Aux petits soins! [PV Shunya] FIN

Elle y était enfin, enfin chez la famille Shizuka, Hinata n'avait plus qu'à attendre le bon moment pour demander la permission à ses futurs beaux parents pour avoir ma main de sa petite amie. Déjà, ils acceptaient leur fréquentation alors le mariage ne devrait pas être bien plus compliqué. Face à son ressenti, elle observait les visages devant elle, tous si étranges et si uniques, surprise ou joie, il y en avait pour tous les goûts ! La princesse s'attendait à bien des questions de leur part mais au final, tout le monde semblait bien accepté cela. Était-ce vrai ou bien ils avaient peur de donner leur avis ? Elle était même invitée à dîner par la mère de Shizuka. Elle déposa la petite Chikaku en restant à côté d'elle quand même, de peur que la petite redemande les bras ou autre chose mais avant de s'installer effectivement à côté de Shunya, elle n'oublia en rien la politesse. Son rang social ne lui interdit pas d’être polie, surtout avec sa belle-famille.

« Je vous remercie pour votre invitation. »

Elle se courba poliment en avant, comme Nora avant d'aller à table. Assise à côté de sa petite amie, elle ne pouvait cacher une certaine gêne, comme Shunya, la preuve que qui se ressemble, s'assemble. Elle gardait un œil sur Nora parfois, puis la petite Chikaku ainsi que de temps en temps Megumi. Petite ou grande, les trois sœurs avaient un air de ressemblance, ce qui était logique après tout mais toutes les trois étaient aussi bien différente et pas seulement à cause de leurs âges. Elle ignorait encore que c’était Shunya qui avait préparé le dîner, sinon, Hinata n'en serait que plus ravie encore ! Mais cependant, la demande de Megumi eut de quoi faire descendre la princesse de son petit nuage.

« Un-un baiser ?! »

Eh oui, un baiser, tout ce qu'il y a de plus classique, chose qu'elle faisait très bien depuis deux jours, de rêver à ses douces lèvres sur les siennes, partageant leur salive en faisant une petite danse buccale avec leurs langues. Bref, une chose des plus banales. Mais en intimité. Shunya devait plus ou moins avoir la même réaction que la princesse qui n'avait pas trouvé de mieux que baisser la tête pour regarder ses cuisses en balbutiant des petits morceaux de phrases. Nora semblait amusée par cela en revanche. Elle tentait parfois de lever le regard mais peu importe qui elle croisait du regard, elle baissait à nouveau les yeux pour reprendre son monologue incompréhensible. Elle tenta cependant de donner un début d'explication mais quand elle est stressée, elle a tendance à parler pour ne rien dire.

« C'est que... en temps normal cela ne me gêne pas d'embrasser Shunya-chan mais là, devant des gens qui en plus sont de sa famille, je trouve cela plutôt embarrassant ! En plus je ne voudrais pas que Chikaku-chan voit cela, elle est encore bien jeune pour cela je pense ? Et en plus si tout le monde nous regarde, je serais incapable d'embrasser Shunya-chan... Un petit bisou sur les lèvres, ça devrait être possible mais un vrai baiser ? Holala non, je serais sûrement incapable d'une telle chose ! »

Elle paniquait un peu, c'était surtout l'émotion de la situation qui lui faisait un peu perdre les pédales même si effectivement, elle était incapable d'embrasser sa petite amie comme elle l'avait déjà fait hier et même la veille encore. Elle était un peu vieux jeux ou un peu trop prude mais Hinata était ainsi, incapable de se donner en spectacle. En revanche, quand elle vit le portable, elle paniqua un peu plus car certes, Megumi ferait peut-être une simple photo mais les jeunes gens – elle aussi était jeune – avaient tendance à fréquenter les réseaux sociaux où ils parlaient de tout et de rien, publiant des photos en tous genres. Et l'idée même que ce baiser avec Shunya soit connu à travers tout le royaume avant même une annonce officielle...

« Ha non s'il vous plaît pas de photo, Megumi-chan ! Je n'ai rien contre cela et je trouverais même l'idée amusante mais j'ai entendu dire que les jeunes aimaient publier toute sorte de photo et je serais vraiment gêné d'apprendre que moi et Shunya somment publier sur ce genre de chose. Ce n'est pas contre vous mais voilà, je ne veux pas que les gens sachent pour le moment, je ne veux pas que les gens parlent sans savoir et je ne veux pas que les gens sachent pour moi et Shunya-chan avant l'annonce officielle de nos fiançailles... »

Euh là, elle en avait peut-être un peu trop dit ? Elle était venue ici pour ça, certes mais elle voulait faire ça en bonne et due forme, comme l'avait fait son père auprès de sa mère et non en paniquant pour un rien en dévoilant ça sur le tapis, comme sortit de nulle part... Cela avait causé un certain blanc à table, personne ne disait un mot, même Chikaku, enfin, elle ne devait pas vraiment comprendre la panique d'Hinata mais le temps s'était subitement figé dans le domicile des Shizuka. Et là, elle osait regarder tout le monde à table. Elle toundra sa tête à droite, voyant Nora, le père de famille, puis la petite sœur, la grande sœur, la mère puis Shunya. Le sourire gêné de la princesse disparu bien vite, comme si elle avait dit une bêtise...

« Oups... » Mais bien consciente qu'elle devait rectifier le tir maintenant que les cartes ont été dévoilé, elle se tourna vers Mamoru en se penchant sur la table et affrontant sa peur en prenant les mains du père de famille. On était en droit de se demander qui des deux risquaient de s'évanouir en premier. Elle tourna d'abord sa tête vers Shunya et sa mère avant de la tourner vers le père. « Madame et monsieur Shizuka, j'ai été bien t-trop rapide dans cela et je pensais le faire plus tard mais... mais... acceptez-vous que j'épouse votre fille Shunya ?! Je l'aime plus que tout au monde et je prête à combattre n'importe qui pour le prouver, je suis prête à toutes les folies pour lui prouver mon amour !!! Je veux vivre à ses côtés, qu'ont soit unis par les liens sacrés du mariage et qu'ensemble, nous ayons des tas d'enfants ! »
« Là, tu vas vraiment trop vite Hinata... et tu en fais un peu trop mais calmes-toi et détends-toi... »
« P-pardon... désolé... »

Nora posa ses mains sur ses épaules pour la calmer et lui faire poser les fesses sur la chaise. Elle avait vraiment été trop vite et trop loin en si peu de temps mais maintenant, ils savent qu'Hinata était sérieuse et que ce n'était pas une histoire sans lendemain. Elles avaient rapidement parlé de ça ensemble, elle acceptait que sa future femme termine ses études avant, elle n'était pas à un jour près, elle pourrait fonder une famille dans quelques années, le temps de grandir un peu et s'amuser ensemble dans ce très beau harem qu'elles ont. Relâchant les mains de Mamoru, elle n'osait même plus regarder les gens en face, se disant qu'elle a tout foiré en allant trop vite et trop loin... que ferait-elle si jamais ils refusent ? C'était vraiment une chose impossible à penser. Elle n'avait besoin que de l'accord de Shunya en vérité mais si sa belle-famille refuse, que pourrait-elle faire alors ? L'instant de vérité n'était plus très loin...

Quelle peste, cette Megumi ! Elle était vraiment exceptionnelle dans le genre, car elle avait réussi à déstabiliser sa Princesse adorée ! Et il ne devait pas y avoir grand-monde sur Terra qui soit capable de décontenancer une Princesse. Hinata rougit comme une tomate à l’idée d’un baiser, regarda brièvement Chikaku, qui continuait à l’observer, elle et Nora, avec un doigt sur les lèvres, puis expliqua qu’elle était assez gênée à l’idée d’embrasser quelqu’un en public. Shunya était également toute confuse, mais ça, ce n’était encore rien en comparaison du reste ! Shunya avait toujours idéalisé Hinata, mais constata assez rapidement que, comme elle, elle était la Reine des gaffes. Hinata était venue pour se présenter, ainsi que pour faire sa demande de mariage, et elle balança tout ça dans la foulée. La surprise de ses parents, déjà grande, sembla croître encore, et, quand Hinata alla jusqu’à serrer la grosse main de Mamoru dans la sienne, Shunya en vint à se demander si son père n’allait pas faire une crise cardiaque. Ce dernier cligna lentement des yeux, s’empêchant même de respirer, et, quand Hinata, toute nerveuse, termina en disant qu’elle allait faire plein d’enfants avec Shunya, la guérisseuse rougit également furieusement.

Après cet ultime aveu, un silence de plomb s’abattit autour de la salle. Megumi n’arrivait pas à se dire que sa petite sœur, super-timide, avait réussi à attirer l’œil de la Princesse... Ou encore que la Princesse pouvait rougir face à eux. Mamoru, quant à lui, était trop estomaqué pour comprendre quoi que ce soit. Et, comme souvent, le déblocage vient de Chikaku, qui tira sur la manche de sa grande sœur, Shunya.

« J’ai faim, Shunya... »

Cette petite phrase, pleine d’innocence et de douceur, amena Shunya à hocher la tête.

« Je... Je vais vérifier la cuisson... »

Elle s’écarta rapidement, et, alors que son cœur lui semblait être sur le point de sortir de sa poitrine, elle commença à retrouver son calme. Ce fut finalement Aiko qui retrouva son calme, en se penchant en avant :

« Je dois admettre que... Je ne m’attendais pas à une demande en mariage ce soir, encore moins émanant de notre Souveraine... Tout cela est si soudain, et...
 -  C’est normal, rétorqua Megumi, Papa nous monte la tête depuis des années au sujet de la merveilleuse Princesse d’Edoras, il était évident que... »

La famille commença à parler entre elle, tandis que Shunya, en compagnie de Chikaku, vérifiait la sauce. Elle avait préparé du poisson avec des patates, et vérifia que tout était prêt.

« Mais je n’ai fait que dire la vérité ! » tempérait Mamoru.

Shunya n’écoutait pas tout, et ferma lentement les yeux, en se mordillant les lèvres. Une telle situation était à attendre, de toute manière, et elle se retourna, retournant vers le salon.

« Ça n’a rien de soudain » entama-elle alors, sur le palier de la porte.

Les regards se tournèrent naturellement vers elle, et elle se pinça encore ses belles lèvres, avant de prendre son courage à deux mains, car elle aimait sincèrement Hinata, mais elle voulait aussi que sa famille comprenne que sa décision n’avait pas été prise sur un coup de tête.

« J’aime Hinata depuis que je suis petite, à l’époque où je dormais régulièrement dans le Temple de la Lune. Chaque fois que je la voyais dans les jardins du palais, au milieu des sakuras et des cerisiers, avec les pétales tournoyant autour d’elle, je ne pouvais m’empêcher de ressentir de profondes bouffées d’affection pour elle. Je... Je n’en étais pas sûre à l’époque, mais, si j’ai choisi de devenir une guérisseuse, c’est pour elle. Quand l’Académie m’a envoyé la soigner, je ne m’attendais pas du tout à ce que ces sentiments lointains fassent surface, ou encore à ce qu’Hinata éprouve les mêmes... Mais nous nous aimons, elle et moi, et ça, c’est vrai. Je sais que c’est soudain, mais...
 -  Shizuka, sourit alors Aiko, en la coupant doucement. Nous... Nous sommes surpris, bien entendu, mais... Honnêtement, je ne connais aucun parent qui ne sauterait pas de joie en apprenant que leur enfant est amoureuse, qui plus est avec une Princesse. C’est le genre d’histoires dont on fait les contes de fées...
 -  Oui, oui... »

Mamoru revenait lentement à la réalité, et hocha délicatement sa grosse tête, posant sa main dans sa barbe.

« Honnêtement... Nous sommes ravis pour toi, Shunya. Et puis... C’est la fougue de la jeunesse, tout ça. Dès que j’ai rencontré ta mère, j’ai su que je voulais l’épouser. C’est une caractéristique génétique des Shizuka, ça !
 -  Mouais... »

Megumi avait parlé à voix basse, et se remettait, elle aussi, progressivement de son état de choc. Elle n’aurait jamais cru que Shunya viendrait se marier avant elle, mais elle était ravie pour sa sœur. Sincèrement.

« Et.. Et je suis ravi de partager mon pain avec la Princesse d’Edoras... Alors, si je tombe dans les pommes, ne vous inquiétez pas, ce sera parfaitement normal. »

Aiko sourit alors.

« Respire, mon chéri... Et, Princesse, c’est un grand honneur pour nous de savoir que vous aimez notre fille... Même si ça ne me surprend pas. Tu vois, Shunya, je t’avais toujours dit que tu étais pleine de qualités. »

Sa mère lui fit un clin d’œil, et Shunya se mit à sourire de plaisir, les joues rosies.

« Me... Merci, Maman... »

Pauvre Hinata, elle tentait de faire en sorte que tout se passe comme prévu et au final, elle ne fait qu'empirer les choses. Et encore, c'est une chance que Nora ai su mettre un frein à cela, qui sait ce qu'elle aurait pu raconter en plus de tout cela ? Mais au moins, le bon côté des choses, c'est qu'elle avait au moins tout dit, plus de risques d'oublier quelque chose. Elle sort avec Shunya, sa petite amie l'avait dit pour elle. Elle voulait se marier avec elle, elle l'avait dit, plus tôt que prévu par contre. Un silence refaisait surface, un silence brisé que par les mots d'une petite fille qui comprenait pas grand-chose à la situation, ce qui permit à tout le monde de remettre les pieds sur terre pour voir ça d'un nouveau regard. Hinata voulait épouser Shunya et fonder une famille, pourquoi pas après tout. Face à cela, Hinata faisait face à une petite discutions familiale sur le fait que Mamoru était un fervent défenseur des Kaguya et qu'à force, sa fille avait fini par tomber amoureuse de la princesse du royaume.

Dans cette conversation, Hinata écoutait et Shunya vint à rajouter sa part d'histoire, racontant les sentiments qu'elle éprouvait pour elle depuis plus longtemps qu'elle. Elle s'en voulait un peu de ne jamais avoir fait réellement attention à elle dans le palais mais au moins, elles ont fini par se rencontrer vraiment et non en coup de vent, dorénavant, elle aimait sa petite guérisseuse et rien ni personne ne pourra dire le contraire. C'est avec un petit sourire qu'elle observait sa petite amie, ses parents semblaient donner ce qui était leur accord, tous les deux n'avaient rien à redire à ce mariage, c'était une bonne chose au moins.

« Donc, si vous êtes tous les deux d'accord, il est donc inutile de s'arrêter aux titres. Si vous serez bientôt officiellement ma famille, alors il n'y a pas de princesse entre nous, appelez-moi donc Hinata. Ça me gêne que vous m'appelez ainsi si vous êtes destiné à être ma belle-famille... »

Halala, si la demande était donc en règle, il faudra qu'elle songe à partir de demain à mettre en place leur futur mariage. Cela n'aura pas lieu avant un bon trimestre. Le mariage d'une princesse se doit de faire parler de lui ! Il va falloir de beaux noms sur la liste d'invité, son amie Elena d'abord, avec Adamante puis ensuite il faudrait voir dans la liste des autres personnes ? Les alliés d'Edoras et quelques personnes avec qui la princesse s'entendait plutôt bien. Il va falloir tout préparer, les préparations dans le palais, les décors, de quoi équipé la ville pour que le mariage soit retransmis partout, sécurisé les rues plus que d'habitude, préparer tout le nécessaire, bref, ça va pas être faisable en deux jours ! Là ou certaines personnes pouvaient se marier en très peu de temps, Hinata le refusait ! Oh certes, elle voulait vite se marier avec Shunya mais elle voulait lui offrir la plus belle des cérémonies, puis si c'était un peu le rêve de Shunya de se marier avec Hinata, son rêve de petite fille était d'avoir un beau mariage alors autant faire plaisir aux deux.

La vie ne sera plus la même quand elle sera Reine d'Edoras, marier à Shunya Kaguya. Que cela sonnait merveilleusement bien !

« Comme je le soulignais tout à l'heure, j'aimerais que vous gardiez cela secret. Je ne voudrais pas que les gens vous harcèlent de questions en tous genres. D'ici quelque temps, j'annoncerais mes fiançailles donc, sans préciser le nom et une fois la date de mariage décider, avec votre accord à tous, j'annoncerais publiquement le nom de ma future femme. De même que j'aimerais laisser près de vous et secrètement quelques shinobis. Simple mesure de sécurité... »

Peu de gens savaient ce qui s'était passé à Nexus, elle s'en voudrait terriblement de savoir sa belle-famille en danger, visé par un quelconque adversaire. Après tout, la division zéro était aux ordres directs de la princesse, là où les autres divisions sont à la protection du royaume, la division zéro n'a que des shinobi prêt à obéir aveuglement à leur souveraine. Hinata confiera quelques une de ses meilleures shinobis pour les Shizuka, opérant dans l'ombre, ils ne sauront même pas que des shinobi veillent sur eux.

« Mais sinon... pourrais-je en savoir un peu plus sur vous tous ? Shunya-chan m'a déjà un peu parlé de vous mais... j'aimerais en connaître plus sur vous tous... Nee-chan, nee-san, ka-san et oto-san... »

Hinata abordait un long sourire, quoiqu'un peu timide. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas dit ses quelques mots à voix haute.

La situation commençait peu à peu à se stabiliser, ce qui n’était pas peu dire, compte tenu du choc initial. La Princesse d’Edoras, celle dont Mamoru ne cessait de vanter les mérites depuis des années, venait de débarquer à table, annonçant son désir de fonder une famille avec leur petite Shunya. Quelle famille aurait pu être contre une telle union ? Ah, que c’était beau ! Mamoru en était ému, les larmes aux yeux. Il n’y avait bien qu’à Edoras qu’une Princesse pouvait se marier avec une simple roturière. Dès lors, comment ne pas aimer son pays ? Mamoru était convaincu depuis toujours que, maintenant qu’Hinata était là, qu’elle allait se marier avec sa petite Shunya, les choses allaient enfin s’améliorer. La Princesse demanda ensuite à se renseigner sur la belle-famille.

Là encore, il y eut un léger silence, qui fut rompu par Aiko :

« Je travaille auprès de l’un des principaux établissements de crédit d’Edoras. J’y suis l’une des cadres, avec une formation initiale de juriste et de comptable. C’est un métier qui n’est passionnant que pour ceux aimant les chiffres, les offres de prêts, les taux d’intérêts, les courbes de variations monétaires, et les devises nationales. La banque est tenue par Ikuno Takachihu, qui, de ce que je sais, se rend parfois au Temple de la Lune pour discuter de prêts. »

Elle n’avait rien de plus à dire, et se servit un verre de vin, tandis que Megumi, s’éclaircissant la gorge, se mit également à parler :

« Moi, euh, j’ai quitté le lycée l’année dernière, et j’ai réussi le concours d’entrée à Tekhos-4. »

Tekhos-4 était la quatrième université de Tekhos Metropolis.

« Je suis dans la faculté de droit, et... Et voilà... »

Edoras disposait aussi d’universités, et Megumi se sentit rapidement obligée de se justifier sur son choix de partir. Shunya savait que sa présence un peu collante y était pour beaucoup, mais Megumi se voyait mal dire à la Princesse que sa future femme avait été un vrai pot-de-colle avec elle, et elle reprit rapidement :

« Je cherche à devenir une femme d’affaires... J’aimerais rejoindre GeoWeapon Corp., et, pour cela, il vaut mieux avoir des diplômes auprès des universités tekhanes. »

Elle rougit légèrement. Rejoindre la mégacorporation tekhane était souvent un rêve pour bien des gens, car, outre le sentiment d’appartenir à l’une des firmes les plus puissantes du pays, on disposait aussi d’uns alaire mirobolant, et de quantité d’avantages. Les regards se tournèrent enfin vers Mamoru, qui s’humecta les lèvres, avant de se présenter :

« Moi, je suis juste un fermier, Majes... Euh... Hinata-sama, je veux dire ! »

Aiko soupira lentement en levant les yeux au ciel, et Mamoru reprit, ses doigts s’entortillant dans un bout de nappe situé devant lui :

« J’ai... J’ai repris la rizière familiale, et je... J’essaie de l’entretenir malgré les... Le temps difficiles, et... Et... Et, euh... Ben, voilà... »

Il y avait beaucoup plus à dire, et on aurait pu parler pendant des heures de la situation catastrophique de la rizière, qui ne survivait que grâce au salaire généreux provenant de la Banque Takachihu. Malheureusement, avec les études de Megumi à payer en plus... C’était aussi pour ça que Shunya dormait parfois à l’académie, car elle en profitait pour travailler la nuit, utilisant ses deniers pour financer le ménage, notamment en achetant des vêtements et de la nourriture pour Chikaku. Se mordillant les lèvres, Shunya croisa le regard d’Aiko, qui avait envie d’en dire beaucoup sur cette question... Mais Mamoru finit par poser sa main à plat sur la table, et reprit :

« Et vous, Hinata-sama ? Comment se porte la gestion du royaume ? J’imagine que tout ça doit être compliqué... Enfin, je dis ça, mais moi, la politique, je n’y connais pas grand-chose, je ne suis qu’un simple fermier qui laboure la terre avec mes outils... »

Bien que cela avait démarré sur les chapeaux de roues, la soirée semblait doucement se stabiliser et ce n'était pas plus mal. Hinata aurait du mal à gérer une soirée qui dérape un peu trop. Assister à l'annonce de leur liaison, demander un baiser en public, annoncer leur mariage et fonder une famille, c'était beaucoup d'émotion pour la famille Shizuka que pour Hinata. Mais heureusement, elle saisissait cette chance d'être avec eux pendant que ça se calmait pour poser une question anodine. Ce fut d’abord la mère de famille qui abordait le sujet, expliquant qu'elle travaillait à la banque et malgré son explication, Hinata avait du mal à saisir... Elle devrait certainement bien s'entendre avec Kobato, c'était l'argentière de son conseil restreint. Elle, elle devait connaître cette femme qu'elle avait mentionnée. Son regard se portait ensuite sur Megumi, logique en faisant le tour de table. Cette dernière semblait gênée en avouant avoir arrêter l'école ce qui, vu sa réaction était assez drôle. Elle expliquait vouloir rentrer à Tékhos-4 avant de tenter de devenir une grande femme d'affaires, visant déjà des entreprises de grande renommée !

Elle ne lui en voudrait nullement de viser ce genre d'endroit plutôt que les facs d'Edoras. Il y avait bien des Tékhanes à Edoras, Tsukasa ayant fait ses études là-bas pour ne citer qu'elle. Mais il faut bien que Tékhos ait quelques Edorassienne pour savoir combien elles avaient d'étudiante très douée !

« Bon courage pour cela alors ! »

C'était sincère, elle n'avait aucune moquerie dans sa voix, elle lui souhaitait bien du courae pour réussir ce genre de choses. Quand ce fut le tour de Mamoru, le père de famille, il fut assez stressé avant d'expliquer son cas. Hinata fut assez gênée quand il évoquait les temps difficiles. Oui, à moins que les rizières aient un souci qui rend le travail difficile, c'était un peu sa faute. Elle restait songeuse à cela, à ce qu'elle avait prévu avant que ce dernier ne lui renvoie la question bien qu'il avouait ne pas comprendre grand-chose à la politique.

« Oh moi aussi, en étant seule je ne comprendrais pas grand-chose à mon propre royaume mais par chance, mon conseil restreint m'est d'une grande aide pour m'aider à mieux comprendre ce monde, à m'aider dans mes choix à faire, tout cela. »

Oui, sans les membres de son conseil, ce serait bien plus compliqué à gérer mais elle avait de la chance que ses amies soient aussi très bonnes en leur domaine. Sans elles, qui sait comment serait le royaume. Il y avait une personne ici qui n'avait pas expliqué ce qu'elle faisait, sa nouvelle future petite sœur ! Mais avant de se tourner vers elle, elle voulait annoncer une bonne nouvelle pour Mamoru et sa famille, même si cela était à l'état de projet et que cela avait à peine été déposé aujourd'hui à son conseil justement, elle espérait que sous peu, cela soit faisable.

« J'aimerais annoncer quelque chose d'autres à vous tous ici présent. Je tenais avant toute chose à m'excuser. Depuis l'incident... ma propre peur s'est répercussionné sur votre quotidien, même si tout le royaume a vécu plus ou moins ce que j'ai vécu... ma peur a puni bien des innocents, même si cela n'avait rien de... criminel ou de torture, j'ai alourdi les épaules des hommes de mon royaume de bien des charges et interdiction... Je pense que cela a certes été efficace pour quelques personnes qui soutenaient Shin... » depuis l'incident, elle ne le mentionnait plus comme son frère mais juste par son prénom. « mais bien des gens comme vous ont dû subir cela et pour cela, je tiens à m'excusez sincèrement... »

Baissant la tête, elle restait muette quelques instants avant de doucement relever la tête.

« Je ne saurais vous dire exactement mais j'ai déjà établi de nouvelles choses pour tenter de réparer mes erreurs. Cela impliquera certains bénéfices financiers pour vous comme pour les autres. Hélas, je ne saurais vous dire combien, sur combien de temps, avec mon conseil, nous devons voir des choses encore... »

Elle avait beau être souveraine, son conseil était là pour tout gérer et même si dans le cas présent, c'est pas cool de les faire attendre, il faut se dire que sans eux, les hommes auraient pu connaître pire après l'épisode de l'incident de la lune rouge. Sans eux, ils auraient sûrement été pire que des prisonnier mal nourris alors que là, ils ont encore des libertés et leur punition ont surtout été d'ordre financier. Mais pour repartir sur une note plus... joyeuse, elle se tournait vers Chikaku dans les bras de sa petite amie pour lui sourire, à l'une comme à l'autre.

« Mais, et toi Chikaku-chan ? Qu'est-ce que tu fais de tes journées ? »

Rien de bien « important » mais elle voulait entendre sa petite voix formuler ce qu'elle faisait avec passion, les aventures qu'elle vivait chaque jour, tout cela devait être si magique !

Le cas des rizières était un sujet continuel de discorde au sein de la famille Shizuka. De nombreux éléments étaient en jeu dans cette situation, une situation conflictuelle qui dépassait de loin le cadre de leur famille. C’était un problème majeur, car, au sein d’un État, l’alimentation était une chose essentielle. Pour être souverain, un État devait pourvoir à la nourriture, et être capable de produire sa propre nourriture. Ce faisant, il était important de veiller sur sa population agricole. Hinata le comprenait, car elle finit par leur avouer qu’elle comptait faire évoluer les choses. Shunya hocha la tête, sans rien dire… Car elle partageait aussi ce point de vue. Les hommes n’avaient pas à payer pour le crime de Shin. Ce putsch n’était pas de leur fait, mais, dans la mesure où les hommes de Shin n’avaient, justement, été que des mâles, Edoras avait cru à un complot masculin. Le complot était maintenant une idée lointain et dépassée, et de plus en plus d’Edorassiennes étaient également favorables, en silence, à un changement de la législation. Qu’Hinata l’envisage était donc une très bonne nouvelle, et un sourire ravi éclaira le visage ému de Mamoru.

« Je n’avais jamais douté de votre sagesse et de votre clairvoyance, Hinata… »

Aiko se contenta de cligner des yeux sans rien dire. Des promesses et des mots, c’était la spécialité des politiciens. Elle attendait de voir ce qu’Hinata proposerait concrètement pour savoir si elle pouvait se réjouir ou non… Mais, en l’occurrence, ce n’était pas le sujet de discussion principal du moment. Et Aiko ne voulait pas gâcher cette incroyable surprise, digne d’un conte de fées. En effet, il n’y avait que dans les contes qu’une roturière pouvait se marier avec un représentant de la haute-noblesse. Edoras, cependant, avait été construit sur ce conte de fées. Les roturiers pouvaient côtoyer l’aristocratie sans problème, et c’est ce qui avait toujours fait le succès de cette belle et florissante nation. Megumi, quant à elle, avait toujours pensé qu’il aurait fallu revendre la rizière depuis longtemps, car ce vieux clou était un sujet continuel de discorde au sein de la famille, et une autre des raisons l’ayant amené à faire ses études à Tekhos Metropolis…  Et, de toute façon, elle était encore à accuser le choc de la révélation de Shizuka, de son union incroyable avec la Princesse d’Edoras… La Princesse d’Edoras, quoi !

Consciente que les sujets avaient atteint un point critique, Hinata se retourna alors vers Chikaku, et lui demanda ce qu’elle faisait. La jeune fille, pour seule réponse, entortilla ses doigts, et tourna la tête sur le côté avec un léger sourire en coin. Elle n’osait pas parler, et ce fut Aiko qui intervint :

« Chikaku a commencé sa première année de maternelle. Pas vrai, Chikaku ?
 -  Oui ! s’exclama-t-elle.
 -  Et si tu nous montrais ton cahier de vie et tes dessins, Chikaku, hum ?
 -  Oui, Maman ! »

Chikaku se retourna alors, et se mit à courir, à l’aide ses petits pieds, ce qui l’amen à côté de Nora, dont les jambes bouchaient le passage menant vers sa chambre.

« Pardon… » décréta la jeune femme d’une petite voix.

Chikaku fila vers sa chambre, et revint rapidement avec un cahier. C’était un cahier fourni par l’école maternelle, et qui montrait le suivi des enfants, avec la possibilité de faire des dessins. Elle revint vers la table, et Shunya se releva alors, un sourire sur le coin des lèvres, puis souleva Chikaku par les épaules, et la posa sur les genoux d’Hinata, avant de lui murmurer dans le creux de l’oreille :

« Il faut tourner les pages, et la laisser commenter… »

Les joues toujours un peu rouges, Shunya alla s’asseoir à côté, tandis que le cahier s’ouvrait. Le premier dessin qui vint fut un ensemble de gribouillis et de formes, mais on pouvait reconnaître un semblant de maison, et cinq personnes devant.

« C’est qui, ces gens, Chikaku ? Lui, c’est qui ? »

Shunya avait posé le doigt sur un corps plus grand que les autres. Chikaku réfléchissait, un doigt posé sur les lèvres.

« C’est… C’est Papa !
 -  Oh, c’est bien… Bravo, Chikaku ! »

Chikaku sourit tandis que Shunya l’applaudissait. Chikaku décrivit ensuite le reste de la famille, puis montra ensuite d’autres dessins, où on pouvait voir des animaux.

« Et lui, c’est qui ?
 -  Euh… Un chien !
 -  Et comment il fait, le chien ?
 -  Euh… WOUF WOUF ! »

Hinata ne pouvait que sourire.

Comment ne pas aimer Chikaku ?

Cette décision n'avait pas vingt-quatre heures, il était donc logique de plus parler d'un projet que d'un véritable changement mais Hinata voulaient absolument changer ces choses, ces choses qu'elle avait produites. On ne pouvait aps dire qu'elle avait commencer son règne de la meilleure façon qu'il soit mais elle tenterait de se rattraper et d'offrir à Edoras un avenir radieux. C'est aussi un peu pour cela qu'elle changeait de sujet en se tournant vers Chikaku mais aussi car elle était vraiment intéressée par ses projets. Même si ce fut la mère de famille qui expliqua qu'elle était dans sa première année de maternelle, elle gardait les yeux sur la petite fille, un grand sourire ravi sur le visage en la voyant faire route vers sa chambre pour montrer son cahier. Nora s'écartait doucement en souriant, l'observant revenir avec son cahier alors que Shunya la portait pour la poser sur les cuisses de la princesse. Inutile de demander son avis, si elle aurait eu plus de cran, elle l'aurait gardé sur ses genoux toute la soirée, même pour manger.

Elle acquiesça doucement au message de sa petite amie avant de regarder avec Chikaku ses fabuleux dessins. C'était des dessins d'enfant comme on en voyait des millions, des dessins sommaire, vague, plus des gribouillis comme on dit que de l'art mais ça ne retirait rien de la beauté qu'Hinata voyait dans ses yeux alors qu'avec Shunya, elles regardaient le dessin de sa petite famille devant la maison. À commencer par une représentation de Mamoru, plus grand en taille comparé aux autres, comme dans la réalité !

« Ha oui, on le reconnaît bien. Tu es vraiment douée Chikaku-chan, c'est très bien. »

Gardait ses bras autour d'elle, la petite ne risquait pas de tomber des cuisses de la princesse. Ensemble elles regardaient les différents dessins proposés, allant même jusqu'à des animaux, un très beau chien de dessiné et une superbe imitation aussi.

« Mais dis donc tu es douée dans tout ma petite Chikaku-chan. »

Hinata lui baisa le crâne en tournant la prochaine page montrant beaucoup de ronds, c'était plutôt un panda avec tout ce blanc et ces taches noirs aussi.

« Et c'est quoi ça? »
« Un panda ! »
« Ouiiiii, c'est très bien. Et ça fait quoi un panda ? »

La princesse n'eut qu'un long silence ponctué d'un « euh... » plutôt long alors qu'Hinata la rassurait rapidement.

« Moi non plus je sais pas. Tu sais quoi, si ta maman et ton papa sont d'accord, on ira bientôt au zoo comme ça on verra des pandas et pourra peut-être entendre ce qu'ils disent ? » Elle jeta un regard autour d'elle quand même pour avoir une vague idée de la réponse à travers le regard des Shizuka.
« Et avec Shunya ? »
« Bien sûr, Chikaku-chan. Même avec Megumi-chan si elle n'est pas trop occupée ? Et même avec tes parents aussi. »

Bon, ce n'était qu'un vague projet, il faudrait trouver un jour ou le plus de personne possible est disponible, au pire Hinata pourra prendre une journée si aucun rendez-vous n'a lieu mais pour les parents et Megumi, c'est une autre histoire. Continuant de tourner les pages, il y avait d'autres dessins, un chat, un oiseau, un cheval, bref, une belle collection de dessins pour Chikaku et des imitations attendrissantes de sa part aussi.

« Continue de bien dessiner comme ça, tu es très douée Chukaku-chan, c'est bien. Et reste aussi mignonne et si gentille aussi. »

Hinata baisa à nouveau la tête de la petite sœur de Shunya avant que pour seule réponse, elle observa sa mère en disant le plus simplement possible.

« J'ai faim maman. »

La vérité sort de la bouche des enfants après tout.

La royauté, la noblesse, la descendance divine, les différences sociales... Tout cela ne signifiait rien pour un enfant, et, de fait, voir Chikaku sur les genoux d’Hinata, en train de se demander à quoi ressemblait le cri d’un panda, décrispa l’atmosphère bien plus facilement que toutes les tentatives entamées auparavant. En voyant Chikaku poser un doigt sur ses lèvres, en regardant tout autour d’elle pour savoir quel cri faisait le panda, avec ses grands yeux interrogateurs, tout le monde se mit à sourire, en faisant une petite moue dubitative. Chikaku avait fini par annoncer son impuissance, avec un petit sourire en cœur en coin. Loin de se désarçonner, Hinata joua avec Chikaku, et, en la regardant, Shunya comprit nettement mieux pourquoi sa future femme avait bondi de joie en entendant dire qu’elle avait une petite sœur. Hinata ferait assurément une mère formidable, vu la façon avec laquelle elle jouait avec Chikaku, tournant chacune des pages, avant de proposer d’aller au zoo... Ce nom fit miroiter des étoiles dans les yeux de Chikaku, qui se dandina sur les cuisses de la Princesse.

« Au zoo ?!
 -  Mais oui, Chikaku... Le zoo ! Là où il y a plein d’animaux !
 -  ’A des ‘irafes ?
 -  Oui, des girafes, des éléphants, des hippopotames, des...
 -  Des ‘léphants ? »

Shunya confirma en hochant la tête, et un grand sourire ravi éclaira les lèvres de Chikaku. Aller tous ensemble au zoo n’était pas pour déplaire à la jeune guérisseuse, même si Megumi trouvait ça un peu « ringard ». Néanmoins, ce serait l’occasion de se rapprocher. Mamoru était toujours occupé à gérer la rizière, mais il pouvait bien réussir à se trouver un après-midi... Shizuka était toute heureuse, et sentait son cœur rebondir chaudement dans sa poitrine. Tout se déroulait bien mieux que ce qu’elle avait initialement redouté. Sa famille se faisait très bien à la souveraine d’Edoras, et, une fois la surprise initiale passée, la simplicité d’Hinata, bien loin de l’image qu’on pouvait attendre de dirigeants politiques, était une véritable bénédiction.

Ce fut finalement l’appel du ventre qui les réveilla tous. Chikaku annonça qu’elle avait faim en regardant Aiko, qui sourit alors, et se redressa.

« Je vais amener le plat. Nous mangerons tous... Y compris vous, Ange Nora. Je ne veux pas que vous restiez debout dans un coin pendant que nous allons nous empiffrer. La table est suffisamment grande pour que vous vous y installiez, allez ! »

Shunya rougit furieusement. Difficile de voir un lien entre Aiko et Shunya... Sa mère était très autoritaire, ce qui était presque indispensable, quand on avait comme mari un gros benêt de fermier, et deux filles. Elle s’avança donc vers la cuisine, et Mamoru s’empressa de la suivre, laissant les filles ensemble. Shunya récupéra Chikaku, et alla la mettre entre elle et Hinata. Chikaku avait un siège pour bébé, mais elle estimait maintenant être suffisamment grande pour pouvoir s’en dispenser.

« Tu te mets entre moi et Hinata, Chikaku ? »

Pour seule réponse, la belle hocha la tête. Megumi restait toujours la plus silencieuse, encore sous le choc... Nul doute qu’il lui faudrait la nuit pour vraiment assimiler que son asociale de petite sœur avait réussi à toucher le gros lot. Aiko ne tarda pas à revenir, en amenant plusieurs plats avec des légumes et des salades, et ce fut surtout Mamoru qui amena l’essentiel : un gros chaudron avec un couvercle abritant des rāmen.

« Passez vos auges ! »

Chikaku eut droit à un bol de soupe avec une cuillère en bois, et, à l’aide de sa louche, Mamoru lança les platées de nouilles. Quand il ouvrit le couvercle, de la vapeur d’eau en jaillit, rendant ses joues toutes rouges. Jadis, Shunya et Megumi ne pouvaient s’empêcher de rigoler en voyant leur père devenir tout rubicond. Pendant qu’il servait, la main de Shunya allait parfois s’attarder sur le dos de Chikaku, la caressant, et, en souriant, elle se pencha alors vers Hinata, et murmura dans le creux de son oreille :

« Méfie-toi, Hinata, maintenant que Chikaku t’a adopté, elle va adorer te faire une armée de câlins... »

C'était bien là une adorable petite fille qui se tenait sur ses cuisses, Hinata ne pouvait qu'avoir un long sourire en observant ses dessins, écoutant Chikaku prononcer ses mots d'enfant, un 'irafe, une lettre manquante, une faute toute simple pour un adulte, une erreur si mignonne pour une petite fille. Chaque petite lettre manquante lui donnait envie de la serrer fort contre elle en l'agressant à coup de bisous sur sa petite bouille si ravissante. Son projet de zoo était encore bien loin, elle verrait selon les disponibilités de chacuns mais elle le fera, elle l'avait dit à Chikaku alors elle le fera, quitte à y aller toute seule avec Chikaku – et Nora évidemment. Le repas n'allait donc pas tarder et Aiko invita Nora à table, chose qu'elle accepta mais elle se permis quand même un commentaire.

« Nora tout court suffira, madame. Je suis l'ange gardienne d'Hinata mais je n'ai pas besoin d'un titre ou je ne sais quoi. »

Nora venait prendre place à côté de Mégumi, faisant ainsi face à Shunya qui avait pris place à côté de sa petite sœur mais surtout d'Hinata. La plus jeune des Shizuka se trouvait entre les deux amoureuses. Une possible vision du futur dans quelques années, le petit couple dînant avec leur enfant entre elles ? Une idée amusante, comme le fait de jeter un œil vers Megumi qui semblait toujours sidéré de voir sa sœur sortir avec la princesse d'Edoras. On ne choisit pas sa vie, on la construit et même si la vie n'est pas toujours rose et imprévisible, elle se construit aussi avec une bonne couche de hasard, de chance et de malchance. Les parents amenaient le tout pour commencer à servir les plats alors que le petit couple semblait bien proche à se murmurer des choses. La dernière fois qu'Hinata était aussi heureuse remonte à bien loin pour Nora. Que ce soit juste la présence de sa petite amie ou cette ambiance familiale, elle ne pouvait que sourire face à un tableau pareil. Sans son titre de noblesse, elle aurait aimé grandir ainsi, avec ses parents, sans que les jours soient tout tracés et confortables mais en étant heureux de ce qu'ils cultivaient et gagnaient à la sueur de leur front.

« Ne t'en fais pas, je suis prête à recevoir tout ça. »

Dit-elle dans l'oreille de Shunya, souriant comme toujours en ajoutant sa main dans le dos de la petite Chikaku. Un peu pour la maintenir mais un peu aussi pour tenir la main de sa petite amie. Depuis son arrivée ici, c'était le premier vrai contact qu'elles avaient toutes les deux. Elles se justifiaient de leur liaison, de leur futur, de leur passé mais elles avaient bien du mal à être côte à côte en se bécotant. Mais pour leur défense, les deux sont assez timides et de plus, elles sont en présence de la famille Shizuka, jamais elles ne feront de grandes choses sous leurs yeux. Son bol étant prêt, elle ne semblait pas choquer ou étonner, ce n'est pas le fait qu'elle soit princesse qu'elle mange tous les jours une cuisine cinq étoiles, elle aimait la bonne nourriture, peu importe qu'il y ai des étoiles ou non. De plus, c'était souvent Nora qui la préparait pour elle.

« Je vous remercie pour ce repas. » dit-elle poliment à l'intention de celui ou celles qui ont préparé cela avant de joindre ses mains. « Itadakimasu. »

Puis la princesse attaquait doucement son bol, ne voulant pas être la première à commencer à manger. Elle gardait un œil sur Chikaku voulant savoir comment elle arrivait à manger comme une grande ? Quitte à l'aider, cela ne la dérangerait nullement de le faire mais elle gardait aussi un regard sur son amour qui mangeait à ses côtés. C'était mignon. Dégustant une première bouchée, elle gardait le sourire malgré le fait que ce soit un peu chaud encore.

« C'est vraiment très bon. »

Celui ou celle qui a préparé cela devrait se réjouir d'avoir des compliments de la part de la princesse qui continuait d'attaquer son bol doucement en soufflant un peu plus à chaque bouché. Jetant parfois un regard aux différents membres de la famille – ou Nora – elle venait à poser une nouvelle question par curiosité mais aussi car elle voulait en apprendre plus sur ses futurs beaux-parents.

« Comment vous êtes vous rencontrer ? Enfin, si cela n'est pas trop indiscret de ma part... »

Shunya lui en avait touché deux mots mais elle était curieuse de savoir les moindres détails de cette histoire. Et puis elle était tellement heureuse ici.

On pouvait dire tout ce qu’on voulait sur Chikaku, mais elle avait une bonne mémoire. Maintenant qu’on lui avait parlé du zoo et des « ’irafes », elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour y aller, et le rappellerait volontiers à ses parents. Quand ira-t-on au zoo, Maman ? Shunya pouvait déjà l’imaginer, haute comme trois pommes, en train de réclamer sa visite au zoo, mains sur les hanches. Sur ce point, elle tenait beaucoup du caractère assez autoritaire de sa mère. Mamoru venait de remplir les écuelles, puis ils commencèrent tous à manger, avalant les nouilles. Un repas peut-être un peu trop frugal pour une Princesse, estimait Mamoru, mais sa famille n’avait pas les moyens d’offrir un buffet. Fort heureusement, la Princesse ne semblait guère s’en soucier. Tout ceci ravissait le cœur de Mamoru, plus que jamais convaincu qu’Hinata n’avait rien à voir avec la Reine de Nexus, ou l’Empereur d’Ashnard. Les Princesses d’Edoras restaient simples, et il était fréquent, à l’époque, de les voir sortir au milieu de leur peuple, notamment le long des champs, Edoras ayant beaucoup de fermiers, et une agriculture de pointe.

Hinata mangeait donc, et finit par rompre le silence, en demandant comment Mamoru et Aiko s’étaient rencontrées. Ceci amena une ombrelle de sourire sur les lèvres d’Aiko, et un rougissement sur les joues de Mamoru.

« Euh... Ben...
 -  C’est une histoire... Assez amusante, selon le point de vue. Nous étions ensemble au même lycée, mais moi, j’étais la fille brillante d’une banquière  et d’une avocate... Et ce grand dadais, là, était le fils de fermiers.    Alors, pendant que j’avais des bonnes notes de partout, lui faisait tout ce qu’il pouvait pour que je le remarque, soit, généralement, des bêtises...
 -  Aiko ! protesta Mamoru. Pas devant les filles, enfin ! »

Megumi se contenta d’un sourire de connivence avec Shunya. Ce n’était pas la première fois que leur mère leur parlait de ça, et ce malgré toutes les fois où leur père les grondait quand elles avaient de mauvaises appréciations de l’école, ce qui venait surtout de la part de Megumi. Shunya, elle, avait toujours été un ange, même si elle protestait, petite, quand son père voulait l’embrasser, à cause de sa barbe.

« Edoras a beau être éloignée de Tekhos, beaucoup des femmes vivant ici sont des émigrées tekhanes, et c’est le cas pour ma famille. Il était hors-de-question pour elles que je m’approche d’un garçon... Mais nous avons vraiment commencé à me rapprocher quand des garçons me tournaient autour, et eux ne se contentaient pas de me tirer les couettes. »

Aiko était une belle femme, et il suffisait juste de faire un peu de concentration pour se dire que, à l’époque du lycée, elle avait réellement dû être une femme superbe et magnifique.

« Ces garçons m’embêtaient, et Mamoru m’a sauvé. Ce grand benêt était déjà très costaud à l’époque, avec sa grosse voix, alors, quand il leur a hurlé dessus, ils ont décampé... Sur le coup, j’avais eu peur... J’ai hurlé comme une folle, et, quand les surveillants sont arrivés, c’est lui qui a pris. Il a été renvoyé pendant dix jours de l’école...
 -  ...Et mon père m’avait passé un savon...
 -  Gênée, j’ai été le voir ensuite, et... Je lui ai présenté mes excuses, je lui ai dit que j’étais désolée, car je savais qu’il n’avait rien fait, mais c’est juste que j’avais eu peur... Je lui ai dit que j’étais prête à faire n’importe quoi pour me faire pardonner, et c’est là que votre père m’a proposé quelque chose qui m’a surpris...
 -  Il t’a demandé si tu voulais bien d’un bouquet de fleurs... »

Pour Megumi, cette histoire était d’un nase. Du pur romantisme à l’eau-de-rose, digne d’un navet tekhan !

« Megumi a hérité de moi mon côté pragmatique... Mais Shunya, elle, tient bien plus de son père. Comme lui, elle est d’une timidité incroyable... Et d’un romantisme tout autant incroyable.
 -  ’Man... » gémissait Shunya en se ratatinant sur place.

Baissant les yeux, toute rouge, elle ne savait plus où se mettre, ce qui ne pouvait que faire sourire Aiko.

« Je suis sûre que c’est ça qui vous a attiré chez notre fille, n’est-ce pas, Hinata ? Mais, et puisque nous vous avons tout dit, je pense qu’il est légitime qu’on vous pose la question... Vous deux... Comment ça s’est passé ? Parce que moi, je ne l’ai pas vu venir... Tout comme mes mères avec toi, mon gros nounours.
 -  Euh... Oui... »

Il était en ce moment très difficile de déterminer qui rougissait le plus entre Shunya et son père !

Hinata était heureuse avec un tel repas, elle n'était pas à l'image de certaines nobles qui voulaient toujours du haut de gamme, non, elle se contentait d'un plat comme ça, ça lui allait très bien. Mais durant le repas, que le silence soit volontaire ou non, elle posa une question que Shunya avait déjà donné la réponse rapidement en quelques mots. Mais là, elle voulait la véritable réponse, aussi longue soit-elle pour bien comprendre comment ils s'étaient rencontré. C'est vrai qu'à première vue, Aiko et Mamoru, c'est deux mondes à part et pourtant, ils ont eu trois adorables filles, c'est bien la preuve que l'amour n'est pas une science mais pourtant, bien des mystères entourent ce mot. Même si Mamoru semblait embarrassé, Aoki expliqua l'histoire, elle, d'origine Tékhane, elle est venue à Edoras avec ses mères comme bon nombre de Tékhanes. Il suffisait de voir Tsukasa, venue ici petite, depuis qu'elle est adulte, elle est resté à Edoras, études, travail, maison, Edoras est son pays désormais. Mamoru était d'ici par contre. L'une brillante élève, l'autre tentant de tout faire pour se faire remarqué, une histoire banale et pourtant merveilleuse vu le final. Tout le monde s’attendait à ce genre de réponse de la part d'Aiko mais c'était tellement joli. Et voir Shunya embarrassé était tellement mignon.

Pourtant dans quelques minutes, il en sera de même pour Hinata. Elle qui gardait un œil sur sa petite amie et Aiko surtout – vu qu'elle racontait l'histoire – elle voyait combien la mère de Shunya connaissait bien sa fille. Le côté timide et romantique avait de suite séduit Hinata car elle était pareille au final. Mais le retour de la question manquit de la faire avaler de travers. Heureusement, pas d'accident mais à l'entendre vouloir savoir comment cela s'était produit entre elles, elle se revoyait nue contre le corps de Shunya. Une chose à éviter de dire devant ses parents, encore moins devant ses sœurs et surtout Chikaku. Elle en déposait ses baguettes sur la table avec son bol en réfléchissant, rougissant devant cette question. Il suffisait simplement de dire la vérité en censurant les propos « adultes » et tout devrait bien se passer... Pourvu qu'elle ne dise pas de bêtise...

« Eh bien... comme je l'avais dit... j'étais malade et Nora a demandé à Shunya de me soigner, un peu comme un test puisqu'elle ne devait pas user de sa magie... Et... La suite est assez floue à vrai dire, je n'ai que de vagues souvenirs à cause de la fièvre mais je sais que lorsque je suis ainsi, je... suis moins timide alors forcément, j'ai plus vite sympathisé avec elle. Je posais des tas de questions, je m'en souviens encore assez de ça, parlant avec elle de tout et de rien. Sa famille, ses études, ses passions... Je sais qu'une fois que j'allais mieux au petit matin, je n'ai fait que penser à elle, toute la journée. Depuis que j'ai ouvert yeux, je ne pouvais pas faire autre chose. Je pensais à elle en regardant dans le vide, en mangeant, en travaillant, en réunion... Je pensais constamment à elle. J'ai donc pris mon courage à deux mains pour l'inviter à passer la soirée avec moi et nous avions continué à bavarder ensemble, de tout et de rien. Jusqu'à lui déclarer ma flamme. J'étais si heureuse de savoir que mes sentiments étaient réciproques aux siens ! Et un peu triste de savoir qu'elle m'admirait depuis si longtemps alors que moi, c'est à peine si je l'avais croisé au sein du temple... Enfin, maintenant je me rattrape en voulant passer le plus de temps possible avec ma Shunya-nya... JE VEUX DIRE SHUNYA-CHAN ! »

Oups... Elle avait paniqué sur la fin. Elle qui avait été si bonne tout le long, elle s'est trop relâché sur la fin. Au moins elle saurait expliquer ce petit surnom avec un petit mensonge, même si cela n'était pas son point fort, si elle ne les regarde pas, ça devrait aller... Elle pourrait dire qu'elle est douce comme un chaton ou mignonne comme un petit chat, d'où le nya-nya à la fin de son prénom mais... Rholala, quelle cruche ! Hinata rougissait furieusement devant sa belle-famille, baissant la tête sur son vol en jouant nerveusement avec ses mains sous la table... Nora venait cependant à mettre son grain de sel en espérant réussir à redresser la barre ?

« Un surnom aussi mignon, ça prouve bien qu'elles sont toutes les deux bien amoureuses, non ? »

Cela allait-il suffire à détendre l'atmosphère ? Elle verra bien assez vite.

Aiko posa la question fatale, qui amena Shunya à penser à la même chose qu’Hinata : le fait qu’elles avaient fait l’amour. Elle se pinça donc les lèvres, et s’enfouit dans ses nouilles, laissant Shunya conter cette histoire. On se faisait souvent une idée fausse sur les personnes de sang bleu, en confondant la personne et la charge. Ce faisant, on s’attendait de la Princesse d’être une femme infaillible. Il fut donc très amusant, pour les parents de Shunya, de la voir rougir et cafouiller, tout en leur expliquant qu’elles s’étaient rencontrées de manière très simple : Shunya était venue, et avait veillé sur elle toute la nuit. Un sourire amusé et compréhensif éclaira les lèvres d’Aiko quand Hinata indiqua qu’elle ne se souvenait pas trop des détails... Car Aiko, elle, était sûre que les deux filles s’en souvenaient très bien. Hinata apparaissait effectivement comme une femme très timide, surtout si elle avait eu besoin de réunir « tout son courage » pour inviter Shunya à rester avec elle... Car, honnêtement, ce n’était pas comme si sa fille était insaisissable, et très orgueilleuse.

Et puis, Shunya faillit s’étouffer quand Hinata l’appela « Shunya-nya », avant de se crisper, et de se mettre à rougir comme une pomme. Nora, pour sauver la situation, précisa rapidement que ce surnom mignon (qui fit autant rougir Shunya qu’Hinata) était bien la preuve de leur amour. C’était une manière de voir les choses, mais la pauvre Shunya ne savait plus où se mettre... Et, encore une fois, ce fut Chikaku qui intervint. Elle releva la tête, et, juste après la phrase de Nora, donna une petite tape sur la cuisse d’Hinata.

« Il faut pas crier à table ! » rappela-t-elle.

Shunya ne put que sourire, et Aiko parla alors, mettant fin à ce bref silence :

« Il faut vous excuser, Hinata, nous avons dit à Chikaku de ne plus crier à table quand elle avait faim... »

Et, vu la manière dont Chikaku regardait Hinata, en fronçant les sourcils, on pouvait vite comprendre qu’elle tenait plus de sa mère que de son père, elle. Mamoru renâcla alors fort, et moucha son nez, les yeux brillants.

« Hum... Désolé... C’est juste que... Voir ma petite Shunya si heureuse, ça... Enfin, c’est émouvant ! »

Aiko sourit légèrement, mais revint, elle, sur un détail :

« Alors, comme ça, aucune de vous ne se rappelle de ce que vous avez fait pendant la nuit ? Pourtant, Shunya, tu n’étais pas malade, toi... »

Ohlàlà ! Shunya se mit à rougir comme une tomate, et Aiko observa attentivement les deux, se demandant laquelle pouvait être la plus gênée... Comme si parler de sexe à une Tekhane ayant eu trois filles pouvait la choquer. Elle aurait surtout aimé avoir plus de détails, car, contrairement aux Nexusiens, les Tekhanes n’hésitaient pas à parler de sexe avec leurs filles. Néanmoins, avec la guérisseuse, ce serait une autre paire de manches, car elle se ratatina sur place, incapable d’émettre le moindre son, se contentant de réponses monosyllabiques dignes d’un enfant de six ans surpris en train de commettre une bêtise.

« Je vous taquine, mes chéries... Je sais très bien ce que deux personnes aimantes font ensemble la nuit... Mais il me reste encore une chose très importante à faire... »

Quoi donc ? Aiko se redressa alors, et Shunya la vit faire le tour de la table, puis se rapprocher d’elle. Leurs regards se croisèrent, et Aiko fléchit les genoux, puis serra la guérisseuse dans ses bras.

« Je te félicite, Shunya... Tu m’as toujours rendue fière d’être ta mère, et je vois bien que tu es heureuse avec Hinata, et que c’est pareil. Alors, qu’elle soit notre souveraine ou peu importe qui, à mes yeux, elle restera avant tout la femme qui fait battre ton cœur à l’unisson et qui ensoleillera même tes nuits les plus sombres. »

Shunya ne put que sourire, les joues chaudes, et hocha la tête.

« Oui, Maman... J’aime Shunya, je l’ai toujours aimé... »

Aiko esquissa un sourire, puis se retourna vers Hinata, et prit les mains de cette dernière dans les siennes.

« Je veux bien vous accorder la main de la fille... Mais, Princesse ou pas, vous devez me jurer de toujours veiller à votre amour. Je sais combien il est important de diriger un État, mais je sais aussi que, pour être une bonne souveraine, il faut aussi être une bonne personne, et vivre un mariage d’amour. Promettez-moi donc d’être toujours heureuses toutes les deux et de ne jamais rien vous cacher. »

Aiko était sérieuse, et Shunya hocha la tête.

« Oui, Maman... Je ne cacherais jamais rien à Hinata-chan ! »

Dans sa nouvelle famille, Hinata risquait bien d'avoir la réputation de gaffeuse, elle qui malgré le fait que Shunya ai été la première a parler de leur situation, elle aurait voulu parler mariage bien plus tard, peu de temps avant son départ, évoquant leur projet en leur laissant la nuit ou plus pour donner leur réponse mais hélas, elle avait demandé bout à bout de l'épouser et fonder une grande famille ! Une chance que Nora ai mit un stop à cela sinon elle aurait sûrement été plus loin, déjà qu'elle en avait trop dit. Et maintenant, alors qu'elle pensait plus ou moins avoir noyer le poisson, elle avait donné ce petit surnom en public, pire, devant les parents de Shunya ! Même si Hinata remerciait intérieurement son garde du corps d'avoir tenté de rectifier le tir, elle n'osait pas regarder les autres. Elle vit une petite main taper sa cuisse en l'enguirlandant de ne pas crier à table ! Il y avait qu'une petite fille innocente pour frapper et crier sur la princesse d'Edoras !

Hinata n'en était pas choqué, cela la fit sourire et chasser sa gêne un court instant alors qu'Aiko expliquait qu'elle devait s'excuser puisque Chikaku n'avait pas le droit de crier à table. Hinata desserra ses mains pour caresser la tête de la plus jeune des Shizuka.

« Pardon d'avoir crié Chikaku-chan, je ne recommencerais plus. »

Si Mamoru était bien émotif, Aiko revint vite à la charge en supposant bien que Shunya ne fut pas malade cette nuit. Oh si elle était malade, la maladie d'amour ! C'est vrai qu'elle n'avait pas pensé à cela... Mince ! Même si Hinata avait dit la vérité, elle avait des souvenirs de sa journée en étant malade comme de sa nuit mais elle n'avait pas tous les souvenirs de cette journée. Et au final, Hinata se sentait très mal à l'aise ! Si pour une Tékhane, parler sexe avec sa fille n'était pas dérangeant, pour Hinata, si ! Peut-être que sa mère aurait évoqué le sujet si elle aurait été de ce monde encore ? Peut-être que les anciennes reines ont plus ou moins fait comme ça mais Hinata ne savait pas ? En tout cas elle serait gênée de parler de ça devant les parents de Shunya, pire encore, devant Chikaku ! Même en restant vague ou en imageant de façon joli et poétique, elle refuserait de parler sexe devant une si petite demoiselle ! Halala, elle redouterait le jour ou elle bloquerait Hinata pour lui tirer les vers du nez tiens ! Même si Aiko les taquinait, elle venait enlacer sa fille, montrant qu'elle était fière d'elle.

Aiko avait beau avoir dit ne pas être très romantique, Hinata trouvait les mots très jolis. Et quand elle fut donc autorisée par sa mère à épouser sa fille, elle allait naturellement veiller autant sur son pays que sur sa femme. Et ensemble, elles auront ce qu'Hinata avait malheureusement perdu, une famille. Une grande et heureuse famille. Shunya promettait de jamais rien lui cacher – à Hinata – et elle observa sa petite amie, reprenant les mêmes mots.

« Je ne te cacherai jamais rien, Shunya-chan. »

Pas de Shunya-nya cette fois. Mais bon, elle comptait respecter ces mots, sauf en cas de surprise pour sa femme mais on ne lui en voudra pas pour ça donc. Si Chikaku n'aurait pas été entre elles, elle aurait sûrement prise sa petite amie dans ses bras mais un long sourire amoureux était aussi bien comme ça. À partir de demain, avec son conseil restreint, elle va devoir définir une date de mariage, travailler cet assouplissement des lois pour les hommes, ces taxes en moins pour une période indéterminée, bref, bien qu'elle nage dans le bonheur, elle va avoir du pain sur les planches ! La soirée continua sur une bonne ambiance chaleureuse, cela lui changeait des repas seule ou entourés de ses rares amies et conseillères. Une fois le thé servit, elle ne buvait pas tout de suite, laissant cela refroidir un peu.

« Quand une date aura été décidé et les fiançailles annoncées, je tiens à ce que vous veniez dîner au palais un de ses jours ! Peut-être que d'ici là j'aurais appris à faire correctement la cuisine ? Je pourrais faire l'effort d'apprendre ça en plus pour vous remercier. »

Et ainsi aider Shunya plus tard mais bon, jusqu'à aujourd'hui, Hinata n'avait jamais fait la cuisine et les rares fois ou ce fut le cas, c'était catastrophique. En dehors des crêpes sucrés, elle se défendrait bien pour ça mais le reste, bonjour les dégâts. Elle but une légère gorgée de thé avant de reposer doucement la tasse sur la table, gardant Chikaku sur ses cuisses pour le moment.

« Sans vouloir trop en demander... Auriez-vous des photos de famille ? Quitte à me montrer seulement celles de Shunya-chan si ça vous dérange ? J'aimerais voir quel joli bébé était Shunya-chan auparavant. »

Une demande qui risquait peut-être de surprendre et gêner sa petite amie mais pas grave, elle tâcherait de se rattraper elle aussi. Venant poser sa main sur sa cuisse en la regardant avec ce long sourire.

« Une fois rentrée, je te montrais aussi les miennes. »

Une Hinata bébé avec ses parents, une petite Kagami toute mimi, ça sent la soirée nostalgique pour Hinata.

Shunya et Hinata... Les deux faisaient vraiment la paire. Après le discours de sa mère, puis l’aveu d’Hinata, Shunya était toute émue, et alla s’essuyer les yeux avec sa serviette. Elle était en train de pleurer de bonheur, tout comme Mamoru, qui avait l’air aussi heureux que si on lui avait annoncé qu’il avait gagné un milliard de crédits. La tension redescendait petit à petit, au profit d’une importante et touchante émotion. Un mariage royal... Des Nexusiens auraient été effrayés, mais, comme Aiko l’avait dit, à Edoras, la pratique n’avait jamais été favorable aux mariages politiques. La tradition royale portait sur les mariages d’amour, sur le fait que la souveraine devait être heureuse chez elle... Bien sûr, dans les faits, on joignait souvent les deux, ce qui faisait que, historiquement, les souveraines avaient pu se marier à des personnes puissantes, mais l’amour avait toujours été là. Une telle osmose avait, de fait, rendu encore plus horrible la trahison de Shin, et le massacre de la famille royale.

Shunya, pour l’heure, était émue, mais la rougeur revint rapidement quand Shunya demanda à voir des photos de famille. Les deux parents se regardèrent, puis Mamoru hocha la tête.

« Je... Nous avons plusieurs albums photos, mais...
 -  Finissons d’abord de manger, ou le plat va être froid... »

Shunya acquiesça, et le repas se poursuivit. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à dire, et on se contenta donc surtout de manger, chacun plongé dans ses pensées. Shunya, elle, avait le cœur qui remuait dans sa poitrine, et se demandait toujours si elle allait faire une bonne épouse pour Hinata... Elle avait l’inconditionnel soutien de sa famille, mais la jeune femme n’y connaissait absolument rien en politique.

Le repas se termina au bout d’un quart d’heure, puis Aiko annonça qu’elle allait préparer le thé, et, quand Shunya se proposa pour l’y aider, elle refusa, mais demanda à Nora de l’accompagner, sans aucun doute pour parler avec elle de choses importantes concernant les deux donzelles. Entre-temps, Mamoru alla ouvrir un placard dans le salon, et en sortit plusieurs albums photos, puis les posa dur la table basse, face au canapé.

« Tenez ! Il y a un album par fille. Voici celui de notre petite Shunya... »

Aiko étant comptable, les albums photos étaient bien rangés, année par année. L’album photo de Chikaku était évidemment plus petit, et, tandis qu’Hinata et Shunya s’assirent, Mamoru, lui, alla prendre Chikaku dans ses bras, afin de la coucher. Cette dernière demandait toutefois un dessin animé, et, en soupirant, Mamoru donna son accord... Mais seulement pour un, comme d’habitude. Entre-temps, Shunya montra à Hinata l’album.

Sur les premières pages, on pouvait la voir, en tant que bébé, à la maternité, dormant sur le ventre de sa mère, ou en train de la téter. Shunya en était toute rouge. Aiko s’approcha alors, en souriant, et parla à voix haute, avant de retourner faire la vaisselle dans la cuisine :

« Si vous voulez, on a des vidéos, aussi ! »

Shunya rougit encore plus.

*Oh non ! Pas les vidéos !!*

Hinata était vraiment heureuse dans sa future nouvelle famille, elle y resterait volontiers ici beaucoup plus longtemps mais pour plusieurs raisons, elle ne peut pas. La première et plus importante étant qu'elle avait un royaume à diriger mais rien ne l'empêchait de passer une soirée en paix ici. Ce n'est pas comme si elle avait une réunion capitale dans la soirée, ce n'est pas un royaume en temps de crise qu'elle dirige.  Le repas était bien arable et très bon, une fois terminée, Nora allait rejoindre Aiko comme elle le désirait. En temps normal, elle ne se sépare pas de sa princesse dans un endroit inconnu mais qui ici lui veut du mal ? La seule menace qu'elle risque, c'est de recevoir des câlins et un peu trop de demandes de Chikaku mais ça, sa princesse pourrait gérer ce genre de problème. Elle se doutait bien que la mère de Shunya n'avait pas besoin d'une paire de bras en plus pour l'aider à faire la vaisselle, peut-être obtenir des détails plus intimes sur la vie privée de sa fille ou lui demander de la surveiller ? Pour ce qui est des détails, Nora n'aura pas grand-chose à raconter, elle laissait le couple royal tranquille. Et pour ce qui est de la protection de Shunya, Hinata risquait de le lui demander et évidemment, elle protégera le couple comme elle le peut.

Cela faisait quelque temps qu'elle partageait tout avec Hinata et sa princesse a rarement été aussi heureuse. Quand bien même elle a put sourire ainsi, ce n'était que des sourires éphémères qui duraient au mieux quelques minutes alors que ce sourire-là, ça faisait deux jours qu'elle l'avait au visage. Du côté d'Hinata justement, elle fit un petit signe à Chikaku qui allait s'endormir devant un dessin animé, restant donc seule un instant avec sa petite amie. Observant donc l'album de Shunya, Hinata ne pouvait s'empêcher d’avoir un long sourire en voyant cet adorable bébé. Shunya était si belle maintenant mais sur ces photos, elle était tellement adorable ! Leurs bébés seront-ils aussi beaux ? Oh que oui, elle l'espérait ! Même si Aiko venait annoncer qu'elle avait aussi des films, même si cela donnait envie de dire un grand OUI, elle se retenait en souriant avant de donner sa réponse.

« Ce serait avec plaisir ! Mais pour une prochaine fois. Ça me fera une excuse pour revenir ici au plus vite comme ça ! »

Voir les premiers mots et les premiers pas de Shunya ? Elle va en rêver très longtemps mais les photos étaient une drogue suffisamment bonne pour qu'Hinata garde ce genre de sourire très longtemps. En tournant les pages, cet adorable bébé grandissait. Hinata profitait de ce moment seules pour tenir la main de sa petite amie en lui souriant, glissant quelques petits compliments à voix basses, lui disant combien elle était mignonne, choupinette, adorable, à croquer, bref, elle ne manquait pas de compliment. Shunya qui se tenait debout, Shunya avec un doudou, Shunya dans son premier kimono ! Cette photo était tellement adorable !!! Aux côtés de Mégumi elle aussi très mignonnes, les deux petites sœurs auraient être câliner à mort si Hinata les auraient en vrai sous les yeux !

« Tu portes si bien le kimono ma chérie... Si jeune, cela t’allait à merveille mais je suis sûre que même maintenant, tu reste très belle dedans ? »

Oh oui, c'était une certitude. Hinata ne pouvait perdre ce sourire devant tant de belles photos, sa Shunya était tellement adorable, partout ou elle posait les yeux. L'album se terminant, les dernières photos étaient surtout en présence de Chikaku, une Shunya qui était presque comme celle d'aujourd'hui avec un adorable bébé dans les bras... une vision future ? Hinata avait bien envie de voir ce genre de photo se renouveler avec elle en plus à ses côtés. Hinata glissa un regard autour d'elle, Mamoru était toujours absent, Aiko et Nora étaient ensemble et Megumi... disparu ? Sûrement parti dans sa chambre pour faire dieu sait quoi ? Elle profita donc de ce moment intime pour tenir ses mains et venir l'embrasser doucement sur ses lèvres. Un baiser qui dura le temps qu'il devait durer, long, doux et très plaisant.

« J'en avais envie depuis que je suis arrivé chez toi, Shunya-chan. Je ne saurais pas te remercier assez pour cette soirée, elle était si... parfaite. Même si j'ai fait quelques gaffes, tout se passe merveilleusement bien. »

Cette soirée n'était que le début d'une longue vie de bonheur mais pour le moment, le futur était encore à écrire. Hinata gardait une de ses mains enlacé dans celle de sa petite amie, venant poser sa tête sur son épaule en soupirant de plaisir. Sa vie avait fini par redevenir agréable à vivre. Elle en aura des choses à raconter demain à sa famille.

« Quand je repense à mes photos de moi, bébé et quand je vois les tiennes... nos bébés seront tellement beaux. »

C'était encore loin tout ça, elle savait que Shunya allait d'abord finir sa formation, un choix qu'elle respectait et qu'elle ne gênerait pas mais là, elle débordait d'émotion, elle se devait de partager avec elle. Même si bon, là, elle ne lui force pas la main, elle imagine juste leur avenir.