La sauvée devient sauveteuse [Pv]

Certes le vêtement donné à Aelfric n’était pas des plus propres mais au moins il ne risquait pas de mourir de froid.  La louve aurait pu les passer rapidement dans l’eau pour y retirer la crasse et le sang mais cela aurait signifié que le jeune loup aurait dû encore grelotter de froid pendant quelques temps. Cependant rien ne l’empêchait de laver  ses effets dès l’aube quand l’air serait moins frais. Ou alors, elle aurait pu les sécher en usant de sa magie du feu. Bon, de toute manière, les vêtements étaient mis et elle n’allait pas lui demander de les retirer si soudainement.

L’Okami avait posé la question quant à décisions futures du mâle, tournant son regard vers lui dans l’attente d’une réponse. Le voir sourire lui décrocha également un sourire sur son visage. Inconsciemment, elle était heureuse de le voir tirer une autre tête que celle qui affichait avant, qu’une  mine apeurée et craintive.  Le jeune loup commença à lui raconter son voyage, ses péripéties et pendant qu’il  conter ses aventures, la louve s’était retournées, mise sur le ventre, les coudes posées contre le sol afin de forme une sorte de triangle et son menton reposant contre ses mains jointes.

« Tu as du en voir des choses Aelfric ! J’espère pour toi que ça continuera, que tu pourras continuer à voyager et apprendre. »

La Terranide était sincère, si cela faisait le bonheur d’Aelfric, elle lui souhaitait de tout son cœur de continuer son voyage, de rencontrer d’autres professeurs, d’embellir ses connaissances. Cependant un mot avait attiré l’attention de la louve. Il avait parlé de «  croquer » et à bien y réfléchir, l’Okami se souvent qu’elle avait vu des crayons et des croquis jonchés le sol quand elle avait trouvé Aelfric en prise avec les trois humains. Ainsi il s’agissait d’un artiste ? Pour confirmer ses pensées, la louve n’hésita pas à le questionner.

« Croquer ses merveilles ? Tu parles de faire des croquis n’est-ce pas ? »

Finalement, elle apprit également pourquoi les bracelets de cuivre étaient si importants pour son compère. Ces derniers conservaient ses connaissances, sa mémoire, l’histoire de ses voyages, ils étaient une part de lui-même. Pas étonnant qu’Aelfric y était si attaché. Ainsi elle avait donc eu une réponse à l’une de ses questions. 

Shad resta silencieuse après la question d’Aelfric semblant le fuir un instant du regard. A bien y réfléchir, elle n’avait pas l’ambition de voir le monde, elle en avait vu une partie également, même un autre monde à celui-ci mais désormais ce qu’elle désirait s’était sa paix, une vie tranquille en somme. Cependant, elle l’avait trouvé en devenant esclave, fait qu’elle n’aurait pas cru possible il y’a encore quelques mois et elle se doutait que cela révulserait sans doute Aelfric.

« Ce que je fais ici ? Oh, à vrai dire, j’ai demandé l’autorisation de prendre un peu l’air, Nexus s’est bien mais je préfère quand même de temps à autre me retrouver en territoire sauvage, donc disons que je suis simplement de passage, que je prends l’air ? »

La louve bougea, se remettant assise, plus précisément en tailleur et posant à son tour sa queue contre ses genoux, passant sa main dans ses poils d’ébène et de neige comme pour y retirer certains nœuds afin de la rendre plus soyeuse. Sans doute était-il difficile à imaginer pour Aelfric qu’en réalité elle n’était pas si libre que cela et la louve  espérait qu’ils n’auraient pas  de différents avec ce sujet, celui de l’esclavage.  Réfléchissant rapidement,  Shad trouva une parade, un moyen de ne pas rester sur ce sujet :

« Au faite Aelfric, si tu as des dessins sur toi, tu veux bien m’en montrer ? »

Et hop ! je passe du coq à l’âne ! Ni vu ni connu je t’embrouille. Enfin, c’était surtout que la Terranide ne voulait pas blesser son confrère en parlant de sa nature d’esclave et puis parler de dessin était beaucoup plus jovial après tout non ?

Il sourit encore plus à ses propos :  c’était son but et son rêve, continuer à apprendre et à voir du monde, il ne voulait jamais que cela cesse !  Pourquoi l’aurait-il voulu ? N’était-ce pas le but de tout « homme » de vouloir devenir sage et instruit ? Il ne croyait pas en la volonté de certains de ne pas réfléchir, pour lui, ils manquaient simplement de la petite étincelle qui menait vers le début de la sagesse. En tout cas, une chose était sûre, elle avait apparemment apprécié ces quelques récits, et il ne devait pas s’en plaindre, bien au contraire. Elle semblait avoir apprécié ses racontars de baroudeurs. Mais que devait-elle penser ? Qu’il en avait inventé une partie ? Un tel trouillard n’aurait pas pu voyager autant, surtout vu son manque de réactivité et son manque de résistance face au danger… il en fut un peu mal. Ce n’était pas une question d’égo, juste le fait qu’il était déjà rare de croiser une femelle de sa race, mais alors se rendre ridicule devant elle… bon, d’accord, ça touchait un peu son égo. Pour une fois qu’il en faisait preuve !

 Oui, il aimait beaucoup dessiner, et croquer les merveilles du monde « tait aussi un but de ses voyages. Il ne se considérait pas comme un grand artiste, il avait juste l’œil et la main sure, assez pour reproduire avec un minimum de précision les merveilles de ce monde. Il n’avait pas de bon croquis, juste des essais un peu ratés avec lui, qui ne l’étaient pas tant que cela, d’ailleurs, mais pour lui, c’était mauvais, point barre ! Donc il ne les montrerait pas ! Par contre, rien n’empêchait de lui en faire un sur mesure, si elle voulait, et si elle le demandait, car ses doigts étaient encore bien gelés !

 Euh, obtenir l’autorisation ? Elle n’était pas libre ? Elle était esclave ? A ces propos, il eut un petit hoquet de  surprise, et même si elle changea vite de sujet, il resta bloqué sur ses propos précédents, et il en fut assez effrayé pour, d’un seul coup, il recula légèrement. Il était en même temps affolé, et révulsé, la manière dont ‘elle l’avait laissé échappé laissait entendre qu’elle ne s’en plaignait pas. Il savait très bien comment ça se passait dans les grandes demeures pro esclavagistes, il y avait toujours des favorites, qui menaient la vie dure à tout le monde, s’estimant reines de ce petit monde et donc, faisant tout de plein gré pour leur maitre. Et Shad avait beau être – pour le moment -  l’exemple parfait de la personne adorable et gentille, cette pensée lui vint :  et si le maitre n’était pas loin. Où était le piège ? Tous les efforts pour établir une communication s’effondrèrent et ses oreilles se plaquèrent sur son crâne, vers l’arrière, alors qu’il  reculait lentement, pas à pas. Ainsi, c’était bien un piège ?  Non, il n’était pas paranoïaque, il était prudent ! Les esclaves ne se baladaient pas comme des gens libres, c’était bien connu ! Et puis, les esclaves portaient un collier, il le savait bien, aussi, il savait dans le même ordre d’idées que là où il y a un esclave, il y a son maitre !  Et jamais, au grand jamais, il ne souhaitait retrouver ce monde qu’il avait réussi à quitter.

Et Sire Loup jubilait. Il avait guetté un instant de relâchement et maintenant qu’il le voyait, il essaya de reprendre le dessus une fois de plus. Aelfric se convulsa et résista. Il tenta une deuxième fois, même effet. Il tenta une troisième fois, il fut encore une fois chassé. La peur donne des ailes, ne dit-on pas ? Aelfric se redressa et, le regard hagard, lança alors à l’okami :

« Alors c’était un piège depuis le début, en comprenant mon…. L’attaque ? Vas-t-en !  Laisse-moi !  Je ne veux pas y retourner ! Jamais !  Jamais ! »

Il cherchait une arme improvisée et finit par trouver quelque chose :  une branche. Morte. Elle ne résisterait pas au moindre impact… mais il avait l(impression de ne pas être sans défense…

Shad se mordit la lèvre inférieure en voyant la réaction soudaine d’Aelfric. Avait-il donc compris qu’elle n’était pas libre comme lui ? Qu’elle ne pouvait plus réellement aller où bon lui semblait ? Sans doute aurait-elle dû se lever et se rapprocher du jeune Okami pour le rassurer mais elle n’en fit rien, restant sur places, ses mains placées sur son appendice caudal, calme. La femelle restait sur place tandis que le mâle reculait de peur. Une peur qui n’avait pas raison d’être en cet instant.

Et dire que  la louve aurait préféré qu’il lui montre ses croquis, qu’il lui raconte encore ses aventures. Ce n’était pas parce qu’elle l’avait croisé en mauvaise posture que cet événement était récurrent pour lui, après tout, elle ne connaissait pas réellement son passée et elle ne pouvait savoir si ses récits étaient véridiques ou pures fictions. Mais même si ces derniers n’étaient qu’histoires imaginaires, partir dans  des récits permettaient également de s’évader, alors Shad ne cherchait pas à savoir si Aelfric avait réellement voyagé ou non.

Mais il n’était plus question de montrer des dessins ou de parler de voyages, en cet instant, la belle se devait de trouver des paroles pour calmer et surtout apaiser Aelfric. Sa respiration se fit doucement plus forte, calme, la louve ferma quelques secondes ses yeux cherchant les paroles appropriées. La crainte d’Aelfric était normale, leur race était considérée comme des esclaves et rare étaient les Terranides encore libre.

Alors imaginez bien la crainte du loup quand il apprit que sa compagne n’était en fait qu’une esclave parmi tant d’autres.  La révulsion et l’angoisse se lisait sur le visage d’Aelfric et Shad put également deviné qu’il craignait que son maître soit dissimulé non loin, attendant un signe de sa part pour mettre Aelfric en cage. Hors, cela n’arriverait pas. Elle était là et Stephen autre part, tout simplement.

Doucement, la  lupine se leva sans geste brusque, fixant le lupin droit dans les yeux.  Oh non elle ne détournerait pas son regard, elle voulait lui montrer qu’elle était sincère et tout en le fixant, elle écarta les bras, retirant ainsi toute protection qu’elle avait, toute barrière physique face à une attaque afin de lui montrer sa bonne foi.

« Aelfric, je ne t’ai fait aucun piège, pourquoi je l’aurais fait dis-moi ? Je suis peut être esclave mais toi, toi es encore libre »

Elle marqua un arrêt, l’écoutait-il seulement ? Comprenait-il ses paroles ? Maudit soit ce sujet de l’esclavagisme. Inspirant un coup, la louve nota sans grand mal que l’autre côté d’Aelfric tentait de prendre le contrôle du corps de l’Okami, ne le laissait submergé par la soif de sang et la rage. D’un geste calculé, la louve pencha à son tour  sa tête sur le côté, présentant sa jugulaire afin d’apaiser son interlocuteur.

« Il n’y a aucun piège, crois-moi… »

Bien que  son visage fût détourné d’Aelfric, Shad le gardait encore du coin de l’œil, attendant sa réaction, ses paroles. Tout ce qu’elle espérait c’était qu’ils ne devraient pas en venir à nouveau aux crocs et aux griffes, cela était bien la dernière chose dont  elle avait envie en cet instant. Ce qui risquait surtout de lui arriver était le fait de se prendre un coup de branche morte, juste un coup, avant que cette dernière se brise en mille éclats après l'impact.

On aurait presque dit que sa réaction avait pris la louve de cours, mais il était  persuadé ou du moins, il essayait de se persuader qu’il y avait anguille sous roche. Comment pouvait-il faire confiance à une esclave qui semblait ravie de sa condition ? ça voulait dire qu’elle était bien traitée et donc qu’elle obéissait voir devançait son maitre… et dans tous les cas, il ne voulait rien avoir à faire avec une personne pareil, si on pouvait continuer à considérer un esclave volontaire comme un être humain, car si il y avait plus vil et veule que les esclavagistes, il s’agissait bien de cette trempe d’esclaves qui ont tant de privilèges à cause de leur envie d’être esclave…. Il garda pour lui les insultes et les répliques acerbes. Au pire, Sire Loup taillerait en pièce quiconque voudrai le forcer à se rendre  comme esclave !

Sire Loup ? Sire Loup ? Il ne l’entendait plus et le sentait plus. Mais il allait le protéger, non ? Hein, bien sur qu’il allait le protéger ! Oui, forcément, n’est-ce pas ? Sire Loup ? Il commençait à prendre peur à cause du vide qu’il ressentait, comme Sire Loup s’était évanoui sous le coup de la résistance d’Aelfric. Il tremblait de la tête aux pieds tant ce vide le rongeait. Il avait toujours eu peur en sentant Sire Loup s’agiter sous sa peau. Mais désormais il avait encore plus peur car il avait l’impression qu’il était complètement seul…

Elle capta son regard et malgré al peur qu’il éprouvait, il était incapable de le détourner du sien, c’était comme magnétique, d’une certaine manière, il se sentait incapable de détourner les yeux, la peur avait des façons bien particulières de se manifester, et là, c’était une paralysie. Il était complètement tétanisé, même si elle semblait très douce, incapable de lui faire du mal, il cherchait le piège il cherchait l’arnaque là dedans et comme il ne pensait qu’à ça, il ne voyait que ce qu’il croyait vouloir voir.

« Justement, je suis libre et je veux le rester ! »

En fait, au son, il s’agissait davantage d’une supplique qu’une affirmation, mais il ne croyait pas qu’il serait exaucé, et comme un chiot apeuré, il se roula en boule, sa queue venant camoufler son visage, il ne voulait pas qu’elle voit à quel point elle le terrifiait… car c’était le mot juste, depuis qu’il avait compris, il la trouvait plus effrayant que jamais. Et du coup, il comprenait cette facilité avec laquelle elle s’ »tait laissée allée au meurtre… ces hommes avaient donc su qu’ils mourraient durant cette dernière escapade et s’étaient laissés faire, et elle, elle avait été formée à ça par son maitre, elle devait être une sacrée rabatteuse, pas étonnant qu’elle inspire confiance aux terranides en détresse, c’était son travail…

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je  devrai croire quelqu’un qui se réjoui de son esclavage et qui a même des privilèges qu’elle a obtenu en effectuant quelque basse besogne indigne de sa race, ou de son intégrité morale ? Je ne vous crois pas… non ! »

Il se recroquevilla davantage, lançant un dernier "pitié" avant de se mettre doucement à sangloter, se sachant impuissant…

La louve commençait doucement à perdre patience. Quelle preuve devait-elle donc fournir à Aelfric pour qu’il se calme ? Elle avait même adapté une position de soumission à son égard mais cela n’avait pas suffi et le loup s’était recroquevillée  sur lui-même, geignant de peur, l’implorant de ne pas lui faire du mal, la traitant complétement différemment depuis qu’il avait appris qu’elle n’était libre comme lui mais esclave.

Un long soupir s’extirpa des lèvres de la Terrande tandis qu’elle se remettait droite, toisant un instant du regard le jeune mâle. Pourquoi ne l’écoutait-il donc pas ? Elle avait beau essayé de le calmer par les  mots ou les gestes, cela ne semblait lui convenir.  Shad fit un pas vers Aelfric, tendant sa main avant de se ressaisir. Cela n’allait pas du tout aider au contraire.

« Bien, crois ce que tu veux dans ce cas… »

Tournant les talons, la Terranide s’approcha du feu et d’un geste vif de la main, mis fin au feu, l’éteignant simplement grâce à sa magie. Bien sûr elle aurait pu user de l’eau à quelques pas,  mais elle n’avait pas de conteneur pour  contenir le liquide et le verser par la suite sur les flammes du foyer. Une épaisse fumée s’éleva dans le ciel et disparu quelques secondes plus tard, plongeant la plaine dans le noir total.

Ramassant ses affaires, la louve les mis par-dessus son dos avant de s’arrêter, son pied heurtant l’un des crayons d’Aelfric. Doucement, elle s’abaissa et le ramassa trouvant par la même occasion quelques croquis qui jonchaient le sol. Rapidement, elle en jeta quelques coups d’œil et elle devait l’avouer, il était doué en dessin, bien plus qu’elle.

Sans un mot, elle se mit à ramasser les quelques feuilles qu’elle trouvait ici et là et les assembla créant ainsi un petit tas. Puis, la louve lança un regard à Aelfric, ce dernier ne semblant pas avoir bougé. Lâchant un deuxième soupir, elle se dirigea vers lui mais s’arrêta à mi-chemin posant le paquet sur un rocher lisse. Par chance, le vent ne soufflait pas en cet instant, il n’y avait donc aucune chance que les feuilles de dessins soient disséminés par le vent.

« Dommage…Ca me plaisait de parler un peu avec toi, mais vu que tu ne me crois pas et que tu as tellement peur, il vaudrait mieux que je rentre.. »

L’Okami tourna les talons et d’un pas lent commençait à s’écarter d’Aelfric, l’observant néanmoins par-dessus son épaule. S’il viendrait à l’interpeller, sans doute stopperait-elle sa route pour se retourner et lui faire face ? Mais elle ne pensait pas que cela était possible. Il lui avait posé une étiquette et semblait être sourd à toute explication.

Comment vouliez-vous qu’il réagisse autrement, sincèrement ? Il était après tout face à une esclave ravie de son sort et donc sans doute capable de tout faire pour plaire à son maitre, quitte à lui ramener une nouvelle proie. Il n’avait aucune intention que cela n’arrive !  Jamais ! Bon, d’un autre côté, si elle avait voulu le livrer, ne l’aurait-elle pas fait alors qu’il était inconscient ? Et pourquoi lui aurait-elle ôté ces liens ? Ces idées ne venaient que maintenant effleurer son esprit. Il aurait du y penser plutôt, mais sous la peur, il n’avait pas réfléchis, poussant sa paranoïa à l’extrême. Cela ne collait pas avec sa réaction à bien y penser. Mais il l’avait sans doute vexée.

D’un autre côté, comment pouvait-il lui faire confiance d’une manière ou d’une autre sachant qu’elle était esclave et qu’elle n’avait, semblait-il, aucune envie de se libérer ? Il ne pouvait lui accorder aucun crédit, même si sa réaction était plus qu’excessive… d’ailleurs, même en se méfiant, ne devrait-il pas s’excuser  de son comportement ? Si, sans doute, d’autant que, même si elle avait éteint le feu, elle lui avait rendu ses dessins. C’était un bon point des plus positifs. Il se décida alors à faire ce qu’il devait faire depuis le début de cette dérive de la conversation.

« Merci… je … je suis désolé, Shad, vous avez été bonne avec moi et je vous ai mal traité. Je vous prie d’accepter toutes mes excuses les plus sincères… »

Cela ne voulait pas dire qu’il ne se méfiait pas, mais disons juste qu’elle avait mérité ces excuses. Il restait néanmoins sur ses gardes, préférant éviter la moindre surprise. Il eut même d’ailleurs une idée qui pourrait peut être détendre l’atmosphère, et qui n’était pas moins vrai pour autant. Il se saisit d’un morceau de fusain qui faisait office de crayon et chercha dans ses esquisses une feuille qui soit vierge au moins d’un côté.

« Tenez, pour vous faire pardonner de ma réaction et si vous rallumez le feu je vais vous croquer. Les jeux d’ombres du feu qui danse devant un visage sont merveilleux ! »

Il était parfaitement sincère, d’autant que cette louve était loin d’être vilaine, et que des femmes de son espèce, il n’en voyait pas à tous les coins de rue ! Alors autant la coquer. Oh, ce ne serait pas une esquisse digne d’être exposée, mais en général, cette manière de se faire pardonner était toujours bien peçue par les gens. Et vous faire faire le portait par un artiste renommé coutait abominablement cher… alors il lui était déjà arrivé de payer ses repas avec des croquis et des esquisses. Sa juste notion des proportions faisait de lui un artiste aux modestes talents très polyvalents, en effet, il avait déjà été sollicité par un tavernier qui voulait augùenter la surface de sa salle commune.

« A moins que vous vouliez que j’utilise la lumière naturelle bien sur ! »

Tout ne se passe jamais comme prévu. La louve était désolée de savoir  son confrère autant apeurée par sa présence et surtout sur le fait qu’elle semblait accepter son statut d’esclave. Oui, elle l’acceptait actuellement, mais elle espérait qu’il ne pense pas que cela  avait toujours le cas. De toute façon, le temps n’était plus aux explications et la jeune Terranide s’apprêtait à partir, laissant ainsi Aelfric seul dans ce milieu sauvage.

Pourtant, l’Okami stoppa sa progression, entendant le mâle s’excuser. Elle ne fit aucunement volte-face, écoutant en silence le loup qui parlait, qui s’excusait de son comportement.  Tournant légèrement son visage sur le côté pour l’avoir dans sa ligne de mire, elle hocha la tête en signe qu’elle acceptait ses excuses, avant de le gratifier d’un sourire bienveillant.

« Excuses acceptées…Et ne t’en fais pas, je pense que j’aurais réagis comme toi si j’aurais étais à ta place »

Pas un mot de plus, mais la louve fit volte-face, se retrouvant ainsi face à Aelfric. Son regard se posa un instant sur l’ancien foyer où s’élevait encore une légère fumée noire au milieu de la nuit. Puis, la phrase de l’Okami anima la curiosité de Shad. Ainsi il voulait la croquer ?  Elle lui avait demandé auparavant de lui montrer ses œuvres, pas d’être sur une de ses feuilles. Pourtant si cela permettait à Aelfric de s’apaiser, elle accepterait sa demande.

« Par contre, je ne préfère pas rallumer le feu, après tout, ce dernier est assez voyant de loin et je ne veux pas te faire courir le moindre risque »

Shad était sincère et quand bien même, leur petite dispute n’aurait pas eu lieu, le feu aurait connu le même sort. Ce n’était pas la peine de ramener des chasseurs d’esclaves ici. Bon, après, ils n’étaient également pas sans défense, mais la louve préférait qu’Aelfric garde son calme, qu’il n’appelle pas Sire Loup pour lui venir en aide.

Doucement, elle s’approcha du jeune mâle et s’installa à nouveau face à lui, prenant sa queue sur ses genoux, la caressant doucement, mêlant ses doigts aux poils pour y rechercher une certaine source de chaleur.  Levant rapidement la tête vers la voûte céleste, elle afficha un léger sourire, la lune scintillait dans la noirceur  de la nuit.

« On peut dire que tu as la chance pour l’éclairage naturelle »

Pas question de prendre une pose exagérée ou quelconque. La louve restait naturelle, fixant le loup ou plutôt son fuseau qui courait ici et là sur la page vierge, traçant des lignes, des courbes sous l’œil attentif et la main experte de son possesseur. Bien sûr si elle devait bouger un peu, elle le faisait et par respect pour le travail d’Aelfric, Shad restait mutine.

« Au faite,  que comptes-tu aller visiter prochainement ? »
Finalement, la curiosité la taraudant de trop et surtout n’appréciant pas le silence pensant, la louve avait repris la parole en lui posant cette question après une bonne dizaine de minutes Et puis, peut-être pourrait-elle la renseigner le renseigner selon l’endroit qu’il irait visiter ?  Relevant ses oreilles, la louve nota que le fuseau cessa sa course et  s’étirant un coup, elle questionna Aelfric :

« Je peux voir ? »

Non, tu ne peux pas voir ! La question était quelque peu rhétorique, bien sûr qu’elle pourrait voir son esquisse, après tout, pourquoi ne le pourrait-elle pas ?  Pourquoi Aelfric se serait ennuyé à la faire pour ne pas la montrer à son modèle ?

Même s’il ne savait pas pourquoi, il la sentait réticente à accepter les excuse, elle le fit, de sa haute stature elle donnait l’impression de l’avoir fait sèchement et il en fut mal à l’aise.  Il l’avait sans doute mérité, mais malgré tout il ne se sentait pas à l’aise. Il y avait comme un mal être dans l’air, sans doute du à sa réaction qui était un peu disproportionnée. Ses oreilles continuaient de trahir sa méfiance, mais de manière moins ouverte, de manière plus discrète et plus amicale, d’une certaine manière !

Il sourit timidement à la jeune femme qui, même si elle le rassurait avec ses propos, semblait bien plus loin qu’avant, était-ce à cause de la dispute ou juste de la prise de conscience qui d monde qui séparait les deux congénères. Certes ils étaient de la même race, mais elle avait vendu son âme, chose que n’avait pas fait Aelfric. Elle avait beau avoir ses raisons, mais jamais il ne l’accepterait donc il faisait comme si de rien était, c’était peut être le seul moyen de garder une conversation sur un terrain plutôt callme. Quoique sa concentration, pour le dessin rendrait de toute manière toute conversation impossible !

Elle refusa de rallumer de feu, mais ses raisons auraient pu paraitre légitimes si elle avait été concernée, elle appartenait à quelqu’un, alors elle faisait cela uniquement pour lui ? Pourquoi encore une fois ? Tant de choses qui tourbillonnaient dans sa tête et qui, en même temps s’en échappaient, car il avait son fusain, sa feuille de papier, et son sous main, et en plus, pour la première fois, il pouvait croquer une de ses pairs. Il n’avait jamais croqué d’okami. Ils étaient rares et savoir que certains acceptaient la servitude le gênait. Mais il devait faire abstraction alors qu’il laissait aller ses doigts sur le papier, des gestes surs et précis, emprunts toutefois, vu la rapidité des mouvements d’une certaine forme de mysticisme, c’était comme si le dessin se révélait peu à peu, par magie, et Aelfric passait plus de temps à observer l’okami qu’à  regarder son fusain, comme si il n’en avait pas besoin pour dessiner.

Bien sur, en tant qu’artiste il ne se contentait pas de sobrement représenter shad à la lumière de la lune, non, il imaginait et faisait abstraction de la réalité sur de nombreux points pour arriver à un résulta qui était assez bluffant. Il était tellement dans ses pensées qu’il n’entendit même pas sa question. Son art l’absorbait, mais en une vingtaine de minutes, il avait un croquis en noir et blanc ! Que n’aurait-il pas donné en cet instant pour de la peinture et une toile qui soit plus grande que son morceau de papier ! Il ne cherchait même pas à réfléchir au reste.

« Voilà, c’est fini ! »

Il s’apprêtait à lui tendre la feuille quand il se ravisa et finalement lui demanda ce qui lui restait en tête alors, la question du moment :

« Comment ? Comment fais-tu pour supporter ce statut alors que tu pourrais être libre ? »

Il lui tendit la feuille. Il n’y avait pas que shad sur l’image. Il s’agissait d’une clairière avec Shad au milieu, assise de trois quart. Au lieu de la queue sur ses jenoux, un loup était autour d’elle venant poser son museau sur son giron.

La question de l’Okami passa à la trame, sans doute que son confrère ne l’avait pas entendu, trop plongé dans son dessin ? Quoi qu’il en soit, la louve n’en fit aucun commentaire, rien ne l’empêchait de lui reformuler la question ultérieurement, Shad resta ainsi un long moment sans bouger, se contentant cependant de laisser son regard et son esprit vagabonder dans la vallée pendant que ses oreilles bougeaient de temps à autres doucement, captant les différents sons de la faune et flore sauvage. Un monde séparait celui-ci de Nexus malgré que la ville ne soit qu’à quelques kilomètres au sud.

Finalement, le dessin fut enfin fini et  alors que Shad allait le saisir, ce dernier tendu par l’Okami, Aelfric se ravisa et la questionna quant à son choix d’accepter son statut d’esclave. La main légèrement tendue se rabaissa  et alla se remettre au niveau de ses genoux, tandis que la louve souffla un coup. Respirant calmement, elle observa un instant le mâle sans rien dire, pensive. Il voulait savoir pourquoi elle avait choisi de servir une personne au lieu d’être libre ? Qu’à cela ne tienne, elle lui expliquerait.

« Cela risque d’être longue histoire, je vais t’expliquer ce qui m’a amené à ne plus être entièrement libre »

La lupine n’avait pas menti quant à la longueur de son récit. D’un ton calme et posé, elle lui conta son aventure sur Terre ainsi que sa capture et le début de ses mésaventures en étant ramené sur Terra. Elle lui compta ses premiers maîtres, les tâches et supplices endurés et la façon dont elle s’échappait à chaque fois. La louve lui raconta son épopée dans le désert jusqu’à la rencontre de la fraternité Bakaar et son retour à Nexus où peu de temps elle fut remis sur le marché des esclaves mais libérée par une vieille connaissance. Puis vint l’histoire avec le vampire esclavagiste, Shad expliquait à Aelfric encore une fois ce qu’elle avait vécu, enduré, subit.

« je ne souhaiterais à personne de le croiser, j’ai eu de la chance de m’en sortir vivante…Si tu le croises, passes ton chemin, fuis. »

Décroisant ses jambes et se mettant plus à l’aise, soit assise sur l’herbe, la louve continua le récit de ses aventures, expliquant à son interlocuteur comment elle avait été recueilli chez une Elfe, sa rencontre avec un dragon et un dieu, son périple dans les Terres Gelées pour atteindre la capitale salvatrices des Terranides et où, dans ces contrées glaciaires elle avait fait également maintes rencontres dont un génie.

« Et j’y étais presque, presque à  la capitale, jusqu’à ce que je sois…capturée et que je me réveille sur la place publique du Nexus… »

A ces mots, la louve poussa un léger soupir de frustration. Maintenant qu’elle y repensait, elle était vraiment proche de son objectif et plus encore, mis à part quelques rencontres désagréables, elle en avait également fait des plus chaleureuses. Instinctivement, les yeux de la louve se posèrent sur la marque de son poignet avant qu’elle ne reprenne la parole.

« Celui qui m’a acheté…et celui que je sers désormais. A la base, j’avais l’intention de partir, de m’enfuir comme je l’avais  toujours fais mais, plusieurs fait changèrent mon jugement. Bien que je sois son esclave, il ne me traite pas comme les autres personnes que j’ai eu en maître. Je ne suis pas obligée de dormir à même le sol, je ne suis pas enfermée dans une cage, je ne dois pas juste «  aboyer » car je suis une «  chienne » ».

Oh oui, elle n’était  pas obligée de faire et de subir tout cela, et rien que ces faits avaient déjà convaincu la louve  de ne pas tenter de s’enfuir de la demeure Belmond.

« Par ailleurs, disons que j’ai quelque tâches, enfin surtout les courses à gérer et….le passage au lit…mais sinon dans l’ensemble je suis plutôt libre, bien sûr je ne peux pas partir réellement de la ville comme toi, mais, je n’ai plus à craindre d’être à nouveau mis sous cage et tenté que l’on me dresse. Ce n’est pas la vie que j’escomptais mais, je suis bien, même si cela peut te paraître bizarre, je me sens un peu en…sécurité. »

Le récit avait était long mais Shad voulait faire comprendre à Aelfric qu’elle n’avait pas toujours désirée être esclave et espérait avoir été clair dans ses propos. Et enfin, elle put voir le dessin fait par le jeune loup, l’observant un sourire aux lèvres.

« Hé, tu dessines bien,  bravo ! »

Un petit souvenir de sa rencontre ne ferait pas de mal après tout.  D’un bond, la louve se remit sur ses deux pieds, scrutant l’horizon. La nuit s’était bien avancée et la pénombre se faisait encore plus pesante, réduisant la visibilité de tous.

« On devrait peut être cher… »

Shad se stoppa net. Quelque chose n’allait pas, certes la nuit était calme, mais là c’était bien trop calme.  Un souffle de vent la fit légèrement trembler, mais un souffle de vent qui ne toucha pas Aelfric.  L’Okami n’eut le temps que de remarquer cette étrangeté que deux énormes pattes munies de griffes l’agrippèrent  aux niveaux des épaules avant de l’emmener vers la come des cieux. Levant en vitesse le visage pour voir de quoi il s’agissait, la louve manqua un battement, une wyverne, elle venait d’être prise comme proie par une wyverne  Elle aurait pû se  transformer maintenant pour faire lâcher prise à la bête mais cela aurait étéune erreur, le risque de se retrouver écrasée au sol était trop évident.
La feuille de dessin fut  lâchée  et tomba nonchalamment sur le sol, tandis que la créature prenait de l’altitude, emmenant  la pauvre louve vers son nid. Cette dernière observait le sol à ses pieds et prenant son inspiration, hurla le nom d’Aelfric, allait-il réagir ? Allait-il venir ? D’un côté, elle l’espérait. Un autre cri retenti, cette fois, un de douleur tandis que les serres de la bête s’ancrèrent plus profondément dans la chaire de Shad.

Au loin, s’élevait une petite montagne et en son sommet, perchée prêt d’une corniche un nid d’une taille colossalle, où trônait en son centre trois œufs. La Wyvenre devait sans doute être une femelle et il était fort à parier que La Terranide devait servir de premiers repas aux futurs nouveaux nés. D’un geste brusque, la louve fut lâchée au  milieu du nid, entre les  œufs qui commençaient à se craqueler et se fissurer.

La louve  posa une de ses mains sur son épaule meurtrie, grognant de rage. Elle n’allait quand même pas y passer ?  Prenant une inspiration, elle rejeta un instant sa tête en arrière avant d’hurler comme l’aurait fait un loup, indiquant ainsi sa position à quiconque l’entendrait. Il ne lui restait plus qu’à attendre maintenant et au pire, essayer de se défendre dans l’état où elle se trouvait.

Aelfric était particulièrement peiné pour elle. Ce n’était pas une question de bon sens, juste une question de compassion. Cela ne justifiait pas tout mais au fur et à mesure que la vie de la jeune femme était déballée, son visage se peignait d’horreur, de consternation, de pitié. Mais raison de plus pour ne jamais se soumettre. Selon lui ça rendait la chose tout aussi incompréhensible  qu’avant si ce n’est plus. Il la plaignait énormément, mais justement avec son vécu, elle n’aurait jamais du se laisser aller à une telle situation. Au fond, si il n’avait pas eu autant de respect pour elle, il l’aurait traitée de catin sans la moindre vergogne. Là il se tut, mais hélas il n’en pensait pas moins… oui, il aurait du ne rien penser de cela, que de la plaindre, d’autant plus qu’il lui devait la vie… il aurait du se montrer assez reconnaissant pour la juger, mais c’était plus fort que lui.

Le jeune loup l’écouta néanmoins attentivement, pour ne pas l’interrompre, par politesse te aussi parce qu’elle s’avait comment coter une belle histoire… enfin, ça ‘était jusqu’à ce qu’elle s’interrompt… maintenant qu’elle se stoppait, il entendait. Ou du moins, il entendait un silence pesat où même la nature avait déserté de ses bruits l’ambiance, et, finalement, il entendit une pression sur l’air, puis un autre, et encore un autre. C’était gros, c’était puissant et donc c’était dangereusement près vu le silence… Il s’aplatît au sol, et ce réflexe lui permis de réchapper au rapt. Elle, elle n’eut pas cette chance. Elle avait toujours voulu vivre libre, mais elle finirait par mourir en esclave de sa propre volonté. Au fond, il trouvait cela pitoyable…

Paralysé, il n’osait pas bouger, à plat ventre sur le sol. Il eut une pensée pour elle. En générale, les bestiaux mangeaient en plein vol, donc elle ne survivrait pas au trajet. Il eut une petite larme, puis une autre, puis autre, et se mit à pleurer vraiment… il la plaignait et s’en voulait d’avoir pensé cela d’elle avant qu’elle ne meurt, il aurait du se montrer particulièrement compatissant et moins, beaucoup moins, critique… même juste en pensée. Il s’en voulait énormément.

Il resta prostré un certain temps avant de finalement se redresser, les yeux dans le vide et rougis… il regarda alentour à la recherche d’un peu de réconfort. Du fond de son sac, ou de ce qui en restait, il sortit un briquet à amadoue il fit un petit feu. La chaleur lui fit du bien. Il se roula en boule et  se coucha pour finalement tenter de dormir. Il n’y parvint pas, surtout quand il entendit un loup hurler au loin. Un cri plein de détresse, et il y mêla le sien malgré la distance. Ailleurs un autre cri, puis un autre, chargés de colère tous les deux, et, comme mû par quelque chose de plus fort que lui – Sire loup – il savait qu’il devait aller jeter un œil à tout cela. Il voulait voir d’où venait le cri de détresse. Il se dirigea -  au cas où, vers les cadavres, où il prit une arme, il dut pour cela les fouiller, dégouté mais il trouva deux dagues de tailles très modestes qu’il garda comme armes avant de se mettre en route. Il était persuadé que Sire loup l’aidait, ce qui était très rare. L’appel du sang et surtout l’appel des siens, voilà quelque chose auquel même lui semblait se soumettre. Animé d’une énergie nouvelle il se rendit dans la direction indiquée par le hurlement. Et il lui fallut une bonne heure pour arriver en bas n d’une immense falaise. Il regarda en haut pour voir à quel point ele était haute et escarpée. Il n’y avait aucun chemin possible, le seul moyen était d’escalader…

Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour rendre la monnaie de sa pièce à quelqu’un. Il se saisit d’une prise, et puisnt dans son cerveau de cuivre, il se mit en route vers les hauteurs, le plus silencieusement possible, le plus discrètement possible ( aussi discret qu’une chevelure de cuivre et une queue de la même couleur pouvait être sur une paroi rocheuse…

Plus il montait, plus il faisait froid et plus il faisait froid, plus il avait de mal à agripper les prises une à une. Il commençait lentement, sous le coup de l’effort à s’arracher des lambeaux de peau pour garder les brises actives et avait renoncé depuis longtemps à garder ses chaussures pour priviligier le contact des pieds nus sur la pierrer froide, ce qui le sauva plus d’une fois, ses mains commençant à glisser.

Malgré les quelques dérapages, il parvint, lentement, à se hisser jusqu’à l’endroit voulu, restant tapi le long de la paroi pour guetter avant de se hisser. Il guettait le moindre, comme pour voir si la bête était là ou pas. Mais avec ce vent, c’était sans doute trop difficile d’entende quoique ce soit, car si la corniche &était protégée, quand on était pas dedans, on sentait le vent vous raidir le corps et balayer votre énergie aussi surement qu’une blessure mortelle…

N’entendant rien, il fit fi de son habituelle prudence et se hissa enfin. La première chose qu’il vit fut de débris de coquille d’œufs, avant d’entendre des sifflements aigus. De la taille d’un gros chien, un des reptiles ailés étaient déjà en train de savourer son premier repas :  son propre frangin qu’il mangeait allègrement sans lâcher du regard un autre recoin de la corniche. Shad ! C’était elle ! Il s’approcha subrepticement en lui faisant signe que c’était lui… s’approchant en douce de reptile qui se repaissait, il l’observa de plus près  ses ailes semblaient encore atrophiées… alors il se jeta sur la bestiole les deux pieds en avant. Il sentit quelque chose craquer, la bête reculer, et tomber dans le vide comme une pierre. Un de moins Le dernier était encore dans l’œuf, s’en débarrasser serait facile…

Il fouilla dans ses cerveaux métalliques à al recherche d’informations, mais comme par hasard , les wyvern étaient sous-étudiées…. Il penserait à rémédier en l matière plus tard. Il regarda alentour alors qu’il s’approchait de Shad pour être sur que la mère était pas dans le coin. Nulle trace… il s’agenouilla près de Shad.

« ça va ? – il regarda ses blessures -  oui, pas tant que ça…. Et j’ai laissé mes herbes en, bas…. »

Il tâta les plaies pour voir l’étendue des dégats. Elles étaient profondes, mais superficielles, ce qui était déjà une bonne chose. Puis, il  sortit l’un des deux dagues te lui la donna, sait-on ajamis que cela serve.

« Heureusement qu’elle t’a pas mordu, on dit que les crocs des adultes sont empoisonnés…  enfin bon, va falloir trouver un moyen de descendre, et je crois que je ne serai pas assez fort pour te porter sans nous faire chuter tous les deux dans le vide… »

Il dévoila l’étendu des dégâts de ses mains. Il ne pourrait sans doute pas dessiner comme il faut pendant au moins un bon mois. Heureusement qu’il avait d’autres choses à penser, car sinon, il aurait pu  tomber en dépression juste pour cela…

« Bon, comment descendre ? »

Vaste sujet !

Le hurlement fut porté par les vents, entraînant avec lui de nombreuses réponses provenant de diverses espèces canines mais surtout de loup s vivant dans les alentours. L’avait-il entendu ? Est-ce que son appel était parvenu jusqu’aux oreilles d’Aelfric ? Voilà une question qui taraudait un instant la Terranide avant qu’un bruit sec de craquement la fit revenir à la réalité.

Faisant volte-face, la louve manqua un battement de cœur. L’œuf, l’œuf était quasiment ouvert, le bec tranchant de la créature apparaissait dans la petite encolure et émettait des bruits stridents pendant que son propriétaire tentait de s’échapper de sa prison de calcaire. Shad observa rapidement les alentours cherchant une issue mais qu’importe où elle regardait, elle se trouvait dans une impasse.

Serrant les poings, ses griffes rentrant légèrement sans sa paume à en faire légèrement perler le sang, la louve observait l’œuf et la créature s’y trouvant. Avec sa chance, elle allait devoir se battre pour survivre, ou plutôt, elle devrait se battre pour sa survie, cela était plus qu’évident.  Le bec de la jeune wyverne écarta encore plus la fente de sa coquille, l’agrandissant dangereusement. Une chance que la mère n’était pas  dans le coin.

D’un coup, aussi vif que l’éclair, un autre bec acéré empoigna le cou du prisonnier de l’œuf. L’autre wyverne s’était libérée de sa coquille et étrangement à la place de s’attaquer à Shad, il s’en était pris à l’un des siens. Sans doute était-ce là le moyen de montrer qu’il était le plus fort ? Que malgré le nombre d’œufs présents dans un nid à la fin, il en restait plus que un ? Le « petit » le plus fort du groupe et qui aura toute l’attention des parents pour s’en sortir et s’épanouir pleinement ?

Encore une preuve que certaine créature était mal étudiée. L’ainé du groupe sortie son cadet défunt de sa coquille et sans la moindre gêne commença à le dévorer, bloquant également l’accès à la sortie du nid, gardant un œil sur l’Okami. Cette dernière n’avait d’autre choix que de rester sur l’un des rebords, tout en prenant garde de ne pas tomber accidentellement, et de se préparer au pire.

Son regard se portait tour à tour sur la bête dégustant son repas, oh tiens une tripe, et sur l’œuf qui semblait  inerte mais d’où un  second affamé pouvait également sortir.  Mais elle n’eut aucunement besoin de se battre, la créature se retrouvant finalement poussée et propulsée dans le vide.  Si elle n’avait pas figuré au menu, Shad l’aurait sans doute plainte. Mourir ainsi, quelle fin atroce

Aelfric, il ne s’agissait rien de plus qu’Aelfric. La louve fut ravie et également étonnée de le voir. Ainsi donc, il avait bravé sa peur ? Il avait réussi à venir jusqu’ici ? Face à sa question elle hocha la tête et  lança un regard à ses blessures.

« On ne peut pas dire qu’elle soit allée de griffes mortes…Merci d’être venu »

Un sourire orna son visage, franc, sympathique. Un sourire qui ferait  presque oublier les accidents présents, mais  Shad revint bien vite à la réalité, jetant un œil sur l’œuf. Ce dernier ne semblait toujours pas bouger mais cela n’empêchait pas le fait qu’ils étaient bloqués tous les deux dans ce nid, sur cette corniche à plusieurs mètres au-dessus du sol.

« Si la lune aurait était pleine, j’aurais pu nous faire descendre d’une façon assez…spéciale mais là… »

L’Okami regardait son confrère l’air peinée, ses oreilles légèrement mise en arrière. A cause d’elle, il s’était également mis dans l’impasse, se retrouvant coincé comme elle avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Soudain, un cri strident se mis à retentir dans le ciel crépusculaire. La mère, l’adulte revenait.

« Je sais que ..ça va te paraitre fou et insensé mais si on arrive à prendre cette bête par surprise, on pourrait l’utiliser comme monture et nous diriger vers la terre ferme ? Après tout..là sur le coup, je ne vois pas d’autre idée, mais cela risque d’être fort…dangereux. »

Dangereux ? Suicidaire plutôt ! Mais autant dire qu’ils n’avaient pas d’autres choix. Sans perdre son temps, la femelle se mis à fouiller les composants du nid, y trouvant par miracle des végétaux faisant penser à des laines souples et solide. Elle en testa même leur solidité en tirant dessus. Ces dernière se pliait, se tendait mais ne se brisait pas, une bonne chose en soit.

« Au moins ça pourra lui garder ce qui lui sert de bec fermée…Ou tu as une autre proposition ? »


Car se faire mordre inutilement, voilà un fait qui serait des plus débiles et surtout, ces lianes pourraient également servir de " rênes". Un service deux en un en somme.

Merci d’être venu…. Il ne serait pas venu d’habitude, et sincèrement, ce n’était pas l’envie qui lui avait manqué de l’abandonner à son sort. C’était simple comme pensée, et il l’aurait fait si il n’avait pas senti Sire Loup s’agiter pour qu’il y aille, d’une part, et d’autre part parce qu’elle lui avait sauvé la vie… l’un dans l’autre, il avait eu des choix relativement réduits en la matière… mais sinon, il n’était ni assez courageux, ni assez fort pour oser aller contre une wyverne : c’était du suicide…

Il ne trouvait pas la blessure de l’okami trop vilaine, mais elle était sérieuse, car même si il arrivait à la faire descendre, et à descendre lui-même, ils seraient vite pris en chasse à cause de l’odeur du sang qui emplissait l’air autour d’eux pour tous les prédateurs, que ce soit ses griffures ou les écorchures du mâle. Il regarda alentour, espérant sincèrement trouver une autre solution mais à première vue, il n’y en avait pas. Ils étaient sur le point d’être dans la merde…. Et maintenant ils étaient en plein dedans…

Soucieux, Aelfric se mit à tourner en rond le plus loin possible de précipice en réfléchissant aussi vite qu’il était possible de le faire. Il observait un peu tout  ce qui se trouvait autour, cherchant une solution viable, sans en voir vraiment une. Il ne pouvait pas menacer de briser l’œuf pour la simple et bonne raison qu’une wyverne était bête comme choux, c’était bête et méchant, contrairement aux dragons, suprêmement intelligents…

Et inutile de trop rester sur des si, parce qu’avec des « si » on mettrait fin à l’esclavage… et au fond, toute méthode ne fonctionnant pas ne méritait pas d’être énoncée, ça embrouillait les esprits, et trop entendre de « non » ou de « impossible », ça démotivait grandement… et franchement, ils n’avaient pas besoin d’une opinion défaitiste, la situation était assez difficile comme ça !

Son idée suivante, aussi peu réalisable soit-elle, elle avait raison sur un point : c’était fou et insensé, et en plus c’était carrément cinglé, c’était fort dangereux si l’on voulait partir dans l’euphémisme. Il nia de la tête. Ça allait les tuer, mais ils n’avaient pas de meilleure solution. Mais comme si il ne voulait pas y adhérer, il ne put s’empêcher d’émettre une remarque.

« On peut aussi se jeter dans le vide et prier…. Ce serait moins risqué… enfin bon… pas le choix…  pas mieux à proposer…. Ou alors on prépare un bon repas et on parlemente ? »

Idée débile et irréalisable mais qui avait au moins l’avantage d’une mort rapide. Car la chute dans le vide, ce n’était pas franchement une option enviable, de toute manière il n’y aurait guère de choix. Les battements d’aile de la mère augmentaient en volume, preuve de sa proximité croissante… Il prit l’autre extrémité de la corde improvisée et s’allongea  un bout du nid, dans les broussailles qui en formaient le tour, faisant signe à Shad de se mettre à l’autre bout, comme lui, en silence. Ses mains abimées tenaient la corde faiblement. Il ne fallait pas espérer grand-chose, mais il n’avait pas le choix.

« Tiens toi prête et dès qu’elle se pose, on tente le coup. »

L’okami mâle attendit, voyant désormais l’ombre de la mère obscurcir le peu de lumière restante pour finalement se poser avec force et fracas dans un cri particulièrement strident.  Et là, il bondit sur elle, sautant à la base de son cou pour commencer à l’attacher. Monter une wyverne, si quelqu’un avait dit qu’un jour il ferait quelque chose du genre… personne ne l’aurait cru, et surtout pas Aelfric. D’ailleurs, il était sans doute le dernier à penser que cela marcherait.

L’idée n’était pas seulement folle, elle était belle et bien suicidaire et Shad le savait. C’est pourquoi, elle ne put réprimer un rire nerveux face à la remarque d’Aelfric. Qu’il saute s’il voulait mais vu leur état, c’était le seul moyen de descendre et ce moyen était d’essayer de monter la wywerne. Oh, bien entendue cette dernière n’allait pas se laisser faire et les deux loups devront prendre garde à ses crocs empoisonnés.

Et en parlant de la créature, cette dernière approchait dangereusement. Sans plus attendre, la jeune louve se mit en position à l’une des extrémités du nid, attendant que la bête se pose enfin. La force de ses ailes firent soulever plusieurs panaches de poussière et envoyer valdinguer quelques fragments de coquilles d’œufs. La  mère ne fit pas de suite attention aux deux Okamis, posant d’abord son attention sur le petit à moitié dévoré, qui finit entièrement mangé par sa génitrice.

La mère du nid observa un bref instant son œuf et c’est à ce moment qu’Aelfric prit l’initiative de commencer à l’attacher, fonçant sur la bête avec la corde. Shad le suivait de son côté, tendant la corde afin que cette dernière ne laisse pas de moue. Pendant que le mâle escaladait en prenant  prise sur le cou épais de la Wywerne, la femelle était passée dans son dos, était montée bien que difficilement, se retenant de lâcher certains cri de douleurs avant de faire en sorte de bloquer les ailes de la bête.

Car oui, la Wywerne ne cessait de battre rapidement ces dernières, tentant de projeter ses deux cavaliers non désirés. Une sorte de partie de rodéo, sauf que là, le sol n’était pas à quelques centimètres du lieu de chute. La mère hurlait, tentait de  mordre le jeune loup, faisant des pas hésitants sur son nid. Une partie de la liane fut passée au niveau du museau, que Shad  rattrapa avant de la nouer, créant ainsi avec l’aide d’Aelfric des rênes improvisées.

Garder les ailes fermées ou au moins l’une des ailes étaient une tâche ardue et l’Okamis entait qu’elle n’allait plus tenir longtemps. Tendant sa main, elle attrapait celle de son compère, l’aidant à passer sur le dos de la Wyverne, après tout, il n’avait pas d’autres choix. Et on peut dire qu’ils ont eu de la chance, car au même moment, la force des ailes de la créature lui permirent de se libérer de son « carcan », les déployant fièrement avant de se mettre à courir en direction du précipice.

« Oh..oh merde, accroches toi ! »

Shad allia le geste à la parole, se tenant plus ferment à la liane de ses mains et se cramponnant à la fourrure de la créature avec ses pieds et ses jambes. La Wywerne s’élança dans le vide, et entama  un long piquet, enchaînant tonneau sur tonneau. L’hybride grogna, ça faisait mal, très mal. Son épaule lui faisait mal, la liane lui brûlait les mains  et le sol s’approchait dangereusement.
Mais bien que la créature ne soit pas des plus intelligente, elle gardait néanmoins un instinct de survie et juste avant qu’elle ne percute le sol, elle ouvrit grand les ailes, freinant brusquement avant de remonter dans le ciel crépusculaire, prenant pour la suite une vitesse de course beaucoup plus lente, semblant «  domptée ».

« Haa…pu…Tu veux prendre les rênes Aelfric ? »

Plus vite ils descendraient, mieux se serait. Nul doute que la Wyverne tenterait à nouveau de les désarçonner.  Mais, il fallait avouer une chose, c’était une expérience grisante, dangereuse oui, mais palpitante.

Grâce à Shad, il  fut possible de confectionner une sorte de bride qui retint le museau fermer, et la bestiole avait beau se débattre cela ne changeait rien au fait qu’ils étaient sur son dos et solidement arrimés à ses rênes improvisées. Il regarda  partout sauf en bas alors qu’en se débattant, la bête s’approchait du précipice. Il avait renoncé à tenir la corde avec ses mains, trop abimées, et se contenta de s’accrocher à ce qu’il pouvait quand la bête réussit à dégager ses puissantes ailes musculeuses pour s’élancer vers le vide. De fait, il passa ses bras autour de la taille de Shad, coinça ses pieds à la base des ailes, et  serra autant qu’il pouvait, au risque de lui faire mal, peut être, mais il ne voulait pas voir le suite. D’ailleurs, il ferma les yeux.

Il sentit la créature commencer par chuter avant de s’élever davantage. Il en cria. Son estomac jouait au yoyo et il avait des petites guilis dans le cœur….

Décidément, ce plan était complètement dément, mais vous savez quoi ? Cela marchait !  Ou du moins, c’était bien parti ! Il n’en revenait pas ! Ils l’avaient fait !  Ils avaient tenté de descendre à dos de wyverne ! C’était incroyable. Et plus encore, il avait du et su se montrer courageux. Il n’avait pas eu le choix, le courage ou la mort !  Et il l’avait fait !  Certes, il était trop loin du sol à son gout, mais tout de même ! Il l’avait fait ! Il avait un sourire jubilatoire sur les lèvres alors que le vent lui giflait le visage. Il en avait presque envie de lâcher sa poigne pour savourer ce vent glacial qui rappelait qu’il était vivant. Mais non seulement si il lâchait, il risquait de tomber, mais en plus, s’il le faisait, il n’aurait ni la force ni assez de contrôle dans ses doigts pour se raccrocher…

Par contre, prendre les rênes ? Hors de question, et comme pour rappeler cette vérité il leva sous son nez une main qui était bien abîmée par l’ascension et la corde. Peu de chances qu’il parvienne à la tenir comme il faut pour la guider… il préférait que Shad guide. Son courage avait des limites tout de même ! Il espérait peu à peu que le vol ne durerait pas une éternité, d’autant qu’il n’avait plus ce courage et cette force que lui offrait Sire Loup, qui semblait aussi mal à l’aise que lui dans cette situation…

« Y a moyen de la faire descendre cette bête ? Qu’on puisse se poser et arrêter ça ! »

Elle devait le sentir, mais il se cramponnait de plus en plus fort sur elle, comme si sa vie en dépendait ! Il crispait ses yeux fermés pour ne rien voir, sa tête appuyée sur le dos de la louve… Pitié, que ça s’arrête… ça allait bien cinq minutes, d’autant qu’il avait envie de rendre son déjeuner !

Shad réalisa bien vite que sa proposition n’était pas la bonne. Observant la man d’Aelfric sous son nez, elle dû bien admettre qu’il ne pourrait pas décemment tenir les lianes qui  lui servaient à diriger plus ou moins la créature. C’est donc en agrippant fermement sa prise, qu’elle lui indiqua qu’elle avait compris son message.  Tout en volant, la louve observait les alentours, cherchant un coin où se poser, jetant également des regards vers son passager qui ne cessait de se cramponner à elle.

« Ca va aller..On va trouver un endroit où descendre…sans heurt. »

Plus facile à dire qu’à faire. Et avec toutes cette histoire, ils s’étaient éloignés de leur petit campement et donc de la ville. L’oKami tentait en vain de chercher un point de repère mais dans cette pénombre, autant dire que cela était peine perdue. Si les deux loups voudraient savoir où ils se trouvaient, ils n’auraient d’autre choix que d’attendre le lever du jour et de se chercher un point d’observation.

Finalement,  Shad donna un petit coup de talon dans les flancs de la bête afin de lui faire amorcer une descente vers la terre ferme.  Cette dernière sembla bien partie avant que la Wywerne, mue par un instinct farouche, recommence à se cambrer, à tenter de faire descendre ses deux cavaliers hors de son dos. Voyant cela et surtout ressentant la créature qui ne cessait de jouer au rodéo.

Par chance, la bestiole ne reprenait pas de l’ascension et continuer à se diriger vers le sol. Enfin, une chance ou une malchance ?  L’Okami et son compère devront prendre une décision, et rapidement. Si la Wyverne s’approcherait du sol, ils pourraient tenter de sauter et espérer ne pas se faire plus de mal. Tout en se tenant, la louve cherchait une solution, apercevant au loin le miroitant distinct d’une surface d’eau.

« Prépares toi à sauter, nous n’avons pas le choix ! »

Donnant un grand coup dans les flancs de la créature volante, Shad l’obligea tant bien que mal à se diriger vers ce qui semblait être un petit étang. Mieux valait se mouiller que de percuter fortement le sol rocailleux et ferme. Petit bémol, la bête volait à une vingtaine de mètres du point d’impact, il ne restait plus qu’à espérer que l’étang était assez profond.

« Bon… »

Prenant son inspiration, la louve relâcha sa prise au niveau des flancs de l’animal, avant de lâcher la liane à son tour, se laissant chuter vers l’étendue d’eau, Aelfric cramponné à son dos. L’impact des deux corps dans l’étang fit soulever une grande masse d’eau dans le ciel crépusculaire de la nuit. La wywerne ? Cette dernière repartie vers son nid, sans demander son reste, lâchant un cri strident dans le ciel.

L’arrivée dans l’eau fut quelque peu mouvementé et  les deux loups furent d’abords ballotés ici et là sous l’étang, perdant tout point de repère.  Finalement, la louve parvint à remonter à la surface,  aidant  Aelfric à remonter également, non sans prendre un grand bol d’air et de toussoter légèrement. Puis, la louve fut pris d’un irrémédiable fou rire.