Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

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Mélisandre Cairn

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Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

vendredi 06 décembre 2013, 03:00:23

Terre. Mélisandre n'avait découvert son existence qu'après son décès sur Terra. Enfin, en tant qu'humaine. Ca paraissait si loin, maintenant que des siècles la séparaient de cet évènement épisodique... si loin et si proche à la fois. Le temps ne s'était pas écoulé de la même manière depuis. Dans un monde à part, complètement factice, son flux s'était suspendu. Au final, la démone n'avait vécu que peu d'années en tant que telle. Une petite dizaine, peut-être. Quoiqu'il en soit, elle se rappelait de chaque détail de ce jour funeste et ce avec une précision presque chirurgicale. Si lucide. Elle était si lucide, à ce moment . Et comment avait-elle pu se montrer si stupide, perdre de vue ce qui importait vraiment, s'égarer sur des chemins dont elle connaissait pourtant pertinemment les travers, et se montrer si, si stupide... A tout vouloir elle avait tout perdu. A TOUT vouloir elle avait -... Tss. Ca ne rimait plus à rien de se souvenir désormais. D'ailleurs, la diablesse se faisait volontiers passer pour amnésique dès lors que ses semblables feignaient d'être intéressés. Son existence d'autrefois, c'est ce vieux bouquin qu'on a pleinement vécu avec ses tripes, dont la fin nous a irrémédiablement déçus ou écœurés et qu'on préfère ensuite laisser prendre la poussière sur une étagère branlante. Ce vieux bouquin qui nous a marqués, mais qu'on délaisse. Par choix. Pourtant, dans ce genre d'ouvrage sont notifiés les erreurs à ne plus commettre et les sentiers sur lesquels ne plus s'engager. Foutaises. Car quand il n'y a plus rien à perdre, tous les chemins sont bons à prendre.

L'Indocile écrasa l'embout rougeoyant de sa cigarette sur le dos de sa main. Les cendres s'éparpillèrent après s'être éteintes dans un petit chuintement moribond, puis se désagrégèrent en exposant l'épiderme intact. Ses lèvres entrouvertes exhalèrent une fumée blanche, puis elle glissa un regard hermétique sur son jeu sans prêter attention à l'émoi perceptible que son geste avait suscité autour de la table. Pour peu, elle en oublierait presque qu'il ne s'agissait que de simples mortels. Un léger reniflement réprobateur chatouilla ses narines, puis elle expulsa le mégot d'une pichenette impatiente. Elle ne devrait pas se laisser déconcentrer par des pensées obsolètes, à fortiori sur Terre, en présence de profanes. Ca compromettait sa couverture. Parfaitement au courant de la politique en vigueur parmi les siens, sur Terre, où la discrétion était de mise, elle n'était pas ici pour faire de vagues. Elle se demanda brièvement si le traqueur dont Connor l'avait gracieusement dotée fonctionnait également sur le plan terrestre. Auquel cas, il s'agissait sans doute d'une raison supplémentaire pour se tenir à carreau. C'est du moins la conclusion à laquelle un individu raisonnable serait arrivé. Pour sa part, l'élégante créature trouvait l'idée de reconquérir son titre de petite dissidente éminemment plus attractive que le reste. Les règles avaient toujours constitué un chapitre rébarbatif pour la jeune femme. Néanmoins, il y en avait quelques unes qui trouvaient grâce à ses yeux et qu'elle observait scrupuleusement. Parmi elles, celle que le poker lui avait inspiré : lorsque tu perds, perds peu, mais lorsque tu gagnes, rafle tout. Avec le temps, elle avait appris à l'appliquer à son quotidien.

" Je suis, " finit-elle par lâcher en envoyant plusieurs pièces trébuchantes grossir la mise.

Les regards convergèrent vers la brune et les deux cartes négligemment abandonnées devant elle, comme pour en percer l'obsédant secret, tandis qu'elle s'emparait de son verre de lait pour y tremper les lèvres. Sur les cinq joueurs que composaient la tablée, deux avaient déjà été évincés. Les deux restant jouaient leurs dernières ressources. A vrai dire, leur adversaire les déroutait. Confiante et égale en toute situation, froide même, dans l'échec comme dans le succès, elle ne laissait rien paraître d'autre qu'une assurance inébranlable, parfois rehaussée d'un demi-sourire en coin. A la voir, on aurait parfois dit que l'ennui la disputait à ses pensées, oisives. Quand elle ne s'employait pas à être imprévisible, elle s'amusait simplement à jouer les proies faciles, daignant alors abandonner quelques miettes de son butin sur la table pour mieux faire main basse sur le magot ensuite. Aussi, même en la voyant paisiblement siroter sa commande, la méfiance restait le maître mot. Une méfiance subtilement mâtinée de fascination pour cette ravissante inconnue au magnétisme si particulier, admirablement bien moulée dans sa petite robe bordeaux, au décolleté pigeonnant.

" J'me couche ! " grogna le plus trapu des deux, avant d'être imité par son voisin qui, définitivement dégouté et passablement imbibé d'alcool, se leva d'une saccade furibonde.

Mélisandre moissonna sa récolte puis tendit ses cartes faces cachées à l'individu faisant office de croupier. Interceptées par l'ivrogne, puis violemment retournées sur la table, elles n'atteignirent jamais leur destination cependant.

" Un trois de Trèfle et un six de Pique PUTAIN ! Elle avait qu'DAL ! brailla-t-il d'un ton geignard.
- Je pourrais éventuellement vous apprendre à jouer, si je n'étais pas complètement persuadée de votre médiocrité," répliqua-t-elle, sans même chercher à masquer le dédain de ses prunelles. 

Mais à y regarder de plus près, la donzelle semblait s'amuser de la situation. Son regard pétillait, et sa bouche s'étirait en un sourire prétentieux des plus haïssables. La rumeur auparavant bruyante s'était tue dans le bar miteux. Tous semblaient dans l'expectative du dénouement, abasourdis par la scène qui se jouait sous leurs yeux. Ce type là était un habitué de la maison et sa réputation de petit frappe au sang chaud l'y cantonnait d'ailleurs, étant référencé sur la liste noire des autres établissements dans un périmètre de plusieurs dizaines de kilomètres. Une veine palpitait en travers de sa tempe, pareille à un petit ver violacé, légèrement lustré par sa sueur avinée.

" Arrête ça, Ulrich, l'avertit l'autre en faisant peser sa lourde paluche sur son épaule, non sans gratifier l'étrangère d'une œillade désapprobatrice. C'qu'une nana mal baisée. T'vas la frapper, hein ? Regarde-la, c'sert à rien. "

Un intérêt renouvelé habitait le regard fauve de la concernée, laquelle noya sa répartie dans le fond de son verre, prenant le temps de savourer le reste de son contenu. Ulrich quant-à lui se débarrassa de l'emprise de son camarade d'un rude coup d'épaule avant de pointer un index rageur vers le visage serein de sa rivale. 

" J'veux MON FRIC ! "

Mélisandre reposa calmement son verre. Elle prit soin d'éponger le nuage laiteux qui surplombait sa lèvre supérieure, se régalant par avance. Allait-elle enfin pouvoir se faire les griffes ? Elle glissa négligemment une liasse de billets verts entre ses seins. 

" Je te le garde au chaud jusqu'à ce que tu viennes le chercher " lâcha-t-elle simplement.

La seconde qui suivit fut assez chaotique. D'abord, le compagnon d'Ulrich recula d'un pas, l'abandonnant à sa fureur écumante, puis l'homme brandit un couteau qu'il tenta aussitôt de ficher dans le bras de la diablesse. Cette dernière fit preuve d'une réactivité édifiante. Bondissant sur ses pieds, elle intercepta son geste belliqueux puis lui tordit cruellement le bras dans le dos. L'arme quitta sa main et rebondit sur le sol.

" RRha-aaah ! "

Le gaillard émit un son plaintif. Sa figure rubiconde s'écrasa contre la table, surplombée par la charmante silhouette de Mélisandre, laquelle désigna immédiatement les pièces gisant sur la surface de bois. Sa poigne était implacable. Inhumaine.

" Tu veux ton argent ? Alors mange-le, " ordonna-t-elle d'un ton léger.

Elle jeta un regard circulaire autour d'elle, cherchant manifestement de quoi donner un peu plus de consistance à sa directive. Son œil fut immédiatement attiré par la lueur flamboyante d'un cigare allumé, qu'elle s'empressa d'arracher au bec de son propriétaire se trouvant à portée de son bras libre. Après quoi, elle pesa de nouveau sur son captif, muscles bandés. Sa bouche effleura doucement son oreille :   

" J'ai dit... mange-le, " répéta-t-elle en écrasant cette-fois le rond incandescent du cigare contre la nuque exposée, qui se mit immédiatement à grésiller.

Le malchanceux hurla, tenta vainement de se débattre, avant de lancer un regard éploré vers la petite monnaie reposant devant son visage moite.

" Tu n'as qu'à les imaginer en chocolat, " glissa-t-elle tout bas, persifleuse.

Sur ce dernier commentaire, la jeune femme recula le cigare qui alla se loger entre ses dents. Profitant du spectacle offert par le vaincu, qui ne tarda pas à capituler sous son sourire victorieux, elle tira doucement sur le havane, mais, peu habitée à la chose, se retrouva bientôt secouée d'une quinte de toux qui la fit reculer d'un pas, puis buter contre le torse musculeux de son ancien possesseur.
« Modifié: vendredi 06 décembre 2013, 03:49:41 par Mélisandre Cairn »

James Howlett

E.S.P.er

Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 1 dimanche 08 décembre 2013, 02:06:24

« Vous reprendrez bien un verre de whisky, boss ? Putain, pas étonnant que ces connards de japonais nous bouffent des parts de marché, leur whisky est excellent, pas autant que les nôtres, mais presque ! »

Logan sourit, amusé. Nigel était un écossais pur souche, et il avait trempé dans des mouvements indépendantistes assez douteux, avant d'être recruté par le SHIELD comme agent de terrain. Grand, châtain, bouclé et jovial c'était un bon vivant, mais aussi un tueur impitoyable ; le mutant ne connaissait que peu de monde capable de rivaliser avec l'écossais, avec un fusil sniper. Le colosse était vraisemblablement éméché, et en versant ce qu'il restait du contenu de la bouteille dans le verre de son acolyte, il en renversa une bonne partie qui éclaboussa les bottines de cuir du X-man. Logan avait beau avoir bu autant que lui, il était tout à fait lucide. Conséquence inévitable de son facteur auto-guérisseur, il ne pouvait pas être ivre plus de cinq minutes avant que son organisme n'élimine les molécules d'alcool de son sang.

« Le dernier. Après on se tire de ce rade mon vieux. J'ai une réunion au siège avec ta patronne demain, et elle m'a l'air d'être du genre psychorigide. »

Le colosse bouclé abattit la paume de sa main sur le comptoir, au beau milieu du liquide, suscitant une protestation indignée de son voisin de droite, un pochard en train de somnoler en face de sa vodka. Néanmoins, un rapide regard aux deux hommes le dissuada de faire valoir ses revendications, et il s'absorba dans l'observation assidue du fond de son verre.

« Cette nana est une plaie. 'faudrait qu'elle se fasse culbuter une bonne fois dans les chiottes, ça lui remettrait les ovaires en place, et elle arrêterait de nous les briser. Je m'y serais bien collé, vu la manière dont elle me regarde... Mais j'ai une femme et des gosses. Vous en pensez quoi, Logan ? »

Le mutant eût une moue gênée. Il était mal placé pour donner des conseils conjugaux à Nigel ; la plupart de ses relations amoureuses s'étaient terminées en queue de poisson, ou par la mort de ses partenaires, telles que Mariko, et surtout celle de Jean Grey, dont il ne s'était toujours pas remis. Peut-être probablement parce qu'elle ne lui avait jamais vraiment appartenu. Le mutant envoya une bourrade amicale dans l'épaule de l'agent irlandais. L'homme avait la chance d'avoir une famille unie, même s'il elle se trouvait à 10 000 km de là et Logan avait le devoir moral de le détourner de sa supérieure hiérarchique – même si elle avait des jambes interminables, et un cul à se damner.

« J'en pense que tu es trop ivre pour réfléchir correctement mon vieux. Rentre chez toi, prends une bonne douche froide et fous-toi au lit. Tu verras que demain, t'auras les idées plus claires. »

Nigel vida son verre d'une traite, et pris une inspiration s'arrachant du comptoir à regret, avant de poser sa main sur l'épaule massive du mutant.

« Z'êtes toujours de bon conseil patron, j'tâcherais de m'en souvenir. Si vous avez besoin de moi, 'hésitez pas, vous avez mon numéro de portable. Je vais rentrer, je dois causer à mes gamins sur Skype demain matin, comme tous les dimanches. »


Le X-man hocha la tête, laissant son nouvel ami s'éloigner en chancelant vers la sortie. Logan avait un rapport assez conflictuel avec la technologie. Il était toujours incapable de servir correctement du smartphone que sa fille lui avait offert l'année précédente, pour l'inciter à lui donner de ses nouvelles plus régulièrement, et il n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait être « Skype ». Sûrement une sorte de téléphone amélioré. Bon. Logan se tourna vers le fond du bistrot, ou un cercle d'observateurs silencieux retenait son souffle autour d'une table de jeu. Si Logan avait été aussi pressé d'envoyer Nigel se pieuter, ce n'était pas uniquement pour son bien. Depuis qu'ils étaient entrés dans ce troquet, une odeur particulière lui chatouillait les narines, un parfum d'inconnu avec des flagrances de phéromones femelles ; Aucune humaine ne pouvait sentir comme ça. Logan avait dédaignée l'inconnue pour son frère d'armer l'espace d'une heure et demie, mais il était hors de question qu'il s'en aille sans avoir approchée la jeune femme, pour déterminer si elle représentait ou non une menace. L'homme n'eût pas à jouer des coudes pour se frayer un chemin parmi les badauds ; son physique imposant et sa physionomie sauvage les incitaient à s'écarter spontanément. Une cascade de cheveux bruns, de minces épaules pâles et un verre de lait furent ce qu'il découvrit en arrivant dans le dos de Mélisandre. Du lait ? Un rapide coup d’œil aux faces déconfites de ses adversaires l'informa que la jeune femme était en train de gagner. Une agressivité latente imprégnait l'air et se mêlait aux effluves d'alcool ; ça allait bientôt mal tourner. Le mutant porta à ses lèvres un gros cigare cubain, l'enflammant d'une allumette ; Le spectacle allait bientôt commencer.

Lorsque l'ivrogne dévoila rageusement le jeu de Mélisandre, Logan ne put s'empêcher d'esquisser un sourire ; le bluff était audacieux. Néanmoins, l'autre ne l'entendait pas de cette oreille. Ivre de rage, l'homme dégaina le couteau à cran d'arrêt accroché à l'étui de sa ceinture. Logan se força à rester immobile ; s'il se fiait à son odorat et à son instinct, la joueuse ne risquait rien. Le mutant de se trompait point ; la vivacité de la jeune femme était impressionnante, et le pauvre perdant se retrouva bien vite maîtrisé. Son couteau roula aux pieds de Logan qui, par mesure de précaution, posa la semelle de sa chaussure sur le manche en cuir de l'arme. Malgré la pénombre, les sens hypertrophiés du mutant lui permettait de distinguer avec précisions les formes généreuse de la jeune femme et il se permit une légère moue appréciatrice. Concentré comme il l'était sur la chute de ses reins, il ne la vit pas s'approcher et avant qu'il n'ait le temps de réagir, elle s'était emparée de son cigare d'une main légère et contraignait le sinistre individu à refermer ses lèvres sur la menue monnaie de la table en bois, lui brûlant la nuque son arme improvisé. C'était cruel, et probablement particulièrement douloureux, comme en attestèrent les hurlements étouffés du poivrot. Quant à Wolverine, il appréciait déjà Mélisandre.

Lorsqu'elle en eût fini avec lui, l'homme se laisser glisser sur le sol en gémissant sous le regard incrédule des curieux, alors que son partenaire d'infortune, Ulrich le saisissait sous les aisselles pour l'éloigner de l'étrangère. Celle-ci, vraisemblablement satisfaite de son petit effet s'empressa de tirer une latte sur son cigare, avant d'exploser en une violente quinte de toux, reculant involontairement vers Logan, qui l'intercepta par les épaules avant qu'elle ne se cogne contre son torse massif. Une lueur amusée dans ses yeux bleus, l'homme referma ses paluches sur les épaules nues et tièdes de la jeune femme, qu'il dominait d'une bonne tête. Plongeant sans hésiter pouce et index dans le décolleté plongeant de Mélisandre, le mutant en extirpa quelques billets, et repoussa gentiment la brunette vers l'avant, d'une bourrade entre les omoplates. Levant victorieusement la main en l'air, Logan exhiba la liasse ainsi subtilisée à la cantonade.

« J'ai récupéré le fric de la tricheuse, qui en veut ? » Tonna-il, d'une voix sourde et grave.

L'effet escompté ne se fit pas attendre ; ce fut la cohue. Chacun avait besoin de quelques dizaines de yens pour se payer un dernier verre et, dans un tonnerre de mouvement de chaise, de table et des semelles, une bonne quinzaine de personne se précipitèrent pour atteindre Logan, qui jeta négligemment les billets en l'air, provoquant protestations et bousculades. Désespérant. Le désordre aidant, le mutant se fraya un chemin vers Mélisandre, et lui saisit fermement le poignet pour la sortir de la foule.

« Dehors, dans trente secondes », lui glissa-il à l'oreille « Et je te reprends ceci, il me semble que ça m'appartient », ajouta-il, avant de lui ôter son cigare des doigts.

Les bagarres étaient monnaie courante dans les troquets à bidasse. Planté derrière son comptoir, les bras croisés sur sa bedaine, le patron regardait la scène avec indifférence, adressant un signe de tête à Logan lorsqu'il passa devant lui pour sortir dans la rue passante. Décembre était bien entamé désormais, et un vent glacé torturait les promeneurs noctambules. Pour un canadien comme Logan, c'était une petite brise. Sans prendre la peine de refermer sa veste, le mutant s'approcha de la chaussée, et s'adossa à sa Ducati, se tournant légèrement de côté pour de rallumer son cigare moribond. Son odorat l'averti que l'inconnue n'allait pas tarder à poindre. Logan expulsa longuement la fumée de ses bronches en soupirant ; il avait de nombreuses questions à lui poser, et espérait qu'elle se montrerait coopérative.

Mélisandre Cairn

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Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 2 jeudi 12 décembre 2013, 03:04:12

Dire qu'elle n'était pas satisfaite serait mentir. Enfin quoi ? Les choses finissaient par prendre une tournure normale. Une diablesse, même anonyme au panthéon démoniaque, méritait bien un peu reconnaissance. Et si cette reconnaissance devait s'incarner dans la pathétique prestation d'un mortel gisant à ses pieds, elle saurait s'en contenter dans l'immédiat. La fumée dégagée par l'épais rouleau de tabac embaumait l'épice, un arôme délicat aux notes légèrement boisées (si on parvenait à l'isoler du relent de chair grillée qui flottait désormais dans la salle). Mélisandre considéra l'objet avec une attention toute neuve, sa fragrance généreuse suffisant à susciter sa curiosité. Par miracle, son extrémité crépitait toujours. C'est d'un geste naturel que la brunette le porta à ses lèvres, décidée à lui donner un second souffle, tirant longuement dessus tandis qu'à ses pieds son dernier martyr abandonnait définitivement la partie. De petits vaisseaux incandescents irriguèrent aussitôt les feuilles hachées, faisant rougeoyer son embout comme une luciole étincelante. Ses poumons se retrouvèrent si bien enfumés qu'ils l'exhortèrent à chasser les vapeurs cubaines de sa poitrine, là, dans l'instant, ce qui fut à l'origine de son accès de toux sèche, violente et compulsive.

La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux pour chasser l'opacité humide de ses larmes. Des spasmes l'agitaient toujours lorsque, d'une manière qu'elle n'expliquait pas encore, elle se retrouva réceptionnée par les épaules. Deux battoirs pesèrent sur chacune d'elles, l'immobilisant, tout en lui soutirant un frisson. Sourcils froncés, la petite Indocile s'apprêta à se débarrasser de la contrainte. Un léger souffle passa alors entre la vallée de ses seins et le moment d'après, elle se retrouva bousculée en avant, dépouillée de son argent. Un hoquet d'indignation resta coincé à l'intérieur de sa gorge, puis elle fit brusquement volte-face, prête à répliquer vivement.

" Heeey ! ", rouspéta-t-elle, levant d'abord les yeux vers le paquet de yens outrageusement exhibé, avant d'en revenir à la carrure proprement colossale de l'homme et de déglutir avec amertume.

Bon sang. C'est renfrognée que la belle assista au spectacle navrant auquel s'adonnèrent les soiffards du troquet, bras croisés sur sa retenue. Ses prunelles ignorèrent superbement la pluie de billets verts pour se focaliser sur l'énergumène, s'attardant sur le contour des muscles saillants, qui devraient l'inciter à la méfiance, sinon à la prudence. L'inconnu dégageait quelque chose de brut, de patibulaire dans son attitude. Sa manière de bouger retint son attention -son assurance différait de celle des humains ordinaires. Elle passa discrètement le bout de sa langue sur l'ourlet de sa lèvre, tout en dressant le constat qui s'imposait -démone ou pas, ce type là ne se laisserait pas perturber par une clef de bras. Elle se le rappela brièvement en début de soirée. Il se trouvait accoudé au comptoir, en compagnie de son compagnon de beuverie, à présent volatilisé. D'ailleurs, il paraissait curieusement lucide, pour un poivrot. La brunette était observatrice, et un homme de son envergure échappait rarement à sa vigilance. Peut-être aurait-elle dû l'être davantage, vigilante, pour sa part, et laisser le cigare de la discorde dans son environnement initial, c'est à dire entre les lèvres de son ancien propriétaire. La jolie brune baissa les yeux sur le pouce et l'index qui le pinçaient encore, prête à réitérer sa première expérience. Autant profiter jusqu'au bout. Elle le portait doucement à son visage quand l'ombre du colosse s'étira de nouveau sur elle. La joueuse suspendit alors son geste pour lever les yeux vers lui, puis elle appesantit soigneusement son attention sur la poigne qu'elle sentit se refermer autour de son bras, avant de se remettre à dévisager l'impudent en une réflexion muette mais claire : ne me touche pas.

La confusion ambiante ne semblait pas avoir de prise sur eux, statiques au milieu de la bousculade. Une seconde s'écoula. Celle d'après, Mélisandre se retrouva extraite du grouillement de la foule, en situation d'aparté avec le terrien. Elle souffla sèchement sur la frange chaotique qui s'épanouissait en travers de son minois. Il se courba vers elle, près de son oreille, et la belle pencha légèrement la tête de côté, plus curieuse qu'inquiétée. Les consignes de l'homme la déconcertèrent cependant, et il n'eut aucun mal à la déposséder de son bien, l'extrayant de ses doigts embarrassés. Les lèvres entrouvertes de l'Indocile traduisirent son désarroi passager, lequel se changea en une sensation incommodante, qui occasionna un de ces froncements de sourcils bousculant l'harmonie de son visage, tandis que l'inconnu s'esquivait par la porte de sortie. Venait-il d'exiger d'elle qu'elle le rejoigne ? Dehors ? La perplexité l'assiégea. Comment ne pas s'interroger sur les intentions de ce type ? Il l'avait vue à l'œuvre et pourtant, il n'avait pas hésité à la provoquer. En outre, sa force dépassait sa condition d'humain. Si tant est qu'il l'était. Il ne la craignait pas. Et elle ne voyait pas bien en quoi elle devait le craindre non plus.   

" Donne-moi ça ", lâcha-t-elle brusquement à l'intention de l'homme sur le point de ramasser la lame d'Ulrich. 

L'intéressé gratifia l'affriolante donzelle d'une œillade hébétée. Il balbutia quelques formules dont elle ne comprit pas un traitre mot, puis il se redressa, arme en main. Mélisandre s'avança pour la lui faucher. Plusieurs regards curieux l'accompagnèrent, alors qu'elle raflait la veste en cuir noir gisant encore sur le dossier de sa chaise et l'enfilait à la hâte, couvrant la nudité de ses épaules. Elle allait dépasser la table de jeu quand elle s'attarda rapidement à sa hauteur, le temps de retourner les cartes qui seraient sorties sur le tapis à la manche suivante. Un sourire affleura sur ses lèvres en découvrant la Dame de Pique.

Le froid terrien n'avait rien à envier aux gelées ashnardiennes. La brunette rabattit les pans de son blouson contre sa poitrine, alors que ses talons résonnaient sur l'asphalte en un claquement régulier, d'où transparaissait son aplomb. Malgré l'obscurité nébuleuse, à peine éclaircie par la lumière chevrotante d'un lampadaire, elle distingua la silhouette de l'individu. Elle approcha d'une démarche nonchalante, les mains enfouies dans les poches.

" Je ne suis pas une tricheuse ", commença-t-elle par faire remarquer, une vague lueur d'intérêt tapie au fond du regard.

Elle s'arrêta à une distance qu'elle estimait raisonnable, adoptant une posture indolente.

" Vous me devez de l'argent, et ça m'ennuierait de m'être déplacée pour rien ", acheva doucement la garce, un imperceptible sourire suspendu au coin des lèvres, le regard fixe et résolu.

En vérité, le petit fauve avait hâte de découvrir quel genre de cartes le jeu de son interlocuteur pouvait bien receler. Restait à les lui faire abattre. 
« Modifié: jeudi 12 décembre 2013, 13:14:21 par Mélisandre Cairn »

James Howlett

E.S.P.er

Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 3 lundi 16 décembre 2013, 23:13:33

Logan soupira, expirant un nuage immaculé de tabac et de vapeur d'eau. Mélisandre se faisait attendre, comme toute gonzesse qui se respecte. Bah ! J'ai le temps. A part se tenir à carreau, s'occuper de sa gamine rebelle quand elle ne disparaissait pas subitement, et attendre les coups de fils ponctuels du célèbre professeur Xavier, Logan n'avait pas grand chose à foutre de ses journées. A dire vrai, il commençait à s'emmerder, raison pour laquelle il avait décidé d'aller boire ce Whisky avec Nigel. Alors qu'il vérifiait le niveau d'essence de sa bécane, un type louche en manteau de fourrure de fort mauvais goût s'approcha du mutant, les mains enfoncée dans des poches bien trop profondes.

« Hey Papy, elle est à toi la bécane ? »

Logan ne prit pas la peine de lui répondre ; le grincement de la porte du bouge avait éveillé l'attention de son ouïe hypertrophiée. Mais ce ne fut pas la jolie brunette qui parut, simplement quelque vieux chômeur alcoolique qui avait eu son compte, et s'éloigna lentement d'un pas chancelant. Néanmoins, l'interlocuteur du mutant s'impatientait, dansait d'un pied sur l'autre, jetait furtivement des regards torves de gauche à droite.

« Répond quand j'te cause, connard ! L'est à toi la moto ? J'peux faire un tour dessus hein ? Juste un quart d'heure... »

L'odorat de Logan lui indiquait que l'individu n'était pas ivre. Néanmoins l'état de dilatation de ses pupilles et la multiplication des tics faciaux qu'il affichaient attestaient de l'emprise de la drogue – très probablement de la mauvaise cocaïne – sur son organisme. L'état d'euphorie artificiel dans lequel il était plongé l'empêchait de réaliser la menace que constituait le mutant, dont l'agacement croissant était visible. A coup sûr, le drogué avait un flingue dans la main, et n'attendait que le moment opportun pour le braquer avec. Si Logan était virtuellement quasi-immortel, il n'en restait pas moins que chaque blessure qui lui était infligée était aussi douloureuse pour lui que pour n'importe quel humain ; il guérissait juste beaucoup plus vite. Aussi n'avait-il aucunement l'intention de se faire tirer dessus. Attrapant l'importun par le col de sa pelure, Logan le ramena vers lui, à la seule force de son biceps. Levant son bras libre à hauteur de son visage, comme pour le frapper, il se contenta de faire jaillir ses griffes d'entre ses têtes de phalanges, déchirant comme à chaque fois ses chairs, avant de cicatriser quasi-instantanément.

« Ecoute-moi bien, saloperie de junkie. Je viderais bien tes tripes sur le bitume, mais j'attends quelqu'un. Alors tire-toi avant que je change d'avis. »

L'homme extirpa ses mains moites de ses poches, et les leva en l'air, en signe de paix, fuyant le regard bleu-gris de son interlocuteur, qui le repoussa rudement en arrière, le faisant basculer en arrière et chuter sur son séant. Sans un regard pour Wolverine, il s'empressa de se redresser pour s'enfuir en courant. Wolverine leva les yeux au ciel, et rétracta ses griffes ; cette partie de la ville devenait vraiment craignos. Lui, ne craignait pas grand chose mais de nombreux meurtres y avaient été commis ces derniers temps, et le trafic de drogue y allait bon train. Si la petite bluffeuse osait s'y aventurer à une heure aussi tardive, c'est qu'elle avait elle aussi de fortes raisons de ne pas s'inquiéter pour sa sécurité personnelle. Pour Logan, les habiletés surhumaines qu'il l'avait vue développer étaient celle d'une mutante. Sans être capable de déterminer avec exactitude de quoi elle était capable, il savait d'ores et déjà qu'elle possédait une force bien supérieure à la normale.

« Hum. »

Une menue silhouette se découpait dans l'embrasure de la porte du Cruchon d'Abondance ; celle de l'intéressée, sans l'ombre d'un doute, qui se dirigea lentement vers lui, le regard fier, la mine frondeuse. Elle n'a pas peur de moi. Mais pouvait-on s'en étonner, de la part d'une joueuse de poker aussi habile ? Logan lui, avait toujours été très mauvais, incapable comme il l'était de dissimuler ses émotions. La plupart du temps au château de Xavier, il se faisait dépouiller par le duo Malicia-Diablo qui se révélait être d'une efficacité redoutable dès lors qu'il s'agissait de rouerie. La jeune rebelle avait jetée sur ses épaules une veste en cuir très urbaine, qui contrastait avec la féminité de la tenue qu'elle portait au dessous.

« Par contre tu m'as l'air d'être une belle emmerdeuse », lui lança le mutant, amusé. A peine pointait-elle le bout de son nez qu'elle le défiait, ce qui ne pouvait que lui plaire.

L'inconnue s'arrêta à un bon mètre cinquante de Logan, adossé à son véhicule. Elle n'avait pas peur de lui, mais restait sur ses gardes.

« T'inquiète pas, je vais pas te bouffer », grogna-il, en mordillant son cigare, appréciant d'un œil avisé le fuselage de ses jambes. Quoique...

Le mutant fit deux pas en avant, brisant la distance de sécurité établie par Mélisandre.

« Écoute, ça va peut être te paraître bizarre, mais j'ai une sorte de don pour repérer les gens, heu... Disons très doués. »

Surtout ne pas la brusquer ; Wolverine avait déjà eu affaire à des mutants qui ignoraient l'existence de pouvoir avant qu'elle ne leur soit révélée, ladite révélation pouvant parfois entraîner des circonstances complètement imprévisibles. M'enfin bon, elle a l'air de savoir ce qu'elle fait, la donzelle.

« En gros, selon mon odorat, t'es pas une humaine toute à fait normale, tu confirmes ? Généralement les gens comme nous évitent de se faire remarquer, par peur de se faire rejeter, ou d'avoir des emmerdes avec les autorités. De nos jour, 'fait pas bon d'être un mutant. Mais toi, tu m'as l'air de courir après les embrouilles. »

Mutant, le mot était lâché. Logan faisait bien évidemment référence aux multiples mesures législatives qui avaient été prises dans la plupart des États à la suite des États-Unis s'agissant du recensement des super-humains ; Wolverine faisait partie de ceux qui chérissaient bien trop la liberté pour admettre toute immixtion gouvernementale dans sa vie privée, ce qui lui valait un contentieux assez conséquent avec le SHIELD.

Restait à donner un gage de bonne foi à la jeune femme. De mauvaise grâce, le mutant leva le bras à hauteur du visage de la belle inconnue, faisant jaillir une nouvelle fois, ses griffes en adamantium, avant de les rétracter immédiatement, ramenant le bras le long de son corps. Ainsi, elle comprendrait probablement que si Logan avait voulu la tailler en pièce, cela aurait déjà été fait et qu'elle n'avait par conséquent, rien à craindre de sa part.

« Bref, m'semble qu'on a pas mal de trucs à se dire. Mais pas ici. Ca craint, et tes jolies petites miches vont geler sur place. Tu crèches où ? »

Franc et direct, comme à son habitude, Logan n'avait jamais assimilé le fait que le fait proposer de raccompagner une jeune fille sage chez elle était souvent accueilli avec moult rougeurs et gloussements gênés. Mais l'inconnue était probablement tout sauf sage. Soudain Logan se rendit compte qu'il avait oublié quelque chose ; la politesse.

« Au fait, moi c'est James, mais j'préfère qu'on m'appelle Logan. Et toi, princesse ? », lança-il, en lui tendant sa grosse paluche tiède. La température interne du mutant s'auto-régulait en fonction du climat, ce qui lui permettait de ne pas trop souffrir les périodes de grand froid ou de canicule.

Mélisandre Cairn

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Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 4 mercredi 25 décembre 2013, 20:17:07

Pâle, l’œil exsangue de l’astre jetait sur le trottoir son regard blême, cerné par les paupières ouatées et froncées des nuages. Des écharpes de brume s’étiolaient sur le firmament dépouillé de ses nébuleuses, comme des brebis moutonneuses dispersées sur la lande, océan noir et vaste frangé d’écume. Mélisandre risqua une œillade vers la figure blafarde et maladive de la lune, à la dérive dans les ténèbres mouvants, avant qu’un amas spumescent n’occulte sa lueur laiteuse. Rien qu’une seconde, ses pensées s’égarèrent, noyées dans l’encre du ciel. Voyait-elle la même lumière que sur Terra ? La lune paraissait si semblable à celle qu'elle connaissait… Se pouvait-il qu’une des deux soit factice, et l’autre non ? Rejoindre la caste démoniaque avait permis à la diablesse d’accéder à une connaissance du monde et de ses différents plans dimensionnels tout en soulevant d’innombrables questions, pour lesquelles les réponses demeuraient en suspend. La réplique du terrien eut le mérite de la faire sourire, en douce, tout en la tirant de ses rêveries. Belle emmerdeuse. D’aucuns diraient que la formule lui seyait comme un gant.

« Quand je m’en donne la peine, seulement », déclara l’affriolante brunette, posant sur son interlocuteur un regard pétillant, mais pénétrant.

Allons. Qu’avait-elle là, en face d'elle ? L’imposante carrure s’esquissait sous l’éclat crachotant du lampadaire, laissant deviner les contours racés de la bécane, contre laquelle reposait sa nonchalance. Si elle avait déjà fait l’expérience de l’auto, la pratique du deux roues en revanche restait pour elle une énigme. Outre l’aspect utilitaire, au vu du plaisir allègre qu’elle retirait à arpenter les grands espaces à cheval, lancée au grand galop, elle ne doutait pas un seul instant de retrouver l’ivresse de liberté sur ce genre de monture mécanique. Un sentiment précieux, dont la belle raffolait. La luciole du cigare grésillait, petit point fébrile dans le manteau de la nuit qui la renseignait sur l’humeur de l’étranger. S’il avait été agacé, son irritation se serait certainement canalisée, et il aurait tiré outrancièrement dessus, prenant de longues lattes. Nerveux, les bouffées cubaines se seraient succédées en exhalations vaporeuses, claires et translucides dans l’obscurité ambiante. Mais le colosse paraissait relativement à l’aise, adossé contre son véhicule, mâchonnant son bien, l’œil… appréciateur.
Alors comme ça, il la jaugeait ? L’Indocile remonta la fermeture éclaire de sa veste jusqu’à la naissance de ses seins, camouflant un peu mieux ce que l’intérieur de sa doublure recelait.

« A vous voir, j’imagine que peu de personnes vous inquiètent. Considérez qu’il en va de même pour moi », jeta-t-elle avec son aplomb habituel, laissant le soin à l’inconnu de réduire la distance les séparant.

A l’évidence, il ne se méfiait toujours pas d’elle, et ce, en dépit de ce qu’il avait pu voir. Ca ne pouvait pas être qu’un vulgaire humain. Mélisandre pencha délicatement la tête de côté, comme souvent, lorsque quelque chose l’intriguait. Qu’est-ce qui pouvait bien faire qu’il soit si sûr de lui ?

« Dîtes-moi en quoi suis-je douée », souffla-t-elle, racoleuse, un rien moqueuse dans son intonation.

Cette fois, il avait perdu de son assurance, tâtonnait. C’en était presque attendrissant. Il cherchait ses mots, semblant se préoccuper de l’impact qu’ils pourraient avoir. Finalement, ils jaillirent, francs, explicites, et le subtil sourire de Mélisandre s’estompa, laissant place à une petite moue circonspecte. Mutant ? Etait-ce là leur terme pour désigner les humains qui n’en avaient que l’apparence ? Sur Terra, les peuples et les races se mélangeaient au commun des mortels sans complexe, bien que la cohabitation ne soit pas toujours paisible. Sur Terre, les choses étaient différentes. Un tabou enveloppait les êtres hors-normes, et même ses pairs observaient une discrétion des plus rigoureuses, dans cette dimension. Pour Mélisandre, il s’agissait plus d’un espace de jeu, d’un terrain de chasse ou d’une retraite. Elle ne s’attendait pas à croiser le chemin d’un individu de son genre par ici. Silencieuse, la féline attendit qu’il fasse la démonstration de ses propres… talents.

Oh, il avait sûrement vu traverser l’éclat vif et acéré de la frayeur dans les prunelles alarmées de l’intrépide, tandis qu’il s’exécutait. Rien d’autre dans la physionomie de Mélisandre n’avait trahi son moment de doute, lorsque, stupéfiantes, les griffes avaient surgi à l’assaut de son visage. A la lueur de ses paroles, la jeune femme n’interpréta pas son geste comme de l’intimidation cependant. Au contraire, l’homme semblait vouloir grappiller des parcelles de sa confiance, ce qui, par ailleurs, pouvait paraître tout aussi louche. A nouveau, la sauvageonne croisa le regard de son interlocuteur en affichant le masque serein du cran dont elle disposait. Il avait sciemment exposé une partie du jeu qu’il détenait. Attendait-il d’elle qu’elle suive son exemple ? Sa bouche s’étira sur l’ombre d’un sourire, amusé, alors qu’elle avisait la main tendue de James. Plutôt que de s’en saisir, l’Indocile sortit une carte à l’effigie de la Reine de Pique de sa poche et la lui remit.

« Je n’ai pas l’habitude de respecter une autre autorité que la mienne et je ne suis pas une princesse, glissa-t-elle tout en caressant l’illustration cartonnée d’un regard malicieux dans la main du mutant. Vous devriez suivre mon exemple. Vous êtes puissant. Ne laissez pas n’importe qui avoir de l’emprise sur vous. »

Contournant doucement l’obstacle qu’il constituait, la charmante créature s’approcha de la moto pour effleurer le cuir de la selle, d’un doigt inquisiteur. Un instant plus tard, elle l’enfourchait avec fluidité, un irréductible petit sourire suspendu aux lèvres. Sa robe se retroussa sur le sommet des cuisses, fuselées.   

« Je vous dirai mon nom une fois que nous aurons atteint notre destination, lança-t-elle, pressée de sentir la puissance de l’engin, entre ses jambes. Chez vous. »

Elle appuya sa dernière précision d’un regard vif, à moitié recouvert par l’ondulation désordonnée de sa crinière, ébouriffée par les bourrasques qui s'engouffraient régulièrement dans la ruelle. 

James Howlett

E.S.P.er

Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 5 samedi 28 décembre 2013, 19:18:35

Logan n'avait jamais pu s'expliquer son inclinaison pour les chieuses, alors même que l'immense majorité de la gent masculine leur préférait les femmes soumises, aimantes et malléables. Peut-être était-ce parce qu'il avait sans cesse besoin d'être surpris ; l'immortalité sans l'inopiné était un abîme d'ennui. Aussi le mutant accueillait-il les saillies de son interlocutrice avec une satisfaction et un amusement évident. Peu dupe de l'objet de ses regards appuyés, la femelle couvrit sa poitrine jusqu'à sa gorge. De la pudeur ? Probablement pas. En tout cas elle avait du répondant ; sa seconde réplique le fit sourire, mais son regard bleu pâle se troubla un court instant. Quand avait-il cessé d'avoir peur ? Logan savait que la réconciliation avec l'idée de la mort figurait au nombre des questions existentielles que se posait un être humain, et à laquelle la philosophie et la religion tentaient de répondre depuis des millénaires. Mais le mutant avait vécu suffisamment longtemps pour accepter sereinement un éventuel trépas. Dans cette perspective, aucun homme, aucune créature surnaturelle n'était en mesure de l'inquiéter. Cela faisait-il de lui un sage, ou bien une bête fauve ?

« Ma fille m'inquiète beaucoup en ce moment", lança-il finalement à la brunette, expulsant une énième bouffée de tabac de ses poumons. « Je crois qu'il n'y a rien de plus effrayant au monde qu'une adolescente rebelle. »

Il bottait en touche, mais disait vrai ; sa progéniture lui causait plus de tourment que le SHIELD, Magnéto et Dent-de-sabre réunis. La réaction mitigée de la joueuse à ses explications laborieuses concernant ses habilités hors-normes, le conforta dans son idée première ; la jeune femme avait conscience ce qu'elle était. Néanmoins, la bête releva la crainte fugace de son interlocutrice : Elle en savait à la fois plus, et moins qu'elle ne voulait bien le faire croire. Lorsqu'elle refusa sa main tendue - non sans coquetterie -  il était clair pour Logan que la sulfureuse inconnue se méfiait encore, et jouait la carte de la prudence. Celle qu'elle lui glissa entre les doigts était à l'effigie de la Dame de pique. Selon Diablo, dont la mère était un peu sorcière, ladite figure symbolisait la rouerie, voire la traîtrise. A quoi jouait-elle ? Logan fronça les sourcils, mais la brunette l'avait déjà dépassée, le forçant à faire volte face, et se dirigea d'un pas chaloupé vers sa moto qu'elle considérait avec ce qui semblait être de la curiosité. Allons. un joli petit lot comme elle qui n'était jamais monté sur une bécane ? La sienne avait fière allure, néanmoins. Rouge, noir et argent, elle dévorait la route avec voracité, vrombissant de plus belle à chaque coup d'accélérateur.

Sans attendre l'invitation de Logan, l'effrontée enjamba sa monture avec une hâte presque enfantine, alors que la position de la jeune femme découvrait ses jambes d'une bonne dizaine de centimètres supplémentaires, phénomène que le mutant apprécia d'un hochement de tête avant de se rapprocher tranquillement du véhicule, glissant la carte dans la poche de son jean, pour détacher un casque rouge et gris du guidon. Logan ne craignait pas les accidents de la route, mais les amendes, aussi le portait-il en journée, bien que l'accessoire lui fut totalement inutile. Mais s'agissant de son invitée surprise...

« Il va falloir faire une entorse à tes principes alors »
, lança-t-il, en lui enfonçant le casque rembourré sur les oreilles avant qu'elle ne puisse protester. « En plus, il est assorti à ta robe, releva-t-il, goguenard, avant d'abaisser la visière de l'objet pour échapper à un éventuel regard furibond. Chez lui ? Soit. A ses risques et périls.

La laissant attacher son casque, Logan débarrassa sa roue avant de l'antivol qu'il y avait fixé et le rangea dans le compartiment encastré à l'avant du véhicule, sous le guidon. Puis il remonta à son tour la fermeture éclair de sa veste jusqu'au cou, avant d’enjamber à son tour son destrier d'acier et de glisser sa clé dans le contact. Le véhicule s'anima, et le moteur commença à ronronner, aussi Logan dût-il élever la voix lorsqu'il s'adressa à la brunette.

« Accroche-toi bien à moi, et penche-toi du même côté dans les virages. Et si tu as peur, 'pas la peine de crier, je t'entendrais pas. »

Lorsque le mutant la sentit à son aise, et surtout solidement arrimée à lui, Logan releva la béquille de sécurité et dirigea l'engin sur la chaussée irrégulière, en essayant de ne pas trop songer à la paire de seins qui s'écrasait dans son dos, et jeta ce qui restait de son cigare dans le caniveau.

« Allez... »

Le poignet du mutant vrilla trois fois sur l'accélérateur, faisant crisser les pneus sur le béton, avant que la moto ne fasse littéralement un bond en avant, s'envolant à une cinquantaine de kilomètres heures en moins de quatre secondes. Logan bifurqua dans une seconde ruelle toute aussi déserte que la première, avant de rejoindre une artère. Adepte de la conduite sportive, le mutant aimait sentir la puissance du moteur se déchaîner,  chaque aspérité, chaque irrégularité de la route résonner jusque dans ses os en adamantium ; aussi avait-il allégé les suspensions du bolide pour accroître les sensations qu'il lui procurait. Le chemin le plus court pour rejoindre son hôtel était de traverser une bonne partie de la ville, mais le mutant choisi d'emprunter la ceinture périphérique ; la conduite de nuit sur les routes désertes le grisait, et la brunette n'avait pas l'air contre quelques frissons. La ceinture avait été construire en partie à l'américaine, sur des piliers de bétons colossaux ; aussi la ville endormie s'étalait à leur droite, baignée par la faible lueur lunaire. Au centre, sur des buildings, scintillaient d'innombrables panneaux publicitaires que l'on éteignait jamais, alors que la périphérie s'enfonçait dans les ténèbres. Au loin, un œil exercé pouvait apercevoir la plage de sable fin avec à l'est, l'extrémité de la base militaire qui avait élu domicile à côté de la ville.

Mais le véhicule prenait de la vitesse, et le paysage se déroba au regard de la belle inconnue alors qu'ils s'engouffraient dans un tunnel ; Logan poussait vers les deux cents kilomètres heures, le buste légèrement penché vers l'avant, en parfait contrôle. Ses réflexes hors normes lui permettaient d'anticiper avec aisance sa trajectoire, épousant à la perfection la courbe des virages qu'il prenait, se permettant parfois de se pencher plus que de raison dans le seul but de faire trembler sa passagère. A une telle vitesse, une dizaine de minutes suffirent à Wolverine pour atteindre l'embranchement qu'il désirait. Ralentissant à peine en pénétrant de nouveau dans la ville, le mutant avisa une camionnette, qui filait sur l'artère perpendiculaire. Cette dernière avait la priorité, mais Logan n'en avait cure ; la moto jaillit une dizaine de mètres devant le conducteur effrayé, dérapa légèrement sur la chaussée pour éviter l'embardée catastrophée de la camionnette, et continua sa route, ralentissant imperceptiblement alors que Logan se rapprochait de l'hôtel.

Le mutant s'arrêta devant un bâtiment cossu et boisé, qui n'abritait guère qu'une douzaine de chambres coûteuses, un restaurant et une source chaude. Si Logan pouvait vivre dans la rusticité la plus incommode, le confort ne lui déplaisait pas, et prendre une chambre dans un hôtel luxueux lui permettait de façon assez paradoxale d'être à l'abri. Ses ennemis le chercheraient dans des bars minables, ou des cabanes de forêt, jamais dans une chambre à 350 dollars la nuit. Satisfait du voyage, le mutant coupa le contact et sauta à bas du véhicule encore tiède, s'échappant de l'étreinte de la brunette.

« Pas trop secouée ? », lança-t-il à l'adresse de sa passagère, fouillant dans la poche intérieure de son blouson à la recherche d'un second cigare.

Mélisandre Cairn

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Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 6 vendredi 03 janvier 2014, 02:28:31

Il n’y a rien de plus effrayant au monde que d’aimer une personne qui nous est chère, rectifia une voix qui ne trouva d’autres échos que l’imprégnant silence de sa conscience. Derrière la désinvolture de sa façade, Mélisandre considéra le mutant avec un intérêt renouvelé. L’aveu qu’il venait de formuler lui conférait une toute autre dimension. Ainsi, avant d’être un rôdeur traînant à des heures indues dans les tripots des bas-quartiers, James était un père. Voilà qui changeait radicalement la donne. Les prémisses d’un sourire sombre fendirent la bouche de la jeune femme. Ses yeux luisirent de l’éclat mélancolique des choses regrettées –rien que l’espace d’un battement de cils, puis la créature centenaire laissa l’air vivifiant de la nuit investir ses poumons pour se purger.

« Difficile de se débarrasser des sales habitudes », lâcha-t-elle sur une note plus badine en dardant sur Logan l’abîme noir de son regard.

L’instant d’après, son nez se plissait sous l’effet de la contrariété, la vision à présent altérée par la visière fumée du casque, dont la contrainte lui parut insurmontable. Elle secoua doucement la tête pour apprivoiser la sensation désagréable, mais elle ne réussit qu’à exacerber l’impression de pesanteur sur sa nuque. Ne plus sentir l’aquilon taquiner son visage et emmêler les mèches indisciplinées de sa crinière était une frustration à la hauteur de la gêne qu'elle éprouvait. L’attestant d’un grommèlement étouffé, la brunette fit néanmoins mine de l’attacher pour contenter son pilote.

Les vibrations du moteur se propagèrent comme une onde de choc, remontant le long de son échine en y répandant de petits frémissements inhabituels. C’était comme si la machine venait de prendre vie, sous elle, et vrombissait doucement en attendant de rugir, prête à se lancer à l’assaut de l’asphalte. Un franc sourire illumina le visage de Mélisandre, laquelle rabattit vivement sa visière pour glisser à l’oreille de son compagnon de route :

« Allez-y, faîtes-moi peur. »

Ses bras vinrent doucement ceindre la taille de l’homme, laissant reposer les globes moelleux de sa poitrine contre son dos, impatiente et envieuse d’être emportée loin. La Ducati exauça immédiatement son souhait, s’arrachant à son immobilité dans un crissement de pneus pour se jeter en avant. Le premier kilomètre n’avait pas encore été avalé que Mélisandre se débarrassa du casque, le bouclant sous son coude pour mieux jouir de la sensation grisante de liberté, et de son transport, vertigineux, qui balaya sa tignasse et fouetta son visage. La course effrénée de la machine la fit proprement vibrer, le moteur grondant instillant le frisson d’adrénaline dans son corps enivré. La belle s’adapta spontanément à la conduite de Logan, se solidarisant à lui pour ne former plus qu’un corps jumelé, l’équilibre lui venant naturellement de part ses dispositions cavalières. Elle n’avait pas besoin d’anticiper pour écouter ses instincts et bouger avec James devint rapidement un mécanisme, ce qui lui laissa tout le loisir d’admirer la vue et de profiter des paysages avant qu’ils ne se dérobent à elle. Ils défilaient à une vitesse ahurissante, tant et si bien qu’elle se planqua bientôt derrière sa carrure pour offrir moins de prises au vent, cinglant et hurlant furieusement à ses oreilles. Il put brièvement deviner les doigts de sa passagère qui se glissèrent tout contre sa poitrine, la palpant délicatement, mais l’impression fut si fugace, le toucher si subtil, que le doute fut permis, d’autant plus que la route continuait à accaparer son attention.

En atteignant la ville, elle vit surgir la camionnette, et, malgré la confiance aveugle qu’elle dédiait à la conduite du mutant, elle ne put s’empêcher de raffermir sa prise autour de sa taille, ses prunelles s’agrandissant exponentiellement devant le danger qui se rua à leur rencontre, imminent, auquel ils s’exposèrent cependant avec tant de désinvolture qu’elle se demanda un instant si la menace en avait été vraiment une. Ils dépassèrent en trombe le véhicule et un éclat de rire fusa dans les replis de la nuit, enjoué, vivant, rapidement emporté par les rafales, charrié loin de la diablesse.

Cette dernière enfouit ses doigts dans l’enchevêtrement chaotique de sa crinière, le minois fendu d’un sourire en coin, avant de suivre l’exemple de Logan une fois la moto immobilisée, mettant pieds à terre. Elle détailla un instant la façade luxueuse de l’hôtel, joliment illuminée, puis le gratifia d’un coup d’œil vif, teinté de malice.

« Et vous ? », lança-t-elle, désinvolte, le dépassant pour grimper les marches menant au porche.

Se faisant, elle sortit nonchalamment l’étui à cigares de James de sa propre poche, l’agitant doucement en hauteur, comme elle le ferait d’une friandise.  L’intérieur du blouson, dont elle avait soigneusement sondé les poches, comprenait également la clef de sa chambre (seuls les hôtels agrafaient des porte-clefs si encombrants) et son portefeuille, qu’elle s’empressa de fouiller. James Howlett.

« Bonsoir, Madame, l’accueillit l’hôtesse, d’un sourire policé, une fois qu’elle eut franchi le palier.

- Bonsoir. Je suis l’épouse de Monsieur Howlett. Nous avons réservé une chambre, je crois. Mais il a peut-être utilisé mon nom de jeune-fille. Ses yeux rencontrèrent la brochure de l’hôtel, sur le comptoir de l’accueil. Les sources chaudes sont libres d’accès ?

- Elles ne le sont malheureusement plus, à cette heure tardive. »

Mélisandre esquissa un sourire aimable après avoir glissé quelques gros billets sur la table, généreusement extraits du portefeuille de James.

« C’est un bel hôtel. Il y a toujours des extra, dans ce genre d’établissements, pour contenter la clientèle. »

La jeune femme hocha brièvement la tête, d’un air entendu, avant de lui indiquer le couloir à emprunter. L’incorrigible féline tournoya sur elle-même, adressa un regard furtif à Logan, puis longea le corridor en laissant sa main frivole racler les murs, du bout des ongles. Il débouchait sur une grande terrasse ouverte, aménagée de manière à préserver l’intimité des clients. Des bosquets de bambous délimitaient le pourtour des sources, qui, pareilles à des mares diaphanes, toutes auréolées de brume, émettaient des clapotis discrets. Les facettes sombres de leur miroitement scintillaient comme des diamants noirs à la lueur tamisée des lampions.

Sans rien dire, l’Indocile récupéra l’étui à cigares puis fit tomber la veste de cuir, dénudant ses épaules qui se hérissèrent de chair de poule. Elle se débarrassa des escarpins et fit glisser les bretelles de la robe, dont le tissu froissé s'épanouit à ses chevilles comme la corolle d’une rose rouge. Son corps nu, érigé contre la nuit, endura la rugosité du froid qui mordit sa peau cuivrée. La démone n’attendit pas davantage pour rejoindre le bassin le plus proche, goûtant l’eau d’un orteil frileux avant d’avancer pour s’immerger. Des frissons furieux la secouèrent, ponctuant sa progression. L’eau enveloppa sa nudité en l’engloutissant dans son brouillard et l’étreinte délicieusement brûlante de la source la réchauffa. Un soupir comblé quitta ses lèvres. Puis les doigts mouillés de Mélisandre tripotèrent délicatement l’écrin à cigares, faisant éclore un petit sourire, tandis que son regard se relevait pour examiner la rive, où elle crut deviner l’imposante silhouette du mutant.

« Je n’ai pas apprécié votre intervention, dans ce bar. Mais vous n’aviez pas complètement tort. Il m’arrive de tricher. »

Elle fit doucement sauter le couvercle, laissant à ses sens l’occasion de se repaître des effluves boisées. 

« J’aime bien savoir à qui j’ai affaire. Nous avions des chose à nous dire, je crois ? Commencez par me faire connaître vos intentions et ce que vous escomptiez vraiment de moi, et peut-être alors que je serais assez gentille pour faire preuve d’indulgence envers vous. »

Décidément, les mauvaises habitudes avaient la dent dure, pour l'affriolante Indocile.
« Modifié: vendredi 03 janvier 2014, 02:38:10 par Mélisandre Cairn »

James Howlett

E.S.P.er

Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 7 samedi 07 juin 2014, 23:32:05

Selon toute vraisemblance, sa passagère avait apprécié le voyage, ainsi que le suggérait le mutin sourire qui s'épanouissait sur son visage. Celui de Logan en revanche se figea, lorsque la main qu'il avait plongée dans sa poche ne rencontra que le vide. Qu'est-ce que c'est que ce bordel... Son étui à cigare reposait encore tout contre son cœur lorsqu'ils avaient pris la route. Il était impossible qu'il eût chuté et la seule personne susceptible de lui faire les poches était... Évidemment.  La diablesse l'avait dépassé de quelques pas, agitant du bout de ses doigts fuselée, la précieuse petite boite en bois. Les yeux rivés sur son... Portefeuille

« T'es pas sérieuse, là », murmura-il, partagé entre l'agacement et l'amusement, ses yeux bleus rivés sur sa croupe qui oscillait au rythme de ses foulées.

La laissant s'éloigner, le mutant accrocha son casque au guidon de son bolide avant de bloquer sa roue arrière avec un antivol. Lorsqu'il se retourna, Mélisandre avait disparu dans l'édifice et une palpation rapide de ses flancs lui apprirent qu'elle s'était aussi probablement emparée des clés de sa chambre. Lorsqu'il franchit à son tour la double-porte vitrée, l'Inconnue se tenait près du comptoir de marbre blanc. Alors que Logan se rapprochait, la jeune femme pivota vivement, faisant virevolter sa crinière brune avant de s'échapper d'un pas alerte dans la direction que lui indiquait l'hôtesse, non sans avoir brièvement croisé le regard espiègle de la brunette. Le crissement de ses ongles sur le papier peint l'électrisa, et l'immortel se mordit la lèvre inférieure alors que l'aiguillon du désir lui titillait la colonne vertébrale. C'est d'une voix rauque qu'il adressa à l'hôtesse qui l'observait avec curiosité depuis plusieurs secondes.

« Heu... Elle va où comme ça ? »

« Vers les sources chaudes. Visiblement, votre femme avait vraiment envie de se détendre », lui répondit l'hôtesse, avec un sourire gêné dont le mutant ne put identifier la cause.

« Pardon... ma femme ? » Logan était estomaquée ; elle ne manquait pas de toupet, la gamine.

« Oui, il s'agit bien de votre femme n'est-ce pas, monsieur Howlett ? » l'hôtesse avait froncé les sourcils, soucieuse d'avoir commis une erreur.

« Heu, ouais, je suppose », lâcha-il,décontenancé.« Vous savez c'que c'est la vie. On se retrouve marié sans trop savoir comment et c'est le saut dans l'inconnu, tout ça. » éberluée, la jeune fille se contenta de hocher la tête en silence, alors que le mutant s'engageait à son tour dans l'étroit couloir qu'avait emprunté la brune diablesse. Si Mélisandre avait eu connaissances des conditions plutôt dramatiques dans lesquelles s'était terminé son seul et unique mariage, peut-être n'aurait-elle pas usé du même subterfuge.

Le couloir déboucha bientôt sur un onsen de bonne taille, pourvu de plusieurs petites sources clapotantes. Au bord de l'une d'elle, la silhouette féline et galbée de l'inconnue se devinait entre les volutes de brume, la lueur vacillante des lampions soulignant ses courbes généreuses. A ses pieds, sa robe froissée et ses escarpins vernis. L'homme sentit les battements de son cœur s'accélérer alors qu'il crût entrevoir l'extrémité rose et érigée de l'un de ses seins, avant qu'elle ne s’accroupisse pour pénétrer dans l'eau, et que le brouillard ne l'étreigne. Allait-elle disparaître avant qu'il ne la rejoigne ?

L'homme s'adossa contre un rocher de bonne tailles, afin de retirer l'une après l'autre ses bottines, avant de se débarrasser sommairement du reste de ses vêtements. Pas plus soucieux des exigences de la pudeur que ne l'était Mélisandre, l’Immortel redressa bientôt sa silhouette massive, offrant sa peau tannée à la morsure du froid. Alors qu'à son tour il se glissait dans l'eau brûlante, il scruta la brume pour déceler la silhouette immergée de la chapardeuse, dont la voix mutine ne tarda pas à s'élever.

« T'es une belle emmerdeuse », constata-il en s'adossant tranquillement à la berge. « J'suis pas intervenu pour te sauver la mise, t'aurais pu trancher la gorge de ces crétins en moins de temps qu'il n'en faut pour l'dire ». L'immortel renversa la nuque en arrière, et resta silencieux pendant de longues secondes, jouissant du délicieux contraste entre la chaleur de l'eau, et la brise glacée qui s'engouffrait dans ses cheveux de jais.

« Je te l'ai dit, comme toi je suis un mutant, j'ai des aptitudes qui... sortent de l'ordinaire. Lorsque des gens comme toi et moi se rencontrent, il y a trois possibilités ; ils s’entre tuent, ils s'allient, ou ils s'évitent, à la manière des prédateurs. J'ai juste besoin de savoir ce que je dois faire avec toi. Te tuer, t'éviter ou...te côtoyer. Jusqu'ici, je dirais que c'est plutôt moi, qui ait fait preuve d'indulgence pour ta jolie petite gueule

L'odeur du tabac cubain taquina les narines dilatée de l'immortel, qui se redressa pour s'emparer du poignet d'albâtre de la jeune femme de sa main calleuse. Une pression, et il volerait en éclat. De sa main libre il récupéra tranquillement le précieux coffret. S'emparant du dernier cigare qui y figurait, il posa la petite boîte sur une pierre plate avant d'en extraire une petite boîte d'allumette. Un instant plus tard, un lueur orangée luisait dans la pénombre.

« T'as un coup d'avance sur moi, fillette, tu sais comment je m'appelle. Maintenant j'aimerais connaître ton nom. Et savoir que tu fous dans le coin.», acheva-il, avant d'expirer longuement.
   

Mélisandre Cairn

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Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 8 dimanche 29 juin 2014, 17:25:02

La source dégageait une touffeur moite qui s'effilochait en rubans fuligineux. Mélisandre tendit un bras, puis l'autre. Sa paume glissa contre sa peau vernie d'humidité. Elle était douce, nimbée de volutes vaporeuses. La brunette céda à l'envie d'agripper un sein pour en éprouver le contact moelleux et velouté au creux de sa main. Très vite son mamelon s'insurgea et elle le fit doucement rouler entre ses doigts mouillés. Voilà qui était agréable. Suffisamment pour lui extorquer un petit soupir d'aise. Elle n'était pas seule à jouir des bienfaits des bains cependant. Les remous qui abîmèrent la surface du bassin le lui rappelèrent. Tandis que l'imposante stature du mutant fendait l'onde noire, la belle se déplaça de façon à confondre sa silhouette dans la brume, silencieuse à présent. Déployant un bras hors de l'eau après s'être approchée de la rive, l'Indocile fourragea dans la doublure de sa veste. La lame d'Ulrich eut à peine le temps de luire de l'éclat de la lune sur son fil qu'elle l'immergea.

" Ca n'a sans doute pas changé depuis la première fois où vous l'avez souligné ", s'amusa-t-elle à répliquer au premier commentaire de Logan.

Puis elle se mit de nouveau en mouvement, naviguant cette fois près de la fascinante animalité dégagée par son interlocuteur. Elle le découvrit nonchalamment affalé contre le rebord du bassin. Sa musculature suintait et fumait. Quand elle se campa face à lui, l'eau lui arrivait à hauteur de la poitrine. Son opacité ne permettait pas d'en percer aisément la surface. Il faisait trop sombre. L'étui à cigares résidait toujours dans sa main droite, couvercle dessoudé, comme un appât au bout d'une ligne.

" Me feriez-vous le déplaisir de me confondre avec une bête sanglante ? Si c'est là votre définition de mutant alors je ne fais pas partie de votre espèce. Je goûte peu au sang. C'est salissant. "

Sur ce la belle fit mine de considérer le mâle avec une pointe de dédain. L'étincelle qui faisait pétiller son regard fauve laissait peu de doute sur le jeu qu'elle entreprenait toutefois. Elle s'humecta délicatement les lèvres, forte d'un aplomb sans faille. Son petit discours lui soutira un léger sourire.

" Trois possibilités ", répéta-t-elle en douce, ébouriffée par une bourrasque glaciale.

C'est à ce moment là que les réflexes de l'homme surpassèrent ceux de la démone. Cette dernière réprima un mouvement de recul, prise au dépourvu. Il était déjà trop tard. Le poignet captif de l'énorme battoir se roidit à l'intérieur de l'emprise. La féline observa Logan reprendre possession du coffret sans ciller, le regard simplement plus ténébreux, plus rugissant. Elle avait beau jouir d'une force surpassant celle de la plupart des mortels, elle ne rivalisait pas avec celle du mutant. Ce simple contact finit de l'en persuader. Mais qu'importe. Les atouts de la diablesse étaient différents. Et elle connaissait déjà ceux du colosse. Sous l'eau, la lame prisonnière de son poing fermé chatouilla sa cuisse. Mais c'est le tranchant de sa langue qui s'avéra le plus prompt, assorti à un sourire mordant. 

" Il se trouve que j'ai de l'appétit pour les jeunes adolescentes rebelles. Elles ont le don d'exciter mes instincts de prédateur. Sachant cela, inutile de préciser ce que je fous dans le coin. "
 
L'impudente le laissa exhaler la fumée capiteuse de son cigare. Lorsqu'il se figura jouir d'une nouvelle bouffée, l'Indocile l'éclaboussa de manière à ce que le grésillement de l'embout s'en retrouve bel et bien noyé.

" Cessez de m'appeler par ce sobriquet. Je vous donnerais peut-être mon nom si vous consentez à me livrer celui de votre délicieuse fille. Il se peut qu'elle ne pose plus autant de problèmes, une fois que je lui aurais mis la main dessus " persifla-t-elle.

Sans attendre de réponse, la jolie garce recula pour s'évanouir dans le champ de brume. Un léger clapotis laissa supposer qu'elle venait de s'immerger complètement. Lorsqu'elle refit surface, ce fut près de la rive voisine sur laquelle son corps humide se hissa. Un régiment de serviettes suspendues tapissait le mur d'enceinte de l'hôtel attenant à l'onsen. Elle en préleva une et se drapa à l'intérieur, frissonnante.     

" La virée en bécane était sympa, mais j'apprécierais que vous ne veniez plus fourrer votre mufle dans mes affaires " finit-elle par lâcher, plantant le couteau dans le bois de la charpente.

La belle avait apparemment épuisé son quota d'indulgence envers le mutant un peu trop curieux.
« Modifié: mercredi 02 juillet 2014, 22:18:55 par Mélisandre Cairn »

James Howlett

E.S.P.er

Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 9 dimanche 13 juillet 2014, 18:32:05

Converser avec Mélisandre donnait à Logan l'impression de disputer une véritable partie d'échec ; et le moins que l'on puisse dire, était que la jeune femme avait parfaitement réussi son ouverture ; tout en protégeant ses secrets, elle forçait le mutant à s'exposer sans que sa prise de risque soit récompensée de quelque manière que ce soit ; ce soir, Caïssa n'était pas avec lui. Chaque fois qu'il avait l'impression d'y voir clair dans son jeu, elle réagissait d'une manière absolument imprévisible. Ah les femmes. Lorsqu'il s'empara de son étui à cigare, il croisa brièvement le regard enflammé de l'indocile jeune femme ; ce qu'il prenait comme une bagatelle, elle le vivait comme un affrontement, ce qui ne manqua pas de le faire sourire. De l'appétit pour les adolescentes rebelles ? En bon mâle primaire qu'il était, Logan ne pût s'empêcher de laisser son esprit divaguer quelques instants ; ce furent les éclaboussures inopinée de la jolie peste qui le sortirent de ses licencieuses rêveries.

« Espèce d'idiote, chacun de ces cigares vaut probablement aussi cher qu'une nuit dans cet hôtel ! »

Néanmoins, ignorant ses imprécations, Mélisandre s'éloignait placidement, disparaissant dans la vapeur d'eau, avant de réapparaître sur la rive, offrant brièvement son appétissante nudité au regard furieux du mutant, avant de l'en priver cruellement. Pourquoi Mélisandre manifestait-elle un tel intérêt pour Laura ? Par simple curiosité, ou bien cherchait-elle à disposer d'un moyen de pression ?   

« Et je consentirai à ne plus t'appeler fillette lorsque tu m'auras appris ton prénom ».

La colère du mutant se dissipait rapidement ; la jeune femme était vexée, et ses taquineries se transformaient en remarques acerbes. Avait-t-il touché un point sensible ? Par réflexe il haussa les épaules, sachant pourtant pertinemment que dans la pénombre, la jeune femme ne le pouvait le voir. Levant son cigare entre son pouce et son index pour l'observer à la lumière lunaire, il soupira après quelques secondes d'examen attentif : il était complètement détrempé.

« Ma fille s'appelle Laura. Par certains côtés, tu lui ressembles, par d'autres, tu t'en écartes. Cette petite idiote est aussi belle qu'elle est imprévisible et entêtée ».

A son tour, Logan se redressa, exposant une nouvelle fois son torse à la morsure du vent glacé. Se hissant sur la berge, il se dirigea vers Mélisandre, longeant le bassin d'un pas nonchalant. La notion de pudeur était parfaitement étrangère au mutant, et c'est parfaitement nu qu'il rejoignit la jeune femme qui drapait sa dignité dans une serviette en coton.

« Néanmoins, Laura ne s'aviserait pas de me manquer de respect comme tu le fais. Elle sait à quel point mon courroux peut-être terrible », ajouta-il, découvrant ses dents, ou plutôt ses crocs.

Il ne dominait la jeune femme que d'une dizaine de centimètres, mais à côté de sa carrure monstrueuse, elle semblait aussi fragile qu'une poupée. Un rapide regard vers la lame d'Ulrich allumèrent un feu ardent dans ses pupilles bleu acier. Sans quitter la jeune femme des yeux, il se baissa légèrement pour l'extraire du bois dans lequel il était planté et s'empara de la main de son interlocutrice avec une douceur surprenante, avant de lui refermer les doigts sur le manche de l'arme. Mélisandre excitait ses sens et titillait son orgueil ; il avait envie de jouer avec elle, comme un fauve avec une proie prise au piège. 

« Contrairement à toi Fillette, je suis une Bête. Je tue mes adversaires de sang-froid, et je me repais de viande crue et sanguinolente. Je pense que je ne pourrais pas vivre sans ces deux choses. Peut-être que tu devrais essayer de me tuer avant qu'il t'arrive malheur. Beaucoup ont essayé, certains y sont presque parvenu. Tu veux tenter ta chance ? »

Logan n'avait pas lâché la main de la brunette, et appliquait à présent la pointe du couteau contre son propre cœur. Il était si proche à présent qu'il pouvait presque entendre battre le cœur de son interlocutrice, dont le souffle tiède mourait sur sa peau nue. Sa voix rauque et hachée traduisait un trouble évident. Amusement, colère et désir agitaient son être, se disputaient sa conscience.

« Je vais te dire la vérité, ma chère. Je ne suis pas intervenu dans ce bar pour te protéger, non plus que pour t'empêcher de casser la gueule à ces abrutis. Je suis venu à toi parce que je m'ennuie terriblement, et que j'ai eu l'intime conviction en te voyant que tu pourrais y remédier. Qu'est-ce que tu en penses ? »

Mélisandre Cairn

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Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 10 mercredi 16 juillet 2014, 18:51:29

Le ronronnement de la ville perçait à travers les bosquets de bambous sans pour autant porter préjudice à la beauté sereine des lieux. Un grouillement urbain était à l'œuvre, mais au sein de l'îlot, l'isolement prévalait, voué au calme et à la détente. Chose que la turbulente Indocile n'était pas prête à concéder au mutant. Comme sa poitrine se soulevait au rythme paisible de sa respiration, les perles humides de sa gorge scintillaient à la faveur de la lune, semblables à une parure liquide. Il n'y avait que du coton pour l'envelopper et cependant, la jeune femme conservait une prestance souveraine. D'un blanc ivoirin, la serviette rehaussait l'ambre moiré de son derme tout en soulignant l'éclat sombre de ses deux prunelles, étincelantes de persiflage.

" Si mon aimable compagnie devait s'évaluer, pensez bien qu'elle s'élèverait au-delà de la facture de vulgaires cigares. Ses doigts entortillèrent une mèche pour l'essorer. J'ai décidé de vous faire la charité ce soir. Votre ardoise est encore blanche. "

Comme si la brume avait suffi à faire disparaître Logan de ses préoccupations immédiates, Mélisandre s'en désintéressa le temps de voir se désagréger les volutes de ses expirations dans la nuit opaque. Le froid courait sur sa peau nue, l'électrisant à la manière d'un amant aux doigts glacés, la consumant de légers frissons. Maintenant que la belle savait son accompagnateur doté de griffes prodigieuses, il aurait été mal avisé de sa part de prendre le risque de se jeter entre. N'en déplaise à ses frivolités, son instinct lui soufflait de ne pas fricoter indéfiniment avec ce personnage. L'idée de discrètement s'évaporer l'effleura lorsque, massive et sombre, la silhouette de l'homme surgit du brouillard. Elle la vit s'esquisser sur le reflet effilé de la lame logée dans le bois. Si menace il y avait, elle ne suffit pas à entamer son assurance. La jeune femme pivota de façon à embrasser de son regard fauve le spectacle de la musculature gainée de vapeur -tout en évitant scrupuleusement de dériver sur sa virilité. Après tout, elle n'était pas pressée.

La brunette s'étonna quelque peu de le voir parler de sa progéniture d'un ton si décomplexé. Alors comme ça, il ne la considérait pas non plus comme une potentielle menace ? Visiblement, l'idée qu'elle en sache davantage n'était pas en mesure d'engendrer quelconques complications dans l'esprit du mutant. Ni pour lui ni pour son inestimable fille. Soit il avait la prétention de croire qu'il tenait la situation bien en main, soit la perspective qu'elle avait explicité un peu plus tôt ne le dérangeait pas outre mesure. Ou peut-être la voyait-il simplement comme un chaton trop inoffensif pour l'inquiéter. L'ébauche d'un léger sourire taquina les lèvres mutines. Son courroux ?

" Je ne suis pas votre fille, avança doucement l'implacable garce, aussi prendrais-je la liberté de faire ce qu'il me plaît. "

Pourvue d'un sang froid mâtiné de curiosité, l'Indocile l'observa récupérer le couteau sans manifester d'opposition ni d’appréhension. En l'état, il lui était parfaitement inutile. Si l'hostilité avait motivé les intentions du colosse, il aurait fait usage de ses griffes, autrement plus redoutables. 
 
" Et quel cas faîtes-vous de mon propre courroux, Monsieur Howlett ? ", murmura l'insidieuse créature tandis qu'il glissait le manche dans le creux de sa paume.

Elle l'autorisa à guider sa main, les yeux attachés aux siens, sans rien laisser soupçonner du fil de ses pensées. Le bleu des iris semblaient bouillonner. De la pointe de l'acier, elle devina rugir un cœur de bête à l'intérieur de la large poitrine. Le sien menaçait seulement de s'emballer. Elle écouta attentivement son interlocuteur, laissa planer un long silence, puis se pourlécha les lèvres.

" Je ne suis pas Laura... reprit-elle doucement, alors qu'un sourire badin bourgeonnait au coin de sa bouche. Mais peut-être l'auriez-vous préféré. Vous auriez pu entrevoir son corps nu et luisant au sortir de l'eau puis le presser contre le vôtre. La diablesse redressa le menton. Son souffle caressa la mâchoire du mutant tandis que ses prunelles paraissaient s'embuer. Percevoir sa chaleur. Eprouver le toucher velouté de sa peau et la souplesse de ses courbes. Lui faire goûter votre courroux. Mélisandre fit un pas en avant, vers la nudité mâle et primitive. L'extrémité de la lame dessina une arabesque sanglante, griffant superficiellement la chair de Logan pour y tracer un sillon sombre s'étirant vers son nombril. Avec quoi aimez-vous votre fille, Logan ? Votre cœur, en êtes-vous bien sûr ? "

L'incorrigible infernale entrouvrit les lèvres afin d'affecter un scandale teinté d'émoi tandis que le tranchant de l'arme cueillait sur son fil la base sensible de l'entrejambe. Elle se percha sur la pointe des pieds afin d'approcher son oreille.

" Je lui ressemble beaucoup ? A quel point la désirez-vous ? "

Cette fois son sourire fleurit, éminemment provocateur. D'un geste chargé de prévenance, Mélisandre pressa la pulpe de son index contre l'entaille de son bas-ventre, remontant son cours sinueux jusqu'au torse. Le sang récolté transita ensuite jusqu'à sa propre bouche, laquelle s'émailla de reflets rouges.

" Ainsi donc, le sang des bêtes n'est pas plus savoureux qu'un autre ", trancha-t-elle d'un ton mêlé de dépit.

Conservant le contact froid du couteau contre l'intimité du mutant, l'Indocile pencha indolemment la tête de côté le temps de le dévisager, considérant un panel d'option connu d'elle seule. Une minute s'écoula.

" Je laisse ma chance à un autre. N'escomptez pas me voir vous fournir un prétexte pour sortir vos vilaines griffes. Sa main armée s'ouvrit pour présenter la lame coruscante de sang frais. Cela dit, si vous avez fini de statufier sur mon sort et que celui-ci vous fait me considérer comme une adversaire, alors dévorez-moi vite. Je gèle. "

James Howlett

E.S.P.er

Re : Diablerie racoleuse [PV Wolvy]

Réponse 11 lundi 21 juillet 2014, 23:25:23

Logan releva non sans orgueil les errances du regard de la belle insolente ; malgré d'innombrables affrontements, son corps massif ne portait la trace d'aucune blessure ; son facteur auto guérisseur ne laissait nulle cicatrice demeurer sur son épiderme, l'amputant de fait d'une partie de sa mémoire : celle de la peau. Tout juste une marque de naissance d'une demie douzaine de centimètre lui barrait-elle le flanc gauche, sillon livide sur une peau brune et tannée. Quoiqu'il en soit, l'inconnue ne manifestait pas le moindre signe apparent de crainte à son égard, et le toisait silencieusement, à la manière de quelque statue du Commandeur. Les battements légèrement irréguliers de son cœur néanmoins, indiquaient à Logan que si la jeune femme était vraisemblablement passée maîtresse dans l'art de dissimuler ses émotions, quelque chose la perturbait.

« Ton courroux ? », répéta à son tour la Bête, alors qu'il guidait la pointe de sa lame contre ses propres entrailles, « Et que comptes-tu faire, petite chatte ? Me griffer, me mordre 

Les narines du fauve palpitaient, humant l’odeur de sa proie, alors que sa bouche entr'ouverte aspirait le souffle frais qui s'échappait des lèvres de la brunette. Elle exhalait une féminité triomphante, presque castratrice pour le commun des mortels, et les mots qu'elle prononçait alors rendait le mutant ivre d'une rage mâtinée de honte et d'un désir primaire. Malgré lui, il lâcha la main tiède de Mélisandre et son corps entier se gaina, sur la défensive, alors qu'elle l'assassinait de ses piques acerbes. « Je ne... » Logan baissa les yeux un instant, pour fuir la lucidité des sombres iris de la diabolique inconnue. Un mince filet de sang s'échappait d'une plaie étroite. La jeune femme était habile ; Logan n'avait pas senti la morsure de l'acier.

Le mutant rassemblait ses esprits, cherchant les mots justes pour quelque mensonge, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge nouée, alors que des afflux sanguins convergeaient vers sa virilité endormie. Laura n'était pas exactement sa fille, il n'y avait donc pas de raison d'avoir honte de... Quoi au juste ? Persifleuse, Mélisandre s'était élevée à sa hauteur en se hissant sur la pointe des pieds, afin que son souffle tiède vienne mourir contre son oreille. Un court instant son regard bleuté se brouilla, alors qu'il visualisait le corps gracile de Laura ; sa petite poitrine fièrement dressée, sa taille étroite, et son regard rebelle.

« Conneries ! » sa paume s'écrasa sèchement contre la joue de Mélisandre, faisant légèrement reculer la jeune femme à l’impact. « Je t'interdis de parler de Laura de cette manière. C'est... Inapproprié. » Le mot était ridicule, et son vit à demi-bandé attestait de la pertinence des propos de Mélisandre. Elle avait marqué trop de points, et son impudence appelait une vengeance immédiate. Radoucit néanmoins, Logan saisit le menton de la brunette, armé d'un mauvais sourire. Conscient de la démesure de sa force physique, il ne l'avait pas frappée bien fort, mais un peu de sang sombre perlait à la commissure de ses lèvres. Le mien, ou le sien ?

« Tu ne t'es pas mordu la langue au moins, hum ? » Sans lui donner l'occasion, non plus d'ailleurs que la possibilité de lui répondre, Logan pressa ses lèvres contre celles de la belle inconnue, alors qu'il la plaquait de façon autoritaire contre son torse, pauvre poupée de chiffon qu'elle était, entre ses bras d'acier. Il reconnu le goût de sa propre hémoglobine, saturée de fer, et identifia celle, plus douce et sirupeuse de sa cavalière. De sa taille, ses mains épaisses dérivaient dangereusement vers sa croupe, lorsque finalement l'homme se ravisa, repoussant doucement l'objet de ses pulsions. Lorsqu'il la libéra, le coton de la serviette qui drapait sa nudité avait brunit ; sa blessure à lui, s'était déjà refermée.

« Le sang d'une emmerdeuse est moins amer que ce à quoi je m'attendais », grogna-il, en toisant son interlocutrice avec un mélange d'amusement et de défi.

« Mon sang a une valeur inestimable, petite voleuse. Des imbéciles sont morts pour avoir voulu en prélever un échantillon », grogna le colosse, amusé, en considérant le poignard souillé. « Rien qu'avec la quantité de liquide séché sur cette lame, tu pourrais ne plus jamais avoir à travailler. Pour cela, et pour ton manque flagrant de respect, fillette, tu as une dette envers moi. Comment comptes-tu t'en acquitter » L'homme écarta une mèche du visage de Mélisandre. « En ce qui me concerne, j'ai délibéré sur le sort que je comptais te réserver. Je crois que je vais te dévorer toute entière », annonça-il.

« Je crois que tu ne vas plus avoir besoin de cette serviette. », acheva-il, en se passant rapidement la langue sur les lèvres, avant de se reculer d'un pas, appuyant son ordre implicite d'un geste de la main. Prendre cette insolente à même le sol comme une vulgaire catin eût été bien trop facile, et Logan souhaitait donner à sa proie l'apparence d'un choix. Théoriquement, elle pouvait toujours s'enfuir. Mais elle n'avait probablement la moindre idée de ce que Logan risquait de faire, le cas échéant.

Et à vrai dire, lui non plus.


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