'arrachaient entre les mains des nobles et des bourgeois, il y avait également d'étranges roches que Kelsier aurait été en peine de reconnaître ou de leur conférer une quelconque utilité. Et il y avait donc aussi des pigments, extraies de certaines roches précises. Kelsier savait où en trouver une partie, mais Meri rapportait à chaque fois des teintes que le peintre aurait bien été en peine de trouver autour de lui, comme des bleus profonds ou des rouges vifs. Avec ça, il avait de quoi compléter sa palette de couleur et démultiplier les possibilités qu'offrait son art.

Ses achats réalisés, c'était le sac lourd de couleurs qu'il avait rejoint les quelques tables éparses sorties à la va-vite par l'aubergiste du Renard Bleu. Le dit tenancier n'avait probablement jamais vu un animal comme celui là, et personne n'aurait su dire d'où venait le nom de l'auberge. Accolée à la place, l'auberge offrait un bon point de vue pour qui s'asseyait là : on embrassait du regard plusieurs allées, des vendeurs d'étoffes, de fruits et légumes ainsi qu'un vendeur de livre, fait rare et prisé. D'ailleurs, ce coin du marché grouillait d'activité et les badauds s'y pressaient à la recherche de leur bonheur. Son sac posé à ses pieds, Kelsier s'était bien sûr acquitté d'une consommation, sans quoi le tenancier ne l'aurait pas laissé s'installer. Du vin chaud avec des épices, c'était tout trouvé pour l'heure.

Si le peintre faisait cela, c'est qu'il avait remarqué qu'il n'avait que rarement la possibilité d'observer les gens dans la vie de tous les jours et de pouvoir les dessiner. Il pouvait toujours faire poser quelqu'un, mais ça n'était jamais qu'une tentative de retranscrire le naturel. Ici, il pouvait épier qui il voulait et saisir l'instant. Des hommes pressés, des mères de famille tirant leur bambin par le bras, un héro de guerre mutilé ... Il y en avait pour tous les goûts, et surtout ils gardaient leur naturel, chose importante pour lui. En plus de sa besace, il avait pris deux planches de bois fines fermées par des attaches. Entre les deux se trouvaient plusieurs feuilles de papier : un bien précieux et qu'il ne pouvait se permettre de gâcher. On commençait à en trouver plus facilement maintenant que les livres se démocratisaient, mais cela restait onéreux.

Une feuille posée sur les planches, une mine de graphite dans la main, il sondait la foule et ses remous. Deux mois auparavant, il avait saisi une altercation entre deux vendeurs, et avait immortalisé le moment. Ca avait failli se retourner contre lui tant l'émotion qu'avait rendu le dessin poussait à la colère ceux qui le regardaient. Dorénavant il se méfiait donc. Deux garçons jouaient avec un chien, jetant un bâton dans les allées sans vraiment se soucier de bousculer les "grands". Trop vifs pour les saisir d'un seul coup, il écarta l'idée. Ici une vendeuse de fruits, épaisse et bien en chair, criait le bon goût de ses melons. C'était surtout le mauvais goût du jeu de mot que Kelsier remarquait. Sur l'étal d'en face, une bohémienne regardait des tissus. Ou des vêtements ? De sa place assise, Kelsier aurait été bien en peine de trancher. Toujours était-il qu'elle semblait absorbée dans sa quête. Drapée dans une cape longue d'un bleu assez clair, sa chevelure de jet jaillissait sur ses épaules comme une cascade d'eau sombre. N'avait-elle pas un air farouche ? Il l'aurait juré. C'était décidé, il avait son modèle.

Le regard du peintre ne lâchait pas son modèle. Loin de se douter qu'elle se faisait croquer, elle poursuivait sa sélection au milieu des étoffes bariolés, sous les paroles incessantes d'un vendeur probablement prêt à tout pour réaliser une affaire. Pendant qu'il la fixait, sa main avait débuté son œuvre : il traçait des traits fins sur le papier afin de définir un cadre et les formes plus ou moins définitives des contours des étals, tout autour de la jeune femme. Lorsqu'il entama le sujet en lui même, il dût regarder plusieurs fois le papier afin d'être sûr de lui. Les courbes graciles, la chevelure, les plis des vêtements ... Il essayait de capter le moindre détail pour laisser le moins de place à l'imagination. Le dessin prenait forme et l'on reconnaissait clairement l'inconnue. A la fin, lorsqu'il l'aurait fini, il choisira s'il devait le colorer ou non. Parfois ses dessins ne l'inspiraient plus une fois fini, et il les laissait à l'état d'ébauches. Pour ceux qu'il jugeait comme suffisamment abouti, il rajoutait une dimension en plus à l'aide de la peinture, rendant le dessin pratiquement vivant sous l'oeil de l'observateur.
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Mélisandre Cairn

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Re : Esquisse volée ... [Pv Melisandre]

Réponse 1 vendredi 13 décembre 2013, 22:14:38

Avec l'aurore ne vint pas le réconfort. La jeune femme tira brutalement le voile de ses paupières, s'éveillant dans un sursaut sur la détestable réalité de sa condition. Un rai de lumière perçait à travers les rideaux de la chambre. Son souffle s'amenuisa, pour ne laisser filtrer qu'un petit filet d'air inaudible. Aucune présence perceptible dans la pièce. Ce seul constat suffit à rasséréner la brunette, accoutumée à la solitude à laquelle elle s'astreignait d'ordinaire. Peinant à s'arracher à son engourdissement, son corps alangui reposait dans des draps frais, lesté par des courbatures qui, si elle avait été humaine, l'auraient tout bonnement clouée au lit. La faute à la longue chevauchée jusqu'à Nexus puis au régime musclé que lui avait fait suivre le lord de la maison Belmont. Depuis qu'elle avait franchi ces murs, Connor s'était attaché à lui pourrir l'existence, et ce avec l'acharnement dont elle avait elle-même fait preuve à pourrir la sienne. Probablement dans l'optique de garder un œil vigilant sur elle, le maître de maison avait veillé à l'accueillir dans sa propre couche et compte tenu des évènements récents, la belle n'avait pas osé émettre la moindre protestation. Curieusement, elle avait dormi d'une traite, d'un sommeil paisible, sans rêves, son corps tiède discrètement lové contre celui du puissant démon. Lequel s'était volatilisé.

Lentement, la belle se redressa sur les coudes, seulement habillée par l'indiscipline chaotique de sa crinière en bataille. Un petit bâillement circonspect habita un instant la pièce, puis Mélisandre jeta ses pieds à la rencontre du parquet froid. Les lattes émirent un grincement timoré qui la fit grommeler tout bas. A en juger par la luminosité hâlée se déversant dans la chambre, et les paillettes cuivrées qui batifolaient dans son faisceau, l'aube pointait tout juste. La maison semblait calme. Ses habitants endormis. Le temps d'entrouvrir la porte puis de jeter un regard inquisiteur dans le couloir pour s'assurer de son dépeuplement, la belle adopta une forme plus conforme aux exigences du moment, laissant le soin à son corps dénudé de se convertir à son apparence de petit fauve au poil d'ébène.

Ce sont quatre pattes de velours qui se mirent à arpenter furtivement le plancher du manoir Belmont, silencieuses et veloutés, jusqu'à gagner la première salle d'eau de l'étage, où la diablesse procéda à une toilette complète, toujours à l'affût du moindre bruit. Elle en profita pour passer au crible sa peau nue, admirant l'harmonie exquise de ses courbes dans le gigantesque miroir de plain-pied duquel lui parvint le pénible reflet des striures rouges qui tendaient à s'estomper sur le galbe de son cul. Le traqueur quant-à lui, si tant est qu'il était visible, restait indécelable. Sa frustration s'exprima de la plus créative des façons puisque son index traça quelques obscénités sur la surface lisse et saturée de buée de la glace, toutes chaleureusement adressées au maître de maison.

Trouver quelque chose de convenable à se mettre sur le dos s'avéra plus compliqué que prévu, car si la penderie du Grand Duc renfermait une multitude de tenues affriolantes (certaines lui soutirèrent même un sourire railleur bien que perplexe), les toilettes "convenables" elles, semblaient constituer une rareté dans cette maison, peut-être même une espèce de mythe que le Grand Duc devait s'appliquer à entretenir. Mélisandre dut faire preuve d'inventivité, sélectionnant les textiles à la hâte, pour finalement aboutir à un résultat somme toute... particulier, qui lui conférait une allure de bohémienne des bas-quartiers. Plutôt que de perdre du temps à s'en chagriner, la jolie brune se drapa à l'intérieur d'une cape azuréenne puis délaissa rapidement le désordre de la chambre pour se rendre aux écuries. Sa jument semblait l'y attendre, oreilles dressées et naseaux vrombissants. Elle la pansa, l'harnacha, l'enfourcha, puis quitta le domaine, déchirant les écharpes de brume survolant les pavés congelés au petit trot.

Sentir l'émoi matinal, respirer son air vivifiant, tout en creusant la distance avec l'auguste bâtisse Belmont suffit à lui rendre le sourire. C'était un sentiment de liberté incomparable qui l'emplissait à cheval, tandis qu'elle prenait la direction d'une des plus grandes places publiques de Nexus, envieuse de sillonner son marché. Le froid tonique mordait les parcelles découvertes de sa peau nue, mais sa dignité l'enveloppait si bien qu'elle l'empêchait de claquer des dents. Sa gracieuse grisette aurait probablement attiré l'attention sur elle, aussi la laissa-t-elle en périphérie de l'effervescence, attachée à l'ombre d'un peuplier, avant de mettre pieds à terre. 

Mélisandre se fondit dans la masse compacte des badauds, remarquablement à l'aise. Son accoutrement de gitane n'enlevait rien à la grâce de sa personne ni aux attraits de ses appâts, et un nombre conséquent de regards butinait la finesse de ses traits, aimanté par son charme sulfureux. Elle les ignorait tous cependant, et quand elle se sentit finalement lassée par les attentions dont elle faisait l'objet, elle se contenta de rabattre sa capuche, flânant ensuite entre les échoppes avec l'insouciance propre à sa désinvolture légendaire. Sa main leste tira parti de la mêlée de la foule pour délester quelques passants inattentifs de leur bourse, qu'elle accrocha ensuite à sa ceinture, pareilles à de petits trophées de chasse. Feignant d'être intéressée par les étoffes grossières présentées par une revendeuse de tissus, elle subtilisa également la sienne, après avoir comparé la couleur d'une étole avec celle que ses épaules supportaient, sans se douter que son geste était en train de se faire épier, de loin. Une fois son larcin commis, la féline s'éloigna discrètement, mais pas bien loin.

Comme elle passait devant un nouvel étal, la marchandise du négociant retint cette fois son attention. Un assortiment de petites créatures prises au piège à l'intérieur de cages joliment ouvragées s'étalait à la vue des curieux. Difficile d'en faire l'inventaire complet. Il y avait, soigneusement présentés dans leur compartiment respectif, de fascinants rongeurs à la robe rousse hérissée de pointes noires et grasses qui crachotaient de petites étincelles, de gros batraciens passifs, à demi-immergés dans le fond de vase de leur bocaux, des insectes étranges et difforme, des chauves-souris cornues aux yeux sanguins, dépourvus de pupilles, des salamandres multicolores, de minuscules poissons volants prisonniers de pendentifs en cristal, des bancs de lucioles luminescentes suspendues dans le vide, et tout un tas d'autres bestioles qui rivalisaient d'excentricité... Le tout produisait un concert de sons et de cris cacophoniques. Une nuée de petits oiseaux aux plumes diaprées se débattait à l'intérieur d'une cage. L'affolement précipité de leurs battements d'ailes froissait l'air en le brassant nerveusement.

" Mademoiselle est intéressée... ? " glissa le marchand nomade derrière son étal, en la voyant s'absorber dans leur contemplation.

Elle ne parvint pas à isoler l'origine de son accent. Son regard fixe semblait ne pas le remarquer. Elle vu néanmoins sa main aux doigts recourbés comme des serres se refermer au sommet de la petite cage, possessive. La belle adopta une posture imperceptiblement plus raide, sur la défensive. 

" J'en veux un. Combien ?
- Pour vous, ce sera cinq pièces d'or. "


Sans même chercher à négocier, la belle déversa le contenu d'une bourse sur le comptoir. L'homme, après l'avoir gratifié d'un sourire édenté, ouvrit le clapier pour se saisir d'un des volatiles. Mais la main de Mélisandre fusa pour retenir son poignet, tandis que dans un même temps, l'autre faisait rouler la cage de côté pour permettre à ses occupants de s'extirper à tire-d'aile. Son geste lui parut insensé, complètement irréfléchi, motivé par une spontanéité compulsive. Le commerçant éructa sa colère en la noyant sous un flots de jurons incompréhensibles, alors que, légèrement hébétée par son impulsivité, elle reculait d'un pas. Attirée par le raffut et ayant repérée l'agitatrice, une paire de gardes nexusiens en armures se fraya un passage à travers l'assistance, jouant des épaules pour atteindre leur cible. Une injonction jaillit de leur part, lui intimant de ne pas bouger.

Le marchand voulu la retenir, mais elle échappa à l'étreinte de son bras pour détaler, regrettant un instant de ne pas savoir voler. Son petit gabarit lui permit de fendre la foule avec plus de facilité que ses poursuivants. Sans le savoir, et tout en jetant quelques coups d'œil furtifs derrière son épaule pour surveiller la progressions des gardes, elle se dirigea vers la terrasse du Renard Bleu où se trouvait le peintre, devant lequel elle finit par débouler en s'extrayant de la masse de promeneurs, toute électrisée d'adrénaline. Elle disposait d'une certaine longueur d'avance, plutôt confortable. Son regard tomba presque instantanément sur le croquis.

" Hmpf... Mais... c'est moi ? " s'étonna la jeune femme, penchant la tête de côté, alors que retentissaient derrière elle les éclats de voix des hommes qui l'avaient prise en filature. 

Elle se mit à dévisager l'inconnu, avant d'esquisser un nouveau geste de fuite, manifestement pressée.
« Modifié: samedi 14 décembre 2013, 03:01:33 par Mélisandre Cairn »

Kelsier

Humain(e)

Re : Esquisse volée ... [Pv Melisandre]

Réponse 2 lundi 16 décembre 2013, 17:43:41

Comme suspendu dans le temps, le peintre ne voyait pas défiler les minutes ni même les passants. Le seul évènement qu'il avait notifié intérieurement, c'est que la jeune inconnue s'était volatilisée. Où ? Probablement plus loin dans les allées du marché. Il n'en avait cure car le visage était gravé en son esprit, et il paufinait son esquisse avec une précision diabolique. Il n'avait bien évidemment pas de quoi colorer le dessin, il devrait pour cela patienter et être de retour à demeure pour mener à bien cette tâche. Qu'importe, l'image s'était cristalisée dans son esprit et il ne risquait pas de se tromper.

Un cri fusa hors de la foule. Incapable d'en déterminer la source, Kelsier avait pourtant lever la tête par réflexe comme tout un chacun autour de lui. Des oiseaux aux plumes multicolores s'éparpillaient dans les airs, à une vingtaine de mètres de là. Pas besoin d'être un devin pour comprendre que l'éructation montait de là. Dans la foule on s'agitait, il se passait vraisemblablement quelque chose. L'imagination du peintre allait bon train : un voleur pris la main dans le sac ? Un esclave cherchant la liberté et prenant tous les risques pour fuir en plein marché ? Rien de tout ça visiblement. La raison était en train de fondre vers lui, en fait. Drappé d'azur, elle était reconnaissable entre mille, surtout après l'avoir reluqué à la dérobée pendant plusieurs minutes. Nez à nez avec ce qui semblait être la génèse de cette poursuite, le peintre en resta muet, incapable de prononcer le moindre mot alors qu'elle le tançait d'un regard pas vraiment chaleureux, et également à son dessin. Oui, c'était bien elle là dessus. Il avait eu de mal à savoir si elle trouvait ça agréable, flatteur ou représentatif tant le ton employé par la gitane ressemblait à celui qu'on emploie pour les jurons. Un peu de savoir vivre et de politesse que diable !

Il allait rétorquer, s'indigner, mais il n'en eut pas l'opportunité car déjà elle filait. Quel toupet ! Injustement déprécié, il aurait bien voulu pouvoir défendre son oeuvre, mais elle avait manifestement mieux à faire. Disparaissant déjà à l'angle de ce qui s'avérait un cul-de-sac, Kelsier savait qu'elle n'irait pas bien loin. Fendant la foule avec la douceur d'un bison qui charge, le capitaine d'un petit groupe de gardes de la ville tomba à son tour face au peintre. A la mine qu'il arborait, il n'était pas content. Enfin, c'était un euphémisme à ce niveau, car sa peau avait pris un joli teint rouge comme une écrevisse faisant la connaissance avec l'eau bouillante. Et forcément, ça ne donnait pas envie à Kelsier de rire ou de faire le malin. Le fantassin arborait une armure de cuir élimée, qui n'avait pas dû être entretenue depuis la dernière guerre sainte, autant dire une éternité. Il avait mis au clair sa lame, comme si cela semblait une bonne idée au milieu de la foule. Un ruban indiquait sur l'épaule de ce dernier qu'il n'était pas un simple trouffion, comme ceux qui le suivaient. Le regard de l'individu porta sur le dessin toujours visible sur la table. Kelsier n'avait pas eu le temps de le ranger, et n'en avait même pas pris la peine.

Vous l'avez vu ?!

Pas un bonjour, pas un merci, quedalle. La police du moyen âge, c'est vraiment pas une synécure. Mais Kelsier ne s'offusquait pas devant un tel manque de savoir vivre. C'était le moment pour lui de jouer le jeu. Une idée germait dans son esprit et à mesure qu'elle prenait de l'ampleur et s'étoffait, elle lui paraissait d'autant plus géniale et obligatoire. Se relevant d'un geste brusque, son mouvement entraina la chute de sa chaise en arrière sur le parvis pavé de la place. A le voir, on aurait pu songer à un tragédien grec, le côté homosexuel en moins. C'est tout naturellement qu'il désigna d'une main inquisitrice une direction, à savoir la rue des horlogers. Donc pas du tout l'impasse sans nom où l'inconnue venait de se réfugier.

Figurez vous qu'elle m'a mandé ce portrait, et qu'elle a filé sans payé en essayant de me le voler, et elle a ...

Pas besoin de finir sa phrase, car dans un glorieux "En avant !", le capitaine menait à la charge ses trois hommes. Nul doute qu'avec un tel entrain, ils allaient trouver et mettre au trou la malandrin. On ne l'écoutait déjà plus, et Kelsier ramassa son portrait afin de le ranger entre les deux fines planches de bois pour ne pas l'abîmer. Le vendeur ne semblait pas avoir suivi le mouvement : en moins d'une minute, les gardes disparaissaient dans la ruelle, et les regards des passants retournaient déjà à leur tour d'horizon. D'ici dix minutes, tout le monde ou presque aurait oublié cette histoire. Ses affaires pliées, le peintre lança une pièce à l'intention du tenancier qui la rattrapa avec brio. S'excusant de ne pouvoir rester plus, il s'écarta et attendit quelques dizaines de secondes avant de bifurquer en direction de l'impasse. Les bâtisses avaient étaient construites il y a bien longtemps, lorsque l'on n'avait pas besoin de pouvoir faire passer une calèche ou un chariot. Elle n'était pas épaisse, et l'architecture des bâtiments n'aidaient pas : on avait conçu les étages pour empiéter un peu plus sur la rue et permettre aux occupants des étages de jeter leurs ordures par la fenêtre sans être juste au dessus de leur voisin du dessous. De fait, avec 3 étages, on ne voyait presque pas le ciel, une simple raie de 10 centimètres laissaient filtrer une pâle lueur. L'impasse était propre, l'habitude n'ayant pas perdurer de la part des riverains qui avaient dû avoir leur saoûl des odeurs intenables. Au fond, un mur plein bloquait l'accès et appartenait à une auberge donnant sur une rue perpendiculaire.

Plusieurs tonneaux et caisses vides ornaient la ruelle. Des vieilleries sans intêrets abandonnées au temps et à la poussière, bref rien qui pousserait un badaud à aller dans cette direction. Dépassant les premiers tonneaux, Kelsier tentait de sonder l'obscurité du fond de la ruelle. Elle devait se tapir dans l'ombre, tel un animal sur la défensive. Il manquerait plus qu'elle l'égorge tient, après qu'il l'ait sauvé du cachot. Du coup, il préférait se faire prudent et s'arrêta tout en prenant une bonne inspiration.

...

Il allait prononcer son nom, quand il s'aperçut qu'il ne le savait pas. C'était râpé pour cette fois, et il trouva donc une autre tournure pour signaler sa présence.

Les gardes sont partis, vous pouvez sortir de votre cachette avant qu'ils ne reviennent.
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Mélisandre Cairn

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Re : Esquisse volée ... [Pv Melisandre]

Réponse 3 mardi 31 décembre 2013, 01:36:08

L’envol bigarré des oiseaux bourdonnait encore à ses oreilles. Et voilà qu’elle en était un à son tour, drapé de bleu, fagoté de vert, de rouge et de blanc, prenant son essor parmi la foule pour fuir la menace. S’épargnant la bousculade, la masse compacte de badauds se désolidarisait à son passage. Ceux qui ne le faisaient pas se voyaient refoulés par son envolée, aussi impétueuse qu’insensée –faillait-il toujours qu’elle n’en fasse qu’à sa tête ? Elle le savait, pour faire de cette poursuite une promenade de santé, il lui suffirait d’atteindre son cheval, et elle leur montrerait alors, ce qu’est avoir des ailes. Aiguisé par l’adrénaline, son instinct la faisait habilement serpenter entre les nexusiens et la diversité des étals. L’effrontée ne craignait pas outre mesure la justice de cette ville. Toutefois l’idée de se retrouver au prise avec était aussi peu séduisante que celle de retomber entre les griffes de son petit seigneur, aussi s’appliquait-elle à creuser l’écart.

Repousser les limites et les contraintes, à l’image d’une enfant capricieuse, inconséquente, restait sans doute le principal moteur de ses agissements. Comme si le fait d’en avoir été privé rendait l’Indocile d’autant plus subversive. Une quête puérile peut-être, un besoin irrépressible dont quelques infortunés feraient les frais, aujourd’hui. Mais de cela, elle refusait d’en prendre conscience. Ce serait admettre qu’on la menaçait, elle et sa précieuse autonomie. Dans sa course, la fugitive abandonna une des bourses suspendues à sa ceinture, de laquelle le cuivre et l’argent ruisselèrent sur le sol, provocant à sa suite un mouvement de foule ralentissant l’avancée des gardes, lui permettant de s’octroyer un peu plus d’avance. 

En surgissant devant l’homme et en contemplant son dessin d’un coup d’œil laconique, Mélisandre ne s’attendait pas à y découvrir son propre portrait. Complimenter le peintre ne lui vînt pas à l’esprit, pas plus que de s’en sentir flattée. Ce type l'avait épiée ! Sans son consentement et depuis un bout de temps à en juger par la progression du croquis –alors même qu’elle s’adonnait à des activités peu recommandables. Et durant tout ce temps, elle ne l’avait même pas repéré. Au final, c’était surtout ça, le plus agaçant de l'histoire. Elle hésita, l’espace d’une seconde. Le lui arracher des mains ? Elle avisa le peinte, circonspecte, le regard sombre. N’étant pas certaine de sa réaction, et ne souhaitant pas être ralentie davantage, elle préféra cependant se volatiliser dans un froissement d’étoffes. Sa cape tournoya, auréolant ses chevilles d’un demi-cercle céruléen, puis elle s’engouffra dans une ruelle adjacente, s’évanouissant dans les ténèbres. 

Mélisandre demeura dans l’angle du goulet sombre, désireuse de rester à portée de voix, curieuse également de voir l’inconnu prendre position –car les sentinelles l’atteignirent peu de temps après pour l’apostropher. La trace de la bohémienne disparaissant ici, elle lui était certainement passée sous le nez. Comme elle entendit finalement la menace s’éloigner dans un trot actif, un haussement de sourcil songeur surplomba son regard. Intéressant. La diablesse recula d’un pas, puis d’un autre, se laissant doucement engloutir dans l’ombre, sûre de la visite qu’elle allait bientôt recevoir.

« Je ne suis pas cachée », fit-elle savoir d’une voix tranquille.

Cette dernière surgit d'en haut, de là où se trouvait un amoncellement de caisses et de coffres chancis, sur lesquels la jeune femme était juchée, hors de portée. De là, elle pouvait surplomber son interlocuteur, qu’elle jaugeait d’un œil perçant à la faveur du trait de lumière filtrant des hauteurs. Manifestement confiante, Mélisandre croisa les jambes, laissant le reste de son corps pencher légèrement vers l’arrière, sur le support de ses bras tendus. Y avait-il figure plus nonchalante qu’un félin toisant son monde ?

« Rien n’est gratuit sur ce marché, n’est-ce pas ? Tout a un prix. Ce que je me demande, c’est quel est celui qui a pu vous traverser l’esprit, en me rendant ce service. »

Un sourire mutin taquina le coin de ses lèvres, puis elle se mit à balancer doucement ses gracieuses gambettes dans le vide.

« Du moins, si je ne nous considère pas déjà comme quittes. J’ai certes volé de votre temps mais vous avez allégrement disposé de mon image. Je me trompe ? »

La brunette inclina la tête vers son épaule, puis inspira discrètement, cherchant à capter le parfum du gentilhomme. Il était propre, son apparence soignée et sa toilette raffinée laissaient supposer son appartenance à une classe aisée, supérieure à la moyenne. La bourgeoisie nexusienne, peut-être.

« Certaines femmes partagent les hommes en quatre catégories, levant une main indolente, la donzelle se mit à récapituler sur ses doigts : il y a ceux qui désirent la richesse la plus matérielle qui soit, ceux qui aspirent à la gloire et la reconnaissance, ceux qui ambitionnent la puissance et l’influence, et les derniers, enfin, qui n’ont de cesse de chercher un joli petit cul pour chauffer leur lit. Je ne suis qu’une vagabonde, messire, et ce détail ne vous aura certainement pas échappé. Si tel était le cas, un coup d’œil sur votre croquis suffirait à vous le rappeler. Aussi suis-je en train de me dire que ce que vous êtes venu chercher dans cette ruelle n’est ni l’argent, ni le renom, ni le pouvoir, conclut la sulfureuse créature, les prunelles luisantes de malice. Alors, que voulez-vous ? »
« Modifié: mardi 31 décembre 2013, 01:53:04 par Mélisandre Cairn »


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