Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Azazel]

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Telka

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Les chrétiens, au japon, ne sont pas beaucoup, à peine un demi-million de personnes. Alors, forcément, le rapport à la religion n'est pas tout-à-fait le même que dans mon pays, la Pologne, où elle est majoritaire à presque 90%. Je ne cherche pas absolument à imposer ma croyance aux habitants de l'archipel qui ont déjà leur propre sagesse païenne, cependant, je ne rate jamais une occasion de participer à un rassemblement des fidèles du Seigneur. C'est l'occasion de rencontrer des gens fascinants qui partagent ma foi : des individus assez rares, donc, ici. Seikusu ne possède qu'une seule église, dans un style qui n'est pas vraiment occidental, mais assez neutre. Si on ne sait pas qu'il s'agit d'un lieu de culte, on peut facilement passer à côté, ou la prendre pour un centre culturel quelconque.

Les règles, d'une manifestation à l'autre, sont souvent les mêmes. Et s'il y a une chose qui ne change presque pas, à l'exception d'un jour saint dans l'année, c'est la présence d'une messe, à un moment où à un autre. À la chaire, c'est le père Emmanuel qui célèbre l'eucharistie. C'est un saint homme que je connais bien : c'est lui qui m'héberge lorsque je suis sur Terre. Contrairement à ce que son nom semble indiquer, il est asiatique. Sa famille est l'une des assez rares survivantes chrétiennes des persécutions des différents régimes, et restée cachée, mais fidèle au Christ depuis le XVIe siècle. Il commence la prière eucharistique, en langue vernaculaire : pour des questions d'accessibilité, cela a été, après vifs débats, décidé ainsi. Je préfère les textes latins, plus fidèles au sens original, plus empreints de sacré mais je ne crois pas que cela compte beaucoup, dans le fond.

Père infiniment bon,
   toi vers qui montent nos louanges,
nous te supplions
   par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
d'accepter et de bénir ces offrandes saintes.


Je jette un  œil autour de moi. Il n'y a pas que des japonais dans la salle, loin de là. Beaucoup des fidèles sont européens, sans doute expatriés. Un léger vertige me prend. Puis des picotements remontent le long de mes jambes. Je sais ce que cela signifie, ces signes augurent toujours la même chose. Bientôt, dans quelques secondes, je vais disparaître sans laisser d'autres traces que mes habits sur le sol. Je grimace : la salle est grande, j'ignore si j'aurais le temps d'en sortir avant que cela arrive. Aussitôt, je me lève. Je ne dois pas traîner.

Nous te les présentons,
   avant tout pour ta sainte Église :
accorde-lui la paix et protège-la,
   daigne la rassembler dans l'unité
   et la gouverner dans toute la terre ;


Je suis presque obligée de sauter par dessus les jambes pour sortir du rang : bon sang, les gens ne pourraient-ils pas être un peu plus maigres ? La panique me prend, alors que je me sens ma tête qui tourne de plus en plus. Je réalise que je ne sortirais jamais à temps. J'aurais du rester à ma place, sans attirer l'attention, et avec un peu de chance, personne n'aurait rien remarqué. Maintenant, l'attention de certains, outrés, se tourne vers moi. C'est normal, ce que je fais est extrêmement peu respectueux. Je cours aussi vite que je peux, j'abandonne l'objectif de la porte. M'éclipser derrière ce pilier porteur en béton, auquel on a vissé un bénitier, fera l'affaire.

Souviens-toi, Seigneur, de tes serviteurs
   de tous ceux qui sont ici réunis,
   dont tu connais la foi et l'attachement...


Les fidèles, sur un signe du père Emmanuel, choisissent ce moment précis pour se lever. Je ne me suis pas encore extirpée de la foule. Je me sens presque déjà soulevée du sol, complètement déséquilibrée. Ma vision, jusqu'alors simplement chancelante, commence à se brouiller. Dans ma précipitation, je heurte assez violemment un jeune homme. Je veux m'excuser, mais je réalise que ma bouche a perdu le contact avec l'air, et ne peut plus émettre le moindre son. Trop tard. Les chants, repris par toute la salle résonnent à mes oreilles, de plus en plus lointains, de plus en plus déformés.

Saint ! Saint ! Saint, le Dieu de l'univers !
   Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire,
   Hosanna au plus haut des cieux.
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ;
   Hosanna au plus haut des cieux...


***

J'ignore combien de personnes se sont rendues compte de ma disparition. Pour moi, la sensation de décoller (ou de tomber, ayant perdu, en réalité, toute notion de bas et de haut) est habituelle, je sais ce qui m'attend me sentir peu à peu débarrassée de la gravité, du poids de mon propre corps. Pourtant, cette fois, quelque-chose ne va pas. Au lieu d'éprouver une légèreté croissante, je suis un instant lourde et incapable de m'élever, comme si un poids tirait sur mon être, me tenait attachée au sol. Puis, la puissance du phénomène augmentant de façon exponentielle, cette masse inconnue est emportée elle aussi. Je ne peux m'empêcher de regarder autour de moi pour tenter de la distinguer. Il n'y a qu'une lumière intense, évidemment, comme à chaque fois. Je ferme les yeux, pour éviter la nausée.

Pendant un très court moment, je ne suis qu'un pur esprit, sans corps, c'est toujours ainsi que cela se passe. Cependant, ici, je perçois comme une seconde présence qui vient frapper contre mon âme. Je me rends compte que la place est limitée. Il n'y a pas la place pour deux essences, dans ce voyage. Que se passe-t-il ? Je me sens comprimée contre cette autre entité, serrée dans un espace infiniment petit. Nous ne rentrerons jamais dans ce... cet... endroit, tout les deux, c'est impossible. Je n'ai plus d'enveloppe, mais étrangement, je parviens à souffrir. Alors que normalement, cette étape ne dure qu'un instant, elle me semble ici se prolonger pendant une dizaine de secondes. Enfin, la pression retombe. Je retrouve le poids de mon corps, infiniment moins lourd !

***

Et je chute, d'une demi-dizaine de centimètres, sur un sol en pierre. Étrange, jusqu'ici, ma téléportation m'avait toujours exactement transportée sur un solide, au millimètre près, et jamais dans les airs. Je soupçonne la singulière sensation d'avoir à voir avec l'imprécision de mon voyage : j'arrive quand même à atterrir debout, ce qui était loin d'être le cas, les premières fois. Une très forte odeur de pourriture arrive à mes narines. Ça sent la vieille charogne. Je rouvre rapidement les paupières, et aperçois le plafond en pierre brute de ce qui semble être une grotte. Je suis dans un coin obscur, un dénivelé, presque un trou, d'environ un mètre trente de haut. La seule source de lumière est lointaine et irrégulière, comme les flammes d'une torche, le reste de la pièce, qui paraît assez petite, est plongée dans le noir.

Portant mon attention sur le sol, je vois que non-loin, des carcasses d'animaux plus ou moins gros sont entreposées, à côté de quelques denrées. La plupart sont dans un état de décomposition peu avancé, ce qui ne les empêche pas de puer. Je sais que sur Terra, il est d'usage de manger du gibier faisandé de plusieurs semaines, mais cela ne me met pas l'eau à la bouche pour autant. L'une des premières choses que je m'attache généralement à faire, lorsque je suis projetée dans un endroit, quel qu'il soit, est de chercher un quelconque vêtement, drap, tapis, pour m'habiller. Cette idée n'occupe toutefois pas plus longtemps mon esprit, car je distingue, à quelques centimètres de moi, un individu qui bouge. Était-il là avant mon arrivée... où était-ce lui, la fameuse masse qui m'empêchait de m'élever ? J'entends des pas de quelqu'un qui vient en notre direction, en provenance de ce qui paraît être un couloir.

Par réflexe, je me baisse. J'hésite un instant, puis je fais en sorte que l'inconnu à côté de moi adopte lui aussi une position moins visible. L'obscurité m'empêche de distinguer ses traits, mais dans le même temps, je parviens à appuyer sur sa bouche, pour prévenir tout cri susceptible de nous faire repérer. La grotte ressemble à la demeure d'une quelconque peuplade primitive, terranides, gobelins, humains archaïques, je l'ignore, mais ce sont presque toujours des chasseurs peu amicaux avec les étrangers. J'espère simplement qu'il n'est pas trop sujet au vertige, comme moi lors de mes premières téléportations, cela éviterait qu'il vide dans ma paume le contenu de son estomac... Les pas continuent de se rapprocher.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Azazel Ängelsson

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Re : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Azazel]

Réponse 1 samedi 27 avril 2013, 11:13:00

Azazel n'était pas un pratiquant. À vrai dire, il n'était même pas un croyant. Ou du moins, jusqu'à présent, il ne l'avait jamais été. Si on lui avait demandé de se définir spirituellement parlant il y a encore de cela quelques mois en arrière, le thaumaturge aurait répondu qu'il était agnostique. En tant que créature surnaturelle, il ne pouvait définitivement pas nier la possible existence d'entités spirituelles, de forces supérieures, immatérielles ou non. Après tout, si l'énergie mystique capable de défier les lois de la physique moderne à bien des égards avait une existence avérée, il était bien possible que de tels êtres existent également. C'était ainsi qu'il avait toujours raisonné. Puis il avait rencontré un Néphil, un semi-ange, et les révélations de ce dernier l'avaient complètement chamboulé.
Ce jeune homme lui avait confirmé l'existence de Dieu, mais aussi l'existence des dieux en général. Qu'il s'agisse du Très-Haut des Chrétiens ou du Roi des Dieux de l'Olympe, en passant par les Seigneurs du Walhalla, toutes ces divinités qui avaient été ou étaient encore vénérées de nos jours existaient et tiraient leur force, ou du moins une partie de celle-ci, de la foi et des prières de leurs fidèles. Une fois que le thaumaturge eut assimilé cette nouvelle, et passé le choc initial, il avait d'abord eu, ne fût-ce alors qu'intérieurement, une réaction très violente. Puis, une fois qu'il s'était retrouvé seul avec ses pensées, le jeune sorcier avait tenté de prendre un peu de recul et de réfléchir calmement à la question. Il s'avéra que, même dans ces conditions, sa rage contre le Dieu abrahamique ne diminuait pas réellement. Et pourtant, c'était bien en plein milieu d'une foule de Chrétiens en pleine célébration que le sorcier aux yeux lilas se trouvait à présent. Oh non, il n'était pas venu à la recherche de la Rédemption pour avoir tourné sa rancoeur vers le Saint-Esprit, ni même pour trouver une quelconque réponse. D'ailleurs, quel être humain ordinaire aurait été capable de lui en fournir une vraie ? Leurs croyances étaient manifestement erronées, même si leurs prières ne finissaient peut-être pas toutes comme un message à la mer qui se serait échoué sur une île déserte sans espoir qu'on le lise un jour. En vérité, Azazel n'écoutait même pas réellement le prêchi-prêcha du prêtre – il s'agissait là d'une église catholique, au moins ce détail ne lui avait-il pas échappé. Il était juste assis là, à regarder autour de lui, mais sans vraiment voir, en quête de quelque chose qu'il ne pourrait pas trouver. De temps en temps, la même question lui revenait à l'esprit : « Pourquoi suis-je venu ? Pourquoi suis-je ici ?», et à chaque fois, la réponse était la même : pour faire revivre un souvenir, une chimère, retrouver dans un lieu familier une impression familière pour mettre un peu de baume sur la plaie de son cœur que la colère et la nostalgie avaient ravivée. Autour de lui, il n'y avait que des Européens, même si quelques Asiatiques se trouvaient également dans l'assemblée. Des gens accordant assez d'importance à leur foi pour s'astreindre à l'entretenir même loin de la terre qui les a vu naître. Des gens comme Rebecka. Serrant les dents et les poings à cette pensée, le jeune homme à la mèche d'ébène se fit violence pour ne pas se lever et secouer le premier venu en lui hurlant qu'il se leurrait. Que son Dieu était loin de tous les voir comme égaux, ni d'avoir une grande considération pour les humains en général. Qu'ils se trompaient du tout au tout, qu'aucun miracle ne serait accordé, qu'il l'avait laissé mourir. Il l'avait laissé mourir !
Alors que le mage tremblait littéralement de colère, la tête baissée, s'attirant quelques regards plus inquiets qu'outrés, à l'intérieur, il luttait pour garder son sang froid. Depuis sa rencontre avec Edean, sa magie semblait être entrée dans une nouvelle phase. Il n'était pas certain que son pouvoir augmentait, mais tout semblait l'indiquer, car même si les manifestations involontaires de ses pouvoirs s'étaient multipliées, il lui semblait sentir une différence dans son endurance. Il semblait peu à peu devenir capable de déployer plus d'énergie mystique sans en ressortir aussi drainé et incapacité qu'à l'ordinaire. Néanmoins, cette augmentation tombait mal, car elle rendait son don encore plus difficile à tenir en laisse, et si en cet instant, il parvenait à éviter que le bois de la chaire reprenne subitement vie et éjecte le prêcheur d'un Dieu malhonnête, son énergie parapsychique, son « aura » ne cessait de croître autour de lui. Pour peu que certaines personnes dans la salle fussent sensibles aux phénomènes paranormaux, une impression de lourdeur devaient les prendre en ce moment-même, car l'aura du jeune homme reflétait également son état d'esprit.

Et soudainement, l'inattendu.

L'attention d'Azazel fut d'un seul coup déviée de la sphère de colère dans laquelle il s'était enfermé lorsque sa magie entra en collision avec une autre masse d'énergie parapsychique qui semblait elle aussi en pleine expansion, plus rapide quoique plus limitée, mais qui paraissait se déplacer. Une chance pour lui, l'instant où il se leva brusquement pour s'enquérir de cette autre présence surnaturelle fût celui que le prêtre choisi pour faire lever les paroissiens.

Cherchant frénétiquement du regard la personne qui émettait cette aura – pour peu qu'il s'agisse d'une entité corporelle –, le thaumaturge tenta de se concentrer sur cette part de lui qui semblait capable de détecter la présence du paranormal, et parvint à son grand plaisir à localiser la direction par laquelle elle arrivait vers lui. Il y parvint juste un peu trop tard.

À l'instant où le sorcier néo-goth se tourna pour enfin mettre une image sur la sensation qu'il ressentait, il fût percuter de plein fouet parce ce qu'il eut à peine le temps de prendre pour une fille. Puis tout se passa très vite, mais aussi paradoxalement très lentement. Il lui sembla d'abord que tout se figeait, et que seule sa conscience était encore active. Même son propre corps ne lui répondait plus. À vrai, il ne le sentait même plus. Puis il vit la fille disparaître. Pas son corps, non. Le monde autour de lui s'était complètement déformé au moment où cela arriva, comme si toutes les couleurs qui composaient la pièce avaient été aspirées puis jeter au hasard sur le tissu du monde comme de la peinture jetée au hasard par un artiste moderne sur une toile. Non, ce qu'il vit disparaître, c'était son aura qui se détachait sur ce tableau abstrait. Le mage, s'il avait pu formuler une pensée cohérente, aurait décrit cela comme une implosion. Lorsque la dernière « particule » d'aura sembla sur le point de disparaître, une espèce de résonance se créa avec celle d'Azazel. Il sentit une partie de lui, une partie de son essence surnaturelle dont il n'avait jamais eu conscience – le « sentiment » qu'elle dégageait n'avait rien à voir avec ce qu'il ressentait lorsqu'il faisait usage de sorcellerie –, s'étendre vers l'entité étrangère, et, durant ce qui ne devait en réalité même pas être un millième de seconde, Azazel eut la sensation que ce pouvoir se comportait comme un animal reconnaissant un membre de son espèce. Il l'étudia, lui tourna un peu autour, et puis, finalement, bondit vers l'autre pour lui faire la fête. Le thaumaturge se vit alors littéralement se faire aspirer par ce petit point lumineux comme un débris spatial par un trou noir. La suite compterait parmi les expériences les plus désagréables que le jeune homme avait connues.

Il eut d'abord l'impression de se faire réduire en morceaux alors même qu'il n'avait plus de corps, puis ce fut comme si un gigantesque poing comprimait les morceaux ensemble pour qu'ils restent en contact, et le forçait ensuite dans un tube déjà occupé par quelque chose d'autre. Un fragment de pensée – il n'était pas sûr qu'il lui appartenait – lui souffla que le pouvoir qui avait déclenché tout ceci et le sien étaient en conflit, qu'ils essayaient de parvenir au même résultat mais de manières trop différentes pour être compatibles, et que tout cela n'aurait pas dû être en train de se produire. Et alors, un grand blanc. Plus rien. Tout se dilua dans le néant.

Les couleurs explosent à nouveau. L'air réapparaît. Un choc.

Azazel s'écrasa sur un sol dur et rocailleux, son visage et diverses parties de son corps râpant légèrement le sol. Il sentit également sa peau se faire légèrement entailler ou percer à certains endroits, et émit une sorte de petit glapissement plaintif. Arrivé les yeux fermés, la première chose que le jeune homme fit fut de les ouvrir. Mais il n'en vit pas vraiment plus. L'endroit était obscur. L'air frais vint caresser sa peau, et il prit alors conscience de son corps retrouvé. Et de sa nudité. Son environnement passa soudainement au second plan. Complètement déboussolé, le thaumaturge pensa être encore entouré de la foule de personnes au milieu de laquelle il se trouvait quelques secondes auparavant, et, se mettant subitement à genoux sur le sol, il cacha sa vertu – même si une certaine incursion dans les douches du lycée tendait à rendre son usage de ce terme caduc. Alors que le sorcier était enfin sur le point de parler, il sentit une présence s'activer à ses côtés, et fut soudainement poussé à changer de place et de position, le tout alors qu'il s'efforçait avec acharnement de se couvrir de l'unique cache à sa disposition en cet instant. Lorsqu'il tenta une seconde fois d'ouvrir la bouche, une main se plaquant sur celle-ci vint interrompre le processus. Alors qu'il était sur le point de se défendre, le jeune homme entendit des bruits de pas venir vers lui et son ou sa mystérieuse comparse, dont la silhouette restait un mystère dans la noirceur du lieu. Pour la première fois, Azazel réalisa alors qu'il avait été transporté ailleurs, ce qui lui aurait au fond semblé tout à fait logique vu ce qu'il venait d'endurer s'il n'avait pas été aussi déphasé. L'odeur infecte qui parvint à ses narines, mais aussi les sons, l'humidité ou le contact du sol et le peu de choses qu'il parvenait à distinguer lui laissèrent penser qu'il était apparu en pleine nature, dans une sorte de grotte. Ses sens semblèrent alors également prendre en compte toutes ces nouvelles informations, et il fut pris d'un léger malaise, sa respiration s'accélérant et se faisant plus audible bien malgré lui.

Bonté divine – les vieilles habitudes avaient la vie dure –, mais dans quel merdier s'était-il fourré cette fois ?
« Modifié: samedi 27 avril 2013, 13:18:44 par Azazel Ängelsson »




Fiche de personnage // Demandes de RP

Dooaio Serafim Lelahel od wik Belioclya z ipuran ils...

Telka

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Re : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Azazel]

Réponse 2 mercredi 01 mai 2013, 20:13:59

Quant aux hasards de ma téléportation, Dieu ne m'a jamais vraiment épargnée, aussi bien au niveau de la disparition, imprévisible et soudaine, que de la réapparition, déstabilisante et dénudante. Je me mets à espérer que concernant les personnes que je transporte par erreur (?) avec moi, il aura été un peu plus clément. Car l'attitude de l'individu m'en a maintenant convaincue, il a bien voyagé par le même biais que moi. Au moins a-t-il eu la sagesse de ne pas se débattre ou de crier lorsque je l'ai incité à se coucher et à se taire. Il a aussi été suffisamment solide pour éviter de régurgiter son repas. Je crois que pour l'instant, je peux m'estimer heureuse. Le moindre bruit aurait pu nous faire instantanément repérer, et nous coûter très cher.

Le bruit des pas augmente de volume, alors que l'un des occupants de l'endroit se rapproche toujours manifestement. Lorsqu'ils se font un peu moins éloignés, le léger clapotis qui les accompagne est perceptible, comme s'il marchait sur une fine pellicule d'eau. L'humidité de l'endroit, que je n'avais pas réalisée, me paraît maintenant évidente, encore que nous sommes loin, nous, de patauger. La pièce dans laquelle nous nous trouvons est donc probablement plus sèche que le reste de l'endroit, ce qui est logique, pour un garde-manger. Si on se fit au contenu de ce dernier, il n'est pas difficile d'en déduire que les créatures qui l'habitent sont nombreuses et carnivores. En revanche, les pas ne semblent pas faire trembler le sol. Il y a donc peu de chance qu'il s'agisse d'une tribu d'ogres.

-Calme toi, ça va aller, je souffle faiblement à l'oreille de l'inconnu à côté de moi.

Les signes de son malaise ne commencent paradoxalement à poindre que maintenant. C'est compréhensible, la situation doit lui apparaître encore plus étrange qu'à moi. Lentement, m'assurant qu'il ne va pas se mettre à parler, ma main s'écarte de sa bouche. Je ne tiens pas à ce qu'il se sente agressé.

Avec le manque de lumière, je suis à peine capable de dire s'il s'agit d'un homme ou d'une femme... Le premier cas me semble quand même le plus probable, car dans le second, elle serait plutôt dans la même catégorie que moi, fine et musclée. Que notre capacité de vision réciproque soit réduite à presque rien n'est peut-être pas si regrettable, car ainsi que me l'apprend la main que j'ai placé sur son dos pour l'inciter à se baisser, il n'est pas plus habillé que moi. Ce qu'il semble très occupé, au demeurant, à cacher. Si la situation n'était pas aussi critique, j'en aurais souri. Cela fait pas mal de temps, moi, que j'ai renoncé à ce genre de pudeur. Ce n'est pas comme si j'avais eu le choix.

Enfin, les pas s'arrêtent, vraisemblablement de l'autre côté de la pièce. J'avale ma salive, effleure doucement les épaules de mon compagnon, dans un geste instinctif d'apaisement. C'est le moment d'être discrets. Toutefois, si l'occupant se trouve à l'opposé de nous, je songe que son regard, s'il cherche de la nourriture doit se porter dans la même direction. Avec beaucoup de précautions, je me relève donc, ne laissant dépasser que mon regard du trou où nous sommes tapis.

Soulagée, je tombe en effet sur un individu de dos. Son aspect est par contre beaucoup moins rassurant. La visibilité est un peu meilleure, dans cette partie de la salle, aussi je distingue un peu plus que sa silhouette. Mais honnêtement, sa silhouette m'aurait amplement suffi. La... chose, est assez grande, environ un mètre quatre-vingts, encore qu'elle soit relativement courbée. Suivant sans doute la mode du moment, elle est nue, ou presque. Son ascendance marine est évidente car il semble recouvert d'écailles verdâtre des pieds à la tête, et possède une sorte d'aileron dorsal dressé. Tout son corps est robuste, musclé par la nage et la chasse, particulièrement ses pattes antérieure arquées... et ses deux paires de bras. Je n'ai pas la possibilité de voir son visage, cependant, il m'est facile de l'imaginer allongé et doté d'une mâchoire carnassière.

Le monstre, plutôt que de de servir dans la masse de victuailles, dépose la dépouille de ce qui semble être une chèvre. Avec un peu de chance, elle provient d'un élevage, et indiquerait donc l'existence d'une civilisation plus pacifique non-loin. Je me baisse de nouveau. J'ai ce que je voulais savoir, inutile de prendre plus de risque. Après un instant, la créature s'éloigne par le même chemin, en sens contraire. S'arrête près de ce qui doit être l'entrée. Renifle avec un bruit mouillé. Reste un instant immobile. Je ne suis pas trop inquiète : les charognes sentent beaucoup plus fort que nous. Finalement, elle reprend sa marche.

Lorsque le clapotis de ses pas n'est plus audible, je m'autorise enfin à souffler.

-Pas trop secoué ? je demande, d'une voix qui se veut amicale.

Je m'appuie sur le rebord, et je hisse dans la pièce elle-même. L'avantage de monter en premier, c'est que je ne suis pas obligée de me tenir face à lui, et ai donc la possibilité de ne pas trop m'exposer, malgré la luminosité un peu plus forte. C'est plus pour lui que pour moi que je fais ça, compte tenu de la gène qu'il a paru manifesté, alors même que l'obscurité cachait en grande partie nos corps. Mes yeux étant à présent bien plus adaptés au noir, je peux voir, au moyen d'un coup d’œil en biais, qu'il s'agit bel et bien d'un homme... Mieux, après quelques instants, je le reconnais. C'est le garçon que j'ai heurté, dans l'église : difficile de rater ses cheveux blancs, malgré son jeune âge, d'où émerge une étrange mèche brune. Le passage d'un lieu de culte à une grotte humide n'a pas du être facile à vivre.

-Bon... par où commencer. Je ne sais pas trop si je dois tout te dire. Tu risques de paniquer.

Je grimace légèrement. L'existence d'une multitude de plans, d'une cohorte de races étranges, de centaines de civilisations extraterrestres, et sa présence effective au milieu de tout ça. Dois-je lui servir une version édulcorée, ou tout lui révéler, au risque de le heurter ? Rien que ma phrase a déjà du lui faire un peu peur. Puis je trouve l'accroche. Autant commencer par des choses simples.

-Déjà, c'est probablement de ma faute si tu es ici... désolée, je n'ai pas vraiment décidé de te prendre avec moi. Ensuite, je suis Telka de Szczecin.

Je frissonne. Il ne fait pas très chaud, et même s'il n'y a pas de courants d'air, l'être humain n'est pas vraiment fait pour rester nu dans un tel environnement, je crois. J'ignore, en revanche, si nous avons la moindre chance de trouver un habit dans l'habitat de créatures qui n'en portent visiblement pas.

-Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c'est que je peux pas te ramener, en tout cas pas maintenant. La bonne, c'est...

Je cherche une bonne nouvelle évidente. Que nous sommes nus et rien pour nous défendre ? Que nous sommes probablement entouré d'humanoïdes aquatiques carnivores et primitifs ? Que nous sommes sur un plan que je ne suis même pas capable d'identifier ? Non, vraiment, je ne trouve rien à lui dire. Je hausse les épaules et lui lance un sourire désolé.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Azazel Ängelsson

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Re : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Azazel]

Réponse 3 mardi 07 mai 2013, 14:56:37

Les bruits de pas continuaient de se rapprocher, et Azazel éprouvaient toujours des difficultés à respirer plus discrètement, ceci malgré les tentatives bienveillantes de réconfort de sa compagne d'infortune. Car oui, le thaumaturge, en se basant sur le son de la voix qui lui chuchotait des paroles rassurantes à l'oreille, avait conclu avec une certitude presque absolue que l'autre personne qui se trouvait dans cette galère avec lui était de sexe féminin. Une chance qu'il ne pouvait distinguer grand-chose dans cette obscurité, car avec la chance qu'il semblait avoir aujourd'hui, elle était sans doute aussi nue que lui, et si le corps masculin, qu'il s'agisse du sien ou de celui d'un autre jeune homme, n'était définitivement plus un territoire inconnu, le corps féminin demeurait un mystère, et, comme de nombreux mystères, de ce fait une source d'appréhension. Oh bien sûr, le jeune sorcier avait déjà été confronté à des images de jeunes femmes plus ou moins exposées dans leur plus simple appareil – de nos jours, comment aurait-il pu l'éviter à moins de vivre en ascète ? –, mais jamais encore il n'avait été en présence réelle de l'une d'entre elles. Dans l'orphelinat religieux où il avait été élevé, les contacts entre les représentants des deux genres étaient forcément minutieusement encadrés pour éviter certains... débordements, dirons-nous, et Azazel ne s'était pour sa part « sexualisé » que très récemment – il ne lui serait donc avant cela jamais venu à l'esprit de se conduire en pervers à aller mater les filles en secret à travers la fenêtre de leurs vestiaires ou dans un quelconque autre endroit où il aurait pu entrevoir furtivement le galbe d'un sein libéré de sa protection de tissu, ou une croupe habillée uniquement de lumière. D'ailleurs, rien que d'y penser de cette façon pour la première fois, il se sentait bizarre. Enfin, ça aurait été le cas s'il n'avait pas été beaucoup plus occupé à presque défaillir de trouille.

Alors que le thaumaturge se résignait à l'idée de devoir éventuellement défendre sa peau, les pas s'arrêtèrent finalement sur un dernier clapotement. Le sorcier avait fini par remarquer ce détail, et il se demanda furtivement s'ils ne se trouvaient pas près d'une étendue d'eau. En fait, ça aurait été bien de savoir où ils se trouvaient tout court. L'inconnue le savait peut-être, mais il n'osa pas lui adresser la parole même en murmurant, de peur que le troisième individu dont ils avaient manifestement investi la demeure sans demander la permission au préalable ne les entende et manifeste son mécontentement en les ajoutant au tas de carcasses dont émanait apparemment l'odeur infecte que le jeune homme à la mèche d'ébène avait sentie plus tôt et qu'il commençait à pouvoir dessiner du regard, ses yeux ayant fini par s’accommoder. Azazel sentit alors la jeune femme se lever, sans doute pour vérifier si l'autre être était toujours présent. Quelques instants plus tard, ils purent l'entendre s'éloigner, et elle se hissa alors hors du trou dans lequel ils avaient en définitif eu la chance de se trouver, la voie étant apparemment libre. Le thaumaturge finit par la suivre en soupirant, renonçant à sa pudeur par la force des choses.

Une fois qu'ils se tinrent tous les deux face à face, Azazel, se cachant à nouveau grâce à sa main alors que la jeune femme ne semblait pas gênée le moins du monde par sa nudité que le sorcier avait justement devinée, fit de son mieux pour rester concentrer sur le visage de son interlocutrice, une certaine rougeur gagnant son visage. Heureusement qu'elle s'était mis à parler, ce qui lui donnait autre chose à penser. D'ailleurs, les premières paroles qu'elle prononça le firent échapper un petit rire nerveux. Non, sans rire, il risquait de paniquer ? Il venait juste d'être téléporté Dieu savait où contre sa volonté, voire même Dieu savait quand vu les méthodes de stockage de la nourriture qui importunaient actuellement son odorat, et de surcroit complètement à poil ! L'espace d'un instant, Azazel faillit s'emporter contre la jeune femme, mais elle semblait vraiment désolée qu'il se soit retrouvé là avec elle, même si c'était apparemment bel et bien sa faute comme il le pensait. D'ailleurs, maintenant qu'il pouvait un peu mieux la voir, et au vu de ses propos, il était certain qu'il s'agissait de la fille qui l'avait percuté à l'église quelques instants plus tôt. Son propre don avait donc effectivement suivi le sien dans un couloir spatiotemporel, ou quelque chose de ce genre. Magnifique. Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seul, elle lui annonça, après s'être présentée sous le nom de Telka, qu'elle ne pouvait pas le ramener là d'où ils étaient venus, ce qu'elle ponctua d'un haussement d'épaules et d'un sourire désolé. Fermant les yeux et soupirant derechef, le thaumaturge finit par la fixer à nouveau de ses iris mauves et dit :

« Est-ce que tu sais au moins où on est ? »

Le jeune homme n'était pas vraiment d'humeur pour la politesse à cet instant précis ; tellement qu'il en oublia même de se présenter en retour. Quand bien même l'aurait-il été, le son qui retentit alors dans la grotte humide aurait de toute manière interrompu toute mondanité. C'était un cri vraiment étrange, quelque part entre le crissement d'un vélociraptor à la Jurassic Park et le grondement d'un léopard ou d'un autre grand félin. Faisant volte-face en direction de l'entrée de la formation rocheuse, Azazel ne put s'empêcher de crier – plus de stupéfaction que de peur, même si les deux sentiments étaient définitivement présents – en découvrant la provenance de cette curiosité.

Devant ses yeux se tenaient trois créatures dignes d'un MMORPG ou d'un roman d'heroic fantasy. Grandes, verdâtres, écailleuses, uniquement vêtues de pagnes, de petits éléments en cuir et de masques à l'aspect mystiques, et dotées de deux paires de bras chacun, mais surtout – oui, surtout de sortes de lances évoquant un trident et de mâchoires garnies de crocs acérés. Et visiblement pas contentes du tout.

Une fois de plus, Azazel eut l'impression que tout se figeait autour de lui – mais cette fois-ci, ce n'était qu'une impression. Quelques secondes s'écoulèrent dans cette sorte de flottement. Puis, après un nouveau cri de la créature qui se trouvait la plus en avant des trois, ils se précipitèrent vers les deux humains. Hurlant à nouveau, le thaumaturge réagit par instinct, sans réfléchir une seule seconde, et décrivit brusquement un large arc de cercle avec sa main droite. L'une des créatures poussa un cri, et, même si Azazel ne put le voir à cette distance, de la surprise sembla passer dans ses yeux reptiliens avant qu'il ne soit – le thaumaturge supposa qu'il s'agissait d'un mâle de part son absence de poitrine – projeté en arrière d'une dizaine de mètres et ne retombe lourdement sur le dos, échappant son arme. Passé le choc initial d'être confronté à un individu capable de les combattre sans entrer en contact physique direct avec eux, les deux autres créatures lancèrent avec force leurs tridents vers le jeune homme qui eut à peine le temps de lever les mains comme pour se protéger, les arrêtant à quelques centimètres de sa tête alors qu'il criait de plus belle.

« AU SECOURS ! » hurla-t-il à pleins poumons, complètement dépassé par les événements.

Les armes retombèrent avec un bruit de bois et de ferraille dans une flaque à ses pieds tandis que lui même défaillait, se tenant à présent sur un genoux, une main au sol, et respirant bruyamment et à grande bouffée. Son pouvoir était loin d'être à court de batterie mais la montée subite d'adrénaline, s'ajoutant au léger malaise dû à son déphasement suite à la téléportation et au fait que son cerveau tournait à plein régime pour essayer de ne pas perdre le fil, affectait son corps et le clouait sur place. Secouant la tête pour essayer de regagner son sang-froid, Azazel tourna la tête vers Telka et l'invectiva avec une vulgarité peu commune chez lui :

« Mais il se passe quoi ici, bordel de merde ?! »

Une fois de plus, les créatures émirent le son qui les caractérisaient et, pensant que le thaumaturge était à présent vulnérable, foncèrent vers lui, le prenant sans doute pour la plus grande menace vu ses capacités. Braquant brusquement ses iris lilas sur le sol humide devant eux, Azazel éructa une formule et une fine couche de glace se forma ; assez pour les surprendre et les faire se percuter l'un l'autre avant de choir. Malheureusement, ils ne s'assommèrent pas comme le jeune sorcier l'aurait souhaité.




Fiche de personnage // Demandes de RP

Dooaio Serafim Lelahel od wik Belioclya z ipuran ils...

Telka

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Re : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Azazel]

Réponse 4 mercredi 08 mai 2013, 01:41:09

La situation a l'air de réellement le gêner, et pas seulement parce qu'elle est désespérée. Je remarque aisément que son regard est un peu trop haut, un peu trop fixe, pour être naturel. Il ne sait pas où poser les yeux, et à bien y réfléchir, c'est tout à son honneur. J'aurais pu tomber sur un lubrique qui ne se serait aucunement privé de m'épier dans mon plus simple appareil... et sans même aller jusque là, un adolescent -s'il est sorti de cette période ingrate, il ne doit pas s'en être encore bien éloigné- aurait sans doute jeté quelques œillades intéressées. Je n'aurais même pas pu lui en vouloir, je sais d'expérience que c'est un comportement plutôt commun. Pourtant, il s'en abstient. Il faut dire qu'au sein d'une église, et surtout au Japon où la foi chrétienne est peu répandue, les jeunes hommes sont souvent assez prudes et bien élevés, issus d'assez bonnes familles.

Je m'interroge brièvement. Mon pouvoir ne transporterait-il que les individus purs ? Vu sa réaction, il a toutes les chances de l'être, et cela pourrait expliquer qu'il ait été amené avec moi... Pour ma part, sans aller dans le voyeurisme, je ne fais pas dans l'excès de pudeur, surtout qu'il masque déjà l'essentiel. Je le regarde rougir, avec un peu d'amusement que je refrène tant bien que mal. C'est normal, il est nerveux, déstabilisé. Là non plus, je ne peux pas lui en vouloir. Ce n'est pas vraiment une brute, pas le genre capable de se défendre correctement à mains nues, d'après sa posture. Il est plutôt maigre, encore qu'il ne soit pas particulièrement chétif. Son corps, tout de même, à quelque-chose d'asexué... Alors que j'ai presque tout loisir de constater qu'il n'en est rien.

Lorsqu'il parle, je croise son regard. Ça n'était pas évident jusqu'alors, mais leur couleur ne m'avait pas paru surprenante. Et pourtant, je n'avais encore jamais vu de tels iris autre part qu'au cinéma, ailleurs que dans quelques films de Liz Taylor, et encore, il ne s'agissait que d'une nuance de bleu. Le violet de ses yeux, lui, semble d'une nature différente. Si je n'avais su qu'il n'avait pu emporter aucun objet avec lui, j'aurais pu croire qu'il portait des lentilles. Il n'en était rien, et si la luminosité n'était pas aussi mauvaise, j'aurais juré que cette nuance particulière de violet avait déteint sur ses cheveux, que j'avais cru dans un premier temps blanc. J'ai déjà eu l'occasion de rencontre des anges, et je trouve en ses traits délicats quelque-chose de céleste. Ça n'est sans doute qu'une impression. Égarée dans ma contemplation de cet être intrigant, j'ai un peu perdu le fil.

-Non, je lui réponds simplement. Je suppose qu'...

Un cri inquiétant se superpose à notre discussion. Je sursaute et me retourne, alors que lui se met à hurler. Je jure : j'aurais du le voir plus tôt, je ne sais pas ce qui m'a pris, je ne sais plus à quoi je pensais. Nous n'avons visiblement pas été suffisamment discrets. Est-il possible que le chasseur que nous avons entrevu nous ait déjà repéré et ait simplement été chercher du renfort avant de nous aborder ? Peut-être n'ai-je pas été assez prudente, que leur ouïe, leur odorat, est plus développé que je ne l'avais estimé. C'est difficile à dire, les créatures semblent provenir d'un autre monde. Un monde plus humide, certes, mais où, je l'espère, on ne pratique pas l'anthropophagie.

Si nous y allons pacifiquement, les négociations sont peut-être possibles. Après tout, les intrus, c'est nous. Ils ne font que réagir normalement face à une menace inconnue qui les frappe en plein milieu de leur repère. En attendant, je dois calmer le jeune homme, dont je ne connais du reste toujours pas le nom. Je pose de nouveau ma main sur son épaule.

-Att'... Josaphat !

Je ne comprends pas bien son geste, mais je saisis de suite, en voyant un des humanoïdes aquatiques être poussé en arrière, la nature de ce qu'il vient de faire. Bon sang, s'il y avait bien quelque-chose dont j'avais encore moins besoin que d'un compagnon d'infortune peureux, c'est un compagnon d’infortune peureux, agressif, et surtout sorcier. Toutes mes théories sur la pureté des individus que mon pouvoir transportent s'effondre. Ce type n'est juste pas net d'un point de vue magique... un domaine d'une moralité très contestable, dont, bienheureusement en règle générale, et bien malheureusement dans ce cas précis, je n'ai pas suffisamment connaissance pour en faire usage moi-même.

Si je n'agis pas immédiatement, c'est que j'espère qu'il dispose de la puissance nécessaire pour nous débarrasser de tous nos assaillants éventuels. La solution ne me plaît pas, mais elle a au moins l'avantage d'avoir une chance de nous sauver la vie. Surtout qu'étant responsable de la situation, je ne peux pas vraiment faire la fine bouche sur les méthodes dont il use pour se sortir de là. Hélas, je constate très vite qu'il use de ses sortilèges uniquement parce qu'il panique. Quand bien même ses manifestations, pour un profane, sont assez impressionnantes, il n'a vraisemblablement aucune chance de nous tirer de là en en faisant un usage aussi piètre. Je me jette sur le côté lorsque les créatures, et c'est bien normal, nous prenne pour cible de leurs projectiles. Tant pis s'il est blessé : j'aurais l'occasion de le soigner si je survis moi-même.

Les lances n'atteignent pas leur cible, cependant les hommes-poissons ne paraissent pas découragés pour autant, surtout que le mage vient de mettre un genou à terre tout en continuant à beugler de terreur. Quel genre de sorcier peut être autant horrifié par des éléments surnaturels, alors qu'il doit bien y être habitué d'une façon ou d'une autre ? Je le vois se hasarder de nouveau à un maléfice de glace qui ne fait que ralentir brièvement ceux qui sont, malgré moi, devenus nos ennemis. Je sens ma colère monter. J'en ai assez. En cet instant, je ne trouve plus d'excuse à ce pleutre. Pas plus qu'à moi, d'ailleurs, toutefois, je compte me rattraper sans tarder de mon inaction.

Bondissant vers mon compagnon, je le plaque au sol, et cette fois, je n'y vais pas vraiment avec délicatesse. Je le bouscule franchement, quitte à le sonner. Pour le moment, il n'a vraisemblablement pas fait beaucoup de dégâts, quelques hématomes, quelques bleus, sur la peau écailleuse de ces chasseurs qui en ont sans doute vu d'autres. Quelques os cassés, au pire, pour celui projeté en arrière. Rien que je sois incapable de réparer. Je n'ai pas l'intention de le laisser tuer, même par maladresse, un des indigènes, autant pour le sort de l'infortunée créature que pour le notre. Ils doivent être suffisamment énervés comme ça. Neutraliser moi-même leur agresseur, à défaut d'attirer leur sympathie, les fera peut-être au moins se questionner.

Mon corps arqué sur celui, à peine plus grand mais surtout plus frêle, du sorcier, je le maintiens assez fermement. La pudeur, ici, n'entre plus en ligne de compte, et j'évite tout juste d'appuyer sur des endroits trop sensibles de son anatomie. Je plaque également une main sur sa bouche. Autant pour l'empêcher d'incanter encore que pour ma propre tranquillité auditive.

-Il se passe, imbécile, que tu viens de contrarier nos hôtes, je lui décoche, presque aussi contrariée que les hôtes eux-même. Comment on rattrape ça maintenant, hein ? Le grand magister compte se débarrasser de toute la tribu ?

Je m'en veux presque aussitôt d'avoir employé un ton aussi dur. Je me calme une seconde, tentant de faire acte de sagesse christique. Lorsque Saint Pierre, le plus béotien et le plus impulsif des apôtres, avait coupé de son épée une oreille à un soldat romain, venu chercher le Fils pour le juger, celui-ci avait condamné l'acte sans pour autant montrer son ire, se contentant de conjurer le mal que son compagnon avait fait. Ce qui se déroule sous mes yeux y ressemble étrangement. Je ne suis pas sûre, cependant, qu'il soit aussi facile de s'expliquer auprès des créatures aquatiques qu'auprès des antiques occupants de Jérusalem. Mais par Josaphat, que ses cris, dans le contexte, étaient énervants !

En parlant de cri, celui étrange des indigènes les rappelle à ma mémoire. Deux ont déjà réussi à passer outre la couche de glace que le jeune homme à répandu sur le sol, et contemplent notre duo étrange, dubitatifs. Cependant, j'en distingue une demi-dizaines d'autres qui s'approchent à grands pas mouillés, sans doute alertés par les appels de leurs congénères.

-Excusez-nous. Nous sommes ici par erreur. Je peux soigner les dégâts que lui -je pointe du doigt le sorcier, toujours sous moi- a causé. Si vous promettez de ne pas nous faire de mal.

Un instant, les humanoïdes semblent comprendre ce que je dis, et paraissent même hocher leur gueule difforme. J'ai un petit espoir, lorsque l'une d'entre elle feule, rugit, ou... gargouille, à l'autre un message qui, en apparence, n'a rien de très agressif. Puis, sans prévenir, l'une d'elle se saisit de la hampe de sa lance, qu'elle a ramassée au sol, et me frappe au front. Des étoiles envahissent mon champs de vision, accompagnées d'une douleur vive, et d'une sensation de flottement qui m'annonce que mon cerveau perd l'emprise sur mon corps.

-Désolée... j'articule à l'adresse du jeune homme, avant qu'une deuxième frappe contondante n'obscurcisse complètement ma conscience.
« Modifié: dimanche 12 mai 2013, 05:07:58 par Telka »

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Azazel Ängelsson

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Re : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Azazel]

Réponse 5 mardi 28 mai 2013, 01:43:50

Alors qu'Azazel, le cerveau tournant toujours à mille à l'heure, avait eu le temps de rassembler ses esprits quelques secondes pendant que les écailleux se débattaient sur la plaque de glace et s'apprêtait à tenter une nouvelle stratégie pour semer la confusion chez les monstres et filer à l'anglaise, il ressentit soudainement une douleur au flanc et se sentit décoller du sol quelques secondes avant de retomber rudement, récoltant quelques nouvelles blessures et ecchymoses au passage. Paniqué à nouveau, le thaumaturge crut l'espace d'un instant qu'une des créatures avait échappé à sa vigilance et l'avait pris en traître, et il faillit déployer une décharge télékinétique qui aurait bien pu envoyer la créature s'écraser contre le plafond de la grotte. Par chance, le sorcier constata juste à temps qu'il s'agissait en réalité de Telka, et sa surprise face à ce rebondissement céda bien vite la place à de la colère, surtout lorsqu'elle se mit à lui faire des reproches. À l'entendre, c'était de sa faute s'ils étaient en train de se faire attaquer par une horde de sardines mutantes à quatre bras. Se rendait-elle au moins compte qu'ils avaient décidé de les ajouter à leur garde-manger avant même qu'il n'ait bougé le petit doigt ? Il n'avait fait usage de sa magie contre eux que pour les protéger, et voilà qu'il se retrouvait plaqué au sol par celle qui aurait dû être son alliée, incapable de psalmodier une nouvelle formule, tandis que cette folle – car elle devait bien l'être pour agir de la sorte – tentait de parlementer avec des hommes-poissons affamés à l'élocution limitée. Il était tellement hors de lui qu'il en ignora complètement le fait qu'il se trouvait sous elle, leurs deux corps nus pressés ensemble dans une posture digne d'un combat de lutte greco-romaine. Soudainement, une des créatures frappa la téléporteuse à la tête à deux reprises tandis qu'Azazel écarquillait les yeux, et celle-ci s'effondra sur lui après une dernière parole – une parole d'excuse. Puis tout s'enchaîna si vite que le thaumaturge n'eut pas le temps d'invoquer de nouveaux sorts ni de se défendre de son corps, celui de Telka l'empêchant de se mouvoir. Les hommes-poissons s'emparèrent d'eux avec vivacité, et commencèrent par bâillonner le mage, ayant sans doute compris – malgré leur apparente primitivité – que la parole était pour lui une arme pouvant se révéler bien plus dangereuse, voire létale, que leurs lances et leurs crocs. La dernière chose que le jeune homme à la mèche d'ébène put voir fut deux créatures entravant l'une les pieds de sa compagne d'infortune et l'autre les pieds, puis il sentit qu'on le frappait durement à l'arrière du crâne, et il sut qu'il allait rejoindre Telka au Pays des Rêves pour un petit moment.


Lorsqu'il se réveilla, la première chose qui traversa l'esprit d'Azazel fut : « Je suis encore en vie ? ». Et cette pensée n'avait absolument rien d'humoristique. Le thaumaturge était réellement surpris. Il avait vraiment cru que les écailleux les dépèceraient avant de les faire cuire puis les dévorer. Non pas qu'il fut certain que cela n'était pas encore à l'ordre du jour. De plus, ses yeux ne pouvaient pas vraiment lui en apprendre plus sur sa situation actuelle. En effet, on les lui avait bandés, et il était également toujours bâillonné. Nonobstant, de la lumière et des formes filtraient à travers le morceau de tissu grossier qu'on lui avait noué autour de la tête, et il devina grâce à celles-ci, ainsi qu'à la chaleur qu'il ressentait sur l'avant de son corps, qu'il se trouvait près d'un feu. Le « magister », comme Telka l'avait nommé quelques instants (de conscience) plus tôt, s'étonna lui-même de faire preuve d'autant de sang-froid, mais il avait assez paniqué pour le moment. Il avait accepté le fait qu'il avait été transporté dans un lieu complètement inconnu, que des créatures oniriques – ou plutôt cauchemardesques – arpentaient en liberté, et avec peu de tolérance pour les intrus. Il avait accepté que, pour la première fois, sa vie était en danger. Il avait aussi accepté le fait qu'il pouvait renverser cette situation. Après tout, il était doué de magie. Sous le stress et la panique, il avait employé son don de manière désordonnée, et conséquemment pas très efficiente, mais en réfléchissant bien et en agissant de façon intelligente et mesurée, il se savait capable de les sortir de là. Mais d'abord, il devait savoir ce qu'était « là » exactement. Le jeune homme à la chevelure mauve voulut en premier lieu se débarrasser du bandeau qui l'empêchant de voir – une décharge télékinétique et on en parlait plus –, mais une créature risquait de le voir. Le sorcier décida alors de se concentrer sur ses autres sens avant de faire quoique ce soit. En premier lieu, il releva la tête et inspira un grand coup par le nez. L'air autour de lui lui apporta des fragrances d'abord poisseuses, qu'il identifia comme l'odeur des bêtes bipèdes dont ils étaient prisonniers, ainsi que de bois brûlé, puis, à la deuxième inspiration, il put sentir un parfum d'humidité et de... sel ? Dans son dos, passant sous ses bras qui avaient été attachés au dessus de sa tête à ce qui semblait être un tronc d'arbre, à l'instar de ses jambes,  Azazel put sentir une brise fraîche et également humide, créant un contraste avec la chaleur du feu. Son ouïe acheva de le convaincre de l'idée qu'il se faisait de l'endroit où ils se trouvaient : le bruit calme et apaisant du remous des vagues. Les créatures les avaient amenés sur une plage. Et alors qu'il réalisait cela, un autre son vint le heurter : le silence. Pas le silence qui règne dans les lieux où pas une âme ne vit. Non, ce silence... paisible – même si le mot lui semblait curieusement hors de propos dans leur situation –, celui auquel vous êtes confronté lorsque vous ouvrez la porte d'une chambre et que tout le monde à l'intérieur était profondément endormi.

Redressant la tête, le thaumaturge plissa les yeux. Le bandeau qui les couvrait se détendit et glissa sur son cou, s'accrochant légèrement au bâillon au passage. Le jeune homme dût cligner plusieurs fois des yeux avant de pouvoir voir clairement. Puis il les vit. Son souffle se bloqua un moment dans sa gorge. Plus d'une cinquantaine de ces hommes-poissons se trouvaient là, entassés à même le sol autour du feu, quelques peaux en guise de couverture pour certains. Analysant rapidement tout ce qu'il pouvait voir, Azazel essaya de trouver Telka, mais il ne la vit nulle part. Se débarrassant du bâillon comme il l'avait fait pour le bandeau, le sorcier soupira. Elle avait beau les avoir mis dans cette situation avec ses états d'âme stupides, il ne pouvait pas la laisser livrée à son sort ; ça ne lui ressemblait pas de toute manière, énervé ou non. Logiquement, elle ne devait pas être bien loin, à moins que les créatures l'aient... Le thaumaturge écarquilla les yeux, puis secoua la tête après quelques secondes. Non, non, il ne devait présumer de rien ; il fallait qu'il reste le plus clair et le plus calme possible, et ce genre de pensées négatives ne l'y aideraient pas. En revanche, ce qu'il l'aiderait, et ce qui fut son premier réflexe, c'était la magie. Toujours attaché au tronc au cas où une créature se réveillerait, Azazel inspira, se détendant autant qu'il le pouvait. Il ne s'agissait pas de se tromper, car il était sur le point de se servir de ses connaissances les plus avancées, mais aussi les plus mystérieuses.

« Zluala pa lir, » laissa-t-il rouler sur sa langue dans un murmure, les yeux fermés.

Un frisson qui n'avait rien à voir avec la température parcourut son corps, lui donnant la chair de poule. Même ces trois simples mots étaient empreints d'une magie qui n'avait rien à voir avec ses pouvoirs innés ou les incantations en latin et autres langues mortes qu'il connaissait. Azazel l'appelait « le Mot ». Enfin, en réalité, c'était plutôt l'auteur de son grimoire qui avait nommé ainsi ce langage qui se trouvait être un puissant catalyseur magique, permettant à n'importe quelle personne dotée ne serait-ce que d'une once de pouvoir mystique d'accomplir des choses au-delà de leur portée habituelle. Lorsque le thaumaturge avait acquis son grimoire – qui n'avait rien à voir avec les ouvrages modernes qu'il collectait également pour perfectionner son « métier » –, il avait d'abord cru qu'il ne pourrait pas l'exploiter. En effet, plus de la moitié de l'ouvrage avait été écrit dans une langue qu'il ne connaissait pas, exprimée par des symboles qui ne lui évoquaient absolument rien. Il s'était donc dans un premier temps concentré sur la partie qui lui était accessible, sans doute ajoutée par le précédent propriétaire, car sa première page indiquait qu'il « espérait que le prochain aurait plus de chance » et qu'il « lui passait ses connaissances dans l'espoir qu'elles se révèleront utiles ». Azazel avait essayé de comprendre, mais après plusieurs mois sans même une piste, il avait abandonné. Pourtant, sans qu'il puisse se l'expliquer, le grimoire avait fini par lui livrer ses secrets. Et il ne s'agissait pas d'une figure de style.

Une nuit, alors qu'il avait repris contact avec sa magie qu'il avait refoulée à son arrivée au Japon, à l'heure la plus sombre, le jeune mage, épuisé d'avoir passé des heures à étudier les sorts et rituels de son prédécesseur, s'était endormi sur l'ancien ouvrage, et il avait rêvé. Mais cela n'avait pas été pas un rêve ordinaire. Le grimoire lui avait laissé voir sa création, à travers les yeux de son responsable, et au réveil, les symboles étaient devenus pour lui aussi clair que l'alphabet latin. La prononciation lui avait posé quelques soucis, mais il avait fini par s'en sortir grâce aux instructions laissées par le propriétaire originel, qui avait apparemment eu dès le départ l'intuition que son grimoire finirait entre les mains d'une personne incapable de le déchiffrer sans un peu d'aide. Azazel, encore maintenant, ignorait si une quelconque entité l'avait estimé digne d'obtenir ce savoir, car ce dernier était loin d'être sans poids, ou s'il s'agissait juste d'un heureux hasard. En effet, plus la quantité de magie qu'on avait à lui offrir était importante, et plus les limites du possible se desserraient, à condition de savoir quoi dire. Et dans le cas présent, le thaumaturge venait de temporairement s'octroyer le don de rétrocognition, en fixant son vœu sur les mots « laisse-moi voir ». Rouvrant ses yeux, qui brillaient désormais d'une pâle lueur violine, le mage embrassa une fois de plus son entourage du regard, mais celui-ci ne percevait plus l'instant qu'il vivait. Il était à présent témoin du passé.

À priori, sa vision avait voyagé plusieurs heures en arrière. Peut-être trop. Le soleil était encore haut dans le ciel, et la plage était déserte, comme l'en informa un coup d'oeil autour de lui. Se déplacer hors de cette scène lui était impossible – du moins, s'il ne fournissait pas plus de pouvoir, ce qu'il ne pouvait pas se permettre. Ce fut d'ailleurs pour la même raison que le jeune sorcier referma immédiatement les yeux. Si remonter aussi loin n'était pas nécessaire, mieux valait écourter ses observations – voir les évènements passés les plus récents coûtaient, de manière assez logique, moins d'énergie. Les rouvrant une fois de plus, Azazel constata que sa deuxième tentative s'avérait plus fructueuse. Alors que le soleil déclinait à l'horizon, commençant à disparaître derrière les flots, le jeune homme aux iris lilas put voir la masse de créatures arriver sur le plage, transportant, attachés à des branches tels des porcs à faire rôtir, leurs corps inconscients ; celui de Telka et le sien.  Une fois qu'ils furent tous les deux attachés à l'arbre – Azazel faillit rire jaune en découvrant que la jeune femme était tout simplement attachée derrière lui, de l'autre côté du tronc –, il put les voir installer une sorte de grand bucher au milieu duquel trônait un totem, qu'il avait aperçu à la lueur des flammes quelques instants plus tôt, dans le présent, sans y faire réellement attention, le tout semblant être supervisé par une espèce de... shaman, ou quelque chose dans le genre. Il s'agissait également d'un homme-poisson, mais, à la différence des autres, il arborait des peintures étranges sur sa gueule – visage n'était pas un terme approprié selon le thaumaturge –, et sa lance était décorée de tout un tas de grigri. Selon toute vraisemblance, Telka et lui-même auraient dû servir de sacrifices lors d'un rituel dont il ignorait les tenants, alors pourquoi étaient-ils encore en vie ? À moins que... Une fois de plus, Azazel écarquilla les yeux : était-ce là la preuve de la disparition prématurée de la téléporteuse ?

Au moment où le jeune homme allait mettre fin à son sort pour s'en enquérir, il vit le shaman pointer d'un de ses doigts griffus le ciel, plus précisément le soleil, et alors il comprit. Les créatures ne les avaient pas encore tués car elles attendaient un événement céleste précis, ce qui était assez commun dans les rituels magiques, quelque soit le résultat recherché. Et ici, il importait peu à Azazel. L'important, c'était que cela leur avait permis de survivre jusqu'à ce qu'il se réveille. Rompant enfin son sort, le thaumaturge mit quelques minutes à se remettre. Il n'était déjà pas physiquement au top, et il venait de brûler en quelques instants au moins un quart de son énergie mystique. Il se permit de bien reprendre son souffle, puis, s'armant de courage et de détermination, et après avoir vérifié une dernière fois qu'aucune des créatures ne le voyait – une chance qu'il n'ait apparemment pas estimé cela nécessaire de poster un garde, à moins que celui-ci ne fût en réalité autre que cet individu avachi contre sa lance enfoncée dans le sol légèrement à l'écart du groupe ? –, il défit ses dernières entraves grâce à sa télékinésie, tentant de faire le moins de bruit possible en tombant sur le sable mêlé de terre au pied de l'arbre. À pas de loup, il en fit le tour et découvrit avec soulagement que Telka était toujours là, et toujours inconsciente. Elle avait dû salement déguster pour rester dans les vapes aussi longtemps. Non pas qu'il eût grand-chose à dire pour sa propre défense, néanmoins. Mais il aurait tout le temps d'y songer plus en détails une fois qu'ils seraient hors d'atteinte de ces sardines mutantes. Détachant la jeune femme avec précaution, en s'arrêtant plusieurs fois en plein mouvement lorsqu'un son lui parvenait, Azazel finit par la charger péniblement sur son dos, puis, les yeux rivés vers les créatures pour s'assurer de ne pas se faire attaquer par derrière, se mit à s'éloigner à reculons vers l'intérieur de la forêt qui bordait la plage.

Mauvaise idée.

Au bout d'à peine deux mètres, il trébucha sur une souche et, entraîné par le poids de Telka, tomba sur un amas de branches sèches dont le craquement, dans le silence absolu de la nuit, sonna comme un coup de feu. Le garde se réveilla, remarqua que les prisonniers s'étaient échappés, et donna immédiatement alerte.

« Eh merde, » fut la seule réaction que put produire le jeune homme. « Merde merde merde merde merde ! » renchérit-il lorsqu'il vit plusieurs individus s'armer avec célérité et s'élancer vers eux pour les récupérer.

Une fois de plus, le jeune homme se reposa sur sa meilleure défense : sa magie. Et une fois de plus, il n'y alla pas vraiment dans la dentelle et de manière réfléchie. S'inspirant de ce qu'il voyait, il se mit à psalmodier en traçant à la hâte un cercle autour d'eux:

« Air, Feu, Eau et Terre,
éléments de la naissance astrale,
j'invoque votre présence dans ce cercle sacré
protégé de toutes négativités.
J'invoque votre présence ici et en ces lieux,
des vents, des volcans, de la mer et de la terre.
Sortez et venez.
J'invoque votre présence, entendez mon appel! »


Des racines jaillirent du sol et filèrent droit sur leurs assaillants les plus proches, les plaquant au sol, tandis que, sur la plage, le feu de camp semblait soudainement animer d'une vie propre, des langues de flamme venant s'enrouler autour des créatures restées trop près, les faisant pousser des cris de douleur et d'effroi. Le shaman réagit rapidement, entamant une litanie étrange dans ce qui servait de langue aux hommes-poissons, mais, le temps qu'il annule les enchantements d'Azazel, le jeune homme et sa comparse avaient disparu.

Courant aussi vite qu'il le pouvait, Telka toujours sur son dos, le thaumaturge donna tout ce qu'il avait dans cette fuite effrénée. Il parcourut des kilomètres sans même s'en rendre compte, la peur au ventre, se sachant bientôt incapable de se servir de la moindre magie pour se garder des monstres qui en voulaient à leurs vies. Lorsqu'il n'en put plus et s'écroula littéralement, la jeune femme boulant à quelques centimètres de lui, il s'était enfoncé très loin dans la forêt. N'ayant même plus la force de s'assurer qu'il ne venait pas de les mener tous les deux dans un autre sac de nœuds, et espérant dans un dernier instant de lucidité que les sardines mutantes n'allaient pas leur retomber dessus, Azazel sombra à nouveau, presque avec délice, dans l'inconscience. Sur son dos, la peau couverte d'entailles et de bleus changea. Peu à peu, un étrange tatouage représentant un cercle mystique se dessina.

« Modifié: dimanche 22 septembre 2013, 17:05:05 par Azazel Ängelsson »




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Telka

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Re : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Azazel]

Réponse 6 lundi 09 septembre 2013, 20:38:33

Je ne suis pas en mesure de bouger, mais cela ne me panique pas plus que ça. Simplement parce que je suis incapable de le réaliser. À mes oreilles résonnent quelques bruits, et mes yeux captent quelques lumières, peut-être. Ces stimulus extérieurs viennent s'ajouter à un rêve flou, à des songes douloureux qui n'ont rien de ceux plus imagés et cohérents d'un vrai sommeil. Il ne s'agit que des divagations, je crois, de mon cerveau étourdit, cherchant désespérément à retourner à la conscience et à reprendre le contrôle du corps dont il est habituellement maître. Je ne peux pas exactement dire ce qui relève des délires causés par le coups, et de ce qui est acheminé par mes sens à moitié éteins. Ici, je crois voir une forme, sans me rendre compte que mes paupières sont closes, là, j'entends des paroles dont je ne saisi pas le sens. Je n'en garde que peu de souvenirs, comme si je savais malgré tout que ces sensations ne sont pas exploitables.

Les premières impressions distinctes qui me parviennent sont finalement d'ordre tactile. Je sens la fraîcheur de la nuit sur ma peau que je présume vaguement toujours nue, un peu d'humidité dans l'air aussi ; et la chaleur d'un corps, sous-moi. Des secousses, je n'ai pas, encore retrouvé le sens de l'équilibre, mais je réalise que je suis probablement en train de bouger. La position me semble précaire, même si on me tient, je crois. Je n'ai pas la force d'en changer, de toute façon. Puis c'est avec le centre de la douleur que mon cerveau se réconcilie. J'ai mal un peu partout, au crâne surtout, sur le moment, je ne peux pas être beaucoup plus précise. La vague de souffrance qui m'assaille manque de me faire perdre de nouveau connaissance. Décidément, la manière dont on me porte n'est pas confortable. Je gémis. Je ne sais pas si je reste dans cet état longtemps. Je n'ai pas plus conscience du temps que de désir de comprendre ce qui m'arrive.

Soudain, un brusque changement s'opère. Le déclic ne vient pas de moi, d'un quelconque succès de ma volonté, mais bien de l'extérieur. Le choc du passage d'un milieu aérien et fortement mouvant au sol plein et statique suffit à me donner l'impulsion dont j'ai besoin pour ouvrir les yeux. Face contre terre, je ne vois toujours rien ; je les referme, plus cligne des paupières pour les débarrasser de la poussière. Ma bouche s'emplit du goût salé de mon propre sang. Au prix de douleurs supplémentaires, je parviens à me hisser sur mes avant-bras, puis jusqu'à une position à genoux. J'ai la tête qui tourne, je vois d'abord des arbres, innombrables, et un ciel nocturne. Sans trop prendre compte de mon état, je tente de me mettre debout.

Prise d'un violent vertige, j'y renonce aussitôt. Je me pose, je reste quelques secondes encore, désorientée. Je regarde devant moi : dans l'ombre, un corps gît, immobile. Je reconnais cette fois sans difficulté le mage aux iris violets, responsable de notre mésaventure. Je ne comprends pas immédiatement ce qu'il fait là. Je n'ai pas vraiment le temps d'élaborer un scénario.

-Josaphat !

Je sursaute presque puis plisse les yeux, interpellée par l'étrange phénomène qui s'étend sur le dos du jeune homme. L'ayant déjà vue de haut en bas, je sais que son épiderme, lorsque nous étions encore dans la grotte, était vierge de cette inscription. Je ne peux pas ignorer la nature surnaturelle de ce qui se déroule devant moi. En d'autres circonstance, cela ne m'aurait peut-être pas interpellé de la même manière, mais au réveil, dans la confusion, je sens mon cœur qui accélère. J'hésite sur la marche à suivre, je vois deux solutions. Je pourrais tenter de m'éloigner en pensant qu'il s'agit d'un événement magique qui n'impactera pas sur son initiateur. Toutefois, même si la décision paraît prudente, elle n'est pas dénuée de lâcheté : cela revient simplement à laisser le mage à son sort, dans tous les sens du terme.

Si je m'interdis une telle échappatoire à titre personnel, mes vœux me l'interdise en sus. Je parcours en rampant les deux bons mètres qui me sépare de lui. Avec un peu de précipitation, je place mes mains sur son dos abîmé, faisant fi de l'étrange inscription. Sans réfléchir, j'approche mes doigts de sa peau, et commence à réparer les multiples hématomes et coupures qui la parsème. Le geste a été instinctif, et je n'ai aucune idée de si cela a, en fin de compte, aggravé ou amélioré sa situation. Je sens la chaleur réparatrice qui se dégage de mes mains et qui se meut sur des distances de quelques centimètres, par de petits bonds, pour atteindre au mieux les zones endommagées. Quoiqu'il en soit, les plaies disparaissent presque aussitôt, la plupart ne laissant aucune marque. Je cherche frénétiquement une blessure plus importante, auscultant dans l'obscurité l'épiderme abîmé et dérangeant ses cheveux en prévention d'une éventuelle blessure au crâne. Sans ménagement, je retourne le corps inanimé, et fait subir à la face ventrale le même traitement ; mais les sévices y sont encore plus superficiels.

-Réveille toi, allez ! Allez ! je m'affole.

J'augmente la puissance de mon pouvoir, mes avants-bras commencent à fourmiller. À ce niveau là, il ne doit plus rester une seule bactérie ou germe pathogène dans tout son organisme. Paniquée, je colle mon oreille contre son torse… et constate qu'il respire parfaitement bien, et que les battements de son cœur sont apaisés. Je m'autorise à souffler. Je me sens stupide.

-D'accord, t'es juste fatigué. Ça va.

J'en viens à sourire, soulagée. Le comportement du jeune homme a beau avoir été reprochable à bien des égards, je me serais sentie affreusement responsable s'il avait expiré. Je sais que l'utilisation de la magie a tendance à épuiser les utilisateurs, mais si c'est, comme je le pense, lui qui m'a portée pendant tout ce temps, son exténuation est compréhensible. Les soins que je viens de lui prodiguer lui auront sûrement fait du bien, mais rien, je crois, ne remplace le repos naturel. Rapidement, je m'occupe un peu de moi, localisant les zones où on m'a frappée, et les restaurant sans faire de zèle. Puis, cette fois avec douceur, je tire le dormeur dans un espace herbeux moins rude que je débarrasse de quelques mouvements des brindilles et des cailloux. Ma main, à cette occasion, tombe par hasard sur un éclat de roche caractéristique : un silex. À force d'apparaître au milieu de nulle part sans le moindre outil, j'ai appris à me débrouiller avec les moyens du bord. Ce que je viens de trouver m'évite les efforts de la constitution d'une drille à main. Une vingtaine de minutes et un peu d'acharnement plus tard, une flamme vient embraser un petit tas d'herbe sèche. Je peux guérir les blessures du froid, mais il n'en reste pas moins qu'un peu de chaleur au milieu de la nuit fraîche est particulièrement agréable.

Le brasier lance une lumière rougeâtre et irrégulière sur nos corps et sur les troncs qui nous entoure. Maintenant que le jeune homme dort et que je n'ai plus froid, je peux me poser un peu… et puis, puisqu'il ne se rend compte de rien, j'en profite pour faire du regard un petit état général. Je me dis que cela ne peut pas le gêner, et que cela pourrait le sauver s'il y avait encore une blessure que je n'avais pas encore remarqué. Je me convainc qu'il s'agit là de mes seules motivations, et que de toute façon, tant que je ne fais que regarder, il n'y a pas de mal. Je le dévisage, regrettant simplement que ses paupières soient fermés, cachant ses yeux si particuliers, mais admirant l'harmonie de ses traits. En y regardant de plus près, je remarque quelques minuscules cicatrices qui doivent être le vestige d'emplacement de nombreux piercings. Si le voyage lui les a fait perdre, les soins globaux que je lui ai appliqué ont du refermer les trous. Je doute qu'il s'en formalise beaucoup, sur le coup. J'estime que ses épaules et son buste ne sont pas celles d'un grand habitué de l'exercice physique. Je ne peux m'empêcher de penser que si besoin était, je pourrais peut-être encore le maîtriser au corps à corps. Enfin, je descends, et descends encore… Je m'éclaircis la gorge. Je m'empêche de m'attarder trop, sous peine de ne plus pouvoir que qualifier de voyeurisme ce qui peut encore passer pour de la curiosité.

Le bruit de feuilles qui se soulève parvient à mes oreilles. Je me lève, aux aguets. Je reste à observer autour de moi, avant de conclure que l'intrus n'est sans doute d'un petit animal, ou que c'est l’œuvre du vent. Je prends seulement à ce moment conscience des risques que nous courrons. Si la plupart des bêtes seront repoussé par le foyer, les flammes pourraient en revanche attirer des humanoïdes. Où sont passés les hommes-poisons ? Si j'en crois l’environnement, nous ne sommes plus dans ce qui ressemble à leur territoire. J'ignore s'ils nous cherchent encore, ou si le mage est parvenu à tous les neutraliser. Dans quelle mesure dois-je la vie à l'intrigant jeune homme ? Il va m'être difficile de ne pas l'assaillir de questions lorsqu'il reviendra à lui. Je fais quelques pas, et arrache de grosses poignées d'une mousse qui se décolle en bloc compacts. Je pose la couverture artisanale sur le bassin du sorcier. En attendant, il me semble élémentaire de le veiller. Je ne me sens pas la force d'aller chercher plus loin tant qu'il fait encore nuit. Je m'allonge à côté de lui, sans fermer les yeux. Je regarde le ciel, et j'attends.
« Modifié: jeudi 26 septembre 2013, 21:15:23 par Telka »

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Azazel Ängelsson

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Re : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Azazel]

Réponse 7 dimanche 22 septembre 2013, 17:09:53

Parfois, le Destin s'acharne sur une même personne, l'accablant de malheurs sur malheurs. Vous avez glissé au réveil et vous êtes cogné la tête contre votre table de nuit ? Vous ferez bien tomber votre café matinal sur le rapport que vous avez achevé in extremis tard dans la nuit sans possibilité d'en produire une nouvelle copie. Oh, et surtout, n'oubliez pas vos clés. Trop tard, elles sont restées sur la porte que vous venez de claquer et qui refuse à présent de s'ouvrir. Vous êtes viré(e) car vous avez manqué une réunion importante, le serrurier va vous coûter une blinde, et votre partenaire du moment a rencontré quelqu'un. Passez par la case prison sans toucher d'indemnités. Oui, vraiment, parfois, le Sort peut vous en faire baver. Mais une fois n'est pas coutume, et les Parques semblaient avoir décidé que, pour le moment, Azazel et sa compagne d'infortune avaient suffisamment dégusté. Était-ce tout simplement dû au fait que les hommes-poissons préféraient rester dans un milieu plus familier, près d'un point d'eau ? Les prédateurs qui vivaient possiblement dans cette forêt n'étaient-ils pas présents dans cette partie précise, ou occupés ailleurs ? Un feu aurait sans doute dû les alerter, mais la chance semblait enfin sourire au duo improbable formé par le thaumaturge et la téléporteuse. Exténué par les événements récents car nullement habitué à faire face à une telle pression psychologique autant qu'à une telle exigence physique, le mage dormit avec béatitude des heures durant. Il n'ouvrit les yeux qu'à l'approche du jour, bien que l'endroit où ils se trouvaient, peuplés d'arbres aux branches longues et larges et au feuillage épais, fût encore quasiment plongé dans l'obscurité en dépit des premières lueurs de l'aube.

La première chose qui fit réellement reprendre conscience au jeune sorcier fut très bête : il éternua. Bruyamment. Il se redressa et lança aussitôt un regard paniqué autour de lui en tendant l'oreille. Il n'y voyait pas encore grand-chose, mais il fut rassuré de ne pas entendre un seul bruit dans l'immédiat. Apparemment, il n'y avait pas âme qui vive dans les environs. C'est alors qu'il perçut le souffle léger tout près de son oreille. Il se figea un instant, tournant lentement le regard dans la direction de celui-ci, et réalisa que quelqu'un était allongé à côté de lui. Cette respiration, c'était celle calme et ténue d'un dormeur insouciant. Choisissant bien son moment, une petite gerbe d'étincelle produite par les restes du feu que Telka avait dû allumer éclaira légèrement et brièvement le visage de cette dernière, et Azazel se permit de relâcher son souffle, rassuré. Rapidement, il se mit à s'auto-examiner, et constata avec surprise qu’il ne trouvait pas la moindre petite blessure. Il se sentait à peine courbaturé. Encore plus étrange; les trous percés dans ses oreilles, qui jusqu’alors étaient restés ouverts malgré la disparition des parures qui les comblaient, s’étaient tous refermés, et Azazel n’aurait pas été étonné de découvrir que même les blessures qu’il avait choisi d’infliger à ses os n’étaient plus qu’un souvenir. Il ne pouvait y avoir qu’une seule explication: quelqu’un était intervenu pour le soigner. Soit avec un médicament très puissant, soit avec une technologie très avancée — après tout, plus rien ne vous semble impossible une fois que vous avez été agressé et presque dévoré après cuisson à feu vif par des poissons bipèdes soumis aux ordres d’un shaman —, soit par l’action d’un pouvoir surnaturel. Soudainement excité comme une puce, le jeune homme aux iris mauves se mit à secouer la jeune femme, oublieux des contentieux qu’ils avaient eus un peu plus tôt.

“Telka! Telka, réveille-toi! C’est toi qui m’as guéri, n’est-ce pas? Tu pratiques la magie!” s’enthousiasma-t-il.

Pour le thaumaturge, il était évident qu’il venait de trouver une personne comme lui, puisqu’il ignorait l’existence des mutants/espers ou encore des extraterrestres, et en dépit de tout ce qui s’était produit durant ces dernières heures, il avait rarement ressenti une telle joie. Ce fut à peine s’il parvint à se retenir de l'étreindre comme s’il s'agissait d’une soeur perdue qu’il aurait retrouvée après une vie sans nouvelles.

"C'est quoi, ce sort de soin que tu as utilisé? Vachement efficace, j'ai l'impression d'être comme neuf!" enchaîna-t-il sans même faire attention à la réaction de la concernée.
« Modifié: lundi 30 septembre 2013, 01:18:15 par Azazel Ängelsson »




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Re : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Azazel]

Réponse 8 lundi 30 septembre 2013, 01:02:20

L'inconscience n'est pas tout-à-fait un vrai sommeil. À la seule lueur du foyer, je ne tarde pas à sentir de nouveau la torpeur s'emparer de mon être. Au bout de quelques minutes, les paupières rendues lourdes par l'ennui et l’atmosphère, je renonce à garder les yeux ouverts. Le bruit que ferait un éventuelle menace, je songe, sera bien suffisant pour m'alerter. Puis mes oreilles commencent à bourdonner elles aussi, et je perds peu à peu conscience de mon environnement. Je pense simplement que les risques que nous courrons ici sont faibles. Que de toute façon, en cas de vrai danger, je ne pourrais pas fuir avec un magicien inconscient sur les épaules, et qu'il est hors de question que je l'abandonne. Finalement, je retombe dans un sommeil léger et tranquille.

Je n'en suis réveillée qu'un peu plus tard, en ayant encore une fois un peu perdu la notion du temps écoulé. Je prends une seconde pour me rendre compte qu'on me secoue, puis je me redresse, la vision encore un peu floue. Je cligne des yeux, et je tourne vers celui qui vient de me tirer de ma sieste. D'abord perplexe, face à l'exaltation du sorcier, je ne mets pas longtemps à sourire à mon tour. Son excitation est communicative, et indifféremment de ce qu'il essaie de me dire, je sens sans raison précise l'enthousiasme me gagner, et dissiper les dernières traces d'assoupissement.

-Oui ! Tu te sens mieux, alors ? Je me reprends. Enfin, c'est pas exactement moi. Pas au sens strict.

L'emportement me ferait presque devenir orgueilleuse. J'ai envie d'être au centre des miracles qu'il m'attribue, d'en être responsable. Alors que je sais pertinemment qu'il n'en est rien. Plusieurs années à vivre avec des pouvoirs surnaturels au milieu des gens simples auraient pu gonfler dans des proportions abjectes mon ego. Si je n'avais pas su que les dons dont je dispose ne pouvaient être la source d'aucune fierté. Si je n'avais pas su de qui je les tirais. Malgré moi, il faut que je me débarrasse du mérite. Je précise ma pensée d'une voix douce :

-Tu te trompes jeune homme, je ne suis pas magicienne. Je ne lis pas les livres de sorts, je ne lance aucun maléfice, et c'est aussi bien comme ça ! Je ne suis qu'une intermédiaire entre notre Seigneur et notre monde. Tous les mondes, en fait ! Pas au niveau d'une prophétesse, bien sûr ! Juste une sorte d'émissaire du divin. J'apporte la bonne parole parole, et j'aide les gens qui croisent ma route. Enfin, j'essaie. Quelques fois, ça ne se passe pas vraiment comme prévu…

Il a tous les éléments pour comprendre. Il était à l'église avec moi, j'en déduis donc qu'il est lui aussi croyant. Pour le reste, si ses connaissances occultes ne l'ont pas préparé à ce qui lui est arrivé, elles devraient au moins lui servir pour faire le raccordement entre tout ça. Je me sens quand même obligée de lui expliquer de nouveau, et avec un peu plus de détails, notre situation.

-En fait, je passe régulièrement d'une dimension à l'autre, sans choisir le moment ni le lieu ou je vais apparaître. Voilà. Par contre, c'est la première fois que quelqu'un fait le voyage avec moi. Peut-être on est liés, d'une certaine manière ? Ou alors peut-être tu es dans le même cas que moi ! Tu as des pouvoirs, après tout, toi aussi. Même s'ils sont…

La ferveur, l'excitation que j'ai lues dans son regard, je sais que je lui ai déjà pardonné tout ce que j'aurais pu avoir contre lui. Au final, pas grand-chose. Si on considère qu'il ne m'a pas suivi de son plein gré, comme ça semble être le cas, la majeure partie des fautes m'incombent, alors que l'autre revient au hasard. Autant dire à la volonté divine. Avec du recul, je ne peux pas lui reprocher d'avoir paniqué, et d'avoir cherché à se défendre face à des créatures qu'il n'avait sans doute jamais vues. C'était une réaction stupide, révélatrice d'une certaine agressivité latente, mais la peur qu'il a du ressentir la rend difficile à blâmer. Et puis, selon toute vraisemblance, je lui dois la vie.

-Quoiqu'il en soit, tu m'as sortie d'une situation difficile, en fin de compte. Je ne sais pas comment tu as fais, mais sans toi, j'aurais servi de repas, ou de sacrifice rituel, ou quelque-chose dans ce genre là… Je n'ai rien à t'offrir de mieux que des remerciements… N'importe quel service, si tu as besoin de moi… et la promesse de tout faire pour t'aider à revenir sur Terre.

Mon cœur bat un peu plus fort. Toujours souriante, je me suis levée, et ma voix a pris un ton un peu plus solennel. J'ai tout fait pour ne pas être trop pompeuse, mais enfin, cela le reste un peu. Tant pis, après tout, c'est comme un serment. S'il n'avait pas été un peu procédurier, alors, il n'aurait pas été émouvant, et sa valeur n'aurait pas été la même.
« Modifié: dimanche 06 octobre 2013, 00:49:02 par Telka »

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Azazel Ängelsson

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Re : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [Azazel]

Réponse 9 vendredi 01 novembre 2013, 02:24:49

Si Azazel avait été soudainement empli d'enthousiasme à l'idée d'avoir en face de lui une consoeur, une utilisatrice des Arcanes à son instar, celui-ci fut nettement refroidi par la réponse fournie par Telka. S'il avait été possible de se renfrogner au point que son nez s'enfonce dans son crâne, le thaumaturge aurait en cet instant eu une bien curieuse figure. Les sourcils froncés, l'air à la fois perplexe et hautement contrarié, le mage s'efforça de ne pas céder à l'énervement à l'évocation du Très Haut. En effet, depuis sa rencontre avec Edean le Néphil et les révélations qui s'en étaient suivies, l'animosité du sorcier envers le Divin ne s'était pas calmée, et voilà que la téléporteuse se présentait comme une intermédiaire entre lui et les mondes physiques. Et pour ne rien arranger, elle semblait avoir un souci avec le fait qu'il soit doué de magie, même si elle se garda bien de l'exprimer clairement. En soi, cela ne fit finalement que le blaser ; après tout, il avait connu cette  réaction chez les religieux et religieuses de l'orphelinat durant toute son enfance et son adolescence même si eux n'avaient jamais eu la preuve qu'il était de cette engeance diabolique qu'étaient les sorciers et les sorcières. Cerise sur le gâteau, elle lui confirma ce qu'il redoutait : elle n'avait pas le contrôle de son don de téléportation, ce qui réduisait considérablement les chances qu'il soit de retour dans son lit à Seikusu, ou même tout simplement sur Terre, avant que le soleil ne se couche à nouveau.

L'air abattu et renfermé, même si cela était difficile à voir dans la pénombre sylvestre, le thaumaturge se leva à son tour. Dans l'immédiat, la nature surnaturelle exacte de sa compagne d'infortune ne lui importait plus ; il avait juste envie de trouver au plus vite la sortie de ce monde de fous où c'était vous que le hareng tentait de fumer, et il n'avait aucune envie de commencer un débat avec une fervente croyante sur la mascarade qu'elle nommait son Dieu. Il était essentiel que leur alliance perdure, d'autant plus qu'elle était à priori la seule à pouvoir le ramener pour le moment. Néanmoins, le ballotement d'une certaine partie du corps du jeune homme produit par son mouvement interrompit ses réflexions stratégiques pour le renvoyer à une préoccupation plus superficielle : il était toujours nu. Le rouge lui remonta immédiatement aux joues tandis qu'il se cachait à nouveau de ses mains. Se détournant de la guérisseuse sans même la remercier pour son serment, le thaumaturge aux iris mauves intima à cette dernière de le suivre tandis qu'il se dirigeait  vers une zone où les feuillages étaient moins épais, permettant à la lumière du soleil levant de percer l'obscurité. Une fois qu'il estima la luminosité suffisante pour exécuter son idée, il se tourna vers Telka en lui faisant signe d'une main de s'arrêter de marcher, tout en évitant de la détailler. Puis, tendant cette même main — l'autre toujours plaquée sur son entrejambe — vers un amas de végétaux proche, il se concentra et tenta une nouvelle application de ses pouvoirs : une métamorphose. Ou plutôt, une transmutation. Les branches, feuilles et autres fleurs sur lesquelles le mage à la chevelure violâtre focalisait son pouvoir se mirent à se désagréger en fines particules qui flottèrent dans les airs en direction des deux jeunes gens et commencèrent à se réorganiser autour de leur corps nus. Toutefois, alors que le processus s'amorçait doucement, Azazel sentit poindre une douleur sourde dans tout son corps, et en particulier dans son crâne. Échappant un léger grognement de douleur, il oublia un instant sa pudeur pour porter son autre main à sa tempe en plissant les yeux. Apparemment, son projet était trop ambitieux dans son état ; son énergie mystique était loin d'être restaurée, le don de Telka n'ayant apparemment incidence que sur les phénomènes physiologiques. Ce serait sans doute le seul sort qu'il lancerait pour les prochaines heures, voir les prochains jours, mais ils étaient hors de danger à priori et il était hors de question qu'il continue à se la jouer « Livre de la Jungle » version non censurée. Histoire d'accélérer la manœuvre et d'atténuer ses effets négatifs, le thaumaturge renonça à créer du tissu à base des végétaux et les réorganisa de manière à créer des vêtements assez solidement liés par du tissage et des entrelassures variées. Ils furent ainsi tous les deux dans un premier temps affublés de sous-vêtements à base de fougères semblables à des pagnes, mais auxquels la transmutation avait donné un aspect feuille de vigne très Adam et Ève — ou Ulysse allant à la rencontre de Nausicaa caché en tout et pour tout d'une branche d'olivier ; les analogies chrétiennes ne trouvant plus beaucoup de grâce aux yeux du thaumaturge ces derniers temps. Puis d'autres vêtements se formèrent par dessus ; pour Telka, une brassière, une sorte de jupe s'arrêtant au dessus des genoux sur l'avant et en dessous à l'arrière et des bottes mi-hautes, et pour lui-même, une sorte de toge composée de larges feuilles enserrée par des lianes, et un filin dont il se servit pour s'attacher les cheveux comme il en avait l'habitude. Il aurait bien aimé se munir également de bottes, mais il avait déjà épuisé la quantité de matière qu'il avait incluse dans la métamorphose et il n'avait pas envie de s'épuiser encore plus pour si peu et se résigna donc à continuer à aller nu pied jusqu'à trouver de nouvelles chaussures. Plantant son regard dans celui de Telka, il reprit enfin la parole :

« Voilà qui est mieux, je pense. Si la manière dont j'ai créé ces vêtements te posent un problème, tu peux toujours t'en débarrasser, mais attends dans ce cas que je n'aie plus à te regarder. Tu as peut-être l'habitude de te retrouver nue, mais moi je n'en suis pas encore là, » lâcha-t-il, peu amène.

Scrutant les environs du regard, il poursuivit.

« Si j'ai bien compris, tu ne peux pas déclencher ce "saut dimensionnel" à volonté, donc on est coincés ici jusqu'à ce qu'une nouvelle téléportation se produise. Mais c'est pas la première fois que ça t'arrive, donc je suppose que tu dois un peu connaître la géographie locale, hmm ? Tu penses pouvoir nous mener à une ville, un village, ou même un caravane de nomades – enfin des gens civilisés quoi ? À moins bien sûr que tu te sentes d'humeur à essayer de communiquer avec d'autres bestioles anthropomorphes et surtout anthropophages ? »

Azazel avait asséné cette dernière phrase sur un ton particulièrement acide qui ne lui ressemblait absolument pas, et il s'en voulut presque aussitôt. Non seulement, sœur Lindgren ne l'avait pas élevé pour qu'il se comporte de façon si odieuse, et elle n'en aurait pas été fière, mais en plus, la guérisseuse semblait faire des efforts pour mettre de côté les contentieux et autres préjugés qu'elle semblait avoir envers lui et bien le traiter, et rien ne justifiait qu'il n'en fasse pas autant. Même le fait qu'elle soit potentiellement une réelle envoyée de Dieu et pas juste une fanatique en plein délire car elle se serait un jour découvert des pouvoirs mystiques pendant sa prière du soir n'était pas une excuse ; après tout, ses fidèles ne pouvaient être tous tenus pour responsable de ses actions, et le fait de croire en lui n'était pour certains qu'une infime facette de leur être. Soupirant, le thaumaturge se pinça l'arête du nez en serrant les paupières puis reprit :

« Je te demande pardon, je ne sais pas ce qui me prend. On est dans la même galère et on devrait s'entraider, et moi je suis en train de me comporter en lycéen mesquin. Je te propose de repartir de zéro. D'ailleurs, je ne me suis jamais présenté : je me nomme Azazel Ängelsson. »


Et il lui tendit la main.
« Modifié: vendredi 01 novembre 2013, 02:36:57 par Azazel Ängelsson »




Fiche de personnage // Demandes de RP

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