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Sous le coucher du soleil [Gabriel Valmy]

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Oreza Elda

Humain(e)

Sous le coucher du soleil [Gabriel Valmy]

mercredi 27 février 2013, 22:56:26

Il avançait, toujours. Il ne pouvait pas se permettre de ne pas bouger. Il avait les mains dans les poches et il avançait, en scrutant les alentours. Aucun numéro n'apparaissait. Il en était heureux, notez bien : il n'était pas nécessaire qu'il ait une utilité en ce soir. Il fouilla dans ses poches en fermant les yeux, avec un petit sourire. L'objet convoité se trouvait apparemment dans la poche où se trouvait sa main gauche, puisqu'il le sentit contre ses doigts. Froid et poli, un peu circulaire. Il sortit l'objet de sa poche et rouvrit les yeux, en les posant directement sur sa montre à gousset en argent.

Vingt heures.

Pas étonnant que personne ne soit dans les rues à cette heure-ci. Tout le monde était bien rentré chez soi tranquillement. Tout le monde mangeait, à cette heure-là. Ce petit sourire ne l'avait pas encore quitté. Ses doigts trouvèrent bien vite le chemin jusqu'à son paquet de tabac et son carnet de feuilles. En prenant un filtre dans le fond du paquet, il prit également une portion de tabac qu'il plaça dans le creux de sa main alors qu'il mettait son filtre à la bouche. Sa deuxième main sortit une feuille du carnet, qui se trouva bien vite encombrée de tabac. Ses doigts agirent avec une dextérité prouvant son habitude à la chose : ils faisaient se frotter les deux pans de la feuille entre eux pour égaliser le tabac. Son filtre vint se placer derrière le tabac. Il fit passer un pan de la feuille sous le filtre et le tabac et lécha l'autre. Sa clope était enfin prête.

Toi lecteur te demande sans doute l'utilité d'un paragraphe pareil, alors que le pyromane allume sa cigarette et crache un volute bleuté. Il est ici pour te montrer le temps perdu par cet homme, qui ne remarqua qu'au dernier moment le petit zéro flottant au-dessus d'une épaule. Un petit cri de surprise avant d'aller voir ce qui s'y passait. Il courait, sans regarder si quelqu'un l'observait. Il sentait cependant une présence derrière lui depuis un certain temps. Il n'avait pas le temps d'y prêter attention de toute manière : sauver cette personne était plus important.

Lorsqu'il arriva à hauteur de la personne, il eut un petit glapissement d'effroi en voyant ce qui se tramait. Cinq personnes avaient un zéro fantomatique, et aucune d'entre elles ne semblait se connaitre. Maintenant ? Tout de suite ? Tout aller se passer maintenant. Il allait devoir trouver un plan. Un plan pour éviter la voiture qui arrivait droit devant. Frissons dans sa nuque. Adrénaline. Il devait trouver un moyen. Il fouilla une nouvelle fois dans ses poches. Son zippo, un paquet de mouchoirs, une petite bouteille d'alcool et ses clés d'appartement...

Il avait trouvé.

Il sortit son zippo et la bouteille d'alcool rapidement. La bouteille était en verre, par conséquent il était possible de faire ce qu'il comptait faire. Il sortit un mouchoir ensuite, et le plaça dans le goulot de la bouteille. Il ouvrit alors son zippo, et fit tourner la molette. Le mouchoir commençait à prendre feu. Cela ne suffirait pas à détourner l'attention de tout le monde, la bouteille était trop petite. Cependant, il le savait, il devait faire au mieux et éviter au plus grand nombre de gens de mourir. Lui était de toute manière en sécurité. Il n'avait aucun numéro.

De toutes ses forces, il lança le cocktail Molotov improvisé contre le mur. La petite déflagration surprit quatre des passants, qui se poussèrent. C'était suffisant pour Oreza, qui calculait le temps avant l'arrivée de la voiture. Encore trois secondes selon lui. Ni une ni deux, il prit le dernier passant par les épaules et le poussa contre le mur. Il lui restait deux secondes pour éviter son propre impact. Plus le choix : il lui fallait esquiver le plus possible. Il sauta sur le côté. La voiture le frôla, et repartit dans un grondement de moteur et un grand bruit de klaxon.

Connard. D'où tu klaxonnes ? Tu as failli tuer cinq personnes. Je devrais te poursuivre et te brûler, enfoiré.

Oreza dans toute son amertume montrait toute l'estime qu'il avait envers le chauffard qui avait failli tuer les cinq passants qui se massaient la nuque, visiblement choqués par tout ce qui s'était passé. Un à un, Oreza les aida à se relever. Il regarda tout le monde de haut en bas. Pas de blessures apparentes. Il préféra demander tout de même confirmation.

- Tout va bien ?

- Oui... merci.
- Ce n'est rien.

Il repartait vers sa place favorite : juste en face du bar miteux où il avait obtenu son don étrange. Il finissait de fumer sa clope tranquillement. Une seule chose le gênait dans toute cette histoire... Il se sentait encore et toujours observé.


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