Alors, tout ne sera plus que cendres. [SP]

En ville, la nuit, il n'y a personne. Les rues sont désertes, et seulement éclairées par les lampadaires. L'obscurité et le silence règnent en maîtres absolus, l'espace de quelques heures. Dans ces infinies ténèbres cependant, le monde révèle sa face cachée: voleurs, tueurs, dealers, catins et proxénètes se meuvent dans l'obscurité comme s'ils étaient eux-même des ombres parmi tant d'autres. Et les rares promeneurs à la conscience tranquille ne sont en général que des victimes potentielles. Et parmi tous les individus à l'humanité fort discutable, même X-SMYLE ne dérogeait pas à cette règle. Il n'était qu'un criminel parmi tant d'autres, qui ressentait le besoin de se remplir les poches pour pouvoir satisfaire les dix-sept copines actuelles de Pierre. Pour lui, il n'y avait pas pire gouffre financier qu'une femme. Mais ce soir-là, X-SMYLE était différent de tous ces pickpockets et autres imbéciles qui braquent les épiceries ouvertes H24. Non, lui réalisait un casse, un vrai, à lui tout seul.

Le matin même, la banque centrale Daikane avait été livrée par pas moins de deux fourgons blindés. Pierre les avait vus lui passer devant alors qu'il se rendait tout simplement au boulot, et il avait su entendre l'appel de tous ces yens qui se trouvaient à l'intérieur. Puis, il y a vingt minutes de cela, un homme coiffé d'un chapeau orange orné de smileys s'est introduit dans l'établissement, en passant par la fenêtre à triple vitrage d'un des bureaux.
Il n'a pas fait cette erreur stupide de se ruer comme un affamé vers l'épaisse porte du coffre fort. Non, il s'était débarrassé d'absolument tout ce qui pouvait l'entraver, pour commencer. Il s'était rendu vers le poste de télésurveillance en se faufilant entre les caméras, et avait simplement tué le vigile qui se trouvait là. Pas d'alerte si personne ne peut la sonner.
Il était là, maintenant, la main posée sur l'épais rempart d'acier, un liquide rouge suintant de sa paume. A gauche et à droite de la porte ronde se trouvaient deux cadavres calcinés, pauvres gardiens qui ne faisaient que leur ronde de nuit. Il aurait fallu environ treize minutes pour forcer la serrure avec un chalumeau. Il n'avait suffit que de quatre pour changer l'ouverture en une gueule rougeoyante et béante. C'est avec une expression joviale et satisfaite qu'il ouvrait son sac de sport, prêt à empocher son butin.

Les choses ont mal tourné lorsqu'il attrapait la première liasse. Et c'était sans doute dû au fait qu'on entendait une sonnerie stridente à vous vriller les tympans dans toute la banque. En plus de la lumière, qui s'était mise à clignoter rouge. C'était sans doute difficile à comprendre, mais l'intelligence supérieure de notre cambrioleur l'avait poussé à cette déduction: il avait dû déclencher l'alarme. Quoi? Comment, pourquoi? Peut-être le fait qu'il y ait eu des capteurs de mouvements, dans le mur, derrière les billets. On lui avait encore jamais faite, celle-là. Mais il fallait foutre le camp en vitesse. Il déversait un maximum de billets dans son sac, et prenait ses jambes à son cou.
Le bâtiment était déjà encerclé par les flics. Bien sûr, le poste n'était pas loin. L'avantage du fait que les issues aient toutes été condamnées par un rideau de fer, c'était qu'ils ne savaient pas qui et combien ils étaient. Jamais personne n'aurait pu réussir un tel coup tout seul. Aucun être humain, du moins.
De l’extérieur, ça bougeait. Les simples agents se tenaient cachés derrière leurs voitures, tenant le rideau de fer en joue, au cas où on ferait feu depuis l'intérieur. Pendant ce temps, les brigades d'intervention se mobilisaient pour se poster à l'arrière du bâtiment. Mais c'était devant que l'action se produisit. Un point rouge apparut sur le rideau de fer, provoquant l'étonnement parmi les forces de l'ordre. Et puis d'un coup, une colonne de flammes en jaillit, allant percer le capot d'une voiture de patrouille, qui explosa. L'offensive était lancée, et nul ne savait quelle arme était capable de générer un flux de feu aussi puissant.
Ça fait quand même beaucoup de témoins à éliminer. J'suis pas du genre à faire du grabuge...

Je n'étais ni victime ni criminel, mais je me promenais pourtant de nuit dans les rues endormies de Seikusu. Cette habitude -non, ce besoin, même- me venait certainement de l'époque où je faisais mes patrouilles en tant que Sentinel Prime. Comme dans les comics, je faisais en sorte d'arrêter brigands, tueurs et autres cinglés qui ne sortaient que la nuit. J'avais pris goût à cette partie de ma vie, considérant qu'en outre la ville de nuit avait un charme qu'on ne pouvait lui connaître en l'arpentant de jour. Ce soir là, j'avais laissé ma Harley dans le garage que je louais et je m'étais laissé surprendre à marcher des heures durant pour redécouvrir une ville qui n'avait pas vraiment changée en cinq ans que je l'avais quittée.
Retrouver ses repères avait du bon, même si on avait cherché à les fuir en se baladant à travers le monde en espérant que l'herbe soit effectivement plus verte ailleurs.

J'en étais à bouffer un sandwich pour me caler avant de rentrer quand la voiture de police passa à côté de moi toutes sirènes hurlantes, devançant la dizaine d'autres qui la suivaient pour disparaitre au coin de la rue. Une sortie en force des flics, à cette heure là ? Si loin de la Toussaint ? Ca ne sentait pas bon, mais ce n'était plus mon problème. D'autres allaient certainement surgir du ciel et aider les bleus à régler efficacement le souci, c'était certain. Moi, j'étais un simple type qui allait passer son chemin et laisser les choses se faire. Du moins, c'était dont ce j'avais voulu me convaincre avant de courir à la poursuite des véhicules de patrouille, que je trouvais tout à côté, faisant barrage devant une banque dont la sirène hurlait à tout rompre. Un casse, un bête casse ? Pas de quoi fouetter un chat.
Maintenant que j'étais là, j'allais me mêler à tous les badauds qu'un cordon de sécurité tentait de contenir tandis qu'un officier faisait au mégaphone les sommations d'usage à l'encontre des braqueurs.
Jusqu'à ce que ça dégénère.

Comme tout le monde, le point d'un rouge lumineux sur le rideau de fer m'interpella lorsqu'il apparut, mais je sus très vite de quoi il s'agissait. On concentrait assez de chaleur sur le métal pour le faire chauffer à blanc ! Et vu l'effet, ce qui produisait le phénomène n'était en rien très commun. Je n'eu pas le temps de crier et par manque d'habitude, je ne réagissais pas assez vite pour empêcher la langue de feu de venir faire exploser une voiture de flic avec violence, projettant des morceaux de carcasse dans tous les coins. Je parvins à mettre quelques personnes à l'abri, avant de comprendre que j'étais fais. Trop impliqué pour reculer ou pour feindre l'ignorance. Je n'étais pas comme ça, il était hors de question que je me défile. Par contre, quand j'allais mettre la main sur le connard qui me traînait dans cette merde, il aurait besoin d'une sacrée cargaison de pansements.
Parce que j'allais lui briser quelques os en guise de dédommagement.

Ceci étant dit, je n'avais aucun costume sur moi et je me voyais mal en générer un devant tout le monde. Prime était mort et devait pour l'heure le rester. Mais alors, que faire ? Comment intervenir ? Et bien, à l'ancienne. M'écartant de l'attroupement en simulant une fuite sous la peur après la puissante explosion, je m'enfonçais dans une petite ruelle avant de décoller à grande vitesse pour m'élever dans le ciel et filer comme une balle à l'intérieur de la banque, assuré que personne me me verrait. A part le type devant lequel je me trouvais donc, avec son chapeau ridicule et ses mains encore fumantes.
Mutant ? Possiblement.

- Les guichets sont fermés, connard.

Rien de plus. Je fonçais sur lui à une vitesse trop élevée pour l'oeil humain et lui collait mon poing dans l'estomac. Oh, rien de mortel, non. Juste de quoi lui couper le souffle et les jambes, histoire de le maîtriser du premier coup en évitant les dommages collatéraux.
Ça devrait largement suffire, du moins en étais-je persuadé alors que mes phalanges s'écrasaient contre lui.

Pas de temps à perdre. L'explosion ne servait que de diversion, il fallait foutre le camp maintenant. Pas par l'opposé, chemin de fuite trop évident. Non, comme d'habitude, il fallait s'en tenir au plan. Sortir par où il était entré, reprendre ses affaires, et se joindre à la foule de spectateurs, à l'extérieur du cordon. Quand ils investiraient les lieux à la recherche de toute l'équipe du casse, et de leur chemin de fuite, lui s'en irait bien gentiment. Il tourna les talons, et jeta une boule de feu, sur un mur. L'explosion fut ridiculement petite, mais la marque de brûlure sur le mur était nette: elle formait un smiley souriant, avec quatre branches qui formaient un X. Il signait son méfait. Entends ma détresse, mon amour. Cette pensée le traversait chaque fois qu'il apposait son symbole.
Le plafond s'est effondré, et un type est tombé. Les muscles de Pierre s'étaient raidis sous l'effet de la surprise. Un homme seul? Il s'attendait à un commando parachuté. Mais c'est vrai qu'il n'avait pas entendu d'hélico. Un hélico pour si peu? Putain, je regarde trop de films américains...

"Les guichets sont fermés, connard."

Je suis pas le seul. Réplique clichée du héros de film d'action. Remarquez, X-SMYLE faisait pas mal fort, niveau clichés. Il allait lui aussi sortir une jolie réplique, mais un poing se logea dans son abdomen au moment même où il ouvrait la bouche. Il n'en sortit donc qu'un profond soupir. Dire que cet enfoiré était rapide eût été un bel euphémisme. Et la résistance de l'avatar n'était que légèrement supérieure à celle d'un humain normal. Splendide idée, que de prendre le corps d'un pauvre con de Tekhan! Il fit tourbillonner des flammes autour de lui, histoire de tenir son assaillant à l'écart, le temps que le souffle ne lui revienne.
Vous savez, quand on vous coupe le souffle et que vous tentez en vain d'inspirer, l'espace de quelques secondes, une petite crise de panique vous prend, parfois. Et c'est assez humiliant, pour un Dieu, ce genre de réactions corporelles. Il reprit néanmoins vite de la consistance, et loin d'être battu, rétorqua:

"C'est un retrait urgent. Je suis du genre flambeur."

Et rien de mieux pour appuyer ses dires que quelques geysers de lave jaillissant du carrelage, par-ci par-là dans la pièce. Il était toujours enveloppé de ses flammes, vrillant autour de lui et empêchant son adversaire de venir au corps à corps. Tu m'as eu par surprise, gamin. Tu n'auras pas de deuxième chance.
Il ouvrit à nouveau la bouche, comme s'il allait parler à nouveau, mais ce fut un souffle de feu et de braises ardentes qui sortit de sa bouche, comme celui d'un dragon. Niveau effet de surprise, il savait y faire aussi. Et l'inconnu ne saurait fuir au hasard, avec toutes cette lave qui venait éclabousser le plafond, aux abords de cette grande pièce -qui rappelons le, était le hall d'entrée. Elle avait davantage l'air d'un enfer de flammes,à présent.

Ah, mauvaise estimation de ma part. Le crochet au ventre aurait dû le plier et le foutre à genoux, mais il semble que le bonhomme soit plus solide que je ne l'avais prévu. La résistance que mon poing rencontre est un poil plus coriace que ce à quoi je m'attendais et si mon attaque l'a surprit il me rend la pareille en se nimbant de flammes. Par pur réflexe, je me recule d'un petit bond flotté en arrière. Je ne connais pas de brasier capable de m'inquiéter, et ce n'est pas aujourd'hui que... Minute, minute. Je sens la chaleur de ses flammes ? Ce n'est pas grand'chose, certes. Ça reste assez particulier : la membrane d'énergie en permanence tendue autour de mon corps empêche ce genre de ressenti en temps normal. C'en serait presque inquiétant, je dois dire. Pour le moment, je préfère mettre ça sur le compte de mon inactivité de ces dernières années et garder à l'esprit que ce client est peut-être un peu au-dessus du lot habituel.
Et pour le coup, je crois que c'est ENCORE une mauvaise estimation.

- C'est un retrait urgent. Je suis du genre flambeur.
- Si c'est pressé, autant que tu passe à la caisse tout de suite, alors.

C'est lui qui me prend de vitesse alors que je m'apprête à foncer à nouveau. Des... Geysers de flammes ? Je ne l'ai même pas vu esquisser un geste ou réciter une incantation, un truc du style ! Une convocation spontanée, alors. Voilà qui n'est pas bon, d'autant qu'il ne s'agit plus de flammes mais de lave. Mutant ou pas, ce talent là n'est pas à la portée de tout le monde et c'est donc une raison de plus que de lui faire chier ses dents vite fait bien fait. Franchement, il ne croit pas que quelques flammèches et un peu de magma vont m'empêcher de me cogner ? C'est beau, l'inconscience. Je bande mes muscles, arme mon poing et... mange de plein fouet un souffle enflammé qui ferait passer Spyro le Dragon pour un briquet Zippo. Mes bras se croisent devant moi en une parodie de garde tandis que je cherche une ouverture pour aller lui décoller un pain qui le fera s'envoler pour Mars. Merde, mes avant-bras commencent à me brûler pour de bon ! Okay, il faut que je réagisse.
Quitte à encaisser les flammes, je baisse les bras après avoir placé solidement mes jambes sur le sol et tourné mon buste alors que mes mains se sont portées ensemble presque à niveau de ma taille. Des paumes unies nait alors une lueur bleue, qui un instant diffuse ses flashs dans la pièce.

- Toi, c'est plus l'Eraser Gun*, alors ? Je préfère le Kamehame.......HAAAAAA !

Oui, je l'ai fais et j'en suis fier ! Mes bras se détendent et s'élancent vers l'avant alors que jaillit le rayon d'énergie qui sépare son souffle en deux pour foncer vers lui. Pas question de le faire exploser ou de le vaporiser, mais l'impact devrait être assez important pour l'envoyer voler vers le mur le plus proche et régler le souci. Une fois le Kamé parti de mes mains, je m'envole vers mon adversaire pour vérifier l'étendue des dégâts et voir si il est calmé. Dans le cas contraire, son état devrait me laisser une marge suffisante pour lui balancer un direct en pleine poire.
Ce n'est qu'en regardant mes bras que je me rends compte qu'il doit être VRAIMENT particulier, ce type. Ma peau a rougit et un peu plus, j'aurai eu à déplorer des brûlures inattendues.

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(*) si tu ne connais pas, meurs.

"Kamé..."? Il avait dû mal à y croire, sur le coup. Cet homme avait sans aucun doute de la réserve, mais de là à ce que ce soit possible... X-SMYLE n'aurait jamais imaginé que lire des mangas pourrait lui servir un jour dans un affrontement. Pourtant il connaissait ses classiques, et il avait eu le réflexe d'envelopper ses tibias et ses avant-bras dans de la roche volcanique qu'il avait refroidie à même sa peau, afin de parer le coup.
C'était bel et bien réel. Un authentique flot d'énergie l'avait projeté contre le rideau de fer derrière lui, et avait éclaté sa carapace par la même occasion. Cela lui rappela un jeune Dieu dont il peinait à se rappeler le nom. Les yeux du malfaiteur irradiaient de leur lueur orange. Il était en colère. Très en colère. Mais lorsque l'on a pas jaugé correctement son adversaire, il est bien présomptueux de se jeter vers lui à l'aveuglette. Le coup de poing arriva rapidement, d'un homme dont les pieds ne touchaient même pas le sol. Pfff, aucun appui stable... Amateur!
Le Dieu forgeron avait quelques notions au combat, ne serait-ce parce qu'il avait créé maintes armes et armures dont la valeur d'une seule permettrait d'acheter un pays d'Europe de l'ouest. Les dents serrées, il avait tout simplement dévié le coup d'un revers de bras, avant de lui envoyer son poing gauche dans la figure.

"Comment oses-tu..."

Un poing qui s'embrase, et une explosion au bout de son coude pour donner davantage d'impulsion et d'élan à son coup. Quand on a une force normale, autant mettre toutes les chances de son côté. C'était sans doute aidé par le fait qu'il ne touchait pas le sol, mais il avait envoyé son assaillant voler.

"... Me comparer à un personnage aussi LAID et STUPIDE que REECOM?"

Ce n'était pas tant le fait que le personnage soit très secondaire et parfaitement ridicule, mais surtout qu'il soit laid. Merde quoi, il s'en était donné, du mal, pour avoir un si joli corps! Mais Pierre avait d'autres références, qu'il pouvait utiliser. Il croisa les bras devant lui, et laissa s'échapper des flammes du dos de ses mains en tant que réacteurs, pour éviter le recul. Oui, c'est si puissant que ça. Et s'il l'évitait, les trois quarts du bâtiment ne seraient plus qu'un souvenir.

"BRÛLE AUX CENDRES, INSECTE!"

Un énorme jet de flammes sortit de ses paumes, et l'extrémité prit alors la forme d'une gueule béante de lion. XX-Burner. Et encore, il ne l'avait choisi que pour son aspect purement esthétique. Il n'avait cependant jamais poussé ce corps jusqu'à ses limites, et ne savait pas combien de temps il tiendrait, en lançant des énormités pareilles. Il avait encore beaucoup de réserve et bien des tours dans sa manche, mais il espérait en finir avant d'être à bout.

(Et ça, c'est pour la crédibilité)

Amateur, oui. J'agissais comme tel, doublant mon comportement de celui d'un homme trop sûr de lui. Après le coup du Kamé -ça avait été plus fort que moi, de le placer- je pensais que le type serait KO pour de bon, sonné dans un tas de briques et peut-être de billets brûlés. Mais le décor de four crématoire et les projections lumineuses de ma propre attaques m'avaient empêché de voir le résultat de ma contre-attaque et je m'étais lancé bille en tête pour placé un coup bien trop prévisible pour un homme qui avait visiblement réussi à détourner ma rafale pour parvenir à se mettre dans la foulée en situation de contre. Le poing dans la gueule me laissa comme un con et j'eu la très mauvaise idée de baisser ma garde pour porter mes mains à mon nez. Merde, une vraie chochotte ! L'autre réagit trop vite pour que je puisse parer et je me retrouvais renvoyé dans mes vingt-cinq mètres, parvenant à freiner au dernier moment mon vol plané inopiné. Enfoiré.
Visiblement, la référence à Reecom n'avait pas été de son goût. Au moins, le mec connaissait ses classiques. Peut-être que dans d'autres situations, nous aurions put tenir ensemble de longs débats animés entre fanboys ? Ca aurait été sympa, sûrement. Et il prépara déjà son attaque suivante, faisant hurler dans ma tête le petit signal d'alarme qui disait que ça risquait de chier sévère dans les secondes qui allaient suivre.

- Oh, putain...

Tout se passa très vite dans mon esprit, presque comme si la scène se déroulait au ralenti. Un très rapide coup d'oeil derrière moi, soit en direction de l'ouverture que ce type avait créée avant que je n'intervienne. Les flics et les passants étaient sûrement encore agglutinés devant, ce qui m'empêchait de me déporter de ma position. Si la langue de feu, cette gueule béante du plus bel effet venait à s'engouffrer dans le trou, elle ferait des ravages à l'extérieur. Et esquiver pour aller où, de toute façon ? Vu le rayon de son attaque, j'aurai à détruire le bâtiment au risque de le faire s'effondrer lorsque je passerai au travers des murs. Les choix étaient donc extrêmement réduit et je fis l'unique chose utile à cet instant : je dressais un large mur d'énergie solidifiée, l'étendant au maximum de mes possibilités en cet instant critique pour encaisser la charge et réduire au mieux les dommages collatéraux.
Plus le temps de fanfaronner, plus du tout. Putain, mais c'était qui, ce mec ? La quantité d'énergie que je devais produire pour lui tenir tête était énorme et je voyais ma défense se fissurer. La chaleur faisait fondre tout ce qui pouvait l'être dans la banque et vu les cris que je percevais de l'extérieur, elle se répandait dans la rue. Le pyromane ne lâcherait rien, c'était certain. Je ne pouvais pas non plus le laisser filer, vu ce qu'il était capable de faire. L'affrontement était nécessaire mais tant que j'aurai à me soucier de mon environnement, je m'avérerai désavantagé. Vite, Kyle, une idée !
Elle me vint, l'idée. Pas la meilleure.

Je cessais d'alimenter le mur en énergie, sachant qu'il ne tiendrait tout au plus que quelques secondes. Celles dont j'avais besoin pour accentuer la membrane autour de mon corps, la constituant carapace à présent visible à l'oeil nu puisque luisant d'un halo bleu prononcé. Et je fonçais. Au travers de mon mur, puis de son attaque. Je remontais vers lui malgré la formidable chaleur et parvint pour de bon à lui coller mon poing dans la gueule, sans toutefois m'arrêter là. Je m'agrippais à lui et fonçais vers le mur derrière, le défonçant pour passer à travers les bureaux que nous traversâmes comme une balle enflammée avant de nous retrouver à l'air libre. Et je remontais mon vol vers le ciel, l'ajustant comme je le pouvais pour que nous nous dirigions vers mon but : une vieille zone d'usines désaffectées loin de toute habitations. La chaleur, bon Dieu, la chaleur ! Ma carapace d'énergie avait semblé fondre au contact du corps de l'autre taré et j'en subissais les conséquences, à présent. Je l'envoyais loin de moi tout en volant. Il fallait en finir avant que ça ne dégénère !
Je tendis mes mains en avant après les avoir plaquées l'une contre l'autre, libérant un rayon d'énergie plus puissant que la copie du Kaméha que j'avais déjà balancée.
Evite celle là après ce que je t'ai mis, putain d'enculé.

- FALLAIT SIGNER LE REÇU, PAUVRE CONNARD !


(Oublions la crédibilité, passons en kikoomode et merde au reste o/)

Ah. Celle-là, il ne l'avait pas vue venir. Braver les flammes intenses d'un Dieu, s'en protéger avec un mur d'énergie, contrer, et repousser l'assaut en si peu de temps... Ce n'était pas un insecte, finalement. Il était sans doute capable de l'égaler. L'avatar s'était fait balader comme une poupée de chiffon dans les airs, complètement pris au dépourvu. On t'as jamais appris à crever? Et il avait signé son œuvre, en plus. Tous ceux qui avaient pu distinguer quelque chose dans la comète orange et bleutée qu'ils formaient avaient maintenant une apparence à rattacher au nom d'X-SMYLE, et tout ça par la faute de cet enfoiré. Qui était-il? Cet inconnu affrontait une entité dont l'existence même devait le dépasser, et il arrivait à lui tenir tête? Ils prenaient de plus en plus d'altitude. Tu crois que le froid m'arrêtera? Moi aussi j'ai vu le premier Iron Man! Mais non. Encore une fois, il se faisait jeter comme un rien. Ce qui est sûr, c'est que du haut de ses six tonnes habituelles, Héphaïstos n'avait jamais autant valdingué. Il se contorsionnait tant bien que mal en l'air, comme un chat qui tombe, pour essayer de retrouver sa stabilité.
Il allait heurter  le toit d'une usine lorsque des flammes jaillissant de ses paumes et de ses pieds lui permirent de ralentir. L'élan était pourtant si grand qu'il avait dû finalement poser pied, mais il avait au moins évité d'autres dégâts. Il relevait la tête, juste à temps pour voir un nouveau rayon d'énergie lui arriver dessus. Mais juste le voir. Pas l'éviter. L'attaque le toucha de plein fouet et le fit entrer de force dans le bâtiment désert, où il s'écrasa sur le sol dans un petit cri de douleur.
Ce pouvoir...

... Je l'ai déjà vu à l’œuvre...

Il ne se rappelait pas quand exactement, mais c'était certain. Un Mortel avait fait trembler tout Olympe. Quel était son nom, déjà? Etam? Non, ça c'était une marque de soutien-gorges. Haytham? Il fallait arrêter Assassin's Creed. D'autant que la trame de fond du troisième était ridicule. Bah, peu importait. Il se redressait, endolori par toute l'énergie qui s'était abattue sur lui. Il se parla à lui-même.

"L'héritier de Sentinel, hein?"

A nouveau, des flammes l'enveloppaient. Mais celles-ci n'étaient pas là pour le protéger. Ses quelques plaies se refermèrent, et la douleur dans ses muscles s'apaisait alors que le feu léchait sa peau et ondulait sur tout son corps. Ses yeux ne quittaient pas son adversaire. Il n'y avait que lui, dans ce ciel noir. Un homme entouré d'un halo bleu regardait de haut le divin qu'il venait de mettre à terre. Idée irritante. Un pouvoir capable de combattre les Dieux ne l'avait jamais effrayé. Parce qu'il ignorait qu'un jour, il finirait par combattre quelqu'un de ce calibre.

"Bah, j'en ai vu d'autres..."

Une boule de la taille d'une balle de hand se forma au creux de sa main. Une sphère qui rayonnait d'une lumière argentée. On aurait cru voir un petit soleil au creux de sa main. Ce n'était pas vraiment ça, mais l'idée était là. Une boule de feu concentré. Il était si dense que la lumière qu'il produisait était éblouissante.

"Je l'ai baptisée Enfer Céleste..."

Le tir partit aussi vite qu'une cartouche de fusil, mais elle explosa avant d'atteindre Kyle, libérant un flot de flammes si incroyable qu'il en recouvrit la voûte céleste et éclaira tout Seikusu l'espace d'un instant. Même si les flammes étaient d'une ardeur démentielle, ce n'était pas la finalité de la technique. Elles se rassemblaient bientôt à quatre endroit différents, prenant la forme de quatre énormes aigles de feu (le phœnix étant bien trop cliché). Et les énormes rapaces de se ruer vers cette sale ordure, ce putain de trouble-fête qui était venu pourrir sa soirée. Pendant ce temps, X-SMYLE s'enfonçait dans l'obscurité de l'usine, et observait son environnement. Sidérurgie? On se croirait à la maison...

Ma respiration était lourde et mon corps me brûlait malgré les précautions que j'avais prises pour foncer au travers de la gueule de flamme pour le saisir. Ce mec dégageait une telle température que cela avait été difficilement supportable, même pour moi. Quelque chose clochait, un morceau du puzzle m'échappait et je sentais que cet élément inconnu aurait éclairci bien des interrogations laissées en suspens à chaque fois que ce type faisait usage de ses dons. Dans la théorie, j'étais capable de me trouver sous les réacteurs d'une fusée au décollage sans trop avoir à en être inquiété, moyennant bien sûr une dépense d'énergie aussi épuisante qu'évidente. Alors pourquoi le feu de ce type m'atteignait il autant, alors qu'il n'avait certainement pas égalé -du moins j'en doutais- la puissance des propulseurs d'Ariane ? La magie. J'y étais sensible et ces arts pour moi obscurs constituaient un sévère talon d'Achille. Ainsi donc ce type mêlait il certainement magie et élémentalisme pour attaquer... Il pouvait à terme devenir mortel pour moi, clairement.
Sans compter que je l'avais clairement vu ralentir sa chute en l'air avant de manger ma dernière rafale, ce qui dénotait d'une résistance hors du commun. Donc, autant considérer que l'impact et la chute dans l'usine ne l'avaient pas trop entamé.
Après avoir arraché mon t-shirt dont il ne restait plus que des lambeaux calcinés, je restais en position de vol stationnaire en scrutant la manufacture, jugeant plus sage de ne pas foncer tête baissée.

De nouvelles flammes, qui marquèrent un petit instant sa silhouette en me prouvant que j'avais pris la bonne décision en restant à distance. Quoi qu'il puisse me balancer, je pourrais le voir venir et réagir en consé... Putain, c'est quoi cette lueur dans sa main ? On dirait un faiseau de projecteur militaire ! Il me la balança, à une vitesse ridicule qui me permit d'armer mon bras pour dégager cette chiure d'un revers de bras.
Sauf que non.
La boule incandescente explosa avant de m'arriver dessus, ilbérant un enfer enflammé qui dut se voir jusqu'à l'autre bout du pays. Je me protégeais de la chaleur en déployant une bulle énergétique autour de moi, comprenant que la température n'était pas ce à quoi j'allais devoir faire face. Les flammes se réunirent à quatre points disctincts, tourbillonnant pour se muer en aigles enflammés. Carrément. Bouche bée, je restais un instant à regarder les rapaces qui me donnèrent la chasse dans un bel ensemble.

- D'accord. Il a des techniques classes, ce con. Fais chier, il me ramasse sur l'esthétisme.

On allait bien voir pourtant ce que les oiseaux avaient dans le coffre. Je pris de l'altitude comme une balle, esquivant le premier assauts. Les flammes ne s'annulèrent pas en se rencontrant sur ma position : elles s'agglomérèrent avant de se séparer à nouveau en quatre parties qui se mirent à me talonner dans le ciel nocturne. Seulement voilà, piaf ou pas, le ciel avait toujours été mon élément, d'autant que je jouissais d'une maniabilité aérienne bien plus souple que mes poursuivants. Pour le moment, manœuvrer pour me débarrasser des aigles aurait risqué de me faire perdre de vue mon véritable adversaire, qui devait déjà explorer l'usine.
En redescendant en piquet vers cette dernière, je passais à côté du panneau qui indiquait à quoi elle servait. Sidérurgie ? Bonjour la blague !
Très bien, monsieur Barbecue voulait jouer au plus malin ? J'allais lui démontrer qu'il avait affaire à tout sauf à un amateur.

Filant dans le corps de l'usine par l'entrée qu'avait crée la chute d'X-SMYLE à travers le toit, je laissais les aigles me coller au train tout en réunissant mon énergie. Et d'un coup, tout en volant, je me retournais pour libérer de mes paumes jointes une gigantesque gueule de tigre rugissant, qui se referma sur les rapaces dans un éclat puissant, contenant leurs flammes et leur chaleur. Pas mal, hein ?
Je posais un pied à terre, luisant d'une légère aura bleuâtre, signe que mes pouvoirs étaient on ne peut plus actif. Il fallait que je m'attende à n'importe quoi, j'avais saisi la leçon.
Sauf que ce petit exploit avait sérieusement entamé mes réserves, chose que je m'évertuais à cacher en multipliant les signes d'assurance.

- Si c'est tout ce que tu as, lâche l'affaire. J'ignorais où il était, mais je donnais de la voix et le bâtiment la portait plutôt bien. Avoue, entre les pigeons et la gueule de feu de tout à l'heure, tu dois pas être loin de ton maximum, hein ? Et pourtant, je me suis fais chier. Ceci dit, pour être tout à fait honnête... Ça a de la gueule quand même, tes trucs !

Je le pensais vraiment. Pourquoi ne pas lui dire, après tout ? En souvenir, disons, des potes que nous ne serions visiblement jamais. Je complimentais à cette amitié morte dans l'oeuf, on pouvait voir les choses comme ça. Pendant que je parlais, je chargeais mes bras d'énergie et fis quelques pas. Finalement, ce fut au tour de ma paume de lui comme la sienne, sauf que ce n'était pas sous l'effet d'une seule sphère mais de toute une multitude, qui gravitaient les unes contre les autres sur une jolie circonférence.

- On va voir si tu connais vraiment tes classiques, Reecom. Stardust REVOLUTION !

Les petits globes filèrent alors en tout sens, comme une poussière lumineuse qui passait à travers tout et n'importe quoi en remplissant tout l'espace de l'usine. Ca ne lui serait pas pas mortel pour un sou, bien qu'il risquait tout de même d'être un peu charcuté par ce qui s'apparentait à des lasers concentrés. L'idée était de le débusquer et pas de l'attaquer.
Parce dès qu'il sortirait, je lui balancerais un bon vieux Final Flash. Pour un amateur de DBZ, j'estimais que c'était une belle façon de perdre un combat.

Ça s'agitait, à l'extérieur. Beaucoup trop. Comment cet enfoiré pouvait tenir le coup face à l'Enfer Céleste? La seule chaleur des quatre aigles réunis devrait le faire suffoquer. La réponse était claire, et confirmait ses craintes: un tel pouvoir ne devrait jamais exister entre les mains d'un Mortel. Ses mains brûlantes se posaient sur un rail de chemin de fer, et commençait à le modeler entre ses doigts comme de la simple pâte à sel.
Quelques instants plus tard, il était prêt, et embusqué. De sa cachette, il avait pu voir cette homme, ce simple humain, se débarrasser des quatre oiseaux de feu d'une seule attaque. Tu n'es qu'un simple être de ce bas monde! Tu devrais bientôt entrevoir ta limite, non? Parce que c'était son cas. Ce qu'il avait entre les mains n'était rien d'autre que la clé pour en finir au plus vite. Ce furent bientôt des billes de lumière, se mouvant comme des fées dans toutes les directions qui vinrent s'en prendre à lui. Pas encore, non, pas encore! Il fallait attendre l'ouverture parfaite. Il devait s'ouvrir de lui-même ce chemin vers la victoire. La poussière d'étoile lui entailla les bras et les flancs à plusieurs endroits, et l'un des tirs laissa un filet de sang couler de sa pommette.
Maintenant.
Il sauta de son couvert, et comme il s'y était attendu, l'héritier de Sentinel ne s'était pas à nouveau risqué au corps à corps. Un grand rayon de lumière se dirigeait vers lui, mais X-SMYLE ne fit que l'accueillir avec un sourire satisfait. Prévisible, tu es à moi! Il jeta vers le rayon l'objet qu'il tenait en main, une petite hirondelle de fer. Loin d'être un objet banal, l'effigie animale semblait battre des ailes d'elle-même, diffusant une vaste flamme bleue dans son sillage. Et cette flamme de réfracter l'énergie qui lui arrivait dessus, laissant un chemin ouvert à l'avatar, droit sur son adversaire. Scontro di Rondine. Le Dieu du feu avait appris à faire face à n'importe quelle situation, en alliant ses talents et sa culture Otaku. L'hirondelle s'était désagrégée un peu avant d'atteindre Kyle, mais X-SMYLE, à sa suite, le saisit à la gorge d'une main incandescente.

"Ta seule existence est un crime, Sentinel! Comment oses-tu te dresser sur mon chemin?"

Éruption. Un autre geyser de lave, sous leurs pieds. Bien sûr que ce ne serait pas suffisant, mais la pression du liquide brûlant les fit décoller du sol et les renvoya tous deux en l'air. C'était maintenant ou jamais. Encore un dernier coup. Après, à la fin de ses vacances, il rentrerait glorieux en Olympe. Et à nouveau, Aphrodite jetterait son doux regard sur lui.
Une explosion, maintenant. Entre les deux hommes, qui créa de la distance entre eux. X-SMYLE se rétablit rapidement en créant à nouveau des flammes de propulsion, sous ses pieds. Exécute le plan. Bats-le. Lance-le, LANCE-LE!

Le pouvoir de Sentinel n'était pas la seule chose bannie en Olympe. Héphaïstos avait lui aussi un dernier atout dans sa manche. Jadis, il l'avait utilisé. Une seule et unique fois, et cela avait suffi à Zeus et Héra de lui interdire à jamais de la réutiliser. Les Tekhanes, en étudiant les informations sur cette attaque, l'avaient baptisée "Ogive Thermonucléaire de Quinze Mille Gigatonnes". Une explosion sans pareille qui calcinait instantanément toute chose à dix kilomètres de rayon, et incendiait sur vingt kilomètres supplémentaires. Sous sa véritable forme, il pouvait en envoyer facilement. Mais vu ce corps et son état actuel, il n'obtiendrait jamais un résultat aussi convainquant. Néanmoins, ça devrait suffire pour un seul homme. Il l'espérait. Zeus l'avait nommée le Grand Brasier du Dieu Forgeron. Lui l'avait nommée Finger of God.
Encore une fois, ses deux bras furent couverts de flammes. Des flammes si blanches qu'elles semblaient absorber les particules de lumière autour d'elles. Ses mains tremblaient. Il espérait vraiment que cela suffirait.

Je me souvenais bien du combat qu'avait mené Sentinel contre les dieux, au coeur de ma ville natale. Tout en avait été ravagé par une puissance qui m'échoua comme par erreur, pour éviter qu'Aydhan puisse à nouveau menacer les Olympiens. Quel bataille cela avait été ! La ville avait été ravagée sous mes yeux, avant que je ne sois propulsé à travers le temps en ayant hérité de pouvoirs qui me dépassaient totalement. Ce soir, j'avais l'impression de revivre cet affrontement. Les attaques étaient moins dévastatrices que ce fameux jour, mais la fureur qui m'opposait à l'homme était égale à celle que Sentinel avait crachée à la face des dieux. Pourquoi est-ce que tout cela me revenait à l'esprit précisément maintenant ? Je n'étais pas le Sentinel originel, pas plus que je considérais encore être le Prime. La gueule de ce type ne m'évoquait pas celle des habitants de l'Olympe non plus et pourtant... Pourtant une sensation comme familière m'étreignait le ventre.
Je laissais ces considérations de côté quand mon adversaire sorti de sa cachette, joliment entamé par les étoiles du Stardust Revolution. Merde, l'enfoiré avait enduré plus que je ne l'avais pensé ! Ca ne m'empêcha pas de cracher le Final Flash vers lui mais à nouveau, il contra d'une façon assez singulière. De ce que j'aperçus, un petit objet volant à forme d'oiseau fonça vers moi tout en se débarrassant de la rafale du FF et je m'attendis à être percuté de plein fouet quand finalement il disparut... Laissant l'homme dans son sillage, avec une avancée trop importante dans ma garde. Impossible de réagir ! Sa main m'attrapa la gorge et me coupa le souffle un moment, me faisant tenter de lui faire lâcher prise en lui pressant le bras de mes propres doigts.

- P-prime, c-c-onnard... Senti-sentinel P-p *cough* ...Prime...parvins-je à articuler entre deux souffles.

Je n'eu pas le temps d'en rajouter, parce que ma gorge était douloureuse et parce qu'une puissante gerbe de lave nous envoya vers les étoiles. En l'air ? Abruti ! Me redresser et te finir en vol ne serait pas bien compliqué ! Le temps de finir de tousser et j'allais lui balancer la sauce pour de bon, histoire d'en finir. Une explosion de sa part nous sépara pourtant et je jugeais la distance qu'il avait mise entre nous avant d'activer mes pouvoirs, pensant d'abord qu'il pensait pouvoir ainsi prendre la fuite.
La suite me fit ouvrir les yeux aussi grand que je le pouvais, avant que mon cri se perde dans la fureur embrasée.

Je toussais, remuant dans les gravats alors que la nuit reprenait ses droits sur le jour artificiel que la dernière attaque avait causé. Comment avais-je... Ah, oui. D'instinct, j'avais déclenché une déflagration d'énergie en espérant qu'elle puisse souffler la sienne mais cela n'avait eu finalement pour effet que de me propulser comme un boulet de canon dans une autre usine désaffectée après avoir enduré la plus grosse partie de ce... comment appeler cette chose qu'il avait faite, bon sang ? Je roulais sur le côté pour tenter de me redresser, mais une douleur fulgurante me vrilla le flanc gauche. Gémissant, j'y portais la main avant de cracher une gerbe de sang. Deux côtes avaient cédé sous les chocs successifs et mes bras n'étaient plus que douleurs lancinantes, comme l'ensemble de mon corps. Salement brûlé et à court presque total d'énergie, j'avais donné tout ce que j'avais pour contenir l'explosion du Finger of God et tenter d'y survivre, pour un résultat mitigé.
Mes pouvoirs me rendraient, avec le temps, un corps presque tout neuf. Si tant était que je parvienne à passer cette nuit, cette implacable nuit.

En l'état, je ne pouvais plus me dresser contre lui. Au niveau où nous en étions arrivés, je ne ferai rien avec le peu qu'il me restait à dépenser et je l'utilisais déjà à me garder conscient. Autant dire que la partie était...
Non.
Il me restait une solution, une dernière chose à faire. Après ça en revanche, ce serait terminé pour de bon. Et si j'utilisais ce moyen, je mettrais des jours à m'en remettre et je resterai complètement à plat tout ce temps, sans compter les dommages supplémentaires que ça engendrerait tant sur mes membres que mon organisme. Mais tant pis. Un type aussi féroce, aussi puissant, je ne pouvais pas le laisser filer.

Alors je me relevais, grimaçant à la douleur qui me vrillait les nerfs. Et l'énergie se concentra en moi, tourbillonnant alors que je la faisais du plus profond de mon être afin qu'elle en inonde chaque fibre et chaque molécule, mobilisant toutes mes ressources pour maintenir le flot sous contrôle. A la surface de mon corps couraient de petits éclairs bleus, qui crépitaient violemment avant de parfois rencontrer le sol en explosant. Mes muscles gagnèrent un peu en volume tandis que mes cheveux poussèrent légèrement avant de perdre, comme le reste de ma pilosité, leur couleur pour virer au blanc immaculé. Mes yeux ne furent pas épargnés par le traitement, allant jusqu'à projeter de petits éclairs continus.
Bon Dieu, que ça faisait mal ! Un nouveau hurlement de ma part, à gorge déployée. La colère, la rage et le plaisir. Cette sensation qui explosait en moi alors que ma transformation s'achevait, laissant de côté tout le reste pour ne laisser plus qu'un corps débordant d'une puissance déicide dont l'apparition avait emporté dans un fracas digne du tonnerre les restes du bâtiment dans lequel je me tenais à présent. Il ne fallait pas perdre de temps, l'état ne durerait pas.
Je m'envolais comme un véritable missile, m'arrêtant dans les cieux en faisant retentir un bang évoquant presque celui d'un avion passant le mur du son.

- Tu pue la magie, je le sens par tous les pores de ma peau. Finissons en.

Mes mains se tendirent vers lui, une toute petite lueur crépitant entre elles. Toutefois, ce qu'elle allait libérer sur l'homme allait être incomparable. Heureusement que j'avais réussi à l'attirer dans cette zone déserte, au moins allais-je pouvoir me lâcher à mon tour.
Doucement, presque au ralenti, l'étincelle quitta mes mains avant de sembler entrer en combustion, filant comme un bolide survitaminé vers X-SMYLE. Esquivée ou encaissée, cette attaque l'emporterait avec elle en explosant ou tout au moins le mettrait à mal. Côté puissance de destruction, ce Big Bang de poche allait bien valoir sa dernière attaque en date, sans compter que l'onde de choc aurait en elle-même assez de puissance pour l'inquiéter aussi.
Quant à moi, je préparais déjà un éventuel second assaut.

No mercy.


Pour le kiff, et sans les ailes.

C'était fini, hein? L'explosion l'avait soufflé, carbonisé, il n'en restait plus rien, hein? Le Dieu du feu avait les jambes flageolantes. Si seulement il avait eu son vrai corps... Non. Oh, non, certainement pas. Même enfermé dans le Tartare condamné à se faire dévorer tripes et boyaux par une meute de loups, jamais, ô grand jamais il ne regretterait ce corps si informe et disgracieux, cette infirme apparence dans laquelle il s'était senti prisonnier toute sa vie. Il était beau. Il était fort. Par-dessus tout, il était X-SMYLE. Personne n'arrêterait X-SMYLE, et personne ne lui dirait jamais quoi faire. Ce corps avait les ailes dont il avait toujours rêvé. Il était libre, et fier. La mâchoire tremblant sous la fatigue et la terreur qu'il venait d'éprouver, il levait les yeux au ciel, et se mit à crier:

"APHRODITE! Mon amour! Je t'en prie, regarde-moi!"

Pourquoi ne voulait-elle pas revenir à lui? Il ne demandait qu'un regard empli d'amour, de la part de son épouse. Ne serait-ce qu'un peu d'attention. Autre chose que du mépris ou de la simple négligence. Il voulait juste compter pour elle. De la reconnaissance. Il la méritait, non? Il avait terrassé un pouvoir que même Zeus n'avait su vaincre par le passé. Et sous la forme d'un Mortel, qui plus est. A moins que...
Une détonation le fit revenir au moment présent. Non, NON! C'est impossible! Image à la fois terrifiante et fascinante: la mort venue du bas-monde. La formidable masse d'énergie autour de cet homme lui donnait la chair de poule: on aurait dit Arès au beau milieu d'un champ de bataille. Le côté artiste d'Héphaïstos s'éveillait devant une telle splendeur. Mais son visage livide n'exprimait plus que terreur, épuisement et surprise. En d'autres circonstances, il aurait volontiers accepté de forger une arme pour un combattant aussi exceptionnel. Mais maintenant, la seule chose qu'il pouvait appréhender était son inéluctable fin.
Pas la fin d'X-SMYLE, pas le simple dénouement de ses vacances parmi les Mortels, non. Pour la première fois, il avait vraiment l'impression qu'il allait mourir pour de bon. Un aller simple pour le Royaume des Morts, et aucune autre alternative. Est-ce que tout allait s'arrêter?

"NOOOOON! JE NE LE PERMETTRAI PAS!"

Il se ruait vers Sentinel avec l'énergie du désespoir, armé uniquement de ses poings et de sa seule rage. il n'avait même plus assez de forces pour produire autres flammes que celles qui le maintenaient dans les airs. Il ne voulait pas que ça se termine ici. Et il ne voulait pas retourner en Olympe, dans ce quotidien minable dans lequel il était enchaîné. Des bijoux par-ci, des armures par-là... Allez tous vous faire foutre! Je veux vivre pour de bon!
Un dernier flash, et c'était fini. La lumière aveuglante l'emporta dans une explosion incroyable qui souffla cette enveloppe charnelle comme la simple flamme d'une bougie. Il ne pouvait rien faire. Il n'y avait rien à faire. Même pas un hurlement de douleur, ou une dernière réplique haineuse. Pierre Listan se volatilisait dans un sourire. Je n'ai rien à regretter de ces vingt dernières années. Si ça doit se terminer ainsi... Alors, le sort en sera jeté...

Incroyable.
Je l'avais clairement vu se ruer vers moi dans une ultime charge qui était tout sauf celle du désespoir. C'était l'assaut d'un guerrier fier, d'un combattant qui refusait de mettre genou à terre face à son adversaire. Un spectacle magnifique, qui durant l'espace d'un instant fit naître en moi un sentiment de respect. Je n'hésitais pourtant pas à délivrer mon attaque, qui souffla un grande partie de la zone déserte dans laquelle nous nous battions. La lumière avait dû être visible depuis le centre-ville, mais je n'en avais cure. Les rayons du dôme d'énergie causé par l'impact éclairaient le ciel nocturne et peu à peu, je vis la silhouette de l'inconnu se désagréger, disparaître. Je regrettais, sans trop savoir pourquoi, de ne pas avoir livré bataille le sabre à la main. Dans mon esprit, je crois que c'était une sorte de... d'hommage. Une fin plus noble, bien que l'homme n'avait démérité à aucun moment. Personne sur Terre ne pouvait se targuer comme lui de m'avoir poussé à bout, d'avoir libéré tout le pouvoir scellé en moi. Alors que mon corps reprenait un aspect plus commun, un éclair de lucidité me traversa l'esprit, me renvoyant quelques années dans le passé : voir ce champ de bataille et cet énorme cratère lunaire là où aurait dû se trouver un homme me fit saisir pleinement la crainte qu'Aydhan avait jadis inspiré aux dieux olympiens. Et si moi aussi un jour, je perdais les pédales ?

Le hurlement des sirènes au loin me tira de mes reflexions. Jugeant qu'il me restait du temps avant l'arrivée de la police avec laquelle je n'avais aucune envie de m'expliquer, je m'approchais du centre de l'impressionnante dépression gravée dans le macadam de la rue. Peut-être que quelque part, j'espérais qu'il eut survécu ? Je m'agenouillais au centre du cratère, usant de ma force pour tracer dans la terre un smiley du bout des doigts. Il me semblait bien qu'une de ses attaques en avait dessiné un, à la banque.
C'était une bien piètre stèle, en vérité. Mais la seule que je pouvais lui offrir.

- Si d'aventure tu devais revenir, je serai là. Qui sait... Enfin. Repose en paix, si tu en es capable.

J'en doutais. Pas avec la fureur animale et flamboyante que j'avais lue dans son regard lors de sa dernière charge. Il était parti pour l'enfer la rage accrochée au coeur, mais la pensée me fit sourire. Les démons auraient du souci à se faire, avec ce cinglé.
Sur cette dernière pensée, je m'envolais. J'ignorais qui j'avais affronté et lui ne savait sûrement pas qui l'avait battu.

L'amertume de cet anonymat, je crois, me restera longtemps dans la bouche.

Quelques jours plus tard, les médias ne parlaient plus que de ça.
Des témoins affirmaient avoir vu X-SMYLE se battre avec un inconnu, et avaient tout filmé de loin, avec leur portable. On ne distinguait pas grand chose, à part du feu et des explosions lumineuses, sûrement rajoutées par trucage. Une enquête ultérieure, cependant, révéla à la presse qu'X-SMYLE était sans doute mort lors de l'explosion finale, et qu'on avait retrouvé au fond d'un cratère ce qui semblait être sa marque, tracée peu après sa mort comme une sorte d'hommage. L'on révéla aussi qu'il s'agissait de Pierre Listan, employé au lycée de Seikusu, et cette nouvelle mit en pleurs bien des élèves avec qui il était sorti. Cependant, du fait que la nouvelle s'était avérée choquante et que lesdites demoiselles se trouvaient fort nombreuses, aucune ne fut interrogée. Pierre Listan, le monstre voleur, violeur et tueur, le dément pyromane, était bel et bien mort, et il n'en restait aucune trace. Et faute d'indices, de faits rationnels et de volonté de la part des enquêteurs, personne ne chercha à découvrir qui était son assassin. On parlait d'un service rendu au fi de la justice, et c'était tout. L'affaire X-SMYLE éclatait au grand jour, et tous les crimes qu'il avait signés avaient été dévoilés au grand jour. Dieux, que la liste était longue... Seikusu tout entier poussait un soupir de soulagement, l'un de ses plus grands dangers avait été écarté à jamais.

Un mois après tous ces évènements, en Olympe, le temple d'Héphaïstos n'était plus que ruines fumantes. Ajustant son couvre-chef, l'homme s'éloignait en ricanant. Une question demeurait dans son esprit, cependant. Il ne savait s'il voulait remercier Sentinel, ou se venger. Pourquoi choisir? Je ferai les deux...