Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Je ne mourrai pas.

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Itami no Kyô

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    Entité chaotique mi-Dieu, mi-chieur, mi-playboy. Ça fait beaucoup de moitiés, c'est parce qu'il est très grand.

Je ne mourrai pas.

vendredi 01 février 2013, 02:59:15

L'histoire qui suit n'a pas besoin de prologue. Elle n'a aucun but, aucune motivation. Elle n'est pas faite pour être lue, encore moins pour être écrite. Elle est parce qu'elle doit être.

Tu sais, il y a beaucoup de gens qui aiment à dire, avec un sourire idiot, qu'on ne vit qu'une fois. Qu'il faut saisir chaque instant dans sa vie parce qu'on en vivra pas d'autres. Ces gens sont cons. Parce qu'ils ne savent rien, et que moi, tu vois, j'ai vécu trois fois. Trois existences, un seul être. J'ai l'impression d'avoir vécu des siècles et d'avoir tout fait, alors que j'ai même pas fait le quart de ma longévité. Je ne veux pas mourir vieux et con. Je ne veux pas mourir pour de bon. Je ne sais pas combien de vies je vivrai encore, mais je ne veux pas qu'elles se terminent.

Il était une fois un petit garçon. Ce n'était pas le plus beau et le plus malin de tous les petits garçons, mais il avait du potentiel, et de l'imagination. Il avait une intarissable soif d'apprendre, un imaginaire hors du commun, et il était aussi gentil que pouvait l'être un enfant unique aimé de toute sa famille. Il était là sans être là tu vois, il voyait la vie et en imaginait tous les aspects qu'il ne connaissait pas. Il voulait apprendre à se battre et à parler comme les grands, parce que les grands étaient forts et que les gens forts peuvent protéger ceux qu'il aiment. Les protéger de quoi ? Il n'en savait rien. Parce qu'il ne savait rien. C'était un enfant épanoui à qui on laissait croire que son idylle était vrai. Il croyait en l'amour véritable le bambin, tu vois ? Parce que celles qu'il considérait comme ses sœurs y croyaient aussi. Et parce que dans son imaginaire, les héros et les méchants, les monstres et les princesses n'étaient pas si loin du vrai. Il voulait devenir le héros, le petit. Il voulait sa princesse.
Le problème, c'est qu'on ne devient pas un héros quand aucun monstre ni aucun méchant ne vient faire contrepoids. Alors la princesse a dégagé le gamin, et lui a fait bouffer sa couronne imaginaire.

Perdu le pauvre enfant a continué de grandir, jusqu'à ce que le diable le poignarde dans le dos, en le laissant contempler la désillusion. Et puis le diable a pris sa place, et a continué son bout de chemin. Il était fort, le diable, parce qu'il était moins idiot. Parce qu'il savait que les princesses n'existaient pas, et qu'il n'en avait pas besoin. Le diable était un solitaire, livré à lui-même parmi d'autres comme lui. Il avait très vite appris à ne pas faire confiance, même aux gens comme lui, surtout aux gens comme lui. Par chance l'enfant avait appris à se battre, tout comme lui apprenait à survivre. Évoluant parmi les charognards il devint l'un d'entre eux, plongeant ses crocs dans chaque gorge qu'on lui exposait. Et parce que c'est ce que tout le monde faisait il devint comme les autres, suivant les mêmes goûts, les mêmes pensées, parce qu'il ne voulait pas être mis à l'écart. Parce qu'il savait très bien que le diablotin esseulé se faisait bouffer par la meute. Oh, il en avait bouffé des diablotins. Il s’entre-déchirait avec tous les autres parce que c'est tout ce qu'il savait faire, car il était comme tout le monde.La soif d'apprendre du gosse s'était évanouie à jamais, parce que c'était son truc en plus, mais que personne ne voulait qu'il ait des trucs en plus.
Le diable était sournois, mauvais et mesquin. Il avait subi sournoiseries, méchancetés et mesquineries et ça l'avait endurci. Il ne régnait pas sur cet enfer, et ceux qui régnaient ne l'aimaient pas. C'était dur, et le diable dût se cacher pour verser les larmes de l'enfant qu'il avait tué. C'est sa meute de fortune qui lui avait fait comprendre. Il ne fallait pas pleurer, il fallait se battre, encore et encore. Le diable était fatigué. Mais il voulait se battre comme jamais il ne s'était battu. Un à un, il a détrôné les cercles supérieurs. Revigoré il s'en est pris à tous les autres, même à sa meute qui lui en avait fait baver. Il était devenu fort. Il était à nouveau différent, mais les monstres s'inclinent devant le grand méchant. A la fin de sa vie, le diable pensait être âgé de plusieurs millénaires. Le temps avait passé et il ressortait de l'enfer avec une carapace qui le protégeait de tout et tout le monde. Il croyait être devenu le plus fort, mais le monde dans lequel il entrait était différent de celui dans lequel il avait toujours vécu.

Il était une fois, moi. Le diable ne savait plus où était sa place, et je l'ai enfermé dans une cage. J'ai essayé de réanimer le corps froid et sans vie de l'enfant. Mais le diable me susurrait des mots doux entre les barreaux de sa cage. C'est alors que je me suis rendu compte, que le petit cadavre était sans espoir. Il gisait devant moi, avec son sourire niais et innocent. Ses yeux n'étaient pas vitreux, ils étaient éclatants. Dans son éternel sommeil, le gosse rêvait, de son imaginaire bien trop coloré pour un monde si terne. Qu'il reste là et se décompose. Je prendrai le relais.
Il me fallut un petit moment pour devenir ce que ces deux-là n'étaient pas. Je puisai dans ce morveux sa joie de vivre et ses attaches, je gardais un peu de son imaginaire et lui volai son savoir sans pouvoir reprendre cette flamme qui l'animait, et lui donnait envie d'apprendre toujours davantage. Je ne suis plus que l'ombre du prodige qu'il était. Mais je n'en suis pas déçu.
Le diable reconnaissait mes efforts, et il savait que je pourrais évoluer là où il n'a pas su vivre. Il me donna son expérience, sa méfiance maladive que je dus apprendre à dompter au fil du temps. Souriant du fond de sa cage, il savait pourquoi il était toujours là : je ne savais pas me battre, je n'avais pas ses instincts ni son désir de dominer, et je n'en voulais pas, de peur de finir comme lui et d'être enfermé à mon tour. Alors je l'ai laissé là, et il m'a regardé vivre dans l'ombre, espérant qu'un jour, au pied du mur, je me voie forcé de tourner la clé dans la serrure pour le laisser sortir.
Il m'a toujours fait peur. Chaque fois que je regardais la clé, au creux de ma main, j'avais le sentiment qu'il me dévorerait au moment même où il sortirait. Et je ne pouvais pas lutter. Parce qu'il était fort, et que j'étais né de son ombre, que la lumière de l'extérieur avait allongée sur le sol.
Au bout d'un moment, une princesse est arrivée. C'était si improbable que j'en fus retourné, et que le diable se mit à vomir dans un coin de sa cage. Je me retournais vers le cadavre desséché du marmot, qui continuait de sourire comme un imbécile. J'étais irrité, c'était comme s'il se moquait de moi. Sauf que je savais. Que même si j'avais enfermé le méchant, je n'étais pas un héros. Et qu'elle n'était donc pas plus princesse que la créature pernicieuse qui hantait cette cage depuis un bon moment déjà. Appliquant ce que je croyais être les bons côtés du diable je devint méfiant et mauvais, comme offensé par une illusion devant laquelle je m'étais volontairement placé. Je faisais avec parce que je n'étais pas un monstre, parce que j'étais gentil comme le môme et que j'étais con comme un manche.
Le temps passait et je vivais toujours. Le diable s'était rangé de mon côté, parce qu'il trouvait que la pseudo-princesse était aussi forte qu'un des siens. Cette idée me dérangeait un peu, et me rendit distant. Je fréquentais un homme comme moi vous savez, un autre qui avait enfermé un diable. Son diable aussi était ressorti des enfers avec une armure sur les épaules, et malgré le fait qu'on s'appréciait, les deux diables tentaient de s'arracher les yeux dès que les cages étaient trop rapprochées l'une de l'autre.
Il y a eu une rupture dans cette vie, mais je refusais de disparaître. Le destin m'avait éloigné des miens mais mon existence convenait tant au diable qu'à l'enfant que les asticots dévoraient, et qui souriait quand même. Le diable m'avait appris à vivre seul et je me démerdais bien. Puis le passé m'a sauté à la gueule comme un serpent vicieux, et son poison m'a fait craquer. Parti dans un délire qui me dépassait, je me suis retrouvé dans la peau de l'enfant, telle qu'elle était à l'époque où il se berçait dans les mirages. J'ai dit à la pseudo-princesse ce que j'avais sur le cœur. Mais elle s'en foutait. Et elle s'est bien marré. Je voyais à nouveau le gosse se décomposer. Mais le gosse, j'étais dans sa peau. Et je n'avais pas envie de sourire. Revêtant l'armure du diable, j'ai encaissé, sans faire mine de broncher. Quand je suis finalement redevenu moi-même, le gamin ne souriait plus. Il pleurait, mais il semblait apaisé. Clope au bec, je l'ai fait cramer. Il ne restait plus que moi et le démon. Alors j'ai avalé la clé.
Œil pour œil, dent pour dent.
Deuil pour deuil, sang pour sang.
Je purifie les maux par le feu,
je purifie le feu par les mots.

Your sorrow, your past, your path, your wrath. No justice, no prophets, no master, no regrets.


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Je ne mourrai pas.

Réponse 1 samedi 27 avril 2013, 02:25:46

Cette suite n'en n'est pas une. Elle ne prolonge pas l'histoire précédente, mais elle reste dans sa continuité.

J'aurais bien aimé te serrer dans mes bras. Plonger mon regard dans le tien et te dire que je t'aime. Et puis voir dans ton sourire que c'est réciproque, que tu tiens à moi. Alors je t'aurais dit sans mentir que ton sourire me fait du bien, qu'il m'apaise. On aurait même pu rester assis là, à écouter de la musique, clope ou sucette au bec, peu importe. On aurait eu plein de débats philosophiques sans queue ni tête comme si on était défoncés, et on se serait bien marré. Et puis je t'aurais montré ma nuit. Comme elle est belle, ma nuit. C'est l'envers du décor, le monde quand il s'arrête de tourner. Aucune voiture sur la route, personne dans la rue.On aurait marché dans la rue et on aurait chanté à tue-tête, des chansons dont on est même pas sûr des paroles exactes. On s'en fout. La nuit personne n'est là pour nous juger ni même nous arrêter. Je nous ai imaginés sur les marches, devant le théâtre, avec une bouteille de Smirnoff. Même qu'on aurait contemplé le ciel sans étoiles, et qu'ensuite on aurait gueulé. On aurait hurlé des ambitions stupides, des rêves impossibles, parce que même s'ils ne se réaliseront jamais, ce serait bien. Et j'aurais gueulé que j'suis amoureux et que j'adore ça, en espérant réveiller tout le voisinage pour être certain que tout le monde le sache. J'aurais pensé à toi souvent tu vois, et j'aurais assuré dans tous les domaines, pour toi.
Je t'ai rêvée dans la merde, j'avoue, c'est égoïste. J'me suis vu te tendre la main et t'en sortir, user mes poings pour toi, prendre des coups pour pas te voir souffrir. Je t'aurais mis des étoiles dans les yeux et tu m'aurais dit que tu m'aimes, et je n'en douterais pas. Je crois pas en la phrase "je veux seulement que tu sois heureuse". Je veux que tu m'aimes autant que je t'aime, sans artifices, et me dire que comme ça tu es heureuse. J'ose aller plus loin, je veux que ce soit vrai. Si tu veux l'entendre j'te dirais même que je suis prêt à mourir pour toi, la peur au ventre de me dire que je te laisserais seul derrière moi. Je sais pas si c'est prétentieux et je m'en fous, mais je préférerais te survivre plutôt que de te savoir endurer ma perte. Parce que je sais que je peux prendre sur moi, je l'ai toujours fait.
Des fois en fermant les yeux je vois ton doux visage, tes cheveux, tes lèvres que j'aimerais embrasser, tes courbes que je connaîtrais de mille et une étreintes.
J'veux qu'on s'aime et qu'on s'engueule, qu'on se boude et qu'on se console, comme tous les couples. Et puis si on finit par se quitter, j'veux repenser à tous ces bons moments en chialant comme un môme. Me noyer dans mon chagrin en imaginant mille scénarios où on pouvait recoller les morceaux, mille autre où, à l'instant où ça s'est terminé, j'aurais pu te retenir. Et puis j'aurais maudit mes sentiments, ma sensibilité en me disant que plus jamais je voudrais souffrir comme ça. J'me serais menti en me répétant que cette vie craint et que j'aurais dû rester seul, antipathique et mauvais. Quelque part, au fond, j'aurais gardé une place pour toi dans mon cœur. Mais tu n'es pas là.
Parce que tu n'es même pas.
Œil pour œil, dent pour dent.
Deuil pour deuil, sang pour sang.
Je purifie les maux par le feu,
je purifie le feu par les mots.

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    Grand amateur de soda.
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Re : Je ne mourrai pas.

Réponse 2 samedi 07 septembre 2013, 01:48:45

"Pourquoi... Devenir le plus fort?"

C'est le fil rouge. La ligne directrice, la question que je me suis toujours posée en tout temps. Lorsque le gamin se posa cette question, il avait la réponse claire et nette, dans sa réalité à lui. Être un insurmontable rempart, protéger les gens qu'il aimait, peu importe de quoi, c'était ça son objectif. Une idée louable, mais le problème venait de lui. Il pensait que ses petits poings fragiles et sa hargne protectrice lui suffiraient, comme si tous les problèmes se réglaient comme au cinéma, en battant le grand méchant et en se faisant applaudir à la fin. C'est que ce con, il pensait que la limite entre le bien et le mal était claire et nette, sans aucune bavure. Il s'était focalisé sur l'idée que si il savait se battre, s'il était assez fort pour mettre tout le monde au tapis, alors il saurait mettre fin à tous les problèmes du monde. Amusante petite créature. Je le revois, agitant ses poings et ses pieds face à des ennemis imaginaires, se rendant compte que lever le pied trop haut lui faisait perdre l'équilibre, alors qu'il pouvait écorcher un tibia avec la semelle de sa chaussure en un mouvement simple. Il y a eu ce type, un autre gosse incrédule, qui lui a montré deux trois trucs: comment fermer le poing correctement pour le rendre plus solide, comment utiliser ses coudes et ses genoux quand l'adversaire était assez près, comment partir d'un rebond, d'une flexion pour créer des coups totalement imprévisibles. Au final, le gosse, à six ans, il savait se battre comme un grand. Il pensait qu'avec ça, il serait le plus fort. Ce n'était ni vrai ni faux. Il avait le corps et la technique d'un combattant. Mais il avait l'esprit stupide et incrédule de n'importe quel enfant trop couvé. Et alors, lui qui pensait devenir le rempart qu'il voulait être, il a fini par se rendre compte que le bien et le mal ne se faisaient pas face à face. Et que donc, il pouvait venir de n'importe où.
Le diable, quant à lui, disait vouloir devenir le plus fort par instinct de survie. Quand il a compris que l'enfant se faisait attaquer dans le dos, il a préféré l'achever et continuer, voilà la vérité. Il restait dans la continuité de l'enfant uniquement parce qu'il était né dans un monde où la loi du plus fort régnait dans l'ombre. Peu importait qu'il fussent un, deux, trois ou quatre, il se battait pour rester le plus fort, disait-il. Il s'était renfermé sur lui-même, refusant de faire confiance à quiconque, devenant distant avec tous ceux auxquels l'enfant souriait naïvement, en pensant que le monde était rose. Le diable avait vu derrière les masques. Que tous les problèmes étaient déjà là, et que ni le gamin imbécile ni lui n'étaient en mesure de faire quoi que ce soit. Il estimait avoir beaucoup à faire pour lui-même, alors il ne se battait que pour lui. Ça le rendait fou vous savez, de savoir que son existence n'avait pas vraiment de but. Il se battait tous les jours sans discontinuer, pour pouvoir se lever le lendemain matin, et revivre le même calvaire en espérant à chaque réveil que tout cela prendrait fin. Je ne cacherai plus rien : à plusieurs reprises, il a voulu précipiter cette fin. Le fil froid de la lame sur sa peau, il était toujours rattrapé par l'idée que ce serait lâcheté d'abandonner après avoir livré tant de combats. Alors il se ravisait à chaque fois, et faisait face à son enfer en se laissant consumer par sa rage. Au fond, il espérait qu'un jour, il deviendrait suffisamment dangereux pour qu'un de ses adversaires amène un couteau, et termine le travail. Achevez-moi putain, achevez-moi! Cette pensée l'avait suivie jusqu'à son grand choc: quand il a vu celui qu'il considérait comme son grand frère demander la même chose à son propre père. L'image d'un homme apprécié, fondant en larmes, demandant qu'on l'achève, lui avait donné une piqûre de rappel. Que deviendraient ceux qui m'entourent, si je me laissais mourir ? Pour la première fois, il se demandait comment réagiraient les gens s'il venait à tomber. La plupart des gens voyaient en lui l'enfant joyeux qu'il avait lui-même poignardé. Et au fond de lui, il aimait à savoir qu'il avait quelqu'un pour qui il comptait, un endroit où rentrer, quoiqu'il put être. C'est à partir de là qu'il s'est hissé tout en haut, et décidé que jamais il ne tomberait. La réalité, c'est que votre vie n'appartient pas qu'à vous. Et que vous ne pouvez pas faire quelque chose d'aussi égoïste que vous foutre en l'air. Il deviendrait le plus fort pour vivre, pas pour lui mais pour son entourage. Et si j'écris ça, c'est bien qu'il a réussi, non ?
Et moi... Le simple fait de me poser la question m'amuse. Au final, rien n'a changé. Je repense aux bons moments en souriant bêtement, les dernières vacances que j'ai passées avec mes amis, et... Oui. Je veux être le plus fort pour protéger tout ça. Dans l'idée, ça fait un peu shônen, je vous l'accorde, mais je m'en tape. Je veux vivre pour voir la suite, et parce que je refuse la solitude, dans laquelle le diable s'était caché, parce que l'enfant avait raison, il y a des choses précieuses que je veux défendre.
Malgré tout ça, je reste un grand misanthrope. Les actualités, l'éducation, la mode, le simple comportement des gens de notre époque me dégoûte. Et parce que je suis à la fois un homme, un enfant et un diable, j'ai décidé sur un coup de tête que je changerais tout ça. C'est le but que je me suis fixé, ma raison d'avancer. Je vais devenir le plus fort pour pouvoir tout changer. C'est idéaliste, irréfléchi et très probablement impossible, mais c'est mon choix.  Et parce que c'est la croix que je porte dans le dos, mon fardeau, alors je prendrai sur moi toute la haine du monde s'il le faut. Et dans ce but, oui, pour porter tous les fardeaux des autres sur mes épaules, et continuer d'avancer en souriant, alors je deviendrai le plus fort.

Le cours est terminé, rangez vos cahiers, profitez de la soirée, et allez vous faire enc...

Itami no Kyô

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Re : Je ne mourrai pas.

Réponse 3 jeudi 13 mars 2014, 00:47:46

Je déteste tous ces défaitistes, qui quand on leur fait remarquer disent qu'ils sont seulement réalistes.
Je déteste tous ceux qui croient que devenir adulte implique de cesser de rêver.
Je déteste ces gens, trop lucides, qui savent que le monde est en train de sombrer, et qui préfèrent se défoncer plutôt que de réagir.
Je déteste tous ces cons, obsedés par les apparences, denués de personnalité, qui veulent ressembler à leur idole.
Je déteste ces connasses de groupies, qui se scarifient le bras pour écrire des messages d'amour pleins de fautes d'orthographe à un chanteur qui s'en branle.
Je déteste ces putain de vautours, à la recherche du moindre de tes défaut, qui l'attrappent et le brandissent à la vue de tous.
Je déteste cet amour du choc, tous ces gens attirés par le dégueulasse, juste parce que le mal est à la mode.
Je déteste ces gens qui se complaisent dans leur malheur, passent leur temps à se plaindre et dépriment pour un rien.
Je déteste tous ces débiles, qui tentent de se suicider par "appel de détresse", ces égoïstes qui pensent que la vie n'a aucune valeur.
Je déteste ceux qui pensent que leurs peines de coeurs sont des problèmes de premier plan, qui négligent tout le reste pour vivre leur chagrin d'amour romancé.
Je les déteste aussi, parlons-en, tous ces tourteraux niais qui fantasment leur grand amour et se retrouvent toujours déçus.
Je déteste les gens qui crachent leur haine sans raison, simplement pour le plaisir de distraire les uns en nuisant aux autres.
Je déteste les gens trop attachés à leurs origines, qui s'accaparent la vie des autres pour revendiquer leurs idées à la con.
Je déteste la politique, l'art de se voiler la face, l'art de faire croire à un monde qui s'effondre que ses lendemains seront meilleurs.
Je déteste ces petites lumières, qui veulent améliorer le quotidien alors que tout le reste est à chier.
Je déteste ces branleurs, qui passent leurs journées à rien foutre, et qui tapent sur tout ce qui bouge pour se donner un semblant d'autorité.
Je déteste cette humanité passionnée par ses flingues, tous ces pays qui comparent avec quelle puissance ils peuvent détruire le monde qui les a vus naître.
Je déteste la mondialisation et l'uniformisation, tout ce qui détruit un homme en tant qu'individu.
Je déteste ces soi-disant indignés, qui trouvent les riches trop riches et les pauvres trop pauvres, mais qui sont tellement contents de rester au milieu.
Je déteste tous ces gens qui font des gosses tous les deux ans pour toucher des aides, et qui s'en vont gueuler avec les autres parce que les impôts augmentent.
Je déteste l'argent, et tous les conflits qu'il engendre, le fait qu'il fasse tant tourner le monde que je ne peux vivre sans.
Je déteste ces connards jamais contents, qui chassent les clochards en face de leur résidence secondaire.
Je déteste aussi les clochards, qui s'accrochent à ce qu'ils étaient, qui réclament de quoi manger au même endroit toute la journée alors que plus rien ne les retient de voyager.
Je déteste tous les gens qui passent devant comme s'ils n'existaient pas, et je me déteste quand j'en fais autant en me persuadant que je ne peux rien faire.
Je déteste les sentiments, seules la haine et la colère ne m'ont jamais trahi, mais ce sont des amies difficiles à supporter.
Je me déteste, moi qui pense avoir assez de recul pour juger les autres.


Et je te déteste, toi, qui a lu tout ça, avec un demi-sourire ou avec un air concerné, parce qu'on sait très bien que ça ne t'empêchera pas de dormir, et que demain, tu ne feras rien pour y changer quoi que ce soit.
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Deuil pour deuil, sang pour sang.
Je purifie les maux par le feu,
je purifie le feu par les mots.

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Re : Je ne mourrai pas.

Réponse 4 jeudi 18 septembre 2014, 07:48:40

"Si l'Enfer est l'endroit où les âmes sont tourmentées pour l'éternité, qui me dit que nous n'y sommes pas déjà?"

(Lorsque cette question est apparue dans mon esprit, j'ai cessé de respirer un instant.)

L'enfant et le Diable avaient un nom. Ils en avaient car je savais ce qu'ils étaient, alors que moi non. C'est avec un sourire mi-moqueur qu'il m'a appelé "le Roi". Je veille sur le peuple car il me maintient sur mon trône, au sommet. Alors très bien, je suis le Roi.

Avant, si on m'avait parlé de paix intérieure, j'y aurais vu un idéalisme religieux, ou une simplification de cette mer agitée qu'est l'esprit. Habitué aux conflits et aux problèmes, je ne pouvais pas y croire. Maintenant je sais. La paix intérieure c'est quand toutes les voix dans ta tête s'accordent à poursuivre la même voie, chacune à leur manière.

Un jour le Diable m'a demandé pourquoi je ne l'avais pas fait disparaitre. Il n'y avait aucun désespoir derrière sa rage habituelle, et il n'avait fait qu'énoncer clairement la question que je me posais depuis longtemps. Après une hésitation, je lui ai simplement répondu que je ne le haïssais pas, et qu'il était autant une partie de moi que le cadavre pourri de l'enfant. J'ai alors compris que malgré la peur qu'il m'inspirait, j'aimais ce qu'il était. Il avait tracé sa voie et survécu tout ce temps pour qu'à mon tour je suive la route. Je voulais seulement le garder auprès de moi. Il y avait quelque chose de rassurant dans la terreur qu'il m'inspirait, comme un encouragement dans la peur de lui céder.
Et puis, il m'a avoué qu'il ne savait plus ce qu'il faisait encore là. Ni lui ni moi ne savions. Quand bien même il sortirait, la réalité dans laquelle je vivais n'était pas faite pour lui. La cage dans laquelle il se trouvait lui semblait être devenue un refuge, à l'abri d'un monde qui lui échappait et des cauchemars qui enfin avaient cessé de le poursuivre. Je pouvais le faire disparaître comme l'enfant et continuer d'avancer comme il l'avait fait jadis, ainsi il aurait eu le repos et j'aurais eu le calme. L'idée avait des allures plaisantes, mais aucun d'entre nous n'aurait été satisfait. Le Diable n'était pas fait pour se reposer. Et je me refusais d'aspirer au calme. A sa grande surprise, ma décision a été de lui tendre la main au travers des barreaux. A cet instant nous partagions le même état d'esprit: aucune crainte, aucune haine, aucun ressentiment. Je lui accordais de renaître, mais nous n'allions pas mourir. Il allait continuer d'être, mais il marcherait sur ma voie. C'est quand je lui ai dit, impassible, qu'il existerait pour mes intérêts, qu'il m'a appelé "Roi". Il a saisi ma main, et une sensation qui jadis me tiraillait discrètement depuis longtemps s'en était allée. Je n'étais plus divisé. J'étais complet. Je suis le Roi. Nous sommes le Roi. Je suis le héros qui a vaincu le méchant.
Maintenant, la sinistre cage est vide. Elle donne autant de peine à voir que le corps frêle qui git à côté. Quand je me retourne, je n'ai plus à penser à ce qui rôde derrière moi. J'avance avec le pas d'un Roi, et le sourire d'un Diable.

Jusqu'à ma prochaine vie, j'ai trouvé la paix.
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Je purifie les maux par le feu,
je purifie le feu par les mots.

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Re : Je ne mourrai pas.

Réponse 5 mardi 17 mars 2015, 14:53:58

Il s'agit sans doute d'un de mes souvenirs les plus précieux. J'étais en seconde, et j'étais totalement déboussolé. J'étais arrivé dans un lycée où je ne connaissais absolument personne, et c'était totalement différent de ce que j'avais pu connaitre au collège. A cause de ça, j'étais méfiant, renfermé sur moi-même. J'avais le regard mauvais, la gestuelle brutale, et je ne parlais à personne. Mon quotidien au cours des quatre années qui avaient précédé avait été rythmé par des bousculades, des insultes, des gens qui se battaient sans raison parce qu'au fond, il n'y avait pas besoin de raison pour se battre. J'essayais tant bien que mal de me reconstruire une personnalité plus sociable, mais mes rares -très-rares- essais n'étaient pas très glorieux: j'étais beaucoup trop versatile, trop ou pas assez expressif, je sautais d'une humeur à une autre en l'espace d'un instant. Difficile d'approcher des gens quand vous les intriguez de loin, et les effrayez de près.

Ce jour-là, j'entrevoyais mes limites. Je voulais absolument changer de lycée, retourner vers ceux que je connaissais quand bien même je ne les appréciais pas. Simplement pour ne plus passer mes journées seul avec moi-même. Pour arrêter de lutter contre mes instincts, pour retrouver celui que j'étais avant de me retrouver là. Je n'attendais plus rien du monde, alors pourquoi m'aventurer en terre inconnue?
J'étais  au milieu de l'agora, entouré par des cercles d'amis auxquels je n'appartenais pas, à jouer à des jeux sur mon téléphone parce que j'avais strictement rien d'autre à foutre de mes journées. Lassé, soupirant, j'ai levé les yeux. En face de moi, il y avait ces gars en train de jouer à la PSP. Encore une chose que je n'aurais jamais vue au collège, si un type amenait une console il avait environ huit chances sur dix de se la faire voler, dont cinq en se faisant cogner. J'me suis tout simplement déplacé, sans piper mot, et j'me suis calé en retrait pour regarder les écrans par-dessus leurs épaules. Je ne faisais qu'observer, écouter sans bruit.
J'ai ensuite été comme happé dans un univers qui m'était familier mais auquel je n'appartenais pas vraiment. Du temps où je me réfugiais dans les jeux vidéos pour m'évader, eux s'en servaient pour se rassembler. Il suffisait de voir ce qu'il y avait à l'écran pour pouvoir suivre la conversation, savoir pourquoi ils déconnaient. Pour la première fois depuis des mois, je me sentais à ma place. Pour la première fois depuis des années, j'avais l'impression d'être entouré. Abaissant ma garde, j'ai simplement demandé:

"C'est quoi, comme jeu?"

Et tout est parti de là. Ma vie a commencé.
Œil pour œil, dent pour dent.
Deuil pour deuil, sang pour sang.
Je purifie les maux par le feu,
je purifie le feu par les mots.

Your sorrow, your past, your path, your wrath. No justice, no prophets, no master, no regrets.



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