A tes risques et périls... [Thibault]

Dieu a créé l'humain vulnérable, sensible à la douleur, fragile même. Alors, pourquoi ne pas en profiter ? Pourquoi ne pas tester cette couverture de chair pour voir jusqu'où on peut aller ? Roxane aimait plus que tout cette douleur mêlée au plaisir. C'était pour elle une caresse, un doux nectar, une sensation jouissive. Alors, oui, elle était ce qu'on l'on nommait une perverse. Mais depuis quand étais-ce mal ? Elle ne nuisait à personne d'autre qu'à des êtres trop imprudents après tout. Et ce qu'elle aimait ne regardait personne d'autre que sa propre personne. Oui, Lucie était profondément égoïste, égocentrique et dangereuse. Il était rare qu'elle s'occupe et pense à autre chose qu'à elle-même en fait. Peu importe. Elle pouvait donc traiter son corps et celui des hommes comme bon lui semblat et aujourd'hui, elle avait encore envie de plaisir. Ah si elle avait pu aller chercher elle-même ses proies et se baigner dans un océan de plaisir chaud...

C'est ce qu'elle imaginait, les yeux fermés, tandis que le l'orage et le vent malmenaient les contrées du chaos déjà si abimées. Nue sur son lit, elle se caressait. La tête légèrement rejetée en arrière, ses lèvres rouges entre-ouvertes, elle profitait de toutes les sensations le long de son corps et exprimait son plaisir par des soupirs et des gémissements. Pour sublimer le tout, il faisait un froid splendide dans cette pièce et presque pas de lumière. Rien n'aurait pu plaire davantage à notre dame beaucoup trop occupé à profiter du moment présent pour faire attention à cet individu qui approchait de la tour.

Puis elle entendit le grincement et le claquement d'une vieille porte que l'on ferme. Roxane cessa tout mouvement, mais ne sursauta pas. Elle ne connaissait pas la peur, pourquoi aurait-elle donc pu être surprise ? Lentement, elle laissa descendre le bras qui guidait son œuvre le long de son corps. Il n'est pas très recommandé de déranger Lucie dans ce genre de plaisir et cet inconnu venait de commettre une erreur, c'était certain. Elle soupira doucement de lassitude cette-fois-ci et se leva pour enfiler un simple peignoir de soie rouge sang.

Qu'était venu chercher cet intrus ? En tous les cas, cela mettrait un terme à sa solitude, c'était déjà pas si mal. Son regard bleu était glacial et plein d'animosité, mais aussi pétillant d'excitation. Ce visiteur n'était manifestement pas conscient de ce qui vivait en ces lieux. Elle l'entendait avancer lentement mai sûrement quelques étages plus bas. Patience, il allait venir jusqu'à lui.

Roxane se dirigea vers le vieux miroir brisé et observa son reflet dans les parties qu'il restait. Difficile de faire un choix. Quelle apparence prendre ? Quel rôle jouer ? Elle réfléchit quelques secondes, puis sourit. Elle avait trouvé.
Alors, lorsque le jeune inconscient pénétra dans la chambre, il fit face à une scène des plus étonnantes. Au milieu de la pièce, non loin d'un superbe lit à baldaquin, se trouvait une jeune femme apparemment en réelle détresse, des larmes coulant sur ses joues. http://img11.hostingpics.net/pics/253171IzhabyGENZOMAN.jpg
Se tournant vers l'individu, elle lâcha alors d'une voix suppliante et sanglotante :

- Que les Dieux soient loués... vous êtes venu me sauver ?

Elle jouait parfaitement son rôle. Cette proie allait sans nul doute tomber dans ses filets. Pour en être certaine, elle créa un vent violent qui claqua la porte derrière la jeune homme. Celle-ci était désormais mystérieusement verrouillée. La jeune femme feignit la surprise et sursauta, un air désespéré et paniqué sur le visage.

Des bruits de pas. Rapides. Un bruit de course. Le bruit de l’eau, aussi, puisqu’il pleuvait. C’est tout ce que l’on pouvait entendre. Rien d’autre. Ah si ! De temps en temps, un éclair fendait le ciel dans un bruit de tonnerre assourdissant. Thibault accéléra encore le pas, sa capuche couvrant sa tête du mieux possible. Il appréciait la pluie, mais les éclairs lui faisaient un peu peur.

-Vivement que ça s’arrête… marmonna-t-il. Si ça continue, je vais être plus mouillé qu’un poisson !

Un éclair illumina le paysage, laissant voir une immense tour. Thibault s’arrêta quelques instants pour l’observer.

-Alors c’est ici… C’est vrai qu’il y a de quoi effrayer, surtout par un temps pareil.

Mais Thibault était bien loin d’être effrayé par l’apparence de la tour. Il reprit sa course jusqu’à arriver à la porte. Il l’ouvrit doucement, grimaça en entendant l’atroce grincement des gonds, entra et referma derrière lui. Puis il retira sa capuche et se retourna pour voir où il était arrivé. L’endroit était…lugubre. Le jeune homme se fit la réflexion qu’il n’avait de toute évidence pas les mêmes goûts décoratifs que le propriétaire des lieux.

En parlant de propriétaire… Où était-il donc, ce fameux « monstre sanguinaire » dont tout le monde parlait dans la région ? Thibault avança lentement, prudemment, guettant le moindre mouvement. Mais les recoins sombres étaient nombreux dans ce grand hall d’entrée, et de chacun d’eux auraient pu surgir des dizaines d’ennemis, de créatures assoiffées de sang ou encore de pièges. Thibault continua d’avancer. Tout était calme, si calme… Oh, il entendait toujours l’orage dehors, mais le son était en partie étouffé par l’épaisseur des murs de la bâtisse.

Il monta un escalier, frôlant du bout des doigts le mur sans oser le toucher. Il avait un mauvais pressentiment. Il ouvrit une porte, traversa une pièce, ouvrit une autre porte. La tour ressemblait fort à un… Comment les humains appelaient-ils ce genre d’endroit, où l’on pouvait se perdre facilement ? Un la…labin… Oh, un quelque chose, voilà ! L’orage avait mis le voyageur de mauvaise humeur, chose plutôt rare puisqu’il ne se départait presque jamais de son sourire.

Un autre escalier. Une autre porte. Et encore des portes et ds escaliers pendant plusieurs minutes. Thibault aurait voulu explorer toutes les pièces de la tour, mais il était venu pour une raison bien précise… Il avait entendu parler d’un monstre retenant prisonnière une jeune femme tout au sommet de cette tour. La prisonnière ne l’intéressait pas particulièrement, mais il voulait voir le monstre. Il se demandait quel genre de créature pouvait bien ressentir le besoin d’enlever une jeune femme pour la garder avec lui.

Thibault entendit un léger bruit sur sa gauche. Se tournant, il vit une porte. Encore une. Sauf que celle-là lui paraissait différente. Et surtout, c’était de derrière cette porte que venait le bruit. Il s’approcha lentement, posa la main sur la poignée et ouvrit prudemment.

Il y avait quelqu’un au centre de la pièce. Une femme. Elle devait avoir à peu près son âge. Elle se tourna vers lui le visage inondé de larmes et lui demanda d’une voix suppliante s’il était venu la sauver. Thibault resta muet un court instant. Son regard était inexplicablement attiré par cette personne. La porte claqua. Thibault se retourna d’un coup, surpris. Il avait senti un courant d’air, mais ne comprenait pas d’où il venait. Il préféra ne pas y penser tout de suite. On lui avait posé une question, il était plus poli d’y répondre.

-Oui et non… On m’a dit qu’il y avait un monstre ici. Êtes-vous sa prisonnière ?

Son mauvais pressentiment se faisait de plus en plus fort. Pourquoi, mais pourquoi avait-il l’impression d’avoir fait une énorme erreur ?

* * *

L'attente avait été longue et difficile, mais enfin, une proie se présentait à elle. Assouvir sa soif était devenu, comme pour tout être, un besoin vital. Certes, ce n'était pas aussi basique et simple que pour les mortels, mais elle n'avait pas le choix. Pas seulement pour elle, mais aussi pour son Maître qu'elle devait satisfaire. Ce garçon débarqué ici, par erreur ou non, était une aubaine. Les filets étaient tendu, il ne manquait plus qu'une peu de patience et de tact pour l'y enfermer.
Roxane avait décidé de jouer les femme en détresse. Elle aurait préféré avoir affaire à un chevalier venu tout exprès pour la sauver, mais malheureusement, ce n'était pas tout à fait le cas.
Après avoir regardé avec intérêt et curiosité autour de lui, légèrement inquiet sans doute, le jeune homme prit la parole pour lui répondre et lui demander ensuite si elle était sa prisonnière. Quelle question ! Il lui fallait un dessin, là ? Mais elle se garda bien de s'agacer et préféra plutôt rester soigneusement dans son rôle. Sanglotant, elle hocha donc la tête et répondit d'une voix faible :

- Oui. Oh je vous en prie, libérez-moi de ces chaînes, il peut revenir d'un moment à l'autre !

Elle tira dessus, faisant cliqueter les chaînes en question dans le silence pesant de la pièce. Bien entendu, le seul montre ici, c'était elle. Mais impossible que ce pauvre bougre ne le devine dans l'état actuel des choses. De toute manière, il était bloqué. Il n'avait pas le choix. Elle gémit, feignant le douleur.

- C'est tellement serré... ces chaînes me font mal. Il y a... il garde la clef du cadenas sur le meuble là-bas. Je vous en supplie...

Elle désigna le meuble en question d'un mouvement de tête au visage toujours sanglotant et suppliant. Qui aurait pu se douter que cette pauvre fille faible et triste puisse être une femme dévorant les âmes ? Personne. Sauf peut-être un devin ou un paranoïaque...

* * *

Thibault avait mal. Voir cette pauvre fille souffrir de la sorte lui faisait vraiment mal. Aussi, lorsqu’elle lui indiqua où trouver la clef pour la libérer de ses chaînes, il n’hésita pas un seul instant. Il avança directement vers le meuble et chercha. La mauvaise luminosité ne l’aidait pas vraiment… Et puis il y avait beaucoup de choses sur ce meuble. Des objets divers, certains renversés ou cassés, de la poussière, et puis… Etaient-ce des traces de sang que Thibault voyait ?

Le cliquetis des chaînes et les sanglots de la prisonnière résonnaient dans sa tête comme les bruits de l’enfer. Chose qu’elle devait vivre depuis un certain temps déjà, à en juger par son état. Il avait envie de se retourner et de lui dire de ne pas bouger, de se taire, d’arrêter de faire du bruit… Mais il avait quand même appris les bases de la politesse humaine et savait qu’une telle attitude serait tout à fait inappropriée dans une situation comme celle-ci. Il se concentra donc sur la recherche de la clef.

-Je ne trouve pas… Elle est sur ce meuble, vous en êtes bien certaine ?

Il se retourna pour guetter une réaction de la jeune fille. Mais elle ne lui répondit pas, ou alors ses sanglots empêchèrent Thibault de comprendre. Il avait mal à la tête, il voulait partir… Il chercha encore. Il finit par trouver. La clef était bien là, cachée sous un autre objet. Il la prit et retourna auprès de la prisonnière pour la détacher.

* * *

Roxane fut soulagée de voir que le garçon était moins idiot qu'elle ne le pensait. Il fini par réagir plutôt que de poser des questions et se dirigea vivement vers le meuble qu'elle avait désigné. La jeune femme continua de jouer son rôle, un rôle qu'elle faisait à la perfection et avait répété maintes et maintes fois. Les hommes étaient si crédules...
Elle feignait de vouloir se débarrasser de ses chaînes, continuant de pleurer doucement dans son coin tandis que l'individu s'affairait à trouver la clé. Il ne tarderait pas à la trouver, même si le meuble en question n'était pas le bon.
Roxane jubilait, ayant hâte de voir la tête que ferait cet imprudent une fois qu'il aura comprit son erreur. Quel délice ce sera !

Elle ne lui répondit pas, préférant le voir batailler tout seul. C'était si drôle ! Le garçon fini tout de même par mettre la main sur la bonne clé. A la bonne heure ! Elle retint un sourire satisfait, gardant un air désespéré sur le visage tandis qu'il s'approchait pour la libérer. Le mécanisme était un peu rouillé et il du batailler un peu avant que le cadenas ne cède. Il ne lui resta plus qu'à dérouler les chaînes qui entourait les poignets de la belle. Grave erreur bien sûr. Enfin dans tous les cas, elle aurait pu se libérer sans problème.
Elle soupira, faussement soulagée, avant de se redresser et de se jeter dans les bras du jeune homme, collant volontairement sa poitrine généreuse contre son torse.

- Oh merci ! Merci brave jeune homme ! Je ne pourrais jamais assez vous remercier.

Elle soupira de nouveau, le serrant contre lui, avant de se détacher doucement, caressant l'un de ses joues sensuellement. Continuant son rôle, elle jeta un regard à la porte, la mine grave et effrayée.

- Comment allons-nous sortir d'ici, maintenant ?

Bonne question ! Ils ne pourraient pas. La porte était beaucoup trop lourde et un procédé magique la retenait tout à fait fermée. Il y avait bien l'immense fenêtre, mais elle donnait sur un vide de plusieurs mètres. Tomber de là serait du pur suicide. Qu'allait décider son sauveur ?

* * *

Sitôt libérée de ses chaînes, la jeune prisonnière se plaqua contre son sauveur. Thibault, pris au dépourvu, ne réagit pas. Il la laissa lui caresser la joue. Si ce geste pouvait la rassurer, pourquoi pas… Elle était plutôt jolie ; même Thibault, pourtant très peu sensible aux charmes propres aux humains, n’était pas indifférent à celui de cette jeune fille. Lorsqu’elle lui demanda comment ils allaient sortir de la tour, il ne répondit pas tout de suite, trop absorbé par des pensées qui lui étaient jusqu’ici totalement étrangères et qui l’intriguaient beaucoup.

Quand il en sortit, ce fut pour plonger directement vers la pensée suivante : comment, en effet, allaient-ils sortir ? La porte par laquelle il était entré était la seule issue de la pièce. Il marcha jusque là-bas et tenta d’ouvrir, mais il n’y parvint pas.

-Alors ça c’est étrange… La porte est fermée.

Il se retourna vers la jeune fille, les sourcils froncés non par l’inquiétude ou par la peur, mais par l’effort de concentration qu’il faisait pour comprendre ce qui se passait. Car il avait appris au fil de ses expériences à se fier à son instinct, et celui-ci lui disait de faire très attention.

-Il y a forcément un autre moyen de sortir… Je sais !

Il courut jusqu’à la fenêtre et l’ouvrit. L’orage était toujours aussi violent dehors. Thibault regarda en bas, ils étaient à plusieurs mètres de hauteur. La moindre chute serait mortelle pour n’importe qui. Mais Thibault n’était pas n’importe qui… Il se retourna avec un grand sourire et les yeux pétillants.

-Est-ce que vous me faites confiance ?

* * *

Son magnifique jeu de rôle avait l'air de faire son effet. Le jeune homme ne semblait pas du tout se rendre comte de son petit jeu et pour cause, impossible pour lui ou quiconque de deviner qui était réellement cette pauvre fille en larme et en détresse. Ou alors il aurait fallut lire dans les pensées, ce qui ne semblait pas être le cas de ce type-là. Tant mieux.
L'heure approchait. Maintenant libre de mouvement et l'individu dans sa poche, elle n'avait plus qu'à attendre le bon moment pour agir et s'emparer de lui, aspirer son âme, peut-être même se délecter de son sang sur ses mains. Elle y réfléchissait sérieusement alors que de son coté, le garçon cherchait une issue possible.
Il n'y en avait aucune. La fenêtre peut-être mais dans ce cas ils se briseraient les os. A moins que... à moins que ce garçon ne soit pas si bête et si inutile qu'il n'en avait l'air de prime abord.
Après une certaine réflexion, et tandis que Roxanne se redressait doucement, l'inconnu se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit. Un vent glacial et violent pénétra dans la salle, faisant frissonner la demoiselle et entoura ses épaules de ses bras, faignant d'avoir froid. En réalité, elle aimait beaucoup cette sensation sur sa peau. Et il ravivait sa faim.

Le jeune homme souriait, ayant apparemment trouvé une solution. Dommage. Il lui demandait maintenant s'il lui faisait confiance. Elle s'approcha, et fit semblant de vouloir regarder la hauteur. Puis elle recula, l'air effrayée, et secoua la tête.

- Je... je ne sais pas. C'est tellement haut !

Il ne fallait pas laisser ce garçon s'échapper. Que faire pour le retenir ici ? Elle avait bien une petite idée, mais... si tôt ? Bon tant pis, pas question de quitter cette tour de toute façon.
Elle attendit qu'il ait détourné le regard d'elle, une seule fraction de secondes suffit, avant que ne prenne une apparence tout à fait différente. (http://img4.hostingpics.net/pics/853988medusabywhendelld6dymmv.png)

- Mais tu n'ira nulle part, mon mignon, siffla t-elle.

En un instant, le jeune homme se retrouva prisonnier, ligoté par l'immense queue de serpent de Roxanne qui éclata d'un rire démoniaque et excité. La fenêtre se referma d'un seul coup, et elle envoya le garçon valser brutalement à l'autre bout de la pièce, avant que sa queue ne vienne de nouveau l'enlacer violemment sans lui laisser le temps de réagir. Roxane l'approcha de son visage déformé par un rictus de satisfaction. Les serpents noirs qui formaient sa chevelure vinrent siffler également près du visage de l'individu, prêts à mordre.

- Tu es tombé dans mon piège avec une facilité déconcertante, petit homme. Cela tombe bien, j'avais très faim.

Elle s'empara des lèvres du garçon dans les siennes. Un baiser qui ressemblait plus à la morsure d'une vipère pour le coup et en effet, le garçon pouvait commencer à sentir ses membres s'engourdir légèrement. Il n'était plus devenu un sauveur, au contraire. C'était désormais lui, en quelque sorte, la demoiselle en détresse...

* * *

La jeune fille ne semblait pas intéressée par son idée d’échappatoire. Aurait-elle peur de la hauteur ? Thibault regarda par la fenêtre pour voir un peu mieux à quel point c’était haut. Il n’avait pas détourné le regard une seconde qu’il sentit la pièce se rétrécir, comme si quelque chose d’imposant y était entré. Il entendit une voix sifflante affirmer qu’il ne partirait pas. Une queue de serpent s’enroula soudainement autour de lui et le projeta contre le mur, lui coupant momentanément le souffle, comble de l’ironie.

Il n’eut pas le temps de tirer son épée. La queue de la créature s’enroula à nouveau autour de lui. Son agresseur était une sorte de femme-serpent. Ses cheveux eux-mêmes étaient une multitude de petits serpents noirs qui essayaient de mordre Thibault. Il était terrorisé. Il n’avait jamais vu pareil monstre. Et il n’avait jamais non plus été dans une situation aussi périlleuse. La créature l’embrassa, sauf que ce baiser fut tout sauf agréable. Thibault sentit ses forces l’abandonner, ses membres s’engourdissaient progressivement…

À mesure que son énergie le quittait, son corps commençait à disparaître lui aussi. En quelques secondes, Thibault était retourné à sa forme originelle, celle d’un courant d’air sans consistance. Cette transformation inespérée lui permit de se libérer de l’étreinte de la créature. Il fila à travers la pièce, en long, en large et en travers. Mais il ne vit pas la jeune prisonnière. Il se souvint alors que la créature avait parlé d’un piège. Il en conclut que la prisonnière était soit un appât que le monstre avait détruit, soit le monstre lui-même. Dans les deux cas, il n’avait plus aucune raison de rester ici. Il fallait qu’il sorte. Vite.

Il se rematérialisa près de la porte et tenta une nouvelle fois de l’ouvrir. Peine perdue. Il se tourna alors vers la femme-serpent, mi-terrifié, mi-fasciné par cette créature qui forçait malgré tout l’admiration. Il se rendit alors compte qu’il avait du mal à respirer. Il se sentait écrasé. Et il vit que l’espace disponible dans la pièce s’était considérablement réduit. Beaucoup trop. Sa « peur maîtresse », comme il l’appelait, renforçait encore plus la terreur qui s’était emparée de lui. Il voulait sortir. Non, il avait besoin de sortir. Immédiatement.

Il dégaina son épée et fit face au seul obstacle entre lui et la liberté : le monstre.

-Laissez-moi partir, demanda-t-il.

Sa voix tremblait malgré lui, tout comme le reste de son corps.

-Laissez-moi sortir d’ici.

* * *

La femme serpent qu'elle était devenue avait de quoi impressionner, c'est vrai. Elle était l'une de ses transformations préférée, mélange d'horreur et de beauté malsaine, assez provocante pour attirer l'attention et assez dangereuse pour faire reculer les plus valeureux. Elle faisait donc aussi son petit effet sur le jeune homme qui n'eut pas vraiment le loisir de réagir avant qu'elle ne l'attrape. Le pauvre, il devait être complètement perdu et terrorisé. Il ne s'attendait certainement pas à trouver ce genre de monstre en entrant dans cette tour, ni même à voir cette belle jeune fille en détresse prendre l'apparence d'une apparition terrible comme celle-ci. Mais enfin, il en était ainsi. Et malheureusement, ses heures étaient comptées avant que Roxane ne s'empare de lui et de son âme. Le tuer ? Peut-être. Elle en avait l'envie. Mais elle pouvait encore changer d'avis, qui sait ?

Son baiser eut l'effet escompté, il était un peu groggy, mais visiblement pas assez. Sous le regard surpris et outré de la femme-serpent, l'individu se mit lui aussi à se transformer, à changer... pour ne plus devenir qu'un vulgaire courant d'air. Roxane émit un sifflement indigné. Ce petit malin avait bien caché son jeu lui aussi, il n'avait rien d'ordinaire et possédait visiblement quelques pouvoirs. Malgré tout, il semblait perdu, pas d’échappatoire, même pour un souffle d'air. Cela ne dura pas longtemps car le jeune homme reprit son aspect initial, tentant en vain d'ouvrir la porte. Roxane se pourlécha les lèvres, se grandissant, approchant de celui-ci avec un regard qui en disait long sur ses intentions.

- Te laisser partir ? Oh, mais il en est hors de question mon mignon.

Sa queue de serpent claqua dans l'air, tout près du garçon, sans pour autant le toucher. Elle tenait simplement à le déstabiliser encore un peu. Elle en profita pour changer de forme, prendre une apparence un peu moins terrifiante pour ce pauvre garçon. Moins monstrueuse peut-être mais tout aussi stupéfiante. http://img11.hostingpics.net/pics/505362enyobygenzomand4s4s9w.jpg. Elle sourit, utilisant tout le charme dont elle était capable pour que son parfum enivre un peu son visiteur.

- Tu préfères peut-être une compagnie moins venimeuse ? Détends-toi mon joli... si tu te tient tranquille, je ne te ferai pas de mal. Enfin je ferai de mon mieux...

Sa voix était doucereuse, envoutante.

- Repartons sur de meilleures bases, tu veux ? Comment tu t'appelle mon chou ?

* * *

La femme-serpent semblait contrariée. Mais elle conserva tout de même un sourire avide de sang et se rapprochait dangereusement de lui. Elle fit claquer sa queue juste à côté de lui, le faisant se raidir dans un geste instinctif de protection. Elle semblait s’amuser de sa terreur. Puis elle se transforma en une sorte d’ange noire comme Thibault en avait déjà vu quelques-uns auparavant. Ce changement convainquit le jeune homme qu’il s’agissait d’une créature transformiste et que la prisonnière et elle ne formaient qu’une seule et même personne. Mais quelle que soit son apparence, elle avait toujours quelque chose d’étrange, quelque chose qui forçait Thibault à ne regarder qu’elle, à vouloir l’admirer…

Il reprit ses esprits lorsqu’elle lui adressa à nouveau la parole pour lui dire de se détendre. Se détendre ? Ha ! Comme si c’était facile ! Thibault était terrifié. La nouvelle apparence de sa geôlière était moins imposante que la précédente, mais sa peur maîtresse continuait de le tourmenter malgré tout. Et il avait encore peur d’elle. Mais à cette peur s’ajoutait désormais une envie, à peine perceptible, de rengainer son épée et de simplement la regarder. Il se força à chasser cette pensée de son esprit.

-Ne…ne vous approchez pas de moi !

Elle lui demanda alors son nom, comme si elle voulait s’excuser de l’avoir attaqué. Sauf que son expression faciale démentait cette hypothèse. Thibault avait encore juste assez de lucidité pour s’en rendre compte. Mais il ne parvint pas à résister à la voix de la créature :

-Th…Thibault…

Il secoua frénétiquement la tête. Il avait l’impression qu’elle était entrée dans son esprit et qu’elle jouait avec. Il la regarda à nouveau, désespéré.

-Laissez-moi sortir, c’est tout ce que je vous demande.

Il pointa son épée en avant, signe qu’il n’hésiterait pas à la tuer si elle le retenait prisonnier plus longtemps.

-Je ne veux pas me battre. Pas aujourd’hui. Pas ici.

Pourquoi avait-il dit cela ? Ses paroles avaient dépassé ses pensées, il avait parlé sans s’en rendre compte. Il était au bord des larmes, ses jambes s’apprêtaient à le laisser tomber, dans les deux sens du terme, ses bras ne demandaient qu’à lâcher leur prise sur l’arme. Il fallait qu’il parte. Maintenant.

Il fit faire à son épée un mouvement circulaire, s’en servant pour créer une lame d’air qui fusa vers l’ange noire dans le but de la couper en deux juste en-dessous de la poitrine. Plus vite elle serait hors d’état de nuire, plus vite il pourrait sortir.

* * *

Roxane aimait plus que tout voir la peur et la terreur dans le regard de ses proies. Il n'en était pas toujours ainsi. En effet, la plupart du temps, ces regards n'étaient que désirs et perversion. Aujourd'hui, elle jouait à un jeu tout à fait différent, ce qui n'empêchait pas ce jeune garçon de se sentir troublé. Plus il resterait en sa présence, plus il tomberait sous son charme et deviendrait aussi innocent qu'un petit agneau. Elle pourrait ainsi le manipuler à sa guise... et se nourrir.
Il refusait encore qu'elle s'approche, luttant contre ce qui allait de toute évidence arriver. Cela amusait la jeune femme au plus haut point. D'autant plus qu'il ne put s'empêcher de révéler son nom, parce qu'elle venait de le lui demander. La magie opérait, et bientôt il se retrouvait tout à fait prisonnier, comme dans une toile, sans pouvoir en sortir, heureux même de s'y trouver.

Tandis qu'elle approchait sournoisement, il leva son épée, bien déterminé à se battre jusqu'au bout. Il avait du courage ce petit homme, on ne pouvait pas le nier. Mais cela était loin de suffire.
N'importe quelle dame aurait put se laisser attendrir par tant de supplication, mais pas elle. Son cœur était sans doute fait de pierre et de glace pour toujours. Acculé, apeuré, il passa soudain à l'attaque, envoyant une sorte de souffle d'air la couper en deux. Malheureusement pour lui... ce fut un échec.

Le corps de Roxane se scinda bien en deux, oui, mais intentionnellement. Si bien que l'attaque lui passa au travers sans lui faire le moindre mal. Ce genre d'arme n'avait aucun effet sur elle. Ce genre d'attaque, même magique, ne pouvait pas la tuer. C'était peine perdu. L'ange noir qu'elle était se mit à rire, approchant encore. Et plus elle approchait, plus son parfum envoûtant imprégnait la pièce.

- Je t'effraie, Thibault ? Sois tranquille... j'ai décidé de ne pas te tuer. En revanche... j'ai besoin de m'amuser. Et je suis sûre que tu vas adorer ça...

Son corps vibra, devint fumée, avant qu'à la place de l'ange noir ne se forme une délicieuse créature. (http://fc04.deviantart.net/fs71/i/2012/165/d/8/katniss_everdeen__the_girl_on_fire_by_isaiahstephens-d4tvsqj.jpg). Une jeune fille à l'air fragile, à la pureté incroyable. Entre l'humaine, la fée ou la nymphe, à l'odeur encore plus alléchante. Une odeur et un parfum qu'aucun homme n'avait pu sentir jusqu'à présent, si doux et si incroyable qu'il aurait attendrit le monstre le plus cruel. Entièrement nue, elle rougi doucement et d'une voix innocente et chantante elle fit :

- N'aies pas peur. J'ai simplement envie d'un peu de chaleur... j'ai si froid. Viens...

Elle tendit sa main dans sa direction, attendant sagement qu'il la rejoigne. Non, elle ne le tuerait pas. Mais elle avait toujours fin, et pour cela, ce jeune garçon allait devoir se laisser aller à la luxure.

* * *

La terreur ? Oh oui, elle pouvait en voir dans le regard de sa victime. Les éclairs tout à l’heure, puis ce sentiment de malaise permanent, puis tout à coup sa claustrophobie qui avait refait surface, et maintenant cette sensation d’être pris au piège… Il était à bout, il n’en pouvait plus. Il avait besoin d’air, sans mauvais jeu de mots, il avait un besoin impératif et urgent de quitter cet endroit. Mais… Comment partir alors que cette créature était là ? Certes, elle l’effrayait, elle avait tenté de le tuer, mais elle était si…intéressante. La curiosité de Thibault, alliée à cette indescriptible envie de rester avec elle et de lui obéir sans discuter, gagner peu à peu du terrain et il était de moins en moins certain de vouloir partir. Ce paradoxe le tourmentait et menaçait de lui faire perdre la raison.

Quand l’ange noire se scinda en deux, le jeune esprit eut un instant de soulagement. Il sentait qu’il reprenait l’avantage, qu’il…QUOI ?! Elle continuait de bouger ! Le pauvre garçon se figea, incrédule et désespéré. Il était perdu… Si elle résistait à ce genre d’attaque, il ne pouvait pas gagner. Ses yeux s’embuèrent des larmes qu’il formait parfois pour mieux ressembler aux humains, et qui cette fois n’avaient pas demandé l’accord de sa conscience pour apparaître.

-Non… Pitié…

Il n’avait même plus la force mentale de trembler de peur. À vrai dire, il n’avait même plus peur. Toutes ses émotions se dissipaient, s’effritaient comme un tissu trop fin. Même sa curiosité s’était tue. Son épée lui glissa des mains et tinta sur le sol. Il ferma les yeux et ne les rouvrit qu’en entendant sa geôlière reprendre la parole, d’une voix encore différente. Son apparence aussi avait changé, elle était redevenue humaine. Dépourvue de tout accessoire vestimentaire, elle avait une simplicité qui la rendait d’autant plus attirante. La magie de la créature avait largement eu le temps de s’insinuer dans son esprit et de le modifier pour y insérer des pensées humaines. Des pensées qu’il ne comprenait pas encore. Des pensées qui auraient perdu n’importe quel autre être vivant, mais qui n’allaient pas mener Thibault à sa fin, il le verrait plus tard…

Pour l’instant, toute résistance psychologique était impossible, la résistance physique, il n’en avait plus envie. Il avança lentement vers la demoiselle, tel une marionnette sans âme.

* * *

Oui, viens mon petit chat... viens. Roxane sentait le jeune homme sombrer petit à petit entre ses mains. Elle pouvait sentir son courage et hargne à lutter disparaître petit à petit. Après son échec de tout à l'heure, il avait comprit qu'il ne pouvait rien contre elle, sinon écouter sa voix hypnotisante qui lui demandait d'approcher. Son air innocente et frêle l'aidait à se laisser à lui, à ne plus avoir peur et à lui faire confiance. Et cela fonctionna. L'épée tomba au sol, il venait de faire tomber la dernière barrière. Il était tout à elle désormais. Frissonnant de plaisir et de satisfaction, elle le vit obéir et s'avancer vers elle.

La jolie demoiselle qu'elle était avança sa main et attrapa celle de Thibault. A cet instant, plus rien ne pouvait le sauver. Le contact de sa peau était pire encore que le parfum envoûtant. Le jeune homme ne devait maintenant désirer plus qu'une chose : garder ce contact, rester près d'elle... la goûter, même. Son corps devait lui paraître bien attirant désormais... trop pour qu'il résiste.
Souriant doucement elle l'attira en direction du lit, lentement. Une fois là, elle le tourna et le fit tomber sur le lit, venant le chevaucher, telle une louve, ses courbes ondulant avec sensualité. Elle approcha ses lèvres des siennes.

- Oh Thibault... j'ai tant envie d'être tienne...

Roxane avait faim et voulait se délecter de luxure. De ses mains délicates, elle commença à le déshabiller tout en l'embrassant. Sa bouche et sa langue avait un goût sucré et exquis qui ne manquerait pas de plaire au jeune homme. Ses seins ronds se pressèrent contre son torse. Une fois que sa proie fut presque entièrement nu, portant seulement son sous-vêtement, elle fit glisser sa main contre son membre, glissant alors sa langue contre la sienne.
Elle continuait de le noyer dans un tourbillon de plaisir. Bientôt, il ne pourrait plus ignorer le besoin pressant qui l'envahirait. Il aurait ce besoin vital de la prendre, de lui faire l'amour... ce n'était qu'une question de secondes...

* * *

La seule parcelle de conscience qui lui restait lui permettait de maintenir son apparence et sa matérialité. Il ne pensait plus, son esprit était complètement envahi par cette créature. Son instinct, il le refoulait, il n’écoutait plus ses hurlements qui lui disaient de fuir. Tout ce qu’il voulait, c’était être avec elle. Quand elle lui prit la main, c’était définitif, il savait qu’il ne partirait pas. Il la suivit jusqu’à son lit, se laissa totalement faire, submergé par tous ces sentiments encore inconnus, mais tellement agréables…

Par « chance », son corps restait visible et matériel, ainsi quand Roxane le déshabilla elle eut quelque chose à toucher, ce qui aurait très bien pu ne pas être le cas au vu de l’état actuel du jeune homme.

D’ailleurs, il commençait à se prendre au jeu, lui rendant ses baisers, la caressant… Certes, il n’avait rien d’un expert, il en était en réalité à sa première expérience, et ses gestes étaient un peu maladroits. Ajoutant à cela le fait qu’il ne se concentrait plus sur son apparence et que donc il redevenait peu à peu le courant d’air immatériel qu’il était originellement, et la suite allait être un peu compliquée. Il ne s’en était pas encore rendu compte.

De plus sa nature ne lui permettait pas, semble-t-il, de ressentir vraiment d’excitation sexuelle, aussi avait-il beaucoup de mal à comprendre ce qui lui arrivait, puisque la magie de Roxane affectait son esprit mais pas ce qui lui servait de corps.

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La faim de Roxane semblait lui dicter chacun de ses gestes. Le pacte qu'elle avait conclut avec le démon ne lui permettait pas de faire preuve de pitié. Elle devait se nourrir ainsi, pour des siècles et des siècles. Voilà sa condition si elle pouvait rester jeune, belle et pourvue de ses pouvoirs. Beaucoup d'hommes s'étaient présentés à elle, et pourtant trop peu à son goût. Peut-être s'y prenait-elle trop passivement, attendant que des êtres passent par cette tour pour sauver une demoiselle en détresse et terrasser un montre pour revenir chez lui en héro. Mais il fallait constater que beaucoup d'hommes étaient lâches, car trop rares.

Voilà pourquoi Roxie était bien heureuse d'avoir mit la main sur ce jeune homme. Il n'était pas comme les autres, c'est sûr, il semblait pourvu de pouvoir. Mais pas seulement. Car au fur et à mesure qu'elle le caressait, satisfait qu'il se laisser aller, elle se rendit compte que son corps n'était plus tout à fait pourvu de matière. Hum... alors comme ça il était une sorte d'esprit élémentaire... incroyable. C'était bien la première fois qu'elle en voyait un. Voilà qui expliquait pourquoi elle avait eu plus de mal à l'hypnotiser que les autres. Il ne devait pas non plus avoir trop l'habitude de ce genre de chose, ni le ressentir aussi bien qu'un être humain.Tant pis !

Roxanne décida d'user de ses pouvoirs pour éviter au jeune homme de lui glisser entre les doigts. Son corps restera donc de chair jusqu'à ce qu'elle en ait décidé autrement. Ceci fait, elle ronronna :

- Tu es un être fabuleux, Thibault. Mais tu va voir comme il est agréable, parfois, d'avoir un corps de chair...

Elle sourit, amusée. Avec ce corps, il pourrait sentir un peu davantage les sensations qu'elle allait déclencher chez lui. Elle termina de lui enlever le seul vêtement qu'il possédait, et prit son membre dans l'une de ses mains, les caressant, tandis quelle emprisonnait la bouche du jeune homme entre ses lèvres, frottant sa poitrine contre la sienne. De son autre main, elle guida l'une de celle du jeune homme sur ses fesses, pour qu'il découvre sa douceur et son contact excitant.

Elle y allait doucement, mais ne pouvait s'éterniser non plus. Elle avait faim. Pour accélérer les choses, elle décida donc de prendre le sexe du garçon dans sa bouche, commençant alors des vas et viens au fond de sa gorge. Nul doute qu'il ne pourrait qu'apprécier...

* * *