Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Outrage et jouissance [Steph'] - [Terminé]

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Mélisandre Cairn

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Outrage et jouissance [Steph'] - [Terminé]

mardi 15 octobre 2013, 17:00:28

Une place publique d'Ashnard.

Traverser les landes avait été une épreuve qui s'inscrivait à présent dans sa chair rompue de fatigue. Harassée par une longue et terrible marche au travers des steppes infestées de créatures belliqueuses, Mélisandre arborait sur son visage émacié et son corps affamé les stigmates de son éprouvant voyage. Son regard s'ouvrait toujours sur une indescriptible volonté de persévérance tenace : ne pas flancher, surtout -ne pas flancher, mais la fougue passionnée qui l'habitait d'ordinaire s'était réduite à une maigre étincelle, entretenue par un lit de braises moribondes.
A mi-chemin, arrivée à l'extrême pôle de ses capacités physiques, la démone avait dû tordre sa fierté à l'autorité de sa raison et se résigner à attirer les faveurs de l'instigateur du périple. Partageant dès lors sa couche princière, car seuls les princes marchands s'avéraient assez excentriques et fortunés pour entreprendre la traversée des landes jusqu'à Ashnard- la captive avait pu prétendre à un vieil hongre sur lequel chevaucher et poursuivre le voyage. L'esclavagiste connaissait la valeur de sa cargaison, dont elle constituait probablement la fine fleur. Aussi avait-il consenti à lui conférer en plus un statut d'immunité au sein de la caravane, privilège qui devait lui épargner le désagrément de se faire saillir par toute la cohorte de mercenaires, laquelle faisait autant office d'escorte que de geôliers. Cet apanage revint en effet au reste du groupe, car Mélisandre n'était pas la seule à transiter pour être vendue comme esclave dans le royaume du tyran Mordret. Ainsi, à leur arrivée aux portes de la ville, si elle n'était pas au meilleure de sa forme ni de sa fraîcheur, ce n'était en rien comparable à l'état général des aux autres prisonniers.

La brunette chassa la mèche barrant son visage d'un soupir sec. L'aube perçait difficilement l'épaisseur filandreuse des nuages. Le vrai visage d'Ashnard se déployait au fur et à mesure que le convoi s'enfonçait dans la ville, toujours terne et désolante sous le ciel de plomb. Une atmosphère oppressante flottait comme un poison sur les terres opprimées. La brume matinale étreignait les corps des vivants et des morts dans une étole inquiétante et vaporeuse, et le sol sous leurs pas se craquelait à la manière d’une biscotte trop sèche, blessant la corne des pieds nus.
La place s'arrachait doucement à son engourdissement, se préparant à recevoir l'ébullition de la vente. On s'affairait de tous côtés, pressé, nerveux. Les artères de la ville se mirent progressivement à fourmiller d'activités plus ou moins recommandables. Le flux de l'effervescence ne tarda pas à converger vers la place du marché, là où la foule de curieux commençait à se masser pour tenter d’apercevoir la marchandise.
Placés sur une haute estrade, les captifs furent exposés au sévère jugement des chalands, enchaînés et écrasés par le poids de leur lassitude servile. Mélisandre dominait la masse indistincte de la populace, l’œil quelque peu éteint, mais suffisamment fière encore pour demeurer droite et jauger l'assistance. Un nabot à la truffe épatée ne tarda pas à l'approcher, et elle se redressa pour le toiser de toute la hauteur de son arrogance. Avant qu'il n'aie le temps de la dépouiller des loques couvrant encore l'indécence de son corps fourbu, elle l'apostropha :

" Savez-vous pourquoi - "

Sa question fut aussitôt noyée par le brouhaha ambiant, car à sa grande surprise, sa voix s'était brisée au milieu. Après s'être éclaircie la gorge, elle fit une nouvelle tentative, d'une voix que supportait désormais son aplomb de fauve :

" Si je porte ces fers, l'ami, c'est que le dernier à avoir essayé de me dénuder est tombé à genoux devant moi, plus mort que vif. "

Le type suspendit son geste et se mit à la contempler d'un air parfaitement stupide, ahuri par la conteneur de ses paroles. Elle esquissa l'ombre d'un sourire, les prunelles opaques. Comme elle surprenait son regard circonspect sur les chaînes qui entravaient douloureusement ses poignets, elle s'inclina vers lui pour ajouter :

" Et je n'ai même pas eu besoin de le toucher. Les gens de ce pays ont des aptitudes remarquables, n'est-ce pas ? Effrayantes, mais remarquables. On ne sait jamais sur qui on va tomber. "

La démone se lécha subrepticement les lèvres, à la manière d'un prédateur évaluant sa prochaine proie. Oh, bien sûr, rien n'était aussi redoutable que son bluff, car en vérité, elle se savait aussi vulnérable qu'elle l'était en réalité. Néanmoins la combine fonctionna, et l'affreux avorton grommela, décontenancé. Son mufle émit un vrombissement de contrariété, après quoi, il s'éloigna d'une démarche où se dandinait tout le grotesque de sa petite personne. Il s'en alla quérir l’appui d'un des geôliers un peu plus loin, celui qui arborait une paire de cornes ciselées sur le front, depuis longtemps connu au sein de la caravane pour le maniement sévère de son fouet et le désert navrant de sa tête vide. Un frisson d'adrénaline rampa discrètement le long de son dos.

" Mélisandre. J'aurais dû m'en douter, " maugréa le mercenaire en arrivant à sa hauteur, flanqué du gnome, lequel demeurait prudemment en retrait sur l'estrade.

La main calleuse du soldat se porta machinalement au fouet battant sa cuisse. Il avait toujours apprécié l'excitation que lui procurait le contact de ce symbole d'autorité. La jeune femme ignora sciemment la menace latente-sans quoi les tressaillements de son corps auraient probablement trahi sa nervosité.

" Ce petit personnage désirait savoir combien de fois il fallait être cocu pour obtenir les mêmes cornes que les vôtres, " déclara-t-elle d'une traite, désinvolte, baissant les yeux sur la victime de son accusation, avant de désigner les excroissances disgracieuses de son geôlier.

Ce dernier eut un léger spasme de la main, raffermissant en même temps sa prise sur le manche du fouet. Seul son regard haineux était en mesure de dénoncer la rage brûlante qui lui tenait lieu d'humeur en cet instant car sinon, son expression demeura figée, abasourdie de fureur. Son poing ganté de fer vola sans attendre à la rencontre de la mâchoire du nabot, qui, après avoir émis un craquement lugubre, fut violemment propulsé hors des limites de la tribune, parmi les exclamations de surprise de la foule.
Mélisandre ne prit pas le temps de se réjouir de la tournure des évènements. D'autres occasions de ce genre ne se présenteraient sans doute pas. Elle rassembla ses esprits et se concentra, s'astreignant au calme le plus complet. L'instant d'après, ses fers frappaient le sol, toujours scellés, mais les bracelets vidés de leur prisonnière. La charmante créature avait brusquement disparu de la surface de la scène.
Un œil attentif cependant pouvait distinguer, parmi la cohue, une petite chatte noire sauter au bas de l'estrade et fausser compagnie à tout ce beau monde en se faufilant lestement entre leurs jambes.

Le félin s'écarta rapidement de l'épicentre de l'agitation, se réfugiant vers le fond de la place, là où la foule se clairsemait. Elle sauta sur le comptoir d'une échoppe décrépite, à l'ombre de la devanture, puis s'assit tranquillement, adoptant une pose presque indolente. De là, on percevait nettement les cris déchirants du gnome qu'on flagellait en public.
La chatte porta lentement la patte à son museau et y apposa une lèche râpeuse pour en lustrer le poil, l'air parfaitement détaché. Voir un autre écoper d'une punition qui lui revenait faisait partie de ces petits plaisirs dont elle se délectait outrageusement.
« Modifié: mercredi 20 novembre 2013, 00:47:56 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 1 mercredi 16 octobre 2013, 18:52:14

Les braillements du supplicié faiblissaient à présent, ne surgissant plus que de manière très irrégulière et succincte. Soit que leur émetteur arrivait en bout de course, soit qu'on avait mis fin à son calvaire. La petite chatte interrompit sa toilette, le temps de tendre l'oreille, à l'affût, voir si elle discernait toujours le claquement sec du fouet qui lacérait aussi bien l'air que la chair. Mais non. La vente semblait avoir repris son cours habituel, attirant son lot de badauds. Il était temps pour elle de se retirer avant qu'on ne se rende compte de son évasion, bien qu'il lui paraissait peu probable d'être d'emblée suspectée sous cette forme. Elle préférait ne pas trop tarder en chemin cependant, quitter Ashnard au plus vite pour atteindre des terres moins inhospitalières, surtout avec sa nouvelle condition de fugitive. Le temps de se faire oublier, du moins. Si on lui remettait la main dessus avant, elle ne s'en sortirait sans doute pas indemne. Loin de là. Mais les risques qu'elle endossait, elle les justifiait par le mépris et la répugnance que son indépendance vouait à la vie de servitude. Sa fierté mêlée d'orgueil la poussait à s'affranchir de tout ce qui était susceptible de la brider. A n'importe quel prix -ou presque.

Néanmoins, le félin avait peut-être déjà fait preuve de trop d'imprudence. C'est la pensée qui la traversa lorsque l'or liquide de ses prunelles avisèrent la silhouette de l'inconnu, tout près, drapé d'une cape conférant de l'ampleur à sa démarche. Dédaignant la vulgarité de sa main ouverte, la chatte soutint d'entrée de jeu l'intensité de son regard, un instant captivée par leur flamboiement, réprimant de ce fait l'éclosion d'un frisson. Le duvet de sa nuque se hérissa néanmoins à hauteur du garrot, inexplicablement électrifié. Elle n'était pas effrayée, non... Seulement, elle décelait quelque chose de particulier chez cet individu. Quelque chose contre lequel son instinct la mettait sourdement en garde. Il dégageait, en outre, une puissante aura démoniaque, alors qu'elle n'était elle-même qu'un démon anonyme, dont la jeunesse concurrençait l'inexpérience. Mais être intimidée ne lui vint pas à l'esprit.

L'élégant félidé, au poil un peu plus terne que d'habitude, fit onduler l’extrémité de sa queue en l'écoutant. Inutile de jouer le rôle de la bête effarouchée plus longtemps, lui souffla sa conscience. Pas avec lui.
Elle suivit l'orientation de son regard et se leva, prête à obtempérer. Quitter la place était la meilleure chose à faire, du reste. Elle s'éloigna en cinq foulées galopantes jusqu'à atteindre l'orée de la ruelle et s'y engouffra sans hésitation. L'animal n'avait toutefois pas filé assez vite pour donner l'impression d'une fuite, car là n'était pas son intention.
Profitant de son avance, la chatte se cala sous un porche, de façon à se draper dans l'obscurité ambiante. L'étreinte des ténèbres lui offrit un semblant d'intimité pendant que sa silhouette s'élançait et se modelait pour adopter les courbes exquises d'une jeune femme entièrement nue.

Mélisandre se mordilla farouchement la lèvre inférieure en mesurant l'étendue de sa vulnérabilité. Les murs suintants qui l'encadraient léchaient sa peau nue comme pour en goûter la sensibilité, déclenchant de violents tressaillements dans ses membres, désagréables. Elle plaqua son dos contre la porte condamnée, derrière elle, afin de demeurer dans le couvert de l'ombre. Des échardes sournoises égratignèrent aussitôt la chute de ses reins et l'harmonieux arrondi de son fessier. L'épaisseur des ténèbres estompait les traces de contusions arborées par son corps brimé, comme le témoignage silencieux des épreuves traversées. La démone pressa son bras droit contre sa poitrine, et remonta sa cuisse contre la chaleur diffuse de son intimité pour en couvrir la nudité. Il s'agissait moins de pudeur que d'une volonté de paraître moins vulnérable face à ce qui l'attendait. De ses lèvres entrouvertes s'échappa le souffle régulier mais fébrile de sa respiration, et elle se mit à compter les secondes qui la séparaient encore de son prochain tête à tête. Il y avait mieux à faire que fuir. Elle en était persuadée.

" Bonjour, " susurra sa voix dans un léger murmure, alors qu'elle reconnaissait l'ombre de l'étranger.

Il allait vite comprendre en inhalant son parfum, aux notes capiteuses et métissées de nervosité.

" Vous n'allez prévenir personne, ajouta-elle rapidement, car je me doute que vous ne cachez pas votre jolie tête sous ce chapeau par hasard. La ville d'Ashnar est un piège aux mâchoires perfides. Vous avez tout autant intérêt que moi à rester discret. Et c'est ce que nous allons faire. "


L'outrecuidance de son aplomb lui revenait enfin. La brunette exposa furtivement les traits de son visage à un faisceau de lumière tamisé, se penchant imperceptiblement vers son interlocuteur.

" Soyez aimable. Ôtez votre manteau et votre couvre-chef, et donnez-les moi. Je crois en avoir davantage besoin que vous. "

Sa main libre se tendit à son tour vers l'imposante stature du démon, ouverte, pour le solliciter. Un sourire fugace flotta sur ses lèvres.

" Après quoi j'envisagerai de vous tenir compagnie le temps que les choses se tassent. Vous m'avez tout l'air d'être un charmant personnage. "

Son ton était caressant. L'urgence de la situation la contraignait à un pragmatisme des plus efficaces. La belle avait en effet besoin de vêtements pour traverser la ville -car elle ne pourrait décemment pas conserver son apparence de chatte indéfiniment, et si possible d'un accompagnateur, car les recherches se focaliseraient dans un premier temps sur les femmes isolées, qui correspondraient à sa description. Elle susciterait moins de suspicion si elle était flanquée d'un type comme lui.

" Où est c'te garce ?! "


Mélisandre détacha brusquement son regard du démon pour épier l'embouchure de la ruelle, ombrageuse et anxieuse.

" TROUVEZ-LA BORDEL ! "

Son nez se plissa de contrariété, tandis qu'un frisson hérissait sa peau dénudée, désespérément exposée.

" S'ils nous débusquent, je prétendrais que vous avez profité de la mêlée pour me détacher et tenter de me voler. "

Son regard de fauve se confronta de nouveau à celui de l'homme, avec une intensité renouvelée. Elle souriait en douce.


" Les voleurs ne sont pas appréciés, ici plus qu'ailleurs. Ces messieurs préfèreront me croire parce qu'ils auront moins à perdre à s'en prendre à vous qu'à moi. Ils vous traîneront sur la place pour faire de vous un exemple, plutôt que d'avoir à gâcher la marchandise que je constitue. A leurs yeux j'ai de la valeur, plus que vous, et ils sont une vingtaine, vous n'aurez pas le temps d'exposer vos droits ou vos arguments. "


L'impudente leva son visage vers le sien, redressant le menton avec défi. Créer l'illusion d'une position de force, voilà ce qui pourrait la sauvegarder. Oh, évidemment, elle avait conscience du degré de danger auquel elle s'exposait, mais à choisir, elle préférait endurer sa répartie plutôt que le fouet des mercenaires.
« Modifié: mercredi 16 octobre 2013, 20:16:52 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 2 mercredi 16 octobre 2013, 23:50:46

Mélisandre l'observait attentivement, blottie dans l'ombre de sa petite cavité et le tiède réconfort de ses bras. Elle le dévisageait avec l'assurance qui la caractérisait, l’œil sobre, plein de réserve. Elle se devait d'être sur ses gardes, aussi la défiance se déchiffrait sur sa figure cernée de mèches noires. Mais la peur demeurait définitivement absente. Si elle se méfiait du diable, elle ne le craignait visiblement pas, quand bien même qu'elle sentait la brûlure de son regard sur son corps nu, avec une acuité accrue. Elle ne se laissa pas troubler, peu disposée à déposer les armes devant lui. L'effrontée n’identifiait que trop bien le miel de son regard, parfaitement étudié pour appâter son gibier. Il lui revenait de lui faire comprendre qu'elle n'en n'était pas un.

La première réplique du séduisant démon manqua de peu de la faire rire. Un petit rire amusé, discrètement spontané, car il mettait le doigt sur une vérité aussi drôle qu'affligeante : elle pouvait exiger et fanfaronner tant qu'elle voulait, le fait est qu'elle restait à poil dans le pire lieu qui soit. Là. Dans le fin fond d'une ruelle Ashnardienne. Bien vu, l'ami.
Mais son enthousiasme se volatilisa bien vite. La jolie brune se figea en inspirant doucement au contact de son index, pourtant très bref. Elle frémit, malgré elle, le regard légèrement plus oblique, presque torve.

La sulfureuse démone saisit vivement ce qu'il lui présenta, pressée de se couvrir. Ce qu'elle fit, se retournant face à la porte close, présentant l'espace de quelques secondes la cambrure de son dos à l'homme. Elle enfila le gilet en prenant soin de le boutonner en entier, noua la cape autour de sa taille comme une jupe de bohémienne puis vissa le chapeau sur sa tête -ce qui lui conféra un petit air renfrogné.
Mélisandre fit de nouveau face au mystérieux inconnu, s'appliquant à lisser l'étoffe du gilet sous lequel pointait -à son grand désespoir, l'insolence de ses tétons dressés. Elle leva les yeux vers le démon, le temps qu'il épingle l'insigne sur sa poitrine, avant de ranger quelques mèches récalcitrantes sous sa coiffe. Finalement, un léger sourire naquit au coin de ses lèvres lorsqu'elle lui emboîta le pas, un rien moqueuse.

" A la bonne heure, " répliqua-t-elle d'une voix légère, forçant l'allure pour ne pas se laisser distancer par ses grandes enjambées.

La féline prit soin de rabattre les pans de son couvre-chef sur son joli minois, lequel se brouillait dès lors dans l'ombre, le rendant méconnaissable. Elle se permit néanmoins la fantaisie d'un coup d’œil critique sur l'austère façade de l'auberge, une fois arrivée devant.

" Bonne idée, lança-t-elle à l'intention de son accompagnateur, appuyé d'un regard railleur. Puisque votre bourse est en si meilleure état que la mienne, vous allez pouvoir vous en servir. J'ai soif, et je meurs de faim. "

Et sans rien ajouter d'autre, la belle se détacha de l'arrogant personnage pour pousser la porte de la Nuit Rouge et en franchir le seuil seule. Un molosse aux babines écumantes l'accueillit dans le vestibule, solidement enchaîné au mur d'en face. Dès qu'il aperçut Mélisandre, il se rua sauvagement en avant, à moitié étranglé par son collier. Ses aboiements enragés faisaient trembler les murs. La jeune femme se garda de reculer, hors de portée. Statique face à la bête, elle le gratifia d'un regard à la fois moqueur et dédaigneux.

" Sale bête, " glissa-t-elle, le sourcil dressé sur le mépris de ses prunelles.

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 3 jeudi 17 octobre 2013, 05:18:54

Mélisandre avait éludé les questions de son noble étranger d'un simple sourire, espiègle, à l'ombre de son chapeau. Elle l'avait senti impatient durant le trajet. Désireux d'en savoir davantage sur elle, pour mieux la cerner. Apparemment, ce qui lui échappait avait le don de le travailler, car elle l'avait trouvé songeur tout du long. L'agaçait-elle ? Cette idée la fit sourire doucement. L'affriolante brunette avait marché à sa hauteur et s'était fiée  à son regard et à son attitude pour  déterminer leur point de chute. Elle ne connaissait pas Ashnard si bien que ça. Même si elle s'y était déjà rendue auparavant, pour des affaires qui ne regardaient qu'elle. Et certainement pas en tant "qu'esclave".

La jeune femme nargua le molosse jusqu'à ce que retentisse la voix de son propriétaire, toute aussi tonitruante que celle de son foutu cabot. Ce dernier jappa sourdement, puis se tut, les babines frémissantes de rage, retroussées sur une rangée de crocs jaunis. Ces bêtes serviles méritaient bien leur place aux pieds de leur maître, ou enchaînés à un mur.
La diablesse émit un léger claquement de langue pour exciter une dernière fois l'animal, avant de jeter un regard circulaire dans la grande salle, surprenant le salut timoré du dénommé Silat. Elle rentra dans la pièce pour s'en approcher, d'un pas souple, délié, qui faisait ondoyer sa jupe improvisée, fendue au niveau de la cuisse. Elle lui adressa un coup d’œil limpide, chaleureux même, en passant à sa hauteur, raflant au passage une miche de pain sur sa table. C'était un joli garçon. Le valet de son bel inconnu, à l'évidence. Elle se demanda brièvement s'il s'en servait comme intermède sexuel, à ses heures perdues. Ce qui la fit revenir au démon, qu'elle contempla tirer une chaise à son intention, en retrait. Elle ne manquerait pas de lui poser la question d'ailleurs, bien qu'elle se doutait de la réponse. Avec un peu de chance, elle titillerait sa susceptibilité.

Une fois de plus, Mélisandre s'exécuta en prenant place face au beau diable, sans s'offusquer de son ton péremptoire, pressée de se sustenter. Elle sortit le pain récemment ravi de son gilet et mordit dedans, vorace, cédant à l'appel de son estomac vide, trop affamée pour se préoccuper de la qualité de la croûte pourtant douteuse. Pour autant, elle ne délaissait pas son interlocuteur, qu'elle étudiait soigneusement, le regard sombre et pénétrant. Elle n'avait pas quitté son chapeau, par excès de prudence. Les rares clients que comptait l'auberge se distribuaient en rangs éparses, éparpillés, pareils à des moutons égarés, perdus dans la contemplation de leur choppe de bière.
La féline consentit à mâcher et à avaler sa dernière bouchée de pain dans l'optique de l'échange à venir. Elle épousseta négligemment le haut de son gilet, constellé de miettes, tout en récapitulant d'une voix narquoise :

" Donc, si je fais le point, vous êtes un nobliau appartenant à la haute société Nexusienne, relativement influant, puissant, jouissant d'une place et d'une notoriété certaine au sein de la confrérie Rougelames -en plus d'être pingre. "

L'impudente avait compté sur ses doigts tout en énonçant chaque détails, insistant particulièrement sur le dernier d'entre eux, l’œil moqueur. Délibérément provocante. Elle s'interrompit le temps de s'adresser au garçon de table pour lui réclamer un grand verre de lait et une autre portion de sanglier, souriante.
Elle se pourlécha ensuite les lèvres.

" Je puis également ajouter sans craindre de me tromper que vous êtes bouffi de vanité. Même plus que moi. Chose assez exceptionnelle pour mériter d'être soulignée. "


La ravissante donzelle s'accouda sur la table, parfaitement à l'aise. D'humeur mutine.

" Heureusement j'ai une monnaie d'échange. J'en sais à présent davantage sur vous que vous sur moi. Aussi je vous propose le marché suivant : vous m'invitez à votre table et en échange, durant le déroulement du repas, je répondrai aux questions que vous soulèverez. Sans détours. "

Mélisandre pencha légèrement la tête de côté, attentive, mais aussi un rien fascinée -il fallait l'admettre, par le magnétisme du Nexusien, et le dessin de ses muscles sous la délicate étoffe de sa chemise.
Elle arqua un sourcil réticent à sa dernière remarque.

" Navrée si je vous ai offensé, noble étranger, minauda-t-elle, malicieuse. Je me permets cependant de vous faire remarquer que j'ai passé l'âge des remontrances. "

Elle s'autorisa un regard en arrière, vers les cuisines, alléchée par les odeurs de nourriture. Impatiente.

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 4 vendredi 18 octobre 2013, 16:14:48

La féline faisait glisser l'ombre de son regard sur les bras et le buste de son complice, l'air distraite, comme concentrée sur ce qu'elle voyait. Le textile de la chemise peinait à contenir sa musculature sculpturale, largement mise en valeur par ses bras croisés, où se devinait d'ailleurs le sillon des muscles, fermes et imposants. Tout en lui transpirait une puissance brute et résolument masculine, rehaussée par sa posture, presque autoritaire. Mais la petite chatte ne saurait décidément pas s'y soumettre. En vérité, la jolie brunette se sentait peu concernée par l'aura impérieuse qu'il libérait -alors qu'une seule de ses mains aurait probablement suffit à la maîtriser. Elle observa son index éprouver la rigidité de son biceps, en rythme, tandis qu'il s'exprimait. Sans doute la sobre manifestation de l'irritation qu'il sentait poindre.

Un noble d'en bas. La précision fit doucement inspirer la belle, et elle enfouit son trouble au fin-fond de l'abîme de ses prunelles, raidit sur sa chaise, quelques secondes. D'habitude, elle préférait s'épargner les rencontres avec les régisseurs infernaux. D'une part, parce qu'elle détestait avoir des comptes à rendre, et d'autre part parce qu'attirer leur attention n'était jamais une bonne chose. Sa nature solitaire et indépendante l'amenait tout simplement à s'abstenir de pénétrer dans leur sphère. Par ailleurs, il n'était pas impossible que sa dernière bévue soit remontée jusqu'à d'éminentes oreilles démoniaques... Après tout, ce...  Morgan avait appartenu à une classe supérieure, lui aussi. Et si sa mort ne pouvait pas lui être directement imputée, nul doute qu'elle y avait largement contribué.
Mélisandre renifla, quelque peu décontenancée. Évidemment, elle avait flairé sa condition de démon supérieur, mais à vrai dire, elle ne l'avait pas imaginé en seigneur infernal. Voilà qui allait sérieusement corser l'aventure. En fait... il lui faudrait redoubler de vigilance.

L'indécente fugitive jeta un bref coup d’œil vers Silat, attablé à l'écart, pensive. Elle n'était pas nerveuse. Mais préoccupée. Un haussement d'épaules laconique sembla néanmoins la débarrasser de ce malaise passager. Le beau diable ignorait qui elle était, et il semblait peu probable que des échos de cette affaire lui soient parvenus. Si tel était le cas, alors, force serait de constater qu'elle jouait de malchance.
Du coup, la consigne du mâle résonna comme un conseil avisé, et Mélisandre ne put s'empêcher d'ébaucher un sourire en relevant les yeux vers lui, l'air badin. Le prendre de haut ? Oh, elle y avait songé. Son impertinence l'aurait en temps normal poussée à le faire, mais elle choisit, cette fois, de céder du terrain à sa sagesse, si tant est qu'elle en possédait une once. La jeune femme se contenta de chasser une mèche chatouillant son museau, lequel s'était légèrement froissé sous la caresse. Son silence camouflait la réflexion de son esprit, tandis qu'elle écoutait l'homme, placide. Presque sage.

Sa situation ? Eh bien, la sulfureuse démone en avait pleinement conscience. Elle savait tout aussi bien qu'un moment auparavant, ses épaules supportaient le poids de l'esclavage, qu'elle était nue et vulnérable, et cachait la misère de sa condition dans la pénombre d'une ruelle sordide. A présent, elle semblait hors d'atteinte de ses geôliers, possédait une tenue -certes extravagante, mais décente, et s'apprêtait à dévorer un repas chaud en charmante compagnie, dans une auberge. Oh et, elle allait siroter un savoureux verre de lait, aussi. D'ailleurs, sa main gracile s'empara de la coupe lorsque cette dernière se matérialisa devant elle. L'odeur qui s'exhalait des plats de viande la faisait saliver. Prenant une gourmande lampée d'une main, elle s'attaqua à la découpe de sa venaison de l'autre, armée d'un couteau, faisant sciemment patienter le ténébreux personnage, dont elle sentait le regard s'appesantir au fil des secondes. Elle ingurgita plusieurs morceaux de viande, généreusement saucés au préalable, puis épongea le nuage laiteux au-dessus de sa lèvre avant de consentir à prendre la parole, le regard pétillant de satisfaction.

" Qui parle de vous causer du tort ?, lâcha-t-elle, reprenant presque aussitôt sur le ton feint et mielleux de l'analyse critique. A moins que vous souhaitiez simplement mettre en lumière votre position plus avantageuse que la mienne en les comparant toutes deux. Ce qui laisserait supposer que je vous fais douter au point que vous vous sentiez obligé de rétablir votre autorité par vos titres, peut-être parce que vous la sentez bancale ou inefficace... qui sait."


Mais l'effrontée savait parfaitement de quoi il en retournait en réalité, car il s'agissait ni plus ni moins d'une mise en garde à peine travestie, qui lui faisait l'effet d'une badine allégrement agitée au-dessus d'elle, ce qui lui soutira un léger frisson d'excitation, semblable à l'adrénaline. Le genre d'excitation qui vous poussait à mesurer vos faits et gestes en connaissance de cause -ou bien à battre en retraite. Chose qui ne lui ressemblait pas.
L'affamée céda de nouveau à son appétit et enfourna une autre bouchée de sanglier, qu'elle savoura longuement, avant d'essuyer les contours de sa bouche d'un revers de main, faute de serviette.

" Je ne me pensais pas si intimidante, pourtant, " précisa-t-elle pour elle-même, alors qu'elle achevait son verre d'une traite.

Après quoi, elle fit planer un nouveau silence, toute affairée qu'elle était à dévorer le contenu de son assiette. Ce n'est que lorsque celle-ci fut à moitié vide qu'elle reprit d'une voix mesurée, gratifiant son interlocuteur d'un regard appuyé :

" Une démone. Bien vu. "

Un instant d'hésitation succéda sa réplique. Mais il fallait bien jouer le jeu. Mélisandre contempla le vide navrant de son verre tout en le manipulant, soupirant.

" Humaine... autrefois, " souffla-t-elle, plus bas, manifestement désireuse de  passer outre.

Puis elle reprit couteau et fourchette et piqua sèchement un morceau qui subit aussitôt un sort équivalent au reste de son repas.

" Mmmh... Pour le reste, je dirais que c'était pour couvrir un homme qui m'a rendu service. Je savais que je ne resterai pas longtemps une esclave, de toute manière. "

La ravissante créature croisa le regard brûlant du noble infernal, tempérant la fougue de sa propre arrogance pour se plier au jeu des questions-réponses. Néanmoins, elle ne put s'empêcher de passer à l'offensive à son tour, un sourire résolument goguenard suspendu aux lèvres :

" Silat met-il à votre disposition ses charmes, en plus de ses services  ? "

Elle jeta un coup d’œil inquisiteur par-dessus son épaule, jaugeant le concerné, à la fois amusée et curieuse.

" Je dois admettre que vous avez bon goût. Vous permettez que je m'entretienne avec lui à sa table, rien qu'une minute ? Promis, je ne vous délaisserai pas longtemps. "

La démone, aux allures de bohémienne, esquissa le geste de se lever de table. Élégante, toujours.
« Modifié: vendredi 18 octobre 2013, 16:35:24 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 5 samedi 19 octobre 2013, 22:13:50

Mélisandre s'adonnait à un jeu éminemment dangereux, dont elle percevait à présent les deux issues envisageables. Dans l'une d'elle, la petite chatte serait sauve, et dans l'autre... Mmmh... Elle observait la véhémence frénétique avec laquelle le mâle venait à bout de sa pièce de viande, partagée entre la distraction qu'il offrait et la prudence qui s'imposait face à une telle manifestation d'acharnement et de vigueur. La féline était trop réceptive à l'agitation houleuse de son interlocuteur pour ne pas percevoir la tension sexuelle autour de leur table, intense et musquée, presque palpable. Ainsi les pulsions du démon entraient en résonance avec ses bas-instincts, puissants et irraisonnés. Allait-elle entreprendre de les apprivoiser, ou bien continuer à les exciter ? Jouer avec le feu, mais ne pas se brûler. Voilà une entreprise téméraire.
La jeune femme laissa s'épanouir un petit sourire en recevant sa critique. Plutôt que de s'en offenser, elle se pencha très légèrement vers lui, le regard pétillant, tout en le dévisageant avec insistance.

" Mon plan de fuite n'en n'était peut-être pas un. Peut-être que j'attendais sur cette place la venue d'un noble seigneur, mais que ce dernier est arrivé un peu tard. Mais qu'importe puisqu'à présent, il se rattrape en m'offrant le gîte et le couvert. "

Lorsque l'attention de la belle s'était redirigée vers Silat, ce n'était pas vraiment pour les attraits qu'il présentait -bien qu'ils demeuraient indéniables, mais le laisser penser à son fortuné mécène n'était pas pour lui déplaire. A vrai dire, à choisir, elle se dirigerait naturellement vers le beau diable. Comment s'en défendre ? Il l'attirait, indéniablement, et elle concédait à ses propres instincts qu'ils avaient le mérite d'être plein d'audace, même s'ils la déroutaient parfois. Mais quelque soit la force de l'attraction, elle ne s'y plierait pas, car elle entrevoyait, entre ses mains, les affres de l'asservissement qui la rebutaient tant.

Mélisandre se mordilla délicatement la lèvre sous l'implacable regard ambré de l'homme, attentive. Son clan ? Parlait-il d'un cercle fermé de démons supérieurs ? Non. A voir Silat, ça n'en n'était pas un. Pas encore... Elle continuait à épier le jeune éphèbe qui se tenait à l'écart, sans pudeur, quitte à le rendre mal à l'aise.
Encore une mise en garde. La féline émit un léger soupir. Elle n'accordait qu'un crédit modéré à sa petite histoire. Peut-être était-ce là le moyen de la pousser à la faute, après tout. Attendait-il l'ultime provocation de sa part pour justifier une riposte aux allures de réprimande ? Oh oui, elle aimait le défier, lui et son indéfectible arrogance, mais là encore, il y avait mieux à faire. Elle suivit l'arabesque suggestive que sa langue dessina sur sa bouche, en un clin d'oeil, soustrayant le tressaillement discret de sa personne sous un masque impassible.

" Cela voudrait-il dire que vous n'êtes pas complètement ingrat ?, s'étonna-t-elle, dotée d'une déférence surfaite. Je tiendrais ma langue si vous-même tenez la votre. N'opposez aucune objection à ce que je vais lui demander. De plus, n'oubliez pas, je vous prie, que contrairement à votre valet, je ne vous appartiens pas. Et on ne pose pas les mains sur ce qui ne nous appartient pas sans y être invité, et cela vaut aussi pour les suzerains. "


Évidemment, la brunette aurait préféré s'entretenir seule avec le garçon, car son influence risquait fort de pâtir de celle que son maître détenait sur lui. Elle ferait avec, cependant, confiante. Il n'y aurait qu'à adapter son discours et se garder de faire de faux-pas. Comme elle reposait une partie de son attention sur l'écuyer, l'imposant démon lui parut soudain comme un fauve menaçant faisant planer sur elle la menace tacite de sa gueule hérissée de crocs. Et ce seul constat lui fit doucement plisser les yeux, les rétines réduites à deux fentes opaques.

" Bonjour, Silat, " répondit Mélisandre d'une voix mesurée et douce, qui contrastait avec la contrariété néanmoins tempérée de son regard.

Elle pencha la tête de côté tout en le scrutant. Son couvre-chef jetait des ombres troublantes sur les traits raffinés de son minois, lequel s'esquissait dans un jeu d'ombres et de lumières. Outre l'anxiété fébrile qu'il dégageait, le jeune homme exhalait l'odeur caractéristique de la paille et du cuir bien entretenu, mêlée à celle plus entêtante du cheval. A l'évidence, les deux comparses étaient venus montés. Ce qui justifiait sans doute le choix de l'auberge, qui possédait une écurie attenante, en plus du confort relatif de quelques chambres.

" Plusieurs choses. D'abord, tu vas aller seller ton cheval en le chargeant de tes effets, car ton maître entend prolonger notre tête à tête. Ainsi tu auras le temps de me dégotter d'autres habits, plus seyants. Une élégante robe rouge, si possible. Mais avant de partir tout de suite après avoir préparé ta monture, tu iras monter de l'eau chaude dans une des chambres, car je prévois de me débarbouiller, de façon à être présentable pour ton précepteur. J'insiste : tu ne le fais qu'une fois avoir bridé ton cheval, car je tiens à ce que l'eau soit brûlante, je ne veux pas qu'elle aie le temps de refroidir. Ça me laissera le temps de finir de manger. Et avant de redescendre, tu m'attendras afin que je juge du travail accompli. Si je suis satisfaite, je te donnerais des raisons de l'être aussi. Après quoi tu pourras enfin chevaucher en quête d'habits convenables. "

Mélisandre lui adressa un charmant sourire, chaud et encourageant, avant de l'inviter à disposer d'un signe ample de la main.
Puis, sans rien ajouter, l'envoutante féline se leva pour de bon. Elle contourna la table, lentement, et d'un pas feutré, approcha du lion. Elle se posta derrière sa chaise, et d'un élan doux et désirable, inoffensif en tout cas, glissa sa main gauche au contact de sa poitrine. Et tandis qu'elle décrochait d'une patte de velours le petit écusson des Rougelames de sa chemise, elle dévia l'attention du grand mâle en lui restituant son chapeau, le plaçant délicatement au-sommet de sa tête, alors que son souffle tiède s'égarait irrésistiblement au creux de sa nuque, libérant la cascade moirée de sa crinière sombre, laquelle dégringola élégamment sur ses épaules.

" Allez-vous m'autoriser un moment d'intimité avec votre joli garçon, le temps de me débarbouiller ? Il a l'air docile, plus que vous, " glissa-t-elle doucement à son oreille, mutine, avant de se détacher de lui, un demi-sourire en coin.

La jeune femme réintégra sa place initiale, parfaitement à l'aise. L'objet de son vol avait déjà disparu entre les plis de sa jupe improvisée, et elle entreprit d'achever son assiette, harponnant de sa fourchette les morceaux de viande rescapés.
« Modifié: dimanche 20 octobre 2013, 00:52:30 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 6 lundi 21 octobre 2013, 01:11:02

Mélisandre suspendit sa fourchette, figée à mi-chemin entre l'assiette et sa ravissante petite bouche, prisonnière du trouble de sa propriétaire. La jeune femme leva brièvement les yeux sur le démon. A cet instant, tout ce qu'il y avait de farouche et de sauvage en elle se concentrait au fond de ses prunelles, à l'encre aussi noire qu'un gouffre. Leur éclat rappelait un ciel d'orage pris dans la tourmente. C'était tout ce qui trahissait le déplaisir de la diablesse cependant, car le reste de son visage demeurait aussi lisse et paisible que la surface d'un lac. La demoiselle glissa finalement le morceau de viande piqué au bout de son couvert entre ses lèvres, et s'appliqua à le mâcher, lentement.
Son homme était loin d'être né de la dernière pluie. Rien d'étonnant à ce qu'il flaire l'embrouille. Il se défiait d'elle, et c'était bien ainsi. En vérité, susciter sa suspicion était un élément qui s'imbriquait dans l’échafaudage de son plan -qui relevait surtout de l'improvisation, il fallait l'avouer. Ce qu'elle souhaitait ? Se retrouver seule, un moment, ou en tête à tête avec son brave valet. L'éloigner d'elle, en somme. Sans quoi il la neutraliserait toujours. Et quoi de mieux, pour cela, que de détourner son attention ? L'écurie, les chevaux, Silat... tout n'était qu'un prétexte. Pourvu qu'il ne soit pas toujours là à avoir un œil sur elle.
Mais alors, qu'est-ce qui la contrariait tant ? La réponse résidait dans les dernières paroles de son interlocuteur, car à partir du moment où le Nexusien abattait ses cartes et dévoilait ses intentions, le jeu se mourrait et la partie prenait fin, la mettant dans une position très délicate. Son compagnon s'était visiblement lassé de leur petit manège. Il était plus que temps de couper court à leur échange, car elle n'avait nullement l'intention de se laisser prendre dans ses filets.

La belle, quant-à elle, avait encore quelques cartes à jouer. Elle se leva, en même temps que son hôte, droite, une indéfectible fierté dans sa posture. Un fouillis de mèches sombres encombrait son visage, tout à fait indéchiffrable. Un oeil attentif pouvait néanmoins remarquer la tension dans ses phalanges, recroquevillées pour former deux poings fermés sur la table. Elle se mordit férocement la langue pour s'empêcher de répliquer. Venait-il vraiment de la congédier comme une enfant dans sa chambre ? Il ne fallait pourtant pas qu'elle le retienne davantage.
La brunette inspira profondément en suivant le noble du regard tandis qu'il se rendait aux écuries, disparaissant dans le vestibule. Après quoi, elle laissa libre cours au déferlement de sa colère en envoyant valser la moitié du couvert par terre, dans un vacarme fracassant de vaisselle brisée. Les protestations vagissantes de l'aubergiste ne tardèrent pas à fuser.

" OH L'SOUILLONNE T'VAS M'PAYER CA ! "

" Naturellement. Mettez-le sur la note. "


Le tenancier écrasa ses énormes battoirs sur le comptoir, empourpré de colère, aboyant après elle comme son fichu cabot -dans son indifférence totale.
Mélisandre marcha d'un pas résolu vers les escaliers pour rejoindre Silat. Elle savait parfaitement ce qu'il lui restait à faire. Son esprit s'employait déjà à y mettre les formes lorsqu'un détail l'alerta et la fit s'immobiliser sur le seuil de la première marche. Le molosse  s'était brutalement tu et n'émettait plus que des jappements plaintifs dans le hall. Un cliquetis de chaîne retentit alors, discret, mais tellement familier qu'il ne pouvait décemment pas échapper à son ouïe. Ses chaînes.. La fugitive fit volte-face. Son cœur cessa alors de battre, une demi-seconde durant.

Un Terranide colossal se découpait dans l'encadrure de la porte, tellement monstrueux qu'il dut se courber pour la dépasser. Il présentait l'apparence d'un énorme loup, croisé avec lion, ou avec un quelconque prédateur de gabarit équivalent. Son mufle humide se tenait en avant, humant la salle, furetant avec avidité. Dressé sur ses deux pattes arrière, il devait bien toiser les 2m50. A son attitude, il paraissait évident qu'il pistait quelque chose, ou quelqu'un. Des bracelets en fer forgés, reliés par une solide chaîne, pendaient mollement à sa ceinture. La jeune femme ne l'avait jamais vu, mais le doute n'était pas permis : on l'avait envoyé la traquer. Au regard plein de convoitise qu'il posa sur elle, tout le monde dans la salle compris qu'il venait de débusquer sa proie. Au grand soulagement de tous.
La démone n'esquissa pas le moindre geste lorsque la créature avança vers elle, l'engloutissant dans son ombre, démesurée. En comparaison, elle avait l'allure d'une vulgaire fillette. Ce qui ne l'empêcha pas de planter son regard ombrageux dans le sien, sans ciller. Le Terranide passa sa langue chaude sur les contours de sa gueule, recueillant l'écume de ses babines, comme s'il savourait déjà sa victoire. Son propre regard, d'un bleu métallique, détaillait attentivement le corps tétanisé de sa victime, d'une façon proprement obscène.

" Bien bien bien... Petite Mélisandre, c'est ça ? Ma foi, tu corresponds à la description. Tu sais ce qu'il t'attend ? "

Sa voix caverneuse possédait des intonations grondantes et graves, ouvertement menaçantes, qui faillirent ébranler la brunette, laquelle ne parvenait pas à endiguer le flot d'images terrifiantes qui affluaient dans son esprit comme un poison, en proie au doute. Mais elle ne pouvait pas se permettre de perdre la face.

" Vous faîtes erreur. "

Son ton tranchant et catégorique contrastait cependant avec les pulsations frénétiques de son cœur. Elle récupéra l'insigne des Rougelames et l'épingla tranquillement à son gilet, de manière assez ostentatoire pour que la bête le relève.

" Mon flaire ne se trompe jamais, " grogna le grand mâle en emprisonnant le bras de la frêle jeune femme entre ses griffes, si fort qu'il la blessa, l'entaillant méchamment.

Mélisandre serra les dents, sans se laisser démonter. Ses prunelles se confrontèrent à celles brûlantes de bestialité de son bourreau.

" Je ne suis pas seule. Mon valet est avec moi. Silat ? SILAT ?! Aie la gentillesse d'aller aux écuries, chercher ton maître, " lança-t-elle d'une voix forte.

L'aplomb de la démone le déconcerta un instant, car il défit légèrement son emprise. A la place de quoi il glissa une griffe acérée sous son menton, afin de longuement sonder ses pupilles, à la recherche d'une trace de mensonge.

" Voyez-vous ça. Inutile qu'il se déplace, nous allons y aller ensemble, grommela-t-il. On m'a prévenu, pour ta langue de vipère. Si tu me mens, je te ferais tâter de ma ceinture avant de - beuarf, je ne vais pas te gâcher la surprise. Allons-y. "

Sur ce, l'imposante créature la faucha par la taille, ignorant ses protestations. Il la cala fermement sous son bras, la soulevant sans peine, puis se détourna vers la sortie. Penchée vers l'avant, l'effrontée voyait le sol défiler sous elle, au rythme cadencé de sa marche, bringuebalée d'une façon qui faisait horreur à son orgueil.

" Hmphf... Bordel... " marmonna-t-elle entre ses dents, jetant un œil prudent à la figure hiératique de son geôlier, en contre-plongée.

" Et il s'appelle comment, ce type ? Tu n'as pas mentionné son nom, tout à l'heure, " fit remarquer ce dernier en baissant les yeux sur elle, tiraillé par la suspicion.

Décidément, elle avait une sainte horreur des clebs. Elle renifla, pleine d'amertume.

" L'écurie est juste là. Vous lui demanderez. Voulez-vous bien me poser, à présent ? J'ai deux jambes, je m'en sers généralement, pour marcher. "

Le Terranide s'immobilisa alors. Et au frisson d'irritation qui traversa sa musculature, elle sut que ça n'augurait rien de bon.

" Bon. Comme tu refuses de me répondre, autant commencer les réjouissances. "

Ils étaient devant les écuries, à présent. Il la lâcha brusquement, la retenant d'une patte griffue par l'épaule, et déboucla sa ceinture, qu'il fit coulisser dans un claquement sec pour la libérer.

" Je n'aime pas les menteuses, esclave " déclara-t-il en la toisant d'un air sévère.

Mélisandre se renfrogna. L'exaspération qu'elle ressentait face à son impuissance la disputait à la crainte que lui inspirait la raclée à venir.

" Et moi je n'aime pas les chiens galeux dans ton genre, " répliqua-t-elle en désespoir de cause, acerbe, non sans déglutir en voyant le bras menaçant du Terranide se lever au-dessus d'elle.

Ah, douce Mélisandre... Aussi fière qu'imprudente.
« Modifié: lundi 21 octobre 2013, 03:52:45 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 7 mercredi 23 octobre 2013, 23:00:47

Aussi loin qu'elle s'en souvenait, jamais un homme n'avait porté la main sur elle. Oh, bien sûr, elle avait été quelque peu brusquée durant la traversée des landes, contrainte de tenir la cadence de la caravane, mais elle avait su s'arroger des privilèges qui l'avait prémunie contre les miliciens et autres bêtes abjectes. Même lorsqu'elle s'était livrée aux esclavagistes, elle avait farouchement entretenu cette flamme de dignité qui, comme une étincelle salvatrice, avait suffisamment ébloui ses geôliers pour les tenir à l'écart.
Alors, lorsque l'ombre menaçante du Terranide plana sur elle, la conscience émoussée de l'humaine qu'elle était autrefois ressurgit, très brève, le temps d'un écho de sa vie passée, qui s'imposa à son esprit comme l'extrait d'un vieux film. Les images défilèrent devant son regard, ouvert sur le vide. Un humain la giflait d'un revers de main assez violent pour la mettre à genoux. Elle s'écroulait, et, sans s'avouer vaincue, levait les yeux sur le visage de ce type. Il la toisait. Mais, dans son regard, elle déchiffrait le reflet désespéré de l'amour dévorant qu'elle lui portait. Elle aimait cet homme. Cette certitude, poignante, lui étreignit violemment le cœur.

Mélisandre se courba en avant, nauséeuse soudain. Tandis que sa main pressait son estomac, une pluie de gouttelettes chaudes retomba sur elle, l'ancrant un peu plus dans la réalité de l'instant. Sa surprise fut à la mesure de son soulagement lorsqu'elle vit la patte du Terranide convulser sur les pavés sanglants -détachée du reste du corps. La jeune femme recula promptement pour se mettre hors de portée de la créature, les tympans vrillés par son hurlement abominable.

" Silat... ? "

Les grognements féroces de la bête couvrirent sa stupéfaction, alors que l'adolescent affrontait le déchaînement dévastateur de sa furie sanglante, échappant à chacun des coups portés avec l'adresse d'un jeune cabri. La démone n'en revenait pas. Lui, l'adolescent timoré, si prompt à s'émoustiller ? Son étonnement estompa la réminiscence de son mauvais rêve, et fit bientôt place à un sentiment de satisfaction proche de la jubilation. Voilà que ce qu'elle avait si ardemment désiré se concrétisait. Elle tenait enfin l'occasion de s'éclipser en douceur. Cependant... elle ne pouvait nier une part de responsabilité sur ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux, et même s'il semblait maîtriser la situation, le jeune Silat risquait bel et bien sa peau -pour une inconnue. Son courage était admirable. Allait-elle vraiment se contenter de fuir en le laissant se débrouiller ?

" Préviens l'autre apollon, " souffla-t-elle pour elle-même, certaine que le bellâtre s'en voudrait de manquer une occasion d'être héroïque.

La belle se dirigea vers l'entrée de l'écurie, pressée de se rendre utile. Mais quand elle posa les mains sur le battant, les portes s'ouvrirent à la volée, avec tant de brutalité qu'elle aurait probablement fini assommé si elle n'avait pas eu le réflexe de bondir en arrière. Le grand mâle surgit alors, le poing armé d'une arbalète dont il usa pour mettre un terme au combat. Maître et valet agirent dès lors de concert pour terrasser le monstre, qui ne tarda pas à s'effondrer au milieu de la rue.
La brunette frémit en devinant les râles d'agonie, pleine de dégoût. Elle approcha pour observer de plus près le géant défait, sur le point de suffoquer dans ses propres rejets de sang et de bave écumante, émettant des borborygmes immondes. Elle ne manqua pas non plus de remarquer la petite bourse en cuir attachée à son pantalon.

Mélisandre soupira en douce, songeant à l'opportunité qui venait de lui passer sous le nez. Pourtant, après cette scène, elle aurait dû se sentir en sécurité auprès des deux hommes. Mais elle n'était pas si naïve. C'est à ce moment là que la voix désormais familière l'extirpa de ses  songeries, en lui présentant, contre toute attente, l'arbalète, et son pouvoir de vie ou de mort. Elle la saisit, à deux mains, puis contempla le visage du démon, calme elle aussi, tâchant de décrypter ses pensées. Il ne pouvait décemment pas lui faire confiance. Il le savait, elle le savait. Il lui offrait cependant une nouvelle opportunité. Celle de choisir. Rester ou fuir. Mais l'avait-elle vraiment, ce choix, après tout ? Choisirait-elle de les menacer tous deux, pour tenter de s'échapper, au mépris de ce qui venait de se dérouler ? Quand on avait un animal d'un gabarit comme celui du Terranide gisant à ses pieds, l'idée devenait grotesque. Ils en étaient venus à bout en un clin d’œil, alors, elle...  La diablesse renifla, sèchement. Il la prenait pour une idiote. Du reste, elle n'était pas assez désespérée pour prendre des risques aussi irraisonnés.

La jolie bohémienne prit cependant le temps d'examiner le mécanisme de l'arbalète, laissant planer une tension presque tangible. Elle lâcha brusquement un carreau dans la cuisse du grand loup, lui soutirant une plainte aiguë, mais étranglée.

" Oups, " minauda-t-elle en s'accroupissant à la hauteur du gibier.

Sa main gauche alla maladroitement déloger la pointe du projectile, déchirant les chairs déjà sanglantes. Pendant ce temps, son autre main allait chercher la bourse suspendue aux maillons de son pantalon, avec le doigté et la discrétion que conférait l'habitude. Elle en profita également pour récupérer, de manière ostensible cette fois, les chaînes en fer forgées, qu'elle balança négligemment sur son épaule. Après quoi, elle se redressa et arma de nouveau l'arme, avant de la tendre à Silat.

" Je pense que le privilège te revient, " déclara-t-elle avec une tendresse que motivait la reconnaissance, un demi-sourire aux lèvres.

Puis, elle se tourna face à son maître, en se composant un masque impénétrable. Elle allait le forcer à la laisser filer. Mais cette fois, à son exemple, elle le ferait en jouant cartes sur table. Elle fit un petit pas vers lui, si proche à présent qu'elle pouvait presque percevoir la chaleur dégagée par son imposante musculature. Mmmh... Il ne fallait pas qu'elle se laisse troubler.

" Bien. Il paraît évident désormais qu'ils me cherchent. Ils me traqueront tant que je resterais à Ashnard, et ils me trouveront, peu importe les ruses employées : mon accoutrement, les statuts que je m'arrogerais, le lieu où je me trouve dans cette ville... "

Elle fit une pause, le temps d'agiter les maillons de la chaîne qu'elle portait en travers de son épaule.

" Ce Terranide a emmené ces bracelets en fer parce qu'ils sont imprégnés de mon odeur, et ça, je peux difficilement y faire quelque chose, à part me planquer dans une décharge. Il n'a eu qu'à remonter ma piste, et tout porte à croire qu'il y en aura d'autres. "

Mélisandre inspira légèrement. L'air était saturé en soufre, et la poussière brûlante soulevée par les passants irritait la gorge. Et ça ne l'avait pourtant pas empêché de la retrouver. Bon, d'accord, elle l'avait probablement attiré avec le vacarme qu'elle avait fait à l'auberge, mais tout de même...
 
" Il s'agit d'esclavagistes. Vous savez aussi bien que moi de quoi ils sont capables. Le danger que Silat ou vous-même encourez en restant aux côtés d'une fugitive est bien réel, vous venez d'en avoir un aperçu. Je dois partir, quitter cette ville au plus vite. J'ai déjà trop traîné. Donnez-moi votre nom, je saurai vous retrouver pour vous faire parvenir ma gratitude. En attendant, je vais aller aux écuries, enfourcher un cheval, et partir dénicher un mercenaire en mesure de traverser les landes avec moi jusqu'à Nexus. "

Elle le pointa du doigt, se voulant dissuasive, équipée d'une détermination farouche.

" Et vous n'allez certainement pas m'en empêcher, parce que vous savez que me laisser partir est la meilleure des options. Mais ne soyez pas chagriné, je suis convaincue qu'un tas de putains se féliciteraient de recevoir votre noble virilité en elles, et qu'elles n'attendent que vous.  Hélas, je n'en fais pas partie. C'est comme ça. Allez donc tempérer votre déception auprès de charmantes pucelles. Il doit bien y en avoir sur le marché.  "

La donzelle acheva sa tirade par un sourire, à mi-chemin entre la douce raillerie et la malice. Puis elle adressa un coup d’œil fugace au jeune valet par-dessus son épaule.

" Si tu viens de Terre alors retournes-y. Ne deviens pas comme ton maître, " lui lança-t-elle, tout en restant volontairement évasive.

Et, sans s'attarder davantage, la démone marcha vers les écuries, s'évertuant à ignorer les picotements désagréables de son bras entaillé.
« Modifié: jeudi 24 octobre 2013, 01:12:12 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 8 jeudi 24 octobre 2013, 14:45:53

Mélisandre avait à peine dépassé le seuil de l'écurie que son ouïe captura les bruits de pas dans son dos, assez énergiques pour trahir une forme d'impatience. Malgré sa nervosité grandissante au fur et à mesure qu'elle entendait le beau diable se rapprocher, inéluctablement, elle laissa fleurir un vague sourire au coin de ses lèvres. Elle avança encore, mesurant sa cadence, dépassant les premières stalles. Lorsqu'il l'atteignit finalement, ils étaient à la hauteur du ballot de foin qui servait à présent de linceul mortuaire au défunt Terranide, dont l'un des énormes pieds dépassait. Une seule botte de paille ne permettait pas de camoufler toute l'étendue de son corps proprement monumental. L'odeur de son cadavre ensanglanté excitait les chevaux. Mais la belle fugitive ne s'en préoccupa pas davantage, car un terrible frisson la parcourue, si violent que même les mains de l'infernal avaient dû peiner à le contenir. Elle cessa de respirer, immobile, neutralisée par son contact, lequel s'avérait dépourvu de retenu ou même de pudeur. Il était ferme et résolu à la posséder. Elle le sentait, comme lui devait sentir son appréhension, et les battements survoltés de son cœur. Le puissant mâle pressa son corps contre elle, pleinement à sa merci. Il se faisait insistant, il voulait s'imposer, s'attribuer sa volonté pour la modeler selon ses envies, prendre tout ce qu'elle serait disposée à lui offrir. L'asservir à ses pulsions, et puis la prendre, elle, toute entière. Mélisandre percevait tout ça, dans l'avidité de son souffle tiède, sur sa peau nue, et au travers de la caresse que sa main lui prodigua sous son gilet, laissant sur son ventre le sillage brûlant de son passage. L'indocile releva doucement le menton, comme pour accueillir les doigts puissants de l'homme sur sa gorge. Elle expira, lentement, en entrouvrant les lèvres. Ses pupilles se dilatèrent comme deux petits puits noirs enflammé de désir, tandis que la voix grave de son geôlier retentissait comme une délicieuse sentence à ses oreilles. Puis elle sentit sa bouche, vorace, explorer l'ovale de son visage et se repaître de la saveur velouté de sa peau, ce qui lui arracha un nouveau tressaillement.

" Je comprends mieux ce que vos conquêtes ressentent, entre vos mains... glissa-t-elle en un souffle ténu, troublée. Vous les piégez. "

Sans avoir à baisser les yeux vers le bras meurtris sur lequel s'égara une de ses paumes, Mélisandre devina qu'il venait d'en résorber les plaies au soulagement brusque et inattendu qui s'imposa dans son membre. De toute manière, son esprit était accaparé par des sensations bien plus pressantes et entêtantes que la douleur diffuse de ses entailles. Des sensations qui grouillaient dans son bas-ventre, et qui, pareilles à un lit de braises rougeoyantes, s'attisait au feu de ses attouchements. Sa main, sur son sein désormais exhibé, fit d'ailleurs naître un début d'incendie. Elle sentit ses tétons s'ériger fièrement, et celui prisonnier de sa paume se tendre et se raidir comme pour repousser l'assaillant. Un léger soupir s'échappa d'entre ses lèvres, dont il esquissait les contours, d'un doigt tentateur.

" Mmmh... Vous les faîtes paraître telles qu'elles veulent se voir. Belles. Désirables. Mais surtout, uniques. Pourtant c'est faux. Car elles ne sont que les outils de votre volonté, forgées par et pour votre bon plaisir " poursuivit-elle, en tentant de réguler l'emballement frénétique de son cœur.

La belle parvint enfin à s'affranchir de son immobilité, domptant son trouble, bataillant contre la brume concupiscente qui menaçait de griser son esprit. Elle repoussa doucement les mains chaudes et cajoleuses de l'éphèbe des courbes affriolantes de son corps émoustillé, puis se retourna vers lui, les yeux embués du désir qu'il avait allumé. Elle présentait tous les signes d'une excitation grandissante, ce qui ne prédisposait pas son amant à se défier d'elle. Ou du moins, pas de la manière dont elle comptait s'y prendre... Il avait tellement confiance en lui. Il paraissait si certain de son fascinant magnétisme, de ses mains si entreprenantes... Oh, la féline se serait inclinée si seulement, sa propre fierté ne lui dictait pas une autre conduite. L'arrogance de son gardien était si prononcée que l'utiliser contre lui serait une véritable partie de plaisir.

" Je n'aime pas qu'on décide à ma place de ce que je veux, ou ne veux pas, petit seigneur, susurra-t-elle avec l'ombre d'un sourire, résolument aguicheur. Mais je veux bien tenter de me laisser prendre au piège, avec vous. "

Sur ce, l'exquise créature plia les genoux devant l'homme pour se mettre à la hauteur de son bassin, avant de procéder comme à son habitude : tandis qu'elle s'affairait d'un côté à déboutonner son pantalon, elle s'appliquait de l'autre à faire doucement glisser les chaînes précédemment récupérées par terre, à ses pieds, faisant mine de se délester. Penchée en avant, son initiative demeurait insoupçonnable, d'autant plus qu'elle s'assurait de focaliser son attention ailleurs, en l'occurrence, sur la pipe que sa belle bouche toute proche, lui faisait miroiter. Son regard taquin soutenait le sien, ardent. Elle avait atteint le boxer du démon quand deux petits clic caractéristiques et à intervalle réduit retentirent dans l'écurie. Dès lors Mélisandre s'empressa de reculer. Elle se redressa, lentement, en contemplant son œuvre : la cheville du beau diable était à présent liée à celle beaucoup plus imposante du Terranide mort. Oh, il pouvait bien tenter de traîner sa masse conséquente derrière lui, de scier son pied avec un quelconque outil, ou bien de forcer la serrure, le temps qu'il s'exécute, elle aurait le temps de prendre la poudre d'escampette. Les chaînes des esclavagistes étaient réputées pour être parmi celles les plus solides de Terra.
La jeune effrontée le gratifia d'un petit sourire, resplendissant de défi.

" Moi, je ne vous préviens pas. C'est bien plus drôle, lança-t-elle en passant tranquillement son pouce contre ses lèvres, comme pour se souvenir de la sensation de son doigt contre sa bouche. Vous ne m'en voudrez pas, si je ne m'attarde pas. Silat n'est pas enchaîné à une carcasse de 200kg, lui. "

La donzelle fit volte face et pressa le pas pour atteindre le cheval de l'écuyer dans les premiers boxes qui, comme convenu, s'avérait pansé et sellé. Elle glissa son pied dans l'étrier et d'une poussée, passa sa jambe par-dessus la croupe, tout en souplesse. Après quoi elle prit le petit trot, en prenant soin de passer au large du séduisant prisonnier, tout en bataillant pour reboutonner son gilet. Si elle avait eu plus de temps, elle se serait assurée que personne n'essaie de la prendre en filature en laissant les chevaux s'enfuir, mais, ce serait aussi manquer de prudence et de discrétion. Comme elle allait franchir les portes de l'écurie, elle crut bon d'accorder un dernier coup d’œil au noble, arrêtant sa monture.

" Je serais fâchée que vous tentiez de me retrouver pour me punir. Sachez que je serais tout de même ravie de vous revoir, dans d'autres conditions. Je vous aime bien. "

Elle piocha une pièce d'or dans sa nouvelle bourse, récemment subtilisée, puis la lança dans sa direction. Évidemment, il s'agissait d'un geste symbolique. Peut-être pour le remercier pour les habits, le dîner, sa nouvelle broche Rougelames, pour le Terranide aussi, sa plaie guérie, le cheval et tout le matériel sur son dos, et puis, sa compagnie et celle de son valet. Ou bien, il pouvait s'agir de ce geste plein de morgue que les hommes avaient parfois pour récompenser une putain qu'on avait bien baisé.
Sur ce, Mélisandre pressa les flancs de sa monture pour prendre un pas actif, et sortir de l'étable, un irréductible sourire aux lèvres.
« Modifié: jeudi 24 octobre 2013, 14:56:16 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 9 vendredi 25 octobre 2013, 18:50:40

L'Indocile laissa échapper un rire léger, presque joyeux, qui vibra dans l'air comme une provocation mélodieuse en entendant la remarque aguicheuse du gaillard, juste après que la pièce a atterri dans sa main. Elle s’emploierait donc à mettre le plus de distance possible entre le désir de ce séduisant diable et elle. Se doutant que de simples liens en métal ne suffiraient pas à retenir un long moment un individu de son envergure, l'évadée adopta le petit galop dès qu'elle s'éloigna des artères principales de la ville. De nombreux regards s'attardaient sur elle tandis qu'elle dépassait la foule, des œillades concupiscentes ou dédaigneuses qui rampaient sur les parties dénudées de son corps qu'un simple gilet et une cape reconvertie ne parvenaient pas à couvrir intégralement. Elle les ignorait tous cependant, juchée sur les hauteurs de son robuste étalon, hors de portée de leur avidité ou de leur mépris. On l'aurait sûrement abordée à plusieurs reprises si elle n'avait pas arboré cet air de froide résolution, cumulé à son allure altière de gitane sulfureuse. Ceux qu'elle n'intimidait pas d'un regard -et il y en avait, reculaient en reconnaissant l'insigne épinglée à sa poitrine, car la réputation des Rougelames jouissaient d'une notoriété largement répandue, assez pour lui garantir une certaine sérénité.

Bonne cavalière, Mélisandre chevaucha sans encombres jusqu'aux portes d'Ashnard, là où les plaines déployaient sans limites leur immensité aride et tourmentée. Elle avait, en chemin, fait l'inventaire des gibecières supportées par la selle. Elles ne contenaient pas grand chose : des longes et des portions de grain pour les chevaux, quelques chakrams dont elle ne saurait de toute manière pas se servir, et, plus utile, un bon couteau de chasse dans son étui en cuir qu'elle avait précautionneusement glissé contre sa hanche. Mais alors qu'elle considérait les landes d'un œil pensif, le martèlement d'un galop furieux sur la terre sèche l'incita à tourner la tête. Au même moment, elle sentit, entre ses cuisses, les spasmes de sa monture, laquelle s'affaissa brutalement sous elle, soulevant un nuage de poussière dense. Elle aurait été emportée dans sa chute si son instinct ne l'avait poussée à sauter pour se préserver de la rudesse du choc.

" Fait chier... " marmonna-t-elle, encore sous le choc, alors qu'elle se redressait, enveloppée de particules ocres, rangeant quelques mèches indisciplinée derrière son oreille.

Elle posa un regard torve sur le cavalier, aussi splendide que haïssable sur son étalon noir, tandis que sa main allait doucement au contact de son couteau, sur lequel elle referma sa poigne. Le beau brun mit pieds à terre, décidément très opiniâtre, dans un face à face inégal. Le 2ème round allait se jouer ici.

" J'apprends quand le professeur est bon, " répliqua-t-elle avec désinvolture.

Comme la pièce fusait vers elle, ses réflexes abusèrent son bon sens : sa main libre l'attrapa au vol, annihilant ses chances d'esquiver la collision, brutale. Une seule pensée l'effleura durant leur dégringolade : il était foutrement rapide, et elle, foutrement idiote.

" Hmpf-.. "

Mélisandre se retrouva fermement plaquée au sol, coincée sous l'imposante musculature de l'infernal. Cette fois, elle n'avait pas pu échapper au heurt, et l'impact lui soutira un petit grognement, mi-plaintif mi-contestataire. Elle avait faillit lâcher la garde de son couteau, tant il l'avait prise au dépourvu. L'étui avait d'ailleurs été éjecté en tombant, et sa paume s'était blessée sur le fil de la lame. Elle sentait le saignement ruisseler entre ses phalanges. Avec un peu de chance, l'odeur de l'hémoglobine attirerait un prédateur. Ce n'était pas ce qui manquait sur les landes, et la vue des deux étalons affalés, totalement exposés à l'avidité des carnivores allait probablement y contribuer.
La belle sentait sous elle un sol chaud, palpitant, dont les gerçures s’apparentaient à de vieilles plaies ouvertes et poussiéreuses. On devinait sans peine qu’il s’était déchiré par le passé, de manière surnaturelle, pour laisser éclater la puissance destructrice des éléments. L’environnement en portait d’ailleurs les stigmates : des flèches rocheuses jaillissaient de la terre rouge en rangées de crocs irrégulières, pointant leur tête guerrière vers le ciel de plomb en signe de victoire. Et comme la violence s’inscrivait dans un cercle persistant, aujourd’hui encore, la menace planait sur les landes, insoupçonnée, en fantôme errant. Ashnard supportait la brutalité sommaire de ses habitants dans une espèce de résignation amère, et les plaines qui la cernaient se résumaient à une éponge sanguinolente essuyant la nature belliqueuse de ses sujets sur un tableau noir.

L'effrontée ficha l'opacité brûlante de ses prunelles dans celles de son poursuivant. Elle tenta de remuer un peu, histoire d’évaluer sa situation : elle était complètement bloquée sous sa masse. Ses bras et son buste ne pouvaient pas bouger, prisonniers. Ses jambes bénéficiaient d'une marge de manœuvre un peu plus conséquente mais à peine mieux. La jolie brune soupira, blasée. Tout ça, pour en arriver là ?
Bien sûr, elle aurait pu tenter de le blesser à son tour avec le poignard. Sa main était suffisamment mobile pour pouvoir l'atteindre au flanc. Mais elle ne le ferait pas. Le frapper alimenterait au mieux sa colère, et elle y était trop exposée. Il se contenterait sans doute d'attraper son poignet -de le briser peut-être, pour lui arracher l'arme. Il était assez fort pour surmonter la douleur qu'elle pourrait lui infliger. Il pouvait manifestement se soigner. Non, c'était une mauvaise idée. Elle perdrait bêtement sa dague. Et puis...
Les lèvres du mâle se rapprochèrent, survolant les siennes, entrouvertes. Son souffle tiède balaya son visage, tout encrassé par sa folle chevauchée. La féline fronça les sourcils, farouche, loin d'être apprivoisée. Son coeur s'emballa néanmoins, cognant dans sa poitrine comme un petit oiseau affolé.

" Mmmh... C'est embarrassant, confia-t-elle dans un murmure. J'ai engagé plusieurs mercenaires en chemin, pour m'accompagner. Le temps de se préparer et ils seront là. Je leur ai donné rendez-vous sur la plaine. Je ne voudrais pas être diminuée devant mes hommes, je risquerais de perdre en crédibilité. Je suis certaine que vous pouvez comprendre. "

La belle glissa doucement la langue contre sa propre bouche, pour l'humecter, avant de sourire en douce, énigmatique. Mentait-elle ? Elle affichait un ravissant minois en tout cas, assez confiante pour ne pas laisser transparaître sa nervosité.

" L'or que je leur ai promis est encore sur mon cheval. Je suis navrée, petit seigneur, mais vous ne m'aurez pas. A moins de me prendre de force, mais, vous n'êtes pas comme ça. Nous le savons tous les deux. "

Elle continua à soutenir le regard si particulier du démon, provocante.
« Modifié: vendredi 25 octobre 2013, 18:58:39 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 10 vendredi 25 octobre 2013, 22:39:39

La peste insubordonnée pinça les lèvres devant l'échec de sa tentative. Le bel éphèbe se fichait éperdument de ce qu'elle racontait. Pourtant, elle restait fermement convaincue de ses derniers mots : il ne l'aurait pas. Et s'il fallait que la seule dignité qu'il lui reste se trouve dans la lutte, et bien, elle lutterait, car l'Indocile n'était pas disposée à se laisser posséder. Elle baissa les yeux en même temps que lui sur l'écusson métallique agrafé à son gilet, affichant une moue à mi chemin entre la culpabilité et la nonchalance des fautifs pris sur le fait. Lorsque le duc des enfers se mit à rire, elle perçut les vibrations de son torse musculeux se répandre en échos dans son corps captif, et elle souffla, agacée, repoussant les cheveux rebelles de sa figure. Puis elle fronça légèrement le nez en le sentant reporter tout son poids sur elle, l'immobilisant au point de la rendre impotente. Un soupir plein d'irritation siffla entre ses dents, et elle se mordit la langue en devinant ses intentions. Comme si elles suivaient un processus de guérison accéléré, ses lésions se résorbèrent sous l'influence de sa magie, et sa précieuse dague se dissipa dans l'air, laissant sa paume vide et lisse. Mélisandre se renfrogna davantage. Pensait-il l'amadouer par des tours de passe-passe ? Elle le jaugea, longuement, sur la défensive. Son impuissance concourait à la rendre ombrageuse -elle détestait ne pas avoir l'ascendant sur la situation.

Qu'il lui laisse entrevoir la moindre opportunité, et elle la saisirait. Le noble Nexusien semblait en être conscient et demeurait vigilant. Après tout, elle lui avait donné de bonnes raisons de l'être. Elle décrypta la lueur d'envie qui flamboyait au fond de son regard comme une danseuse incandescente, cette tentation d'assoiffée qui crépitait furieusement et ne s'éteindrait qu'une fois s'être consumée au contact de ce qu'il convoitait tant. Mais que convoitait-il, au juste ? D'abord, elle songea à sa bouche, dont il paraissait sur le point de s'emparer, jusqu'à ce qu'il perde ses lèvres et ses intentions dans son cou, abandonnant sur sa peau nue la chaleur d'un baiser. Mélisandre frémit, fermant les yeux, entièrement réceptive au souffle du démon qu'elle sentit se balader sur sa gorge, puis revenir vers son visage, dont il embrassa la naissance, près de la mâchoire. Elle laissa s'écouler une poignée de secondes avant de lever le voile de ses paupières, dardant un regard insondable dans celui de son délicieux bourreau. Calme.

" Parce que vous êtes effrayant... " murmura-t-elle, dans une confession douce et maîtrisée, ses yeux fouillant les siens.

La jeune femme mordilla doucement sa lèvre inférieure, contemplative. Il était si proche qu'elle pouvait aisément inhaler le parfum de son dangereux diablotin. Un parfum qu'elle n'était pas prête d'oublier, connoté au péril, à l'excitation, au désir, au jeu, à l'exaspération... A quelque chose auprès duquel on peut se réchauffer ou se brûler.

" Peu importe les méthodes employées, je ne vous abandonnerai pas la victoire. Et si vous ne me la laissez pas non plus, et bien, il faudra vous faire une raison : ni vous ni moi n'obtiendrons ce que nous voulons. "

Mélisandre ébaucha un sourire, fugace, prétentieux, qui frisait l'insolence.

" A partir de là, c'est à vous de voir. S'il faut que je sois insupportable pour que vous me laissiez filer, je le serais, au-delà de l'imaginable, " décréta-t-elle en dressant un sourcil frileux au-dessus de son regard sombre, passablement amusée.
« Modifié: samedi 26 octobre 2013, 01:49:36 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 11 dimanche 27 octobre 2013, 02:13:33

Mélisandre se surprit à sourire, en douce, tandis que le beau diable égarait de délectables baisers dans son cou. En l'écoutant, l'idée qu'elle avait pu aller trop loin l'effleura. Et si elle s'était vraiment fait prendre à son propre jeu ? La ferveur qu'il mettait dans chaque bécot évoquait l'adoration fanatique qu'un fidèle voue à ses figures transcendantes. Une vénération charnelle, d'un instant, qui aurait pu la combler si elle n'avait si ardemment souhaité échapper à son emprise. Les deux infernaux continuaient à se jauger, persuadés l'un et l'autre qu'il n'y aurait qu'un gagnant. Mais lorsque qu'il vint emprisonner son visage pour dompter ses velléités de révolte, elle sentit, une nouvelle fois, qu'il troquait son masque de séducteur contre celui du mâle, autrement plus dangereux et dominateur, celui qui n'admettait aucune demi-mesure. Un masque de conquérant, assorti à un corps puissant et viril, qui n'éprouverait aucune difficulté à asservir le sien -pour son propre bien, à en croire ses paroles. Ses lèvres côtoyèrent la bouche de l'impudente sans pour autant s'en emparer, attisant son besoin urgent de se soustraire à son influence. Le regard de l'insoumise s'assombrit, manifestant sa rébellion, muette, mais que son corps bridé brûlait de formuler. Elle tressaillit violemment sous la caresse de sa main, laquelle fut perçue comme une provocation félonne par tout son être, comprimé sous l'autorité de sa musculature. Évidemment, la ravissante diablesse n'était pas indifférente à la tendresse de ses sollicitations -ce seul constat, celui de sa peau tiède savourant les assauts de son bourreau, suffisait à exacerber son irritation. Force était de constater qu'il n'avait pas entièrement tort, du reste : réceptif à ses cajoleries, son corps était visité par d’innombrables frissons d'aise -mais de là à l'admettre...
 
Cet homme divin allait contre sa nature d'indomptée et espérait soutirer d'elle des plaisirs dont elle lui interdirait l'accès aussi longtemps qu'il lui plairait. Oh, elle se privait également de délicieux moments de plénitude, mais cette perte s'avérait largement compensée par la satisfaction qu'elle retirait à tyranniser ses instincts de mâle alpha.

" Vous essayez seulement de vous convaincre vous-même... vous parlez trop, et -hmmpf... "

Mélisandre s'interrompit brusquement, assaillie par les lèvres de son homologue masculin, auxquelles s'ajoutèrent bientôt sa langue, véritable tortionnaire qui cette fois, faillit lui extorquer un soupir appuyé, proche du gémissement lascif. Elle lutta pour l'étouffer dans sa gorge, quand bien même qu'il ne réclamait qu'à jaillir, poussant le barrage de ses lèvres, sans parvenir à le franchir toutefois. Lorsque le ténébreux diable s'en prit au lobe de son oreille, elle crut céder. Ce qui n'arriva pas, cependant, et elle inspira à fond, profitant du répit qu'il lui laissait, tandis qu'il s'exprimait. Puis, contre toute attente, le poids de sa captivité s'allégea.
Elle le regarda se lever, impassible, puis se mordilla à nouveau la lèvre en avisant sa main tendue, hésitante, avant de s'en saisir d'une poigne résolue. Elle ne plierait pas l'échine face à ce monstre de vanité.

" Si j'étais une reine, je m'empresserais de vous faire mettre une muselière, " lâcha-t-elle en s'époussetant, jouissant de sa liberté de mouvement pour remettre un peu d'ordre dans sa tenue quelque peu rudimentaire.

La diablesse pencha légèrement la tête de côté tout en le lorgnant à travers les mèches entremêlées de sa crinière sombre. L'ombre d'un sourire plana, plein d'énigmes. Chaque chose en son temps.

" Vous allez nous faire perdre un temps précieux à déblatérer. Si je dois être une reine je veux en avoir l'allure. Je sais déjà où trouver la robe qui m'habillera. "

La belle fit volte-face et marcha jusqu'à sa monture, toujours étendue dans la poussière, sonnée. Elle récupéra les cordes tressées à l'intérieur des sacoches qu'elle lança négligemment au grand brun.

" Vous tiendrez mon cheval en longe, puisque vous n'avez pas confiance en moi. Je nous guiderai jusqu'à l'échoppe où nous ferons halte avant de retourner à l'auberge, décréta-t-elle, pleine d'aplomb. Vous avez de l'or, sur vous ? Montrez-moi que vous n'êtes pas riche pour rien. "

Mélisandre soupesa sa propre bourse, avant d'émettre un claquement de langue appréciateur.

" Il est vrai que jusque là je n'imaginais pas grand chose en votre compagnie, mais puisque vous m'y poussez, je veux bien entrevoir tout ce que vous êtes en mesure de m'apporter, déclara-t-elle, caustique, le regard pétillant de malice. Pressez-vous ! "

Sur ce, elle désigna leur coursier, pareils à deux tas de viandes inertes.
« Modifié: dimanche 27 octobre 2013, 02:48:16 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 12 dimanche 27 octobre 2013, 18:19:53

Son air de défi la fit sourire, juste avant de s'accroupir près de l'alezan pour récupérer les longes.

" Un jour, je vous prouverai le contraire, " se contenta-t-elle de rétorquer.

La jeune femme s'apprêtait à répliquer à son autre remarque lorsque, désormais tout proche, il captura son menton, la faisant se raidir. Son visage à la merci du sien, elle retint son souffle, prête à braver l'offensive, son regard inébranlable versé dans celui du Duc, rivalisant sans ciller ni émettre la moindre protestation. Elle suivit l'orientation de ses yeux ambrés toutefois, baissant les siens, résolument plus sombres, sur leurs lèvres qui se narguaient et auxquelles étaient suspendues des promesses silencieuses d'allégresses, des promesses qui ne demandaient qu'à être décrochées, là, dans l'instant...
L'Indocile s'arracha à cette vision troublante le temps de contempler le visage de son persécuteur, profitant qu'il soit momentanément aveugle, l'écoutant à peine. Des hennissements retentirent soudain sur les landes et elle tourna la tête vers les chevaux, désormais fringants. Si elle s'étonnait des facultés stupéfiantes du beau diable, elle ne le montrait pas.
La féline se racla doucement la gorge, prête à larguer un sarcasme de son cru, mais il se mua en une moue maussade quand l'écusson lui fut arraché. Le petit objet s'avérait bien utile, surtout dans sa condition d'évadée, et elle aurait eu d'autres projets pour lui s'il ne lui avait été si honteusement confisqué. Il commence à apprendre. Comme le réclamer n'aurait servi à rien, Mélisandre enfourcha son cheval, soupirant. Sa main leste rattrapa la bourse en cuir, tandis qu'un sourire victorieux fleurissait au coin de sa bouche. Elle était pesante. Un de perdu, dix de retrouvés. La cavalière fit voluptueusement jouer son assiette en faisant glisser son bassin vers l'avant, et l'étalon se mit en branle, tirant celui du noble à sa suite.

" Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous demander votre nom, " fit-elle remarquer en lui jetant une œillade furtive.

Dès qu'ils eurent franchi les portes de la ville, Mélisandre se mit à regretter de ne pas avoir conserver le chapeau texan -détail qu'elle avait bien souligné- sous la main. Des regards appuyés accompagnaient leur progression, et parmi eux se trouvaient peut-être des sentinelles ou des mercenaires. Elle fit en sorte d'ensevelir son visage sous une frange dense, s'arrangeant pour ne pas trop attirer l'attention. Elle les guida à travers un dédale de ruelles sombres, s'enfonçant dans les recoins les plus malfamés de la ville, là où la puanteur saisissait la gorge de ses doigts fétides. Son itinéraire pouvait paradoxalement se justifier par une mesure de précaution, car ses poursuivants la pensaient seule, et une femme seule n'irait certainement pas risquer sa peau dans des endroits aussi lugubres. Néanmoins, l'Indocile avait une autre idée en tête, et quand elle se mit à transvaser environ un tiers du contenu de la bourse du grand brun dans la sienne, plus modeste, de façon tout à fait ostensible et provocante, ce n'était pas de l'inconscience ou de la bêtise. Les pièces produisaient un son caractéristique en s'entrechoquant et ne tardèrent pas à accaparer l'attention de la vermine grouillante des bas-fonds. Les ombres hostiles de plusieurs silhouettes se mirent à les prendre en chasse, installant une tension palpable, presque suffocante, tandis qu'ils avançaient à un pas mesuré. L'imprudente flatta doucement l'encolure de son alezan pour tempérer sa nervosité. 

" Shhht... " souffla-t-elle délicatement à l'oreille mobile de son coursier, avant de se redresser, et de l'arrêter au beau milieu de la voie.

L'étalon de son compagnon n'eut d'autres choix que de suivre son exemple, étant raccordé au sien. Un regard circulaire l'informa qu'une bonne dizaine de vauriens, pillards et autres violeurs les épiait dans l'ombre.

" Je suppose qu'il est inutile de spécifier que cet homme là est plus riche que vous ne le serez jamais, lança-t-elle à haute voix, tout en surveillant le concerné du coin de l’œil, hors de portée. Messieurs, il est à votre merci. Les étalons et l'or reviendront à celui qui parviendra à le désarçonner. "

Sans attendre et pour stimuler les troupes, l'exquise effrontée déversa le contenu de la poche de cuir dans la fange, occasionnant une cohue où se ruèrent chaque criminel. Les étalons piaffèrent, sur le point de céder à la panique. Mélisandre passa alors la deuxième bourse autour de son cou, puis sauta. Lorsqu'elle atteignit le sol, elle avait revêtu l'apparence d'une petite chatte noire aux yeux perçants. Ses habits, abandonnés dans la boue, furent piétinés par le déferlement rugissant de féroces Ashnardiens. Si une minorité s'étonna de la soudaine disparition de la belle, la plupart prirent d'assaut le puissant infernal, lequel s'avéra très vite aux prises avec des mains fiévreuses et cupides, cherchant à le déloger de son destrier. Certains avaient déjà dégainé leur couteau et menaçaient quiconque voulait s'arroger une part du butin.

Trois foulée bondissantes suffirent à la minette pour s'écarter de l'agitation désordonnée. La bourse ballottait, suspendue à sa nuque, au rythme de sa cavalcade. Elle s'orienta à travers les méandres des venelles et galopa jusqu'à l'auberge de la Nuit Rouge -le dernier endroit où il penserait à venir la chercher.
Mélisandre passa devant le molosse assoupi du vestibule puis escalada l'escalier. Là, elle reprit forme humaine, essoufflée et nue, la peau couverte d'une fine pellicule de sueur. Elle renifla, le temps de reprendre haleine. Il lui fallait trouver d'autres vêtements à se mettre sur le dos. Et vite. Elle avait eu un aperçu des fascinants pouvoirs du Nexusien, et ne doutait pas qu'il ressortirait de ce mauvais tour plus échauffé que jamais. Il finirait par revenir ici, inévitablement. S'attarder était une mauvaise idée.

" Silaaaat ? " appela-t-elle devant la rangée de portes closes. " Nous sommes rentrés. Ton maître souhaite que tu le rejoignes aux écuries pour l'aider à desseller les chevaux. "

Après quoi, elle tâtonna contre le mur, et, ayant repéré une porte entrouverte, s'introduisit à l'intérieur, à l'affût. 

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 13 dimanche 27 octobre 2013, 22:45:22

L'incorrigible féline se laissa aller contre le mur de la chambre vide, s'octroyant une petite pause en s'adossant. Elle tendit l'oreille pour entendre Silat dévaler les marches. Comme la pression retombait lentement, en même temps qu'un silence réconfortant, l'adrénaline quitta ses veines. La brûlure de sa balafre se réveilla alors, et la belle porta la main à son visage, les lèvres pincées sur son déplaisir. L'enfoiré ne l'avait ratée que de peu. Une estafilade sanglante barrait son minois, de la pommette jusqu'à la saillie de son arcade sourcilière, peu profonde, mais suffisamment marquée pour l'élancer. Elle considéra les traces de sang sur ses doigts avec mauvaise humeur.

" Mon petit seigneur est fâché, " souligna-t-elle d'un ton faussement contrit, arquant un sourcil tatillon, moqueuse.

Le poids de la bourse irritait son cou, et elle la balança négligemment sur le lit, avant de se rapprocher de la porte. Au son qu'avait produit le valet en sortant, elle saurait retrouver la bonne chambrée et la piller allégrement. Possédant déjà une petite fortune au bout de lacets de cuir, elle se contenterait de fringues décentes et de tout ce qui serait en mesure de lui être utile par la suite. Mais lorsque sa paume voulu abaisser la poignée, cette dernière lui résista, parfaitement inerte. Elle s'obstina, jusqu'à ce que des pas pesants émanent de la cage d'escalier, la statufiant sur place. Bordel, si vite ?! Un frisson glacé rampa le long de son échine, ne sachant que trop bien ce qui l'attendait, si elle restait.
Mélisandre ferma le verrou et recula jusqu'à la fenêtre, dont elle tenta de repousser les battants, s'acharnant plusieurs secondes. En pure perte. Allons ma fille... réfléchis !

La fugitive glissa une main fébrile dans sa crinière dense, dégageant son visage balafré. Son regard éperdu sonda la pièce, à la recherche d'un sauf-conduit, tandis que les pas se rapprochaient, lourds de sens, traînant derrière eux les représailles qui paraissaient inéluctables, à présent.
La jeune femme se mordit férocement la lèvre puis se présenta face à la porte, à une distance raisonnable de cette dernière. Elle inspira à fond. L'attente, tout bonnement intenable, s'écoulait sur la mesure des pulsations de son cœur, lequel battait à tout rompre. Heureusement, elle fut de courte durée, car il apparut brutalement dans l'encadrure de la porte -proprement défoncée par l'intensité de sa colère. Mélisandre se tînt droite et nue face à lui, hiératique, les poings serrés sur son angoisse. Sa vision, terrifiante -tout ce sang, et cette fureur qui l'abreuvait-, la fit doucement déglutir, mais elle ne broncha pas. Elle alla même jusqu'à grimacer un sourire en réponse à son petit quolibet.

" Je...- ne... " laissa-t-elle tomber platement, avant qu'il ne fonde sur elle.

L'Indocile recula d'un pas, soudain pressée contre sa musculature compacte, mesurant toute l'étendue de sa fragilité face au colosse. Elle ne lutta pas lorsqu'il accapara ses lèvres, frémissant violemment, mêlant son souffle nerveux à celui du forcené. C'était la première fois que sa poitrine comprimée était au contact de son torse musculeux. Une protestation étouffée s'éleva néanmoins dès qu'il hasarda sa paluche contre sa croupe, définitivement réfractaire.
Mélisandre avala une goulée d'air frais en interrompant momentanément la fièvre de leur baiser, portant ses deux mains à celle qui emprisonnait son visage, sans hésiter à y planter ses ongles. Farouche, toujours.

" Mmmmhf... Je conçois votre colère et je suis prête à m'excuser, s'il le faut, parce que j'ai été une vilaine fille haleta-t-elle tout en levant son regard fauve vers le sien. Mais je vous défends d'en faire une raison pour étancher votre frustration. Ce n'est pas comme ça qu'on fait l'amour à une femme. "

La donzelle frissonna encore, la peau luisante de sueur, à laquelle se mêlait désormais des traînées de sang qui n'appartenaient ni à lui ni à elle. Elle chercha à se détacher, doucement, en essayant de se dégager, sans quitter des yeux l'impétueux démon, dont elle redoutait à présent aussi bien l'envie que la colère.

" Je ne fuirai plus, " ajouta-t-elle, sans cesser de se mordiller la lèvre, l'air aussi fautive qu'une enfant sur le point d'être réprimandée.
« Modifié: lundi 28 octobre 2013, 00:27:56 par Mélisandre Cairn »

Mélisandre Cairn

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Re : Outrage et jouissance [Steph']

Réponse 14 mercredi 30 octobre 2013, 00:52:00

Le majeur du Duc sinua le long de son échine, semant à sa suite les prémisses d'un formidable frisson qui fit aussitôt poindre l'extrémité de ses mamelons. Comme elle esquissait le geste de battre en retraite, il se rappela sèchement à elle, la plaquant davantage encore contre lui et le contact inflexible de son torse puissant. Mélisandre se grandit en sentant son autre main se loger sous l'affriolant ourlet de son cul, émettant à son tour un léger grondement, lequel aurait pu s'avérer dissuasif si seulement elle n'avait pas été en si mauvaise posture, face à ce séditieux démon, dont la force surpassait outrageusement la sienne. Ses bras repliés tentaient d'offrir une piètre résistance, coincés entre leur deux corps si parfaitement complémentaires. Elle percevait toute la fièvre de son désir, qui semblait, pour le moment, concentrée au bout de ses doigts et sur la chair délicatement rosée de ses lèvres. Ces dernières épousèrent les siennes dans un élan passionnée, désarmant la féline plusieurs secondes, durant lesquelles ses ongles imprimèrent de longues griffures sur ses pectoraux. Il ne tarda pas à s'enquérir de ses seins, comme pour interroger son degré d'excitation. Voilà un bon moment déjà qu'ils s'érigeaient en avant, provocateurs. La rigidité presque douloureuse des tétons sollicitait l'attention de l'infernal, avides d'égards, eux aussi. Mélisandre se mordit la lèvre, s'interdisant la moindre manifestation d'aise, le regard brûlant, autant de rage contenue que de l'éclosion de son désir.

Lentement, la diablesse céda à la pression exercée contre elle, reculant à pas feutrés vers le lit, délectablement vulnérable dans sa nudité . Qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Il la dominait, par sa charpente et l'étendue de ses pouvoirs. Elle ne quittait pas le contact de son regard cependant, le soutenant sans broncher, sans concevoir le moindre instant de se départir de son allure défiante et sauvage. L'arrière de ses cuisses buta contre le sommier, et elle se laissa partir en arrière. Aussitôt, la bosse de la bourse incommoda la ligne de son dos, et elle l'attira doucement dans sa paume tandis que le grand mâle se débarrassait de son ceinturon.

" Charmant, " commenta-t-elle en dressant un sourcil, réprimant en même temps le tressaillement de son corps exposé.

Les paroles crues eurent l'effet d'un tisonnier attisant les braises d'un foyer. Et le foyer se trouvait actuellement dans son bas ventre, où crépitèrent une poignée d'étincelles, langoureuses. La belle s'humecta les lèvres avant d'être rejointe par l'amant terrible. Oh, ça, il était diablement beau. Son charme dévastateur s'enorgueillissait sans doute d'avoir charrié les fantasmes d'un nombre conséquent de femmes. A nouveau, son corps contraignit le sien pour la cantonner à son rôle de captive, dont elle s’accommodait si mal. Elle le fixait d'un air revêche, nullement disposée à se laisser baiser. Sa main libre agrippa les épaules de son persécuteur, assez cruelle pour y apposer la marque de ses griffes. Sentir cette ombre virile et impitoyable planer sur elle l'emplissait d'un sentiment de rébellion.

" Mmm-..m..mm... "

L'Indocile enfouit toutefois son visage dans les draps et l'entremêlement inextricable de sa crinière sombre, refusant de lui offrir cette satisfaction, alors qu'elle geignait doucement sous les initiatives de sa bouche. Bon sang.... Son mamelon s'étira d'une manière exquise entre ses lèvres expertes, tout luisant de salive.

" Vous êtes le diable... " articula-t-elle entre deux soupirs, tandis que s'esquissait un sourire fugitif.

Un bras puissant s'enroula autour de sa taille, possessif, l'attirant contre lui. Le dos de Mélisandre s'arqua légèrement, gracieuse, accentuant le contact entre leur deux intimités. Elle prit le temps de contempler les traits composant son visage, les yeux plissés, charbonneux. La peau tiède du noble réchauffait celui de sa prisonnière, à la texture déjà enflammée.

" Je ne devrais pas vous le dire... ", commença l'exquise effrontée, le toisant avec impudence.

Sa main gauche glissa derrière la nuque de l'arrogant, presque tendrement, exerçant une légère pression pour l'inviter à approcher, de façon à ce que ses lèvres susurrent à son oreille :

" Mais je vous le ferai payer mille fois. "

A ce moment là, sa main chargée inclina la poche de cuir qui déversa une cascade d'or sur le vieux plancher. Les pièces s'éparpillèrent, tintinnabulant. La porte béait sur le couloir et les escaliers, et quelques unes dévalèrent les marches à grands bruits.
Sans prendre le temps d'expliquer son geste, la ténébreuse diablesse emprisonna le lobe de son oreille entre ses incisives, tirant doucement dessus en une invitation au jeu, fiévreuse.
« Modifié: mercredi 30 octobre 2013, 01:55:20 par Mélisandre Cairn »


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