Chapitre 1 : Préparatifs et connaissances [Les Amazones]

Les explications avaient fait leur effet, le capitaine Brach ne bougeait plus, semblait pensif et Dionide saisit cette occasion pour reprendre son chemin. Le froid de la maison disparaissait peu à peu. La démonstration de la créature devait avoir fonctionné comme elle le souhaitait. Dehors, un des membres de l'équipage semblait monter la garde. Elle reconnaissait son allégeance à Brach en voyant le symbole porté sur son épaule gauche.

- Eh ! Où allez-vous ?
- Là où ma destinée me dit d'aller.
- Vous ne pouvez pas...
- Imbécile, votre capitaine est à l'intérieur. Si je suis sortie c'est qu'il me l'a autorisé.
- Ah... Euh...
- C'est bon, laisse la partir, nous ne pourrons pas la retenir de faire ce qu'elle a à faire.
- Merci de votre compréhension capitaine. Nous nous reverrons à l'avenir.

Brach était resté stoïque le temps que sorte Dionide mais ce qu'elle lui avait dit, ce qu'elle lui avait apprit le perturbait. Il devait en référer à ses supérieurs et laisser cette femme partir... Pour le moment. De ce qu'il s'était passé, il ne dit rien, demandant simplement à ses hommes de préparer le navire, leurs affaires ici étaient terminées. Une dernière fois, il tourna son regard dans la direction de Dionide et la vit partir vers l'horizon, sa cape flottant au vent. Il ne savait que penser de cette femme... Non, de cette créature de glace mais elle devait rester une alliée pour eux, sa démonstration de froid restait impressionnante après avoir subit autant de blessures tant physiques que morales.

***

De son coté, la blonde avançait dans les terres sauvages, toujours sous le coup de son affrontement avec sa sœur. Elle le sentait bien, elle aurait besoin d'aide pour progresser plus loin encore dans ces terres. Son énergie en avait prit un coup lors de l'affrontement mais sa sœur, Fénice, devait elle aussi avoir subit les affres du combat. Non, même avec ça elle n'était pas certaine de sa victoire, sa vengeance attendra encore un peu. Elle devait préparer un autre plan, faire de la reconnaissance et faire des connaissances. Brach était un bon début, un équipage qui semblait pouvoir se défendre malgré ce qu'elle avait dit au capitaine mais il lui en faudrait d'autres et il lui faudrait aussi recouvrer ses forces, toutes ses forces pour y parvenir. Elle ne cessait de se répéter que la vengeance était un plat qui se mange froid et le froid, elle ne le connaissait que trop bien. Femme froide et patiente, elle devait trouver un moyen  pour atteindre sa sœur discrètement.

Non, mieux, l'amener à se battre sur un terrain qu'elle connaîtrait. Ainsi, elle aurait l'avantage sur la femme de feu. Oui, c'était ça, une étude du terrain avec tous les dangers que ces landes peuvent receler. Elle connaissait la puissance de sa sœur mais elle ne pourrait jamais tenir sur un terrain qu'elle ne connaîtrait pas. Ce n'était pas dans son caractère. Elle foncerait tête baissée, sans réfléchir, comme à son habitude et ça la mènerait à sa perte.

***

Cela faisait maintenant plus d'une journée qu'elle avait quitté le village brûlé, Brach et son équipage devaient en avoir fait autant après qu'elle les ait quittés. Il avait certainement un supérieur à prévenir. Il était costaud mais sa tenue droite et militaire montrait qu'il était soumis à des ordres. Si tel était le cas, ça pouvait jouer en sa faveur, ainsi pensait Dionide mais là s'arrêtèrent ses pensées. Elle reprit son étude du terrain mais les vivres lui manquaient, la faim commençait à la prendre aux tripes. Aussi, son apprentissage prenait maintenant fin et elle se décida à passer à la chasse à l'animal sauvage pour se rassasier.

Pendant encore quelques longues dizaines de minutes, elle chercha en vain, à croire que les animaux sauvages étaient partis ailleurs sous l'effet de la peur ou quelque chose du genre. Le soleil était maintenant haut, la chaleur s'intensifiait de minute en minute et Dionide commença à en souffrir un peu. Être le froid c'est bien, mais le chaud a encore une fois raison d'elle. L'avantage allait à sa sœur... Certainement la raison de sa première cuisante défaite. Mais son espoir ne la quitta pas et bientôt elle en fut récompensée. De la fumée s'éleva un peu plus loin. Elle s'en rapprocha, ne faisant pas attention à se faire silencieuse et entendit des voix de femmes. Tant mieux, elle était certaine que ce n'était pas une troupe de Fénice, il y aurait plus d'hommes que de femmes.

Encore un peu, une progression calme mais décidée et elle s'arrêta prenant bien soin de se faire repérer par les femmes. Que ça, aucun homme... Elle était surprise mais au vu des nombreuses armes qu'elles transportaient, il n'y avait aucun doute qu'elles savaient se défendre.

- Excusez-moi mais pourrais-je partager un peu de vos mets ? Faire du chemin, ça creuse. Encore plus sous cette chaleur.

Liste des Amazones présentes

• Acté ;
  
• Tanya ;
  
• Basile.

Dans le donjon de son château, le baron de Rochefort parlait à son miroir. Rochefort n’était pas n’importe qui. Il était un militaire aguerri, un noble qui siégeait au sein de divers institutions nexusiennes prestigieuses : la Cour royale de justice, qui avait pour charge, en théorie, de juger les exactions commises par les nobles, et qui, en réalité, servait surtout à permettre aux puissantes familles d’asseoir leur emprise sur les faibles, et la Cour de régence, où les puissants seigneurs nexusiens prenaient des décisions en attendant que la Reine Ivory soit en âge de gouverner. Rochefort, à n’en pas douter, était un véritable patriote. Son domaine avait des colonies situées le long de la frontière nexusienne, et avait fait deux guerres contre les Ashnardiens. Son domaine était extrêmement fertile, comprenant des champs de blé majestueux fournissant quantité de pains aux habitants de Nexus, et il disposait de vignerons riches répandant l’un des plus bons vins rouges, qu’on discutait jusque dans les restaurants de Tekhos Metropolis.

Castle Caladan était son fief principal. Ce massif château était une merveille nexusienne millénaire, abritant l’un des ports secondaires de Nexus. Ainsi, sans être le plus puissant seigneur nexusien, Rochefort n’était pas n’importe qui. Ilavait perdu deux de ses fils à la guerre, et portait une cicatrice de guerre, en souvenir d’une lame ashnardienne, qu’il avait reçu en protégeant l’un des corps de garde des immenses superforts nexusiens, ces structures massives qui avaient été installées le long de la frontière pour repousser les Ashnardiens.

« Tout se déroule bien, Baron. »

La voix, sombre, émanait du miroir. C’était un miroir magique, généralement utilisé par les magiciens. Les Rochefort en avaient fait un. Ce miroir permettait de communiquer très facilement avec les autres magiciens, mais celui à qui Rochefort parlait, enveloppé d’ombre, un capuchon recouvrant la moitié de son visage, laissant uniquement apparaître une petite barbe, était loin d’être un vulgaire magicien.

« Les premiers serfs ont commencé à venir du domaine d’Emerwyn. Tout se déroule comme prévu, mais je crains qu’on ne finisse par s’apercevoir que le fait que ces raids qui s’en prennent uniquement aux autres domaines ne...
 -  Vous n’avez pas d’inquiétude à vous faire sur ce point.
 -  Si, justement ! Si jamais ils capturent l’un des chefs, ces couards s’empresseront de tout dire, et de remonter jusqu’à moi !
 -  Et vous n’hésiteriez pas à leur parler de notre petit arrangement...
 -  Me prenez-vous pour un couard ? Nous jouons un jeu dangereux, vous et moi !
 -  Je ne le sais que trop bien, mais n’oubliez pas que nous agissons pour le bien-être de Nexus. »

Il y eut un léger moment de silence, Rochefort n’ajoutant rien. Il avait, tout d’un coup, la gorge très sèche. Rochefort devait gérer beaucoup de problèmes à Nexus, notamment avec son mage, Detmold, qui continuait à mener ses petites expériences nécromanciennes¹, probablement avec le soutien de son mystérieux interlocuteur. De telles choses ne pouvaient pas continuer à durer, il ne le tolérerait pas éternellement.

« Avez-vous réussi à obtenir notre homme ?
 -  Ah... L’archer ? Oui, bien sûr... Je l’ai envoyé attaquer les villages de Dallanbert. Il a été ravi... Mais je ne lui fais pas confiance. Il n’hésitera pas à nous trahir.
 -  Je le sais très bien... Et c’est pour ça que j’ai pris une assurance... Une femme avec un talent particulier, qui, j’en suis sûr, saura raviver en vous cette flamme que je sens vaciller. »

La conversation se termina là, l’image dans le miroir disparaissant pour ne montrer plus que le reflet d’un homme âgé, un homme qui, malgré les épreuves de la vie, continuait à se battre. Un père ne devrait jamais à avoir enterrer ses enfants, pensait-il. Et, pourtant, il avait du en enterrer deux.


« SQUUUUUUIIIIIIIIIII !!!!
 -  J’ai du mal à comprendre pourquoi tu t’attaches à une telle créature, ma sœur... » glissa Basile.

Acté se contenta d’un léger sourire en voyant les petites mains de Sparky, son petit gremlin², attraper le morceau de viande que les trois Amazones étaient en train de cuire, le mangeant goulument. Sparky était extrêmement fidèle à Acté, adorant s’accrocher comme un singe à un long cheveu. Quand Acté était revenue avec ce truc sur son épaule, beaucoup d’Amazones n’avaient pas compris. Mais, dans les ruines de Micahualca, Sparky lui avait sauvé la vie. Il était donc normal qu’Acté lui témoigne une sorte de gratitude, de reconnaissance pour l’avoir ainsi aidé.

Les trois Amazones étaient proches de Nexus, dans les domaines nexusiens. Des endroits assez paisibles, même si elles évitaient les patrouilles. De manière générale, les États souverains et sédentarisés n’appréciaient guère les Amazones, qu’ils percevaient comme des vagabondes hirsutes annonciatrices de la venue de la Horde, une armée d’un millier de puissantes guerrières. Autant dire qu’aucun État n’aimait voir ce troupeau débarquer. Les Amazones bivouaquaient donc dans la forêt, ayant monté leur camp : des lits sommaires, ainsi qu’un feu de camp, où elles avaient dépecé une biche que Noara avait chassé, faisant cuir les morceaux à la broche.

Elles se reposaient avant de reprendre leur route, quand les femmes entendirent du bruit. Acté porta instinctivement sa main sur la garde de son épée. Toutefois, les Amazones n’entendaient aucun cliquètement faisant penser à une armure, et, sous leurs yeux, une superbe femme apparut. C’était une élégante dame en robe de magicienne bleue, qui rafraîchit curieusement l’air. Tanya fronça les sourcils, comprenant, étant Chamane, qu’elles avaient affaire à une magicienne.

« Excusez-moi mais pourrais-je partager un peu de vos mets ? demanda-t-elle. Faire du chemin, ça creuse. Encore plus sous cette chaleur. »

Il ne faisait pourtant pas particulièrement chaud. Avant qu’Acté, la chef de groupe, ne puisse dire quoi que ce soit, Tanya se mit à parler :

« Installez-vous, voyageuse. Les Amazones sont toujours ravies d’offrir l’hospitalité aux femmes de voyage. »

Acté ne dit rien. Si Tanya l’invitait comme ça, c’est que cette femme devait être particulière... Ce que son regard semblait indiquer. Les Amazones la laissèrent s’asseoir, Acté lui tendant une brochette. Elles en profitèrent pour sommairement se présenter :

« Acté, guerrière expérimentée... Et Sparky, mon... Mon animal de compagnie.
 -  Basile, l’amatrice des serpents.
 -  Et Tanya, Chamane-guerrière des Amazones. »

Basile avait également un serpent, qui sifflait en louvoyant autour de son cou. Acté se mit alors à parler, étant après tout celle qu’Andromaque avait nommé pour diriger ce groupe :

« Nous sommes les Amazones, femme. Nous allons vers Nexus pour trouver des ingrédients pour la Horde et des équipements. Et toi ? Pour quelles raisons tes pas t’ont conduit ici ? »


1 : Cf. RP « Flèche & Plasma ».
2 : Sparky est la créature visible sur l’image d’Acté. Il a été acquis durant le RP « Ruines ».

Trois femmes guerrières avec deux animaux dont un truc bizarre. Bon, au moins, elles ne semblaient pas être de mèche avec Fénice. Après qu'elles se soient présentées, Dionide en fit de même, évitant soigneusement de se nommer comme une créature.

- Dionide, maîtresse du froid.

Elle accepta la brochette qu'on lui tendit et, entre deux bouchées, elle s'expliqua un peu plus.

- Je cherche ma sœur ou quelqu'un qui connaisse ces terres. Désolée d'avoir ainsi fait irruption dans votre bivouac mais la chaleur et la faim m'accablaient. Aussi me suis-je laissée guider par la fumée pour parvenir jusqu'à vous.

Plus elle mangeait, mieux elle se sentait. Son énergie lui revenait peu à peu et l'ombre des arbres lui fit un bien fou. Elle resta ainsi assise sous les feuillages, s'abritant du soleil qui ne lui rappelait que trop les flammes de sa sœur. Elle décida de ne pas parler du pourquoi de sa quête, faire confiance à des inconnues aussi vite était risqué et rien ne lui assurait qu'elles n'étaient pas avec Fénice. Aussi, elle s'abstint de parler du capitaine Brach. Par contre, ces femmes pourraient éventuellement devenir des alliées.

- J'aurais une faveur à vous demander. Serait-il possible que je vous accompagne jusqu'à Nexus ? Je dois y rencontrer un homme qui m'aidera et je pourrais plaider en votre faveur.

Ce dernier argument n'était sans doute pas pour les mettre en confiance, les amazones devaient se sentir soit agressées, traquées ou bien visées par quelque chose dont elles ne savaient rien. La situation était dangereuse pour Dionide, elles avaient une chamane et une bête qu'elle ne connaissait pas. Aussi, elle entreprit de s'expliquer un peu plus.

- Je me suis peut-être mal exprimée. Hier soir, un village a brûlé non loin d'ici et je sais qui a fait le coup mais les autorités cherchent des responsables. Un groupe nomade qui aurait attaqué plusieurs fois. S'ils vous tombent dessus, ils pourraient bien vous en tenir pour responsables et devenir le bourreau de la justice. Seulement, je connais un homme qui croira ce que je dirai et il se trouve qu'il est aussi à Nexus ou sur le chemin pour y retourner.

***

De son coté, Brach et son équipage avaient déjà repris la mer en direction de Nexus. Le capitaine continuait à se poser des questions sur ce qu'il devait penser de la situation, sur ce qu'il devait faire. Devait-il parler de cette femme de glace à son chef, devait-il garder cette rencontre secrète ? S'il parlait de Dionide, le baron demanderait certainement à la voir mais lui-même ne savait déjà pas où la trouver. Il intima le silence à son équipage et prépara une excuse valable pour la source des informations qu'il avait à transmettre. Les remparts du château s'élevèrent et coupèrent la ligne d'horizon. Brach inspira un longuement. Le moment de tout dire de ce qu'il savait approchait à grand pas. Il était serein, il exerçait son devoir et allait rendre compte de tout ce qu'il savait.

La femme s’assit en face d’elles. Les Amazones avaient beau être un peuple très fermé, elles n’en restaient pas moins des individus connaissant les lois de l’hospitalité, surtout envers les voyageurs. Cette femme était une voyageuse, une femme qui parcourait le monde, et suivait un but précis. Il n’appartenait pas aux Amazones d’en savoir plus, mais la curiosité était une chose naturelle, surtout quand on partageait le pain et l’eau. Elles notèrent que la femme restait à l’ombre, éloignée le plus possible du feu. Il ne faisait guère chaud à Nexus à cette époque de l’année, et Tanya avait senti que la pluie approchait, et risquait de tomber.

*Cette femme semble aimer le froid...* songea Acté.

Elle se présenta comme s’appelant Dionide, « maîtresse du froid ». Un titre curieux, mais assez révélateur. Tanya, qui avait senti son pouvoir magique, comprit que son élément magique dominant devait être la Glace.

« Tu n’as pas à t’excuser, femme, intervint Acté, le devoir d’une Amazone est d’assister les voyageurs, surtout quand ce sont des femmes. Notre peuple est un peuple de voyageuses. »

C’était un devoir sacré, que les Amazones, très superstitieuses, se devaient donc de respecter scrupuleusement. Dionide mangeait avec appétit. Elle n’avait pas du avoir l’occasion de manger depuis un certain temps. Acté la regardait silencieusement, tout en donnant un nouveau morceau de viande à Sparky, qui l’accepta joyeusement. Il se tortilla sur son épaule, amenant Acté à sourire légèrement. Difficile de dire ce qu’elle trouvait de si attachant sur cette créature, moche et ridicule, dont les couinements étaient insupportables pour beaucoup. Les Amazones continuaient à manger, jusqu’à ce que Dionide poursuive.

Conformément aux lois amazones de l’hospitalité, c’était à elle de se présenter, et de solliciter des requêtes. Elle était l’étrangère, et elle venait demander des services, des services auxquelles les Amazones avaient fait droit, en lui offrant le couvert, et éventuellement le gîte pour une nuit. Le reste dépendait ensuite de la personne, de ses demandes, et aussi de leurs propres situations. Rien ne les obligeait à faire durer l’hospitalité au-delà d’un jour franc, et les Amazones étaient plutôt à cheval sur ce principe. Cependant, il fallait bien admettre que cette Dionide les intriguait. C’était une magicienne, et les Amazones aimaient bien les magiciennes, estimant qu’elles étaient touchées par la Déesse. La magie était une puissante arme, qui mettait à rude épreuve les plus courageuses guerrières. Une Amazone respectait donc par principe le potentiel de combat d’une magicienne, et, vu que Tanya n’avait rien dit, c’était un signe que cette femme était douée.

Elle se mit à leur parler, mentionnant un village brûlé la veille. Les Amazones étaient au courant. Elles avaient compté se reposer dans ce village, bivouaquer à l’auberge, afin de vendre quelques peaux de bêtes, mais, alors qu’elles approchaient, elles avaient vu le village en feu. Les coupables ? Des bandits locaux, qui semaient la terreur depuis quelques mois en multipliant les razzias dans la région. Ils étaient menés par un bandit activement recherché par la milice de Nexus, qu’on surnommait « l’Archer ». Un elfe renégat, selon certains, mais les bandits qui attaquaient n’étaient pas les Scoia’tael, ces redoutables terroristes non-humains. Les Amazones se moquaient bien de tout cela. Elles effectuaient souvent des pillages. Il n’y avait aucun honneur à massacrer des faibles, mais, quand les besoins de la Horde le justifiaient, les Amazones venaient, ne pillant que si les autochtones avaient la folie de leur refuser ce qu’elles demandaient. Et elles essayaient de limiter les pertes civiles. En ce sens, elles ne se considéraient pas comme de vulgaires pillards, malgré ce que les États séculiers pouvaient en dire. Elles n’avaient rien à voir avec cet Archer, et, si l’occasion se présentait, il allait de soi qu’elles le tueraient, mais, dans le cas contraire, les problèmes de Nexus ne les regardaient pas.

Acté répondit la première à la requête de Dionide la magicienne :

« Nous sommes au courant des razzias, Dionide-La-Magicienne. Notre intention est de ne pas nous en mêler, sauf si on devait nous offrir rétribution pour le faire. »

C’était la politique des Amazones. Elles n’étaient pas des justicières, mais, si elles voyageaient, c’était pour rapporter des objets de valeur à la Horde. De l’or, mais aussi quantité d’autres objets précieux.

« Si votre route vous conduit à Nexus, alors nous ferons route ensemble », décida Acté, avant de se retourner vers ses sœurs.

Elles opinèrent de la tête. Leur assentiment n’était pas une simple formalité, mais il fallait être Amazone pour le savoir. Rien n’était plus important que l’union entre les Amazones. Elles ne s’appelaient pas « sœurs » entre elles pour rien.

« Du reste, si jamais la justice nexusienne devait nous tomber dessus, nous avons de quoi nous défendre. »

C’était autant une affirmation qu’une menace à peine voilée. La fierté des Amazones ne devait pas être traitée avec légèreté, elles ne voulaient pas donner le sentiment qu’on les materne. Basile parla alors à son tour, son serpent glissant le long de son bassin, formant comme une espèce de voluptueuse ceinture :

« Nous, Amazones, n’accordons qu’une confiance limitée aux mâles, et nous savons que Nexus est un nid de rapaces et de charognards. Ton mâle est-il fiable ? »